samedi 11 mai 2024

RRR (3h07, 2022) de S.S. Rajamouli

Avec N.T. Rama Rao Jr., Ram Charan, Ajay Devgn, Alia Bhatt, Olivia Morris, Shriya Saran, Ray Stevenson, Alison Doody, Samuthirakani, Chandra Sekhar, Makrand Deshpande, Rajeev Kanakala, Rahul Ramakrishna,  Edward Sonnenblick, Varun Buddhadev.

L'esthétique des films de Tollywood (et de beaucoup d'autres cinématographies d'Inde) fonctionne à plein régime ici : acteurs et actrices surjouant en permanence, aucune prise de son réelle et le son est retravaillé de manière irréaliste en studio (les voix sont ridicules), les méchants sont très méchants (et anglais, les méchants en fond des tonnes pour montrer qu'ils sont méchants), les gentils sont très gentils, utilisation du ralenti dans les séquences d'action, doublage pas synchronisé pendant les passages chantés (qui sont distrayants), de grands moments de ridicules (le concours de danse, ou le montage séquence avec chanson sur l'amitié entre les deux personnages principaux), des dialogues ultras redondants et très insistants, une incapacité à raconter une histoire par la mise en scène, l'utilisation à outrance du CGI porn sans souci de réalisme (c'est par moment une esthétique de dessin animé : la séquence du tigre, ou les séries d'explosion à la fin). Autre éléments qui abstrait le film de tout réalisme, sont les capacités physiques de nos deux personnages principaux, qui sont invraisemblables et dignes d'un superhéros, ou plutôt qui est celle de personnage super héroïque qui n'ont peur de rien. 

Ram Charan dans le rôle de Raju, qui a une quête secrète, que nous comprenons petit à petit et surtout tard dans le film. C'est un rôle charismatique.

N.T. Rama Rao Jr. dans le rôle de Bheem, dont la quête est claire dès le début du film. Il recherche et doit ramener la petite fille que les Anglais ont enlevée de son village.

Comme d'habitude les personnages féminins sont la portion congrue. Ici nous avons Alia Bhatt, faire valoir de son mari.  Et Olivia Morris, qui interprète le seul personnage anglais qui ne soit pas excessivement caricatural. 

Mais le film contient des séquences formidables, comme celle de la capture du tigre, ou comme la séquence du pont et du train qui s'enflamme.

Bande-annonce RRR

mardi 7 mai 2024

La Disparue (Last Seen Alive, 1h35, 2022) de Brian Goodman

Avec Gerard Butler, Jaimie Alexander, Russell Hornsby, Ethan Embry, Michael Irby, Cindy Hogan, Bruce Altman, Jordan Salloum, Dani Deetté, Chip Lane, Brian Scannell, David Kallaway.

Bonne série B sur un canevas commun. Gerard Butler ramène sa femme chez ses parents. Ils sont sur le point de se séparer. Ils font une pause à une station d'essence. Elle disparait. Personne n'a rien remarqué. La police ne le croit pas, voire le suspecte. Il la recherche. Mais il se retrouve en fuite pour pouvoir chercher lui même sa femme. Cela a déjà été fait maintes fois. Ici nous sommes dans une bonne série B, simple où le suspense et notre héros a le mérite de nous montrer du paysage et une communauté de hors la loi, c'est à dire de gens qui vivent hors système. Gerard Butler excelle dans ce genre de personnage, opiniatre, résilient, pas tout blanc, mais qui est persévérant. Le charisme de l'acteur fait le reste et le spectateur, très empathique avec lui, suit cela avec concentration. Le film est sur les turpitudes de notre personnage principal, et pas sur l'empilement de séquences d'actions, poursuites ou fusillades. Du bon travail de série à la gloire du talent de Gerard Butler.

Bande-annonce Last Seen Alive

mardi 23 avril 2024

DogMan (2023, 1h55) de Luc Besson

Avec Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs,  Christopher Denham, Clemens Schick, John Charles Aguilar, Grace Palma, Iris Bry, Marisa Berenson,  Lincoln Powell, Alexander Settineri, Michael Garza.

