mercredi 27 décembre 2023

Chien De La Casse (1h33, 2023) de Jean-Baptiste Durand

Avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatéa Bellugi, Dominique Reymond, Bernard Blancan, Nathan Le Graciet, Mélanie Martinez, Mike Reilles, Mathieu Amilien, Evelina Pitti.

Voici une belle surprise. Histoire d'amitié entre deux copains d'enfance, qui vivent de petits traffics. L'un est mutique et parle peu (Anthony Bajon), l'autre (Raphaël Quenard) est cultivé, parleur et occupe l'espace, et harcèle son copain d'enfance, qui est consentant. Jean-Baptiste Durand arrive à rendre ces personnages émouvants, en tout cas humains. Il ne les juge pas. Il montre à travers leurs comportement leur mal être plus profond.

Cette petite harmonie de duo de copain va évoluer suite à la rencontre d'une jeune femme dont l'un d'eux tombe amoureux. Et suite aussi à des histoires avec les fournisseurs de drogue.
Ce sont des personnages seuls. Nous les suivont dans leurs routines quotidiennes, entre les habitants du village, la mère de l'un, les copains, les fournisseurs pour le petit traffic qu'ils font.
Cela se déroule au soleil (région du Languedoc) mais se déroule de nuit ou alors la photo assombri par des choix de tons qui n'évoquent pas une région ensoleillée. Car il s'agit d'un drame, dont il est difficile de deviner la progression alors qu'il est facile de deviner les séquences qui suivent.
A noter aussi une bonne utilisation de la musique, peu présente compte tenu du choix de naturalisme, mais qui densifie les images.
Chien de la Casse

mardi 26 décembre 2023

Vers Un Avenir Radieux (Il sol dell'avvenire, 1h35, 2023) de Nanni Moretti

Avec Nanni Moretti, Margherita Buy, Silvio Orlando, Barbora Bobulov, Mathieu Amalric, Jerzy Stuhr, Zsolt Anger, Teco Celio, Francesco Brandi, Valerio Da Silva, Michele Eburnea.

La grande qualité du film est l'enchevêtrement de plusieurs arcs dramatiques : un réalisateur doit gérer son film et ses acteurs, mais aussi sa femme qui est productrice et son couple qui est en question, sa fille, qui présente son amant, le réalisateur du film que sa femme produit, film dans un style très différent du sien. Et enfin il doit gérer ses producteurs, dont le premier est  français, Mathieu Amalric, jusqu'à des coréens, en passant par la séquence hilarante des producteurs de Netflix.

Le réalisateur est bien sûr interprété par Nanni Moretti, de toutes les scènes. Ce qui peut être irritant, mais qui fonctionne car Nanni Moretti parsème son film de dérapages visuels : la balade en trottinette pour les repérages, les chorégraphies de danse où le film bascule subitement en comédie musicale.

Au total le film est un show Moretti autour de ses obsessions, avec le charme de l'imbrication de ces différentes histoires qui gravitent autour de lui. Ses thuriféraires seront en pâmoison, ceux qu'il énervent seront le seront à 100%.
 
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mercredi 20 décembre 2023

Solo (1h23, 1970) de Jean-Pierre Mocky

Avec Jean-Pierre Mocky, Sylvie Bréal, Anne Deleuze, Denis Le Guillou, René-Jean Chauffard, Marcel Pérès, Éric Burnelli, Alain Fourès, Henri Poirier, Christian Duvaleix, Rudy Lenoir, Roger Lumont, Dominique Zardi.

Solo raisonne curieusement contemporain dans sa thématique. La traque de jeunes militants d'extrème gauche qui commettent des attentats contre la bourgeoisie financière et en collectif : ils massacrent littéralement une dizaine de personnes. Le film a été tourné peu de temps après 1968, mais cette thématique est encore vivace. Ils sont traqués par la police, et par Jean-Pierre Mocky lui même, parfait dans le personnage, et avec beaucoup de charisme (il avait proposé le rôle à Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, qui ont refusé, il l'a donc fait lui même), qui est le frère de l'un d'eux, mais lui est voleur de bijoux de gens riches, plutôt que de tuer, il vole.

Jean-Pierre Mocky construit une histoire où il se retrouve à aider son jeune frère qui fait partie de ces militants. Le film contient des lignes de dialogues brillantes et qui sonnent très modernes, notamment pour toute les scènes entre Jean-Pierre Mocky et Anne Deleuze seule femme militante du groupe de terroristes.

Comme d'habitude Mocky construit une histoire où tout va très vite, sans plan inutile, sans seconde inutile où de multiples poursuite s’enchevêtrent : Jean-Pierre Mocky essai de retrouver son frère avant la police, Anne Deleuze essai de prévenir le groupe qui essai de se regrouper, pendant que la police progresse et se rapprochent d'eux. Tout ceci est parfaitement entremêlé par les scénaristes Jean-Pierre Mocky et Alain Moury.
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Mad Heidi (1h32, 2022) de Johannes Hartmann et Sandro Klopstein

Avec  Alice Lucy, Max Rüdlinger, Casper Van Dien, David Schofield, Kel Matsena, Almar G. Sato, Pascal Ulli, Kaspar Weiss, Katja Kolm,  Rebecca Dyson-Smith.

Mad Heidi, le film, est un peu dingue. Appréhender un tel film est délicat. Tout est dans l'exagération. Mais les acteurs ne ménagent pas leur peine, pour servir une histoire délirante qui mélange hagiographie fromagère, dictature anti intolérance au lactose, dictature politique, zombies et gore, et éléments sexuels (d'une vulgarité franche).

Revoir Casper Van Dien, dans le rôle d'un dictateur de la Suisse est une bonne idée, et il a l'air de bien s'amuser.

Le rythme est malheureusement un peu mou. Le film est rempli d'idées, mais l'enchaînement est un peu poussif, voire appuyé. Dix minutes de moins, en coupant quelques secondes pour toutes les scènes, auraient bénéficié au film. Le film n'a pas bénéficié par contre de moyens importants, en particulier de tartine de CGI porn, ce qui fait que si l'on regarde dans le coin des images nous percevons cette absence de moyens : derrière la foule nous voyons très vite qu'il y a peu de monde par exemple. Mais c'est aussi ce qui donne son charme à cet exercice.

La déception vient aussi de l'affiche : Heidi devient folle et vengeresse à la fin du film. Nous imaginons qu'il y aura une suite. Mais le film aligne néanmoins depuis le début son lot de délires et ceci de manière continue. Il est clair qu'il y a une croyance de Johannes Hartmann et Sandro Klopstein dans une forme de spectacle où exagérations croisent clins d’œil historiques et films de genre.

Mad Heidi


mardi 19 décembre 2023

L'Homme Qui A Vendu Sa Peau (1h44, 2020) de Kaouther Ben Hana

Avec Yahya Mahayni, Dea Liane, Koen De Bouw, Darina Al Joundi, Monica Bellucci, Christian Vadim, Wim Delvoye, Saad Lostan.

A travers sa conduite, son intrigue et le personnage principal, l'homme qui a vendu sa peau, le film évoque la création artistique et la précarité. Cet homme qui a vendu sa peau est interprété par Yahya Mahayni, qui est tout en subtilité. Nous comprenons ses motivations à travers ses comportements. Mais son personnage garde une part de mystère, ce qui maintient l'empathie et l'intérêt du spectateur. Il y des motivations très élémentaires : sauver sa peau d'immigré, retrouver un amour. Mais le personnages ajoute de petites touches qui font qu'il ne peut être réduit à ces deux motivations.

Le film pose une question intéressante à une époque où les tatouages sont généralisés. Ici, un artiste reconnu (Koen De Bouw, tout en ironie) tatoue le dos d'un immigrés syrien. Le tatouage est un passeport. L'oeuvre est le tatouage mais aussi la peau de l'individu tatoué. Il a un contrat où il doit se présenter à intervalle régulier à des expositions, où il est exposé lui même : il montre son dos. Puis il est vendu. Problématique de marchandisation de l'individu, qui peut être une métaphore pour d'autres problématique de marchandisation des corps. Un film subtile et riche de thèmes multiples.

L'homme qui a vendu sa peau

jeudi 7 décembre 2023

Avatar 2 : La Voie De L'Eau (Avatar : The Way Of Water, 3h12, 2022) de James Cameron

Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver,  Stephen Lang, Kate Winslet, Cliff Curtis, Joel David Moore, CCH Pounder, Edie Falco, Brendan Cowell, Jemaine Clement, Jamie Flatters, Britain Dalton,  Trinity Jo-Li Bliss, Jack Champion, Bailey Bass, Filip Geljo, Duane Evans Jr.

James Cameron est il toujours le réalisateur qu'il était? Il adore les dessins-animés. C'est un bel exemple de dessin animé ici. Ce n'est pas notre genre favoris. Il a composé un catalogue de clichés du dessin animé pour la famille, pour petits et grands. Il manque juste deux éléments, qui ne se trouvent pas en général dans les dessins animés pour la famille : la saleté et la sexualité. Le film évoque certains film passés de James Cameron : Abyss bien sûr, Titanic, voire Aliens. Le western est aussi convié avec l'attaque du train. Nous répondons par l'affirmative : c'est un film de James Cameron.

Le film est prévisible par un ensemble de déjà vu, de poncifs, de clichés, tel les perles d'un collier enfilées une à une. Les méchants ne sont pas très méchants. Et ils sont très prévisibles. Le scénario gère par contre parfaitement sa multitude de personnages. Ce n'est pas un film choral, mais c'est tout comme.

Il faut reconnaître que ce dessin animé est un beau livre d'images. Dénué de saletés, de crasse, mais abîmé par les humains. Il faut reconnaître que les images de baleines sont sublimes. Il faut reconnaître que le message écologique est sympathique.

