dimanche 26 décembre 2021

La Main De Dieu (È stata la mano di Dio, 2h10, 2021) de Paolo Sorrentino

 Avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo, Marlon Joubert, Luisa Ranieri, Renato Carpentieri, Massimiliano Gallo, Betty Pedrazzi, Sofya Gershevich, Monica Nappo.

Tout ça pour ça. Que retenir de ce film? Une tranche de vie pour le jeune Filippo Scotti entre sa mère, son père, sa tante, son frère, la ville de Naples, le football et Maradona. Cela fait beaucoup de choses. Et il semble intéressé par le cinéma (probablement des éléments autobiographiques de Paolo Sorrentino).

Paolo Sorrentino aime le corps des femmes. C'est un des intérêts du film. Paolo Sorrentino a une manière d'aborder le sexe et la sexualité, de manière directe et sans détour, dans un quotidien de la vie de famille qui fait que cela ne choque pas. À noter qu'une dimension des familles italiennes manque: la religion catholique. Elle est absente du film. Ceci explique peut-être cela.

L'ensemble des départements techniques sont de haut niveau: interprétation, photographie (superbe), reconstitution des années 80, décors, avec la ville de Naples et ses décors spectaculaires.  Ils permettent de maintenir l'intérêt, même si l'histoire n'est pas particulièrement passionnante. Le film contient quelques plans superbes, qui donnent des images de toute beauté (par exemple, le lustre allumé sur le sol, qui produit une mémoire visuelle).

Le film dégage néanmoins peu d'émotion. C'est brillant sur la forme. Mais pointe le sentiment que cela tourne à vide.

Bande-annonce La Main de Dieu

Manchester By The Sea (2h17, 2016) de Kenneth Lonergan

Avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Lucas Hedges, Ivy O'Brien, Richard Donelly, Virginia Loring Cooke, Quincy Tyler Bernstine.

Beau drame des familles où fratrie, accident mortel, décès s’entremêlent et conduisent à un beau film où chaque personnage est chargé de pathos, mais sonne vrai, et où chaque personnage est interprété avec sensibilité.

Ce pauvre Casey Affleck vie avec une tragédie sur les épaules (ses enfants sont morts dans un incendie domestique),  mais il se retrouve tuteur de son neveu au décès de son frère. Ce qui perturbe sa vie et sa routine quotidienne. Cela l'emmène à revenir dans la ville de son enfance et de son frère, pour un apprentissage avec son neveu. Son personnage possède une certaine résilience qui lui permet d'aborder les différentes situations sans en faire beaucoup, en montrant sa réaction, mais jamais dans l'excès, le refus ou la vengeance.

Beau film donc, où tout sonne juste: les personnages et leur caractère; les relations entre personnages, les rapports entre Casey Affleck et Michelle Williams, son ex-femme, sont remplis d'émotions sans paraitre lourds.

C'est peut-être la réussite du film: éviter la lourdeur sur une telle durée (2h17) avec une telle histoire où il y a autant de pathos. Et la fin n'est pas béatement positive, mais dans un entre-deux, bien dans la lignée du film, qui est satisfaisant pour le spectateur.

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Thugs of Hindostan (2h44, 2018) de Vijay Krishna Acharya

Avec Katrina Kaif, Aamir Khan, Amitabh Bachchan, Lloyd Owen, Fatima Sana Shaikh, Ronit Roy, Mohd. Zeeshan Ayyub, Gavin Marshall, Shaji Chaudhary,  Ila Arun.

Voici un produit de Bollywood, nous ne dirons pas typique, mais représentatif.

Le ralenti sur les personnages indiens est toujours utilisé, sans mesure, dans un esprit patriotique, car il s'agit de montrer la révolte des Indiens contre l'occupant anglais. Les méchants sont anglais et leur chef est vraiment très méchant. Le nationalisme indien, contre les colonisateurs anglais.

