vendredi 24 novembre 2023

Le Cave Se Rebiffe (1h38, 1961) de Gilles Grangier

Avec Jean Gabin, Martine Carol, Françoise Rosay, Maurice Biraud, Bernard Blier, Frank Villard, Antoine Balpêtré, Ginette Leclerc, Gérard Buhr, Robert Dalban, Albert Dinan, Heinrich Gretler, Hélène Dieudonné.

Enième vision de se cave qui se rebiffe. Mais le film accuse le temps par certaines composantes.

Les dialogues sont une chose, ici signés par Michel Audiard, mais avec Jean Gabin qui fait son personnage fin de carrière :  son interprétation est tellement prévisible que cela en est presque génant. Si nous enlevons les tics et schématismes de Jean Gabin, le reste de la distribution est superbe et plus subtile, et bien servie par les dialogues et la direction de Gilles Grangier.

Un des plaisirs du film est de voir chacune des parties faire croire à l'autre dans un ensemble qui est un festival de menteurs. Jean Gabin, le cave, Bernard Blier et son clan, le principe de fonctionnement de l'intrigue est le mensonge que toutes et tous pratiquent.

Ce qui gène ici c'est la misogynie et la phallocratie, qui parait anachronique de nos jours, mais qui date furieusement le film, très ridicule au regard de la société des années 2020, auquel nous pouvons ajouter l'alcool et la cigarette, présents en permanence, ainsi que le racisme (réaction de Jean Gabin à la musique de sauvage). Le femmes sont des outils, au fourneau ou des objets sexuels.

Le Cave se rebiffe [Blu-Ray]

mercredi 22 novembre 2023

L'Albatros (1h32, 1971) de Jean-Pierre Mocky

Avec Marion Game, André Le Gall, Paul Muller, René-Jean Chauffard, Robert Berri, Michel Bertay, Roger Corbeau, Michel Delahaye, Rudy Lenoir, Jacques Lévy, Roger Lumont, Marcel Pérès, Francis Terzian, Agostino Vasco.

Il est toujours intéressant de visionner un film de Jean-Pierre Mocky. Il n'y a pas de fioriture inutile : pas de durée inutile (alors que 92 minutes est une longue durée pour Jean-Pierre Mocky), aucun dialogue inutile, pas de séquence inutile, pas de personnage inutile Ici, Jean-Pierre Mocky interprète l'Albatros, un évadé de prison, recherché par la police, qui kidnappe la fille d'un homme politique, en pleine campagne électorale, où les deux candidats sont torves et profiteurs, comme tout homme ou femme polique. C'est menée tambour batant. Marion Game est délicieuse en fille d'un des deux hommes politiques, tous les deux perfides et profiteurs. La police est au service des puissants, laches et sans intégrité. C'est un festival Jean-Pierre Mocky, est qui très crédible en acteur. 

Le film contient quelque belles scènes : lorsque l'Albatros fait l'amour avec Marion Game, en ombre chinoise, belle idée visuelle. Ou la séquence dans le supermarché avec le changement de vetements. Toutes les séquences avec les hommes politiques, tous perfides, torves, menteurs et égoïstes.

L'Albatros [Blu-Ray]

dimanche 12 novembre 2023

Dark Murders (Dark Crimes, 1h32, 2016) de Alexandros Avranas

Avec Jim Carrey, Marton Csokas, Charlotte Gainsbourg, Kati Outinen, Vlad Ivanov, Robert Wieckiewicz, Agata Kulesza, Piotr Glowacki,  Julia Gdula, Zbigniew Zamachowski.

Voici un film policier, déjà vu de multiples fois, qui se distingue néanmoins par différentes caractéristiques.  La première est Jim Carrey, dans le rôle d'un policier polonais, mutique (il n'a quasiment pas de ligne de dialogues), qui pour se racheter (il  a été dégradé,  mais nous ne savons pas pourquoi et nous ne le saurons pas) rouvre une enquête. L'autre caractéristique est la présence du méchant putatif, Marton Csokas, dans un rôle de fou, écrivain, qui livre une belle performance de détraqué.  Il y a aussi Charlotte Gainsbourg dans le rôle de la femme fatale, qui écarte facilement les cuisses. Enfin il y a les décors de Cracovie, sa banlieue, ses immeubles, ses caves, ternes, tristes, déprimants. À noter aussi les scénaristes, solides et expérimentés.