Il est quelque fois difficile de reconnaître un personnage tellement ils se ressemblent, que ce soit pour ceux de la terre ou ceux sur la mer. Cela rend difficile la lisibilité de certaines scènes tellement il y a de personnages. Franchise oblige, James Cameron n'y est pas allé de main morte tellement il y a de personnages. Mais cela ouvre une multitudes de possible pour les suites. En fait il s'agit d'une série-cinéma (pour ne pas dire série télé) qui regroupe ici trois ou quatre épisodes.

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Narappa (2h33, 2021) de Srikanth Addala

Avec  Venkatesh Daggubati, Priyamani, Rajeev Kanakala, Rakhi, Karthik Rathnam, Chaitra, Aadukalam Naren, Deepak Shetty, Shritej, Aravind, Ramaraju, Kadambari Kiran.

Voici un exemplaire du cinéma de Tollywood, film en telugu, dont le centre industriel est Hyderabad dans la région du Telangan.

Narappa est un père de famille qui se bat pour sauver sa terre, sa femme, ses enfants, ses sandales, sa dignité. Il est très résilient, jusqu'à ce que les méchants s'en prennent à ses enfants ou sa femme directement, et là il sort la serpe et se venge. Narappa est interprété par Venkatesh Daggubati, qui joue très bien le chien battu jusqu'à ce qu'il éclate en furie (où il est moins crédible).

Ici les protagonistes vont se battre à coup de haches et de serpes parce qu’un d'eux porte une paire de sandales (et cela ne plait pas aux méchants) ou pour faire justice soit même, car les autorités ne font pas régner la justice. Il y est surtout question de problème territorial : les méchants volent des terres aux pauvres ou sous humains. C'est une société avec des inférieurs, et des nantis défendus par la police. C'est aussi une société moyenâgeuse phallocratique où les femmes sont des objets inférieurs.

C'est un cinéma de narration, mais pas de concision : beaucoup de ralentis, beaucoup de voix off qui surchargent et racontent ce qu'il faut comprendre, beaucoup de dialogues pour que tout le monde comprenne bien. Beaucoup de flashbacks aussi, à vocation explicative encore. Pas de place à la folie ici, mais il faut toujours expliquer par l'injustice.

Narappa

lundi 4 décembre 2023

Decision To Leave (2h19, 2022) de Park Chan-wook

Avec Park Hae-il, Tang Wei, Lee Jung-hyun, Go Kyung-pyo, Shin-Young Kim, Jung Young Sook, Yoo Seung-mok, Teo Yoo, Jeong Min Park, Seo Hyun-woo.

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, mais surtout prix du scénario, car Park Chan-wook et sa scénariste Chung Seo-kyung nous ont concoctés une intrigue complexe, sans être tortueuse, qui se renouvelle régulièrement, sans permettre au spectateur de deviner ce qui va suivre. Jusqu'au final mémorable et d'anthologie, mais surtout d'une tristesse infinie.

L'intrigue est en suspension, portée par nos deux acteurs principaux, Park Hae-il et Tang Wei. Intrigue où un policier enquête sur la mort d'un mari, découvert par sa femme (Tang Wei), deux fois à deux ans d'intervalle : ses maris meurent donc. Le policier retrouve cette même femme pour chacune des enquêtes. Ce n'est pas divulgacher le film que d'indiquer cette information, car le film est dans la relation entre cette femme et le policier, relation directe ou indirecte, lui réalisant son travail en professionnel, elle intrigante ou pas, qui semble avoir des sujets en dehors de ses mariages, mais qui aussi perturbe notre policier.

Park Chan-wook emballe ce scénario avec une esthétique de téléfilm, ce qui rend le film encore plus impressionnant. Le style visuel est assez direct et nous parait peu expérimental. L'éclairage est plutôt fonctionnel visant à une clarté et une visibilité optimales, ce qui est compréhensible compte tenu de la richesse de l'intrigue. Le ratio image est par contre en 2:35.

Enquête policière et histoires d'amour découpées en de multiples scènes ou histoires pour constituer un puzzle qui agrège le tout. Au-delà de la richesse de son scénario, les interprétations toutes en subtilités de Park Hae-il et Tang Wei procurent une densité magnétique au film.

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vendredi 24 novembre 2023

Le Cave Se Rebiffe (1h38, 1961) de Gilles Grangier

Avec Jean Gabin, Martine Carol, Françoise Rosay, Maurice Biraud, Bernard Blier, Frank Villard, Antoine Balpêtré, Ginette Leclerc, Gérard Buhr, Robert Dalban, Albert Dinan, Heinrich Gretler, Hélène Dieudonné.

Enième vision de se cave qui se rebiffe. Mais le film accuse le temps par certaines composantes.

Les dialogues sont une chose, ici signés par Michel Audiard, mais avec Jean Gabin qui fait son personnage fin de carrière :  son interprétation est tellement prévisible que cela en est presque génant. Si nous enlevons les tics et schématismes de Jean Gabin, le reste de la distribution est superbe et plus subtile, et bien servie par les dialogues et la direction de Gilles Grangier.

Un des plaisirs du film est de voir chacune des parties faire croire à l'autre dans un ensemble qui est un festival de menteurs. Jean Gabin, le cave, Bernard Blier et son clan, le principe de fonctionnement de l'intrigue est le mensonge que toutes et tous pratiquent.

Ce qui gène ici c'est la misogynie et la phallocratie, qui parait anachronique de nos jours, mais qui date furieusement le film, très ridicule au regard de la société des années 2020, auquel nous pouvons ajouter l'alcool et la cigarette, présents en permanence, ainsi que le racisme (réaction de Jean Gabin à la musique de sauvage). Le femmes sont des outils, au fourneau ou des objets sexuels.

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mercredi 22 novembre 2023

L'Albatros (1h32, 1971) de Jean-Pierre Mocky

Avec Marion Game, André Le Gall, Paul Muller, René-Jean Chauffard, Robert Berri, Michel Bertay, Roger Corbeau, Michel Delahaye, Rudy Lenoir, Jacques Lévy, Roger Lumont, Marcel Pérès, Francis Terzian, Agostino Vasco.

Il est toujours intéressant de visionner un film de Jean-Pierre Mocky. Il n'y a pas de fioriture inutile : pas de durée inutile (alors que 92 minutes est une longue durée pour Jean-Pierre Mocky), aucun dialogue inutile, pas de séquence inutile, pas de personnage inutile Ici, Jean-Pierre Mocky interprète l'Albatros, un évadé de prison, recherché par la police, qui kidnappe la fille d'un homme politique, en pleine campagne électorale, où les deux candidats sont torves et profiteurs, comme tout homme ou femme polique. C'est menée tambour batant. Marion Game est délicieuse en fille d'un des deux hommes politiques, tous les deux perfides et profiteurs. La police est au service des puissants, laches et sans intégrité. C'est un festival Jean-Pierre Mocky, est qui très crédible en acteur. 

Le film contient quelque belles scènes : lorsque l'Albatros fait l'amour avec Marion Game, en ombre chinoise, belle idée visuelle. Ou la séquence dans le supermarché avec le changement de vetements. Toutes les séquences avec les hommes politiques, tous perfides, torves, menteurs et égoïstes.

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dimanche 12 novembre 2023

Dark Murders (Dark Crimes, 1h32, 2016) de Alexandros Avranas

Avec Jim Carrey, Marton Csokas, Charlotte Gainsbourg, Kati Outinen, Vlad Ivanov, Robert Wieckiewicz, Agata Kulesza, Piotr Glowacki,  Julia Gdula, Zbigniew Zamachowski.

Voici un film policier, déjà vu de multiples fois, qui se distingue néanmoins par différentes caractéristiques.  La première est Jim Carrey, dans le rôle d'un policier polonais, mutique (il n'a quasiment pas de ligne de dialogues), qui pour se racheter (il  a été dégradé,  mais nous ne savons pas pourquoi et nous ne le saurons pas) rouvre une enquête. L'autre caractéristique est la présence du méchant putatif, Marton Csokas, dans un rôle de fou, écrivain, qui livre une belle performance de détraqué.  Il y a aussi Charlotte Gainsbourg dans le rôle de la femme fatale, qui écarte facilement les cuisses. Enfin il y a les décors de Cracovie, sa banlieue, ses immeubles, ses caves, ternes, tristes, déprimants. À noter aussi les scénaristes, solides et expérimentés.

Le film possède un climat, construit à partir des décors justement (les lieux sont souvent vides, y compris les appartements et maisons c'est à dire sans décoration),  de la musique,  un peu pesante par moment, et du scénario rempli de détours, même si nous subodorons les révélations de la fin, mais pas le dernier plan du film.
La relation entre Jim Carrey et Charlotte Gainsbourg est moyennement crédible. Nous ne croyons pas aux scènes de sexe des différents personnages. Le film n'est pas exempt de défauts (histoire déjà faite de multiples fois, des éléments peux crédibles), mais recèle une identité,  une singularité,  voire un style cohérent.

Dark Murders

samedi 11 novembre 2023

No Sudden Move (1h55, 2021) de Steven Soderbergh

Avec Don Cheadle, Craig muMs Grant, Brendan Fraser, Benicio Del Toro, Julia Fox,  Kieran Culkin, Amy Seimetz, David Harbour, Noah Jupe, Lucy Holt, Claudia Russell, Katherine Banks.

Steven Soderbergh livre un film parfait sur la forme, riche d'un bon scénario dense aux multiples replis que le spectateur n'arrive pas à deviner et anticiper dans sa progression. Ed Salomon est au scénario : gros professionnel.

Une de ses qualités est sa belle distribution : acteurs parfaits pour une multitude de personnages, portés par un scénario riche, qui donne un film une dimension chorale, tiré par Don Cheadle et Benicio Del Toro, tous les deux parfaits dans des personnages très différents, qui se retrouvent à cohabiter.