Le colonisateur fait la chasse aux voyous indiens (des bandits de grand chemin). Pour cela il se fait aider d'Aamir Khan qui aide à capturer les voyous. Et quand il est avec les Indiens, il les aide à éviter les Anglais. Mais il se retrouve par un quiproquo dans la bande d'Amitabh Bachchan, leader charismatique d'une bande qui projette de faire tomber les Anglais. Aamir Khan se trouve dans l'obligation de les aider (il ne peut pas leur dire bien sûr qu'il travaille pour les Anglais); mais il ralliera la cause de l'Inde libre, bien sûr.

Katrina Kaif cachetonne pour les numéros dansés et chantés, dont le premier est joli grâce à une chorégraphie délicieusement vulgaire.

Les combats sont très spectaculaires une fois effacés les filins et embellies par le CGI porn.

Une direction d'acteur est sans finesse: chaque acteur et actrice  en fait des tonnes à sa manière: en tête bien sur Aamir Khan qui assure une performance dans un personnage de bouffon qui retourne sa veste en permanence, qui est de quasiment tous les plans et fait un numéro de haut vol (sans finesse, mais il y a du talent). Mais aussi Amitabh Bachchan dans le rôle d'un charismatique, exagérément maquillé et avec une mâchoire exagérément serrée. Fatima Sana Shaikh est quant à elle monolithique (il est vrai que les Anglais ont tué toute sa famille). Katrina Kaif est elle délicieuse (déjà évoqué) dans sa première chorégraphie et son personnage sans intérêt (il n'apparait qu'à trois reprises dont la séquence de l'épilogue): elle n'est clairement présente que pour son corps.

Mais au total ce film d'aventure fabriqué à Bollywood est spectaculaire, divertissant et curieux.

Thugs Of Hindostan (Hindi) Thugs Of Hindostan (Telugu)

La Rose Noire (The Black Rose, 2h, 1950) de Henry Hathaway

Avec Tyrone Power, Orson Welles, Cécile Aubry, Jack Hawkins, Michael Rennie, Finlay Currie, Herbert Lom, Mary Clare, Robert Blake, Alfonso Bedoya, Laurence Harvey.

La Rose Noire est Le film d'aventure selon Henry Hathaway. Tyrone Power interprète un Saxon qui refuse la domination des Normands. Il décide donc de quitter le Royaume-Uni pour aller à la recherche de la Chine. Jacques Hawkins est son acolyte qui le suit et qui leur permettra de susciter l'intérêt de Orson Welles dans le rôle de Chef d'armée de barbares pillards.

Le film d'ailleurs possède une singularité qui est l'absence de méchant. Orson Welles est présenté comme un des méchants du film, mais en fin de compte il s'avère admirer Tyron Power (qu'il appelle "l'érudit") et finalement ne leur causera pas beaucoup de difficultés. Michael Rennie, par ailleurs, qui interprète le roi Normand que déteste Tyrone Power, s'avère être intelligent, sensible et pas du tout le méchant sanguinaire que l'on pourrait s'attendre à trouver dans ce genre de film.

Une autre curiosité et la présence de Cécile Aubry dans le rôle de l'amoureuse de Tyron Power. Curiosité, car sa prestation est à la limite du supportable: nous ne comprenons pas ce que Tyrone Power lui trouve (elle parait niaise et sa voix à la limite du pénible). Une erreur de casting: un aléa du film de studio (20th Century Fox) où un producteur a du l'imposer. Son interprétation est catastrophique.

Tyrone Power s'avère un acteur solide, à l'interprétation riche et variée. Son personnage manque de vigueur et subit plutôt les événements. Ce qui n'en fait pas un héros traditionnel.

L'exotisme du film garde son charme, entre les scènes tournées au Maroc et l'utilisation de matte paintings (peintures sur cache).
Rose Noire (LA) [Blu-Ray]

Impardonnable (The Unforgivable, 1h52, 2021) de Nora Fingscheidt

Avec Sandra Bullock, Viola Davis, Vincent D'Onofrio, Jon Bernthal, Richard Thomas, Linda Emond, Aisling Franciosi, Emma Nelson, Will Pullen, Tom Guir,  Jessica McLeod, Rob Morgan, Andrew Francis, W. Earl Brown.

