mardi 28 février 2017

Pierrot Le Fou (1965) de Jean-Luc Godard

Pierrot le fouAvec Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Samuel Fuller, Raymond Devos, Jean-Pierre Léaud, Dominique Zardi, Pascal Aubier, Laszlo Szabo, Dirk Sanders, Henri Attal, Graziella Galvani.

Revoir Pierrot le Fou fait office de bain de jouvence. Le film est un mélange de romantisme, de poésie, de messages politique, d'analyse sociétale. Dans une forme qui compile différentes scènes déjà vues dans les films précédents de Jean-Luc Godard. Nous y retrouvons Anna Karina qui est magnifique. Nous retrouvons aussi la forme que l'on retrouve dans les derniers films des années 2000 de Jean-Luc Godard. Ainsi nous ne sommes pas surpris et nous nous rendons de la constance de sa manière artistique, avec une tendance marquée à l'abstraction au cours du temps.
Le film reste ébouriffant par ses audaces formelles, qui fonctionnent encore: nous passons à une scène chantée, à Jean-Paul Belmondo qui regarde les spectateurs, ou Anna Karina qui regarde la caméra avec un regard qui en dit long ou de multiples moments qui restent passionnants cinquante ans après.
Un film à voir et à revoir.

Ricky Bobby : Roi Du Circuit ( Talladega Nights : The Ballad of Ricky Bobby, 2006) de Adam McKay

Ricky Bobby : roi du circuitWill Ferrell, John C. Reilly, Sacha Baron Cohen, Michael Clarke Duncan,  Gary Cole, Amy Adams, Jason Davis, John Baker, Greg Germann, David Koechner, Molly Shannon, Lorrie Bess Crumley, John D. King, Andy Richter, Pat Hingle, Dale Earnhardt Jr., Houston Tumlin, Grayson Russell, Ted Manson, Danny  Vinson, Darrell Waltrip. 

Probablement le chef-d'œuvre de Will Ferrell, où nous retrouvons toutes les dimensions de de son comique. Appuyé par de seconds rôles de très bon niveau: par exemple Sacha Baron Cohen, jusqu'à son copain débile mental dans le film, John C. Reilly.
En fait ce film est un peu le patron du bon film avec Will Ferrell. Nous y retrouvons ses thématiques: l'amitié, la famille, l'Amérique, la suffisance, la débilité, la peur de l'étranger, bref quelque part quelque chose de typiquement étatsunien, mais aussi la progression dramatique type: il est arrogant et ne voit pas les autres au début, un incident survient et se retrouve seul et abandonné, et après un passage en enfer, il fait la reconquête et a entre-temps changé. Le scénario est co écrit par Will Ferrell et Adam McKay.
Le film est au cœur de la culture américaine. Ici les courses NASCAR et les voitures qui roulent vite. D'ailleurs sur ce sujet le film est plutôt spectaculaire et les courses sont traitées de manière adroite et sont très lisibles pour le spectateur.
Son acolyte, John C. Reilly campe un personnage d'une stupidité extraordinaire, et d'anthologie. Sacha Baron Cohen lui aussi bénéficie d'un personnage d'anthologie et de scènes du même acabit (avec la séquence de la crêpe par exemple). La distribution et l'ensemble des rôles secondaires sont bien distribués et d'une qualité de haut niveau: chacun est caractérisé en peu de chose, possède quelque lignes de dialogues et contribue à la qualité de l'ensemble.

lundi 27 février 2017

Jackie (2016) de Pablo Larraín

Jackie PosterAvec Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig, Billy Crudup, John Hurt, Richard E. Grant, John Carroll Lynch, Beth Grant.
Quelle hystérésis pour ce film?
L'interprétation de l'actrice principale. Très gros travail de Natalie Portman, c'est indéniable qui a bien préparé son personnage, nous imaginons.
La musique utilisée de manière brutale, est par moment un peu pénible dans le mixage son. Musique utilisée un petit peu comme l'utilise quelquefois Jean-Luc Godard. Par moment elle est tellement forte que nous n'entendons pas les dialogues.
C'est l'ambiance générale de ce film, la manière de cadrer près du visage, le ton par moment abstrait, presque irréel, la musique déjà évoquée, tout concourt à perdre le spectateur et quelque part il est vrai que nous ne comprenons pas où le réalisateur veut en venir. Et quelque part ceci est cohérent avec le personnage principal, pour laquelle nous ne comprenons pas où elle en venir. Mais le côté âpre des images, de la mise en scène et du film lui donnent un ton original certain.
Le personnage principal, le rôle-titre, n'est pas inintéressant, mais nous nous moquons un petit peu de ce qui arrive. Bien que quelque part nous compatissons et avons de la peine pour les scènes quelle a vécu pendant l'assassinant. C'est le seul élément pour lequel nous avons un petit peu d'empathie avec elle si l'on considère ce qui arrive.
Ce qui fait que le film est par moment un peu long, voire plutôt ennuyeux. Il est effectivement centré sur la personne de Jackie. Mais quelque part le personnage n'est pas très passionnant, ou garde son mystère, c'est selon. Même si l'on compatit avec ses souffrances et surtout le contexte dans lequel se sont déroulées. Mais fondamentalement le personnage intéresse peu.

