lundi 26 décembre 2022

Le Justicier De Minuit (10 To Midnight, 1h41, 1983) de J. Lee Thompson

Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Wilford Brimley, Geoffrey Lewis, Robert F. Lyons, Bert Williams, Iva Lane, Ola Ray.

Ce Charles Bronson est un film policier où il interprète un policier, qui pour traquer un tueur en série qu'il n'arrive pas à attraper, se trouve à enfreindre la loi, pour faire justice lui-même en quelque sorte. Ce n'est pas surprenant si nous considérons que ce film fait partie de la trajectoire "justicier" de Charles Bronson, qui sera exploitée par de multiples producteurs dans la dernière partie de la carrière.

Pour les composantes du film, nous trouvons un tueur en série qui a des caractéristiques intéressantes et assez osées: il commet nu ses crimes, sur des femmes, à l'arme blanche. Il est très dérangé, et se retrouvera probablement dans un hôpital psychiatrique. Ce qui donne des scènes de nus, car il tue ses victimes dans la salle de bain ou dans un lit.

Le film est une bonne illustration du style des années quatre-vingt. Avec la musique, les coupes de cheveux, la violence graphique (beaucoup de sang), beaucoup de nudité (pour notre tueur, mais aussi pour ses victimes). Années quatre-vingt, mais aussi années soixante-dix, car ce personnage de flic interprété par Charles Bronson n’est très influencé par l'Inspecteur Harry. Avec les clichés du genre: le conflit avec la hiérarchie, l'avocat corrompu, l'affrontement contre le système judiciaire ou la séquence de tribunal. Le film se termine par un plan très "justicier" à la Paul Kersey.

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Un, Deux, Trois (One, Two, Three, 1h44, 1961) de Billy Wilder

Avec James Cagney, Horst Buchholz, Pamela Tiffin, Liselotte Pulver,  Arlene Francis, Howard St. John, Hanns Lothar, Leon Askin, Ralf Wolter, Karl Lieffen, Hubert von Meyerinck, Loïs Bolton, Peter Capell, Til Kiwe.

Le matériel initial, une pièce de théâtre, se fait sentir par moment, notamment dans le troisième quart où James Cagney donne les ordres pour convertir un communiste en capitaliste noble. James Cagney passe son temps à hurler et le théâtral est criant: de multiples personnages rentrent et sortent de son bureau. Le procédé est trop voyant et pénalise la séquence. Cette mécanique, parfaite et efficace pour une pièce de théâtre, n'est pas évidente à traiter sur le plan cinématographique. Billy Wilder choisit de coller à la mécanique, qui devient apparente. Néanmoins, il faut reconnaître que cela fonctionne, au-delà du raisonnable, car nous avons un peu de mal à accepter ces talents au personnage de James Cagney (orchestrateur soit, styliste, costumier, etc.). Et James Cagney jubile de réciter tous ces dialogues, à les crier plutôt, ce qui rend la scène encore plus artificielle et théâtrale.

Néanmoins au total le film est assez jubilatoire, tout en étant schématique. Sa manière de se moquer des Allemands. Sa manière de se moquer des communistes. Tout est artificiel et peu subtil. Mais cela fonctionne. Pamela Tiffin excelle en jeune oie sans cerveau. Toutes les apparitions de Liselotte Pulver sont très amusantes. Mais le film est très misogyne, c'est flagrant, et en est gênant. Il ne pourrait plus être fait tel quel de nos jours. Le film contient  par ailleurs beaucoup de petits gags qui accumulés en font une réussite, car ce pauvre James Cagney montre un art consumé de la résilience et l'adversité à tout ce qui ne se déroule pas comme prévu.

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dimanche 25 décembre 2022

Uranus (1h40, 1990) de Claude Berri

Avec Michel Blanc, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Gérard Desarthe, Michel Galabru, Danièle Lebrun, Fabrice Luchini, Daniel Prévost, Yves Afonso, Myriam Boyer, Florence Darel, Ticky Holgado.

Claure Berri confirme qu'il n'a aucun talent de metteur en scène. Il se contente d'illustrer son scénario. Dont les dialogues sont magnifiques et très bien énoncés par des acteurs solides dont le professionnalisme pallie à l'absence de direction d'acteur.