Au scénario nous retrouvons de grosses pointures: le vétéran Peter Craig, la vétérane Coutenay Miles, et une autre vétérane Hillary Seitz. Pour un ensemble riche, riche de multiples personnages que croise ou a croisé Sandra Bullock (qui s'est éclatée à montrer comment elle peut ne pas être jolie) dans cette histoire de réinsertion difficile après avoir tué un flic (et purgée sa peine de prison). Le tout sur une durée qui permet tout à la fois de composer un scénario riche, des sous-intrigues variées, pour qu'en permanence le spectateur se dise qu'elle ne va pas s'en sortir. Au point que nous pensons qu'elle ne s'en sortira pas (le film dose des sous-intrigues à potentiel positif de manière à faire croire que cela peut aller mieux, et puis non). Jusqu'au rebondissement final, insoupçonné et très bien amené.

La force du scénario et du film est que le spectateur est tout le temps du point de vue de Sandra Bullock. Il n'en sait jamais plus qu'elle. Et il n'y a pas de sous-intrigues où Sandra Bullock n'est pas présente.

Le film possède aussi une qualité documentaire sur les USA, en montrant des gens qui travaillent, qui n'ont pas beaucoup d'argent, dans des décors qui ne font pas studio ni Hollywood.

Bande-annonce Impardonnable

samedi 25 décembre 2021

Polar (1h58, 2019) de Jonas Åkerlund

Avec Mads Mikkelsen, Vanessa Hudgens, Katheryn Winnick, Fei Ren, Ruby O. Fee, Matt Lucas, Robert Maillet, Anthony Grant, Josh Cruddas, Lovina Yavari, Ayisha Issa, Richard Dreyfuss, Johnny Knoxville.

John Wick possède encore des descendants. Ici les choses sont moins "réalistes" que chez  John Wick, mais plus graphique, plus violent et sanguinolent: le matériel d'origine semble être une bande dessinée. Mads Mikkelsen est un tueur sur le point de prendre sa retraite. Le type casting fonctionne à plein régime pour Mads Mikkelsen: il fume, il boit, il est mal rasé. Mais il est un ancien tueur professionnel, sur le point de prendre sa retraite. Bien sûr son ancien employeur envoie une équipe de tueurs (pour un prétexte financier qui ne nous intéresse pas). Mais il ne va pas se laisser faire. Et il va croiser une jeune femme, qui aura un lien avec une ancienne mission.

Mads Mikkelsen se répète et est maintenant distribué quasi systématiquement mal rasé, alcoolique, fumeur, tout en assurant parfaitement le job.

Le film contient une bonne dose de violence graphique, avec beaucoup de sang et  de morts violentes. C'est extrêmement violent, gore. Ce qui rend John Wick un peu plus chic. La filiation John Wick est assumée, avec le clin d'œil du chien, remplacé par un poisson rouge. Le film recèle de l'humour, noir, sans être post-moderne.

Nous ne saurions pas dire si cette oeuvre recèle des éléments personnels, mais le cahier des charges des morts violentes, fusillades et séquences d'actions est respecté. La grande expérience des clips musiquaux a donné à Jonas Akerlund une maitrise parfaite des éléments techniques.
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La Proie (Cry Of The City, 1h35, 1948) de Robert Siodmak

 Avec Victor Mature, Richard Conte, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget, Hope Emerson, Roland Winters, Walter Baldwin.

Un film Noir, très noir. Victor Mature interprète pour une fois le flic, à la fois torve et compatissant avec le personnage qui vie une descente aux enfers, Richard Conte, avec une interprétation sans larmoyer, mais dont la fuite est inéluctable: il a tué un flic; il tue son avocat véreux; il a une amoureuse (Debra Paget, insipide); il doit quitter la ville et a besoin d'Hope Emerson, qui convoite ses bijoux. Il va voir sa famille et son jeune frère. Et en permanence l'inspecteur Victor Mature est à ses trousses juste derrière lui.