L'intrigue concerne de petites frappes qui séquestrent une famille pour que le père récupère un document dans le coffre du patron de son entreprise. C'est le point de départ. Au bout de 2h il s'est passé beaucoup de chose et beaucoup que nos petits malfrats n'avaient pas prévus, avec des enjeux que personne ne soupçonnait au départ.
Sur le plan technique, Steven Soderbergh s'est amusé : il est le directeur de la photographie (sous pseudonyme). Le photographie est par moment remplie de distorsion de l'image, avec un peu de vignettage de l'image (des bords sombre), avec énormément de profondeur de champ. Mais l'histoire happe tellement le spectateur que nous n'y faisons plus attention. Nous ne sommes pas sûr que ce choix technique joue en faveur du film (n'y contre d'ailleurs ; il nous parait neutre) car il est suffisamment riche avec son histoire complexe et ses multiples personnages.
Bande-annonce No Sudden Move

The Killer (1h58, 2023) de David Fincher

Avec Michael Fassbender, Tilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley, Sophie Charlotte, Emiliano Pernía, Gabriel Polanco.

Première surprise : voici un film qui a déjà était fait et donc déjà vu. Aucune originalité. Cette histoire d'un tueur professionnel qui loupe sa dernière commande et qui se retrouve poursuivi, mélangé avec une histoire de vengeance, a déjà été faite à plusieurs reprises. Ennui. Franchement, qui peut financer un film sans ambition ? Pour nourrir les tuyaux du streaming, il faut des produits, nous comprenons bien, mais cela n'interdit pas d'avoir de l'ambition.

Ensuite, il n'y a aucune empathie. Aucun personnage ne suscite l'empathie. Nous nous moquons de ce qui arrive. Même la musique de Trent Renzor et Atticus Ross n'imprime pas l'esprit.
Le seul intérêt est le peu de dialogues. La forme est brillante. Et David Fincher sait y faire. 
Ce tueur professionnel (Michael Fassbender, parfait dans l'inexpression) ultra méticuleux et précis, très professionnel, est un peu a l'image de David Fincher qui avec ce film se casse la figure en livrant un film parfaitement emballé, méticuleux, très travaillé sur la forme, mais vide de sens, et complètement vide de toute réalité sociale, sociétale et économique.

Bande-annonce The Killer

dimanche 5 novembre 2023

Marchands de douleurs (Pain Hustlers, 2h03, 2023) de David Yates

Avec Emily Blunt, Chris Evans, Catherine O'Hara, Andy Garcia, Chloe Coleman, Brian d'Arcy James, Jay Duplass, Amit Shah, Valerie LeBlanc, Aubrey Dollar, Alex Klein.

Un produit Netflix typique. Une histoire vraie (ou inspirée de faits réels), deux gros acteurs confirmés ou star (ici à choisir entre Emily Blunt, Chris Evans voire Andy Garcia), durée standard (2h), mise en forme - cadrage, montage, décors, photographie - clinique et toujours lisible. Il n'y a pas de recherche formelle. Et une utilisation systématique du flashback lorsque cela simplifie la vie du scénariste.

David Yates est un spécialiste de la magie (domaine qui ne nous intéresse pas) mais son Tarzan (The Legend Of Tarzan, 2016) possédait de belles qualités (la preuve, il fut un échec commercial) et ne nous avait pas laissé indifférent.

Tous les acteurs sont très bons. Et Emily Blunt brille de mille feux et phagocyte tous les plans. A voir ne serait ce que pour sa performance et son personnage. C'est un véritable hymne à elle même (elle est co-productrice), et elle peut se le permettre. Et les seconds roles sont très bons : Chris Evans sait faire autre chose que tenir un bouclier (nous n'en doutions pas).

Enfin, le film est intéressant sur les us et coutumes du commerce de médicaments, entre industrie phamaceutique, médecins, concurrence, études et analyse des molécules, objectifs de marge, croyances et hallucinations des décisionnaires. Bref, au total il s'agit d'un beau produit, une bonne histoire et un David Yates qui sait tirer le meilleur de ses acteurs.

Bande-annonce Marchands de Douleur

Insubmersible (Nyad, 2h01, 2023) de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi

Avec Annette Bening, Jodie Foster, Anne Marie Kempf, Carolyn McCormick, Marcos Diaz, Belle Darling, Pearl Darling, Johnny Solo, Anna Harriette Pittman, Eric T. Miller.

L'esthétique Netflix a encore frappé. Pour servir ici une histoire vraie, où une nageuse tente de traverser à la nage de Cuba vers la Floride. Cette histoire est incarnée par Annette Bening, aidée par Jodie Foster. L'esthétique Netflix est basée sur une histoire vraie (il s'agit donc de faits réels - avec les vrais images des vrais personnages en épilogue et pendant le générique de fin -), portée par un ou deux acteurs confirmés voire stars, une reconstitution de la dimension historique, un recours systématique au flashback pour présenter le passé du personnage principal, avec un filmage, montage, cadrage très standardisé qui fait se ressembler entre eux beaucoup de ces produits ou films, une durée standard autour des 2h. Et une absence de recherche formelle ; car il s'agit de raconter une histoire et ce qui compte, c'est l'histoire, pas le véhicule de l'histoire.

Ensuite l'intérêt vient de l'histoire et de l'empathie avec les personnages. Les aventures de ces personnages se laissent suivre, grâce à l'obstination du personnage principal, et ceci malgré son égoïsme, Annette Bening, que nous sommes très heureux de revoir, mais aussi grâce à Jodie Foster, son coach, son amie et son amour platonique. Ainsi que le groupe de personnes qui l'accompagnent lors de chacun de ses exploits : le skipper, le spécialiste de navigation, les spécialistes de protection contre les requins, par exemple. Nous sommes très heureux de revoir Jodie Foster. Le film promeut l'individu et son obstination, ainsi que bien sûr le dépassement de soi, tout en faisant son auto thérapie, au long cours.

Bande-annonce Insubmersible

samedi 28 octobre 2023

L'Exorciste - Dévotion (The Exorcist: Believer, 1h51, 2023) de David Gordon Green

Avec Leslie Odom Jr., Tracey Graves, Lidya Jewett, Danny McCarthy, Ann Dowd, Norbert Leo Butz, Olivia O'Neill, Norah Murphy, Jennifer Nettles, Lariah Alexandria, Patrick Roper, Ellen Burstyn, E.J. Bonilla, Linda Blair.

Dans les franchises de films d'horreur, pourquoi ne pas relancer cette franchise là, qui mélange fantômes et barbaques, médecine allopathique et superstitions, croyants et non croyants. Ce film se veut une suite au film de William Friedkin (The Exorcist, 1973). Ce sixième de franchise (après le premier, deux suites, et deux prequel dans les années 2000) permet de relancer la franchise, et d'ailleurs ouvre de multiples possibilités pour une nouvelle trilogie...

Le canevas est standard : exposition, un évènement, un ou des enfants possédés, si possible des filles, analyses médicales, problèmes psychiatriques, puis l'on va chercher les croyances et superstitions, puis la ou les cérémonies pour déposséder. Sur ce dernier point le film de David Gordon Green renouvelle la franchise : il convie vaudou, catholiques, protestants, diacres (ou assimilés) et non croyants. Bref, de multiples possibilités s'ouvrent à cette nouvelle trilogies.

Le film est prenant par son climat, sa tension que nous anticipons en tant que spectateur, avec des scènes qui font sursauter régulièrement, puis un peu de gore (très léger), puis les possessions et les cérémonies avec un beau travail sur les maquillages des possédées.

Le film possède un coté "à l'ancienne" qui fait plaisir, et ne semble pas reposer sur le tout numériques. Les crédits techniques sont au summum et soutiennent la tension.

Bande-annonce L'Exorciste - Dévotion

vendredi 27 octobre 2023

M15 Demande Protection (The Deadly Affair, 1h47, 1967) de Sidney Lumet

Avec James Mason, Simone Signoret, Maximilian Schell, Harriet Andersson, Harry Andrews, Kenneth Haigh, Roy Kinnear, Max Adrian, Lynn Redgrave, Robert Flemyng, Leslie Sands, Corin Redgrave.

Un film d'espionnage qui se déroule dans les bas fonds de Londres. Dans un contexte de guerre froide (les services secret du Royaume-Unis font la chasse aux communistes). Décors de nuit, bar de quartier, quai crasseux, James Mason enquête sur le suicide d'un fonctionnaire soupçonnée d'être communiste. James Mason est l'agent de terrain, personnage principal, qui doit gérer sa hiérarchie, son enquête, sa femme et l'amant de femme. Personnage assez complexe que James Mason rend attachant.

Autour de lui gravitent des personnages qui sont en général pas ce qu'ils semblent être. Le film est passionnant. La relation de James Mason avec sa femme (Harriet Andersson) est très intéressante et aide à définir le personnage, même si sa relation avec sa femme est sans rapport avec ses sujets professionnels. Sa relation avec son ancien collègue, Maximilian Schell, est elle aussi intéressante.

Un film très écrit, où beaucoup de scènes sont passionnantes, en particulier celles avec Maximilian Schell est avec Simone Signoret. Culminant avec la scène au théâtre pendant une représentation d'une oeuvre de Shakespeare où l'interprétation de Maximilian Schell et Simone Signoret montre leurs talents.

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jeudi 19 octobre 2023

Project X-Traction (Hidden Strike, 1h42, 2023) de Scott Waugh

Avec Jackie Chan, John Cena, Chunrui Ma, Wenli Jiang, Jia Xu, Jun Gong, Rima Zeidan, Minghao Hou, Pilou Asbæk, Amadeus Serafini, Hany Adel, Ernest Manson, Tim Man, Rachael Holoway, Kevin Ta.

Une superproduction  avec le label "Jackie Chan", c'est à dire du spectaculaire, des séquences époustouflantes, des combats d'homme à homme amusants, une intrigue prétexte à tout ce qui vient d'être listé mais dont nous nous moquons.

