lundi 1 novembre 2021

V (2h20, 2020) de Mohana Krishna Indraganti

Avec Nani, Sudheer Babu Posani, Nivetha Thomas, Aditi Rao Hydari, Tanikella Bharani.

Dans cette production énorme, Mohana Krishna Indraganti (scénario et mise en scène) réuni deux stars du cinéma télougou (c'est une production de Tollywood, le cinéma de l'Andhra Pradesh): Nani, dans le rôle d'un tueur en série, et Sudheer Babu Posani, dans le rôle du héros, du gentil, policier star (lors de sa première apparition, il se trouve torse nu au bout de vingt secondes). Avec un canevas riche: un tueur en série provoque le flic star en lui annonçant par des indices à l'avance qui sera sa prochaine victime tout en le mettant au défi de le stopper. Il y a donc une enquête pour comprendre le lien entre les victimes, et la recherche du tueur. Le flic est aidé par une apprentie écrivaine qui en pince pour lui (le film contient des éléments de comédie romantique dans sa première moitié, avec Nivetha Thomas pour de jolies scènes). L'enquête permettra d'identifier le tueur, et rechercher dans son passé et de comprendre pourquoi il fait cela. Cet ensemble est conduit avec un arrière-plan d'émeutes, de défense des femmes (avec la délicieuse Aditi Rao Hydari) où il y est question de viols, d'abus sexuels sur mineures et de meurtres),et de corruptions (sujet récurrent de l'ensemble du continent indien visiblement).

Le film mélange du gore (les meurtres du tueur), des séquences d'action (violentes, à base de combats avec armes à feu et d'armes blanches, extrêmement spectaculaires avec une science consommée du montage), et trois moments chantés et chorégraphiés (montages séquences très orientés romantismes).

Cet ensemble d'une richesse inouïe au regard des films étasuniens (qui sont dorénavant monolithiques avec un seul but en tête) fonctionne parfaitement et devient jubilatoire sur la durée: dans le dernier tiers puis le dernier quart, les rebondissements et révélations relancent bien le film.

Sur la forme, il y a toujours beaucoup de dialogues explicatifs ou récapitulatifs à destination du spectateur, ainsi que des retours en arrière explicatifs, qui peuvent paraitre lourds, mais qui peuvent être vus comme des transitoires (entre les meurtres, entre les séquences d'action).

Le titre n'est pas mystérieux: c'est l'initiale du personnage de Nani, Vishnu, le tueur en série, qui est en fait le personnage principal du film (la deuxième moitié du film lui est consacrée)

Twitterati reacts excitedly to the movie 'V' starring Nani and Sudheer Babu  | NewsTrack English 1V (Telugu)

War (2h34, 2019) de Siddharth Anand

Avec Hrithik Roshan, Tiger Shroff, Vaani Kapoor, Nithish, Ashutosh Rana, Anupriya Goenka, Yash Raaj Singh, Mashhoor Amrohi, Sanjeev Vatsa, Dipannita Sharma.

Film Bollywood, un vrai.

La première curiosité est que Siddharth Anand est en train de préparer un remake de Rambo avec Tiger Shroff (une superbe affiche circule déjà sur internet). Ce qui présage un film d'action spectaculaire, invraisemblable et violent. Ce qu'est War.

Ce War est un véhicule pour les deux stars masculines, Hrithik Roshan le "vieux" routier, très versatile dans ses personnages, et Tiger Shroff, le "jeune" qui monte, qui joue à la foi des gentils et des méchants. L'affiche originale indique au-dessus du titre "Hrithik versus Tiger": c'est le sujet du film, ils se poursuivent et s'affrontent pendant tout le film, mais jamais pour les mêmes raisons.

En l'occurrence dans ce War au début le méchant est Hrithik et le gentil est Tiger, puis à un moment donné, cela bascule et le gentil, ou plutôt le héros, est Hrithik et le méchant est Tiger, pour une raison complètement invraisemblable.