Pour le coup, ici il n'y a pas de femme fatale au sens traditionnel du film Noir. Debra Paget est peu présente, et Hope Emerson, est bien une femme fatale, sans la connotation romantique. Il y a aussi Shelley Winters dans un petit rôle. Bref, il n'y a pas de femme fatale.

Le film est cadencé et rythmé, avec beaucoup de décors de rue de nuit. C'est bien du Noir. Avec la musique qui casse les oreilles, comme beaucoup de films de cette époque.

Le personnage et l'interprétation de Debra Paget sont fades, pour le mieux. Par contre Hope Emerson est impressionnante. Ses quelques scènes, jeu du chat et de la souris avec Richard Conte, sur la cache de bijoux, sont jubilatoires. Et Victor Mature est vraiment bon; ses joutes avec Richard Conte son jubilatoire.

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Bell Bottom (2h03, 2021) de Ranjit Tewari

Avec Akshay Kumar, Vaani Kapoor, Huma Qureshi, Lara Dutta, Adil Hussain, Kavi Raz, Denzil Smith, Anjali Anand,  Sammy Jonas Heaney, Mamik Singh, Zain Khan Durrani, Neelam Bakshi, Ajay Chhabra, Nithish.

Un film Bollywood,  avec la star Akshay Kumar dans le rôle d'une recrue des services secrets indiens qui se retrouve à négocier la libération d'otages d'un avion indien détourné par des terroristes musulmans. Le film est tiré de faits réels: la première intervention hors territoire indien (la deuxième moité du film se déroule à l’EAU ou au Qatar, nous nous en rappelons plus). Cela se déroule au milieu des années 80, périodes où les avions indiens étaient détournés par des terroristes musulmans.

Le film est constitué de trois parties: la première, sirupeuse et mielleuse à souhait, où notre héros aime sa maman, mais elle meurt lors d'un détournement d'avion par des terroristes musulmans (cela aidera pour la vengeance); la deuxième sa vie avec sa femme (Vaani Kapoor dans un rôle de faire valoir, pour des séquences sirupeuses et mielleuses à souhait) où il se retrouve recruté par les services secrets indiens (des séquences ne nous le montrent pas du tout super héros, et c'est tant mieux); et la troisième avec le détournement, qui est la partie avec suspense, stratégie politique, militaire, pour arriver a libérer ces otages sur le sol d'un autre pays. Dans le genre ridicule, les séquences chantées et  chorégraphiées sont d'un haut niveau.

Le bon coté du film est que le film ne contient pas de séquence d'action invraisemblable. Le héros n'est pas bodybuildé. Il fait même un peu bébête. Les séquences de suspenses sur la deuxième moitié sont bien menées et ne permettent pas au spectateur de deviner la progression. Même si tout ceci est un hymne patriotique à l'Inde et aux serviteurs du pays.

Bell Bottom

Pulsions (Dressed To Kill, 1h44, 1980) de Brian de Palma

Avec  Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies.

Il s'agit de la version "unrated", c'est à dire avec les plans sur le pubis d'Angie Dickinson, mais aussi sur ses seins (qui sont en fait ceux de sa doublure corps). Le film est très direct dans ce qu'il montre: sexe, lacérations aux rasoirs. Mais ses qualités ne sont pas exclusivement là.

Passons outre les morceaux de bravoure dont Brian de Palma est un spécialiste: la séquence dans le musée (de la pure mise en scène), la séquence chez l'inconnu jusqu'à la redescente dans l’ascenseur et le meurtre (pareillement, séquence sans dialogue de pure mise en scène et montage); la séquence de Nancy Allen chez le psy Michale Caine à la fin, superbe de tension contrôlée et d'interprétation. Nous pourrions rajouter la séquence de la douche, surprenante parceque débutant le film et mettant l'emphase sur le personnage d'Angie Dickinson, qui disparaitra bientôt pour faire basculer la narration sur d'autres personnages.