Le film est riche de la description de cet immédiat après guerre où collaborateurs avec l'occupant nazi, communistes, gaullistes, profiteurs, indécis, pleutres doivent cohabiter, pour reconstruire la France. Une des grandes qualités du film est son décor, ses décors plutôt, entre les ruines dans les rues et l'appartement des cohabitants.

Le truc du film est de faire cohabiter, comme pendant la guerre, mais dans un même appartement, un communiste, un pétainiste et un sans étiquette (dont nous comprenons qu'il sait s'adapter et va dans le sens du vent, c'est-à-dire qu'il n'a pas de point de vue, mais l'ironie veut que les autres lui demandent son avis). La cohabitation est recréée dans un appartement. S'ajoute à cela Gérard Depardieu, impressionnant dans sa révélation et son adoration de la poésie.

Le film est sauvé par ses acteurs qui déclament avec conviction leur texte: nous avons trop l'impression que chaque acteur prend la pause pour déclamer son texte. Nous voyons toujours l'acteur avant le personnage. Peut être que le film aurait du miser sur une distribution d'acteurs inconnus: il aurait gagné en puissance. Mais le film reste intéressant grâce aux dialogues et à ces acteurs, justement.

Bande-annonce Uranus

Wild Is The Wind (2h03, 2022) de Fabian Medea

Avec Mothusi Magano, Frank Rautenbach, Chris Chameleon, Mona Monyane, Nicolus Moitoi, Izel Bezuidenhout, Phoenix Baaitse, Deon Coetzee, Brendon Daniels.

Un beau produit d'Afrique du Sud qui mélange enquête policière, racismes, corruption pour produire une intrigue sous haute tension. Nos deux flics, héros de notre intriguent, savent s'adapter de la réalité quand les factures sont difficiles à payer, et se retrouvent à enquêter sur la mort d'une jeune fille blanche, victime d'un tueur en série, mais ils l'ignorent. Et le fait que l'amoureux de la jeune soit en noir va produire de hautes tensions. Le film maintient habilement les interactions entre le professionnel et le personnel de nos deux héros. Et le scénario travaille habilement la relation de nos deux flics, amis, l'un étant blanc, l'autre étant noir: cette histoire va challenger la solidité de leur amitié.

Les décors naturels sont superbes. Les acteurs sont formidables. Mothusi Manano en particulier, crève l'écran à chacune de ses apparitions. L'intrigue est riche et le scénario maintient le spectateur sous tension permanente. L'épilogue est dans la lignée du film, violent, atmosphérique et donne une touche nihiliste à la limite du surnaturel qui finalement ne dénature pas ce qui a précédé.

Après ce premier coup d'essai très réussi, espérons que Fabian Medea ne se retrouve pas à diriger un film de superhéros avec des hommes en super-slips.

Poster for Wild Is the Wind

Baïonnette Au Canon (Fixed Bayonets, 1h32, 1951) de Samuel Fuller

Avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael O'Shea, Richard Hylton, Craig Hill, Skip Homeier.

Film de guerre, curieux, car il s'agit du conflit en Corée ou un groupe de soldats protège les arrières d'une retraite. Ce conflit n'est pas souvent montré. Ils quittent les montagnes enneigées et en hiver. Ces soldats doivent faire croire aux communistes (coréens, chinois) que l'ensemble des soldats est encore là. Ils doivent affronter le froid, les égos de certains d'entre eux, et bien sûr les soldats communistes, d’abord en reconnaissance, puis qui arrivent avec mortiers et canons, puis avec leurs chars. Ceci en tenant un défilé unique entre deux montagnes, qu'ils ont piégé et qu'ils assiègent pour bloquer tout passage, le temps que le reste des troupes s'éloignent le plus possible. La baïonnette du titre est pour le corps à corps pour bloquer le passage en empêchant toute personne de passer.

Samuel Fuller, qui n'est jamais dans la subtilité, est particulièrement efficace ici. À travers les échanges entre les soldats sur leurs états d'âme vis-à-vis de la situation ou leurs états d'âme personnels, la gestion des moments de tension, avec l'attente d'un ennemi que l'on ne voit pas, puis les premiers affrontements et ensuite l'assaut final. La scène des mines dans la glace avec le soldat blessé est particulièrement réussie. Une réussite pour un concept simple, un décor quasi unique, exploité par un découpage précis qui fait la part belle aux soldats en tant qu'individus.