Les décors son superbes. Les séquences d'action grandioses avec l'aide du CGI Porn. L'influence de Mad Max Fury Road (George Miller, 2015) se fait sentir dans les grandes sequences spectaculaires dans le désert. John Cena est l'acolyte étatsunien (qui dispose d'une mitraillette sous le fauteuil de sa voiture, comme tout étatsunien !). La dimension film de potes fonctionne parfaitement bien entre Jackie Chan et John Cena. John Cena amenant les éléments comiques à travers sa posture de brute et balourd au grand coeur.

Le film est parfaitement rythmé, et constitue un grand spectable ludique, insipide en terme de contenu, mais divertissant. Avec des préoccupations des différents personnages qui nous indiquent que sur le plan politique, nous sommes dans le capitalisme et la recherche de l'argent : Jackie Chan et ses mercenaires ne travaillant que pour l'argent, le méchant voulant monayer du pétrole, et John Cena étant lui aussi un mercenaire.

Bande-annonce Project X-Traction

dimanche 8 octobre 2023

Budapest (1h42, 2018) de Xavier Gens

Avec Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe, Alice Belaïdi, Alix Poisson, Henrietta Edvi, Aude Legastelois, Ali Marhyar, Artus.

Le concept de Budapest est plutôt original au départ. Il suscite l'intérêt et la curiosité avec la visite de nos personnages principaux à Budapest, la ville, que Monsieur Poulpe leur fait découvrir. Manu Payet et Jonathan Cohen en décident de monter une affaire d'enterrement de vie de garçon. C'est le point de départ. Ensuite nous passons dans les intrigues sentimentales avec leur femmes respectives, mais aussi les vicissitudes de certains de leurs clients. Pour un renversement de situations dans le dernier tiers. 

Les éléments délirants ne sont pas reconduits dans la deuxième partie du film, ce qui ralenti le rythme ou au moins le fait basculer plus dans une comédie romantique qui nous intéresse moins, même si bien écrite. Cela donne le sentiment que le film ne tient pas ses prémices et redevient plus prévisibles.

La distribution est réussit. Et nous retenons surtout Monsieur Poulpe qui, heureusement, maintient les éléments délirants sur l'ensemble de la durée du film.

Bande-annonce Budapest

Le Pire Voisin Au Monde (A Man Called Otto, 2h06, 2022) de Marc Forster

Avec Tom Hanks, John Higgins, Tony Bingham, Lily Kozub, Mack Bayda, Cameron Britton, Juanita Jennings, Peter Lawson Jones, Max Pavel, Kailey Hyman, Peter Sipla, Patrick Stanny.

Tom Hanks interprète un voisin rigide et obsédé par les règles. Les règles collectives, car il vit dans un lotissement où tout le monde se connaît, ou presque, car de nouveaux voisins s'installent en face de chez lui. Ils sont envahissants, mais généreux. Cela va changer le cours de sa vie de retraité, car il vient juste de débuter sa retraite.

Marc Forster passe d'un James Bond (Quantum Of Solace, 2008) à une série Z de luxe (World War Z,  2013) à ce film, qui bénéficie d'un bon scénario, qu'il traite avec honnêteté.

Il s'agit donc d'une comédie dramatique qui dose bien les éléments d'humour, les éléments de drames, les articulations qui font que le film maintient son rythme et que le spectateur ne se lasse pas. Le scénariste David Magee qui signe le film et sait y faire dans le mélange de poncifs de l'Americana pour servir un film qui sait pointer les effets pervers du capitalisme tout en manifestant une préoccupation pour les personnages qui possèdent des caractères d'unicité. Le film arrive aussi à évoquer certains sujets liés à la vieillesse : la dépendance, les maladies, l'entraide.

Bande-annonce Le Pire voisin au monde

samedi 7 octobre 2023

Overdose (1h59, 2022) de Olivier Marchal

Avec Sofia Essaïdi, Assaad Bouab, Alberto Ammann, Nicolas Cazalé, Nassim Lyes, Naïma Rodric, Francis Renaud, Kool Shen, Moussa Mansaly, Pierre Laplace, Sébastien Libessart, Simon Abkarian.

Ce genre de produit contient un ensemble d'ingrédients que nous trouvons dans tous les films de ce genre, justement. Il faut de la voiture et de la moto, avec de la tole froissée et des poursuites. Il faut de la guerre des polices plus ou moins intense, ici plutôt moins car les différentes polices communiquent : espagnole, française, parisienne, provinciale, unités spéciales. Il faut des armes. Il faut des méchants, des malfrats, qui lorsqu'ils apparaissent le crient (coiffures, costumes, maquillages). Il faut du gore et de la violence extrême, ici inutile (le marteau) et off derrière une porte en bois (bonne idée). Il faut du sexe, ici parfaitement inutile. Et il faut aussi une histoire romantique entre des policiers. Tout ceci est convenu et sans originalité. Mais est bien lié par un scénario qui intègrent bien ces ingrédients.

Il faut reconnaître à Olivier Marchal un talent pour la direction des acteurs qui sont tous bons. Le film est peut être un peu long (20 minutes de trop) et aurait pu être un peu plus resserré. Mais dans l'ensemble il répond à son cahier des charge. Une qualité nominale dans un ensemble conventionnel pour le genre auquel il appartient. 

Bande-annonce Overdose

Reptile (2h14, 2023) de Grant Singer

Avec Benicio Del Toro, Justin Timberlake, Eric Bogosian, Alicia Silverstone, Domenick Lombardozzi, Frances Fisher, Ato Essandoh, Michael Pitt, Karl Glusman, Mike Pniewski, Matilda Anna Ingrid Lutz.

Cela commence par le meurtre d'une agente immobilière. Puis il y a la vie de province en Nouvelle Angleterre avec des policiers fraternels entre eux, qui boivent de la bière, dansent et profitent de leurs barbecues. C'est une composante intéressante du film, montrer les relations sociales entre policiers en dehors du travail. Un policier avec un passé où il a été confronté avec des collègues ripoux est parmi eux. Il est aussi enquêteur et conduit donc l'enquête sur le meurtre de l'agente immobilière. C'est Benicio Del Toro, dans une interprétation habitée et subtile. Qui est aussi co-scénariste et producteur exécutif, c'est dire s'il tient à ce projet. Benicio Del Toro habite le personnage, massif, quelque fois en suspension, peu expressif, pour un personnage qui garde une part de mystère pendant une bonne partie du film.

Il faut dire qu'ils, les policiers, sont confrontés à des méchants particulièrement torves, ce qui complète bien le rythme apparemment tranquille de la vie de province.

Le film se distingue des productions similaires par un climat et un rythme qui lui est propre. Il n'y a pas de poursuite. Il n'y a pas d'arsenal technologique.  Peut être parce qu'il s'agit de la province. Et l'intrigue, de par ses circonvolutions, maintien l'attention du spectateur, avec une fin qu'il imagine dans le dernier quart.

Bande-annonce Reptile

jeudi 5 octobre 2023

Case Départ (1h34, 2011) de Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee

Avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Stéfi Celma, Eriq Ebouaney, Etienne Chicot, Catherine Hosmalin, David Salles, Franck de la Personne, Joséphine de Meaux, Franck Migeon, Max Baissette de Malglaive, Alain Fromager, Sylvain Tempier.

Fabrice Eboué et Thomas Ngijol se retrouvent propulsés par un voyage dans le temps dans les Antilles françaises pendant la période de l'esclavage. Ce qui permet de rappeler certains éléments de l'esclavage, mais permettra aussi à notre duo d'évoluer dans son appréhension du monde lorsqu'ils reviendront à notre époque contemporaine.

Le film excelle dans la peinture des propriétaires blancs, entre Étienne Chicot, Franck de la Personne, Catherine Hosmalin ou Joséphine de Meaux, tous pathétique, fat, grotesque et horrible. La fable fonctionne pour nos deux personnages, avec Fabrice Éboué et Thomas Ngijol, l'un parvenu, mais traité avec condescendance, l'autre repris de justesse qui se cherche dans une religion sans y croire. Ils vont être confrontés à l'esclavage où ils sont traités comme des animaux. 

Le sujet ne se prêtait pas à un film caustique et rugueux, comme sait bien le faire le comique Fabrice Eboué, mais ce film a le mérite d'exister, le cinéma français étant peu prolixe sur ce sujet et sur cette période de l'histoire de France. A noter tout de même une scène étonnante où nos deux amis aident un couple à s'unir afin qu'ils existent dans le futur.

Bande-annonce Case départ

samedi 30 septembre 2023

Medellin (1h44, 2023) de Franck Gastambide

Avec Franck Gastambide, Ramzy Bedia, Anouar Toubali, Mike Tyson, Brahim Bouhlel, Essined Aponte, Raymond Cruz, Ariel Sierra, Bernardo Garcia, Jairo Ordoñez, Matthias Quiviger.

Franck Gastambide applique la même recette que ses trois précédents films. Mais avec ce film le résultat est moins réussi. Peut être parce que certains ingrédients manquent : l'équivalent du personnage de Medi Sadoun dans Les Kaïra (2012) ou de celui de Malik Bentalha dans Pattaya (2016) ou Taxi 5. Ici il est remplacé par le personnage interprété par Ramzy Bedia, déjà présent dans les deux  précités. Mais cela ne fonctionne pas, car il n'est pas source d'humour.

Cela vient aussi du thème abordé ici, les cartels de la drogue en Colombie. C'est un sujet moins intéressant, car déjà traité de multiple fois et de manière beaucoup plus brillante. Mauvaise pioche donc. Et ceci malgré quelques ingrédients sympathique : Mike Tyson en entraineur ou l'attribut romantique (Essined Aponte).

Sinon les talents de Franck Gastambide sont toujours là : personnage à dialogue logorrhéique, mélange de comédie de situation et de séquences d'action qui se veulent ébouriffantes, et qui le sont, le nain (Anouar Toubali) qui apporte ses variantes, beaucoup moins bien intégrées ici que dans Les Kaira ou Pattaya. Bref la recette ne fonctionne pas ici.

Bande-annonce Medellin

mercredi 27 septembre 2023

Les Feuilles Mortes (1h21, 2023) de Aki Kaurismäki

Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Alina Tomnikov, Martti Suosalo, Janne Hyytiäinen, Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji, Nuppu Koivu, Eero Ritala.