Le film fonctionne, car ses personnages sont intrigants, attachants ou paumés, ou pas. Angie Dickinson, Nancy Allen, Keith Gordon, Michael Caine génial dans une interprétation toute en retenue et moues subtiles, Dennis Franz très bien dans un rôle peut présent à l'écran, mais important. Brian de Palma est un grand directeur d'acteur, ce qui est fondamental pour que sa mise en scène baroque et peu subtile fonctionne.

Et bien sur, constituant essentiel, la musique de Pino Donaggio, très organique tout en étant symphonique, nourrie les scènes pour démultiplier leur impact. De la belle ouvrage très pensée.

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Holmes & Watson (2018, 1h30) de Etan Cohen

Avec Will Ferrell, John C. Reilly, Ralph Fiennes, Rebecca Hall, Rob Brydon, Kelly Macdonald, Lauren Lapkus, Pam Ferris.

Dans la grande tradition des personnages arrogants et débiles, Will Ferrell, mais aussi son acolyte John C. Reilly (qui démontre encore une foi l'immense acteur qu'il est), composent avec brio des personnages de géniaux crétins, condescendants. Avec toujours le même canevas: Will Ferrel en Sherlock Holmes arrogant et méprisant, qui devra mettre de l'eau dans son vin dans le cadre du couple qu'il constitue avec le docteur Watson. Ceci dans le cadre d'une enquête qui les conduira à se moquer de la reine d'Angleterre ou à vanter ce joyau de technologie que fut le Titanic. Leur histoire d'amitié sera perturbée par des rencontres féminines: Lauren Kapkus dans un numéro de débile de haut vol, Rebecca Hall en médecin et Kelly Macdonald en gouvernante du couple Holmes & Sherlock, avec le running gag de ses amants (Albert Einstein, Sigmund Freud, Charlie Chaplin ou Mark Twain).

Les contributions techniques sont au top (costumes, maquillages, effets numériques, décors) pour supporter cette histoire avec son lot d'énormités, mais qui fonctionnent, car l'ensemble des métiers conviés à la constitution du film y vont à font.

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No Country For Old Men (2007, 2h02) de Ethan Coen et Joel Coen

Avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin, Woody Harrelson, Kelly Macdonald, Garret Dillahunt, Tess Harper, Barry Corbin.

Avec ce film les frères Coen arrivent à une épure certaine de leur style. La musique n'est quasiment pas présente. Les dialogues sont limités. Il n'y a pas de voix off, et les personnages de Josh Brolin et de Javier Bardem qui ont peu de dialogues. Les personnages ne sont pas trop débiles (la débilité étant une des spécialités des frères Coen), même si le personnage de Javier Bardem est fou. Celui qui parle le plus est le policier interprété par Tommy Lee Jones, fatigué, proche de la retraite, fainéant.  Au contraire, Josh Brolin est lui très dynamique et malin pour arriver à se sortir des griffes du tueur interprété par Javier Bardem, dont le mode opératoire basé sur des éléments de hasard rend le personnage intriguant, sans être attachant, car c'est une machine à tuer, sans état d'âme.

Tommy Lee Jones est le flic fatigué qui arrive toujours après la bataille, incapable de sauver qui que ce soit. Il est dépassé. L'épilogue nous le montre à la retraite, encore dépassé.

La lenteur et le soleil du Texas et du Nouveau Mexique donne l'impression que les personnages sont dans une certaine léthargie, ce qui rend le film encore plus dense.

La qualité du scénario est de prendre des détours inhabituels, à l'aide de la narration et du montage qui multiplie les ellipses, permettant à chaque fois d'interroger le spectateur qui essaie de se demander où en est la narration, que va faire le personnage, où va-t-il? Car dans cet univers la route et les automobiles sont fondamentales.

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Aadai (2019, 2h23) de Rathna Kumar

Avec Amala Paul, Ananya Ramaprasad, Ramya Subramanian, Sriranjani, Bala, T.M. Karthik Srinivasan, Bijili Ramesh, Vivek Prasanna.

