vendredi 28 décembre 2018

Les Vikings (1958) de Richard Fleischer

Avec Kirk Douglas, Tony Curtis, Ernest Borgnine, Janet Leigh, James Donald, Alexander Knox, Maxine Audley, Frank Thring, Eileen Way, Edric Connor, Dandy Nichols, Per Buckhoj, Almut Berg.

Les Vikings - Édition Collector Blu-ray + DVD + LivreLe film d'aventure historique de référence: rythmé, spectaculaire, amusant (certaines coutumes vikings), violent (le film l'est quand même pas mal avec les différentes mutilations ou le traitement réservé à certains personnages - fosses avec chiens affamés ou femme sur la roue-), et contenant de beaux personnages. Kirk Douglas jubile dans son interprétation de Viking violent et fier de lui, mais qui plie devant un esclave et une femme qui se refuse à lui. Le personnage de Tony Curtis est plus monolithique et évolue peu au cours du scénario. Mais il est très à l'aise dans un personnage assez noir et dénué d'humour. Janet Leigh s'en sort bien dans le rôle du love interest que tout le monde s'arrache et qui est de facto la raison de toute cette histoire.Le méchant est génialement interprété par Frank Thring.
Le film se veut très documenté sur les coutumes des Vikings. Et le film contient de magnifiques décors d'extérieurs (les extérieurs ont été tournés dans des fjords de Norvège).
Bref un film d'aventure avec la distinction et la majesté requise, avec des effets normaux et des décors naturels, qui fait du bien à visionner. Le ratio 2.35 du Technirama fait merveille pour embrasser l'ensemble.

jeudi 27 décembre 2018

Distant Drums (Les Aventures du Capitaine Wyatt, 1951) de Raoul Walsh

Avec Gary Cooper, Mari Aldon, Richard Webb, Ray Teal, Arthur Hunnicutt, Carl Harbaugh, Robert Barrat, Larry Carper, Mel Archer, Gregg Barton, Beverly Brandon, Clancy Cooper, Ginger Stanley, Angelita McCall, Sheb Wooley, Dan White, Darren McGavin, Sidney Capo, Kenneth MacDonald, Warren MacGregor, Lee Roberts, George Scanlan, Larry Chance.

Les Aventures du Capitaine Wyatt - Édition Collector SilverLe film d'aventure, du sous-genre film de jungle, qui est parfait. Tout va très vite. Trouver des contrebandiers. Échapper aux Séminoles dans les Everglades. Traverser les marais de Floride. Des rebondissements réguliers. Une petite intrigue sentimentale, très bien écrite et plutôt subtile.
La voix off n'est pas très subtile par contre, et met de suite le personnage de Gary Cooper sur un piédestal; le procédé date le film brutalement.
Mais tout le reste est impressionnant et se laisse regarder avec alacrité.
La jungle est très présente: beaucoup de décors naturels. Les plans rapprochés sont faits en studio avec des transparences, mais ne nuisent pas à l'ensemble.
Les Séminoles sont impressionnants: maquillages et tenues. Peut-être un peu trop sauvages et pas assez décrits, ou présentés autrement que comme des guerriers. La dynamique du scénario est clairement du côté de Gary Cooper et sa troupe de soldats.
Malgré les quelques éléments qui rendent le film vieillot (musique trop présente, voix off ridicule sur le personnage de Wyatt), il dégage une énergie et une tension permanente qui le rend palpitant. Un bon film d'aventure donc.








La Nuit Américaine (1973) de François Truffaut

Avec François Truffaut, Jacqueline Bisset, Jean-Pierre Léaud, Jean-Pierre Aumont, Dani, Alexandra Stewart, Valentina Cortese, Nathalie Baye, Jean-François Stevenin, Graham Greene, Bernard Ménez, Georges Delerue, Pierre Zucca, Nike Arrighi, Walter Bal, Marc Boyle, Jean Champion, Gaston Joly, David Markham, Zénaïde Rossi, Maurice Seveno.

La Nuit américaine - Ultimate Edition - Blu-ray + DVD - Édition limitée boîtier métalCette nuit américaine est jubilatoire. Le film donne le sentiment de bien décrire ce qui se passe sur le plateau d'un film lors de son tournage. Ici les studios de la Victorine à Nice.
Le film est passionnant. Il en ressort les états d’âme des acteurs: Jean-Pierre Léaud exceptionnel en enfant inadapté dans le corps d'un adulte, Jacqueline Bisset ou Valentina Cortesse qui jouent les divas. Mais aussi les états d’âme du réalisateur sur les évènements perturbants sont film sur lesquels il rebondit en permanence. Bien sûr sont très présentes les contributions des collaborateurs, de la scripte, de l’accessoiriste, de l'assistant-réalisateur ou du producteur. Les rôles et responsabilités sont évoqués opérationnellement.
Le processus de filmage lui-même est montré, ainsi que les différentes prises (très bonne séquence où Valentina Cortese n'arrive pas à dire son texte).
La motte de beurre n'est pas sans évoquer la montagne qui obsède Richard Dreyfuss dans Rencontre du Troisième Type (nous savons d'où c'est inspiré  Steven Spielberg; sans évoquer François Truffaut lui-même).
Idée pour un producteur aventureux: faire un remake de ce film, en y intégrant les nouveautés requises depuis lors d'un tournage; par exemple l'utilisation des images générées par ordinateur.

