vendredi 10 octobre 2014

Holy Motors (2012) de Léos Carax

Avec Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Kylie Minogue, Michel Piccoli, Leos Carax.
 
Carax compose une œuvre où il parle de sa perception du monde, de ce qu'il aime ou n'aime pas, de ses interrogations. Le film n'est jamais dans le frontal, et c'est là une de ses forces. Le film oscille entre le grotesque et le sublime. Tout ceci est très écrit et pensé. Et maîtrisé. Le film contient de multiples niveaux de lecture. C'est assez dur d'en parler à quelqu'un: il n'est pas possible de dire "c'est l'histoire de"... Carax traite ou plutôt effleure de multiples thématiques: la soif d'expérience, la recherche de la beauté, la critique du virtuel, la critique de l'argent (et du capitalisme), la condition des femmes, qui sont à hystérésis immédiate. Carax parle de ses inquiétudes, de sa vision du monde. Et il y a de belles images de Paris : le film est aussi un hymne à Paris.
Du côté de la distribution, c'est là aussi un festival : Denis Lavant, qui ne surprend pas, mais qui impressionne, Edit Scob au visage magnifiquement cinématographique, jusqu'à Kylie Minogue.

La vie rêvée de Walter Mitty (2013) de Ben Stiller

Avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley MacLaine, Adam Scott, Kathryn Hahn, Sean Penn, Patton Oswal.

Cette vie rêvée permet à Ben Stiller de signer un film très loin des délires et outrances de son chef d'oeuvre Zoolander (2001) voire de Tonnerre Sous les Tropiques (2008) tout aussi subversif.
Ici le film bénéficie d'un soin particulier : décors, écriture (personnage très bien écrit que celui de Kristen Wiig), direction d'acteur. Le film est comme un beau livre d'image, très soigné, un conte, pas désagréable, mais qui imprime la mémoire, pas de manière très durable néanmoins. Quelque part il semble que Ben Stiller cherche la respectabilité avec ce film. Les films décalés (déjà évoqué ou encore Disjoncté – 1996 -) sont terminés ? Nous espérons que non.

Snowpiercer - le Transperceneige (2013) de Joon-ho Bong

Avec Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton, Ed Harris, John Hurt, Octavia Spencer, Kang-ho Song, Ewen Bremner, Alison Pill.

C'est l'histoire d'un train qui contient les derniers humains dans un monde submergé par les glaces et d'où la vie a disparu (un prologue très laid dans le vidéogramme essaie de nous expliquer pourquoi : on s'en moque). Ce train est autonome (il génère sa propre énergie) par le prélèvement de neige et de glace sur la voie ferrée et erre de manière perpétuelle dans ce monde mort. Ce petit monde bien sûr contient dans les wagons de queue les sous hommes dominés par ceux des wagons de devant qui vivent très bien et dans l'opulence. Et en tête se trouve le constructeur et « visionnaire » de cette fin du monde (Ed Harris, très bon), vieillissant et à la recherche de son successeur, mais aussi dictateur par nécessité pour maintenir en vie ce monde autarcique (notamment avec des problématiques de régulation du nombre d'habitants, c'est-à-dire de passagers dans le train).
Le film est fort sur plusieurs choses. Le fait qu'il ne montre jamais le monde des méchants, des riches et que l'on accompagne toujours les pauvres, qui bien sûr ne pensent qu'à une chose : se révolter et prendre le contrôle du train. Le film et l'histoire gardent une bonne partie de son mystère jusqu'à la toute fin (la rencontre avec Wilford).
Le film est fort sur son casting : Tilda Swinton est géniale, littéralement. La direction d'acteur est supérieure à la moyenne. Le film bénéficie d'une direction artistique phénoménale et mémorable.
Le film est faible sur la surprise finale, que l'on devine assez vite, dès les premiers messages évoqués au début. Le film est aussi faible sur sa fin, à laquelle on ne croit pas: le leader n'accepte pas la proposition de Wilford. Et les survivants se retrouvent dans un monde où la température baisse et où il y a encore de la vie. Une fin heureuse, pas crédible et ridicule. Ou alors on peut la voir comme une fin fermée où ils ne survivront pas (voir le plan sur l'ours polaire).

jeudi 9 octobre 2014

RTT (2008) de Frédéric Berthe

Avec Kad Merad, Mélanie Doutey, Manu Payet, Francis Renaud, Pierre Laplace, Daniel Duval, Géraldine Nakache.

Comment peut-on encore produire ce genre de film... Et bien en remplaçant les acteurs par des acteurs du moment. On a déjà l'impression d'avoir vu dix fois le film. Ici c'est les USA et la Floride qui sont utilisés pour l'exotisme. Quelque part le film essaye de faire du Francis Veber. Sans égaler le modèle. Mention particulière à Mélanie Doutey qui a un bon tempérament de comédie et film d'action et qui seule imprime la mémoire.

