dimanche 26 décembre 2021

La Main De Dieu (È stata la mano di Dio, 2h10, 2021) de Paolo Sorrentino

 Avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo, Marlon Joubert, Luisa Ranieri, Renato Carpentieri, Massimiliano Gallo, Betty Pedrazzi, Sofya Gershevich, Monica Nappo.

Tout ça pour ça. Que retenir de ce film? Une tranche de vie pour le jeune Filippo Scotti entre sa mère, son père, sa tante, son frère, la ville de Naples, le football et Maradona. Cela fait beaucoup de choses. Et il semble intéressé par le cinéma (probablement des éléments autobiographiques de Paolo Sorrentino).

Paolo Sorrentino aime le corps des femmes. C'est un des intérêts du film. Paolo Sorrentino a une manière d'aborder le sexe et la sexualité, de manière directe et sans détour, dans un quotidien de la vie de famille qui fait que cela ne choque pas. À noter qu'une dimension des familles italiennes manque: la religion catholique. Elle est absente du film. Ceci explique peut-être cela.

L'ensemble des départements techniques sont de haut niveau: interprétation, photographie (superbe), reconstitution des années 80, décors, avec la ville de Naples et ses décors spectaculaires.  Ils permettent de maintenir l'intérêt, même si l'histoire n'est pas particulièrement passionnante. Le film contient quelques plans superbes, qui donnent des images de toute beauté (par exemple, le lustre allumé sur le sol, qui produit une mémoire visuelle).

Le film dégage néanmoins peu d'émotion. C'est brillant sur la forme. Mais pointe le sentiment que cela tourne à vide.

Bande-annonce La Main de Dieu

Manchester By The Sea (2h17, 2016) de Kenneth Lonergan

Avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Lucas Hedges, Ivy O'Brien, Richard Donelly, Virginia Loring Cooke, Quincy Tyler Bernstine.

Beau drame des familles où fratrie, accident mortel, décès s’entremêlent et conduisent à un beau film où chaque personnage est chargé de pathos, mais sonne vrai, et où chaque personnage est interprété avec sensibilité.

Ce pauvre Casey Affleck vie avec une tragédie sur les épaules (ses enfants sont morts dans un incendie domestique),  mais il se retrouve tuteur de son neveu au décès de son frère. Ce qui perturbe sa vie et sa routine quotidienne. Cela l'emmène à revenir dans la ville de son enfance et de son frère, pour un apprentissage avec son neveu. Son personnage possède une certaine résilience qui lui permet d'aborder les différentes situations sans en faire beaucoup, en montrant sa réaction, mais jamais dans l'excès, le refus ou la vengeance.

Beau film donc, où tout sonne juste: les personnages et leur caractère; les relations entre personnages, les rapports entre Casey Affleck et Michelle Williams, son ex-femme, sont remplis d'émotions sans paraitre lourds.

C'est peut-être la réussite du film: éviter la lourdeur sur une telle durée (2h17) avec une telle histoire où il y a autant de pathos. Et la fin n'est pas béatement positive, mais dans un entre-deux, bien dans la lignée du film, qui est satisfaisant pour le spectateur.

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Thugs of Hindostan (2h44, 2018) de Vijay Krishna Acharya

Avec Katrina Kaif, Aamir Khan, Amitabh Bachchan, Lloyd Owen, Fatima Sana Shaikh, Ronit Roy, Mohd. Zeeshan Ayyub, Gavin Marshall, Shaji Chaudhary,  Ila Arun.

Voici un produit de Bollywood, nous ne dirons pas typique, mais représentatif.

Le ralenti sur les personnages indiens est toujours utilisé, sans mesure, dans un esprit patriotique, car il s'agit de montrer la révolte des Indiens contre l'occupant anglais. Les méchants sont anglais et leur chef est vraiment très méchant. Le nationalisme indien, contre les colonisateurs anglais.

Le colonisateur fait la chasse aux voyous indiens (des bandits de grand chemin). Pour cela il se fait aider d'Aamir Khan qui aide à capturer les voyous. Et quand il est avec les Indiens, il les aide à éviter les Anglais. Mais il se retrouve par un quiproquo dans la bande d'Amitabh Bachchan, leader charismatique d'une bande qui projette de faire tomber les Anglais. Aamir Khan se trouve dans l'obligation de les aider (il ne peut pas leur dire bien sûr qu'il travaille pour les Anglais); mais il ralliera la cause de l'Inde libre, bien sûr.

Katrina Kaif cachetonne pour les numéros dansés et chantés, dont le premier est joli grâce à une chorégraphie délicieusement vulgaire.

Les combats sont très spectaculaires une fois effacés les filins et embellies par le CGI porn.

Une direction d'acteur est sans finesse: chaque acteur et actrice  en fait des tonnes à sa manière: en tête bien sur Aamir Khan qui assure une performance dans un personnage de bouffon qui retourne sa veste en permanence, qui est de quasiment tous les plans et fait un numéro de haut vol (sans finesse, mais il y a du talent). Mais aussi Amitabh Bachchan dans le rôle d'un charismatique, exagérément maquillé et avec une mâchoire exagérément serrée. Fatima Sana Shaikh est quant à elle monolithique (il est vrai que les Anglais ont tué toute sa famille). Katrina Kaif est elle délicieuse (déjà évoqué) dans sa première chorégraphie et son personnage sans intérêt (il n'apparait qu'à trois reprises dont la séquence de l'épilogue): elle n'est clairement présente que pour son corps.

Mais au total ce film d'aventure fabriqué à Bollywood est spectaculaire, divertissant et curieux.

Thugs Of Hindostan (Hindi) Thugs Of Hindostan (Telugu)

La Rose Noire (The Black Rose, 2h, 1950) de Henry Hathaway

Avec Tyrone Power, Orson Welles, Cécile Aubry, Jack Hawkins, Michael Rennie, Finlay Currie, Herbert Lom, Mary Clare, Robert Blake, Alfonso Bedoya, Laurence Harvey.

La Rose Noire est Le film d'aventure selon Henry Hathaway. Tyrone Power interprète un Saxon qui refuse la domination des Normands. Il décide donc de quitter le Royaume-Uni pour aller à la recherche de la Chine. Jacques Hawkins est son acolyte qui le suit et qui leur permettra de susciter l'intérêt de Orson Welles dans le rôle de Chef d'armée de barbares pillards.

