dimanche 22 janvier 2017

Grimsby - Agent Trop Spécial ( The Brothers Grimsby, 2016) de Louis Leterrier

Grimsby - Agent trop spécial - Blu-ray + Copie digitale - Édition boîtier SteelBookAvec Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson, Gabourey Sidibe, Penélope Cruz, Annabelle Wallis, Ian McShane, David Harewood, Johnny Vegas, Scott Adkins, Tamsin Egerton, Nick  Boraine, Sam Hazeldine, Lasco Atkins, Brendan Patricks, Lex Shrapnel, Rory Keenan, Alex Lanipekun.

Cet agent trop spécial est effectivement très spécial! Nous retrouvons Sacha Baron Cohen dans ce qu'il sait très bien faire, c'est-à-dire interpréter un débile, extrêmement caractérisé socialement. Le débile ici est le frère d'un agent secret encore plus fort que Jason Bourne. Incarné ici par Mark Strong. Et bien sûr le scénario se débrouille pour les obliger à se retrouver ensemble. Et en profile pour les interchanger afin que notre débile se retrouve à conduire une mission à la place de son frère. Le prétexte et l'histoire sous-jacente nous intéressent peu.
Le principal intérêt du film est la débilité, les énormités et les quiproquos qui sont provoqués.
La principale faiblesse du film est le choix de Marc Strong dans la distribution. Nous le connaissons pour ses rôles dans de multiples films d'action. Mais son interprétation ici ne passe pas; il n'est pas au niveau du personnage de Sacha Baron Cohen. L'interprétation qu'il fait rend tout cela artificiel alors que tout le travail de Sacha Baron Cohen sur son personnage le rend crédible et truffé d'éléments liés à la réalité.
Ceci étant dit le film est pour les fans de Sacha Baron Cohen. Et ceux-ci ne seront pas déçus, bien que l'on soit très loin de Brüno ou Borat.
Le film contient quand même une séquence d'anthologie qui concerne des éléphants. Cette séquence n'est pas sans en rappeler une autre d'anthologie signée Jim Carrey dans le deuxième Ace Ventura. Uniquement pour gourmet donc. Précisons juste qu'il s'agit ici d'un éléphant et pas d'un rhinocéros.
On peut noter une habileté dans la réalisation des séquences d'action filmée dans le style de jeu vidéo en caméra subjective plutôt très efficace.

Midnight Special (2016) de Jeff Nichols

Midnight Special DVDAvec Michael Shannon, Jaeden Lieberher, Joel Edgerton, Adam Driver, Kirsten Dunst, Sam Shepard, Sean Bridgers, Paul Sparks, Bill Camp, Scott Haze, Dana Gourrier, Kerry Cahill, Yvonne Landry, Justin Lebrun, Garrett Hines, James DuMont, Billy Slaughter.

Midnight Special est probablement le premier faut pas de Jeff Nichols. Nous retrouvons pendant la première heure du film les grandes qualités de son cinéma. L'utilisation de décors directs et de décors réels. Une présence permanente des végétaux. Des accès de violence sèche. Une direction d'acteur subtile. Une progression mystérieuse de l'histoire avec un point de départ très fort. La sous-intrigue impliquant le Ranch est aussi intéressante bien que non exploitée jusqu'au bout. Nous comprenons bien que ce sont des fous sectaires qui voient dans le petit garçon l'expression de Dieu, ou quelque chose de ce genre.
Ce qui est décevant c'est le final du film qui rappelle malheureusement de multiples déjà vu dans le cinéma étatsunien. Cela peut évidemment évoquer Steven Spielberg ou J.J. Abrams. Bien que le film n'explique pas et ne montre pas les extraterrestres. Nous comprenons que le petit garçon est un médium d'expression voire un extraterrestre d'apparence humaine. Peu importe et d'ailleurs nous nous en moquons.
Et puis Michael Shannon est plutôt monolithique et en retrait ici. Par contre Joel Edgerton est plutôt bien employé pour une fois.
Espérons que Jeff Nichols ne se retrouve pas à réaliser un énième film de franchise à l'avenir ou comble de l'horreur à être produit par Steven Spielberg pour faire un Jurassic Park 23 où un énième Star Trek. Il en serait probablement très content.

