dimanche 15 septembre 2019

L'Homme De L'Ouest (Man Of The West, 1958) de Anthony Mann

Avec  Gary Cooper, Julie London, Lee J. Cobb, Arthur O'Connell, Jack Lord, John Dehner, Royal Dano, Robert J. Wilke.

L'Homme de l'Ouest [Blu-ray]L'homme de l'ouest, c'est Gary Cooper (Link Jones) qui vient de l'ouest, prend le train pour trouver une institutrice (il possède avec lui l'argent pour la payer), mais qui va retrouver son passé de bandits et tueur pendant le voyage, et perdra l'argent qu'il avait pour sa quête d'institutrice. Sur un canevas du style "j'ai changé de vie et mon passé me rattrape", Anthony Mann signe un western violent (plus psychologiquement que graphiquement) où l'enjeu dramatique est de sauver Julie London qui se trouve prise au piège de cette horde sauvage: voir la scène où ils la forcent à se déshabiller - scène non dénuée d'un certain érotisme (nous sommes dans les années 50) , ou alors la scène où l'on se rend compte qu'elle a été violée. Mais aussi l'autre enjeu tout aussi important et accointé est comment Link Jones va s'en sortir, tiraillé entre son envie de revenir à la sauvagerie ou de rester civilisé.
L'Homme de l'OuestLe film contient une incongruité: le personnage de Lee J. Cobb est censé être plus âgé que Link Jones alors que Gary Cooper, l'acteur, est manifestement plus âgé que lui (les deux acteurs ont dix ans de différence, mais ils en paraissent beaucoup plus - Cooper a le visage marqué par l'âge - ridé - alors que Cobb pas du tout -); ceci est représenté par les cheveux gris de Cobb. Ce petit détail anachronique n'empêche pas de suivre le film et sa dramaturgie de fonctionner.
Par ailleurs, la distribution des seconds rôles contient des visages familiers et importants pour le film (Cooper n'étant pas très subtile dans son interprétation, loin de là): Jack Lord champion des séries télévisées, John Dehner qui pareillement apparait dans plus de 200 génériques, et  Royal Dano, visage familier souvent distribué sur des personnages handicapés mentaux, fiévreux, psychotiques ou malsains.
Western sans beaucoup d'action, car  beaucoup se déroule principalement dans une ferme abandonnée. Puis le final dans un désert rocheux et une ville fantôme, à l'image de Link Jones et Dock Tobin, tous deux des fantômes d'un ouest sauvage, en voie de disparition. Jones essayant d'en sortir, et Tobin ne voulant pas en sortir.

samedi 14 septembre 2019

40 Tueurs (Forty Guns, 1957) de Samuel Fuller

Avec Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean Jagger, Gene Barryn John Ericson, Robert Dix, Jidge Caroll, Paul Dubov, Gerald Milton, Hank Worden.

Quarante tueurs DVDLe film n'a pas beaucoup de rapport avec son titre qui est plutôt là pour détourner l'attention du spectateur.
Au lieu de quarante tueurs (qui sont bien présents, mais ne font pas grand-chose), les articulations dramatiques sont autour d'histoires sentimentales: entre Barry Sullivan et Barbara Stanwyck, entre le frère de Barry Sullivan et l'armurière. Jusqu'au Shérif (Dean Jagger) qui est amoureux de Barbara Stanwyck.
Quarante tueurs PosterLe film marque plus pour ses scènes de paix et de violence en même temps: mariage (bien que le marié soit tué pendant son mariage), la déclaration d'amour du Sheriff à Barbara Stanwyck (qui se termine par son suicide par pendaison).
Mais aussi par ses scènes de violence: le fils de Barbara Stanwyck, qui doit être pendu et qui kidnappe sa mère pour échapper à la pendaison (mais le shérif tire à travers elle pour tuer le fils et la blesser juste elle - c'est un professionnel qui sait où faire entrer la balle pour juste la blesser).
Mais il contient aussi de vraies scènes de paix: les bains collectifs au début et à la fin.
Du côté de la distribution, peu d'acteurs connus, à part Barbara Stanwyck qui interprète la grande propriétaire (cattle baron) prête à tout pour arriver à ses fins (y compris laisser pendre son fils; qui il est vrai est un tueur). Barry Sullivan, par son jeu rentré, relativement inexpressif, arrive à être crédible.
Le film est donc une montagne russe dramatique qui va très vite (76 minutes), le tout emballé dans un montage à la serpe, qui utilise tous les effets possibles (ralentis par exemple). 
Une curiosité.

