samedi 30 septembre 2023

Medellin (1h44, 2023) de Franck Gastambide

Avec Franck Gastambide, Ramzy Bedia, Anouar Toubali, Mike Tyson, Brahim Bouhlel, Essined Aponte, Raymond Cruz, Ariel Sierra, Bernardo Garcia, Jairo Ordoñez, Matthias Quiviger.

Franck Gastambide applique la même recette que ses trois précédents films. Mais avec ce film le résultat est moins réussi. Peut être parce que certains ingrédients manquent : l'équivalent du personnage de Medi Sadoun dans Les Kaïra (2012) ou de celui de Malik Bentalha dans Pattaya (2016) ou Taxi 5. Ici il est remplacé par le personnage interprété par Ramzy Bedia, déjà présent dans les deux  précités. Mais cela ne fonctionne pas, car il n'est pas source d'humour.

Cela vient aussi du thème abordé ici, les cartels de la drogue en Colombie. C'est un sujet moins intéressant, car déjà traité de multiple fois et de manière beaucoup plus brillante. Mauvaise pioche donc. Et ceci malgré quelques ingrédients sympathique : Mike Tyson en entraineur ou l'attribut romantique (Essined Aponte).

Sinon les talents de Franck Gastambide sont toujours là : personnage à dialogue logorrhéique, mélange de comédie de situation et de séquences d'action qui se veulent ébouriffantes, et qui le sont, le nain (Anouar Toubali) qui apporte ses variantes, beaucoup moins bien intégrées ici que dans Les Kaira ou Pattaya. Bref la recette ne fonctionne pas ici.

Bande-annonce Medellin

mercredi 27 septembre 2023

Les Feuilles Mortes (1h21, 2023) de Aki Kaurismäki

Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Alina Tomnikov, Martti Suosalo, Janne Hyytiäinen, Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji, Nuppu Koivu, Eero Ritala.

Un film qui déborde de charmes grâce à ses personnages, humains, luttant à leur manière pour vivre. Elle est caissière et va de petit boulot en petit boulot. Elle est propriétaire de son appartement. Il est manuel et travaille dans une usine, mais il boit. Et il va de petits boulots en petits boulots. Ils vont se croiser. Tous les deux sont seuls. Ils sont attirés l'un vers l'autre. Une fille rencontre un garçon. Un garçon rencontre une fille. Ils sont tous les deux timides. Mais il y aura des grains de sable dans la mécanique de création de leur couple. Aki Kaurismäki dose parfaitement la construction de ce couple.

Aki Kaurismäki parsème son film de références (Jean-Luc Godard, George A. Romero, par exemple). Pour donner un ensemble d'une durée courte, et c'est tant mieux. Il n'y a pas de séquence inutile ici. Il n'y a pas de musique extradiégétique. Sans aller vite, Aki Kaurismäki construit l'histoire d'amour entre les personnages. Un film qui donne du baume au cœur.

Bande-annonce Les Feuilles mortes

dimanche 24 septembre 2023

Interdit Aux Chiens Et Aux Italiens (1h10, 2022) de Alain Ughetto

 Un film d'animation, qui débute péniblement avec une voix off de l'auteur, en narrateur, maladroite, qui ralentit le démarrage. Ensuite lorsque nous passons sur les personnages et leur migration, le film dramatique suscite l'intérêt et le film arrive à faire poindre par moment des bribes d'émotions.

Alain Ughetto raconte l'histoire de sa famille italienne au début du XXe siècle, la pauvreté, l'immigration en France. À travers différents moments clé de l'histoire de cette famille, et de l'Histoire toute courte (montée du fascisme en Italie, seconde guerre mondiale, l'occupation des par les Allemands, la libération, le racisme). C'est la dimension la plus intéressante : le film d'animation montre la condition précaire des immigrés.

Bande-annonce Interdit aux chiens et aux Italiens

samedi 23 septembre 2023

Le Prince de New York (Prince Of The City, 2h47, 1981) de Sidney Lumet

Avec Treat Williams, Jerry Orbach, Richard Foronjy, Don Billett, Kenny Marino, Carmine Caridi, Tony Page, Norman Parker, Paul Roebling, Bob Balaban, James Tolkan, Steve Inwoo, Lindsay Crouse.

Sidney Lumet compose un film puissant sur la corruption de la police New-Yorkaise. Treat Williams, personnage principal, est un des princes de la ville, avec son équipe de policiers dédiées au narcotiques. Il est au cœur des pratiques, légales ou illégales, mises en oeuvre par lui même ou ses collègues policier. Mais il y a une commission qui enquête sur la corruption de la police et le sollicite. C'est le point de départ. Le reste du film consiste à suivre Treat Williams lors de ses échanges avec les enquêteurs, ses collègues, sa posture par rapport à cette démarche anti-corruption, et toutes les conséquences qu'il y aura.

La grande force du film est dans son scénario. Une multitude de personnages gravitent autour de Treat Williams. Le film maintien une clarté et une lisibilité de ces différents personnages : les collègues policiers de Treat Williams, les différents procureurs qui le suivent au cours des différentes années, sa famille, les malfrats. Le film est impressionnant. Et le personnage de Treat Williams garde un certains mystère ou hermétisme, ce qui fait que nous ne pouvons pas facilement anticiper ses comportements. Ce qui est plutôt bien car cela oblitère toute possibilité de savoir dans quel sens va évoluer l'histoire.

Une des qualités du film sont ses décors naturels de la ville de New-York de la fin des années 70, ainsi que le style vestimentaire des personnages.

Bande-annonce Le Prince de New York


vendredi 22 septembre 2023

No Escape (2015) de John Erick Dowdle

Avec Owen Wilson, Lake Bell, Sterling Jerins, Pierce Brosnan, Thanawut Ketsaro, Chatchawan Kamonsakpitak, Sahajak Boonthanakit, Tanapol Chuksrida.