Même si la dramaturgie pachydermique est toujours là, Luc Besson introduit de la subtilité dans son cinéma. Et il écrit de beaux dialogues pour les deux personnages principaux, Caleb Landry Jones et Jojo T. Gibbs, soit le DogMan du titre et la psychiatre qui l’interroge au poste de police, pour des scènes de dialogues entre ces deux personnages, qui sont très réussis. La richesse est dans ces belles scènes au poste de police entre ces deux personnages. Le film est une succession de flashbacks où le Caleb Landry Jones raconte son histoire à la psychiatre. À noter aussi que les dialogues de la psychiatre avec sa mère : très belle performance de Jojo T. Gibbs dans le rôle de la psychiatre. Très beau travail d'écriture.

Le film recèle de moments d'émotions où les deux personnages principaux sont émouvants chacun à leur tour. Le scénario évite certains clichés (la tension de la psychiatre avec son ex aurait peu amener le DogMan à s'occuper de l'ex, mais cela n'a pas lieu). Tout comme la fin, qui fait basculer dans un certain irréel le film.

Le film est une bonne surprise. La richesse de ces deux personnages principaux, l'idée d'employer les chiens, la performance de Caleb Landry Jones, tout cela repose sur un classicisme sur la forme ; il n'y a pas d'hystérie sur la forme. Juste une histoire de sa vie racontée par Caleb Landry Jones. Son enfance (passage assez peu subtil, mais il est difficile d'être léger), les livres et Shakespeare, le cabaret, etc.

Un film posé, réfléchi. 

Bande-annonce Dogman



lundi 1 avril 2024

The Restaurant saison 1 (2017, 10 épisodes) & 2 (2018, 10 épisodes) de Ulf Kvensler, Malin Nevander, Johan Rosalind

Metteurs en scène : Molly Hartleb, Andrea Östlund, Anna Zackrisson, Harald Hamrell.

Chaque épisode dure de l'ordre de 60 minutes. Ce qui fait un corpus volumineux.

Le film choral est parfaitement supporté par le format de la série télédiffusée, ici sous la forme de dix épisodes de cinquante à soixante minutes chacun. La vie dramatique d'une famille, la mère, les deux fils, et la fille, gravitant autour du restaurant familial, l'équipe de la salle, l'équipe de la cuisine, l'approvisionnement, la concurrence, les familles de chacun, et le temps qui passe (des années quarante aux années cinquante).

Les scénaristes gèrent parfaitement les drames, et l'enjeu pour le spectateur est de deviner quel sera l'évènement dramatique qui perturbera le bonheur de chacun des personnages. C'est principe de dramaturgie, dès que tout va bien, il faut que cela aille mal. Que va-t-il se passer ? Qui va trahir ? Qui va mourir ? Sur la durée, cela devient un peu ennuyeux.

Le contexte historique est la Seconde Guerre mondiale et l'immédiat après-guerre, à Stockholm, pour évoquer des thématiques multiples : l'adultère, le racisme, les camps de concentration, le rationnement, le syndicalisme, l'homosexualité (féminine et masculine), la famille, le capitalisme, la corruption, le féminisme, le fonctionnement d'une cuisine ou de la salle d'un grand restaurant, entre autres. Un multitude de sujets donc.

L'ensemble est parfaitement exécuté par des acteurs et des personnages que nous souhaitons suivre, malgré l'utilisation systématique du montage en parallèle et la survenue de drames régulièrement (nous savons que le bonheur ne durera pas).

Beau travail.

The Restaurant

Voyage en Italie (1h31, 2023) de Sophie Letourneur

Avec Philippe Katerine, Sophie Letourneur.

La vie courante d'un couple qui parle en voyage en Italie, avec ses problématiques de visite et d'hébergement de vie commune. Sophie Letourneur, la réalisatrice et le personnage féminin principal, compose et créé une chronique douce amère en racontant les petits moments de ce père et de cette mère entre parenthèses : les enfants sont toujours hors champ, dans l'appartement à la maison, au téléphone lorsqu'ils sont en vacances. C'est un film sans enfant, c'est à dire sur le couple.