Le film d'ailleurs possède une singularité qui est l'absence de méchant. Orson Welles est présenté comme un des méchants du film, mais en fin de compte il s'avère admirer Tyron Power (qu'il appelle "l'érudit") et finalement ne leur causera pas beaucoup de difficultés. Michael Rennie, par ailleurs, qui interprète le roi Normand que déteste Tyrone Power, s'avère être intelligent, sensible et pas du tout le méchant sanguinaire que l'on pourrait s'attendre à trouver dans ce genre de film.

Une autre curiosité et la présence de Cécile Aubry dans le rôle de l'amoureuse de Tyron Power. Curiosité, car sa prestation est à la limite du supportable: nous ne comprenons pas ce que Tyrone Power lui trouve (elle parait niaise et sa voix à la limite du pénible). Une erreur de casting: un aléa du film de studio (20th Century Fox) où un producteur a du l'imposer. Son interprétation est catastrophique.

Tyrone Power s'avère un acteur solide, à l'interprétation riche et variée. Son personnage manque de vigueur et subit plutôt les événements. Ce qui n'en fait pas un héros traditionnel.

L'exotisme du film garde son charme, entre les scènes tournées au Maroc et l'utilisation de matte paintings (peintures sur cache).
Rose Noire (LA) [Blu-Ray]

Impardonnable (The Unforgivable, 1h52, 2021) de Nora Fingscheidt

Avec Sandra Bullock, Viola Davis, Vincent D'Onofrio, Jon Bernthal, Richard Thomas, Linda Emond, Aisling Franciosi, Emma Nelson, Will Pullen, Tom Guir,  Jessica McLeod, Rob Morgan, Andrew Francis, W. Earl Brown.

Au scénario nous retrouvons de grosses pointures: le vétéran Peter Craig, la vétérane Coutenay Miles, et une autre vétérane Hillary Seitz. Pour un ensemble riche, riche de multiples personnages que croise ou a croisé Sandra Bullock (qui s'est éclatée à montrer comment elle peut ne pas être jolie) dans cette histoire de réinsertion difficile après avoir tué un flic (et purgée sa peine de prison). Le tout sur une durée qui permet tout à la fois de composer un scénario riche, des sous-intrigues variées, pour qu'en permanence le spectateur se dise qu'elle ne va pas s'en sortir. Au point que nous pensons qu'elle ne s'en sortira pas (le film dose des sous-intrigues à potentiel positif de manière à faire croire que cela peut aller mieux, et puis non). Jusqu'au rebondissement final, insoupçonné et très bien amené.

La force du scénario et du film est que le spectateur est tout le temps du point de vue de Sandra Bullock. Il n'en sait jamais plus qu'elle. Et il n'y a pas de sous-intrigues où Sandra Bullock n'est pas présente.

Le film possède aussi une qualité documentaire sur les USA, en montrant des gens qui travaillent, qui n'ont pas beaucoup d'argent, dans des décors qui ne font pas studio ni Hollywood.

Bande-annonce Impardonnable

samedi 25 décembre 2021

Polar (1h58, 2019) de Jonas Åkerlund

Avec Mads Mikkelsen, Vanessa Hudgens, Katheryn Winnick, Fei Ren, Ruby O. Fee, Matt Lucas, Robert Maillet, Anthony Grant, Josh Cruddas, Lovina Yavari, Ayisha Issa, Richard Dreyfuss, Johnny Knoxville.

John Wick possède encore des descendants. Ici les choses sont moins "réalistes" que chez  John Wick, mais plus graphique, plus violent et sanguinolent: le matériel d'origine semble être une bande dessinée. Mads Mikkelsen est un tueur sur le point de prendre sa retraite. Le type casting fonctionne à plein régime pour Mads Mikkelsen: il fume, il boit, il est mal rasé. Mais il est un ancien tueur professionnel, sur le point de prendre sa retraite. Bien sûr son ancien employeur envoie une équipe de tueurs (pour un prétexte financier qui ne nous intéresse pas). Mais il ne va pas se laisser faire. Et il va croiser une jeune femme, qui aura un lien avec une ancienne mission.

Mads Mikkelsen se répète et est maintenant distribué quasi systématiquement mal rasé, alcoolique, fumeur, tout en assurant parfaitement le job.

Le film contient une bonne dose de violence graphique, avec beaucoup de sang et  de morts violentes. C'est extrêmement violent, gore. Ce qui rend John Wick un peu plus chic. La filiation John Wick est assumée, avec le clin d'œil du chien, remplacé par un poisson rouge. Le film recèle de l'humour, noir, sans être post-moderne.

Nous ne saurions pas dire si cette oeuvre recèle des éléments personnels, mais le cahier des charges des morts violentes, fusillades et séquences d'actions est respecté. La grande expérience des clips musiquaux a donné à Jonas Akerlund une maitrise parfaite des éléments techniques.
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La Proie (Cry Of The City, 1h35, 1948) de Robert Siodmak

 Avec Victor Mature, Richard Conte, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget, Hope Emerson, Roland Winters, Walter Baldwin.

Un film Noir, très noir. Victor Mature interprète pour une fois le flic, à la fois torve et compatissant avec le personnage qui vie une descente aux enfers, Richard Conte, avec une interprétation sans larmoyer, mais dont la fuite est inéluctable: il a tué un flic; il tue son avocat véreux; il a une amoureuse (Debra Paget, insipide); il doit quitter la ville et a besoin d'Hope Emerson, qui convoite ses bijoux. Il va voir sa famille et son jeune frère. Et en permanence l'inspecteur Victor Mature est à ses trousses juste derrière lui.

Pour le coup, ici il n'y a pas de femme fatale au sens traditionnel du film Noir. Debra Paget est peu présente, et Hope Emerson, est bien une femme fatale, sans la connotation romantique. Il y a aussi Shelley Winters dans un petit rôle. Bref, il n'y a pas de femme fatale.

Le film est cadencé et rythmé, avec beaucoup de décors de rue de nuit. C'est bien du Noir. Avec la musique qui casse les oreilles, comme beaucoup de films de cette époque.

Le personnage et l'interprétation de Debra Paget sont fades, pour le mieux. Par contre Hope Emerson est impressionnante. Ses quelques scènes, jeu du chat et de la souris avec Richard Conte, sur la cache de bijoux, sont jubilatoires. Et Victor Mature est vraiment bon; ses joutes avec Richard Conte son jubilatoire.

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Bell Bottom (2h03, 2021) de Ranjit Tewari

Avec Akshay Kumar, Vaani Kapoor, Huma Qureshi, Lara Dutta, Adil Hussain, Kavi Raz, Denzil Smith, Anjali Anand,  Sammy Jonas Heaney, Mamik Singh, Zain Khan Durrani, Neelam Bakshi, Ajay Chhabra, Nithish.

