lundi 25 mai 2015

Chronicle (2012) de Josh Tank

Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan.

Habile petit film qui renouvelle le sous-genre du film de superhéros. Ici il n'y a pas de superhéros (au sens Marvel ou DC Comics du terme). Mais nos adolescents de retrouvent avec des supers pouvoirs (pas d'explication du pourquoi ni comment, et c'est très bien; ce sera pour la suite peut être, si suite il y a). D’abord ludiques, ils finissent pas devenir destructifs: entre eux, puis par vengeance. Car un des trois adolescents est le souffre-douleur du lycée. Et il se venge un peu.
D'ailleurs, curieusement, une fois leurs super pouvoirs acquis, il ne leur vient pas à l'idée de braquer ou voler de l'argent par exemple.
Formellement le film est un found footage, un documenteur, ce qui dynamise et électrise la mise en scène.
Au total une bonne série B qui a l'élégance de ne durer qu'une heure et vingt minutes.

Mad Max Fury Road (2015) de George Miller

Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz, Nicholas Hoult, Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Nathan Jones, Josh Helman, Hugh Keays-Byrne, Megan Gale, Angus Sampson.

Bonne surprise que ce road movie dans le désert. 1h45 de furie, de folie furieuse et courses poursuites. Et avec 10 minutes de temps calme....
L'histoire? On s'en moque. Il n'est plus question d'essence, mais d'eau. Bonne idée. Grosso modo le pitch est: le camion part et revient. Ou alors: il saute d'un camion à l'autre. Simple, voire simpliste.
Mais le film n'est pas dans son histoire. Mais dans le spectaculaire, le furieux (bon titre) que constituent ces multiples poursuites entre dégénérés de multiples obédiences, dans les détails multiples qui innervent les images.  Servies par une direction artistique phénoménale: décors, costumes, maquillages, véhicules, figuration. Le film contient beaucoup de bonnes idées qui accrochent l’œil.
George Miller a su réactualiser sa franchise, un lui donnant une dimension plus importante, plus imposante: les microcosmes, les clans, les tribus sont présentés, plus détaillés que dans les premiers films. Grosso modo le monde postapocalyptique est un retour aux tribus, à l'esclavage, à la dégénérescence physique, à la domination sectaire. Plus politique peut-être.
Ensuite le clou du film est constitué par l'ensemble des bolides, voitures, camions, motos, tous plus délirants les uns des autres. Et en action s'il vous plaît: ça roule. Ça roule sur la route furieuse et ne roule pas les mécaniques (voir la franchise Fast & Furious pas exemple, qui ressemble maintenant aux aventures de Candie au pays des huîtres).
Le talent de Miller passe aussi par sa capacité à faire vivre beaucoup de seconds rôles, et il y en a une multitude ici. Et avec un sens de la caractérisation immédiate et un sens du physique qui accroche l’œil.
Le personnage de Max est toujours un taciturne avec des cauchemars et se retrouve pris dans des histoires qui ne le concernent pas. Ce personnage est un personnage secondaire. Il n'est pas le héros. Tom Hardy n'impressionne pas, et est même très en retrait; il constitue un second rôle assez inexpressif, limite passable. Charlize Theron ici correspond plus au personnage principal d'un film.
Vivement les suites! Mais cela va être dur de faire aussi bien, voire mieux.
PS : Idée pour James Cameron: après avoir fait Avatar 7, ne pourrait il pas se remettre à la franchise Terminator: propulser la franchise en créant et réalisant une vraie suite reboot comme l'a fait ici George Miller pour sa franchise?! Merci de lui faire passer le message.

vendredi 15 mai 2015

Week-ends (2013) de Anne Villacèque



Avec      Karin Viard, Noémie Lvovsky, Jacques Gamblin, Ulrich Tukur, Aurélia Petit, Iliana Zabeth, Gisèle Casadesus.

Week-ends est le film à la française où des gens normaux (ici des couples, fin de la quarantaine) en séparation ou pas, à la recherche de la signification de leur vie ou pas. Ici encore il s’agit de gens aisés, ou en tout cas sans problème d’argent. Les amis n’en sont pas vraiment. La femme est même limitée intellectuellement (formidable Noémie Lvovsky).
La force du film est de ne pas expliquer le comportement des personnages. Le montage esthétisant avec la voix off inutile et ridicule confirme encore une fois le manque de confiance d’un réalisateur en sa matière et son sujet. Le film possède son propre mystère que tout un tentera d’expliquer à partir de ses certitudes.

Timbuktu (2014) de Abderrahmane Sissako



Avec  Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri.

