mardi 30 janvier 2024

Titane (1h48, 2021) de Julia Ducournau

Avec Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Garance Marillier, Laïs Salameh, Mara Cisse, Marin Judas, Diong-Kéba Tacu, Myriem Akheddiou,  Bertrand Bonello, Céline Carrère,

Un film de monstres. Là où Julia Ducournau réussit son pari est dans l’enchaînement des différentes histoires : les pérégrinations de tueuse d'Agathe Rousselle puis sa fuite ; sa rencontre avec Vincent Lindon et leur vie commune ; puis la bascule dans la folie (si elle n'était pas déjà là), dans la monstruosité ou autre chose de Vincent Lindon.

Julia Ducournau réussi son pari avec un ensemble passionnant, fulgurant, qui mêle horreur, mais aussi empathie. Après avoir montré son personnage monstrueux, sans empathie, sa rencontre avec Vincent Lindon va l'humaniser ou si peu, mais arriver à nous faire avoir de l'empathie, d’abord avec le personnage de Vincent Lindon, puis avec elle, car elle semble trouver un semblant de satisfaction à sa relation avec ce pompier, perdu ou fou ou sous emprise chimique, qui l'accueille (pour une raison que nous ne divulgâcherons pas), mais qui relance l'histoire.

La décision de toujours montrer du point de vue du personnage d'Agathe Rousselle est le bon choix. Nous ne voyons jamais la police qui la recherche (hormis le spot sur l'écran de télévision). Cela ne nous intéresse pas. Et tout laisse à penser que l'issue de l'histoire ne pourra qu'être tragique. Mais pour quoi.

Le talent de Julia Ducournau est d'avoir créé un film inclassable, unique, sans précédent (même chez David Cronenberg), oeuvre d'art brut, puissante, perturbante, qui ne provoque pas de débat (on adore ou on déteste), mais qui fait réfléchir. La force du film est de ne pas expliquer d'où viennent les personnages et de ne pas permettre de deviner où ils vont. Un chef d’œuvre.

Bande-annonce Titane

dimanche 28 janvier 2024

La Fille Du Roi Des Marais (The Marsh King's Daughter, 1h49, 2023) de Neil Burger

Avec Daisy Ridley, Ben Mendelsohn, Brooklynn Prince, Gil Birmingham, Caren Pistorius, Garrett Hedlund, Joey Carson, Joshua Peace, Pamela MacDonald, Dan Abramovici.

Nous sommes ici dans une canevas d'histoire classique où après une exposition pour établir un arrière plan, un évènement majeur va faire revenir le passer et faire basculer le film en thriller.

Dans les ingrédient pour incarner ce canevas nous avons un couple et leur enfant qui vivent dans les marais, en se nourissant de chasse et de ce que offre la nature. Le père est tyrannique et maltraite sa femme. Mais il éduque sa fille à la dure pour savoir vivre et survivre dans un univers de nature. Elle quittera sa famille pour mener une vie normale. Mais son passé, et surtout son père vont revenir la hanter et elle devra gèrer et règler toute seule la situation, sur le terrain, dans les marais.

Bon suspense, belle prestation de Daisy Ridley, qui porte ce film sur ses épaules. Le père, Ben Mendelsohn est plus caricatural et typé, monolithique et ne surprend donc pas. Et le film dans son ensemble est assez prévisible et ne surprend pas, même s'il fonctionne. Nous noterons la très réussi séquence où Daisy Ridley suspecte que son père rode dans sa maison ou à l'extérieur : beau travail d'interprétation et de climat, par le travail de la photographie, du soin et du montage pour créer la tension. Neil Burger sait traiter ce sujet. Nous ne connaissons par Divergente (2014) mais nous apprécions The Illusionist (2006) ou The Upside (2017) son remake réussit de Intouchables (2011), et son Limitless (2011) possède parait-il de bonnes qualités.

Bande-annonce La Fille du roi des marais

samedi 27 janvier 2024

Yara (1h36, 2021) de Marco Tullio Giordana

Avec Isabella Ragonese, Alessio Boni, Thomas Trabacchi, Sandra Toffolatti, Roberto Zibetti, Mario Pirrello, Miro Landoni, Andrea Bruschi, Augusto Zucchi, Rodolfo Corsato.