Un film Bollywood,  avec la star Akshay Kumar dans le rôle d'une recrue des services secrets indiens qui se retrouve à négocier la libération d'otages d'un avion indien détourné par des terroristes musulmans. Le film est tiré de faits réels: la première intervention hors territoire indien (la deuxième moité du film se déroule à l’EAU ou au Qatar, nous nous en rappelons plus). Cela se déroule au milieu des années 80, périodes où les avions indiens étaient détournés par des terroristes musulmans.

Le film est constitué de trois parties: la première, sirupeuse et mielleuse à souhait, où notre héros aime sa maman, mais elle meurt lors d'un détournement d'avion par des terroristes musulmans (cela aidera pour la vengeance); la deuxième sa vie avec sa femme (Vaani Kapoor dans un rôle de faire valoir, pour des séquences sirupeuses et mielleuses à souhait) où il se retrouve recruté par les services secrets indiens (des séquences ne nous le montrent pas du tout super héros, et c'est tant mieux); et la troisième avec le détournement, qui est la partie avec suspense, stratégie politique, militaire, pour arriver a libérer ces otages sur le sol d'un autre pays. Dans le genre ridicule, les séquences chantées et  chorégraphiées sont d'un haut niveau.

Le bon coté du film est que le film ne contient pas de séquence d'action invraisemblable. Le héros n'est pas bodybuildé. Il fait même un peu bébête. Les séquences de suspenses sur la deuxième moitié sont bien menées et ne permettent pas au spectateur de deviner la progression. Même si tout ceci est un hymne patriotique à l'Inde et aux serviteurs du pays.

Bell Bottom

Pulsions (Dressed To Kill, 1h44, 1980) de Brian de Palma

Avec  Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies.

Il s'agit de la version "unrated", c'est à dire avec les plans sur le pubis d'Angie Dickinson, mais aussi sur ses seins (qui sont en fait ceux de sa doublure corps). Le film est très direct dans ce qu'il montre: sexe, lacérations aux rasoirs. Mais ses qualités ne sont pas exclusivement là.

Passons outre les morceaux de bravoure dont Brian de Palma est un spécialiste: la séquence dans le musée (de la pure mise en scène), la séquence chez l'inconnu jusqu'à la redescente dans l’ascenseur et le meurtre (pareillement, séquence sans dialogue de pure mise en scène et montage); la séquence de Nancy Allen chez le psy Michale Caine à la fin, superbe de tension contrôlée et d'interprétation. Nous pourrions rajouter la séquence de la douche, surprenante parceque débutant le film et mettant l'emphase sur le personnage d'Angie Dickinson, qui disparaitra bientôt pour faire basculer la narration sur d'autres personnages.

Le film fonctionne, car ses personnages sont intrigants, attachants ou paumés, ou pas. Angie Dickinson, Nancy Allen, Keith Gordon, Michael Caine génial dans une interprétation toute en retenue et moues subtiles, Dennis Franz très bien dans un rôle peut présent à l'écran, mais important. Brian de Palma est un grand directeur d'acteur, ce qui est fondamental pour que sa mise en scène baroque et peu subtile fonctionne.

Et bien sur, constituant essentiel, la musique de Pino Donaggio, très organique tout en étant symphonique, nourrie les scènes pour démultiplier leur impact. De la belle ouvrage très pensée.

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Holmes & Watson (2018, 1h30) de Etan Cohen

Avec Will Ferrell, John C. Reilly, Ralph Fiennes, Rebecca Hall, Rob Brydon, Kelly Macdonald, Lauren Lapkus, Pam Ferris.

Dans la grande tradition des personnages arrogants et débiles, Will Ferrell, mais aussi son acolyte John C. Reilly (qui démontre encore une foi l'immense acteur qu'il est), composent avec brio des personnages de géniaux crétins, condescendants. Avec toujours le même canevas: Will Ferrel en Sherlock Holmes arrogant et méprisant, qui devra mettre de l'eau dans son vin dans le cadre du couple qu'il constitue avec le docteur Watson. Ceci dans le cadre d'une enquête qui les conduira à se moquer de la reine d'Angleterre ou à vanter ce joyau de technologie que fut le Titanic. Leur histoire d'amitié sera perturbée par des rencontres féminines: Lauren Kapkus dans un numéro de débile de haut vol, Rebecca Hall en médecin et Kelly Macdonald en gouvernante du couple Holmes & Sherlock, avec le running gag de ses amants (Albert Einstein, Sigmund Freud, Charlie Chaplin ou Mark Twain).

Les contributions techniques sont au top (costumes, maquillages, effets numériques, décors) pour supporter cette histoire avec son lot d'énormités, mais qui fonctionnent, car l'ensemble des métiers conviés à la constitution du film y vont à font.

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No Country For Old Men (2007, 2h02) de Ethan Coen et Joel Coen

Avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin, Woody Harrelson, Kelly Macdonald, Garret Dillahunt, Tess Harper, Barry Corbin.

Avec ce film les frères Coen arrivent à une épure certaine de leur style. La musique n'est quasiment pas présente. Les dialogues sont limités. Il n'y a pas de voix off, et les personnages de Josh Brolin et de Javier Bardem qui ont peu de dialogues. Les personnages ne sont pas trop débiles (la débilité étant une des spécialités des frères Coen), même si le personnage de Javier Bardem est fou. Celui qui parle le plus est le policier interprété par Tommy Lee Jones, fatigué, proche de la retraite, fainéant.  Au contraire, Josh Brolin est lui très dynamique et malin pour arriver à se sortir des griffes du tueur interprété par Javier Bardem, dont le mode opératoire basé sur des éléments de hasard rend le personnage intriguant, sans être attachant, car c'est une machine à tuer, sans état d'âme.

Tommy Lee Jones est le flic fatigué qui arrive toujours après la bataille, incapable de sauver qui que ce soit. Il est dépassé. L'épilogue nous le montre à la retraite, encore dépassé.

La lenteur et le soleil du Texas et du Nouveau Mexique donne l'impression que les personnages sont dans une certaine léthargie, ce qui rend le film encore plus dense.

La qualité du scénario est de prendre des détours inhabituels, à l'aide de la narration et du montage qui multiplie les ellipses, permettant à chaque fois d'interroger le spectateur qui essaie de se demander où en est la narration, que va faire le personnage, où va-t-il? Car dans cet univers la route et les automobiles sont fondamentales.

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Aadai (2019, 2h23) de Rathna Kumar

Avec Amala Paul, Ananya Ramaprasad, Ramya Subramanian, Sriranjani, Bala, T.M. Karthik Srinivasan, Bijili Ramesh, Vivek Prasanna.