mardi 25 décembre 2018

Everybody Knows (2018) de Asghar Farhadi

Avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín, Eduard Fernandez, Barbara Lennie, Inma Cuesta, Elvira Minguez, Ramon Barea, Carla Campra, Sara Salamo, Roger Casamajor, Jose Angel Egido, Jaime Lorente.
Everybody Knows
Drame familial bien écrit. Thriller campagnard: qui a enlevé la fille du vigneron local?
Ce qui sauve le film de l'ennui est la richesse du scénario: il gère de manière adroite une multitude de personnages, entremêlements petites sous-intrigues en introduisant régulièrement de nouveaux personnages. Et en gérant adroitement ce que tout le monde sait (voir le titre du film).
Les règles du scénario étasunien sont respectées: le ou les coupables sont sous nos yeux depuis le début de l'histoire. L'habilité du scénario est de nous faire douter et rebondir régulièrement sur de nouveaux soupçons de coupable et de faire évoluer ce vers qui les soupçons évoluent. Il faut reconnaitre au scénariste-réalisateur cette qualité et cette aptitude.
Le reste est parfait techniquement et la distribution de qualité est portée par une direction d'acteur efficace sans être subtile. De la belle mécanique en quelque sorte. Manquant surement d'un plus qui rendrait le film unique.

Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick

Avec Matthew Modine, Arliss Howard, Vincent D'Onofrio, R. Lee Ermey, Adam Baldwin, Dorian Harewood, Kevyn Major Howard, Ed O'Ross, John Terry, Kieron Jecchinis, Marcus D'Amico, Jon Stafford, Herbert Norville, Sal Lopez, Kirk  Taylor, Papillon Soo Soo.
Full Metal Jacket - Édition Spéciale
Aborder Full Metal Jacket n'est pas simple. Le film est découpé en trois parties: l'entrainement des Marines; l'arrière-plan de la guerre au Vietnam; le combat contre un sniper vietnamien qui met à mal tout un peloton.
L'entrainement est lourdingue et la jubilation de Stanley Kubrick devant les grimaces de ses acteurs est à son comble. Cette partie est vite comprise par le spectateur et dure un peu longtemps. Et surprends aussi par sa conclusion invraisemblable et déroge aux parties-prix documentaires du reste du film (le dérèglement du soldat Baleine qui finit par abattre son instructeur; au passage, beau travail de grimaces de Vincent D'Onofrio). Rien d'extraordinaire dans cette partie.
La deuxième partie, anecdotique et tragi-comique, est la vie de soldats planqués (des journalistes). Elle permet d'en savoir un peu plus sur le soldat Joker. Mais comme tous les personnages chez Stanley Kubrick, aucun ici ne suscite l'empathie.
Décors extraordinaire par contre dans la dernière partie. Où un travail de mise en scène impressionnant est à l’œuvre. Les progressions des soldats dans les ruines sont des moments formidables de mises en scène. Et la saveur de cette partie vient aussi de la révélation sur le tireur d'élite embusqué, qui est une soldate vietnamienne, pirouette ironique face à ces soldats misogynes.
L’œuvre reste faible sur sa musique. Il n'y a pas ici de musique qui favorise l’hystérésis des images. Il est vrai que la musique intradiégétique est très présente (chants militaires, musique à la radio). Mais nous ne sentons pas un travail de création associé.

Shining (1980) de Stanley Kubrick

Avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd, Scatman Crothers, Barry Nelson, Philip Stone, Joe Turkel, Anne Jackson, Lia Beldam, Billie Gibson, Robin Pappas, Alison Coleridge, Jana Sheldon, Tony Burton, Barry Dennen, Lisa Burns, Louise Burns, Norman Gay.