Une adolescente disparaît et est retrouvée morte après avoir été violée. Le procureur qui enquête va devoir affronter la mysogynie ambiante. La procureure est interprétée par Isabella Ragonese. Mais l'enquête va avoir aussi la difficulté à trouver des indices. A une époque où le numérique n'existait ainsi, ainsi que les fichiers d'empreintes digitales centralisés. Ce qui fait que pour retrouver un coupable à partir d'indice prend beaucoup de temps, demande un peu de chance et de coincidences, de persistence et de patience.

Fausses pistes, enquête sur plusieurs années, pour un film policier où 'enquête avance par petite touche et l'enquête évoluera vers de fausses pistes, car il est urgent de trouver un coupable, mais aussi vers des pistes possibles à partir des tests ADN et leur utilisation à grande échelle. Le scénariste est un vétéran du scénario : nous pouvons dire qu'il s'agit d'une bonne histoire, qui captive le spectateur, qui se demande s'il le tueur va être retrouvé. La forme est celle d'un téléfilm Netflix c'est à dire sans aucune ambition. Dispensable sur la forme, mais honnête sur le sujet.

Yara

vendredi 26 janvier 2024

Là Où Chantent Les Ecrevisses (Where the Crawdads Sing, 2h05, 2022) de Olivia Newman

Avec Daisy Edgar-Jones, Taylor John Smith, Harris Dickinson, David Strathairn, Michael Hyatt, Sterling Macer Jr., Logan Macrae,  Bill Kelly, Ahna O'Reilly, Garret Dillahunt, Jojo Regina, Luke David Blumm.

Voici un matériel constitué de multiples richesses. La nature et les marais, où vit une petite fille et qui y grandit. Un corps est retrouvé, et elle est accusé car il s'agit d'un ancien amant. Elle a aussi une histoire d'amour. Elle dessine et cartographie la faune et la flore du marais. Thriller policier dans les marais et ode à la nature, aux plantes et animaux sont les ingrédients de cette histoire. Avec les messages qu'il faut sur le respect et la beauté de la nature. Et avec les éléments qui font que le comportement de cet environnement déteint sur sa personnalité et son rapport aux autres humains.

Sur le plan des décors et paysages le film est très beau. La reconstitution est réussit - nous sommes dans les années 50 et 60 - dans le sud. Les chromos, non pas du rêve américain, mais des petites gens, sont présents. La distribution est très bonne : Daisy Edgar-Jones sait faire ressortir de son personnage tout à la fois la force, vigueur et fragilité. Elle éclipse d'ailleurs les autres, qui sont des faire-valoir et paraissent fades.

Enfin le film contient une révélation à la toute fin qui donne tout sel à l'histoire qui a précédée, bien orchestrée et conduites, qui sinon commençait à paraître longue (125 minutes de durée quand même).

Bande-annonce Là où chantent les écrevisses

jeudi 25 janvier 2024

Anatomie D'Une Chute (2h31, 2023) de Justine Triet

Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Antoine Reinartz, Samuel Theis, Jehnny Beth, Saadia Bentaïeb, Camille Rutherford, Anne Rotger,

Nous sommes ici dans quelque chose de sérieux. Histoire et scénario très travaillés, écrits, pour un ensemble qui s'écoule fluidement entre l'histoire de Sandra Hüller et son mari, égrenée en flashbacks, sa relation avec son avocat, sa relation avec son fils, et ceci malgré la durée de 2h30. C'est le signe d'un film dense dans ses thématiques, dans sa forme dramatique, qui emporte l'adhésion du spectateur. Le film aborde la vie de couple, la bisexualité, le rôle de la femme dans un couple, ou par exemple le fait que ce n'est pas la vérité qui est analysée dans un procès. Car à partir du point de départ, le décès du père, s'en suit une enquête réalisée depuis le point de vue de la mère ou d'autres personnages, pour supporter l'argumentaire de l'avocat, et ensuite suivre le procès. C'est là où le film est intéressant : nous ne sommes pas du point de vue de la police ou d'enquêteur, mais nous sommes du point de vue de l'avocat qui prépare le procès.

Le fait que l'enfant soit aveugle fait le sel du scénario et permet certains de ses rebondissements. Ce truc de scénariste, ou pas, est parfait pour gérer les rebondissements de la progression dramatique.  C'est vraiment très écrit et pensé.