Timbuktu, c’est l’histoire d’un village passant sous le joug de dictateurs : islamistes interdisant le football, la musique, la cigarette, l’alcool. Tout en montrant les horreurs (la lapidation, très furtive), les absurdités des situations. Les personnages sont tous superbement interprétés.
Le film montre bien que même dans un environnement aussi pauvre, semi-désertique, il est toujours possible de trouver plus dictateur, plus de coercition fruit de frustrations des autres.
Le film n’a pas du tout de forme reportage, pris sur le vif. Au contraire, il possède une mise en forme très esthétisante, très ampoulée, voire académique, qui relativise son propos. Mais en fait justement un objet singulier et curieux.

Spéciale Première (1974, The Front Page) de Billy Wilder



Avec Jack Lemmon, Walter Matthau, Susan Sarandon, Austin Pendleton, Vincent Gardenia, David Wayne, Allen Garfield, Charles Durning.

Cette version de Billy Wilder, est une réussite par certains aspects, tout en respirant le film très écrit et tout en produisant une perception d'artificiel. Remplacer Rosalind Russel par Jack Lemmon s’avère une bonne idée. Walther Mathau est au top de sa forme.
Le sujet est d’une noirceur et d’un cynisme, qui ne parait pas exagéré, même si le film a une patine un peu surannée, qui peut le transformer en exercice stylistique, brillant, mais peut être vain. De la belle ouvrage.

Une Journée en Enfer (1995, Die Hard With a Vengeance) de John McTiernan



Avec Bruce Willis, Samuel Jackson.

Une Journée en Enfer est le film d’action intelligent, élégant, amusant, ludique et tragique, variante du film de pote (buddy movie) où un Afro-Etatsunien raciste doit composer avec un flic en limite de suspension. Servi par une distribution impeccable. Et exploitant l’espace et les décors au maximum. Tout en donnant une incarnation aux personnages secondaires, en quelques lignes de dialogues ou postures, qui les rend crédibles et reconnaissables immédiatement.
Un film de terroristes rigolos... Est-ce possible encore de nos jours ? Un film de casse énorme où l’enjeu est comment les cambrioleurs vont se débrouiller avec plusieurs camions remplis de lingots d’or. Car il s’agit d’un casse couvert par des attentats et des menaces d’attentats.. Avec le temps le coté improbable du film est plus criant ; il en reste une quête cocasse et rigolote.

Cohérence (2013) de James Ward Byrkit

Avec Nicholas Brendon, Hugo Armstrong, Emily Baldoni, Elizabeth Gracen, Lorene Scafaria, Maury Sterling, Alex Manugian.

Cohérence c’est de la science-fiction originale, c’est-à-dire sans espace, vaisseau spatial et autres extraterrestres. Ici il s’agit d’un repas perturbé par le passage d’une comète. Le film commence comme un film choral avec des couples, avec des amitiés, avec des inimitiés. Mais contrairement au film choral d’un Woody Allen cela ne se passe pas de jour, ou contrairement à un Judd Apatow ce ne sont pas des bourgeois en problèmes existentiels, ou contrairement à un film choral français, il n’y a pas de maison secondaire au bord de la mer.
Mais ici une montée progressive de la tension, de la complexité de l’histoire. Ici cela se déroule la nuit (l’épilogue, diurne), on ne sait pas grand-chose des personnages, mais la force du film est de donner l’impression de pouvoir évoluer en permanence vers le film d’horreur. Avec un tricotage de film à intrigue, plutôt puzzle ici. Et les chausse-trappes du scénario sont infinies.
Très bonne surprise donc que ce film au suspense très bien dosé. L’avantage aussi est que la seconde vision du film le rend plus intéressant, quand on a compris le « truc » qui se passe et permet au connaisseur d’être plus à l’affut.
Bonne idée aussi que cette distribution d’acteurs inconnus, ou en tout cas pas encore vedette ; car la mythologie d’une vedette n’aurait pas permis au scénario d’exister, ou l'aurait contraint pour un résultat autre.

Samba (2014) de Eric Toledano et Olivier Nakache

Avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim, Izïa Higelin, Issaka Sawadogo, Hélène Vincent.


Une comédie dramatique comme sait bien faire le cinéma français. Avec résonnances sociales: l'immigration, la différence de classes sociales, l'exploitation de la précarité. Le film nous peint les éléments de vie des personnes en situation irrégulière et l’absurdité d’une partie du système. Un film sur la précarité, en quelque sorte.
Tout ceci bien dosé et progressif. Avec un Omar Sy bien dans sa performance, mais effacé par celle de Charlotte Gainsbourg, toujours juste et crédible.
Le duo Toledano et Nakache s’améliore et ce film parait mieux maitrisé que Intouchables. Sans être renversant, le film n’est pas non plus déshonorant.