Film est très intéressant car il montre qu'il est possible de raconter une histoire simple, avec de multiples petits enjeux dramatiques et avec un certain réalisme, et ainsi construire quelque chose de solide et une narration sur la durée, sans être révolutionnaire, mais avec une certaine passion pour savoir comment cette histoire va évoluer entre ces deux personnages
C'est une film naturel, ou naturaliste, peu importe, sur la vie d'un couple, en vacances ici, en Italie. Le choix de ce qu'il y a à visiter, le moyen de locomotion, la capacité à faire ou pas une balade avec les challenges qu'il et elle se lancent entre eux. Par exemple. Cela ne parait pas palpitant, mais cela fonctionne, le duo d'acteur emporte le film.
 
Bande-annonce Voyages en Italie

Oppenheimer (3h, 2023) de Christopher Nolan

Avec Cillian Murphy, Emily Blunt, Robert Downey Jr., Alden Ehrenreich, Scott Grimes, Jason Clarke, Kurt Koehler, Tony Goldwyn, John Gowans, Macon Blair, James D'Arcy, Kenneth Branagh, Harry Groener, Gregory Jbara.

Christopher Nolan continue de faire des films où les personnages ne suscitent aucune empathie. La forme est travaillée, avec se montage hystérique qui hache plusieurs scènes à différentes période de la vie de Cillian Murphy (qui interprère le personnage dont le patronyme donne le titre du film) dans un mode staccato : le film est quasiment un montage séquence permanent.

Nous avons l'impression qu'il a été conçu pour ne pas être visionnable sur ordiphone. Ce qui en soit est très louable. Et nous avons aussi le sentiment que ce film de 3h n'est finalement que la version cinéma d'une série télé de dix épisodes d'une heure, par exemple. Ce format serait plus adéquat pour raconter une telle histoire.

Le film couvre une petite partie de l'histoire étatsunienne, où cohabitent communistes, nazis, étatsuniens, européen. Le film semblent vouloir dénoncer beaucoup de choses mais n'arrive à être crédible sur aucune  : la création de la bombe atomique, son utilisation pour l'attaque, son utilisation pour la dissuasion (les passages où les personnages discutent ces aspects là sont les plus intéressants), la persécution des communistes, l'hystérie du maccarthysme, la corruption des politiques.

Le film indique que c'est un projet et un collectif de savants qui a créé la bombe, et pas Oppenheimer, connu comme le père de la bombe atomique. Ce qui est louable.

Le personange de sa femme, interprété par Emily Blunt, est inexistant et n'apporte rien. 

Oppenheimer

vendredi 22 mars 2024

Ricky Stanicky (1h53, 2024) de Peter Farrelly

Avec Zac Efron, John Cena, Andrew Santino, Jermaine Fowler, Lex Scott Davis, Anja Savcic, Jeff Ross, William H. Macy.

Après son incartade vers le film à Oscar, Green Book (2018), Peter Farrelly revient à son naturel, c'est à dire un humour où se mêlent scatologie et obsession sexuelle, mais aussi des éléments de poésie, avec une forme bien écrite et interprétée par une distribution réussie. Ses chefs-d'œuvre sont Marie A Tout Prix (1998), Me, Myself And Irene (2000) ou Dumb And Dumber (1994). Ceci pour rappeler les sommets, qui ne peuvent sûrement plus être atteints. Ici nous retrouvons des bribes d'impertinences. Nous avons ici en tête John Cena, qui se révèle un performer relativement caméléon oscillant ici entre le grotesque et l'émouvant, comme l'est le film. Et nous avons aussi Zac Efron et William H. Macy.

Il s'agit en quelque sorte d'un conte, où John Cena trouvera sa princesse et sa place dans un monde des affaires. Il est l'alibi imaginaire pour des sorties de trois copains. Bien sûr l'entourage demande  à voir cet ami. Les trois copains engagent un acteur amateur, John Cena, pour interpréter cet ami. C'est un registre de comédie et d'outrage. John Cena y excelle. William H. Macy fait aussi un beau travail dans un personnage pathétique.

Nous ne sommes pas aux niveaux des chefs-d'oeuvre précités, mais ce Ricky Stanicky est plutôt une bonne surprise, les films impertinents étant assez rares.

 Bande-annonce Ricky Stanicky

dimanche 17 mars 2024

6 Days (1h34, 2017) de Toa Fraser

Avec  Jamie Bell, Mark Strong, Abbie Cornish, Martin Shaw, Tim Pigott-Smith, Ben Turner, Emun Elliott, Aymen Hamdouchi, Andrew Grainger, Colin Garlick, Colin Moy, Toby Leach.