Lulu Femme Nue (2013) de Solveig Anspach

Avec Karin Viard, Bouli Lanners, Pascal Demolon, Philippe Rebbot, Marie Payen, Solène Rigot, Claude Gensac, Nina Meurisse, Corinne Masiero, Patrick Ligardes, Vincent Londez, Thomas Blanchard.

Lulu femme nueLulu femme nue est Karin Viard, ici probablement dans un de ses meilleurs rôles. C'est l'histoire d'une mère, une femme qui n'est pas considérée par mari et probablement par ses enfants, qui décide de tout plaquer et de partir. Et le film part dans un mode du film de balade à la française aux différents personnages légèrement décalés qui sont croisés. Le film nous donne donc une série de scènes et de personnages, pour beaucoup sympathiques, et un peu fêlés, avec leurs histoires, leurs passés, leurs faiblesses et leurs humanités. Avec une mention spéciale  pour Bouli Lanners et ses deux frères, Pascal Demolon et Philippe Rebbot en doux dingues en permanence décalés. Et Claude Gensac, autre personnage croisé, qui permettra à Lulu de se poser un peu.
Donc le personnage de Lulu évolue au cours et au gré de ses rencontres pour revenir finalement dans le giron de son mari pour une fin heureuse qui consiste à le virer.
Au total c'est un très beau film, équilibré et de qualité pour tout: personnages, histoire, déroulé et une direction d'acteur au diapason.
Et encore une fois c'est probablement la meilleure interprétation de Karin Viard qui ces dernières années a tendance à jouer des personnages un peu exagérés et qui ici finalement se révèle subtile.

samedi 21 janvier 2017

La Volante (2015) de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri

La VolanteAvec Nathalie Baye, Malik Zidi, Johan Leysen, Sabrina Seyvecou, Jean Stan Du Pac, Pierre-Alain Chapuis, Hervé Sogne, Aïssatou Diop, Tom Dercourt, Sophie Erbs, Patrick Quinet, Donato Rotunno.

C'est l'histoire d'un film qui ressemble à l'étirement d'un court-métrage de fin d'études. Les deux réalisateurs (ils se sont mis à deux !), ont voulu rendre hommage aux films à suspenses psychologiques. Pourquoi pas. 
Mais ici on ne retrouve pas l'évidence et la fluidité qu'il y avait par exemple chez un Hitchcock. Nous avons droit à une musique qui est en surcharge permanente et donc bien trop présente, voire pénible. Et qui donne l'impression que les auteurs ne croient  pas à leur mise en scène, à leur histoire, à leur actrice principale.
Nathalie Baye fait ce qu'elle peut pour jouer un personnage de psychopathe. Mais nous ne sommes pas intéressés par ce qu'il arrive, par ce qui lui arrive, par ce qu'il leur arrive.
Et sa pauvre victime, Malik Zidi, nous indiffère au plus haut point. La mise en scène et le scénario ne nous permettent pas d'avoir de l'empathie pour ces personnages. Mais l'on peut regretter que ce personnage harcelé par Nathalie Baye ne soit pas interprété par un acteur beaucoup plus confirmé et impressionnant en termes d'interprétation pour donner la réplique à Nathalie Baye, qui n'est pas dans la finesse au niveau de l'interprétation.. Ce n'est pas dévaloriser l'acteur qui joue actuellement ce personnage, mais c'est pour équilibrer et donner un contrepoint au personnage et à l'interprétation de Nathalie Baye qui sans en faire trop déséquilibre complètement le film au point de perdre tout crédit à l'histoire.

Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven, 2016) de Antoine Fuqua

Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke, Vincent D'Onofrio, Byung-Hun Lee, Manuel Garcia-Rulfo, Martin Sensmeier, Haley Bennett, Peter Sarsgaard, Matt Bomer, Sean Bridgers, David Kallaway, Sean Boyd.

Les Sept mercenaires [DVD + Copie digitale]Si on veut le comparer au film classique de John Sturges, et c'est inévitable de faire cet exercice, ce film d'Antoine Fuqua ne soutient pas la comparaison. Ne serait-ce qu'à cause de sa distribution. Ici il n’y a aucun acteur charismatique ou en tout cas qui a une empreinte mémorielle importante. Quand nous les comparons aux Steve McQueen, James Coburn, Yul Brynner, Eli Wallach, Horst Buchholz, Robert Vaughn ou encore Charles Bronson, de la distribution du film de 1960, nous restons réellement sur notre faim. Peut-être Vincent D'Onofrio et Martin Sensmeier sortent du lot. Les autres restent professionnels, mais loin d'être mémorables, et dans leur mythologie. Et chose qui est sûrement liée à l'actualisation du scénario, ou à sa post-modernisation, nos sept mercenaires ne sont pas des héros et sont des tueurs de sang-froid plus ou moins psychopathes, et donc plus proches de personnages de méchants. Ce qui limite l'empathie.
Le film est actualisé et représente plus justement la vie à l'époque. Cela se traduit par les costumes et maquillages et postiches. Et est actualisé pour les séquences d'actions, beaucoup plus violentes et moins spectaculaires. Le film bannit toute dimension romantique, en particulier celle du personnage d'Horst Buchholz. Sauf peut-être la relation présentée entre Ethan Hawke et Byun-Hun Lee qui pourrait faire penser à une relation homosexuelle.

Néanmoins, nous croyons à ce casting et à cette distribution, qui est payée pour être ces nouveaux sept mercenaires. Ils sont tous bien pensés dans leur rôle. Jusqu'à Vincent D'Onofrio qui comme à son habitude impressionne par son personnage.
Le film est plus direct dans la construction des différents mercenaires et dans leurs motivations qui ici n'a pas l'air d'être l'argent comme dans le film de John Sturges mais plutôt la volonté de défendre des opprimés ou des innocents. Ce qui n'est pas très crédible. Le film d'ailleurs est très rapide sur cela et la motivation des personnages est très obscure. Et nous nous moquons de ce qui arrive à ces villageois.
Pareillement pour le méchant, qui manque cruellement d'humour et d'hystérésis. Peter Sarsgaard assure le job, mais reste dans du fonctionnel que nous pourrions visionner dans n'importe quel autre film.

Lolo (2015) de Julie Delpy

Avec Julie Delpy, Dany Boon, Vincent Lacoste, Karin Viard, Antoine Lounguine, Christophe Vandevelde, Elise Larnicol, Christophe Canard, Nicolas Wanczycki, Rudy Milstein, Didier Duverger, Xavier Alcan, Fabienne Galula.
Lolo DVD
Nous restons un peu circonspects devant ce genre de comédie avec de grosses stars (Dany Boon, Karine Viard). Vincent Lacoste joue le fils psychopathe, artiste raté, qui fait tout pour embêter sa maman et l'empêcher d'avoir une vie sentimentale.
Ce genre de comédie, sans être déshonorante, manque cruellement de folie, de délires, de subversion. Il y en a un petit peu à travers l'expression de dialogues crus et directs sur la sexualité féminine portés par Karin Viard, et Julie Delpy elle-même. Efficace sans être original. Et plutôt bienvenus. Mais par ailleurs nous cherchons un petit peu le délire voire un petit peu plus de perversité: complètement et totalement absent du film.
Dany Boon interprète encore un provincial qui monte sur Paris. Il commence à être la caricature de sa propre mythologie. Il serait peut-être temps maintenant d'interpréter des méchants  ou des personnages horribles.
Au total ce n'est pas un film déshonorant, encore une fois, mais un petit peu prévisible et  archétypique. Jusqu'à la toute fin, ironique, mais bien entendu convenue.