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Seraphin Falls (1h55, 2006) de David Von Ancken

Avec Liam Neeson, Pierce Brosnan, Michael Wincott, Xander Berkeley, Ed Lauter, Tom Noonan, Kevin J. O'Connor, Anjelica Huston, John Robinson.

Beau western, qui se veut naturaliste, qui compte la poursuite éperdue et au-delà de tout raisonnable que conduit Liam Neeson pour retrouver Pierce Brosnan. Pendant une bonne partie du film, le spectateur est en empathie avec le personnage de Pierce Brosnan, qui est traqué sans relâche, Liam Neeson étant radical et sans empathie pour les membres de son groupe, qu'il rémunère (d'où son absence de sentiment). La raison de cette traque reste longtemps sans explication pour le spectateur, si ce n'est qu'il y en a Pierce Brosnan qui fuit, et l'autre, Liam Neeson, très opiniâtre est prêt à tout pour retrouver Pierce Brosnan. Et petit à petit, lorsque le spectateur en sais un peu plus sur chacun des deux personnages (avec un lot de flashbacks relatifs aux deux personnages, savamment dosés pour que l'explication ne soit pas claire du premier coup), les personnages se révèlent riches et profonds et pas là où le spectateur les attendait, et les concepts de gentil et méchant ne sont plus aussi simples.

La grande qualité du film réside aussi dans son utilisation des décors, très variés, ce qui en fait aussi un très beau spectacle: forêt, neige, montagne, désert, qui permettent le suspense (le froid, le chaud). Et dans les autres humains qu'ils croisent: les paysans, le camp, Wes Studi, Angelica Huston, entre autres.

Bande-annonce Seraphim Falls

California Terre Promise (California, 1h37, 1947) de John Farrow

Avec Ray Milland, Barbara Stanwyck, Barry Fitzgerald, George Coulouris, Albert Dekker, Anthony Quinn, Frank Faylen, Gavin Muir, James Burke, Eduardo Ciannelli, Roman Bohnen, Argentina Brunetti.

Magnifique western et superbe découverte. Le film contient son lot de scènes téléphonées (la relation entre Barbara Stanwyck et Ray Milland) et prévisibles, mais tout coule naturellement. Le film contient aussi des éléments historiques intéressants (la naissance de la Californie), un Technicolor magnifique et un ensemble de personnages secondaires plus fouillés que la moyenne: Barry Fitzgerald en philosophe qui cite la bible et le bon sens, George Coulouris en personnage fiévreux et amoureux touchant, Anthony Quinn dans un rôle très court, mais substantiel.

Quant au personnage de Ray Milland, ce n'est pas le héros de western standard. Il est souvent battu (frappé). Il est victime des évènements et n'est pas le moteur de l'histoire. Mais son personnage fonctionne, grâce à son passé et grâce à Barry Fitzgerald! 

Le film montre très bien la médiocrité des pudibonds à travers la manière dont ils traitent l'indépendante et ambitieuse Barbara Stanwyck. Barbra Stanwyck est lumineuse et sa relation avec Ray Milland tout au long du film reste intéressante de bout en bout, même si très téléphonée voire à la limite du ridicule. Mais finalement cela fonctionne et lorsque cela se conclut le spectateur n'est que plus satisfait.

Le le film est exempt de tout sentimentalisme. Cela en fait un film étonnant qui progresse vite, dense, et en 97 minutes. Le film possède des dialogues très riches et très au-dessus de la moyenne qui servent à la fois immédiatement dans la scène, mais aussi qui portent un sous-texte très intéressant.
John Farrow visiblement adore les plans-séquences: le film en est parsemé. Ils servent très bien en général la situation et l'intrigue en amenant une certaine tension tout en étant fluide ou naturel.
 
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samedi 24 décembre 2022

The Wonder (1h48, 2022) de Sebastián Lelio

Avec  Niamh Algar, Florence Pugh, David Wilmot, Ruth Bradley, Darcey Campion, Abigail Coburn, Carla Hurley O'Dwyer, Juliette Hurley O'Dwyer, Carly Kane, Toby Jones, Dermot Crowley, Ciarán Hinds.