Reconstitution de la prise d'otage et tentative d'attentant de l’ambassade d'Iran à Londres en 1980. Il s'agit d'un film historique donc, reconstituant l'évènement, raconté par Toa Fraser du point de vue du négociateur, de la police et des forces spéciales qui se préparent et s'entrainent pour intervenir, soit dans l'ambassade, soit dans le bus qui transportera les otages ou pour débarquer par les airs. C'est un des éléments intéressant de ce film : nous présenter les réflexions et stratégies de la police et du négociateur qui interagissent avec les politiques, ainsi que les interactions du négociateur avec les preneurs d'orages et enfin les entraînements des forces d'intervention, qui se préparent en temps réels en fonction de l'évolution de la prise d'otage et surtout de l'évolution supposée de l'environnement des terroristes et des otages. 

Ce n'est pas divulgacher le film que de dire que sa force et de montrer l'envers du décors de la force d'intervention, qui passe son temps à se tenir prête, et qui sur ordre, finalement n’intervient pas parcequ'un évènement est survenu et conduit à modifier les plans.

Au total le film nous montre comment le négociateur essaie en permanence de faire appel à leur bon sens et finalement comment il arrive à créer un lien avec le responsable des preneurs d'otages qu'il arrive à maîtriser. Un film correct donc, sans brio, mais qui tien en haleine jusqu'au bout.

Bande-annonce 6 Days

Destroyer (2h01, 2018) de Karyn Kusama

Avec  Nicole Kidman, Toby Kebbell, Tatiana Maslany, Sebastian Stan, Scoot McNairy, Bradley Whitford, Toby Huss, James Jordan, Beau Knapp.

Je suis une flic la limite du suicide. J'ai été infiltrée dans un gang. Je m'en suis sortie au détriment de mon collègue. J'ai du mal à le digérer. Et lorsqu'il semblerait que l'ancien chef du gang réapparaît. je n'ai qu'une envie et qu'une peur, le retrouver.

Sur cet argument Karyn Kusuma conduit son histoire en combinant de manière trop mécanique les séquences actuelles où Nicole Kidman recherche le chef de gang, et les flashbacks de son époque d'infiltration du dit gang. La multitude et l'imbrication des flashbacks réduit la lisibilité de l'histoire.

Nous retiendrons la performance de Nicole Kidman, qui joue un personnage qui n'est jamais dans la séduction, qui bannie toute sensualité dans son attitude ou dans ses vêtements. Performance qui manque de subtilité dans sa manière de montrer la déchéance du personnage et son jusqu’au-boutisme. Nicole Kidman en fait des tonnes dans la mâchoire serrée et la déchéance.

Une curiosité.

Bande-annonce Destroyer

samedi 16 mars 2024

Le Flic De Beverly Hills III (1h44, 1994) de John Landis

Avec Eddie Murphy, Jon Tenney, Judge Reinhold, Hector Elizondo, Rick Avery, Jimmy Ortega.

Ce troisième de franchise reprend le personnage d'Eddy Murphy selon une schématique déjà vu dans les précédents. Mais ici le film se déroule principalement dans un centre d'attraction, ce qui limite les décors et les visuels du film. Le scénariste, Steven E. de Souza, cette franchise est comme un parc d'attraction, et bien déroulons l'intrigue dans un parc d'attraction.

Quelques éléments pointe le style de John Landis. Mais la greffe ne fonctionne pas trop dans l'ensemble. Peut-être au niveau du rythme car le film d'action n'est pas la spécialité de John Landis. Par contre John Landis sait amener de l'humour légèrement décalé dans des genres préexistants.
Même si cela fonctionne, et que Eddie Murphy fait son show ainsi que les rôles secondaires (Judge Reynolds ou Bronson Pinchot) de la franchise, nous restons un peu sur notre faim. Ce troisième opus est ainsi moins réussit.

