samedi 18 janvier 2020

Mortal Engines (2018) de Christian Rivers

Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving, Jihae, Ronan Raftery, Leila George, Patrick Malahide, Stephen Lang.
Bande-annonce Mortal Engines
Intéressante tentative de renouveler le CGI porn et de le faire sortir des horreurs commises en son nom (les hommes en collant de Marvel et compagnie, la guerre des étoiles pour les bébés - Star Wars - ou les Transformers - liste non exhaustive, sans parler des Peter Jackson -).
Un univers futuriste dystopique (évidemment) qui permet un mélange de steampunk, de gothique, de film d'horreur. Nous y retrouvons la noirceur et la saleté qu'affectionne Peter Jackson.
La direction d'acteur n'est pas subtile. Hugo Weaving est très bon, mais son personnage est creux et l'acteur manifestement surqualifié. Nos deux héros principaux sont bien incarnés: Hera Hilmar et Robert Sheehan sont très bons et leur alchimie fonctionne, c'est un point fort pour le film.
Le personnage du robot Shrike (avec la voix de Stephen Lang), bien que surprenant lorsqu'il apparait, arrive à être humain lors de la scène de sa mort et lors du flashback où nous est montré quelle a été sa relation avec la petite fille: nous y retrouvons un univers détraqué avec de l'émotion typique de Peter Jackson.
Que manque-t-il au film?  Un peu plus de lisibilité dans l'histoire: il y a des villes qui se déplacent, et qui mangent de plus petites villes. Il y a des villes montgolfières. Et il y a un mur avec une autre civilisation (visiblement indochinoise, un peu ridicule à la fin - probablement mis là pour le public asiatique) qui apparait dans un dernier tiers. Un peu plus de lumières: le film est très sombre, littéralement.
Le film contient de bonnes idées. Mais le montage de deux heures est pour le coup, pour une fois, peut être un peu court: beaucoup de choses sont effleurées ou arrivent sans préparation et il est évident que cet univers est conçu comme une nouvelle franchise et une infinité de développements possibles (suites, spin-off).
À noter que la musique de Junkie XL est très peu inspirée, voire casse les oreilles (ou mal utilisée dans le mixage son).

Alita: Battle Angel (2019) de Robert Rodriguez

Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Keean Johnson, Jeff Fahey, Leonard Wu, Casper Van Dien, Ed Skrein.

Bande-annonce Alita : Battle AngelUn classique instantané, qui montre que le CGI porn peut avoir de la substance (confère les contre-exemples: franchise Star Wars et franchise Marvel). Ici nous apprécions le mélange d'une multitude de choses déjà vues ailleurs: des cyborgs, une dystopie, des robots et des jeux du cirque, des éléments gothiques qui rappellent les ruelles de Londres et Jack Éventreur, des chasseurs de primes, un monde d'en haut et un monde d'en bas. Mais le tout lié par un bon scénario où le personnage principal devient vite attachant, accompagné par des personnages tout aussi intéressants: Christoph Waltz en Docteur Frankenstein du futur (dans sa meilleure interprétation), par exemple.
Tout cela est montré avec une utilisation des images numériques qui sert le sujet, le film et la dramaturgie.
C'est lorsque l'on met tout cela ensemble que la saveur unique du film résulte. Le film contient la pâte de James Cameron avec son héroïne sexuée ou la séquence sous l'eau, mais aussi les apports du cinéma d'horreurs (avec quelques éléments de gore) que nous avons déjà vu chez Robert Rodriguez. Ce qui donne un mélange plus que sympathique.
Ajoutons à cela des séquences de bravoure spectaculaires, pour donner un blockbuster (qui n'en a pas été un: le film est un bide commercial en salle) au-dessus de la moyenne pour toutes les raisons que nous venons d'évoquer.
Par ailleurs: l'échec commercial était prévisible; Jennifer Connelly (sublime, comme à chaque fois) est dans la distribution (elle n'a tourné que dans des bides commerciaux, malheureusement). Sa présence dans une distribution est une garantie d'échec commercial. Ajoutons à cela un film par moments assez sombre, et des scènes de gore numérique (la scène où le chasseur de prime se fait couper le visage par Alita est tragi-comique), un chien tué. Cela fait beaucoup de choses négatives pour une frange du grand public.