Mais la vraisemblance n'est pas une préoccupation ici. Ce qui permet au film de fournir des séquences d'actions époustouflantes et inutiles et pour certaines d'anthologie, notamment celle avec l'avion militaire ou le corps à corps dans l'église en rénovation. Ils font des choses que même Tom Cruise ou James Bond ne seraient pas capables de faire dans leurs franchises respectives (Mission: impossible, James Bond).

Ce War est d'ailleurs un film espionnage avec des méchants terroristes (musulmans bien sûr) qui en veulent à l'Inde (il faut reconnaitre que nous nous en moquons). Le film contient son lot standard d'élément patriotique pro-Inde.

La narration utilise beaucoup des dialogues pour récapituler les situations, donner des explications de manière à ce que le spectateur comprenne bien. Mine de rien, cela sert, car l'histoire est une succession de rebondissements.

Les deux acteurs bellâtres ont une rigolote tendance à vite montrer leurs muscles et se retrouver torse nu. Amusant aussi, est de considérer leur relation sous l'angle homosexuel, atténué par le fait que Hritik Roshan a une fiancée (la superbe Vaani Kapoor), qui est assez vite éliminée par le méchant (au cas où il manquât de motivation). Mais l'obsession qu'ils représentent l'un pour l'autre est pour le moins ambiguë.

À noter les plans fulgurants et trop courts de la sublime Anupriya Goenka dans le rôle de la policière ou agente secrète qui aide Hrithik Roshan, mais n'est pas un love interest pour lui ni pour Tiger Shroff d'ailleurs.

Nous pourrions nous demander pourquoi les franchises étatsuniennes exsangues (Misison: impossible, James Bond, Fast&Furious) ne sont pas confiées à Bollywood ou Tollywood. Cela leur donnerait un nouveau souffle, une dimension manquante actuellement, et les sortirait de leur routine.

 https://m.media-amazon.com/images/I/912W-lJ1+YL._AC_UY218_.jpgWar (2019 film) - Wikipedia

Le Serpent (2021, 8x58 min) de Hans Herbots et Tom Shankland

Avec Tahar Rahim, Billy Howle, Jenna Coleman, Ellie Bamber, Mathilde Warnier, Grégoire Isvarine, Tim McInnerny, Amesh Edireweera, Apasiri Kulthanan, William Brand, Chotika Sintuboonkul, Kenneth Won, Adam Rothenberg, Fabien Frankel, Ilker Kaleli, Chicha Amatayakul, Ellie de Lange, Armand Rosbak, Sahajak Boonthanakit, Stacy Martin.

Le serpent est un français qui tua des hippies à Bangkok dans les années soixante-dix pour leur voler leur passeport et leur argent, pour pouvoir réaliser sont trafic de pierres précieuses.

L'alibi de l'événement historique et de la vérité de ce qu'il s'est déroulé pour rendre cette histoire intéressante est un biais qui la prédispose bien à être racontée pendant 10 épisodes de 50 minutes.

Ce qui gêne un petit peu sur la durée de cette série télévisée c'est le fait que notre tueur en série en chef rencontre que des gogos qu'il arrive arnaquer via des empoisonnements pour leur piquer leur argent ou leur passeport c'est-à-dire qu'il ne rencontre jamais de personne pour lesquelles ça ne marche pas, qui ne se laissent pas avoir. Nous imaginons que dans la réalité cela a été le cas et qu’il n'a pas croisé que des crétins stupides prêts à tomber dans ses griffes. 

Un autre élément perturbateur qui empêche d'adhérer pleinement au film est le personnage de la fiancée canadienne de notre tueur en série qui est d'une bêtise, d'une stupidité, d'une naïveté insondables. Nous ne comprenons jamais pourquoi elle est aussi bête (peut-être avait-elle un handicap). Il semblerait qu'elle ait eu véritablement le QI d'une huître quand on voit tout ce qu'elle fait.

Hormis ces deux limites, le film est plutôt intéressant et passionnant avec ce travail d'enquête mené par ce diplomate hollandais qui a l'empathie du spectateur. Il permet de suivre les pérégrinations jusqu'au bout de ce personnage parfaitement interprété par Tahar Rahim qui n'est pas vraiment mystérieux, qui n'est pas charmant, mais qui est en permanence calculateur, qui a une emprise sur les personnes qui l'entourent, et qui arrive à faire peur.