Alien, le Huitième Passager (1979) de Ridley Scott

Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto.

Alien Le huitième passager Digibook Blu-rayVisionner Alien reste une expérience. Le film prend son temps. Il décrit en des mouvements lents, panoramiques, travellings, les immenses décors et coursives du Nostromo. Il décrit aussi un univers sonore riche et varié à base de bruit de machines, de mécanismes, de bruits d'air. Nous restons étonnés aussi, mais finalement c'est une bonne idée, de l'arrivée du monstre, de la vilaine bête pas du tout sympathique, au bout d'une heure de film.
Le film contient aussi une direction d'acteurs plutôt fine, appuyée il est vrai par de bons acteurs qui rendent tout cela crédible.
Autres éléments constitutifs du film qui lui donne sa force est la musique de Jerry Goldsmith. Cette musique n'est pas envahissante, mais contribue à sa manière au bruitage, riche et varié, fait de multiples petits clignotements à chaque coin de l'image, sans être trop appuyée, mais contribuant grandement à maintenir un climat de tension léger et persistant.
La direction artistique, est phénoménale avec  l'apport de Hans Rudy Giger qui donne à l'alien et ses différents états, ainsi qu'au décor de son antre, des visuels uniques et marquants.
Sur la distribution, le seul point faible est peut-être celui de Ian Holm. L'interprétation de l'acteur est dès le début l’ambiguïté de son personnage. Et nous comprenons vite que le personnage à un double jeu et  qu'il ne fait pas partit de l'équipe. Mais à l'inverse, ses tics et ses mimiques, ses gestuelles un peu bizarres peuvent être vues comme une interprétation subtile du personnage. Dans tous les cas, nous ne sommes pas surpris lorsqu'il tente de tuer Ripley.
Ridley Scott signait un film de science-fiction à l'opposée de la franchise Star Wars: ici il y a de la saleté, de la rouille, de la sueur, des suintements, de la vapeur, du sang, de multiples choses, qui font passer La Guerre des Étoiles pour des films jouet et enfantins.

Loin De La Foule Déchaînée (Far From The Madding Crowd, 2015) de Thomas Vinterberg

Avec Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts, Michael Sheen, Tom Sturridge, Juno Temple, Jessica Barden, Hilton McRae, Richard Dixon.
Loin de la foule déchaînée DVD 
Le film en costume et un sous-genre à part entière. Les sujets peuvent varier: la difficulté d'être noble, la difficulté d'être sous-humain, les conditions humaines, l'exploitation, les costumes, la condition des femmes, la difficile expression des sentiments et beaucoup d'autres encore. Quelque part, c'est ce dernier qui est le sujet ici, avec une touche romantique avec les amours contrariés, de tous et toutes.
Ici tout est parfait. Les décors, les costumes, probablement tout le mobilier, etc. Nous suivons la vie de Carey Mulligan qui a besoin d'argent,  et  que la pression des conventions oblige à se marier, pour pouvoir continuer à vendre ses produits.
C'est un beau livre d'images. Avec plusieurs histoires d'amour. Cette femme est courtisée par tous les hommes qui passent. Le voisin, le contremaître, le militaire. Mais elle est championne pour faire les mauvais choix. Choix qui se révèlent être des erreurs, mais qui permettent à la dramaturgie de s'épanouir, et  donc d'alimenter ce drame et de réaliser un film.
Les acteurs sont plutôt bons,  efficaces, mais nous restons un peu circonspects devant ce genre de produit, luxuriant, mais plutôt ennuyeux. Son empreinte mémorielle est réduite, voire nulle.
Pour amateur uniquement.