Ce film de Kollywood (l'industrie du cinéma indien basé à Chennai) est encore un exemple des changements de tons et des mélanges de genres que nous pouvons rencontrer dans un film indien. Cela débute avec un prologue extrêmement bizarre qui ressemble à un film de terreur digne de Stephen King pour une séquence extrêmement bizarre digne du Blue Velvet de David Lynch. Ensuite, le film parle du milieu journalistique avec de la comédie, puis le film bascule à moitié dans un film à suspense (cette partie est la moins réussie même si elle est celle qui parle le mieux de la condition des femmes en Inde), puis le drame et enfin le film retombe sur ses pieds.

Le film suit une équipe de journalistes spécialisés dans la téléréalité qui consiste à faire des farces, horribles, à des individus pris au hasard dans la rue.  Le film est vendu comme un film à suspense, mais seule une moitié du film l'est.

La première partie, plus documentaire (sur le fonctionnement de l'équipe de journalistes) et plus romantique (la relation d'Amala Paul avec sa mère ou avec ses collègues) fonctionne bien.

La partie à suspense où Amala Paul se retrouve seule, abandonnée et nue dans un immeuble de bureau vide (l'affiche du film), ne fonctionne pas complètement. La censure n'autorisant pas la nudité, les plans d'ensemble la floute, et des cadrages rapprochés veillent bien à ne rien montrer de ses seins ou son pubis ou de ses fesses. Cela n'est pas grave, mais les choix de floutage (en général en faisant en sorte que le point ne soit pas sur elle) nuisent à l'efficacité de ces scènes au lieu d'accentuer le suspense (Rathna Kumar s'est sûrement dit que cela suggérait le point de vue de celui qui lui fait subir cela). Le suspense est à plusieurs niveaux: qui l'a droguée, déshabillée et mise dans cet immeuble, et pourquoi; comment elle va s'en sortir (elle ne peut sortir nue dans la rue, un homme l'ayant aperçu essai de rentrer dans l'immeuble).

Le film retombe bien sur ses pieds en parlant du harcèlement dont sont victimes les femmes, en utilisant la technique de la farce du début du film.

Aadai



Home For Christmas (2019-2020, 13x29min) de Kristian Andersen et Amir Shaheen

Saisons 1 et 2 (13 épisodes). Mise en scène: Per-Olav Sørensen (saison 1) Anna Gutto (saison 2).

Avec Ida Elise Broch, Dennis Storhøi, Oddgeir Thune, Hege Schøyen, Gabrielle Leithaug, Felix Sandman, Sajid Malik, Line Verndal, Samantha Gurah, Mads Sjøgård Pettersen, 

La pauvre Ida Elise Broch est célibataire, mais est harcelée par sa famille sur le fait qu'elle n'a pas de petit ami, en particulier pour Noël. Par un quiproquo, elle fait croire qu'elle en a un à sa mère... Elle se retrouve donc dans l'obligation d'en trouver un pour le jour de Noël, dans les 23 jours qui suivent.

La série est construite de telle manière que, au gré des épisodes, les différents candidats apparaissent, deviennent, plausibles, puis disparaissent, puis reviennent, ce qui met le spectateur en perpétuelle interrogation et qu'il est incapable de deviner celui qui aura le gros lot, c'est à dire qui sera retenu. Et nous le saurons uniquement à la fin du dernier épisode de la deuxième saison.

Chemin faisant elle rencontre des jeunes, des vieux, des collègues (homme ou femme). Bref, cet ensemble est bien mené. Et le personnage d'Ida Elise Broch est finalement assez résilient à l'ensemble des perturbations qui l'entourent: personnelles, professionnelles, sentimentales, familiales. Tout y passe, mais le personnage est finalement très résistant à ce qui peut lui arriver, tout en énervant le spectateur, car par moment elle ne semble pas savoir ce qu'elle veut.

Sur la partie documentaire, le film qui se déroule en Norvège, à l'air de raconter que cette fête de Noël est vraiment un évènement important dans ce pays, au-delà du raisonnable et du justifié. Un nombre certain d'éléments dramatiques sont relatifs au fait qu'il faut avoir fait ceci ou cela pour Noël. Étonnant. À méditer avant d'aller vivre en Norvège?

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samedi 4 décembre 2021

L'irlandais (The Guard, 1h36, 2011) de John Michael McDonagh

Avec Brendan Gleeson, Don Cheadle, Mark Strong, Rory Keenan, Declan Mannlen, Liam Cunningham, Owen Sharpe, Fionnula Flanagan, Sarah Greene.

Cet Irlandais est Brendan Gleeson, dans un numéro de policier, irlandais donc, à la campagne, qui se retrouve impliqué dans une opération antidrogue orchestrée  pas le FBI (d'où la présence de Don Cheadle). Il est rempli de préjugé, il est raciste, il n'aime pas les Anglais, il n'aime pas les citadins, il n'aime pas les noirs. Il n'aime pas sa hiérarchie bien sûr, cliché obligatoire dès qu'il s'agit d'un policier. Et il est un peu paresseux. Et il n'est pas sympathique avec ses collègues. Mais il a quand même des soucis familiaux avec sa maman qui est en fin de vie. Sa vie sentimentale est occupée par des rendez-vous avec des prostituées. Mais il connait un peu son métier, les personnes de son périmètre. 

Sa cohabitation avec le policier du FBI est par épisode, ce qui ne permet pas de classer le film dans la catégorie du buddy-movie. Mais le film contient son lot d'humour, de drame, dans un univers où l'âme irlandaise suinte. Cela fonctionne, avec de petits moments d'émotions, mélangés à des éléments de l'enquête partagée avec le FBI ou des moments de la vie locale dans un petit village irlandais. 

Brendan Gleeson est parfait dans ce personnage bourru, mais avec un certain coeur et un certain amour propre.

The Guard

 

Sailor et Lula (Wild At Heart, 1990, 2h05) de David Lynch

Avec Nicolas Cage, Laura Dern, Willem Dafoe, J.E. Freeman, Crispin Glover, Diane Ladd, Calvin Lockhart, Isabella Rossellini, Harry Dean Stanton, Grace Zabriskie, Sherilyn Fenn.

David Lynch continue l'exploration de l'âme états-unienne, après Blue Velvet. Ici c'est Lula et Sailor, deux amoureux qui foncent, qui fuient en permanence. Personnages a priori hors la loi, mais qui sont poursuivis par en ensemble de monstres qui nous les rendent presque sympathiques: Diane Ladd dans le personnage de psychopathe; Willem Dafoe monstrueux physiquement et mentalement.