Espérons que ce film ne type castera sera pas Tahar Rahim dans des rôles de méchants pour le cinéma anglo-saxon.
Sinon le produit mini série est parfait dans son genre avec reconstitution, avec acteurs polyglottes, exotisme, horreurs, pour composer donc un ensemble de 8 épisodes qui tiennent le coup.
https://fr.web.img3.acsta.net/c_310_420/pictures/21/03/04/16/06/5540747.jpg

Inglorious Basterds (2h33, 2009) de Quentin Tarantino

Avec Brad Pitt,  Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Diane Kruger, Daniel Brühl, Til Schweiger, Gedeon Burkhard, Jacky Ido, B.J. Novak, Denis Ménochet, August Diehl.

Avec ce film Quentin Tarantino démontre encore une fois son grand talent et son grand sens de l'écriture.

Au service d'une histoire fictive où il arrive a tuer Hitler et un ensemble de hauts dignitaires nazis, ce qui est plutôt sympathique, mais purement uchronique.
Pour faire cela, un commando est monté avec à leur tête Brad Pitt (ridicule avec son accent que même Meryl Streep n'oserait pas), qui souhaite détruire le plus de nazis possible. Ce sont ceux du titre bien sûr, mais qui en fait sont faiblement incarnés et même uniquement par Brad Pitt, les autres acteurs sont sans charisme, sans empreintes mémorielles, inexistants. Défaut important du film: les inglorious basterds du titre n'existent pas.
Nous comprenons quand même que le film n'est pas justement sur ce groupe de tueurs, mais sur les histoires parallèles qui vont conduire plusieurs personnages à se rejoindre pour tuer des dignitaires nazis, dont Hitler. 
Donc gros défaut de distribution sur ce groupe de tueurs qui ne nous intéresse pas. Ce qui fait que nous ne voyons que Brad Pitt et Til Schweider qui bénéficient des seuls personnages incarnés.

Le film par contre dispose de deux belles performances, plutôt subtiles. Celle de Christoph Waltz et celle de Michael Fassbender. Tous deux brillants et disposant d'un ensemble de dialogues et de scènes où l'on voit très bien le scénariste jubiler devant son clavier lorsqu’il qui les a écrits.

Nous connaissons le gout et le talent de distribution de Quentin Tarentino pour les belles actrices; nous sommes servis ici avec Mélanie Laurent et Dianne Kruger, mais elles sont trop peu présentes à l'image, malheureusement.

Au total nous avons donc un film brillant sur la forme et qui dénote une maîtrise totale, mais qui ne produit aucune empathie pour aucun des personnages et qui donne un sentiment d'être vide voir inexistant.
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Kabadadaari (2h26, 2021) de Pradeep Krishnamoorthy

Avec Sibiraj (Sibi Sathyaraj), Nandita Shwetha, Nassar, V. Jayaprakash, Suman Ranganath, Sampath Maitreya, Pradeep Krishnamoorthy, J. Satishkumar.

Ce film est une production tamoule c'est-à-dire un film de Kollywood. Film policier avec enquête pour élucider un meurtre commis il y a bien des années. Le titre signifie "hypocrite" en tamoul.

Un policier qui fait la circulation (qui n'a pas d'arme, comme il le fait remarquer), et qui aimerait être muté dans un service où il ferait des enquêtes (un vrai policier quoi) enquête de sa propre initiative avec l'aide d'un journaliste puis d'un policier à la retraite sur un meurtre perpétré 30 années auparavant.
Le film en profite pour dénoncer la corruption politique.
C'est Sibirai qui interprète le policier, un peu gauche et timide, qui provoque l'empathie du spectateur. L'enquête et les ramifications sont complexes, ce qui permet de garder l'intérêt sur la durée très longue du film. Ce n'est pas de la comédie, mais son personnage est bien écrit, car il mène l'enquête sans être un enquêteur chevronné.
La durée du film et le scénario permettent de multiplier les sous-intrigues avec un journaliste et un flic à la retraite qui aident de notre policier dans son enquête. La forme de la narration est par moment extrêmement lourde et explique de manière ostentatoire (voix off, dialogues explicatifs entre personnages) pour que le spectateur comprenne bien où en est l'histoire et où notre policer en est de son enquête et où est-ce qu'il va aller pour la suite.
Cela donc peut paraître un peu poussif et lourd, mais néanmoins le film maintient le rythme et l’intérêt sur la durée.
Le film possède une coloration et une utilisation des décors réels qui rend film visuellement intéressant.
Les séquences chantées passent très bien: elles font un bilan de l'état d'esprit du personnage au moment où elles apparaissent.
KabadadaariKabadadaari (2021) - IMDb

