vendredi 16 août 2019

Le Souffle De La Violence (The Violent Men, 1955) de Rudolf Maté

Bande-annonce Le Souffle de la violence - Édition SpécialeAvec Glenn Ford, Barbara Stanwyck, Edward G. Robinson, Dianne Foster, Brian Keith, May Wynn, Warner Anderson, Basil Ruysdael, Lita Milan, Richard Jaeckel.


Un western à la fois riche (Harry Kleiner au scénario) et rapide, sans trop de mousse dramatique (96 minutes). Le canevas est standard: un grand propriétaire (un cattle baron, Edward G. Robinson en infirme qui fait trop confiance à sa femme) veut posséder toute la vallée pour ses bêtes. Il est prêt à tout, avec l'aide de son frère (Brian Keith, grimé en brun avec moustache mexicaine), allant jusqu'à incendier les maisons et tuer ceux qui ne veulent pas lui vendre. Le héros, Glenn Ford (impeccable dans son interprétation rentrée qui fait passer des émotions avec des expressions minimales), s'en moque tant qu'il n'est pas concerné directement, et en plus il finira par travailler pour le grand propriétaire: héros qui ne le devient que mis au pied du mur et uniquement parce qu'il se trouve concerné.
https://sidoniscalysta.com/western-de-legende/469-le-souffle-de-la-violence.htmlÀ la manette il y a la femme du grand propriétaire, Barbara Stanwyck, parfaite en égoïste menteuse prête à tout pour posséder tous les terrains et manipulant adroitement son mari et son frère (qui est aussi son amant): le Mal incarné. La chérie de Glenn Ford n'est pas en reste en femme égoïste et manipulatrice, mais Glenn Ford fini pas la plaquer pour la fille du grand propriétaire (Dianne Foster, le seul personne constant et... contre la violence).
Tout ceci est mené tambour bâtant avec meurtres dans le dos (Richard Jaeckel dans le rôle du tueur), incendies, embuscades, un enchainement de violences et de meurtres réguliers.
Beaucoup de décors extérieurs requis pour les déplacements entre les différents lieux.
Pour les scènes d'intérieur en studio chez le cattle baron ou chez Glenn Ford, d'affreuses toiles peintes pour figurer l'extérieur à travers les fenêtres font un peu tache.
Au total le film porte bien le titre français, ainsi que le titre original étendu: the violent women and men.


Bas Les Masques (Deadline USA, 1952) de Richard Brooks

Bande-annonce Bas les masquesAvec Humphrey Bogard, Ethel Barrymore, Kim Hunter Ed Begley, Warren Stevens, Paul Stewart, Martin Gabel, Joe De Santis, Joyce Mackenzie, Audrey Christie, Fay Baker, Jim Backus, Parley Baer, Bill  Baldwin, Ralph Brooks, James Dean, Paul Dubov, June Eisner.


Un film étalon sur la presse (ici un grand quotidien sur le point d'être vendue à son concurrent), sur le capitalisme (le journal est vendu pour des raisons financières, faire des plus valus, ce que dénonce le film: le capitalisme à outrance), la liberté d'expression, avec les scènes au journal, les scènes sur le terrain par les journalistes enquêteurs.
Ici l'enquête est au tour d'un homme politique corrompu et lié au meurtre d'une jeune femme.
Bas les masques [Blu-ray]Toutes les qualités documentaires sont là: la préparation et la fabrication du journal, jusqu'à son impression et sa distribution. Humphrey Bogart est le rédacteur en chef et mène l'équipe du journal: choix des sujets de couverture. Il est complètement dédié à son métier, au point d'avoir délaissé sa (ex) femme. Très belles scènes avec Kim Hunter, modernes, notamment la première où Humphrey Bogard, ivre (il  a appris que le journal allait être vendu) vient la voir et se comporte comme si elle était toujours sa femme, mais la mise en scène nous fait comprendre que cette scène a déjà eu lieu et que Kim Hunter est dans une routine, et donc qu'ils sont séparés. Modernité dans ses interactions entre les personnages, et mise en scène qui fait comprendre l'arrière-plan dramatique.
Tout ceci est rapide (87 minutes), sans distorsion inutile, tout en questionnant le rôle de la police, qui est l’absente de l'enquête: ce sont les journalistes qui font le travail pour retrouver qui a commis le meurtre.

La Chevauchée Sauvage (Bite The Bullet, 1975) de Richard Brooks

Avec Gene Hackman, James Coburn, Candice Bergen, Ben Johnson, Ian Bannen, Jan-Michael Vincent, Dabney Coleman, Sally Kirkland, Jean Willes, Walter Scott, Jerry Gatlin, John McLiam.

