jeudi 23 mai 2019

Douleur Et Gloire (2019) de Pedro Almodóvar

Antonio Banderas, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia, Nora Navas, Julieta Serrano, César Vicente, Asier Flores, Penélope Cruz, Cecilia Roth, Susi Sanchez, Raul Arevalo, Pedro Casablanc, Julian Lopez, Rosalia, Eva Martin, Agustin Almodovar.
Douleur et gloire 
Le style de Pedro Almodovar se simplifie avec le temps,  il s'épure, et se réduit à l'essentiel, c'est à dire l'émotion.
Toujours avec les mêmes acteurs et actrices.  Toujours avec les mêmes figures: la mère,  l'enfant,  l'amie, l'amant. Toujours en jouant avec le temps: multiples allers et retours entre le présent et le passé.
Les états d’âme artistiques et sentimentaux de ce réalisateur (Antonio Banderas, qui nous rappelle ainsi qu'il peut être un bon acteur) nous touchent alors que nous sommes complètement indifférents à cet univers. À travers cette histoire, différents sujets sont abordés: la fin de vie, la famille, la solitude, la création artistique.
C'est la force du cinéma de Pedro Almodovar; rejoindre l'universalité à travers le particulier.
Un beau film et une histoire simple.


Sausage Party (2016) de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Bande-annonce Sausage Party: La vie privée des aliments - Édition Spéciale FNAC - DVD + Digital UltraVioletSausage Party est l'anti-Disney. C'est un dessin animé, qui n'est pas niais comme une production Disney. Mais qui peut paraître débile à une certaine partie de la population.
L'histoire est celle d'une saucisse qui rêve de fourrer un pain de hot dog, tous les objets d'un supermarché étant des individus qui rêvent d'être achetés par des humains pour aller au Paradis (être mis dans un caddie pour être consommé), c'est-à-dire mourir, être détruits par les humains qui passent de dieux à monstre (la vérité est qu'il n'y a pas de Paradis pour les objets achetés - qui sortent du supermarché -). De là dire que c'est un film contre la société de consommation, peut-être...
Ce que démontre ce film, c'est qu'il est possible de réaliser un dessin animé qui est amusant, qui parle de sujets d'adultes, et qui présente les humains comme des créatures d'horreur et donne au film un climat  de film de monstres. C'est bien vu, et rempli d'un humour caustique.

Au Revoir A Jamais (The Long Kiss Goodnight, 1996) de Renny Harlin

Au revoir, à jamaisAvec Geena Davis, Samuel L. Jackson, Brian Cox, Yvonne Zima, Craig Bierko, Tom Amandes, David Morse, Melina Kanakaredes, G.D. Spradlin, Larry King, Patrick Malahide, Joseph Mckenna, Alan North, Edwin Hodge.

Il est regrettable que ce véhicule pour Geena Davis n'ait pas marché.  Il avait pour but d'en faire une star du cinéma d'action (en fait, une deuxième tentative après L'Ile Aux Pirates - 1995 - du même Renny Harlin). Ce qu'elle confirme avec brio. A la fois à l'aise dans les scènes de comédie et les scènes d'action, elle accapare la caméra. C'est dommage.
Car le  film est parfait. Et c'est un chef-d’œuvre dans son genre. Plus orienté vers l'humour et le film d'action que le film à suspense.
Sur un patron de scénario qui sera repris des années après par la franchise Jason Bourne: un agent spécial du gouvernement étasunien, tueur professionnel, mais amnésique, qui vit une vie de famille typique, se remémore progressivement son passé, puis a des résurgences progressives puis brutales de son passé qui se réveille petit à petit, ainsi que ses capacités physiques.
Le scénario est de plus un buddy movie (scénario de Shane Black) où Geena Davis, femme au foyer, mais bête de guerre endormie, fait équipe avec un détective privé alcoolique (Samuel Jackson, dans une de ses meilleures performances).


dimanche 12 mai 2019

Opération Funky (Undercover Brother, 2002) de Malcolm D. Lee

Avec Eddie Griffin, Denise Richards, Aunjanue Ellis, Chris Kattan, David Chapelle, Neil Patrick Harris, Chi McBride, Billy Dee Williams, Jack Noseworthy, Gary Anthony Williams, Robert Trumbull, William Taylor, Shauna Macdonald, Ron Pardo, James Brown.