Le Flic de Beverly Hills III [Version remasterisée]


The Expendables 4 (Expend4bles, 1h44, 2023) de Scott Waugh

Avec Jason Statham, 50 Cent, Megan Fox, Dolph Lundgren, Tony Jaa, Iko Uwais, Andy Garcia, Sylvester Stallone, Randy Couture, Jacob Scipio, Levy Tran, Lucy Newman-Williams.

Ce quatrième de franchise est dans la lignée des précédents. Complètement invraisemblable dans son déroulé, dans ses séquences d'action et dans son enjeu dramatique. D'ailleurs nous nous moquons de celui-ci. Et nous pourrions même dire qu'il n'y en a pas. Ce que nous attendons c'est du spectacle, des séquences d'actions dignes d'une bande dessinée, et de l'humour pour rendre les séquences de meurtres amusantes et ludiques. Pour toutes ces raisons, ce quatrième répond au cahier des charges. C'est un dessin animé, qui utilise beaucoup de CGI porn dont la patine n'est pas réaliste et c'est tant mieux ; nous avons quelquefois l'impression de visionner une peinture, animée, une représentation picturale. Scott Waugh, qui est ancien cascadeur, sait mettre en avant une séquence d'action.

Du côté des bonnes surprises, Megan Fox est une très bonne idée, ainsi que Levy Tran. Même si elles n'ont pas assez de scènes. La venue de Tony Jaa et Iko Uwais aussi. Cela apporte un peu de variabilité. Quant à Andy Garcia, il fait le job, même si son personnage est transparent et pas surprenant.

Les séquences d'actions sont spectaculaires et ludiques. Nous pouvons juste constater qu'ils tirent très mal, car ils loupent souvent leur cible, et ceci dans les deux camps. Ce sont des professionnels peu performants.

L'idée de passage de témoin de Sylvester Stallone est bonne : un vieillard comme lui n'est plus crédible.

Mais au total il manque quelque chose au film qui avait au moins les deux précédentes suites. C'est-à-dire les personnages un peu plus fouillés ou décalés, par exemple Antonio Banderas ou Jean-Claude Van Damme ou Wesley Snipes.

Expendables 4 [Blu-Ray]

La Zone D'Intérêt (The Zone Of Interest, 1h45, 2023) de Jonathan Glazer

Avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus, Luis Noah Witte, Nele Ahrensmeier, Lilli Falk, Anastazja Drobniak, Cecylia Pekala, Kalman Wilson,  Medusa Knopf,  Max Beck, Slava the Dog, Andrey Isaev.

Avec le prétexte de présenter la vie de famille du responsable du camp de concentration d'Auschwitz, Jonathan Glazer nous parle de l'indifférence, des rapports de classes, des rapports entre maître et esclaves, des rapports entre dominants et dominés, tout cela en laissant le spectateur appréhender ce qu'il souhaite. Bien sûr toutes ces composantes possèdent des échos contemporains, et c'est là la force du film. En parlant du passé, il parle du présent. Les comportements qui sont montrés existent toujours, sont toujours contemporains, et au-delà du sujet historique et donc du coté film historique avec reconstitution et travail de recherche qui indique que tout cela est très documenté, il s'agit bien d'un film moderne, contemporain, qui montre ce début de XXIe siècle. Le film parle très bien de l'indifférence aux autres et de ses conséquences et donc de l'individualisme : Rudolf Höss est individualiste, sa femme est individualiste.

Autre dimension qui fait du film une réussite : sa forme. Du travail sur la bande son, impressionnante, des minutes avec l'écran noir au début, des images de la petite fille avec les pommes, à la luxuriance des images et de jardin qui ressemble à un paradis (dixit le personnage de Sandra Huller). Jonahan Glazer a composé un film expérimental impressionnant sur sa forme, son contenu et ses messages. C'est-à-dire que Jonathan Glazer a réalisé trois films en un. Le premier film est la bande-son, extrêmement riche, qui d'ailleurs est mise en avant pendant l'écran noir au début du film. Le deuxième est celui que nous voyons, les images de la vie courante de ces personnes, et le troisième est celui constitué de la résultante des deux, les images et le son.

Une expérience et une richesse inouïe qui montrent que le cinéma peut être politique, sociétal, sur une base narrative, tout en étant un film expérimental. Bravo.