Un film qui déborde de charmes grâce à ses personnages, humains, luttant à leur manière pour vivre. Elle est caissière et va de petit boulot en petit boulot. Elle est propriétaire de son appartement. Il est manuel et travaille dans une usine, mais il boit. Et il va de petits boulots en petits boulots. Ils vont se croiser. Tous les deux sont seuls. Ils sont attirés l'un vers l'autre. Une fille rencontre un garçon. Un garçon rencontre une fille. Ils sont tous les deux timides. Mais il y aura des grains de sable dans la mécanique de création de leur couple. Aki Kaurismäki dose parfaitement la construction de ce couple.

Aki Kaurismäki parsème son film de références (Jean-Luc Godard, George A. Romero, par exemple). Pour donner un ensemble d'une durée courte, et c'est tant mieux. Il n'y a pas de séquence inutile ici. Il n'y a pas de musique extradiégétique. Sans aller vite, Aki Kaurismäki construit l'histoire d'amour entre les personnages. Un film qui donne du baume au cœur.

Bande-annonce Les Feuilles mortes

dimanche 24 septembre 2023

Interdit Aux Chiens Et Aux Italiens (1h10, 2022) de Alain Ughetto

 Un film d'animation, qui débute péniblement avec une voix off de l'auteur, en narrateur, maladroite, qui ralentit le démarrage. Ensuite lorsque nous passons sur les personnages et leur migration, le film dramatique suscite l'intérêt et le film arrive à faire poindre par moment des bribes d'émotions.

Alain Ughetto raconte l'histoire de sa famille italienne au début du XXe siècle, la pauvreté, l'immigration en France. À travers différents moments clé de l'histoire de cette famille, et de l'Histoire toute courte (montée du fascisme en Italie, seconde guerre mondiale, l'occupation des par les Allemands, la libération, le racisme). C'est la dimension la plus intéressante : le film d'animation montre la condition précaire des immigrés.

Bande-annonce Interdit aux chiens et aux Italiens

samedi 23 septembre 2023

Le Prince de New York (Prince Of The City, 2h47, 1981) de Sidney Lumet

Avec Treat Williams, Jerry Orbach, Richard Foronjy, Don Billett, Kenny Marino, Carmine Caridi, Tony Page, Norman Parker, Paul Roebling, Bob Balaban, James Tolkan, Steve Inwoo, Lindsay Crouse.

Sidney Lumet compose un film puissant sur la corruption de la police New-Yorkaise. Treat Williams, personnage principal, est un des princes de la ville, avec son équipe de policiers dédiées au narcotiques. Il est au cœur des pratiques, légales ou illégales, mises en oeuvre par lui même ou ses collègues policier. Mais il y a une commission qui enquête sur la corruption de la police et le sollicite. C'est le point de départ. Le reste du film consiste à suivre Treat Williams lors de ses échanges avec les enquêteurs, ses collègues, sa posture par rapport à cette démarche anti-corruption, et toutes les conséquences qu'il y aura.

La grande force du film est dans son scénario. Une multitude de personnages gravitent autour de Treat Williams. Le film maintien une clarté et une lisibilité de ces différents personnages : les collègues policiers de Treat Williams, les différents procureurs qui le suivent au cours des différentes années, sa famille, les malfrats. Le film est impressionnant. Et le personnage de Treat Williams garde un certains mystère ou hermétisme, ce qui fait que nous ne pouvons pas facilement anticiper ses comportements. Ce qui est plutôt bien car cela oblitère toute possibilité de savoir dans quel sens va évoluer l'histoire.

Une des qualités du film sont ses décors naturels de la ville de New-York de la fin des années 70, ainsi que le style vestimentaire des personnages.

Bande-annonce Le Prince de New York


vendredi 22 septembre 2023

No Escape (2015) de John Erick Dowdle

Avec Owen Wilson, Lake Bell, Sterling Jerins, Pierce Brosnan, Thanawut Ketsaro, Chatchawan Kamonsakpitak, Sahajak Boonthanakit, Tanapol Chuksrida.

Un film bien troussé où un couple étatsunien avec enfants se trouve pourchassé par des révolutionnaires qui prennent le pouvoir. Il s'agit d'un film concept : et si de riches touristes se retrouvaient piégés dans un pays en révolution où ils représentent ce que les révolutionnaires détestent le plus... 

Poursuite dans le chaos pour survivre et échapper à la mort, pour rejoindre l'ambassade, pour quitter le pays. Le film est cadré comme un téléfilm. La mise en scène utilise bien les décors. L'enjeu dramatique est de nous montrer dans un premier temps qu'il parait impossible qu'ils s'en sortent et donc de nous montrer comment ils vont essayer de s'en sortir. Un film de survie dans la ville.

Owen Wilson est dans un rôle dramatique. Pierce Brosnan est dans un rôle improbable qui semble être là juste pour être utile au scénariste. La curiosité est que nos personnages essaient de se sauver en rejoignant le Vietnam. Ce qui peut paraître ironique selon certains points de vue.

Bande-annonce No Escape

 

Nous (1h55, 2021) de Alice Diop

Alice Diop nous présente des individus ou des groupes qui vivent le long de la ligne de train RER B en région de Paris. Concept à priori intéressant, mais ce n'est pas un sujet. Elle nous montre des individus : par exemple, des personnes sans domicile fixe, des retraités dépendants, des adeptes de la chasse à court.

Certains font partie de sa famille. D'autres non. Des parties documentent, comme le garagiste originaire du Mali qui vis dans une camionnette et qui répare sur des parkings. Ou comme l'infirmière qui visite les personnes âgées, section qui possède le plus d'hystérésis. Elle nous montre aussi des individus hétéroclites avec un intellectuel et des fanatiques du protocole de chasse à court.

L'ensemble est décousu, pas linéaire dans son déroulé et donc dans son message. Ce qui sur la durée suscite l'ennui (presque 2h pour un documentaire est trop long). Nous comprenons bien le côté personnel de la chose de certains sujets avec l'évocation du père de la réalisatrice, et sa soeur dans le segment de l'aide à domicile. Mais l'ennui s'installe. Et ce n'est pas arrangé par beaucoup de plans de transition sur des paysages, qui rythme les déplacements. Avec aussi beaucoup de plans de la ville (la banlieue parisienne), des jardins ou des bois. Ils contribuent à l'atmosphère. Mais ils contribuent aussi au sentiment de durée, mais comme ils ne véhiculent pas d'information sur le sujet, ils nous ennuient.

Bande-annonce Nous


dimanche 10 septembre 2023

France (2h13, 2021) de Bruno Dumont

Avec Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay, Emanuele Arioli, Juliane Köhler, Gaëtan Amiel, Jawad Zemmar, Marc Bettinelli, Lucile Roche.

Bruno Dumont nous conte l'histoire d'une journaliste de télévision et présentatrice. Pour nous montrer l'envers du décor, les schémas de fonctionnement de ces journalistes, leur manque d'humanité, la mise en scène, leur égoïsme malgré la vitrine qu'ils présentent. Mais aussi le personnage de Léa Seydoux, qui porte le film, que Bruno Dumont peint avec ses contradictions, ses complexités, ses états d'âme changeants. Ce qui rend le personnage presque attachant, pas du tout monolithique, que nous spectateurs ne pouvons pas juger compte tenu du nombre de contradictions du personnage.

Le mélange d'acteurs professionnels avec des acteurs amateurs fonctionne parfaitement et donne un ancrage réel qui donne de la densité au sujet.

Nous pouvons juste reconnaître que les ficelles sont grosses : le film est dénué de subtilité. C'est toujours le cas chez Bruno Dumont. Mais le coup de l'ordinateur portable posé sur la manette qui fait entendre le commentaire off est vraiment un truc de scénariste pas crédible une seconde. Ce qui pénalise l'ensemble du film.

À noter que toutes les scènes de Léa Seydoux avec son mari, Benjamin Biolay, sont les plus réussis du film, que ce soit les scènes du couple ou en groupe avec d'autres personnes.

Au total Bruno Dumont fait bien passer ses messages, ses critiques, tout en conviant une réflexion où tout n'est finalement pas noir ni blanc.

France

samedi 9 septembre 2023

Bardo, fausse chronique de quelques vérités (Bardo: False Chronicle of a Handful of Truths, 2h39, 2022) de Alejandro G. Iñárritu

Avec Daniel Giménez Cacho, Griselda Siciliani, Ximena Lamadrid, Íker f. Sanders,  Francisco Rubio.

Nous reconnaissons le travail de mise en scène phénoménal, incorporant un travail sur l'aspect visuel et l'originalité de ce qui est mis devant la caméra (que ce soit devant la caméra ou ajouté numériquement) : chaque séquence contient son lot d'éléments visuels excessifs, insensés, ou abolissant la réalité. Chaque séquence est construit sur un partie prix visuel original et qui imprime bien l’œil, mais assez peu la mémoire. Tout cela est très beau. Tout est parfait sur le plan technique : décors, costumes, photographie, distribution et interprétation.

Mais nous restons tout le temps hermétique au schéma dramatique et au enjeux, que nous imaginons personnels pour le réalisation. Cela parle de la famille, du Mexique, de l'Histoire, de la relation du Mexique avec les USA, et bien sûr des USA. Il faut reconnaître que, au delà de la beauté plastique du film et de son originalité sur le plan visuel, nous restons froid devant les éléments dramatique, et que sur la durée cela devient un problème, même si l'originalité visuelle, plastique, est souvent au rendez vous.

Bande-annonce Bardo, fausse chronique de quelques vérités

samedi 26 août 2023

Eo (1h28, 2022) de Jerzy Skolimowski

Avec Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Mateusz Kosciukiewicz, Lorenzo Zurzolo, Isabelle Huppert, Lolita Chammah.