Très beau drame campagnard. Au XIXe siècle, une infirmière est demandée pour étudier une jeune paysanne qui ne s'alimente plus depuis plusieurs semaines. Nous sommes au pays des croyances et superstitions avec une main mise de la religion et si l'infirmière le confirme, il s'agit d'une manifestation divine. Nous sommes aux pays des analphabètes et des superstitieux.

L'infirmière est rationnelle. La jeune paysanne considère que Dieu la guide. Sa famille est pauvre et bigote. Les notables locaux sont couards, pleutres, pingres et superstitieux.

Beau film où Florence Pugh est de toutes les scènes. Le film progresse par petites touches, sur notre compréhension et connaissance du personnage de l'infirmière, mais aussi sur la petite fille, sa relation avec sa famille. Le film est à la fois dense par ses personnages principaux, mais aussi par ses décors et l'ambiance, avec d'un côté la ferme isolée où loge la petite fille, et l'auberge où l'infirmière loge, avec les journalistes qui content l'histoire de cette petite fille, qui tient pendant plusieurs semaines sans manger. La richesse du film est de garder l'incertitude et l’interrogation sur le cas de la petite fille: est elle réellement touchée par quelque chose de divin, ou est-ce une arnaque et il y a un truc quelque part? Le scénario est habile: il donne les explications, mais finalement l'explication importe peu et c'est ensuite un combat que mène l'infirmière, pour une conclusion très belle et réjouissante alors que tout a été éclairci.

Une réussite avec un film constitué d'êtres vrais, sans artifice. Très beau travail.

 Bande-annonce The Wonder

Le Patient Anglais (The English Patient, 2h42, 1996) de Anthony Minghella

 Avec Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Willem Dafoe, Kristin Scott Thomas, Naveen Andrews, Colin Firth, Julian Wadham, Jürgen Prochnow.

Que retenir de ce film? Le personnage principal est antipathique à souhait et ne suscite donc aucune empathie: Ralph Finnes fait une belle performance, mais son personnage étant peu intéressant, nous nous moquons de ses turpitudes.

Beaucoup de choses sont artificielles et nous n'y croyons pas: pourquoi Juliette Binoche décide-t-elle de s'occuper de cet unique patient; le scénariste et le metteur en scène de font rien pour l'expliquer. Cela parait artificiel. Pourquoi la personnalité du personnage de Ralph Fiennes est elle comme cela? Il n'est pas timide, il parait arrogant, il n'est pas expliqué qu'il a un problème avec les femmes, ou qu'il a un problème avec sa sexualité. Les acteurs, le scénariste, le metteur en scène en font des caisses pour susciter de l'émotion et des larmes, mais cela ne marche pas.

Le scénario et l'intrigue aménagent des éléments pour maintenir l'intérêt du spectateur: Willem Dafoe et Naveen Andrews, et de multiples flashbacks, pour étoffer les personnages principaux (respectivement Ralph Fiennes, Juliette Binoche). Mais cela ne l'est rend pas plus attachants.

Et cela dure sur 2h40, mais le film ne parait pas interminable. Étonnant! Il est néanmoins à éviter. Ou alors à voir seulement pour les jolis nus - Kristin Scott Thomas et Juliette Binoche - quel le film nous offre.

Le Patient anglais

Le Sable Etait Rouge (Beach Red, 1h45, 1967) de Cornel Wilde

Avec Cornel Wilde, Rip Torn, Jaime Sanchez, Burr DeBenning, Patrick Wolfe, Jean Wallace, Dale Ishimoto, Genki Koyama, Gene Blakely, Michael Parsons, Norman Pak, Dewey Stringer.

Le film raconte l'assaut de l'armée des USA d'une ile de l'Océan Pacifique tenue par les Japonais.

Le film est étonnant. Il traite les Japonais comme les Américains. C'est-à-dire que Cornel Wilde nous montre les états d'âme des soldats, leurs pensées à travers une voix off et des flashbacks, sous forme de montages de photos, des scènes du passée sous forme de petits montages séquences: leurs femmes, leurs enfants, dans des scènes de la vie quotidienne. Il y a des brutes et des humains dans les deux camps. La guerre, et tuer est affreux, et Cornel Wilde réalise un film de guerre antimilitariste.