Chasse A L'Homme (Hard Target, 1h37, 1993) de John Woo

Avec Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Arnold Vosloo, Yancy Butler, Chuck Pfarrer, Robert Apisa, Kasi Lemmons, Sven-Ole Thorsen.

Cette série B a le mérite de montrer des décors et des personnes nécessiteuses, qui sont exploités par des riches déviants (Lance Heriksen et Arnold Vosloo). Exploités à travers le fait qu'ils sont le gibier de gens fortunés qui sont chasseurs et qui doivent les tuer sinon le gibier gagne une grosse somme d'argent. Les érudits reconnaitront Les Chasses du Comte Zaroff (1932, Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack) soit le jeu le plus dangereux.

Via une succession d'éléments qui nous importent peu, Jean-Claude Van Damme (très bon) se retrouve être le gibier. Erreur fatale bien sûr. Le film est constitué de deux parties: la caractérisation des personnages, la présentation du concept, puis une deuxième partie où Jean-Claude Van Damme est le gibier pour culminer avec des séquences d'actions.

Le film est violent, spectaculaire, et va à l'essentiel, même si John Woo essaie de donner un peu de substance à ses personnages avec un arrière-plan pour chacun d'eux.

La grande qualité du film est l'exploitation et l'utilisation des décors: la ville (La Nouvelle-Orléans), les paysages de la Louisiane, l'usine et les chars de carnaval à la fin.

Chasse à l'homme

Judo (Throw Down, 1h35, 2004) de Johnnie To

Avec Louis Koo, Aaron Kwok, Cherrie Ying, Tony Ka Fai Leung, Eddie Cheung, Jordan Chan, Hoi-Pang Lo, Calvin Choi, Jack Kao, Albert Au, Fan Yeung.

Encore un film sublime pour Johnnie To, dont la narration et la progression de l'histoire sont exclusivement basées sur le comportement des personnages et pas sur les dialogues ou les choses énoncées par des mots. C'est-à-dire exclusivement sur la mise en scène de chacune des scènes et sur les mouvements des personnages. Un film magique.

Le film suit un trio de personnages, d'abord seuls, puis ensemble: ce sont leurs interactions qui vont faire évoluer l'histoire jusqu'à la résolution finale. Le spectateur n'en sait jamais plus que les personnages et ne comprend pas ou découvre leur motivation en cours de route, pas petites touches. Ce qui fait qu'il est impossible de deviner la suite. Et qui rend le film captivant jusqu'à sa résolution. Mais aussi grâce à la mise en scène de chaque séquence où Johnnie To utilise de manière brillante les rues de Hong Kong.
Résolution d'ailleurs qui n'a pas vraiment de signification, car il ne se passe pas grand-chose dans ce film, mais il arrive quand même à faire captiver le spectateur. Des éléments d'émotions arrivent régulièrement et affleure en surface même si motivations des personnages nous indiffère (l'une cherche un travail de chanteuse, l'autre veut affronter les grands maîtres de Judo). Et ceci par leurs interactions: sans musique ou dialogue insistant.
La photographie adore les décors de nuit et adore filmer la ville de Hong Kong. La ville et ses rues sont presque un quatrième personnage.
Le judo du  titre correspond à un arc dramatique qui motive un des trois personnages principaux. C'est un prétexte qui importe peu et n'empêche pas le film le contenir des éléments beauté pure.
Le film se veut un hommage à Akira Kurosawa que Johnnie To admire. Du très grand art.
 Judo (Throw Down)

La Vallée De La Peur (Pursued, 1h41, 1947) de Raoul Walsh

Avec Teresa Wright, Robert Mitchum, Judith Anderson, Dean Jagger, Alan Hale, John Rodney, Harry Carey Jr., Clifton Young, Ernest Severn.