Bande-annonce La Zone d'intérêt

Le Flic De Beverly Hills 2 (1h40, 1987) de Tony Scott

Avec Eddie Murphy, Judge Reinhold, Jürgen Prochnow,  Ronny Cox, John Ashton, Brigitte Nielsen, Allen Garfield, Dean Stockwell, Paul Reiser, Gilbert R. Hill, Paul Guilfoyle, Robert Ridgely.

Eddie Murphy revient à Beverly Hills. Nous y retrouvons les constituants que nous avions aimés dans le premier de franchise : les contrastes culturels, le duo constitué de Judge Reinholds et John Ashton. Mais aussi les méchants que nous aimons détester, Jürgen Prochnow, Brigitte Nielsen et Dean Stockwell dans les rôles des méchants : superbe distribution.

Le film est co-écrit par Eddie Murphy. Il s'est donc investi. La même recette avec les même ingrédients produisent le même résultat, l'effet de découverte et de surprise en moins. Un film qui se veut cool, sans réel enjeux dramatique, mais que se laisse suivre. Ce deuxième de franchise fonctionnne même s'il n'y a plus l'effet de découverte. Il manque peut être juste de brillance, du côté grisant, que pouvait procurer le premier de franchise.

Le Flic de Beverly Hills II [Version remasterisée]

L'Eté Dernier (1h44, 2023) de Catherine Breillat

Avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin, Clotilde Courau,  Serena Hu,  Angela Chen, Romain Maricau, Romane Violeau, Marie Luca.

Catherine Breillat signe là un film puissant, par sa forme avec sa mise en scène, et part son sujet. Sa mise en scène raconte l'histoire et ceci avec assez peu dialogues. La réalisatrice fait passer beaucoup de choses et conte sans recours à des dialogues explicites, uniquement par la mise en scène, ce qui est la forme d'expression du cinéma bien sûr : raconter l'histoire par la mise en scène. 

L'autre force, est aussi sa thématique et son sujet dans cette famille ou le père, la mère et les enfants entretiennent mutuellement de drame. À noter qu'il s'agit du remake d'un film danois de 2019 (Dronningen, de May El-Toukhy).

Léa Drucker porte le film, car il s'agit de l'histoire de son personnage, qui évolue, ou pas, au cours de l'histoire, qui est le plus passionnant, central donc et est celui qui est de toutes les scènes. Elle apparaît froide dans son cadre professionnel, jusqu'à son évolution tout au cours du film, au gré des interactions avec son beau fils, source du principal arc dramatique du film. Elle est en maîtrise, quels que soient ses interlocuteurs : son mari, ses filles, sa sœur, son beau fils. Même si celui-ci va la mettre en danger.

L'avantage du film est que, en tant que spectateurs, nous avons beau imaginer les évolutions possibles de l'histoire,  ainsi qu'imaginer les fins possibles de l'histoire, le scénario et Catherine Breillat sont capables de faire évoluer l'histoire ou de conclure d'une manière que nous n'avions pas imaginée.
 
Bande-annonce L'Été dernier

Le Daim (1h17, 2019) de Quentin Dupieux

Avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy, Coralie Russier, Laurent Nicolas, Marie Bunel, Stéphane Jobert.

Quentin Dupieux a composé pour une fois une histoire linéaire, prévisible, mais avec son lot de points distinctifs. La passion et la folie de Jean Dujardin pour le Daim, qui semble basculer suite à une rupture (peu nous en est dit, et c'est très bien). Il croise une caméra. Il croise Adèle Haenel qui rentre dans son jeu. Pour aller au bout de sa folie, qui sera stoppée nette le moment venue.

Le réalisateur questionne encore une fois son travail d'artiste, son travail de réalisateur à travers ce pauvre personnage paumé qui imagine filmer quelque chose tout en ne sachant rien du processus de création d'un film. Il ne s'agit pas bien sûr d'une métaphore du réalisateur lui-même qui est un spécialiste de la construction de film dans tout ses composantes mise en scène scénario prise de vue photographie montage production. Mais ce qui est intéressant chez ce réalisateur c'est que sa matière est le spectacle, le film, le narratif, le drame. Quentin Dupieux ne sait que parler des films. Et c'est tant mieux. Ici il parle du film d'horreur comme genre, et d'un film d'horreur, qui se construit sous nos yeux, même si la musique de Quentin Dupieux appuie fortement dès le début du film, à la limite du ridicule, mais le spectateur n'est pas trompé sur la marchandise lorsque les images tournées par Jean Dujardin sont montrées au spectateur.