Un film bien troussé où un couple étatsunien avec enfants se trouve pourchassé par des révolutionnaires qui prennent le pouvoir. Il s'agit d'un film concept : et si de riches touristes se retrouvaient piégés dans un pays en révolution où ils représentent ce que les révolutionnaires détestent le plus... 

Poursuite dans le chaos pour survivre et échapper à la mort, pour rejoindre l'ambassade, pour quitter le pays. Le film est cadré comme un téléfilm. La mise en scène utilise bien les décors. L'enjeu dramatique est de nous montrer dans un premier temps qu'il parait impossible qu'ils s'en sortent et donc de nous montrer comment ils vont essayer de s'en sortir. Un film de survie dans la ville.

Owen Wilson est dans un rôle dramatique. Pierce Brosnan est dans un rôle improbable qui semble être là juste pour être utile au scénariste. La curiosité est que nos personnages essaient de se sauver en rejoignant le Vietnam. Ce qui peut paraître ironique selon certains points de vue.

Bande-annonce No Escape

 

Nous (1h55, 2021) de Alice Diop

Alice Diop nous présente des individus ou des groupes qui vivent le long de la ligne de train RER B en région de Paris. Concept à priori intéressant, mais ce n'est pas un sujet. Elle nous montre des individus : par exemple, des personnes sans domicile fixe, des retraités dépendants, des adeptes de la chasse à court.

Certains font partie de sa famille. D'autres non. Des parties documentent, comme le garagiste originaire du Mali qui vis dans une camionnette et qui répare sur des parkings. Ou comme l'infirmière qui visite les personnes âgées, section qui possède le plus d'hystérésis. Elle nous montre aussi des individus hétéroclites avec un intellectuel et des fanatiques du protocole de chasse à court.

L'ensemble est décousu, pas linéaire dans son déroulé et donc dans son message. Ce qui sur la durée suscite l'ennui (presque 2h pour un documentaire est trop long). Nous comprenons bien le côté personnel de la chose de certains sujets avec l'évocation du père de la réalisatrice, et sa soeur dans le segment de l'aide à domicile. Mais l'ennui s'installe. Et ce n'est pas arrangé par beaucoup de plans de transition sur des paysages, qui rythme les déplacements. Avec aussi beaucoup de plans de la ville (la banlieue parisienne), des jardins ou des bois. Ils contribuent à l'atmosphère. Mais ils contribuent aussi au sentiment de durée, mais comme ils ne véhiculent pas d'information sur le sujet, ils nous ennuient.

Bande-annonce Nous


dimanche 10 septembre 2023

France (2h13, 2021) de Bruno Dumont

Avec Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay, Emanuele Arioli, Juliane Köhler, Gaëtan Amiel, Jawad Zemmar, Marc Bettinelli, Lucile Roche.

Bruno Dumont nous conte l'histoire d'une journaliste de télévision et présentatrice. Pour nous montrer l'envers du décor, les schémas de fonctionnement de ces journalistes, leur manque d'humanité, la mise en scène, leur égoïsme malgré la vitrine qu'ils présentent. Mais aussi le personnage de Léa Seydoux, qui porte le film, que Bruno Dumont peint avec ses contradictions, ses complexités, ses états d'âme changeants. Ce qui rend le personnage presque attachant, pas du tout monolithique, que nous spectateurs ne pouvons pas juger compte tenu du nombre de contradictions du personnage.

Le mélange d'acteurs professionnels avec des acteurs amateurs fonctionne parfaitement et donne un ancrage réel qui donne de la densité au sujet.

Nous pouvons juste reconnaître que les ficelles sont grosses : le film est dénué de subtilité. C'est toujours le cas chez Bruno Dumont. Mais le coup de l'ordinateur portable posé sur la manette qui fait entendre le commentaire off est vraiment un truc de scénariste pas crédible une seconde. Ce qui pénalise l'ensemble du film.

À noter que toutes les scènes de Léa Seydoux avec son mari, Benjamin Biolay, sont les plus réussis du film, que ce soit les scènes du couple ou en groupe avec d'autres personnes.

Au total Bruno Dumont fait bien passer ses messages, ses critiques, tout en conviant une réflexion où tout n'est finalement pas noir ni blanc.

France

samedi 9 septembre 2023

Bardo, fausse chronique de quelques vérités (Bardo: False Chronicle of a Handful of Truths, 2h39, 2022) de Alejandro G. Iñárritu

Avec Daniel Giménez Cacho, Griselda Siciliani, Ximena Lamadrid, Íker f. Sanders,  Francisco Rubio.

Nous reconnaissons le travail de mise en scène phénoménal, incorporant un travail sur l'aspect visuel et l'originalité de ce qui est mis devant la caméra (que ce soit devant la caméra ou ajouté numériquement) : chaque séquence contient son lot d'éléments visuels excessifs, insensés, ou abolissant la réalité. Chaque séquence est construit sur un partie prix visuel original et qui imprime bien l’œil, mais assez peu la mémoire. Tout cela est très beau. Tout est parfait sur le plan technique : décors, costumes, photographie, distribution et interprétation.

Mais nous restons tout le temps hermétique au schéma dramatique et au enjeux, que nous imaginons personnels pour le réalisation. Cela parle de la famille, du Mexique, de l'Histoire, de la relation du Mexique avec les USA, et bien sûr des USA. Il faut reconnaître que, au delà de la beauté plastique du film et de son originalité sur le plan visuel, nous restons froid devant les éléments dramatique, et que sur la durée cela devient un problème, même si l'originalité visuelle, plastique, est souvent au rendez vous.

Bande-annonce Bardo, fausse chronique de quelques vérités