Dans le genre western, nous avons ici un film psychologique. Avec le personnage de Robert Mitchum qui a vécu des scènes traumatisantes dans son enfance, qui reviennent par flashs, sans qu'il comprenne d'où elles viennent. Puis cela reviendra progressivement bien sûr. Il apparaîtra que sa famille a été massacrée et qu'il a été recueilli par une autre famille lier ou massacreur.

Robert Mitchum incarne ce personnage dont le parcours est sinueux, personnage principal, car ses soucis psychologiques n'en font pas un personnage très sympathique, mais le spectateur comprend qu'il a vécu quelque chose de traumatisant.
Ce western psychologique est très bien écrit et rondement mené. Un élément important est la photographie du film, en noir et blanc des images où plutôt le noir domine, mais aussi le blanc, sans trop de gris. Que ce soit en extérieur de jour ou en intérieur. Et avec d'ailleurs beaucoup de scènes qui donnent l'impression de se dérouler ni de nuit ni le jour dans un entre-deux comme si nous étions dans l'esprit du personnage de Robert Mitchum en permanence entre deux navires entre son cerveau enfant et son cerveau d'adulte qui n'a pas encore compris ce qui s'est passé où il se trouve où il va aller.
 La Vallée de la Peur

L'Escadron Noir (Dark Command, 1h34, 1940) de Raoul Walsh

Avec Claire Trevor, John Wayne, Walter Pidgeon, Roy Rogers, George 'Gabby' Hayes, Porter Hall, Marjorie Main, Raymond Walburn, Joe Sawyer, J. Farrell MacDonald, Helen MacKellar, Trevor Bardette.

Cette superproduction Républic bénéficie d'un scénario riche pour compter l'histoire du Texas ou des éléments de cette histoire avant et au début de la guerre de Sécession.

Le film est riche en péripéties, riche en arcs dramatiques, riche en personnages, bien découpés pour potentialiser les antagonismes entre les différents personnages. 
Avec John Wayne qui arrive du Texas qui devient shérif et qui est sensible aux charmes de Claire Trevor. Avec Walter Pidgeon (Will Cantrell) qui fait le méchant, qui est d'abord instituteur et qui lorgne sur Claire Trevor, que John Wayne lui pique, puis est candidat pour devenir Sheriff, mais c'est John Wayne qui est élu, puis devient ensuite le commandant d'une milice qui va ravager et piller le Texas tout en se faisant passer pour l'armée des confédérés. Tout cela est librement inspiré de la réalité, mais permet de composer une histoire qui tient la route. Avec ce qu'il faut de séquence d'actions de fusillades et de poursuites très réussies.Le tout pour conter une histoire sombre, car la milice pillait, tuait et volait.
Le film contient une énergie et une dynamique (le tout en 90 minutes) que l'on va associer au réalisateur Raoul Walsh qui arrive à faire oublier la musique sirupeuse qui est tartinée de partout comme beaucoup de films de cette époque.
L'Escadron Noir

Porte de Chine (China Gate, 1h37, 1957) de Samuel Fuller

Avec Gene Barry,  Angie Dickinson, Nat 'King' Cole, Paul Dubov, Lee Van Cleef, George Givot, Gerald Milton, Neyle Morrow, Marcel Dalio, Maurice Marsac, Warren Hsieh, Paul Busch.

Le film contient de superbes décors de guerre avec des bâtiments et des bouts de rues complètement détruites. L'autre partie des décors sont des décors de jungle construits dans un studio où se déroulera le film dans la nuit.