Le film montre les horreurs de la guerre: cadavre, bras arraché, massacres et une multitude de corps qui jonche la plage. Le film n'est pas dans la surenchère de l'horreur et la violence, physique en particulier, mais le film montre les souffrances psychologies à travers les états d’âme des soldats et la peur qu'ils éprouvent, et ce qu'ils vivent, et ceci pour les soldats des deux camps.

Une séquence est d'anthologie. Celle de la gourde et du paquet de cigarettes où un Américain et un Japonais se tirent dessus, se blessent gravement, et se retrouvent face à face au sol en train d'agoniser, se regardent et communiquent. Très belle et étonnante scène. Et qui se conclus de manière prévisible, dans le sens du message de son film.

Autre qualité du film, l'interprétation de Cornel Wilde lui-même, très rentrée, à la limite de l'inexpressif, mais qui permet d'absorber les situations. En tant que commandant de l'unité, il n'exprime pas ses sentiments avec violence et cette manière rentrée sert le personnage et sa résilience.

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Heropanti 2 (2h25, 2022) de Ahmed Khan

 Avec Tiger Shroff, Nawazuddin Siddiqui, Tara Sutaria, Mark Rhino Smith, Amber Doig-Thorne.

Tiger Shroff est un grand professionnel. Jouer la comédie dans ce film confirme une abnégation certaine. Le scénario est au mieux confus et mélange un arrière-plan d'espionnage à base de piratages de comptes en banque, des histoires avec sa maman (toutes les scènes avec sa maman sont pataudes et ennuyeuses), avec sa nouvelle chérie (la délicieuse Tara Sutaria, dont la plastique est intéressante - il faudrait quelle sculpte un peu ses jambes, qu'il faut éviter de montrer, mais que le costumier s'échine à montrer en permanence avec des shorts ou des jupes très courtes -, et qui a besoin de prendre des cours de comédie) et avec le méchant, Nawazuddin Siddiqui, qui est le seul personnage sympathique, rigolo (mélange de Joker gay, magicien à fleurs et psychopathe gaie), très méchant bien sûr, et frère de Tara Sutaria.

Au milieu de tout cela, Tiger Shroff pleure, est triste ou sérieux, danse et se bat (il aime bien les jeux de jambes et les grands écarts, en hommage à Jean-Claude Van Damme nous imaginons). Sa tendance à se retrouver vite torse nu est confirmée. Probablement pour cacher ses jambes (il est court sur pattes, à la limite du nanisme). Mais il impressionne pour tout le dévouement qu'il met. Pas de sous texte homoérotique ici (quoi que si l'on considère certaines remarques de Nawazuddin Siddiqui)

Le film est un mélange indigeste de comédie sentimentale, d'espionnage et d'action.

Les numéros dansés sont plutôt vulgaires et heureusement amusants (et il doit bien y en avoir quatre):  Tara Sutaria ne sait visiblement pas danser et le montage de ces séquences fait tout ce qu'il peut pour éviter de montrer son jeu de jambes qui est pataud et manque cruellement de tonicité dans ses mouvements. Les musiques sont à peine passables.

Respect à Tiger Shroff pour tourner une bouse pareille avec autant de convictions.

Bande-annonce Heropanti 2

dimanche 4 décembre 2022

La Bataille Pour Anzio (Anzio, 1h58, 1968) de Edward Dmytryk et Duilio Coletti

Avec Robert Mitchum, Peter Falk, Earl Holliman, Mark Damon, Arthur Kennedy, Robert Ryan, Reni Santoni.

Il faut visionner ce film qui est un exemple parfait de ce qu'est un film médiocre. Ou en tout cas un film dont les images filmées par Edward Dmytryk et ses cameramans sont laissées au talent ou à la qualité ou à l'inventivité du monteur, des acteurs, du dialoguiste ou du décorateur.