Bande-annonce La Chevauchée sauvage - Édition SpécialeCurieux film dans son ensemble.  Curieux, car il s'agit d'une course extrême de chevaux dans l'ouest finissant. Avec comme enjeu dramatique le questionnement de qui va gagner la course. Avec un lot de protagonistes au début et puis leur nombre se réduisant petit à petit, se concentrant sur trois candidats sérieux, dont le cheval des riches (qui n'intéressent pas Richard Brooks ou alors pour montrer la veulerie des capitalistes) et surtout James Coburn et Gene  Hackman. Avec pendant un certain temps des focus sur les autres participants de la course: Jan-Michael Vincent (qui incarne le jeune sans cervelle), le mexicain (Mario Arteaga), le Lord anglais, Ben Johnson (qui représente le vieil Ouest mourant), ou Candice Bergen, suivie plus longtemps par le scénario. Nous pouvons questionner la raison de la présence du mexicain, qui n'est là que pour aider à caractériser le personnage de Candice Bergen. Et en conséquence nous pouvons nous demander pourquoi dans les concurrents ne figurent pas un Afro-Américain ni un Indien, par exemple. Il est probable que cela aurait modifié le scénario de sa linéarité sur la course de chevaux et aurait fait diverger la trame dramatique (traitement des Indiens et des Afro-Américains, racisme). Nous pouvons donc regretter un manque d'ambition de ce scénario, même si le film tel quel reste passionnant.
https://sidoniscalysta.com/home/457-la-chevauchee-sauvage.html?search_query=la+chevauchee+sauvage&results=77Pour revenir aux chevaux, le film d’ailleurs nous présente des ralentis sur les cavalcades, dont celle de l'arrivée de la course, qui fonctionnent bien grâce à ces ralentis. Le ralenti est rarement une figure de mise en scène. Mais ce n'est pas le cas ici. Il y a même deux plans où dans le même plan un cheval est au ralenti et l'autre pas; très bonne idée.
Même si nous n'avons pas d'intérêt particulier pour les chevaux, le film est passionnant. Les décors sauvages jouent un rôle important. L'arrivée de la technologie et du monde moderne: le train, une moto side-car, le télégraphe, donnent une richesse visuelle au film.
Gene Hackman est le personnage du film. Il est de toutes les interactions avec les autres personnages. Il représente le personnage qu'a choisi le scénariste, qui est le plus riche (formidable interprétation de Gene Hackman): il est généreux, il aide les autres concurrents, il défend et aide les animaux; son défaut est peut-être d'être misogyne (voir les séquences au bordel, tout comme les autres personnages le sont surement). C'est aussi le seul personnage qui reste un peu mystérieux: nous ne comprenons.pas ses motivations; ce qui n'est pas le cas des autres: argent, gloire, prétexte à libérer un prisonnier





Prisonnier De La Haine (The Sheperd Of The Hills, 1941) de Henry Hathaway

Avec John Wayne, Beulah Bondi, James Barton,  Selmer Jackson, Betty Field, Marjorie Main, Harry Carey, Marc lawrence, Fuzzy Knight, John Qualen, Dorothy Adams, Samuel S. Hinds.

Prisonnier de la haine - Édition SpécialeDrame campagnard se situant chez les montagnards qui font du trafic d'alcool de contrebande, où les conflits familiaux président à la destinée de tout individu. John Wayne, dans un rôle noir, vit dans la vengeance de sa mère abandonnée par son père. Père qu'il exècre et qu'il souhaite tuer. Arrive dans ses montagnes remplies de haines un inconnu, Harry Carrey, qui veut acheter un terrain pour s'y installer (ce qui étonne tout le monde, mais le spectateur comprend assez vite pourquoi), et veut faire le bien.
L'ensemble est filmé dans des décors (montagnes, forêts) réels superbes.
La grande surprise et l'immense plaisir que procure ce film est le personnage de Betty Field, le love interest de John Wayne, qui est rayonnante et absorbe les plans où elle est présente. Elle se balade pieds nus en permanence, et présente une bonne humeur, une énergie, une espièglerie, une gaieté à l'opposé du personnage de John Wayne, et de sa famille.
Le film bénéficie d'un scénario riche (Grover Jones et Stuart Anthony crédités) avec une multitude de personnages secondaires incarnés, mais la révélation du film est Betty Field: lumineuse, ludique.
John Wayne n'est pas en reste avec un personnage tourmenté et à la noirceur certaine (qui montre son talent dans la scène sur la tombe de sa mère), qui vit dans une famille où la matriarche (Beulah Bond impressionnante de noirceur) prend les décisions pour tous: toutes les séquences dans la famille en question sont superbes.
Très bonne surprise que ce John Wayne, bien qu'il ne soit pas de tous les plans, Harry Carey et Betty Field se partageant les autres.