Ce film de Kollywood (l'industrie du cinéma indien basé à Chennai) est encore un exemple des changements de tons et des mélanges de genres que nous pouvons rencontrer dans un film indien. Cela débute avec un prologue extrêmement bizarre qui ressemble à un film de terreur digne de Stephen King pour une séquence extrêmement bizarre digne du Blue Velvet de David Lynch. Ensuite, le film parle du milieu journalistique avec de la comédie, puis le film bascule à moitié dans un film à suspense (cette partie est la moins réussie même si elle est celle qui parle le mieux de la condition des femmes en Inde), puis le drame et enfin le film retombe sur ses pieds.

Le film suit une équipe de journalistes spécialisés dans la téléréalité qui consiste à faire des farces, horribles, à des individus pris au hasard dans la rue.  Le film est vendu comme un film à suspense, mais seule une moitié du film l'est.

La première partie, plus documentaire (sur le fonctionnement de l'équipe de journalistes) et plus romantique (la relation d'Amala Paul avec sa mère ou avec ses collègues) fonctionne bien.

La partie à suspense où Amala Paul se retrouve seule, abandonnée et nue dans un immeuble de bureau vide (l'affiche du film), ne fonctionne pas complètement. La censure n'autorisant pas la nudité, les plans d'ensemble la floute, et des cadrages rapprochés veillent bien à ne rien montrer de ses seins ou son pubis ou de ses fesses. Cela n'est pas grave, mais les choix de floutage (en général en faisant en sorte que le point ne soit pas sur elle) nuisent à l'efficacité de ces scènes au lieu d'accentuer le suspense (Rathna Kumar s'est sûrement dit que cela suggérait le point de vue de celui qui lui fait subir cela). Le suspense est à plusieurs niveaux: qui l'a droguée, déshabillée et mise dans cet immeuble, et pourquoi; comment elle va s'en sortir (elle ne peut sortir nue dans la rue, un homme l'ayant aperçu essai de rentrer dans l'immeuble).

Le film retombe bien sur ses pieds en parlant du harcèlement dont sont victimes les femmes, en utilisant la technique de la farce du début du film.

Aadai



Home For Christmas (2019-2020, 13x29min) de Kristian Andersen et Amir Shaheen

Saisons 1 et 2 (13 épisodes). Mise en scène: Per-Olav Sørensen (saison 1) Anna Gutto (saison 2).

Avec Ida Elise Broch, Dennis Storhøi, Oddgeir Thune, Hege Schøyen, Gabrielle Leithaug, Felix Sandman, Sajid Malik, Line Verndal, Samantha Gurah, Mads Sjøgård Pettersen, 

La pauvre Ida Elise Broch est célibataire, mais est harcelée par sa famille sur le fait qu'elle n'a pas de petit ami, en particulier pour Noël. Par un quiproquo, elle fait croire qu'elle en a un à sa mère... Elle se retrouve donc dans l'obligation d'en trouver un pour le jour de Noël, dans les 23 jours qui suivent.

La série est construite de telle manière que, au gré des épisodes, les différents candidats apparaissent, deviennent, plausibles, puis disparaissent, puis reviennent, ce qui met le spectateur en perpétuelle interrogation et qu'il est incapable de deviner celui qui aura le gros lot, c'est à dire qui sera retenu. Et nous le saurons uniquement à la fin du dernier épisode de la deuxième saison.

Chemin faisant elle rencontre des jeunes, des vieux, des collègues (homme ou femme). Bref, cet ensemble est bien mené. Et le personnage d'Ida Elise Broch est finalement assez résilient à l'ensemble des perturbations qui l'entourent: personnelles, professionnelles, sentimentales, familiales. Tout y passe, mais le personnage est finalement très résistant à ce qui peut lui arriver, tout en énervant le spectateur, car par moment elle ne semble pas savoir ce qu'elle veut.

Sur la partie documentaire, le film qui se déroule en Norvège, à l'air de raconter que cette fête de Noël est vraiment un évènement important dans ce pays, au-delà du raisonnable et du justifié. Un nombre certain d'éléments dramatiques sont relatifs au fait qu'il faut avoir fait ceci ou cela pour Noël. Étonnant. À méditer avant d'aller vivre en Norvège?

