lundi 19 novembre 2018

2001 : L'Odyssée De L'Espace (1968) de Stanley Kubrick

Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Leonard Rossiter, Margaret Tyzack, Robert Beatty, Sean Sullivan, Daniel Richter.

Revoir 2001 L'Odyssée  de l’Espace reste une expérience. Et les partis pris de Stanley Kubrick restent forts avec le temps, et efficaces.
Le partie pris du réalisme: la gravité pour les mouvements, il n'y a pas de son dans l'espace, ou lorsqu'il n'y a pas de musique, mettre dans la bande-son ce qu'entend le personnage. Partis pris dans un contexte invraisemblable (le monolithe).
Un élément saute aux yeux: sa dimension comique. La dimension comique ressort franchement de cette nouvelle vision. Les singes avec leurs cris et gesticulations superposés à la musique de Gyorgy Ligeti est une association hilarante et osée. Pour ne pas dire inhabituelle et excentrique. Association introduisant le monolithe, élément de mystère de l'ensemble du film. Ou alors l'inexpressivité des acteurs et leurs grimaces qui en résultent, avec mouvements des yeux.
2001 : l'odyssée de l'espace - Warner Ultimate (Blu-ray)En fait c'est un film muet. Car il contient peu de dialogues (qui sont d'ailleurs insipides). Car il y a peu de son, notamment dans les scènes de l'espace (nous comprenons pourquoi Stanley Kubrick a poussé au maximum les bruits - respirations par exemple - ou la musique). Car il y a aussi l'exagération de l'interprétation des acteurs : dans le mutisme des acteurs qui font tous les efforts qu'ils peuvent pour ne rien exprimer sur leur visage (qui n'est pas comme l'exagération de l'interprétation dans Shining et les grimaces qui en résultent), mais aussi dans la voix d'hôtesse de l'air que prend l'ordinateur chaque fois qu'il parle.
Le design des vaisseaux et navettes reste d'actualité et semble avoir été pillé par bien des films de science-fiction qui ont suivi.
La stylisation de la Terre (qui est vraisemblablement un dessin) passe le temps et cette représentation de la terre, fonctionne. La nature de dessin ou peinture ressort pleinement. Pour une simple raison, c'est que lors du tournage il n'existait pas de photo de la terre vue de l'espace.
Du côté des personnages, ils n'ont rien de sympathique, y compris Keir Dullea, champion avec l'ensemble de la distribution de la froideur scientifique des personnages. Le seul paraissant humain est Hal, l'ordinateur, qui par son comportement (il perd la tête pourrions nous dire) provoque les incidents qui cadencent le voyage jusqu'à Jupiter.
Le film est baroque. Dans sa manière de rechercher l'effet en permanence. L'effet des singes avec la musique de Gyorgy Ligeti ou sur les astronautes sur la lune. La musique de Richard Strauss sur la station spatiale. Le foetus final qui regarde la Terre. Le contraste entre la vidéo reçue pour lui souhaiter son anniversaire et la non-réaction de Gary Lockwood. Ou encore le spationaute en combinaison dans l'appartement de style Louis XVI.
La musique est pensée comme un effet pour renforcer l'image. Souvent dans les transitions. Comme cette superbe pièce d'Aram Khatchatourian en introduction du chapitre sur le vaisseau vers Jupiter. Ou la musique de Gyorgy Ligeti dans la plongée de Jupiter et au-delà de l'Infini. Toutes les musiques contribuent à la beauté du film.
Cette musique fait partie de la mise en scène et de l’œuvre. Étonnant pour un film muet. C'est là le talent  de Stanley Kubrick: avoir créé un film muet dont la musique est consubstantielle.
Le film est expérimental. Et ce à plusieurs titres. Il est fondé sur l'expérience scientifique connue ou supposée: le fait qu'il n'y a pas de son dans l'espace; les effets de la gravité qui apparaissent dans de multiples plans. Le film est basé sur des technologies d'avant garde à l'époque de son tournage: l'utilisation d'ordinateurs pour le composer ou contrôler des mouvements de caméra. Le film explore de nouveaux moyens d'expression, sur les associations (musique, image), sur les ellipses entre les quatre parties.
La séquence finale (le dernier chapitre du film) est toujours plastiquement superbe. La revoir nous amène à essayer de comprendre sa progression. La genèse du fœtus y apparait clairement.
Une déception: est l'introduction de cette séquence finale, Jupiter et au-delà de l'infini: la plongée de Keir Dullea est mal mise en scène. Cette séquence de défilement pourrait résulter d'une plongée dans le monolithe. Le spectateur de comprend pas ce qui se passe; à tout le moins Kubrick aurait pu mieux travailler ce saut dans l’inconnu et le rendre plus lisible: quelle est sa relation avec le monolithe? Pour revenir à cette séquence, plastiquement superbe, dont la stylisation fonctionne toujours: mélange d'images qui donnent l'impression de sortir d'un ordinateur, avec du dessin animé ou des images de paysages retravaillées. Plus les inserts sur Keir Dullea (qui prépare les grimacent de Jack Nicholson dans Shining).


