Avec Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Garance Marillier, Laïs Salameh, Mara Cisse, Marin Judas, Diong-Kéba Tacu, Myriem Akheddiou, Bertrand Bonello, Céline Carrère,
Un film de monstres. Là où Julia Ducournau réussit son pari est dans l’enchaînement des différentes histoires : les pérégrinations de tueuse d'Agathe Rousselle puis sa fuite ; sa rencontre avec Vincent Lindon et leur vie commune ; puis la bascule dans la folie (si elle n'était pas déjà là), dans la monstruosité ou autre chose de Vincent Lindon.
Julia Ducournau réussi son pari avec un ensemble passionnant, fulgurant, qui mêle horreur, mais aussi empathie. Après avoir montré son personnage monstrueux, sans empathie, sa rencontre avec Vincent Lindon va l'humaniser ou si peu, mais arriver à nous faire avoir de l'empathie, d’abord avec le personnage de Vincent Lindon, puis avec elle, car elle semble trouver un semblant de satisfaction à sa relation avec ce pompier, perdu ou fou ou sous emprise chimique, qui l'accueille (pour une raison que nous ne divulgâcherons pas), mais qui relance l'histoire.
La décision de toujours montrer du point de vue du personnage d'Agathe Rousselle est le bon choix. Nous ne voyons jamais la police qui la recherche (hormis le spot sur l'écran de télévision). Cela ne nous intéresse pas. Et tout laisse à penser que l'issue de l'histoire ne pourra qu'être tragique. Mais pour quoi.
Le talent de Julia Ducournau est d'avoir créé un film inclassable, unique, sans précédent (même chez David Cronenberg), oeuvre d'art brut, puissante, perturbante, qui ne provoque pas de débat (on adore ou on déteste), mais qui fait réfléchir. La force du film est de ne pas expliquer d'où viennent les personnages et de ne pas permettre de deviner où ils vont. Un chef d’œuvre.