Sur la forme, la diégèse est tellement dense, que le travail de la photo est plat, un peu fade, transparent, voire télévisuel. Mais le film n'est pas sur sa forme. Le film contient par ailleurs peu de musique, et cela fonctionne très bien.

Le film se permet aussi de maintenir un certain mystère concernant le personnage de Sandra Hüller, y compris à la fin du film.

Bande-annonce Anatomie d’une chute


mercredi 24 janvier 2024

Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre (1h47, 2002) de Alain Chabat

Avec Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Monica Bellucci, Claude Rich, Gérard Darmon, Edouard Baer, Dieudonné, Mouss Diouf, Marina Foïs, Bernard Farcy, Jean Benguigui, Michel Crémadès, Jean-Paul Rouve, Edouard Montoute, Noémie Lenoir, Chantal Lauby.

Astérix et Obélix sont des personnages secondaires et le lien avec la bande dessinée est ténue. Ils ne sont d'ailleurs que peu présents à l'écran. Le star étant plus Jamel Debbouze dans le rôle de l'architecte à qui Cléopatre (Monica Bellucci, parfaite) ordonne la construction d'un palais et d'une pyramide pour impressionner César (Alan Chabat dans un rôle de débile).

Jamel Debbouze fait son show, et cela fonctionne. Gérard Darmon est bon en méchant. Leur affrontement en mode kung-fu pastichant Bruce Lee est très sympathique. Mais nous sommes très loin de celle de Jim Carrey et les frères Farrelly dans Dumb and Dumber (1994).

Dans son ensemble, au delà de certaines scènes et gags pris individuellement, le film reste poussif et manque cruellement de dynamique. Toutes les scènes où apparaissent Astérix et Obélix pourraient être retirées, cela ne changerait rien et réduirait la durée du métrage.

Bande-annonce Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Chernobyl Under Fire (2h16 2021) de Danila Kozlovskiy

Avec Danila Kozlovskiy, Oksana Akinshina, Filipp Avdeev, Ravshana Kurkova, Nikolay Kozak, Igor Chernevich, Artur Beschastnyy, Nikolay Samsonov, Anton Shwartz.

Ce Chernobyl se concentre sur les pompiers qui sont intervenus pour éteindre le premier incendie juste après l'explosion du réacteur. Pour susciter l'empathie, le scénario se concentre sur un de ces pompiers, qui retrouve son ancienne amante à Chernobyl et qui se rend compte qu'elle a un enfant, dont il est probablement le père. Cela occupe un long prologue, bien interprété, sympathique. Ensuite il y a les séquences spectaculaires liées à l'intervention vers la centrale nucléaire après l'explosion.  Le scénario se concentre sur les deux personnages : le pompier, Danila Kozlovskiy, et sa fiancée Oksana Akinshina. Les acteurs sont bons et l'ensemble fonctionne, même si le film tarde à démarrer.

Le sujet est tellement fort qu'il n'est pas possible d'être insensible à certaines séquences. La séquence des trois pompiers dans l'eau pour arriver à ouvrir l'évacuation de l'eau est le grand moment du film, spectaculaire et avec une tension maximale bien sûr car ils descendent dans les sous-sol de la centrale, dans le noir et juste à la lumière de leur torche. Elle est bien faite et monte bien la tension avec régularité et est impressionante.

Finalement les 2h16 passent toutes seules, même si l'intrigue concernant le couple (notre pompier, son ex) nous ennuie franchement. Surtout que les scénaristes, pour être sûr de l'empathie, on mis le fils comme première victime de l'explosion et des radiations, ce qui donne lieu à aux séquences où le couple souhaite qu'il soit évacué, soigné, sachant qu'il n'est pas possible de soigner, évacuer tout le monde.

Chernobyl : Under Fire [Blu-Ray]

dimanche 21 janvier 2024

Seule Contre Tous (The Whistleblower, 1h52, 2010) de Larysa Kondracki

Avec Rachel Weisz, Vanessa Redgrave, Monica Bellucci, David Strathairn, Nikolaj Lie Kaas, Roxana Condurache, Paula Schramm, Alexandru Potocean, William Hope, Rayisa Kondracki.