Bande-annonce Le Daim

Yannick (1h03, 2023) de Quentin Dupieux

Avec Raphaël Quenard,  Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel, Jean-Paul Solal, Laurent Nicolas, Mustapha Abourachid, Sava Lolov.

Le réalisateur signe son film le plus linéaire, à défaut d'être limpide. Nous savons que Quentin Dupieux parle très souvent voire quasiment toujours du film, de l'oeuvre d'art, de sa manière de la faire, de son impression qu'elle fait sur le spectateur. Ici il questionne ce qu'est une œuvre d'art et le rapport du spectateur à celle-ci. Ceci par le biais d'une pièce de théâtre d'assez peu bonne qualité que Raphaël Quenard regarde comme spectateur et décide de la modifier, de la réécrire. En interprétant un personnage que nous comprenons comme étant plutôt dépressif, et plus simplement qui ne va pas bien du tout.

Le dispositif de mise en scène est simple et limpide pour mettre en valeur les dialogues : à la fois ceux de la pièce de théâtre, et ce du personnage de Raphaël Quenard. Il y a un gros travail sur cet aspect-là.

Nous ne sommes donc pas ici dans un procédé qui pourrait paraître absurde comme dans beaucoup de films du réalisateur. Mais c'est quelque part un film qui explique comment appréhender tous les films précédents de Quentin Dupieux. Le personnage de Raphaël Quenard n'est-il pas Quentin Dupieux ? Questionnant les films et ce qu'ils sont censés apporter à leur spectateur. Il pourrait arrêter maintenant et nous comprendrions toute son œuvre.
Il est surprenant de voir arriver les policiers à la fin. Cela ancrant le film dans une réalité à laquelle Quentin Dupieux ne nous a pas habitué. Une manière de rendre réel le constat fait par le personnage de Raphaël Quenard.
Bande-annonce Yannick

jeudi 22 février 2024

The Abandoned (2h08, 2022) de Ying-Ting Tseng

Avec Janine Chun-Ning Chang, Ethan Juan, An-Shun Yu, Chloe Xiang, Sajee Apiwong, Wei-min Chen, Hsueh Shih-ling, Teng-Hui Huang.

Une policière dépressive (elle est sur le point de se suicider dans le premier plan d'un flm) enquête sur le meurtre d'une jeune thaïlandaise quelle retrouve par hasard.  D'autres disparition suivront. Les corps sont mutilés. S'agit-il d'un tueur en série ? Elle mène l'enquête et arrive à remonter : il s'agit de fille en situation irrégulière à Taiwan ; elles arrivent de Thaïlande. Mais certains disparaissent et son retrouvées avec des organes en moins.

Le tout se déroule souvent de nuit et souvent sous la pluie, dans une ambiance noire, dépressive, très réussit. Notre enquêtrice n'est pas une super héroïne, et la police Taïwanaise n'a pas l'air non plus très performance. Janine Chun-Ning Chang porte le film et mène l'enquête avec difficulté.

Le film est une réussite dans son genre. Il maintient l'attention du spectateur jusqu'à l'identification du coupable et son affrontement avec la policière.

The Abandoned affiche film

lundi 12 février 2024

Le Flic De Beverly Hills (Beverly Hills Cop, 1h45, 1984) de Martin Brest

Avec Eddie Murphy, Judge Reinhold, John Ashton, Lisa Eilbacher, Ronny Cox, Steven Berkoff, James Russo, Jonathan Banks, Stephen Elliott, Gilbert R. Hill, Art Kimbro, Joel Bailey, Bronson Pinchot, Paul Reiser, Michael Champion.

Il s'agit du premier film de la franchise qui a starisé Eddy Murphy. Mélange d'enquête policière et de comédie où le personnage d'Eddy Murphy et ses deux acolytes de la police de Berverly Hills (Judge Reinhold et John Ashton) provoquent la distanciation cool et l'humour. Le contraste entre le style de police de Détroit  d'où vient Eddy Murphy et la police de Beverly Hills est le moteur du scénario : la différence culturelle et d'ingénierie sociale. Bronson Pinchot amène aussi des éléments d'humour. Du côté des méchants nous avons Steven Berkoff, parfait. Et il est toujours agréable de revoir la sous-estimée Lisa Eilbacher.