ShiningRevoir Shining (il s'agit ici de la version européenne) permet de se remémorer le manque éléphantesque de subtilité du film. Tout y est surchargé. La musique. La direction d'acteur. Les chromos du film d'horreur (c'est un florilège: ils sont enfilés comme des perles). Le montage. Mais ce qui sauve le film est son prologue et son épilogue. Le générique d'ouverture est magnifique: beauté des images, beauté de la musique (avec quelques crissements  annonciateurs), séquence d'images qui avec la musique font monter la tension. Et l’épilogue avec le mur de photos et le recadrage sur une d'elles en particulier et l’extrême gros plan sur une des personnes de la photo. Épilogue qui permet d'ouvrir encore plus le questionnement de ce que l'on vient de voir. Et qui ne l'éclaircit pas du tout.
La geste du film est de dire: je vais vous faire peur, je vous fais peur, je vous avais dit que j'allais vous faire peur. C'est bien un film d'intellectuel, extrêmement calculé, et comme souvent chez Stanley Kubrick, sans aucune humanité. Le réalisateur s'est donné comme challenge de mettre tout ce qui est possible de clichés pour films d'Horreur et d’Épouvante. Et pendant la durée du film, tout y passe. Comme à son habitude, son film est un documentaire, mais ici sur le film d'Horreur en tant que genre connu en 1980 (si Stanley Kubrick réalisait son film en 2010 ou 2020 il faudrait y ajouter l'apport des documenteurs - il aurait été intéressant de voir comment le documentariste Kubrick aurait abordé ce sous-genre - et probablement des zombis, les deux sous-genres les plus développés de ces vingt dernières années).
Lors de cette nouvelle vision, ce qui saute aux yeux est le travail extraordinaire de Shelley Duvall, qui n'est pas dans la légèreté, loin de là, mais qui a fait ce que Stanley Kubrick lui demandait. Beaucoup plus que celui de Jack Nicholson, qui est efficace, mais sans surprise (il avait déjà tout dit cinq ans auparavant chez Milos Forman, i.e. Vol Au-Dessus d'Un Nid de Coucou, 1975). Mais aussi la formidable efficacité de l'ensemble. L'efficacité au cinéma est Stanley Kubrick.


lundi 24 décembre 2018

Barry Lindon (1975) de Stanley Kubrick

Avec Ryan O'Neal, Marisa Berenson, Patrick  Magee, Hardy Krüger, Steven Berkoff, Leon Vitali, Murray Melvin, Gay Hamilton, André Morell, Leonard Rossiter, Philip Stone, Ferdy Mayne, Mary Kean, Diana Koerner, Frank Middlemass, Arthur O'Sullivan, Godfrey Quigley, John Bindon.

Faut-il revoir Kubrick? Faut-il revoir Kubrick après 2001: L'Odyssée de L'Espace (1968), son chef-d’œuvre intemporel ? Barry Lindon nous enjoint à répondre "oui".
Barry LyndonBarry Lindon est un documentaire. La geste kubrickienne est bien à l’œuvre ici. La volonté documentariste de ce qui est montré (costumes, décors, rituels, musique, maquillages, us et coutumes) est ce qui rend le film le plus intéressant; cette recherche de réalisme. Qui était à l’œuvre sur 2001 aussi. Tout en étant très abstrait car chaque plan rappelle une toile de peinture où nous sentons la composition du peintre.
Les rituels. Les duels et leurs protocoles sont les parties les plus passionnantes.
Cet ensemble documentaire se déroule sur fond de misanthropie toute Kubrickienne: aucun des personnages n'est intéressant et nous nous réjouissons de chacun des malheurs qui leur arrivent. Aucun ne suscite l'empathie. Redmond Barry n'est pas un personnage très intéressant et sa chute est jubilatoire.
Grâce à sa qualité picturale, le film est aussi un beau livre d'images. L'utilisation de la lumière naturelle, en particulier les scènes illuminées à la bougie, tout comme les décors champêtres, ou les décors d'intérieur des différents nobles.
Nous rendons grâce au réalisateur de nous avoir épargné les multiples scènes de danses que certains nous auraient imposées. Elles sont en nombre limité, et c'est tant mieux.
Les introductions de séquences débutent par contre systématiquement  par un plan rapproché sur un personnage et qui est positionné dans un décor par un zoom arrière. Cela est fait souvent et casse l'énergie du film. Cela est trop mécanique, trop systématique.
La direction d'acteur (soit inexpressif, soit dans l'exagération avec grimaces) est phénoménale. Elle est même par moment subtile (voir l'extraordinaire scène où Redmond Barry rencontre la femme allemande seule avec son bébé et discutent de leurs solitudes - très belle scène entre Ryan O'Neal et Diana Koerner).
La musique joue un rôle important et contribue fortement à l'hystérésis des images.
Beau travail pour Stanley Kubrick qui est capable de réussir des abstractions (2001, Shining) comme des réalités, ce Barry Lindon.