Rachel Weisz est une policière qui part en volontariat pour une mission de maintien de la paix en Bosnie. Où elle va découvrir des choses illégales qui vont être difficiles à enquêter, à instruire, car corruption sévit de partout. Rachel Weisz est une lanceuse d'alerte, mais que personne ne veut prendre en compte. Elle devra affronter ses collègues, la police locale, sa hiérarchie, les différentes mafias, entre autres et seule contre tous.

Le film montre aussi les atavismes dans cette Bosnie : misogynie, patriarcat, racisme, haines interculturelles. Le film dose bien l'ensemble des composantes. Enquête, corruptions, vie locale, vie d'une organisation transnationale, la loi, à qui elle s'applique et les impunités.

Rachel Weisz incarne le personnage avec force et vigueur, comme à chaque fois. Elle porte le film sur ses épaules.

Bande-annonce Seule contre tous

samedi 20 janvier 2024

Cash (1h35, 2023) de Jérémie Rozan

Avec Raphaël Quenard, Igor Gotesman, Agathe Rousselle, Antoine Gouy, Youssef Hajdi, Grégoire Colin, Nina Meurisse, Bruno Lochet, Laure Sirieix, Stéphan Wojtowicz, Nicolas Martinez, Slimane Dazi.

Superbe distribution pour une un film où des employés qui gèrent un entrepôt détournent à leur profit une partie de la production. La bande est pilotée par Raphael Quenard. Ils commencent petits puis l'équipe grandit. Le tout dans un contexte ou l'usine va être vendu. Ce qui permet au film d'adresser la vie en usine, l'organisation de l'usine, entre le patron, le responsable des ressources humaines, le chef d'équipe.

La première qualité du film est que bien que nous devinons peu ou prou ce qui peut se passer, la progression est simple et régulière, maintenant l'intérêt du spectateur, contenant ce qu'il faut d'ellipse pour produire ce qu'il faut de suprises, bien placées. Le scénario ménage et mélange bien les deux progressions dramatiques : l'équipe de Raphaël Quenard d'un côté, et l'intrigue du côté du patron, intrigues qui vont bien sûr se rejoindre. 

À noter que la voix off, du personnage de Raphaël Quenard fonctionne parfaitement bien et n'alourdit pas la narration.

Une autre qualité est sa superbe distribution, Raphaël Quenard en tête, mais aussi Agathe Rousselle, Brunot Lochet, Stephan Wojtowicz, par exemple. Tous parfaits.

Bande-annonce Cash

vendredi 19 janvier 2024

Tout De Suite Maintenant (1h38, 2016) de Pascal Bonitzer

Avec Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, Pascal Greggory, Virgil Vernier, Yannick Renier, François Baldassare, Vincent Collin.

Voilà un film qui enchaîne les clichés comme des perles. En parlant d'un milieu que les auteurs ne connaissent pas. Nous sentons que les auteurs cherchent à dénoncer quelque chose. Mais nous sentons aussi que les auteurs ne connaissent pas ce dont ils parlent. Ce qui a priori n'est pas rédhibitoire. Il n'est pas besoin d'être une poule pour sentir un œuf pourri.

À cette dimension dénuée de tout réalisme s'ajoute un ensemble de personnages qui ne suscitent par d'empathie. À la limite s'ils souffraient plus et mouraient tous ce serait satisfaisant. Nous nous moquons de leurs turpitudes personnelles ou professionnelles, sentimentales ou existentielles. Bien sûr la distribution est impressionnante, entre jeunes acteurs en vogue, vieux acteurs solides ou ringards, la distribution est très solide. Le type casting fonctionne à fond : Jean-Pierre Bacri, est encore sur le même personnage, pénible ; Vincent Lacoste se caricature ; Pascal Greggory se plagie lui-même.

Mais ce film est intéressant sur le plan historique, comme instance d'une idée de cinéma avec des prétentions mais vide de sens car dénué de lien avec la réalité.

Bande-annonce Tout de suite maintenant

mercredi 10 janvier 2024

Tais toi ! (1h25, 2003) de Francis Veber

Avec Gérard Depardieu, Jean Reno,  Richard Berry, André Dussollier,  Jean-Pierre Malo, Jean-Michel Noire, Laurent Gamelon, Aurélien Recoing, Vincent Moscato, Ticky Holgado,  Michel Aumont, Leonor Varela.