La mise en scène est paresseuse. C'est un film mou. La direction d'acteur n'est pas exempte de qualité, mais les acteurs ont une tendance à déclamer leur dialogue ce qui donne un côté théâtral et dénoué de tout réalisme. Ce qui peut irriter.
Toutes les séquences sont trop longues. Et nous percevons bien que le monteur essaie de les rendre un peu dynamiques voir intéressantes et les sortir de leur monotonie à travers certaines coupes qu'il positionne.
La directrice d'acteur est catastrophique. Robert Mitchum, paresseux, filmé souvent de dos en train de marcher, n'a pas l'air d'y croire et semble nous dire en permanence "mes dialogues sont nuls" (heureusement pour lui, sont séjour en Italie a dû être sympathique); les états d'âmes et philosophiques du personnage sont enfantins. Les acteurs surjouent: Peter Falk est ridicule, Earl Holliman est très lourd.  La musique est mauvaise.
Le seul intérêt est la dimension historique de cette bataille. Et peut-être deux séquences: la traversée du champ de mines, ou vers la fin, l'affrontement des snipers. Deux passages avec un peu de nerfs dans un ensemble paresseux.
La Bataille pour Anzio [Master Haute définition-Format respecté]

 

Peninsula (1h56, 2020) de Sang-ho Yeon

Avec Dong-won Gang, Lee Jung-hyun, Re Lee, Hae-hyo Kwon, Kim Min-jae, Koo Kyo-hwan, Do-yoon Kim, Ye-Won Lee.

Le film peu s'apprécier sans avoir vu le Dernier Train Pour Busan (2016) du même Sang-ho Yeon, dont celui-ci est la suite chronologique. Les personnages, sans parler de richesse, sont moins caricaturaux, tout en l'étant toujours un peu. La direction d'acteur les fait passer pour acceptables. Le film n'est pas là. Il est dans ses décors de ville abandonnée où il ne faut pas rencontrer de morts-vivants. Ceux-ci étant attirés par la lumière et étant donc moins actifs  la nuit. Le scénario en joue bien sûr. Pour des courses pousuites spectaculaires appuyées par un CGI porn qui n'est pas dans le réalisme. Nous sommes dans l'univers du jeu vidéo, avec des étapes et plateaux à franchir, avec un rendu par moment de dessin-animé. Mais c'est en permanence spectaculaire.

Le film est intéressant sur l'absence de personanges principaux. Il commence avec Dong-won Gang,  puis bascule petit à petit vers Lee Jung-hyun qui devient le personnage principal. Une mention particulière, qui donne un intérêt au film, est l'utilisation des enfants, qui contribuent avec leurs outils à l'extermination des morts-vivants.

Le film contient deux ou trois scène larmoyantes inutiles et ridicules qui alourdissent le film. Le réalisateur n'assume pas son scénario de série B et essaie régulièrement d'ajouter des éléments psychologiques qui ralentissent l'histoire.

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Trop Belle Pour Toi (1h31, 1989) de Bertrand Blier

Avec Josiane Balasko, Gérard Depardieu, Carole Bouquet, François Cluzet, Roland Blanche, Myriam Boyer, Denise Chalem, Didier Bénureau, Philippe Loffredo, Stéphane Auberghen, Jean-Louis Cordina, Jean-Paul Farré.

Bertrand Blier adore secouer la vie de la bourgeoisie, la fissurer voire la casser, pour voir ce qu'il y a en dessous.  Avec le prisme de l'amour (il y a ici une très belle histoire d'amour), du sexe et du rapport amoureux. Secouer des choses établies. Secouer des choses qui aliènent. Ici c'est Gérard Depardieu qui s'éprend de sa nouvelle secrétaire, Josiane Balasko. Il est d’abord perturbé. Puis il succombe. Puis il culpabilise. Puis il se perd. Sa femme elle, Carole Bouquet, n'entend pas se laisser faire.

Le film contient de très belles scènes d'amour entre Gérard Depardieu et Josiane Balasko. Et le film dans son ensemble est de toute beauté. Les acteurs ont beau être connus, de grosses stars, le talent de Bertrand Blier est de nous faire croire à cette histoire, à ces déchirements. Bertrand Blier est un dialoguiste hors pair et le film est passionnant. Autre talent de Bertrand Blier, ce n'est jamais mièvre, et ne n'est jamais vu ailleurs, alors que l'intrigue n'est pas nouvelle, loin de là.