Les Huit Salopards (The Hateful Eight, 2015) de Quentin Tarantino

Avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Michael Madsen, Tim Roth, Demian Bichir, Bruce Dern, Channing Tatum, Zoë Bell, Dana Gourrier, Gene Jones, Lee Horsley, Craig Stark, James Parks.
Les 8 Salopards Steelbook Blu-rayAprès quatre navets successifs Quentin Tarantino revient avec un bon film et même peut-être son meilleur film. En tout cas c'est probablement son meilleur film depuis Jackie Brown. Peut-être parce que le film possède une unité de lieu.
Une des grandes qualités du film est de faire monter progressivement la tension au sein de cette taverne avec ses personnages contraints de rester à cause de la tempête de neige extérieure. Par de très petites touches, petit à petit, à travers les dialogues qui sont comme d'habitude prolixes, la tension monte petit à petit et nous nous disons qu'il se trame quelque chose. Même si nous ne comprenons pas de suite ce qui se trame. En tout cas nous sentons qu'il va se passer quelque chose. À travers une multitude de dialogues et d'histoires racontées par les personnages à tour de rôle, il se passe peut-être différentes choses, mais on se dit que tout ceci est inutile et qu'il y a une autre chose qui se trame. Ce que le personnage de Kurt Russell comprend de suite (bonne vieille règle scénaristique).
Des grandes qualités du film sortent en tête son comique gore, sanguinolent, effroyable. La tête de Channing Tatum qui explose un moment où on ne l'attend pas. C'est hilarant. Les vomissements de sang de Kurt Russell après son empoisonnement et sa dernière donne sur  le visage de Jennifer Jason Leigh sont aussi d'un haut niveau comique. Et tous les éléments de violence sanguinolente y concourent dans le dernier tiers du film.
Le film contient son lot de séquences inutiles qui ont principalement pas beaucoup d'intérêt vis-à-vis de l'intrigue principale (le film dure presque trois heures). La séquence de la torture et de l'assassinat du fils de Bruce Dern nous paraît gratuite, voire ennuyeuse. Son seul intérêt est peut-être de permettre d'exprimer des fantasmes d'homosexualité. La séquence de flash-back où nous est montrée l'arrivée le matin de la bande avec Channing Tatum est inutile (elle est introduite par une voix-off inutile - un intertitre aurait suffit voire rien du tout: le spectateur aurait compris). Si ce n'est à Channing Tatum d'avoir un peu de dialogues et d'explications pour expliquer pourquoi des gens pourraient avoir de l'intérêt pour le personnage de Jennifer Jason Leigh, qui n'en a littéralement aucun (à part ses 10000 dollars de valeur, morte ou vive).
Les Huit salopardsNous sommes aussi surpris de la médiocrité de l'interprétation de Michael Madsen et de Tim Roth dont les personnages sont pratiquement sans intérêt.
Bruce Dern dans son rôle un peu passif est un peu gâché , n'apporte pas grand-chose si ce n'est d'être de la matière pour faire valoir le personnage de Samuel Jackson.
Par contre le film est un festival Samuel Jackson qui porte le film. Kurt Russell est aussi parfait et confirme qu'il est probablement l'acteur le plus sous-estimé de sa génération. Mais la découverte du film est celle de Walton Goggins, qui avec Samuel Jackson, porte le film. Nous apprécions aussi la musique d'Ennio Morricone qui bien sûr rappelle fortement la musique de The Thing (1982)de John Carpenter. On comprend en lisant les interviews de Tarantino que ce film est en quelque sorte un hommage au film de John Carpenter. Nous y retrouvons certains éléments effectivement: la paranoïa, la promiscuité du lieu, la neige, le froid, l'impossibilité de partir.
Autres qualités du film, ce sont les magnifiques décors de neige qui entourent et qui préfigurent les scènes de huis clos à l'intérieur de la taverne. Magnifiques images en cinémascope qui donnent une puissance au film.
Le film contient de multiples scènes d'anthologie. Principalement toutes celles où il y a du sang à l'image! Quentin Tarantino laissera son empreinte en tant que réalisateur du sang !