Les humains sont vus du point de vue d'un âne. C'est le parti pris par Jerzy Skolimowski. L'âne est au début dans un cirque, avec une maîtresse qui l'aime, puis le cirque ferme (ou une autre raison) et il est transporté avec d'autres ânes et commence son voyage. Il aime être bien traité. Il ne reste pas longtemps au même endroit. Voyage initiatique au pays des humains, de leur bêtise, de leur violence, entre eux, et contre les animaux. Il s'échappe et croise différents humains. Jerzy Skolimovski crée un objet qui lui permet de parler de la maltraitance des animaux, de la bêtise du fanatisme, de la précarité, de multiples sujets de bêtise des humains. Jusqu'à la fin où il croise une famille bourgeoise italienne qui a des problèmes.

Il y a beaucoup de plans de paysage, de décors naturels, appuyés par la musique de Michael Dymek. La photographie, naturelle, est magnifique, même si nous sentons des plans très choisis. Le film peut produire une illusion de documentaire, mais il convie tellement d'éléments du réel, qu'ils soient sociaux ou sociétaux, que nous comprenons bien le message que cherche à faire passer Jerzy Skolimowski. Qui n'est pas subtil, mais qui a le mérite d'exister. Et même si le film n'est pas un tour de force, il fait du bien, car il est encore possible d'être inventif pour faire passer des messages. Nous n'évoquerons pas l'âge biologique du réalisateur, car il n'a aucun rapport avec le talent et l'inventivité, qui sont universels et pas liés à l'âge d'un individu.

EO [Blu-Ray]

Bullet Train (2h07, 2022) de David Leitch

Avec Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry, Andrew Koji, Hiroyuki Sanada, Michael Shannon, Sandra Bullock, Bad Bunny, Logan Lerman, Zazie Beetz, Masi Oka.

Un train à grande vitesse où de multiples tueurs cherchent une valise.  Ce prétexte permet de cadencer des scènes, dans un environnement confiné (un train à grande vitesse japonais) des confrontations indirectes puis directes entre ces différents tueurs. Nous retenons le ton, qui oscille entre la violence froide et l'humour ironique.

David Leitch qui n'a toujours pas fait de film remarquable depuis John Wick (2014) - n'oublions pas qu'il l'a co-réalisé avec Chad Stahelski - ; à la limite son Atomic Blonde (2017) possède une légère hystérésis.

Ce Bullet Train est son film le plus intéressant depuis John Wick. Le personnage de Brad Pitt manipule l'ironie. La violence est sèche et brutale, et surtout très sanguinolente. Le tout dans un ensemble très abstrait. Le film est complètement irréaliste : les wagons du train sont vides ou alors les passagers ne se rendent pas compte de la ronde des tueurs. Et à la limite de l'abstraction avec ses grands décors en tube et vide. Ce qui procure un climat particulier au film, qui est complètement invraisemblable dans la quasi totalité de ses séquences.

Bullet Train [Blu-Ray]

vendredi 25 août 2023

Jurassic World : Le Monde d'Après (Jurassic World Dominion, 2h40, 2022) de Colin Trevorrow

Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neill, Jeff Goldblum, DeWanda Wise, Mamoudou Athie, Campbell Scott, Isabella Sermon, BD Wong, Omar Sy, Justice Smith.

Le film de dinosaures s'évalue d'abord sur ses animaux. Ici le bestiaire est varié et très divers, mais aussi parfait grâce au CGI porn et aux animatroniques et toutes autres techniques. Il s'évalue ensuite sur son histoire, ici déjà vue de multiples fois et ennuyeuse : c'est toujours la même histoire avec le laboratoire secret, le savant fou, les bébêtes tripatouillées génétiquement... Comment est-il possible de ressortir toujours les mêmes bêtises ?... Pour les jeunes du public peut-être. Peu importe. Il s'évalue ensuite sur le scénario, très prévisible, qui cadence les rebondissements avec bestioles toute les sept minutes, posé sur deux arcs dramatiques : celui des personnages de la franchise Jurassic World (Chris Pratt et Bryce Dallas Howard toujours aussi mécaniques et fades) avec celui de la franchise Jurassic Park (Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum). C'est très sympathique de revoir le trio de la première franchise, mais cela fait mécanique, forcé. Les scènes entre Howard et Pratt ne fonctionnent pas : ils déclament de manière trop voyante leur texte, nous n'y croyons pas.

Concernant justement la distribution, nous nous disons que Steven Spielberg et Joe Johnston avaient une science de la direction d'acteur, à moins que ce soit les acteurs eux-mêmes qui n'ont pas la capacité : cela est peut-être le cas, car si nous les comparons, il est criant à l'écran que nous n'avons pas la même performance... Il est vrai que nous ne parlons pas d'acteurs expérimentés et rompus au métier pour les Jurassic World.

Le méchant, Campbell Scott, est le personnage le plus intéressant finalement, et pour le coup qui nous parait le mieux écrit, bien que rempli de cliché et peu crédible.

La musique est par moment pénible.  Beaucoup de séquences sont téléphonées : les scènes de dialogues entre personnages sont lourdes. Par contre les séquences d'actions avec les dinosaures (CGI porn ou poupées numérico-mécaniques) sont techniquement parfaites, mais là aussi ennuyeuses. Comme quoi il y avait des talents derrière la franchise Jurrasik Park.

Au total, pour la soupe à bébêtes, bien qu'indigeste, le film est une réussite, pour le reste, il est ennuyeux.

Jurassic World : Le Monde d'après [Version Longue]

mercredi 23 août 2023

John Wick Chapitre 4 (John Wick: Chapter 4, 2h49, 2023) de Chad Stahelski

Avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne, George Georgiou, Lance Reddick, Clancy Brown, Ian McShane, Marko Zaror, Bill Skarsgård, Donnie Yen, Aimée Kwan, Hiroyuki Sanada, Shamier Anderson, Rina Sawayama, Yoshinori Tashiro.

Il est passionnant de voir comment de la série B John Wick (2014) et la franchise consécutive arrivent maintenant à cette superproduction qu'est ce Chapitre 4. Tout en conservant les ingrédients du premier et de la franchise, mais abandonnant certains éléments de réalisme pour aller vers de l'exagération permanente qui déréalise complètement dorénavant. John Wick, le personnage, semble immortel, insensible aux balles, au chutes et aux chocs.

Le film prend son temps, avec peu ou pas d'action pendant les trente premières minutes, puis va ensuite enchaîner les séquences d'anthologie, littéralement, toujours visuellement impressionnante, plastiquement superbes, riches d'invention, toujours dans des endroits luxueux ou historiques, comme les films précédents. Et en combinant à chaque fois un personnage avec ses talents d'artiste martial : Marko Zaror, Donnie Yen, Hiroyuki Sanada, pour les plus mémorables. Nous comprenons bien le rôle technique pour sauver John Wick qu'incarne Shamier Anderson ; c'est d'ailleurs le personnage le moins intéressant et uniquement là pour permettre d'éttirer le scénario et donc le film.

Du coté de la distribution donc, nous trouvons ces ajouts qui sont fondamentaux dans les multiples couleurs et parfums qu'ils convient pour cette franchise : Donnie Yen, Scott Adkins, Hiroyuki Sanada ou Marko Zaror. Ils amènent chacun une coloration et une culture.

Le personnage de John Wick tend vers une épure, à un corps sans logiciel, quasiment sans voix : un costume (blindé dorénavant), un pistolet, une fuite en avant, des coups et des chutes multiples. Keanu Reeves est plus mutique que d'habitude et parait incassable (voir ses multiples chutes qui égrainent le films)... John Wick est maintenant un super héros immortel.

JOHN WICK - CHAPITRE 4 - BLURAY

samedi 12 août 2023

Killing Gunther (1h23, 2017) de Taran Killam

Avec Taran Killam, Dave 'Squatch' Ward, Bobby Moynihan, Hannah Simone, Marc-Anthony Massiah, Sylvesta Stuart, Reese Alexander, Paul Brittain, Aubrey Sixto, Joel Labelle, Janene Carleton, Amir Talai, Aaron Yoo, Arnold Schwarzenegger.

Nous sommes ici dans un univers inspiré par la bande dessinnée et les jeux vidéo. L'argument est simple. Un tueur professionnel souhaite être considéré le meilleur. Il s'agit de Taran Killam, le réalisateur, scénariste et acteur principal. Pour cela il doit tuer le meilleur, Gunther. Pour se faire il constitue une équipe autour de lui, constituée de tueuses ou tueurs, avec chacun des tares différentes - deux débiles mentaux, un spécialiste des poisons, un spécialiste des ordinateurs, par exemple -. La forme est le documenteur : un caméraman suis le groupe et les personnages parlent à la caméra en permanence, ceci pour immortaliser le futur exploit : arriver à tuer Gunther.

Taran Killam traite tout cela avec humour et un certains nombre de sous-entendus et surtout un sens avéré des délires.

L'équipe constitué a beaucoup de mal à tueur Gunther, bien sûr, car il est le meilleur, mais il finissent par le trouver et Gunther (Arnold Schwarzenegger) occupe le dernier quart du film. Car Gunther est le prétexte du film, mais nous ne le voyons jamais si ce n'est dans le dernier tiers du film.

C'est un ensemble à la fois amusant et spectaculaire, dans la limite du budget imparti (et produit par Arnold Schwarzenegger lui même), qui tien sur la durée car les choses ne se déroulent jamais comme prévu pour notre cohorte de tueurs. Et la fin reste dans le ton des délires qui parsèment le film.

Bande-annonce Killing Gunther

dimanche 23 juillet 2023

House Of Gucci (2h38, 2021) de Ridley Scott

Avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons,  Jared Leto, Camille Cottin , Salma Hayek, Jack Huston.