Le film est aussi brillant pour l'histoire d'amour entre Sailor et Lula qui est incarnée par leurs multiples relations sexuelles tout au long du film. Et d'ailleurs lorsqu’ils n'ont de relations sexuelles, c'est le début de la fin avec l'arrivée de Willem Dafoe: il et elle ne maitrisent plus leurs futurs.

Le film n'est pas sans évoquer Tueurs Nés de Oliver Stone qui sera réalisé quatre ans plus tard. C'est aussi une grande histoire d'amour avec des monstres qui tournent autour du couple principal et avec un message contre les médias pour Oliver Stone.

Quel est le message de David Lynch ? Peut-être est-il qu'il n'y a pas de place pour ceux qui ont un cœur sauvage dans l'Amérique ? Le personnage de Sailor et à la fois comique, ridicule et pathétique, mais attachant. Et parfaitement interprété par Nicolas Cage. D'ailleurs la bascule du personnage de Sailor est lorsqu'il commence à abandonner Lula, c'est-à-dire lorsqu'il commence à fréquenter Willem Dafoe, moment d'ailleurs qui n'est pas forcément réussi et semble un peu forcé ou plaqué par rapport à ce qu'on a vu avant du personnage de Sailor ; il se détourne subitement de Luna alors que pendant toute la durée précédente du film ce n'était jamais le cas. Cette bascule est le seul élément un peu raté du film, qui évidemment participe de l'arc dramatique, mais parait forcée.

Un des grands talents de David Lynch est bien évidemment sa direction d'acteur extrêmement subtile et notamment efficace avec cette distribution de haut vol avec Diane Ladd, Harry Dean Stanton ou J.E. Freeman.

  SAILOR ET LULA

lundi 1 novembre 2021

V (2h20, 2020) de Mohana Krishna Indraganti

Avec Nani, Sudheer Babu Posani, Nivetha Thomas, Aditi Rao Hydari, Tanikella Bharani.

Dans cette production énorme, Mohana Krishna Indraganti (scénario et mise en scène) réuni deux stars du cinéma télougou (c'est une production de Tollywood, le cinéma de l'Andhra Pradesh): Nani, dans le rôle d'un tueur en série, et Sudheer Babu Posani, dans le rôle du héros, du gentil, policier star (lors de sa première apparition, il se trouve torse nu au bout de vingt secondes). Avec un canevas riche: un tueur en série provoque le flic star en lui annonçant par des indices à l'avance qui sera sa prochaine victime tout en le mettant au défi de le stopper. Il y a donc une enquête pour comprendre le lien entre les victimes, et la recherche du tueur. Le flic est aidé par une apprentie écrivaine qui en pince pour lui (le film contient des éléments de comédie romantique dans sa première moitié, avec Nivetha Thomas pour de jolies scènes). L'enquête permettra d'identifier le tueur, et rechercher dans son passé et de comprendre pourquoi il fait cela. Cet ensemble est conduit avec un arrière-plan d'émeutes, de défense des femmes (avec la délicieuse Aditi Rao Hydari) où il y est question de viols, d'abus sexuels sur mineures et de meurtres),et de corruptions (sujet récurrent de l'ensemble du continent indien visiblement).

Le film mélange du gore (les meurtres du tueur), des séquences d'action (violentes, à base de combats avec armes à feu et d'armes blanches, extrêmement spectaculaires avec une science consommée du montage), et trois moments chantés et chorégraphiés (montages séquences très orientés romantismes).

Cet ensemble d'une richesse inouïe au regard des films étasuniens (qui sont dorénavant monolithiques avec un seul but en tête) fonctionne parfaitement et devient jubilatoire sur la durée: dans le dernier tiers puis le dernier quart, les rebondissements et révélations relancent bien le film.

Sur la forme, il y a toujours beaucoup de dialogues explicatifs ou récapitulatifs à destination du spectateur, ainsi que des retours en arrière explicatifs, qui peuvent paraitre lourds, mais qui peuvent être vus comme des transitoires (entre les meurtres, entre les séquences d'action).

Le titre n'est pas mystérieux: c'est l'initiale du personnage de Nani, Vishnu, le tueur en série, qui est en fait le personnage principal du film (la deuxième moitié du film lui est consacrée)

Twitterati reacts excitedly to the movie 'V' starring Nani and Sudheer Babu  | NewsTrack English 1V (Telugu)

War (2h34, 2019) de Siddharth Anand

Avec Hrithik Roshan, Tiger Shroff, Vaani Kapoor, Nithish, Ashutosh Rana, Anupriya Goenka, Yash Raaj Singh, Mashhoor Amrohi, Sanjeev Vatsa, Dipannita Sharma.

Film Bollywood, un vrai.

La première curiosité est que Siddharth Anand est en train de préparer un remake de Rambo avec Tiger Shroff (une superbe affiche circule déjà sur internet). Ce qui présage un film d'action spectaculaire, invraisemblable et violent. Ce qu'est War.

Ce War est un véhicule pour les deux stars masculines, Hrithik Roshan le "vieux" routier, très versatile dans ses personnages, et Tiger Shroff, le "jeune" qui monte, qui joue à la foi des gentils et des méchants. L'affiche originale indique au-dessus du titre "Hrithik versus Tiger": c'est le sujet du film, ils se poursuivent et s'affrontent pendant tout le film, mais jamais pour les mêmes raisons.

En l'occurrence dans ce War au début le méchant est Hrithik et le gentil est Tiger, puis à un moment donné, cela bascule et le gentil, ou plutôt le héros, est Hrithik et le méchant est Tiger, pour une raison complètement invraisemblable.

Mais la vraisemblance n'est pas une préoccupation ici. Ce qui permet au film de fournir des séquences d'actions époustouflantes et inutiles et pour certaines d'anthologie, notamment celle avec l'avion militaire ou le corps à corps dans l'église en rénovation. Ils font des choses que même Tom Cruise ou James Bond ne seraient pas capables de faire dans leurs franchises respectives (Mission: impossible, James Bond).

Ce War est d'ailleurs un film espionnage avec des méchants terroristes (musulmans bien sûr) qui en veulent à l'Inde (il faut reconnaitre que nous nous en moquons). Le film contient son lot standard d'élément patriotique pro-Inde.

La narration utilise beaucoup des dialogues pour récapituler les situations, donner des explications de manière à ce que le spectateur comprenne bien. Mine de rien, cela sert, car l'histoire est une succession de rebondissements.