Le film possède un climat, construit à partir des décors justement (les lieux sont souvent vides, y compris les appartements et maisons c'est à dire sans décoration),  de la musique,  un peu pesante par moment, et du scénario rempli de détours, même si nous subodorons les révélations de la fin, mais pas le dernier plan du film.
La relation entre Jim Carrey et Charlotte Gainsbourg est moyennement crédible. Nous ne croyons pas aux scènes de sexe des différents personnages. Le film n'est pas exempt de défauts (histoire déjà faite de multiples fois, des éléments peux crédibles), mais recèle une identité,  une singularité,  voire un style cohérent.

Dark Murders

samedi 11 novembre 2023

No Sudden Move (1h55, 2021) de Steven Soderbergh

Avec Don Cheadle, Craig muMs Grant, Brendan Fraser, Benicio Del Toro, Julia Fox,  Kieran Culkin, Amy Seimetz, David Harbour, Noah Jupe, Lucy Holt, Claudia Russell, Katherine Banks.

Steven Soderbergh livre un film parfait sur la forme, riche d'un bon scénario dense aux multiples replis que le spectateur n'arrive pas à deviner et anticiper dans sa progression. Ed Salomon est au scénario : gros professionnel.

Une de ses qualités est sa belle distribution : acteurs parfaits pour une multitude de personnages, portés par un scénario riche, qui donne un film une dimension chorale, tiré par Don Cheadle et Benicio Del Toro, tous les deux parfaits dans des personnages très différents, qui se retrouvent à cohabiter.

L'intrigue concerne de petites frappes qui séquestrent une famille pour que le père récupère un document dans le coffre du patron de son entreprise. C'est le point de départ. Au bout de 2h il s'est passé beaucoup de chose et beaucoup que nos petits malfrats n'avaient pas prévus, avec des enjeux que personne ne soupçonnait au départ.
Sur le plan technique, Steven Soderbergh s'est amusé : il est le directeur de la photographie (sous pseudonyme). Le photographie est par moment remplie de distorsion de l'image, avec un peu de vignettage de l'image (des bords sombre), avec énormément de profondeur de champ. Mais l'histoire happe tellement le spectateur que nous n'y faisons plus attention. Nous ne sommes pas sûr que ce choix technique joue en faveur du film (n'y contre d'ailleurs ; il nous parait neutre) car il est suffisamment riche avec son histoire complexe et ses multiples personnages.
Bande-annonce No Sudden Move

The Killer (1h58, 2023) de David Fincher

Avec Michael Fassbender, Tilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley, Sophie Charlotte, Emiliano Pernía, Gabriel Polanco.

Première surprise : voici un film qui a déjà était fait et donc déjà vu. Aucune originalité. Cette histoire d'un tueur professionnel qui loupe sa dernière commande et qui se retrouve poursuivi, mélangé avec une histoire de vengeance, a déjà été faite à plusieurs reprises. Ennui. Franchement, qui peut financer un film sans ambition ? Pour nourrir les tuyaux du streaming, il faut des produits, nous comprenons bien, mais cela n'interdit pas d'avoir de l'ambition.

Ensuite, il n'y a aucune empathie. Aucun personnage ne suscite l'empathie. Nous nous moquons de ce qui arrive. Même la musique de Trent Renzor et Atticus Ross n'imprime pas l'esprit.
Le seul intérêt est le peu de dialogues. La forme est brillante. Et David Fincher sait y faire. 
Ce tueur professionnel (Michael Fassbender, parfait dans l'inexpression) ultra méticuleux et précis, très professionnel, est un peu a l'image de David Fincher qui avec ce film se casse la figure en livrant un film parfaitement emballé, méticuleux, très travaillé sur la forme, mais vide de sens, et complètement vide de toute réalité sociale, sociétale et économique.