Ridley Scott nous raconte une histoire de la famille Gucci. Histoire qui est centrée sur celle du fils Gucci, incarné par Adam Driver, (toujours en suspension, pour un personnage peu malin et en dehors des réalités), qui n'a pas beaucoup de talent (même aucun si nous considérons l'ensemble du film). Mais qui doit gérer la marque créée par son père (Jeremy Irons) et son oncle (Al Pacino), ainsi que son cousin (Jared Leto, méconnaissable, mais qui interprète peut-être le seul personnage humain). Il va se marier avec une amoureuse ambitieuse (Lady Gaga, interprétation fonctionnelle). Mais les choses vont évoluer vers des drames familiaux et financiers.

Nous sommes déçus, car le film est mièvre : il manque de cruauté, de sang, de viscère, de sexe, de gore ou de violence graphique. Choses que Ridley Scott égrène régulièrement dans ses films, mais qui sont absentes ici. Et qui auraient été intéressantes dans un univers de luxe : des jets de sangs sur un beau marbre, sur de belles chaussures ou sur un beau tissu de costume, auraient été plastiquement intéressants.
Ridley Scott essaie probablement d’être fidèle à l'environnement qu'il recrée (le luxe, l'Italie, les costumes et décors). Les crédits techniques sont impeccables : acteurs, costumes, décors, maquillages, photographie, tous sont très réussis. Mais cela ressemble à un projet qui reste à finaliser...
À voir comme un téléfilm de luxe dans le luxe, fade (le luxe, et le film) et sans ambition. Les beaux décors ont déjà tenté Ridley Scott à plusieurs reprises. Mais le film manque de tonicité, un peu à l'image du personnage interprété par Adam Driver, fade et mou à la limite de la catalepsie. 
House of Gucci [Blu-Ray]

mardi 18 juillet 2023

2 ou 3 Choses Que Je Sais D'Elle (1h27, 1967) de Jean-Luc Godard

Avec Marina Vlady, Juliet Berto, Anny Duperey, Helena Bielicic,  Marie Cardinal.

Jean-Luc Godard est au sommet de sa créativité : nous assistons à une symphonie, c'est à dire un ensemble de choses variées qui forment un bel ensemble, dont les ingrédients sont les mots, les livres, les sons et les bruits, les actrices, les décors réels de Paris, le montage, la direction d'acteurs avec ces regards caméra, qui ne masquent pas que les dialogues sont soufflées à l'oreillette par le réalisateur sur le plateau. Mais aussi la voix off de Jean-Luc Godard lui même qui chuchote, un texte de prime abord sans intérêt, mais qui donne une texture et un charme aux images et à son actrice. Car comment ne pas associer cette volonté du réalisateur de parler sur l'image de son actrice, qui regarde la caméra, à son magnétisme et le charme qu'elle exerce sur son metteur en scène.

Un sommet de créativité pour servir un sujet politique, ou plutôt des sujets politiques : la politique de la ville (Paris, le "elle" du titre) et sa déshumanisation, dénoncer le capitalisme et l'impérialisme états-uniens.

La grande qualité du film est sa distribution féminine, avec Marina Vlady, Annie Duperey, et toutes les autres que Jean-Luc Godard filme magnifiquement, leur regard, leur manière de tourner la tête, leurs dialogues.

La bande son est comme d'habitude très travaillée, avec des silences, avec la voix off de Jean Luc Godard qui chuchote, les bruits d'ambiance qui participent de la dénonciation de la ville,  bruits qui quelquefois se superposent aux dialogues comme Jean-Luc Godard fera très souvent. 

Cet ensemble abouti à quelque chose qui n'est pas léger, très insistant par moment. Mais la profusion d'idées maintient l'attention du spectateur.
2 ou 3 Choses Que Je Sais d'elle

dimanche 16 juillet 2023

The Mother (1h55, 2023) de Niki Caro

Avec Jennifer Lopez, Lucy Paez, Omari Hardwick, Joseph Fiennes, Gael García Bernal, Paul Raci, Jesse Garcia, Yvonne Senat Jones, Edie Falco, Michael Karl Richards.

Encore une exploitation du canevas John Wick, dans la variante ou l'expert en mort violente est une femme, et elle se retrouve à sauver sa fille des griffes de vilains méchants tueurs professionnels ; sa fille qui ne la connait pas, évidemment. Décidément la franchise John Wick a oblitéré toute velléité d'originalité des inventeurs d'histoire (John Wick n'étant lui même pas très frais dans son schéma dramatique).

Ceci mis de coté, le film est une bonne série B. Jennifer Lopez joue bien la comédie et arrive à faire passer de l'émotion. Ici le théâtre des opérations est Cuba puis la forêt et l'Alaska avec la neige et le froid. Ce qui nous garantit des variantes de décors, sans lassitude.

Un film de série, un film d'usine, un film chips de saveur moyenne, bien fait, bien interprété, avec des séquences de violence sympathiques ( nous aimerions un peu plus de gore, tant qu'à faire) qui montre que le personnage de Jennifer Lopez est aussi une psychopathe. Les méchants ayant un lien familial avec Lopez, c'est l'autre variante qu'apporte ce film.

Les productions Netflix, en tout cas étasuniennes, commencent à se ressembler beaucoup : séries B de luxe, avec une histoire schématique, une grosse star, des décors grandioses si possibles très verts, de bons et charismatiques acteurs de seconds rôles, un travail de photographie bien aidé par le CGI porn, une musique pléonastique quelquefois trop présente, une chanson ou deux, des éclairs de violences secs et sanguinolents.

Bande-annonce The Mother

Sicilia! (1h06, 1999) de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

Avec Gianni Buscarino, Vittorio Vigneri, Angela Nugara, Carmelo Maddio, Angela Durantini, Simone Nucatola, Ignazio Trombello, Giovanni Interlandi, Giuseppe Bonta.

Ce que nous retenons est la forme : noir et blan (très lumineux - probablement le soleil de Sicile), plans fixes et quelques panoramiques, des acteurs qui déclament un texte (tiré directement du roman initial), format de l'image 4/3, aucune musique, une succession de trois scènes, qui font penser à une déclamation théâtrale.

Cette recherche formelle, sûrement pour servir le texte et les idées, ne nous touche pas. Malgré sa courte durée, le film parait long. Même si la déclamation des acteurs et ce qu'ils disent, ce qu'ils racontent, peut faire sourire, tellement le parti pris de mise en scène est radical au point de tutoyer le ridicule. Intéressant et fatiguant à la fois. Est à réserver pour ceux qui aiment le théâtre.

Sicilia!

samedi 15 juillet 2023

La chair de sa chair (Mother's Day, Dzien Matki, 1h34, 2023) de Mateusz Rakowicz

Avec  Agnieszka Grochowska, Adrian Delikta, Dariusz Chojnacki, Paulina Chrusciel, Pawel Koslik, Arkadiusz Brykalski, Sebastian Dela, Szymon Wróblewski, Konrad Eleryk, Jowita Budnik, Pawel Janyst.

Un succès damné de John Wick, encore, mais en variante polonaise. Où ici une ancienne espionne qui est presque mendiante, se retrouve à sauver son fils, qui a été adopté ,et il ne la connait pas. Nous nous rappelons plus pourquoi ils veulent le tuer, mais nous nous en moquons. Sa mère reprend du service et les tue un par un.

Comme ce canevas dramatique a déjà été vu de multiples fois, ce produit ne s’appréhende que sur ses variantes, voire ses originalités. Celles-ci vont se trouver sur le travail plastique de l'image :  le film possède un fort impact visuel grâce à sa photographie, ses décors et ses costumes et maquillages, le tout influencé par l'esthétique des jeux vidéos.

Le tout se déroule à Varsovie, avec une faune assez déchaînée et des méchants très graphiques et horribles bien sûr. Le tout de déroulant la nuit dans des usines et sous-sols abandonnés avec une photographie très travaillée et des chorégraphies avec des effets visuels ludiques. C'est à la fois horrible et amusant. Avec beaucoup de violence et de combats. Il manque une dimension sexuelle à peine suggérée, et de la subversion.

Encore ici tout est techniquement parfait. L'actrice principale, Agnieszka Grochowska est impressionnante. Les chorégraphies et les décors sont spectaculaires : sous-sols humides et sales, ancienne usine abandonnée. Le film contient au total de belles idées visuelles.

Et la fin ouverte et clin d’œil humoristique, lasse augurer d'une suite. Tant mieux. Un film chips, très croquant, très craquant, que l'on déguste dans l'instant sans regret.

vendredi 14 juillet 2023

Those Who Wish Me Dead (1h40, 2021) de Taylor Sheridan

Avec Angelina Jolie, Finn Little, Jon Bernthal, Aidan Gillen, Nicholas Hoult, Jake Weber, Medina Senghore, Tyler Perry, Boots Southerland, Tory Kittles.

Un trauma à régler, de superbes décors de forêts, qui brûlent de temps en temps, deux tueurs qui poursuivent un petit garçon (la raison nous nous en moquons) pour le tuer, qui se retrouve dans la forêt avec des spécialistes de la survie en montagne et forêt. Notre pompier, Angelina Jolie, pour aider à tirer le petit garçon des griffes de ces vilains tueurs, en fera sa psychothérapie. Entre temps, plusieurs morts, des montagnes incendiées (de belles séquences d'incendies de forêt).

Le schéma des séries B Netflix est exploité à l'os ici. La star, les acteurs de compléments très solides, un déroulement dans la compagne où nous sommes immergés dans la vie des autochtones, un schéma dramatique simple, de superbes décors, du CGI porn pour supporter le spectaculaire. Une bonne série B où le film de survie est mélangé avec le film de tueurs implacables : cela a déjà été vu beaucoup de fois, mais ce petit film de série fonctionne. Il est techniquement bien exécuté, bien interprété et bien photographié. La caractérisation des personnages est efficace, voire simpliste, mais bien écrite.

Ce n'est pas mémorable ni indispensable, c'est prévisible, mais ce n'est pas déshonorant non plus.

Bande-annonce Ceux qui veulent ma mort


vendredi 7 juillet 2023

Creed III (1h56, 2023) de Michael B. Jordan

Avec  Michael B. Jordan, Tessa Thompson, Jonathan Majors, Wood Harris, hylicia Rashad, Mila Davis-Kent, Jose Benavidez Selenis Leyva, Florian Munteanu, Thaddeus J. Mixson.