Au Plus Près Du Soleil (2015) de Yves Angelo

Avec Sylvie Testud, Grégory Gadebois, Mathilde Bisson, Zacharie Chasseriaud, John Arnold, Pascal Ternisien, Thomas Doret, Rodolphe Congé, Florence Janas.
Au plus près du soleil
C'est un drame sur un sujet intéressant, dont le traitement recèle des qualités, mais dont la progression dramatique est prévisible. Belle distribution pour servir cette histoire, mais nous devinons toutes les articulations. C'est la principale déception, car l'on devine tout, légèrement avant, ce qui va se passer. Tout en ayant à l'esprit que cela ne paraît pas plausible. En particulier le personnage de la juge, Sylvie Testud, qui commet des fautes professionnelles en se rendant compte que la mère biologique de son enfant est devant elle: elle ne respecte pas la déontologie de sa profession, bien que son mari, avocat, l'exhorte à se dessaisir de l'affaire. Mais si c'était le cas, il n'y aurait pas de film et pas d’intérêt dramatique à tout cela. Elle va donc persister à inculper la mère de son fils, tout en ne soupçonnant pas les conséquences (mais le spectateur les devine lui).
Mathilde Bisson est parfaite en perturbatrice: elle perturbe le couple, les hommes, le fils et donc le film. Même si elle ne le souhaite pas; mais les hommes se jettent sur elle.
Probablement un des défauts du film est de ne pas avoir choisi un traitement clair de cette histoire. Cela pourrait être très bien un film à suspense, un film à sensations, avec un personnage de cette fille perturbatrice, peut-être un peu perverse et malfaisante. Avec l'hypothèse qu'elle a quelque part effectivement harcelé et forcé au suicide des hommes (voir le prologue du film). Ou alors, traiter cela comme un drame sociétal, sur la problématique d'une mère qui abandonne son enfant, qui est donc adopté, mais qui retrouve sa mère.
Le film hésite et ne prend pas de direction franche. C'est ce qui fait qu'il reste un peu bancal, car le réalisateur ne choisit pas et il essaie de traiter les deux dimensions à la fois. Ce sujet aurait peut-être pu bénéficier d'un sujet beaucoup plus à sensations. 

Ave, César! (Hail, Caesar!, 2015) de Joel Coen et Ethan Coen

Avec Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Channing Tatum, Frances McDormand, Jonah Hill, Ian Blackman, Max Baker, Veronica Osorio, Heather Goldenhersh, Tom Musgrave, Alison Pill, Fisher Stevens, David Krumholtz.

Quelle hystérésis pour ce film?Ave César ! - Blu-ray + Copie digitaleNous faire découvrir l'envers du décor de la période des studios de Hollywood? Nous faire découvrir le rôle et la vie de Mannix, Josh Brolin, qui est quelque part le gestionnaire du studio et qui doit gérer beaucoup de choses et pour la majorité sans relation avec l'aspect artistique? Josh Brolin est parfait.
Nous nous piquons au jeu pour essayer de deviner quel personnage réel est représenté à travers tel ou tel personnages, qu'ils soient acteurs ou réalisateurs.
Autres éléments remarquables du film: l'ensemble des décors, des costumes, des coiffures, en fait tout l'environnement qui recréé cette période qui est sans doute très fidèle à la réalité, mais qui aussi qui lui donne aussi un aspect livre d'images, livre de belles images, un peu irréelles.
Nous sommes moins convaincus par cette histoire de kidnapping de George Clooney par des communistes. Cela est peut-être inspiré de la réalité (sa bêtise, son affabilité), mais nous nous en moquons un petit peu et n'est pas bien intégré aux autres histoires, plus liées elles à la création des films. Bien que ces communistes apparaissent presque tous comme des scénaristes.
La sous-intrigue de George Clooney, kidnappé par ces communistes, intrigue qui arrive au début, mais dont les réalisateurs se fichent. Cela est juste un prétexte probablement pour le personnage de Georges Clooney. Tout ceci est un peu gratuit et ces sous-intrigues (celle-ci ou celle des journalistes jumelles) nous ennuient plus qu'elle ne nous intéresse.
Au final nous avons un peu l'impression d'un film inachevé ou incomplet. Tout ce qui est montré est sympathique et agréable pour les yeux. Mais nous nous disons que toute cette belle mécanique fonctionne sans âme, sans point de vue.
II manque un fil principal depuis le début jusqu'à la fin avec une progression le concernant et un point de vue. Quelque part ce sujet-là paraît plus associé à une série télévisée qui pourrait développer sur plusieurs fois une heure les multiples sous intrigues et pour lui donne un peu de chair. Ici il y a un beau squelette, mais aucune âme.

mardi 21 février 2017

Lumière! L'aventure Commence (2016) de Thierry Frémaux

Lumière! Poster
L'aventure qui commence est celle du cinématographe des frères Lumière. Et donc celle du cinéma. C'est le sujet du film: à travers la compilation de vues réalisées par les frères Lumière, nous montrer qu'ils sont déjà des mises en scène, des figurations provoquées par les Lumière, et ce pour tenir en 50 secondes, la durée d'une vue du cinématographe.
Ce genre de produit est sympathique, car il a une valeur historique. Ce film agrège des vues restaurées, réalisées pendant un certain nombre d'années à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Vue réalisée à l'aide du cinématographe, le produit ou l'outil de filmage et de développement des frères Lumière. Les vues assemblées ici sont restaurées. Et complétées avec un commentaire du réalisateur. Commentaire finalement heureux, car il permet d'aller quelque part à l'essentiel à la vision de chacune de ces vues. Effectivement, donc, nous nous rendons bien compte que ce n'est pas le filmage de quelque chose de naturel que nous visionnons, mais un premier travail de mise en scène à travers le cadrage et donc de fiction.
Et c'est un film qui permet de se rafraîchir et de revenir à des choses simples si nous pensons à  beaucoup de productions réalisées de nos jours, notamment celles utilisant majoritairement les images générées pas ordinateur. Une espèce d'antidote au tout numérique des images.