Total Western (2000, 1h24) de Eric Rochant

Avec Avec Samuel Le Bihan, Jean-François Stévenin, Jean-Pierre Kalfon, Youssef Diawara, Alexia Strési, Kahena Saïghi, Jo Prestia, Marco Prince, Ouassini Embarek, Christophe Hemon, Marc Andreoni, Philippe Khorsand, Jean-Marie Winling.

Bande-annonce Total WesternPolar à l'envers: c'est un polar qui se déroule à la compagne, dans une ferme qui fabrique des fromages. Cette ferme sert à héberger des jeunes délinquants en réhabilitation. Arrive Samuel Le Bihan, ex-taulard, qui est en fuite avec le magot d'un deal de drogue qui a mal tourné, et qui cherche une cache temporairement le temps que la bande à Ludo Dales se calme (il vient de leur voler pas mal d'argent). Mais la bande à Ludo Dales (Jean-Pierre Kalfon, hilarant en mafieux russe) ne rigole pas, finit par retrouver où il se cache et vient le chercher à la campagne, au milieu des fromages et des végétaux. C'est le début d'une bataille d'où aucun ne s'en sortira.
Les acteurs sont tous bons, de Samuel Le Bihan aux seconds rôles, avec mention spéciale à Jean-Pierre Kalfon, mais aussi à l'ensemble des jeunes acteurs de la ferme.
Action, beaucoup d'humour (les dialogues de Jean-Pierre Kalfon sont hilarants: "tu savais que ton copain volait", "ça va sentir la fondue savoyarde", "il va être déçu, il aime bien quand elles crient"), beaucoup de suspense, et un arrière plan social plutôt bien intégré.
Une réussite majeure pour ce polar à la compagne,  film teigneux, haut en couleur, qui garde sa force avec le temps.



Equalizer 2 (2018) de Antoine Fuqua

Avec  Denzel Washington, Pedro Pascal, Bill Pullman, Melissa Leo, Jonathan Scarfe, Orson Bean, Ashton Sanders, Caroline Day, Sakina Jaffrey, Abigail Marlowe.

Bande-annonce Equalizer 2 [DVD] [Import italien]Ce deuxième de franchise est une déception. Le premier Equalizer (2014) avait le mérite de présenter des éléments d'originalité sur un canevas fait des milliards de fois (l'ancien de quelque chose, retiré, utilise ou est rattrapé par ses dons - tueur professionnel -). Les éléments d'originalité étaient l'intervention au hasard de notre héros. Sa tenue vestimentaire catastrophique (chemise et pantalon qui sont trop grands par exemple).Mais aussi son intégration dans une vie sociale avec de petites gens, que l'on retrouve ici. Notre héros défend les faibles et les opprimés. Ici c'est mois le cas, ou avec moins de violence: la violence, originale, était un des éléments intéressants du premier de franchise (il utilisait des objets à proximité comme arme par exemple).
Autre erreur du scénario: les méchants sont l'institution (la CIA) qui avait formé notre héros, qui ici essaie de l'éliminer, ce qui fait que la deuxième moitié du film est ennuyeuse à souhait et ne se démarque pas de n'importe quel film d'action lambda: le film est poussif et nous avons hâte qu'il se termine. À n'en pas douter, toutes ces erreurs sont la volonté d'Antoine Fuqua et Denzel Washington de tuer la franchise.


Dans La Terrible Jungle (2019) de Caroline Capelle et Ombline Ley

Dans la terrible jungleAvec Ophélie Lefebvre, Léa Lenoir, Médéric Sergott, Ophélie Dufromentel, Alexis Dardenne, Emeline Colard, Valentin Dufour.