La dynamique fonctionne, avec une dose limitée de séquences d'action, mais juste ce qu'il faut. Car ici ce sont les personnages qui comptent et qui font la saveur. D'ailleurs le film commence avec une poursuite avec multiples tôles froissées, qui est plutôt la séquence finale de certains films. Comme pour dire, la voilà, elle est faite, maintenant nous pouvons nous consacrer aux personnages et aux chocs culturels. La musique d'Harold Faltermeyer est aussi marquante. Elle contribue à l'empreinte mémorielle du film. Qui est un manifeste de l'esthétique et parfum des années quatre-vingt.

Bande-annonce Le Flic de Beverly Hills

dimanche 11 février 2024

Le Fléau De Breslau (1h50, 2018) de Patryk Vega

Avec Malgorzata Kozuchowska, Daria Widawska,  Katarzyna Bujakiewicz, Andrzej Grabowski, Maria Dejmek, Ewa Kasprzyk, Jacek Beler, Wojciech Kalinowski, Iwona Bielska, Igor Kujawski.

Beau film policier dans sa variante traque de tueur en série. Avec ici un gros rebondissement à mi-parcours qui relance encore plus la tension. Cela se déroule dans la ville de Breslau, où une policière dépressive enquête sur des meurtres extrêmement mis en scène par un tueur en série. Elle n'est pas aidée par la police locale (dont elle fait partie), elle est aidée par un profiler qui arrive de la capitale, qui va faire progresser l'enquête à grands pas.

Le film contient pas mal de gore, c'est-à-dire de corps sculptés par notre tueur en série. Il y a régulièrement de petits éléments surprenants, puis de petites circonvolutions dramatiques, qui font que le spectateur suit cela de manière assidue et se demande comment cela va évoluer. Rajoutons que notre policière dépressive n'est pas du tout impressionnée par ces meurtres ; et que la profileuse s'avère être plutôt déjantée et obsessive.  Cela donne une variante originale du film de traque de tueur en série. Variante qui incorpore des dimensions sociales, une utilisation mesurée de la technologie numérique, de l'humour noir de bon aloi, du gore sans timidité. Pour finir sur une explication finale de la résolution de l'enquête et de la fin de série de meurtres qu'il est difficile de deviner et d'imaginer. Bien vu. Nous en redemandons. 

 Bande-annonce Le fléau de Breslau


samedi 10 février 2024

Black And Blue (2019, 1h48) de Deon Taylor

Avec Naomie Harris,  Tyrese Gibson, Frank Grillo, Mike Colter, Reid Scott, Beau Knapp, Nafessa Williams, James Moses Black.

Superbe polar où des policiers corrompus dans le traffic de drogue traquent une policière car elle a été témoin de quelque chose qu'il ne fallait pas et risque de les compromettre. Pour s'en sortir elle essaye de compter sur la population locale, puis sur ses collègues flic et aussi compter sur des gangs qui ne sont pas encleins à l'aider de prime abord. Noamie Harris est donc coincée dans un labyrinthe dont l'objectif est la survie.

Belle distribution avec Naomi Harris et Tyrese Gibson dans une performance subtile. Avec une direction d'acteur efficace, des reconstitutions et décors qui ont l'air naturels tout en étant très sombres avec à la photographie Dante Spinotti, que l'on ne présente plus : tout cela conduit par un scénario qui gère parfaitement chacun des arcs dramatiques et leurs mélanges, signé par Peter A. Dowling qui connait son métier. Le principe dramatique est que le spectateur se demande comment elle va s'en sortir sachant que tout le monde souhaite sa mort et que plus l'histoire les obstacles sont de plus en plus importants. Il s'agit donc d'un film bien née. La grande réussite du film est son climat sombre, nihiliste, où la loi n'a presque pas de place.

Il s'agit d'un beau travail de poursuite avec une tension qui va crescendo de manière permanente.

 Bande-annonce Dirty Cops