Un film passionnant.

Bande-annonce Trop belle pour toi

Thalasso (1h33, 2019) de Guillaume Nicloux

Avec Michel Houellebecq, Gérard Depardieu, Maxime Lefrançois, Mathieu Nicourt, Daria Panchenko, Luc Schwarz, Qianyum Lysis, Norbert Hamelin.

Un film de bêtes. Bêtes au sens, bestiaire riche et varié. Les animaux sont des humains ici, décrits avec leurs pittoresques, leurs obsessions ou pas, scénarisés ou pas, écrites ou pas. Cela importe peu. Car lorsque l'on filme Gérard Depardieu, ou lorsque l'on filme Michel Houellebecq, il n'y a rien à faire: leur personnalité est hors norme. S'ajoute à cela la bande qui avait enlevé, qui avait kidnappé Michel Houellebecq dans un film précédent de Guillaume Nicloux, bande elle aussi constituée d'un beau bestiaire.

Cette suite de L'Enlèvement De Michel Houellebecq (2013) est une curiosité. Car ses acteurs sont en quelque sorte des livres ouverts (en réalité, ils sont plus des livres semi-ouverts, voire fermés). Le scénario les suivant dans leur cure de thalassothérapie dans un premier temps, puis leur interaction avec les kidnappeurs qui viennent demander de l'aide à Michel Houellebecq. La première partie est prévisible et surprend peu. La deuxième partie de l'histoire est plus intrigante et relance le film, en quelque sorte. Pour quelque chose de très simple: pourquoi la mère est partie. Nous ne sommes pas dans une problématique de sauvetage du monde ici, et cela fait du bien. Il est possible de raconter une histoire avec des choses simples (et pas simpliste). Un film jouvence en quelque sorte.

Bande-annonce Thalasso

Toc Toc (1h30, 2017) de Vicente Villanueva

Avec Paco León, Alexandra Jiménez, Rossy de Palma, Nuria Herrero, Adrián Lastra, Oscar Martínez, Inma Cuevas, Ana Rujas, Carolina Lapausa.

Le film part d'une idée: mettons ensemble des personnages ayant des troubles obsessionnels du comportement, spectaculaires, dans le cabinet d'un médecin et faisons-les interagir (le matériel de départ est une pièce de théâtre).

La constituante technique du film est parfaite.  La direction d'acteur fonctionne.
Au-delà de la gageure de trouver les interactions à mettre en place entre les personnages, et les flash-back explicatifs, le film manque de quelque chose qui le sortirait de son origine théâtrale: le côté systématique de l'intrigue avec boucles à tour de rôle sur chacun des personnages..
Les personnages ne suscitent aucune empathie, ou très peu. Le spectateur est simple observateur. Comme un reportage animalier. Et est peu concerné. Le propos dramatique accentue les traits et les troubles de nos personnages, pour le besoin de la dramaturgie, que nous comprenons bien. Mais cette exagération empêche toute identification à un personnage. C'est le défaut principal qui l'empêche de décoller et lui fait perdre son souffle rapidement. Mais la révélation finale donne finalement du sens et du liant à ce qui vient de précéder et sauve le film.
 Toc Toc

The Stranger (1h57, 2022) de Thomas M. Wright

Avec Joel Edgerton, Sean Harris, Jada Alberts, Cormac Wright, Steve Mouzakis, Matthew Sunderland, Fletcher Humphrys, Alan Dukes, Ewen Leslie, Gary Waddell, Andreas Sobik.