Documentaire sur la vie et les activités à l'intérieur d'une institution d'handicapés mentaux et physiques (ici d'aveugles à très mals voyants). Documentaires, car c'est une vraie institution qui est filmée avec de vrais résidents et avec leurs vrais auxiliaires de vie et autres éducateurs.
Mais cela est aussi une fiction, car la présence même de la caméra influe le comportement des personnes filmées, mais en l'occurrence ici, les résidents joue des activités et des scènes de leurs vies courantes pour les caméras (ce que l'on apprend pendant le générique de fin).
Ce documentaire recèle plusieurs personnages attachants ou étonnants. C'est ce que permet cet univers de l'anormalité qui finalement est très humain ou plutôt exacerbe de multiples traits humains. Et qui éloigne toute artificialité dans les enjeux dramatiques. Et à ce titre est un bon antidote à de multiples fictions vides de tout sens.



Once Upon A Time... In Hollywood (2019) de Quentin Tarantino

Avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Julia Butters, Austin Butler, Dakota Fanning, Bruce Dern, Mike Moh, Luke Perry, Damian Lewis, Al Pacino, Nicholas Hammond, Samantha Robinson, Rafal Zawierucha.

Once Upon a Time… in HollywoodLe nouveau Tarantino n'est pas au niveau de son chef d’œuvre, Les 8 Salopards (2015). Ce film donne un sentiment d'inachevé, de non terminé. Peut être est-ce dû aux coupes effectuées par Tarantino, qui a souhaité faire un film toboggan, dont la dramaturgie molle conduit vers la séquence finale d'une violence et hystérie extrême (comme dans Les 8 Salopards). Pendant la majorité du film, nous suivons les pérégrinations d'un acteur sur le déclin (Di Caprio, efficace en dépressif) et sa doublure (Brad Pitt, au jeu rentré, très efficace), puis ensuite basculer sur le personnage de Di Caprio, pour arriver à la séquence finale, horrible, mais surtout hilarante (comme le final des 8 Salopards)..
Le film est par exemple sans intérêt sur le personnage de Margot Robbie, que l'on voit un peu, puis disparait. Le film laisse sur sa faim le spectateur concernant la secte Manson, effleurée, insuffisamment développée.
Le personnage de Al Pacino n'a aussi que peu d'intérêt. Le passage en Italie est expédié par un montage séquences.
Une voix off apparait vers la fin du film, symptôme du manque de réflexion sur les mises en scène (comme Les 8 Salopards où la voix off fait un rappel et des explications, passage le plus faible des 8 Salopards).
Le film suscite un peu l'intérêt sur la fabrication d'un film, avec les séquences sur les lieux de tournages, mais cela reste limité.
L'hystérésis du film concerne une séquence comique avec Bruce Lee et le massacre final sous drogues: tous drogués (les assaillants crétins, Brad Pitt, et Di Caprio avec l'alcool) suscitant l'hilarité du spectateur.
Peu mieux faire donc pour ce film de Quentin Tarantino. Peut-être auront-nous une version de trois ou quatre heures en vidéo, qui comblera les trous béants de sa dramaturgie dans son montage salle.



vendredi 13 septembre 2019

La Mort Vous Va Si Bien (Death Becomes Her, 1992) de Robert Zemeckis

Avec Meryl Streep, Goldie Hawn, Isabella Rossellini, Bruce Willis, Ian Ogilvy, Adam Storke, Nancy Fish, Sydney Pollack, Michelle Johnson.
Bande-annonce La Mort vous va si bien
Exercice de style, comme souvent chez Zemeckis. Ici servi par trois grandes stars qui s'amusent à se moquer de la chirurgie esthétique: Bruce Willis en poltron à moustache, Meryl Street en Diva insupportable et Goldie Hawn un peu plus en retrait que les deux autres. Tout en faisant un film hommage aux classiques de la Universal: il est possible de penser à Dracula ou à des séquences à suspense de chez Hitchcock.
Le genre de la comédie d'horreur n'est pas facile; le film a la curiosité du spectateur pour lui.
Robert Zemeckis qui est toujours intéressé par les défis techniques et technologiques est ici confronté au début du CGI porn (Terminator 2 était tourné un an plus tôt) qui permet de montrer ici des choses que l'on ne pouvait pas montrer avant.
Le film manque de délire (il y a des embryons) et de subversion (cruellement absente). Il passe à coté de son sujet et donne une impression d'incomplétude. Il repose trop sur sa virtuosité technique (production design et effets spéciaux).
Le résultat d'ensemble donne un film sans empathie, mais reste une réelle curiosité.