Les deux acteurs bellâtres ont une rigolote tendance à vite montrer leurs muscles et se retrouver torse nu. Amusant aussi, est de considérer leur relation sous l'angle homosexuel, atténué par le fait que Hritik Roshan a une fiancée (la superbe Vaani Kapoor), qui est assez vite éliminée par le méchant (au cas où il manquât de motivation). Mais l'obsession qu'ils représentent l'un pour l'autre est pour le moins ambiguë.

À noter les plans fulgurants et trop courts de la sublime Anupriya Goenka dans le rôle de la policière ou agente secrète qui aide Hrithik Roshan, mais n'est pas un love interest pour lui ni pour Tiger Shroff d'ailleurs.

Nous pourrions nous demander pourquoi les franchises étatsuniennes exsangues (Misison: impossible, James Bond, Fast&Furious) ne sont pas confiées à Bollywood ou Tollywood. Cela leur donnerait un nouveau souffle, une dimension manquante actuellement, et les sortirait de leur routine.

 https://m.media-amazon.com/images/I/912W-lJ1+YL._AC_UY218_.jpgWar (2019 film) - Wikipedia

Le Serpent (2021, 8x58 min) de Hans Herbots et Tom Shankland

Avec Tahar Rahim, Billy Howle, Jenna Coleman, Ellie Bamber, Mathilde Warnier, Grégoire Isvarine, Tim McInnerny, Amesh Edireweera, Apasiri Kulthanan, William Brand, Chotika Sintuboonkul, Kenneth Won, Adam Rothenberg, Fabien Frankel, Ilker Kaleli, Chicha Amatayakul, Ellie de Lange, Armand Rosbak, Sahajak Boonthanakit, Stacy Martin.

Le serpent est un français qui tua des hippies à Bangkok dans les années soixante-dix pour leur voler leur passeport et leur argent, pour pouvoir réaliser sont trafic de pierres précieuses.

L'alibi de l'événement historique et de la vérité de ce qu'il s'est déroulé pour rendre cette histoire intéressante est un biais qui la prédispose bien à être racontée pendant 10 épisodes de 50 minutes.

Ce qui gêne un petit peu sur la durée de cette série télévisée c'est le fait que notre tueur en série en chef rencontre que des gogos qu'il arrive arnaquer via des empoisonnements pour leur piquer leur argent ou leur passeport c'est-à-dire qu'il ne rencontre jamais de personne pour lesquelles ça ne marche pas, qui ne se laissent pas avoir. Nous imaginons que dans la réalité cela a été le cas et qu’il n'a pas croisé que des crétins stupides prêts à tomber dans ses griffes. 

Un autre élément perturbateur qui empêche d'adhérer pleinement au film est le personnage de la fiancée canadienne de notre tueur en série qui est d'une bêtise, d'une stupidité, d'une naïveté insondables. Nous ne comprenons jamais pourquoi elle est aussi bête (peut-être avait-elle un handicap). Il semblerait qu'elle ait eu véritablement le QI d'une huître quand on voit tout ce qu'elle fait.

Hormis ces deux limites, le film est plutôt intéressant et passionnant avec ce travail d'enquête mené par ce diplomate hollandais qui a l'empathie du spectateur. Il permet de suivre les pérégrinations jusqu'au bout de ce personnage parfaitement interprété par Tahar Rahim qui n'est pas vraiment mystérieux, qui n'est pas charmant, mais qui est en permanence calculateur, qui a une emprise sur les personnes qui l'entourent, et qui arrive à faire peur.

Espérons que ce film ne type castera sera pas Tahar Rahim dans des rôles de méchants pour le cinéma anglo-saxon.
Sinon le produit mini série est parfait dans son genre avec reconstitution, avec acteurs polyglottes, exotisme, horreurs, pour composer donc un ensemble de 8 épisodes qui tiennent le coup.
https://fr.web.img3.acsta.net/c_310_420/pictures/21/03/04/16/06/5540747.jpg

Inglorious Basterds (2h33, 2009) de Quentin Tarantino

Avec Brad Pitt,  Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Diane Kruger, Daniel Brühl, Til Schweiger, Gedeon Burkhard, Jacky Ido, B.J. Novak, Denis Ménochet, August Diehl.

Avec ce film Quentin Tarantino démontre encore une fois son grand talent et son grand sens de l'écriture.

Au service d'une histoire fictive où il arrive a tuer Hitler et un ensemble de hauts dignitaires nazis, ce qui est plutôt sympathique, mais purement uchronique.
Pour faire cela, un commando est monté avec à leur tête Brad Pitt (ridicule avec son accent que même Meryl Streep n'oserait pas), qui souhaite détruire le plus de nazis possible. Ce sont ceux du titre bien sûr, mais qui en fait sont faiblement incarnés et même uniquement par Brad Pitt, les autres acteurs sont sans charisme, sans empreintes mémorielles, inexistants. Défaut important du film: les inglorious basterds du titre n'existent pas.
Nous comprenons quand même que le film n'est pas justement sur ce groupe de tueurs, mais sur les histoires parallèles qui vont conduire plusieurs personnages à se rejoindre pour tuer des dignitaires nazis, dont Hitler. 
Donc gros défaut de distribution sur ce groupe de tueurs qui ne nous intéresse pas. Ce qui fait que nous ne voyons que Brad Pitt et Til Schweider qui bénéficient des seuls personnages incarnés.

Le film par contre dispose de deux belles performances, plutôt subtiles. Celle de Christoph Waltz et celle de Michael Fassbender. Tous deux brillants et disposant d'un ensemble de dialogues et de scènes où l'on voit très bien le scénariste jubiler devant son clavier lorsqu’il qui les a écrits.

Nous connaissons le gout et le talent de distribution de Quentin Tarentino pour les belles actrices; nous sommes servis ici avec Mélanie Laurent et Dianne Kruger, mais elles sont trop peu présentes à l'image, malheureusement.

Au total nous avons donc un film brillant sur la forme et qui dénote une maîtrise totale, mais qui ne produit aucune empathie pour aucun des personnages et qui donne un sentiment d'être vide voir inexistant.
Inglourious Basterds [Blu-Ray]

Kabadadaari (2h26, 2021) de Pradeep Krishnamoorthy

Avec Sibiraj (Sibi Sathyaraj), Nandita Shwetha, Nassar, V. Jayaprakash, Suman Ranganath, Sampath Maitreya, Pradeep Krishnamoorthy, J. Satishkumar.

Ce film est une production tamoule c'est-à-dire un film de Kollywood. Film policier avec enquête pour élucider un meurtre commis il y a bien des années. Le titre signifie "hypocrite" en tamoul.