La nouvelle vision de film de Francis Veber est très positive. Et beaucoup meux que le souvenir que nous en avions.

Gérard Depardieu est crédible et génial dans ce personnage de Quentin de Montargis, esprit simple qui cherche un ami. Francis Veber refait le scénario de L'emmerdeur (Edouard Molinaro, 1973) qu'il avait écrit. En variant les paramètres. Jean Réno est toujours un tueur, qui cherche à se venger. Gérard Depardieu n'est pas dépressif comme Jacques Brel, mais très con, comme le dit André Dussollier, son psychiatre en prison. Et il s'amourache de Jean Réno, qui va le trainer comme un boulet, mais qui l'aidera finalement à atteindre son but.

Séquences d'anthologie (les rencontres de Gérard Depardieu avec ses codétenus au début du film), rythme, brio de l'interprétation (Gérard Depardieu est génial dans ses interactions avec Jean Réno),  le film est jubilatoire. Mais il s'agit quand même d'une vision de l'humanité assez misanthropique : des tueurs, un simple d'esprit, une migrante, une femme tuée, un alcoolique - Ticky Holgado -, un hôpital psychiatrique avec un psychiatre comme malade - Michel Aumont -. Seuls les flics sont peut-être des humains normaux dans ce film.

Tais-toi

mardi 9 janvier 2024

Les Tuche 2 - Le Rêve Américain (1h34, 2016) de Olivier Baroux

Avec Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Ken Samuels, Susan Almgren, Richard Robitaille, Christian de la Cortina.

Le crétins sont toujours de la bonne matière pour un film, comique de prime abord. Ici ils sont mis dans un environnement à priori improbable. Les USA avec le midwest, puis la Californie. Le film aborde quelque thèmes à la mode, comme le mariage homosexuel. Et aussi des thèmes universels que la franchise Tuche véhicule : le sentiment et la solidarité familiale, des parents vers les enfants, vers les ainés (avec ici le personnage de la grand-mère) ; il y a aussi l'ouverture d'esprit de la cellule familiale. Le film se permet des pastiches, ici sur la chirurgie esthétique.

Ces Tuche possède donc un capital sympathie. Ils adorent La Petite Maison Dans La Prairie. Ils sont mine de rien ouvert d'esprit. Et le film recèle un certains nombre de perles : les interventions de Claire Nadeau, les dialogues de Pierre Lottin, et bien sûr Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty qui sont à la fête, avec la psychologie particulière du père de famille. Ces Tuche sont une délicieuse antidote à une certaine bien-pensance. 

Il y a aussi leur encontre avec la famille californienne, qui est traitée de manière intéressante, mais qui aurait pu être plus développée ; cela ne peut pas marcher pour le fils car cela viole les règles de la famille Tuche. A noter que le film montre que l'argent à des qualités et peut mettre au pouvoir n'importe qui, et comme si le fait d'avoir de l'argent donnait du talent... Nous laissons à chacun la liberté d'imaginer à qui cela peut s'appliquer.

Il faut reconnaître que le travail d'écriture est important, réussit, que ce soit sur le film dramatique principal, ou au sein de chaque scène. Cinq scénaristes sont crédités : il y a eu un gros travail de conception de chaque séquence pour imaginer ses éléments comiques.

 Les Tuche 2 : Le rêve américain

dimanche 7 janvier 2024

Alad'2 (1h38, 2018) de Lionel Steketee

Avec Kev Adams, Jamel Debbouze, Vanessa Guide, Eric Judor, Ramzy Bedia, Noémie Lenoir, Wahid Bouzidi, Isabelle Nanty, Gérard Depardieu, Jean-Paul Rouve.

Cette suite au film d'Arthur Benzaken (Les nouvelles aventures d'Aladin, 2015) est ratée. Elle manque d'ampleur visuelle. Ici la mise en scène est pensée pour la tablette ou l'ordiphone et pas pour la salle de cinéma. Les plans sont plus rapprochés, les personnages sont moins pensés dans le cadre. Ce film-là fait plus penser à des séquences de spectacles de télévision ou de court métrage pour clip vidéos sur internet.