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samedi 4 décembre 2021

L'irlandais (The Guard, 1h36, 2011) de John Michael McDonagh

Avec Brendan Gleeson, Don Cheadle, Mark Strong, Rory Keenan, Declan Mannlen, Liam Cunningham, Owen Sharpe, Fionnula Flanagan, Sarah Greene.

Cet Irlandais est Brendan Gleeson, dans un numéro de policier, irlandais donc, à la campagne, qui se retrouve impliqué dans une opération antidrogue orchestrée  pas le FBI (d'où la présence de Don Cheadle). Il est rempli de préjugé, il est raciste, il n'aime pas les Anglais, il n'aime pas les citadins, il n'aime pas les noirs. Il n'aime pas sa hiérarchie bien sûr, cliché obligatoire dès qu'il s'agit d'un policier. Et il est un peu paresseux. Et il n'est pas sympathique avec ses collègues. Mais il a quand même des soucis familiaux avec sa maman qui est en fin de vie. Sa vie sentimentale est occupée par des rendez-vous avec des prostituées. Mais il connait un peu son métier, les personnes de son périmètre. 

Sa cohabitation avec le policier du FBI est par épisode, ce qui ne permet pas de classer le film dans la catégorie du buddy-movie. Mais le film contient son lot d'humour, de drame, dans un univers où l'âme irlandaise suinte. Cela fonctionne, avec de petits moments d'émotions, mélangés à des éléments de l'enquête partagée avec le FBI ou des moments de la vie locale dans un petit village irlandais. 

Brendan Gleeson est parfait dans ce personnage bourru, mais avec un certain coeur et un certain amour propre.

The Guard

 

Sailor et Lula (Wild At Heart, 1990, 2h05) de David Lynch

Avec Nicolas Cage, Laura Dern, Willem Dafoe, J.E. Freeman, Crispin Glover, Diane Ladd, Calvin Lockhart, Isabella Rossellini, Harry Dean Stanton, Grace Zabriskie, Sherilyn Fenn.

David Lynch continue l'exploration de l'âme états-unienne, après Blue Velvet. Ici c'est Lula et Sailor, deux amoureux qui foncent, qui fuient en permanence. Personnages a priori hors la loi, mais qui sont poursuivis par en ensemble de monstres qui nous les rendent presque sympathiques: Diane Ladd dans le personnage de psychopathe; Willem Dafoe monstrueux physiquement et mentalement.

Le film est aussi brillant pour l'histoire d'amour entre Sailor et Lula qui est incarnée par leurs multiples relations sexuelles tout au long du film. Et d'ailleurs lorsqu’ils n'ont de relations sexuelles, c'est le début de la fin avec l'arrivée de Willem Dafoe: il et elle ne maitrisent plus leurs futurs.

Le film n'est pas sans évoquer Tueurs Nés de Oliver Stone qui sera réalisé quatre ans plus tard. C'est aussi une grande histoire d'amour avec des monstres qui tournent autour du couple principal et avec un message contre les médias pour Oliver Stone.

Quel est le message de David Lynch ? Peut-être est-il qu'il n'y a pas de place pour ceux qui ont un cœur sauvage dans l'Amérique ? Le personnage de Sailor et à la fois comique, ridicule et pathétique, mais attachant. Et parfaitement interprété par Nicolas Cage. D'ailleurs la bascule du personnage de Sailor est lorsqu'il commence à abandonner Lula, c'est-à-dire lorsqu'il commence à fréquenter Willem Dafoe, moment d'ailleurs qui n'est pas forcément réussi et semble un peu forcé ou plaqué par rapport à ce qu'on a vu avant du personnage de Sailor ; il se détourne subitement de Luna alors que pendant toute la durée précédente du film ce n'était jamais le cas. Cette bascule est le seul élément un peu raté du film, qui évidemment participe de l'arc dramatique, mais parait forcée.

Un des grands talents de David Lynch est bien évidemment sa direction d'acteur extrêmement subtile et notamment efficace avec cette distribution de haut vol avec Diane Ladd, Harry Dean Stanton ou J.E. Freeman.

  SAILOR ET LULA