samedi 26 août 2023

Eo (1h28, 2022) de Jerzy Skolimowski

Avec Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Mateusz Kosciukiewicz, Lorenzo Zurzolo, Isabelle Huppert, Lolita Chammah.

Les humains sont vus du point de vue d'un âne. C'est le parti pris par Jerzy Skolimowski. L'âne est au début dans un cirque, avec une maîtresse qui l'aime, puis le cirque ferme (ou une autre raison) et il est transporté avec d'autres ânes et commence son voyage. Il aime être bien traité. Il ne reste pas longtemps au même endroit. Voyage initiatique au pays des humains, de leur bêtise, de leur violence, entre eux, et contre les animaux. Il s'échappe et croise différents humains. Jerzy Skolimovski crée un objet qui lui permet de parler de la maltraitance des animaux, de la bêtise du fanatisme, de la précarité, de multiples sujets de bêtise des humains. Jusqu'à la fin où il croise une famille bourgeoise italienne qui a des problèmes.

Il y a beaucoup de plans de paysage, de décors naturels, appuyés par la musique de Michael Dymek. La photographie, naturelle, est magnifique, même si nous sentons des plans très choisis. Le film peut produire une illusion de documentaire, mais il convie tellement d'éléments du réel, qu'ils soient sociaux ou sociétaux, que nous comprenons bien le message que cherche à faire passer Jerzy Skolimowski. Qui n'est pas subtil, mais qui a le mérite d'exister. Et même si le film n'est pas un tour de force, il fait du bien, car il est encore possible d'être inventif pour faire passer des messages. Nous n'évoquerons pas l'âge biologique du réalisateur, car il n'a aucun rapport avec le talent et l'inventivité, qui sont universels et pas liés à l'âge d'un individu.

EO [Blu-Ray]

Bullet Train (2h07, 2022) de David Leitch

Avec Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry, Andrew Koji, Hiroyuki Sanada, Michael Shannon, Sandra Bullock, Bad Bunny, Logan Lerman, Zazie Beetz, Masi Oka.

Un train à grande vitesse où de multiples tueurs cherchent une valise.  Ce prétexte permet de cadencer des scènes, dans un environnement confiné (un train à grande vitesse japonais) des confrontations indirectes puis directes entre ces différents tueurs. Nous retenons le ton, qui oscille entre la violence froide et l'humour ironique.

David Leitch qui n'a toujours pas fait de film remarquable depuis John Wick (2014) - n'oublions pas qu'il l'a co-réalisé avec Chad Stahelski - ; à la limite son Atomic Blonde (2017) possède une légère hystérésis.

Ce Bullet Train est son film le plus intéressant depuis John Wick. Le personnage de Brad Pitt manipule l'ironie. La violence est sèche et brutale, et surtout très sanguinolente. Le tout dans un ensemble très abstrait. Le film est complètement irréaliste : les wagons du train sont vides ou alors les passagers ne se rendent pas compte de la ronde des tueurs. Et à la limite de l'abstraction avec ses grands décors en tube et vide. Ce qui procure un climat particulier au film, qui est complètement invraisemblable dans la quasi totalité de ses séquences.

Bullet Train [Blu-Ray]

vendredi 25 août 2023

Jurassic World : Le Monde d'Après (Jurassic World Dominion, 2h40, 2022) de Colin Trevorrow

Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neill, Jeff Goldblum, DeWanda Wise, Mamoudou Athie, Campbell Scott, Isabella Sermon, BD Wong, Omar Sy, Justice Smith.

Le film de dinosaures s'évalue d'abord sur ses animaux. Ici le bestiaire est varié et très divers, mais aussi parfait grâce au CGI porn et aux animatroniques et toutes autres techniques. Il s'évalue ensuite sur son histoire, ici déjà vue de multiples fois et ennuyeuse : c'est toujours la même histoire avec le laboratoire secret, le savant fou, les bébêtes tripatouillées génétiquement... Comment est-il possible de ressortir toujours les mêmes bêtises ?... Pour les jeunes du public peut-être. Peu importe. Il s'évalue ensuite sur le scénario, très prévisible, qui cadence les rebondissements avec bestioles toute les sept minutes, posé sur deux arcs dramatiques : celui des personnages de la franchise Jurassic World (Chris Pratt et Bryce Dallas Howard toujours aussi mécaniques et fades) avec celui de la franchise Jurassic Park (Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum). C'est très sympathique de revoir le trio de la première franchise, mais cela fait mécanique, forcé. Les scènes entre Howard et Pratt ne fonctionnent pas : ils déclament de manière trop voyante leur texte, nous n'y croyons pas.

Concernant justement la distribution, nous nous disons que Steven Spielberg et Joe Johnston avaient une science de la direction d'acteur, à moins que ce soit les acteurs eux-mêmes qui n'ont pas la capacité : cela est peut-être le cas, car si nous les comparons, il est criant à l'écran que nous n'avons pas la même performance... Il est vrai que nous ne parlons pas d'acteurs expérimentés et rompus au métier pour les Jurassic World.