Bande-annonce The Killer

dimanche 5 novembre 2023

Marchands de douleurs (Pain Hustlers, 2h03, 2023) de David Yates

Avec Emily Blunt, Chris Evans, Catherine O'Hara, Andy Garcia, Chloe Coleman, Brian d'Arcy James, Jay Duplass, Amit Shah, Valerie LeBlanc, Aubrey Dollar, Alex Klein.

Un produit Netflix typique. Une histoire vraie (ou inspirée de faits réels), deux gros acteurs confirmés ou star (ici à choisir entre Emily Blunt, Chris Evans voire Andy Garcia), durée standard (2h), mise en forme - cadrage, montage, décors, photographie - clinique et toujours lisible. Il n'y a pas de recherche formelle. Et une utilisation systématique du flashback lorsque cela simplifie la vie du scénariste.

David Yates est un spécialiste de la magie (domaine qui ne nous intéresse pas) mais son Tarzan (The Legend Of Tarzan, 2016) possédait de belles qualités (la preuve, il fut un échec commercial) et ne nous avait pas laissé indifférent.

Tous les acteurs sont très bons. Et Emily Blunt brille de mille feux et phagocyte tous les plans. A voir ne serait ce que pour sa performance et son personnage. C'est un véritable hymne à elle même (elle est co-productrice), et elle peut se le permettre. Et les seconds roles sont très bons : Chris Evans sait faire autre chose que tenir un bouclier (nous n'en doutions pas).

Enfin, le film est intéressant sur les us et coutumes du commerce de médicaments, entre industrie phamaceutique, médecins, concurrence, études et analyse des molécules, objectifs de marge, croyances et hallucinations des décisionnaires. Bref, au total il s'agit d'un beau produit, une bonne histoire et un David Yates qui sait tirer le meilleur de ses acteurs.

Bande-annonce Marchands de Douleur

Insubmersible (Nyad, 2h01, 2023) de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi

Avec Annette Bening, Jodie Foster, Anne Marie Kempf, Carolyn McCormick, Marcos Diaz, Belle Darling, Pearl Darling, Johnny Solo, Anna Harriette Pittman, Eric T. Miller.

L'esthétique Netflix a encore frappé. Pour servir ici une histoire vraie, où une nageuse tente de traverser à la nage de Cuba vers la Floride. Cette histoire est incarnée par Annette Bening, aidée par Jodie Foster. L'esthétique Netflix est basée sur une histoire vraie (il s'agit donc de faits réels - avec les vrais images des vrais personnages en épilogue et pendant le générique de fin -), portée par un ou deux acteurs confirmés voire stars, une reconstitution de la dimension historique, un recours systématique au flashback pour présenter le passé du personnage principal, avec un filmage, montage, cadrage très standardisé qui fait se ressembler entre eux beaucoup de ces produits ou films, une durée standard autour des 2h. Et une absence de recherche formelle ; car il s'agit de raconter une histoire et ce qui compte, c'est l'histoire, pas le véhicule de l'histoire.

Ensuite l'intérêt vient de l'histoire et de l'empathie avec les personnages. Les aventures de ces personnages se laissent suivre, grâce à l'obstination du personnage principal, et ceci malgré son égoïsme, Annette Bening, que nous sommes très heureux de revoir, mais aussi grâce à Jodie Foster, son coach, son amie et son amour platonique. Ainsi que le groupe de personnes qui l'accompagnent lors de chacun de ses exploits : le skipper, le spécialiste de navigation, les spécialistes de protection contre les requins, par exemple. Nous sommes très heureux de revoir Jodie Foster. Le film promeut l'individu et son obstination, ainsi que bien sûr le dépassement de soi, tout en faisant son auto thérapie, au long cours.

Bande-annonce Insubmersible