Un policier qui fait la circulation (qui n'a pas d'arme, comme il le fait remarquer), et qui aimerait être muté dans un service où il ferait des enquêtes (un vrai policier quoi) enquête de sa propre initiative avec l'aide d'un journaliste puis d'un policier à la retraite sur un meurtre perpétré 30 années auparavant.
Le film en profite pour dénoncer la corruption politique.
C'est Sibirai qui interprète le policier, un peu gauche et timide, qui provoque l'empathie du spectateur. L'enquête et les ramifications sont complexes, ce qui permet de garder l'intérêt sur la durée très longue du film. Ce n'est pas de la comédie, mais son personnage est bien écrit, car il mène l'enquête sans être un enquêteur chevronné.
La durée du film et le scénario permettent de multiplier les sous-intrigues avec un journaliste et un flic à la retraite qui aident de notre policier dans son enquête. La forme de la narration est par moment extrêmement lourde et explique de manière ostentatoire (voix off, dialogues explicatifs entre personnages) pour que le spectateur comprenne bien où en est l'histoire et où notre policer en est de son enquête et où est-ce qu'il va aller pour la suite.
Cela donc peut paraître un peu poussif et lourd, mais néanmoins le film maintient le rythme et l’intérêt sur la durée.
Le film possède une coloration et une utilisation des décors réels qui rend film visuellement intéressant.
Les séquences chantées passent très bien: elles font un bilan de l'état d'esprit du personnage au moment où elles apparaissent.
KabadadaariKabadadaari (2021) - IMDb

Chasse A L'Homme (Hard Target, 1h37, 1993) de John Woo

Avec Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Arnold Vosloo, Yancy Butler, Chuck Pfarrer, Robert Apisa, Kasi Lemmons, Sven-Ole Thorsen.

Cette série B a le mérite de montrer des décors et des personnes nécessiteuses, qui sont exploités par des riches déviants (Lance Heriksen et Arnold Vosloo). Exploités à travers le fait qu'ils sont le gibier de gens fortunés qui sont chasseurs et qui doivent les tuer sinon le gibier gagne une grosse somme d'argent. Les érudits reconnaitront Les Chasses du Comte Zaroff (1932, Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack) soit le jeu le plus dangereux.

Via une succession d'éléments qui nous importent peu, Jean-Claude Van Damme (très bon) se retrouve être le gibier. Erreur fatale bien sûr. Le film est constitué de deux parties: la caractérisation des personnages, la présentation du concept, puis une deuxième partie où Jean-Claude Van Damme est le gibier pour culminer avec des séquences d'actions.

Le film est violent, spectaculaire, et va à l'essentiel, même si John Woo essaie de donner un peu de substance à ses personnages avec un arrière-plan pour chacun d'eux.

La grande qualité du film est l'exploitation et l'utilisation des décors: la ville (La Nouvelle-Orléans), les paysages de la Louisiane, l'usine et les chars de carnaval à la fin.

Chasse à l'homme

Judo (Throw Down, 1h35, 2004) de Johnnie To

Avec Louis Koo, Aaron Kwok, Cherrie Ying, Tony Ka Fai Leung, Eddie Cheung, Jordan Chan, Hoi-Pang Lo, Calvin Choi, Jack Kao, Albert Au, Fan Yeung.

Encore un film sublime pour Johnnie To, dont la narration et la progression de l'histoire sont exclusivement basées sur le comportement des personnages et pas sur les dialogues ou les choses énoncées par des mots. C'est-à-dire exclusivement sur la mise en scène de chacune des scènes et sur les mouvements des personnages. Un film magique.

Le film suit un trio de personnages, d'abord seuls, puis ensemble: ce sont leurs interactions qui vont faire évoluer l'histoire jusqu'à la résolution finale. Le spectateur n'en sait jamais plus que les personnages et ne comprend pas ou découvre leur motivation en cours de route, pas petites touches. Ce qui fait qu'il est impossible de deviner la suite. Et qui rend le film captivant jusqu'à sa résolution. Mais aussi grâce à la mise en scène de chaque séquence où Johnnie To utilise de manière brillante les rues de Hong Kong.
Résolution d'ailleurs qui n'a pas vraiment de signification, car il ne se passe pas grand-chose dans ce film, mais il arrive quand même à faire captiver le spectateur. Des éléments d'émotions arrivent régulièrement et affleure en surface même si motivations des personnages nous indiffère (l'une cherche un travail de chanteuse, l'autre veut affronter les grands maîtres de Judo). Et ceci par leurs interactions: sans musique ou dialogue insistant.
La photographie adore les décors de nuit et adore filmer la ville de Hong Kong. La ville et ses rues sont presque un quatrième personnage.
Le judo du  titre correspond à un arc dramatique qui motive un des trois personnages principaux. C'est un prétexte qui importe peu et n'empêche pas le film le contenir des éléments beauté pure.
Le film se veut un hommage à Akira Kurosawa que Johnnie To admire. Du très grand art.
 Judo (Throw Down)

La Vallée De La Peur (Pursued, 1h41, 1947) de Raoul Walsh

Avec Teresa Wright, Robert Mitchum, Judith Anderson, Dean Jagger, Alan Hale, John Rodney, Harry Carey Jr., Clifton Young, Ernest Severn.

Dans le genre western, nous avons ici un film psychologique. Avec le personnage de Robert Mitchum qui a vécu des scènes traumatisantes dans son enfance, qui reviennent par flashs, sans qu'il comprenne d'où elles viennent. Puis cela reviendra progressivement bien sûr. Il apparaîtra que sa famille a été massacrée et qu'il a été recueilli par une autre famille lier ou massacreur.

Robert Mitchum incarne ce personnage dont le parcours est sinueux, personnage principal, car ses soucis psychologiques n'en font pas un personnage très sympathique, mais le spectateur comprend qu'il a vécu quelque chose de traumatisant.
Ce western psychologique est très bien écrit et rondement mené. Un élément important est la photographie du film, en noir et blanc des images où plutôt le noir domine, mais aussi le blanc, sans trop de gris. Que ce soit en extérieur de jour ou en intérieur. Et avec d'ailleurs beaucoup de scènes qui donnent l'impression de se dérouler ni de nuit ni le jour dans un entre-deux comme si nous étions dans l'esprit du personnage de Robert Mitchum en permanence entre deux navires entre son cerveau enfant et son cerveau d'adulte qui n'a pas encore compris ce qui s'est passé où il se trouve où il va aller.
 La Vallée de la Peur

L'Escadron Noir (Dark Command, 1h34, 1940) de Raoul Walsh

Avec Claire Trevor, John Wayne, Walter Pidgeon, Roy Rogers, George 'Gabby' Hayes, Porter Hall, Marjorie Main, Raymond Walburn, Joe Sawyer, J. Farrell MacDonald, Helen MacKellar, Trevor Bardette.