Creed III reprend le patron de tous les films de la franchise Rocky. C'est toujours la même chose, produit avec les mêmes ingrédients : le passé qui revient à la fois sous la forme d'un ancien copain ou de sa propre histoire vécue, les deux combats avec des fins différentes, les entraînements.

Tout est parfait techniquement et Michael B. Jordan fait du très bon boulot à la fois devant et derrière la caméra.

La bonne idée du film est de faire mourir la mère. Bonne idée, car elle ne servait à rien.

Le combat final très stylisé avec la bascule dans l'irréel pendant une dizaine de rounds et fait une ellipse ; c'est à la fois une bonne idée, car cela permet l'ellipse et d'introduire un état de suspension, mais aussi une petite déception, car cela n'est pas dans les standards de la franchise où bien qu'invraisemblables sur le plan pugilistique, les combats contenaient une progression dramatique, ici un peu réduite : ils sont à égalités puis un arrive à dominer l'autre, sans explication si ce n'est la fatigue.

Ce n'est plus les prolétaires dont la vie est racontée, mais un parvenu et des jeunes probablement délinquants : l'ancrage prolétarien qui sied à la franchise n'est pas présent.

L'utilisation du fils de Drago, ainsi que l’entraînement très campagnard et travaux publics fait partie des poncifs de la franchise.

 Bande-annonce Creed III


jeudi 6 juillet 2023

Duel Sans Merci (The duel at Silver creek, 1h17, 1952) de Don Siegel

Avec Audie Murphy, Faith Domergue, Stephen McNally, Susan Cabot, Gerald Mohr, Eugene Iglesias, James Anderson, Walter Sande, Lee Marvin.

Une bande de bandits qui pillent les concessions d'or : ils se les approprient brutalement si le propriétaire ne veut pas leur vendre. Le Silver Kid, Audie Murphy, va venger  son ami abattu par ces méchants qu'il va retrouver dans la ville du Marshall, Lightning Tyrone, Stephen McNally. Il est un peu naïf, incorruptible, a un faible pour la pernicieuse Opal Lacy, Faith Domergue, et donne des signes de vieillissement sur son aptitude à dégainer le premier. Le Silver Kid et Lightning vont s'associer pour affronter les méchants. Parmis ceux-ci, le perfide Johnny Sombrero (Eugenie Iglesias) ou Tinhorn Burgess (Lee Marvin en débutant). Nous apprécions particulièrement les noms des personnages...

Tout ceci va très vite et est bouclé en 87 minutes par Don Siegel : pas de temps mort, pas de gras inutile, tout va à l'essentiel et pas besoin de périphrase et de schéma détourné pour raconter l'histoire. Un western de série tonique et rythmé qui fait la part belle à Audie Murphy et Stephen McNally. À noter qu'il n'est nullement question de duel à Silver Creek... En l'occurrence il y est question de plusieurs duels putatifs, mais qui n'ont jamais lieu.

Duel sans Merci [Édition Limitée Blu-Ray + DVD]

samedi 1 juillet 2023

Bordertown - Du sang sur les murs (Bordertown: The Mural Murders, 1h47, 2021) de Juuso Syrjä

Avec Ville Virtanen, Anu Sinisalo, Sampo Sarkola, Johan Storgård, Olivia Ainali, Lenita Susi.

Un flic en hôpital psychiatrique est requis pour élucider des meurtres d'un tueur en série. Avec l'utilisation d'un tueur très intelligent déjà en prison qui pourrait donner des indices pour retrouver le tueur en série. Avec l'énigme à résoudre concernant le lien entre les différents meurtres. Les meurtres utilisent beaucoup de sang et sont spectaculaires. Cela rappelle bien sûr Le Silence Des Agneaux (1991) de Jonathan Demme. Il y a référence plus déshonorante. La variante ici est que le flic qui mène l'enquête est un peu fou (au sens médical du terme) et possède un talent pour deviner, très utile pour un scénariste.

Au total le principe du film enquête fonctionne bien avec ses différents rebondissements. La seule déception est la révélation du tueur, qui s'avère n'être aucun des personnages précédemment rencontrés au cours de l'histoire. En général, il y a un travail préparatoire qui fait que le coupable, est un personnage déjà vu, ou croisé dans la dramaturgie qui a précédé. Ce n'est pas le cas ici.

Ce qui fait que le film repose beaucoup sur le canevas dramatique de l'enquête, ses sous-intrigues et la compréhension de l'intrigue que soumet le tueur en série. Au total, originalité zéro, mais efficacité correcte. Le film bénéficie d'une bonne distribution, Ville Virtanen en tête, qui est l'intérêt principal du film.

 Bordertown : Du sang sur les murs

lundi 26 juin 2023

Ambulance (2h16, 2022) de Michael Bay

Avec Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II, Eiza González, Garret Dillahunt, Keir O'Donnell, Jackson White, Olivia Stambouliah, Moses Ingram, Colin Woodell, Cedric Sanders, A Martinez, Jesse Garcia.

Avec cette course poursuite perpétuelle, pendant les deux heures du film, nous avons des séquences supportées par un arrière-plan où nos personnages sont motivés par le gain de l'argent ; un parce qu'il est un gangster et aime cela, l'autre pour aider sa femme à se faire soigner. Cela constitue un petit arrière-plan social qui montre qu'il faut de l'argent pour se faire soigner ; mais il y a aussi le traitement de Yahya Abdul-Mateen II par la police à la toute fin une fois l'ambulance stoppée. Serait-ce le film de Michael Bay avec le plus de substance, ou le plus en lien avec une réalité sociale ?

Cet arrière-plan tragique est supporté, emballé, dans une poursuite perpétuelle où de multiples véhicules volent en éclats, se percutent et s'encastrent les uns dans les autres. C'est une vraie symphonie pour tôles froissées (le CGI porn n'est pas criard).

La direction d'acteur fonctionne, comme toujours chez Michal Bay, mélangée à des séquences d'action impressionnantes, pour produire un ensemble spectaculaire. Avec de plus beaucoup de personnages secondaires, peints et interprétés avec efficacité et dont nous nous souvenons facilement. Le personnage de Jake Gyllenhaal garde son mystère. La fin de l'histoire reste quand même prévisible, même si la multitude de péripéties ne fait pas languir le spectateur.

Ambulance [Blu-Ray]

jeudi 22 juin 2023

AK vs AK (1h48, 2020) de Vikramaditya Motwane

Avec Anil Kapoor, Anurag Kashyap, Sonam Kapoor, Harshvardhan Kapoor, Boney Kapoor, Yogita Bihani, Nawazuddin Siddiqui, Sucharita Tyagi.

Voilà un film qui sort des schémas usuels. La fille d'Anil Kapoor est kidnappée par un réalisateur pour l'obliger à tourner dans son film. Film qui est un reportage, un documenteur, que nous suivons. Anil Kapoor jouant son propre rôle, et Anurag Kashvan, le réalisateur, jouant son propre rôle. Avec un prologue où tous les deux sont sur un plateau de télévision où Anurag Kashvan traite Anil Kapoor d'acteur du passé, et Anil Kapoor se moquant des films d'Anurag Kashvan et de leur manque de succès.

S'ensuit donc un film qui se déroule devant nos yeux où Anil Kapoor doit retrouver sa fille avant l'aube, sinon elle est exécutée. Le metteur en scène Anurag Kashvan filmant Anil dans sa quête pour retrouver sa fille.

Ce point de départ loufoque et inventif gagne encore plus en intérêt quand l'histoire ne se déroule plus comme le scénario écrit par Anurag Kashvan. La grande force du film est l'imprévisibilité de ce qui va arriver, ce qui est démultiplié lorsque le scénario est changé sans l'avis du metteur en scène.

Un film étonnant et fou, hymne à Anil Kapoor, avec l'aide d'Anurag Kashvan. Pour comprendre ce qui se trame : c'est comme si Martin Scorcese kidnappait la fille de Leonardo Di Caprio et l’obligeait à la retrouver la nuit dans New York, avec une caméra qui le suit pendant son enquête. Le film est, nous imaginons, parfaitement écrit, mais le traitement en caméra sur le vif amène le spectateur à oublier et suivre comme si cela était vrai.

Une curiosité.

AK vs AK (2020) - IMDb

 

 

dimanche 18 juin 2023

Hombre (1h51, 1961) de Martin Ritt

Avec Paul Newman, Fredric March, Richard Boone, Diane Cilento, Cameron Mitchell, Barbara Rush, Peter Lazer, Margaret Blye, Martin Balsam, Skip Ward.

Un film très long : beaucoup de plans (par ailleurs très beaux avec James Wong Howe à la photographie, mais aussi avec de beaux paysages) pourraient être coupés plus tôt. Il contient 30 minutes de trop : son scénario de série B pourrait donner un film de 80 minutes, ce serait largement suffisant.

Le film ne suscite aucune empathie : le personnage de Paul Newman est antipathique, et son interprétation mutique permanente avec la mâchoire serrée et les yeux plissés parait ridicule. Le méchant est simplement méchant. Tous les personnages sont plus ou moins antipathiques : ce doit être un choix délibéré de Martin Ritt, nous comprenons bien.

La progression est lente et nous nous moquons de ce qui peut arriver aux personnages, que ce soit les otages, les fuyards, les poursuivants ; ils nous sont tous indifférents.

Il est criard qu'un scénario de série B comme celui-là aurait nécessité un metteur en scène qui traite cela avec nervosité et énergie, et pas de manière languissante comme c'est le cas. Un film qui manque cruellement de nerf, qui ennuie et qui endort. À la limite, un tel sujet traité à la manière d'un Sergio Leone aurait été plus intéressant : les exagérations de cadrage et montage auraient donné du piquant ou du brio et auraient masqué la mollesse.

Hombre