L'intérêt du film est de montrer la guerre en Indochine conduite par les Français. Car il s'agit ici d'un commando de l'armée française avec un américain qui vont tenter de détruire un dépôt d'armes pour éviter que les parties françaises de l'Indochine soient bombardées par les communistes.
Ce prétexte permet à Samuel Fuller de construire un film de guerre efficace, mais aussi de parler de sujets comme le racisme et les problèmes psychologiques liés à la guerre.
Samuel Fuller ne montre pas de héros, car aucun des personnages n'en est un, si ce n'est peut-être celui d'Angie Dickinson qui interprète une Indochinoise qui a eu un enfant avec un américain. Elle aide le commando à se diriger dans la jungle jusqu'au village communiste qui héberge les armes.
Une des curiosités du film est Lee Van Cleef dans un rôle très court qui interprète le chef communiste des Indochinois. Curiosité, car c'est un personnage avec des dialogues (sa filmographie l'a souvent utilisé dans des rôles peu loquaces).
Sinon le système Samuel Fuller fonctionne pleinement: un mélange de bric et de broc, de plans de studio, de plans en décors réels, de stock-shots documentaires, montés ensemble; ou alors des dialogues ampoulés par moment, mais qui sont efficaces. Et une direction d'acteur plutôt efficace qui fait que chacun des personnages à sa fonction. Le tout fonctionne plutôt bien et reste captivant jusqu'au bout. Évidemment un des messages du film est aussi de montrer l'horreur, les bêtises et l'absurdité de la guerre.
C'est-à-dire que nous ne sommes pas dans la subtilité, les messages de Samuel Fuller sont bien enfoncés de manière bien insistante pour que le spectateur les capte le bien.
Au total le film reste très intéressant, car mine de rien il y a très peu de films qui parlent des soldats français pendant la guerre d'Indochine !
 
China Gate

Blue Velvet (1986, 2h) de David Lynch

Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Dean Stockwell, George Dickerson, Priscilla Pointer, Frances Bay, Brad Dourif, Jack Nance.

La geste artistique de David Lynch pour ce film consiste à montrer comment l'Amérique bien blanche bien-pensante bien propre cache ou masque un certain nombre d'éléments sombres sous-jacents à travers le personnage de Kyle MacLachlan qui en est fasciné, qui est attiré par ce versant déviant, mais aussi au travers du personnage de Laura Dern qui est aussi fasciné par des choses un petit peu cachées (et par Kyle MackLacklan lui-même). David Lynch résume cela avec son plan au début en zoomant dans l'herbe pour arriver à des insectes qui grouillent dans le sol. Ce n'est pas subtil. Et annonce ce qui suit.

C'est pour cela que nous avons de beaux plans et de belles photos de certaines maisons dans des rues verdoyantes, de belles voitures américaines. Et puis lorsque nous allons derrière dans le pré abandonné ou dans la nuit dans certains immeubles nous avons des éléments plus perturbateurs et très inhabituels dans des films étatsuniens: une oreille qui traine, le personnage d'Isabella Rossellini, le personnage de Dennis Hopper, Dean Stockwell et la troupe autour de lui.
Et donc dans ces éléments perturbateurs il y a de Dennis Hopper et tous ses acolytes qui composent des personnages outranciers,  mais que nous sentons à la limite de l'explosion sentimentale et de l’explosion de violence notamment à travers les larmes qui arrivent à leurs yeux de ses personnages lorsqu'il écoute certaines chansons (séquence démente et la plus intéressante du film). Les personnages en sont presque émouvants.
Dans les éléments qui marquent bien le film et contribuent intensément à son climat, nous avons la décoration et la musique, mais aussi les bruitages qui jouent un rôle clé dans l'atmosphère du film.
 
Le montage et les décours jouent les contrastes avec le côté blanc, lumineux d'un côté,  et le versant sombre, noir de l'autre (voir la décoration de l'appartement d'Isabella Rossellini). Nous apprécions aussi la nudité frontale qui est plutôt rare dans une production étasunienne avec à la fois Isabella Rossellini et Kyle MacLachlan qui ont des scènes de nu.
Évidemment la morale du film est un peu simple et nous montre qu’il y a un envers du décor. Ici l'envers du décor de la ville propre et de la bien-pensance américaine. Avec un exemple de plan où l'on voit un pompier et son camion, alors qu'on vient de voir un ensemble de choses plutôt horribles.

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