Cette superproduction Républic bénéficie d'un scénario riche pour compter l'histoire du Texas ou des éléments de cette histoire avant et au début de la guerre de Sécession.

Le film est riche en péripéties, riche en arcs dramatiques, riche en personnages, bien découpés pour potentialiser les antagonismes entre les différents personnages. 
Avec John Wayne qui arrive du Texas qui devient shérif et qui est sensible aux charmes de Claire Trevor. Avec Walter Pidgeon (Will Cantrell) qui fait le méchant, qui est d'abord instituteur et qui lorgne sur Claire Trevor, que John Wayne lui pique, puis est candidat pour devenir Sheriff, mais c'est John Wayne qui est élu, puis devient ensuite le commandant d'une milice qui va ravager et piller le Texas tout en se faisant passer pour l'armée des confédérés. Tout cela est librement inspiré de la réalité, mais permet de composer une histoire qui tient la route. Avec ce qu'il faut de séquence d'actions de fusillades et de poursuites très réussies.Le tout pour conter une histoire sombre, car la milice pillait, tuait et volait.
Le film contient une énergie et une dynamique (le tout en 90 minutes) que l'on va associer au réalisateur Raoul Walsh qui arrive à faire oublier la musique sirupeuse qui est tartinée de partout comme beaucoup de films de cette époque.
L'Escadron Noir

Porte de Chine (China Gate, 1h37, 1957) de Samuel Fuller

Avec Gene Barry,  Angie Dickinson, Nat 'King' Cole, Paul Dubov, Lee Van Cleef, George Givot, Gerald Milton, Neyle Morrow, Marcel Dalio, Maurice Marsac, Warren Hsieh, Paul Busch.

Le film contient de superbes décors de guerre avec des bâtiments et des bouts de rues complètement détruites. L'autre partie des décors sont des décors de jungle construits dans un studio où se déroulera le film dans la nuit.

L'intérêt du film est de montrer la guerre en Indochine conduite par les Français. Car il s'agit ici d'un commando de l'armée française avec un américain qui vont tenter de détruire un dépôt d'armes pour éviter que les parties françaises de l'Indochine soient bombardées par les communistes.
Ce prétexte permet à Samuel Fuller de construire un film de guerre efficace, mais aussi de parler de sujets comme le racisme et les problèmes psychologiques liés à la guerre.
Samuel Fuller ne montre pas de héros, car aucun des personnages n'en est un, si ce n'est peut-être celui d'Angie Dickinson qui interprète une Indochinoise qui a eu un enfant avec un américain. Elle aide le commando à se diriger dans la jungle jusqu'au village communiste qui héberge les armes.
Une des curiosités du film est Lee Van Cleef dans un rôle très court qui interprète le chef communiste des Indochinois. Curiosité, car c'est un personnage avec des dialogues (sa filmographie l'a souvent utilisé dans des rôles peu loquaces).
Sinon le système Samuel Fuller fonctionne pleinement: un mélange de bric et de broc, de plans de studio, de plans en décors réels, de stock-shots documentaires, montés ensemble; ou alors des dialogues ampoulés par moment, mais qui sont efficaces. Et une direction d'acteur plutôt efficace qui fait que chacun des personnages à sa fonction. Le tout fonctionne plutôt bien et reste captivant jusqu'au bout. Évidemment un des messages du film est aussi de montrer l'horreur, les bêtises et l'absurdité de la guerre.
C'est-à-dire que nous ne sommes pas dans la subtilité, les messages de Samuel Fuller sont bien enfoncés de manière bien insistante pour que le spectateur les capte le bien.
Au total le film reste très intéressant, car mine de rien il y a très peu de films qui parlent des soldats français pendant la guerre d'Indochine !
 
China Gate

Blue Velvet (1986, 2h) de David Lynch

Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Dean Stockwell, George Dickerson, Priscilla Pointer, Frances Bay, Brad Dourif, Jack Nance.

La geste artistique de David Lynch pour ce film consiste à montrer comment l'Amérique bien blanche bien-pensante bien propre cache ou masque un certain nombre d'éléments sombres sous-jacents à travers le personnage de Kyle MacLachlan qui en est fasciné, qui est attiré par ce versant déviant, mais aussi au travers du personnage de Laura Dern qui est aussi fasciné par des choses un petit peu cachées (et par Kyle MackLacklan lui-même). David Lynch résume cela avec son plan au début en zoomant dans l'herbe pour arriver à des insectes qui grouillent dans le sol. Ce n'est pas subtil. Et annonce ce qui suit.

C'est pour cela que nous avons de beaux plans et de belles photos de certaines maisons dans des rues verdoyantes, de belles voitures américaines. Et puis lorsque nous allons derrière dans le pré abandonné ou dans la nuit dans certains immeubles nous avons des éléments plus perturbateurs et très inhabituels dans des films étatsuniens: une oreille qui traine, le personnage d'Isabella Rossellini, le personnage de Dennis Hopper, Dean Stockwell et la troupe autour de lui.
Et donc dans ces éléments perturbateurs il y a de Dennis Hopper et tous ses acolytes qui composent des personnages outranciers,  mais que nous sentons à la limite de l'explosion sentimentale et de l’explosion de violence notamment à travers les larmes qui arrivent à leurs yeux de ses personnages lorsqu'il écoute certaines chansons (séquence démente et la plus intéressante du film). Les personnages en sont presque émouvants.
Dans les éléments qui marquent bien le film et contribuent intensément à son climat, nous avons la décoration et la musique, mais aussi les bruitages qui jouent un rôle clé dans l'atmosphère du film.
 
Le montage et les décours jouent les contrastes avec le côté blanc, lumineux d'un côté,  et le versant sombre, noir de l'autre (voir la décoration de l'appartement d'Isabella Rossellini). Nous apprécions aussi la nudité frontale qui est plutôt rare dans une production étasunienne avec à la fois Isabella Rossellini et Kyle MacLachlan qui ont des scènes de nu.
Évidemment la morale du film est un peu simple et nous montre qu’il y a un envers du décor. Ici l'envers du décor de la ville propre et de la bien-pensance américaine. Avec un exemple de plan où l'on voit un pompier et son camion, alors qu'on vient de voir un ensemble de choses plutôt horribles.

Blue Velvet [Blu-Ray]