Le méchant, Campbell Scott, est le personnage le plus intéressant finalement, et pour le coup qui nous parait le mieux écrit, bien que rempli de cliché et peu crédible.

La musique est par moment pénible.  Beaucoup de séquences sont téléphonées : les scènes de dialogues entre personnages sont lourdes. Par contre les séquences d'actions avec les dinosaures (CGI porn ou poupées numérico-mécaniques) sont techniquement parfaites, mais là aussi ennuyeuses. Comme quoi il y avait des talents derrière la franchise Jurrasik Park.

Au total, pour la soupe à bébêtes, bien qu'indigeste, le film est une réussite, pour le reste, il est ennuyeux.

Jurassic World : Le Monde d'après [Version Longue]

mercredi 23 août 2023

John Wick Chapitre 4 (John Wick: Chapter 4, 2h49, 2023) de Chad Stahelski

Avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne, George Georgiou, Lance Reddick, Clancy Brown, Ian McShane, Marko Zaror, Bill Skarsgård, Donnie Yen, Aimée Kwan, Hiroyuki Sanada, Shamier Anderson, Rina Sawayama, Yoshinori Tashiro.

Il est passionnant de voir comment de la série B John Wick (2014) et la franchise consécutive arrivent maintenant à cette superproduction qu'est ce Chapitre 4. Tout en conservant les ingrédients du premier et de la franchise, mais abandonnant certains éléments de réalisme pour aller vers de l'exagération permanente qui déréalise complètement dorénavant. John Wick, le personnage, semble immortel, insensible aux balles, au chutes et aux chocs.

Le film prend son temps, avec peu ou pas d'action pendant les trente premières minutes, puis va ensuite enchaîner les séquences d'anthologie, littéralement, toujours visuellement impressionnante, plastiquement superbes, riches d'invention, toujours dans des endroits luxueux ou historiques, comme les films précédents. Et en combinant à chaque fois un personnage avec ses talents d'artiste martial : Marko Zaror, Donnie Yen, Hiroyuki Sanada, pour les plus mémorables. Nous comprenons bien le rôle technique pour sauver John Wick qu'incarne Shamier Anderson ; c'est d'ailleurs le personnage le moins intéressant et uniquement là pour permettre d'éttirer le scénario et donc le film.

Du coté de la distribution donc, nous trouvons ces ajouts qui sont fondamentaux dans les multiples couleurs et parfums qu'ils convient pour cette franchise : Donnie Yen, Scott Adkins, Hiroyuki Sanada ou Marko Zaror. Ils amènent chacun une coloration et une culture.

Le personnage de John Wick tend vers une épure, à un corps sans logiciel, quasiment sans voix : un costume (blindé dorénavant), un pistolet, une fuite en avant, des coups et des chutes multiples. Keanu Reeves est plus mutique que d'habitude et parait incassable (voir ses multiples chutes qui égrainent le films)... John Wick est maintenant un super héros immortel.

JOHN WICK - CHAPITRE 4 - BLURAY

samedi 12 août 2023

Killing Gunther (1h23, 2017) de Taran Killam

Avec Taran Killam, Dave 'Squatch' Ward, Bobby Moynihan, Hannah Simone, Marc-Anthony Massiah, Sylvesta Stuart, Reese Alexander, Paul Brittain, Aubrey Sixto, Joel Labelle, Janene Carleton, Amir Talai, Aaron Yoo, Arnold Schwarzenegger.

Nous sommes ici dans un univers inspiré par la bande dessinnée et les jeux vidéo. L'argument est simple. Un tueur professionnel souhaite être considéré le meilleur. Il s'agit de Taran Killam, le réalisateur, scénariste et acteur principal. Pour cela il doit tuer le meilleur, Gunther. Pour se faire il constitue une équipe autour de lui, constituée de tueuses ou tueurs, avec chacun des tares différentes - deux débiles mentaux, un spécialiste des poisons, un spécialiste des ordinateurs, par exemple -. La forme est le documenteur : un caméraman suis le groupe et les personnages parlent à la caméra en permanence, ceci pour immortaliser le futur exploit : arriver à tuer Gunther.

Taran Killam traite tout cela avec humour et un certains nombre de sous-entendus et surtout un sens avéré des délires.

L'équipe constitué a beaucoup de mal à tueur Gunther, bien sûr, car il est le meilleur, mais il finissent par le trouver et Gunther (Arnold Schwarzenegger) occupe le dernier quart du film. Car Gunther est le prétexte du film, mais nous ne le voyons jamais si ce n'est dans le dernier tiers du film.

C'est un ensemble à la fois amusant et spectaculaire, dans la limite du budget imparti (et produit par Arnold Schwarzenegger lui même), qui tien sur la durée car les choses ne se déroulent jamais comme prévu pour notre cohorte de tueurs. Et la fin reste dans le ton des délires qui parsèment le film.

Bande-annonce Killing Gunther