Très beau film à l'atmosphère prégnante, au rythme mesuré, où un policier infiltre une communauté de malfrats pour traquer un tueur d'enfants. Joel Edgerton est ce policier, qui vit dans le stress permanent, illustré avec ses scènes de sa vie de famille, c'est-à-dire avec son fils, dont il a la garde de temps en temps. Mais policier infiltré et vie de père ne sont pas aisés. Celui qu'il traque est Sean Harris, dans une interprétation subtile, pour dessiner un personnage sur lequel il est dur d'avoir une prise psychologique. L'intrigue et le scénario d'ailleurs travaillent parfaitement le sujet: pendant la totalité du film, nous nous demandons s'il est bien le tueur recherché pour ces meurtres d'enfants. Le dernier quart nous donnera les explications.
Thomas M. Wright signe un film qui a son propre rythme, ses climats denses (décors, photographie, musique), loin de toute hystérie narrative et technique. Il prend son temps pour filmer les séquences sur la durée.
Le film est porté par ses deux acteurs principaux, dans des interprétations toutes en subtilités, par petites touches, leurs personnages restant toujours mystérieux, et maintenant l'intérêt du spectateur et la curiosité pour la suite. Le spectateur se demandant en permanence comment l'histoire va évoluer. Le travail de Joel Edgerton et Sean Harris nous faisant percevoir une tension constante. Leurs personnages semblent tout le temps prêt à franchir la limite, et provoquent une tension permanente sur l'ensemble du film.

Superbe exercice de style.

Bande-annonce The Stranger

Preparez Vos Mouchoirs (1h48, 1978) de Bertrand Blier

Avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Carole Laure, Michel Serrault, Eléonore Hirt, Jean Rougerie, Sylvie Joly, Riton Liebman, Liliane Rovère. Michel Beaune, Roger Riffard.

Carole Laure est dépressive et n'a de goût à rien, si ce n'est pour tricoter des pull-overs à son compagnon. Son compagnon, Gérard Depardieu l'offre à Patrick Dewaere, qui s'entiche d'elle, mais son spleen et ses états d'âme ne changent pas. Ils sont prêts à tout pour l'aider, car ils l'aiment comme ils disent. Ils rencontrent un adolescent de 13 ans, qui va faire évoluer et changer et les choses.

Bertrand Blier a construit un film concept où Carole Laure et Riton Liebman sont au centre.

Le talent de Bertrand Blier est bien présent: dialogues et interprétations étourdissantes pour une histoire dont les circonvolutions conduisent comme souvent chez lui vers une tragédie de la bourgeoisie, qui ici encore est secouée et chamboulée. Sous certains atours de comédie, le film est un drame via de multiples composantes. Comme souvent la musique a un rôle important, avec ici Schubert, et le personnage de Patrick Dewaere qui est un passionné de Schubert. Et de lecture (il dispose de l'ensemble de la collection du livre de poche).


Nous y trouvons de l'émotion, de la tendresse, des énormités. Que les comédiens jubilent à fournir, nous le sentons biens. Avec des dialogues encore et toujours passionnants et impressionnants.

Préparez vos Mouchoirs

Lou (1h47, 2022) de Anna Foerster

Avec Allison Janney, Jurnee Smollett, Logan Marshall-Green, Ridley Asha Bateman, Matt Craven, Greyston Holt, Daniel Bernhardt, RJ Fetherstonhaugh, Andres Collantes.

Lou est un film qui vous fait ressentir le froid et l'humidité! Ce film de survie maintient et renouvelle tout à la fois le genre. L'humidité et le froid, car le film se déroule lors d'une tempête dans la forêt. Allison Janney, peu sympathique propriétaire et voisine, loue une maison à Jurnee Smollett et sa petite fille. Le film commence par nous montrer la vie des péquenauds qui préparent l'arrivée de la tempête. Mais ce n'est pas un drame campagnard, car ces deux femmes vont être confrontées chacune à leurs passés, qui va les entraîner dans une course poursuite dans un environnement sauvage (très beaux décors et paysages de la Colombie Britannique). À ce titre l'intrigue est classique, et le film ne surprend pas dans ses rebonds dramatiques, mais le traitement et l'environnement rendent l'ensemble passionnant à suivre. De plus le film est visuellement réussi. Le film bénéficie d'un support impressionnant d'Allison Janney, qui porte le film dans un rôle physique et charismatique à la fois. Logan Marshall-Green excelle dans ce personnage fiévreux et ayant perdu tout repère avec la réalité.

Le film excelle aussi, sous ses attributs de film de survie, dans le questionnement et le challenge de la relation mère-enfant. Il met en avant les limites et conséquences, et surtout jusqu'où cette relation peut aller. À ce titre le film est une bonne surprise et cela le rend plus intéressant que beaucoup de productions du même genre.

Bande-annonce Lou