Le scénario (toujours Daive Cohen crédité) manipule moins de personnages que le premier de série et ne semble construit que comme prétexte à des performances de Jamel Debbouze. Jamel Bebbouze est beaucoup trop présent et son personnage déséquilibre le film : Aladin est devenu un personnage secondaire, voire un figurant. Jamel Debbouze fait son show, très bien, mais ne sert pas le film. D'ailleurs, chaque séquence prise individuellement est sympathique, voire efficace sur le plan comique, mais agrégées elles ne donnent pas à l'ensemble une cohérence de démarche, une sensation de tout. Un exemple : le gag du voyage dans l'espace et le temps où ils croisent Christophe Colomb, est une bonne idée, mais sans intérêt pour l'ensemble du film. Il y a beaucoup de bonnes idées prises individuellement, mais il n'y a pas de direction artistique de l'ensemble.

 Alad'2

samedi 6 janvier 2024

Les Nouvelles Aventures D'Aladin (1h47, 2023) de Arthur Benzaquen

Avec Kev Adams,  Jean-Paul Rouve,  Vanessa Guide, William Lebghil, Audrey Lamy, Arthur Benzaquen, Eric Judor, Michel Blanc, Ramzy Bedia, Nader Boussandel, Fatsah Bouyahmed, Laouni Mouhid.

Arthur Benzaquen et son équipe technique composent un film ample et spectaculaire, où chaque plan recèle une idée saugrenue sans qu'elle perturbe la ligne du scénario. Le film est abondant en personnages, qui sont bien écrits et bien campés. Jean-Paul Rouve, Vanessa Guide, Audrey Lamy, Eric Judor, Michel Blanc, Kev Adams, bref toute la ménagerie est parfaite. Sans oublier Arthur Benzaquen lui-même.

La séquence de la caverne avec les carrelages musicaux est une excellente idée et pastiche avec malice Indiana Jones. Les tapis volants sont parfaits, grâce au numérique. C'est rythmé. C'est spectaculaire. Et c'est amusant. C'est une réussite dans le genre.

Kev Adams est le héros insouciant et vénal. Jean-Paul Rouve en méchant qui sait qu'il est méchant. Vanessa Guide et Audrey Lamy composent des personnages qui apportent malice et rebondissements. L'ensemble de la distribution contribue de manière équilibrée aux pérégrinations d'Adalin Kev Adams, qui n'est pas le personnage le plus intéressant, mais heureusement, tous les autres personnages le sont, avec leurs humours et leur contribution à l'histoire.

 Les Nouvelles Aventures d'Aladin [Blu-Ray]

mercredi 3 janvier 2024

L'humanité (2h21, 1999) de Bruno Dumont

Avec Emmanuel Schotté, Séverine Caneele, Philippe Tullier, Ghislain Ghesquère, Ginette Allègre, Darius, Arnaud Brejon de la Lavergnee, Daniel Petillon.

Que dire de ce chef d’œuvre, de ce monument ? Le meurtre d'une petite fille, un policier, un couple d'amis. Les acteurs sont des non-professionnels, avec leurs manières, leurs lenteurs, leurs hésitations. Et il y a un canevas d'enquête policière très distendue avec en arrière-plan la vie quotidienne de certains individus : l'ouvrière, son amant chauffeur de bus, le policier, la mère du policier, le chef du policier. Mais aussi les décors, les rues, la mer, qui constituent presque des personnages à part entière en étant des constitutifs impératifs de cette enquête. Le film contient beaucoup de paysages, regardés par les protagonistes, et surtout par notre policier enquêteur, amoureux caché de Séverine Caneele. C'est un autre canevas dramatique du film : Emmanuel Schotté est attiré par Séverine Caneele. Et enfin, notre policier est aussi attiré par les odeurs, par le toucher. D'où ces étonnants moments où il caresse ou sent des suspects.

Nous comprenons pourquoi David Cronenberg et son jury ont donné les palmes d'interprétation à Emmanuel Schotté et Séverine Caneele. Ils ont beau être des acteurs amateurs, leur performance est extraordinaire.

Les personnages marchent beaucoup chez Bruno Dumont. Ils marchent beaucoup, et ils attendent beaucoup aussi. Ils font penser à ceux de Takeshi Kitano, qui marchent aussi énormément dans ses films.