La Mule (The Mule, 2018) de Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Bradley Cooper, Laurence Fishburne, Michael Peña, Dianne Wiest, Alison Eastwood, Andy Garcia , Cesar De León, Gustavo Muñoz.
La mule Poster
Un film simple et élégiaque pour cette livraison qui est du Clint Eastwood total, bréviaire de ses thématiques. Film qui lui permet de trainer son physique (sa carcasse avons nous envie de dire, vu son âge) en concordance avec le personnage principal, cette mule qui transporte incognito de la drogue pour un cartel mexicain.
C'est une forme classique, épurée, académique, qui supporte un scénario basé sur une histoire vraie étonnante. Appuyé par une distribution très solide autour de Clint Eastwood. C'est encore un héros solitaire qui n'en fait qu'à sa tête, comme dans L'Homme Des Hautes Plaines (1973) et beaucoup d'autres films de Clint Eastwood. Il est, comme souvent chez Eastwood, question de paternité (thème apparaissant dans une multitude de ses films). Nous pouvons aussi noter que le film accorde une place importante au patriotisme et aux vétérans des guerres. Thématique (l'armée, le soldat) présente dans beaucoup de films de Clint Eastwood même si ce n'est pas le sujet principal (mais le sujet prétexte).
Cette livrée de Clint Eastwood est un film fluide, apaisé, qui coule tout seul, sans élément extraordinaire, mais qui produit en résultante un film passionnant (comment va-t-il se sortir de tous ces conflits) sans être surprenant: le personnage d'Eastwood qui fait encore un solitaire à côté de la plaque, ainsi que la conclusion de l'arc dramatique qui est prévisible, mais pas exactement comme nous l'imaginions.

Les Frères Sisters (2018) de Jacques Audiard

Avcc John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed, Rebecca Root, Allison Tolman, Rutger Hauer, Carol Kane.

Bande-annonce Les Frères SistersTrès bonne surprise que ce drame westernien. Jacques Audiard adapte une bonne histoire. Et si l'univers du western est ici conforme à ses codes, l'histoire et le scénario gèrent parfaitement les multiples lignes dramatiques: la relation entre les deux frères, leur relation avec leur employeur, la relation entre l'enquêteur et le chimiste, leurs relations à quatre, puis la conclusion. Toute la distribution est impeccable. John C. Reilly, domine néanmoins l'ensemble de la distribution, grâce à son personnage, le plus riche, et à sa présence: c'est le personnage principal.
Le scénario est suffisamment habile pour empêcher de deviner comment évolue l'histoire et ce qui nous attend à la scène suivante. Et les circonvolutions arrivent même à surprendre tout en maintenant toujours l'intérêt.
Très bon travail de direction d'acteur où chacun des acteurs, à tour de rôle, dispose de scènes explicatives, de moment de bravoures et des moments d'émotions. C'est un western d'émotions. La science du drame de Jacques Audiard s'adapte parfaitement à cet univers. Il y apporte une densité des personnages et des enjeux dramatiques, tout en respectant les clichés du genre. L'épure du western est faite pour l'art de Jacques Audiard.

Happy End (2017) de Michael Hanneke

Avec Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Fantine Harduin, Franz Rogowski, Laura Verlinden, Aurélia Petit, Toby Jones.

Bande-annonce Happy EndQue dire devant un tel film? De grands acteurs sont aux services d'une histoire qui nous intéresse peu, voire aucunement. Si ce n'est que la représentation d'une famille de bourgeois avec leurs turpides est toujours sympathique, et nous sommes heureux de leurs souffrances et souhaitons un suicide collectif (ce n'est malheureusement qu'un seul des personnages qui tente vainement de se suicider). Il y a bien une histoire avec une progression dramatique, qui ne nous touche pas et qui n'a aucune hystérésis. Un scénario vide en quelque sorte.
Le film manque d'horreurs psychologiques et laisse un sentiment d'inachevé, d'un refus d'aller jusqu'au bout. Le film laisse un sentiment de manque. C'est d'ailleurs une des caractéristiques des personnages: leur manque de sentiment. Personnages néanmoins bien interprétés par cette distribution.
Mais qu'est-ce qui différencie ce film avec un téléfilm, si ce n'est sa distribution haut de gamme? Et encore, certains téléfilms développent une complexité supérieure. Le sujet aurait pu être très bien pour une série télévisée.
Nous soupçonnons Michael Hanneke d'être un grand ironique et d'avoir fait un film à l'image de son affiche: vide.