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu? (2014) de Philippe de Chauveron

Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Frédérique Bel, Ary Abittan, Medi Sadoun, Frédéric Chau, Noom Diawara.

Le film enfile sciemment les clichés sur les générations et religions issues de l’immigration: Maghrébin, noir, asiatique, et sur les religions un juif… Le réalisateur exploite le cocasse des confrontations de cultures et de clichés, notamment la confrontation des religions juive et musulmane. Listé comme cela: maghrébin, asiatique (quelle est sa religion d'ailleurs, le riz?), noir et juif… On ne comprend toujours pas l'heuristique.
Le film aurait été total s’il avait intégré un ou une homosexuelle. Peut-être pour la suite? Ou alors, pourquoi pas, ce qui pimenterait un peu le sujet, un handicapé physique transsexuel et d’extrême droite. Ce serait intéressant. Ou alors un trisomique nain schizophrène et autiste.  Ou encore, une immigrée polonaise de père roumain et de mère ouïgoure.
Les suites sont infinies et voilà une franchise prometteuse. Et cela pourra se décliner en série télévisée. Bravo TF1.
Ces prolégomènes étant terminés, le film est efficace, mais pas élégant dans l'exploitation des quiproquos et confrontations.
La direction d’acteur n’est pas fine. La distribution n’est pas en cause. Mais le film est lourd, sans brio dans sa mise en scène, et formellement un téléfilm de gamme moyenne, type dimanche après midi sur M6.
Beau coup pour Christian Clavier qui retrouve le haut du box-office.
Les Étatsuniens vont-ils acheter les droits pour en faire un remake ? Le suspense est torride.

Les invités de mon père (2010) de Anne Le Ny

Avec Fabrice Luchini, Karin Viard, Michel Aumont, Valérie Benguigui, Raphael Personaz.

Un père se marie avec une jeune slave. Mariage blanc par conviction dans un premier temps, puis nous comprenons qu’il est amoureux. Et nous comprenons que la jeune femme essaie de survivre avec son enfant.
Un film plutôt équilibré et pas trop caricatural qui fait la part belle à des personnages qui semblent vrais. Du père amoureux de cette jeune femme, aux enfants déshérités, Luchini et Viard, sont solides et jamais dans l’excès.
Le film reste plutôt juste et évite les clichés. Une petite réussite.

World War Z (2013) de Marc Forster

Avec Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel, David Morse.

Première difficulté avec ce film: Brad Pitt, coiffé et maquillé et habillé comme dans True Romance (1993) de Tony Scott… il est très difficile de croire un seul instant à son personnage. Par ailleurs, il est tout aussi crédible dans son rôle de père de famille que si Steven Seagal jouait par exemple Hamlet. Donc la première difficulté est la crédibilité du personnage interprété par Brad Pitt. Pas aidé par sa femme qui passe son temps à geindre; et on comprend que les scénaristes ont voulu établir une volonté forte du personnage de revenir et retrouver sa femme, dans ce monde apocalyptique. Mettons donc de côté ces éléments ridicules et ennuyeux: pas la peine de trouver une motivation basée sur la famille.
Deuxième difficulté, ce genre de film, ici avec un budget important (190M$) une superproduction spectaculaire, est à  l’opposé du genre (ce n’est peut être pas le premier j’en conviens): les films de morts-vivants ne sont plus série Z voire B mais des grosses productions grand public. Avec une mise de côté de l’horreur graphique, ici suggérée, et la violence, souvent hors champ.
Troisième difficulté: la crédibilité, même si l’on sait que tout ceci est invraisemblable, Brad Pitt réchappe d’un accident de voiture (trop forts les airbags!) et excusez du peux, du crash d’un avion, en plus juste à côté de là où il allait: pratique! Tout ceci est ridicule.
Le film s’en sort mieux dans le spectaculaire: la séquence à Jérusalem est efficace.
Marc Forster sans sort mieux dans les séquences de tension, sans trop de bruits et de fureur, quand les personnages ne doivent pas faire de bruit, quand les personnages doivent aller d’un point A à un point B, en passant dans un couloir, avec la lumière qui clignote et avec une bande-son sans musique. Il s’en sort mieux et la mise en scène prend le pas: le découpage et la mise en scène sont efficaces.
Au total le film manque cruellement de cohérence, donc de point de vue. Il a une faible hystérésis: seules quelques secondes sont mémorables. Le reste est vite oublié.
Quelque part ce film à le mérite de revaloriser la franchise Resident Evil, plus inventive et rigolote.
Curiosité: quel sera le sujet de la suite, maintenant qu’ils ont trouvé comment maîtriser les morts-vivants.