Bruno Dumont n'hésite pas à monter des sexes, c'est à dire des scènes de sexe, mais aussi un sexe, celui de son personnage féminin principal, ou de sa doublure doublure, peu importe. Ainsi que celui de la petite fille assassinée. Mais il n'hésite pas à montrer un personnage en suspension, scrutateur de l'horizon (la suspension est une figure qui revient régulièrement dans les films de Bruno Dumont).

Cette humanité, ces humains simples, dont les préoccupations sont peu nombreuses, travailler, se promener, attendre, sont les éléments fondamentaux du cinéma de Bruno Dumont. Il n'est pas besoin ici d'activité extraordinaire, de super-humains, de complots complexes, pour raconter une histoire, qui n'est pas simple elle, mais d'une densité étonnante grâce à ces acteurs.

 L'Humanité [Blu-Ray]

lundi 1 janvier 2024

Le Remède A L'Oubli (Znachor, Forgotten Love, 2h20, 2023) de Michal Gazda

Avec Leszek Lichota, Maria Kowalska, Ignacy Liss, Anna Szymanczyk, Izabela Kuna, Mikolaj Grabowski, Miroslaw Haniszewski, Artur Barcis, Jaroslaw Gruda, Malgorzata Mikolajczak.

Film en costumes, nous sommes au début du XXe siècle en Pologne, où un médecin réputé devient amnésique et se retrouve sans domicile fixe itinérant dans le pays, et qui aide les petites gens - il sait ce qu'il faut faire, mais ne sait pas pourquoi, il ne se rappelle pas qu'il est médecin -. Son passé reviendra progressivement à travers sa fille, et ses anciens collègues. Les deux scénaristes, Marcin Baczynski et Mariusz Kuczewski, ont réalisé du bon boulot à partir du roman de Tadeusz Dolega-Mostowicz.

Il est dur de critiquer un tel film : la forme est le standard Netflix, mais le film prend sa substance à travers ses personnages et ses acteurs et un scénario qui présente des éléments de lutte des classes. Car il soigne les pauvres, les paysans. Mais il est empêché de pratiquer. L'intrigue tourne autour de sa fille qui noue une relation avec un riche.

Nous retiendrons le personnage de Anna Szymanczyk, femme qui accueille le médecin amnésique dans son moulin, femme forte qui maîtrise son destin. Ainsi que Leszed Lichota, dans le rôle du médecin, qui est aussi mémorable même s'il sombre régulièrement dans le mélodrame peu subtil.

Le film se termine par un tribunal, car il est accusé de pratiquer la médecine sans autorisation. Nous ne divulgâcherons pas l'issue. Mais tous les arcs dramatiques convergeront vers le même point.

 Le Remède à l'oubli - Film (2023) - SensCritique

Le Coup Du Siècle (The Hustle, 1h33, 2019) de Chris Addison

Avec Anne Hathaway,  Rebel Wilson, Alex Sharp, Tim Blake Nelson, Timothy Simons, Douggie McMeekin.

Chris Addison vient de la série pour la télévision pour mettre en scène le scénario de Dale Launer, Stanley Shapiro et Paul Henning, retravaillé par Jac Schaeffer. Car il s'agit d'une adaptation du scénario du film Dirty Rotten Scoundrels mis en scène par Frank Oz en 1988. Adaptation où le duo de Steve Martin et Michael Cain est remplacé par Rebel Wilson et Anne Hathaway.

Le film emporte la mise grace à Rebel Wilson, mélange de vulgarité et de naïveté, d'audace et d'improvisation, dans un univers d'arnaqueurs où le duo constitué par Anne Hathaway et Rebel Wilson, arnaqueuses professionnelles, collectionne les gogos remplis d'argent, quelles cherchent bien sûr dans des lieux touristiques pour personne très riche. Le coté mode opératoire fonctionne très bien : la maîtresse, Anne Hathaway forme l’élève Rebel Wilson  sur la manière de faire cracher l'argent à des hommes. Puis par une pirouette elles se lancent un défi et s'affrontent en se focalisant sur la même victime. Pour ensuite être surprises dans un univers ou tout le monde ment à sa manière. Et où un pigeon se révèle de manière inattendue. L'énergie et la complémentarité du duo fonctionne parfaitement.

Le Coup du siècle