samedi 17 novembre 2018

Le Livre De La Jungle (2016) de Jon Favreau


Ce dessin animé de Disney surprend par sa violence animale.  Des animaux meurent. Le combat contre le tigre est impressionnant (les loups et la panthère l'affrontant). Ce qui doit se traduire par de la peur pour le public enfantin.
Le Livre de la jungleLe film peut se visionner comme un beau livre d'images de synthèse avec de beaux animaux. La jungle est luxuriante. Il y a différents stades qui correspondent à des paliers de jeu vidéo.
Ce n'est pas un reportage animalier, car ici les animaux parlent. Et les animaux ne sont qu'un prétexte pour un anthropomorphisme qui sert l'histoire: gentils, méchants, rigolos. Rien de déshonorant dans tout cela. C'est peut-être un peu long: vingt minutes de trop (durée de 1h45...).
Le rendu des animaux (qui sont des animations numériques) n'est pas ultra réaliste; ce qui leur donne une patine, voire une stylisation. Tout en évoluant dans une jungle, numérique, mais qui elle est ultra réaliste.
L'histoire s'oublie vite (il n'y en  a pas vraiment). Pour preuve, la longue séquence avec les singes, qui  durent longtemps, mais n'apporte rien, l'arc dramatique principal étant lié au méchant tigre; la fonction de cette séquence étant probablement d'apporter un répit - humour et chanson - avant la noirceur de la suite (incendie, combat contre le tigre). Ce qui en résultant donne l'impression d'inachevée, ou d'incomplétude. Sans doute volontaire, pour alimenter la suite de cette franchise renaissante.

Banlieue 13 (2004) de Pierre Morel

Avec Cyril Raffaelli, David Belle, Tony D'Amario, Bibi Naceri, Dany Verissimo, François Chattot, Nicolas Woirion, Patrick Olivier, Samir Guesmi.



Banlieue 13
Très bonne série B qui se déroule sans temps morts avec une distribution qui fonctionne. Le film possède des séquences d'action originales basées sur la poursuite à pieds et l'art de l'évitement. Il y a bien sûr beaucoup d'armes, de tôles, de béton, de voitures. Mais comme l'histoire se déroule dans un lieu fermé (un quartier de Paris devenue une prison ouverte, zone de non-droit. Il faut bien sûr un prétexte pour y aller: ici c'est une cargaison technologique du gouvernement (un missile),  que le gouvernement souhaite récupérer. Scénario déjà fait à de multiples reprises, mais ici repris dans des décors impressionnants, urbains et délabrés, qui donne son originalité au film.
Le découpage est sec, la progression est rapide, comme le déplacement des personnages principaux. Pas de perte de temps, tout va vite. Le film est porté par les performances physiques et spectaculaires de Cyril Raffaeli et David Belle, qui sautent, courent, virevoltent de partout (escalier, couloirs, balcons, toits) pour échapper à des méchants (dirigés par Bibi Nacéri, très bon). Les personnages les moins crédibles sont ceux du ministre et son équipier, qui ne sont pas développés et sont juste une fonction, les acteurs les incarnant n’étant pas très justes.
Pas beaucoup de temps pour se poser, pour des temps morts, dans cette histoire qui tient la route et dont le retournement final ne surprend pas. Pas de gras,  pas de mousse inutile dans un film qui va droit au but. Et en plus le film à l'élégance de ne durer que 84 minutes.

lundi 12 novembre 2018

Tout Le Monde Debout (2018) de Franck Dubosc

Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Elsa Zylberstein, Gérard Darmon, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.

Tout le monde debout DVDLe film est cousu de film blanc. Et pas très fin. Dans lequel Franck Dubosc jubile dans son interprétation du con étalon. La transformation du personnage, nécessaire pour la dramaturgie, ne se fait pas de manière subtile et parait par moment téléphonée, sans préparation. Si le scénario (signé Franck Dubosc) est bien architecturé, certains personnages sont plutôt mal écrits (Elsa Zylberstein, Gérard Darmon) et certains plutôt réussis (Claude Brasseur, Caroline Anglade). Mais il faut reconnaitre que l'ensemble des personnages secondaires existent malgré leur rôle de faire valoir. Le film recèle de bons moments comiques gravitant autour de ce con étalon.
Quant à Alexandra Lamy, elle assure le job à la perfection, sans être brillante. Mais il est vrai que son personnage n'est qu'un faire valoir de celui de Franck Dubosc. 
Sur la durée il sera intéressant de voir comment évoluera Franck Dubosc, comique, réalisateur, acteur, face à la star Dany Boon qui est sur le même créneau. Et nous verrons surement un jour un package avec les deux acteurs, coproduit par l'ensemble des chaines de télévision.

Le Collier Rouge (2018) de Jean Becker

Avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck, Jean-Quentin Chatelain, Patrick Descamps, Tobias Nuytten-Vialle, Maurane, Gilles Vandeweerd, Roxane Arnal, Frans Boyer.


Le Collier rougeGentil film un peu insipide d'où s'en sortent François Cluzet et Sophie Verbeeck. Nicolas Duvauchelle est plus à la peine dans l'interprétation de son personnage révolté de pacotille.
Au total le film n'est pas exempt de qualité. Un savoir-faire est à l’œuvre. Un savoir-faire d'illustration d'une histoire. L'histoire est celle d'un juge militaire qui enquête sur la rébellion contre la patrie d'un soldat de la Grande Guerre. Nous sommes en 1919. François Cluzet est ce juge. Le film laisse poindre des éléments politiques, pour finalement se conclure sur une histoire d'amour et de famille (Duvauchelle retrouve sa femme et son fils). Ce n'est pas consternant. Juste un peu fade.
Au total nous sommes dans une histoire conventionnelle contée dans un style conventionnel, un peu guindé. Bref, pas grand-chose à sauver dans cet académisme, si ce n'est un sentiment de moyenne, de style médian, d'un entre-deux. Entre un navet, ce qu'il n'est pas, et un film intéressant qui prendrait des libertés formelles, ce qu'il n'est pas. Un film neutre.  Un film zéro (au sens mathématique), c'est à dire sans valeur.