Opération funky

C'est l'histoire d'un James Bond afro-américain qui se croit encore dans les années 70 (vêtements, chaussures, coupe de cheveux) qui rejoint une organisation secrète conduite par des Afro-Américains militants. Ensemble ils doivent affronter un super méchant appelé The Man (qui veut empêcher un Afro-Américain d'être candidat à l'élection présidentielle) que l'on ne voit jamais. Mais nous voyons son homme de main, Chris Kattan méchant avec humour.
Cette comédie qui se moque des Blancs, mais aussi des Afro-Américains est une totale réussite dans un humour déjanté avec plusieurs séquences d'anthologie qui raviront les gourmets (la bagarre sous la douche de Denise Richards et Aunjanue Ellis, le pétage de plomb de Neil Patrick Harris, l'affrontement de Chris Kattan et Eddie Griffin, parmi tant d'autres). Le patron de scénario est celui d'un James Bond ou d'un Mission: Impossible, mais en beaucoup plus amusant!
Pour une fois, le titre français est plutôt bien trouvé et correspond à l'esprit du film.
Cette comédie rejoint le club fermé des comédies référentielles des années 2000 (Rien Que pour Vos Cheveux de Dennis Dugan - 2008-, Ricky Bobby: Roi Du Circuit d'Adam -2006 -, Zoolander de Ben Stiller - 2001-, Même Päs Mal ! (Dodgeball) de Rawson Marshall Thurber - 2004 -, par exemples).

Le Livre d'Image (2018) de Jean-Luc Godard

Le Livre d'imageQue dire sur une oeuvre d'art contemporaine qui mélange des images, des extraits de films, des textes, de la musique. Les images sont retravaillées (colorimétrie, contraste, saturation). Cela donne un maelstrom d'images. Ce maelstrom pouvant provoquer indifférence par moment, émotion par moment, interrogation par moment.  JLG se permettant ce que les films grands publics narratifs ne peuvent se permettre: écran noir, phrases coupées, images floues ou mal définies, dialogues se chevauchants, dialogues coupés, etc. Ingrédients que JLG utilise depuis longtemps.
C'est une oeuvre dadaïste, mais la gaieté en moins.
Avec son titre, nous avons l'impression que Jean-Luc Godard questionne et essai de répondre à la question: quel serait le livre de l'image cinéma, pour revenir encore et toujours au questionnement de ce qu'est le cinéma. Nous y retrouvons: les mots et la matière littéraire à l'origine de films; mais aussi la musique et les bruits, éléments constitutifs fondamentaux (même dès le muet); mais aussi les acteurs et actrices, autres ingrédients constitutifs fondamentaux.
Ce livre n'est pas de tout repos, car il tend à montrer les faillites du monde. Il n'est pas gai.


Collateral (2004) de Michael Mann

Avec Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Bruce McGill, Peter Berg, Emilio Rivera, Barry Shabaka Henley, Richard T. Jones, Jason Statham, Irma P. Hall, Mark Ruffalo, Javier Bardem.

Bande-annonce Collateral
Belle idée de scénario pour ce road-movie de nuit. Exercice de style (comment filmer la rue, comment filmer la ville la nuit, comment filmer l'intérieur d'un taxi).
Le film empile les plans esthétiques voire esthétisants, de la ville la nuit, ses buildings, ses automobiles donc.
Au milieu de ces plans esthétiques et musiques travaillées, nous avons Jamie Foxx en conducteur de taxi, perdant de la vie, et Tom Cruise en tueur professionnel (mais pas le premier de la classe: il commet quelques erreurs, qui permettent des articulations dramatiques). Le film est découpé en plateaux au cours desquels Tom Cruise doit abattre un témoin assisté, ce qui a le don de ne pas plaire à Jamie Foxx, avec lieux différents chaque fois, et modes opératoires différents et donc conséquences différentes.
Au total, nous avons là de la belle ouvrage, qui tourne un peu à vide. Mais ce genre de polars manque cruellement dans la production grand public étatsunienne des années 2010 (qui est viciée par les films de superhéros).




La Rage Du Tigre (The New One-Armed Swordsman, 1971) de Chang Cheh

Avec David Chiang, Ti Lung, Feng Ku, Li Ching, Chen Hsing, Chung Wang, Kang-Yeh Cheng, Hark-On Fung, Hsieh-su Fung, Hsia Hsu, Ha Huang.
Bande-annonce Le Sabreur manchot - La trilogie - Un seul bras les tua tous + Le bras de la vengeance + La rag...
Nous restons fascinés par ce chef-d'oeuvre de Chang Cheh. Sa violence graphique au service de cette histoire d'honneur et d'amitiés où un chevalier sabreur (David Chiang, habité et moue mutine) s'autocoupe le bras suite à sa perte d'un combat contre un chevalier perfide (le Maître Long interprété par Ku Feng) et calculateur (il utilise un fléau à trois branches truqué, et sourit beaucoup). Il se retire des arts du sabre et devient serveur dans une auberge, mais aussi la risée de tout le monde. Seule la délicieuse Li Ching croit en lui et essai de le faire revenir au sabre malgré un bras en moins. Mais rien n'y fait. Puis arrive un nouveau chevalier (Ti Lung, flamboyant), qui devient son ami, mais qui décide d'affronter Ku Feng pour dénoncer sa perfidie. Mais il perd son combat, et comme il refuse de se mutiler (se couper un bras), il est découpé en deux. David Chiang, fou de rage reprend le sabre et les tue tous (d'ailleurs ce film est le deuxième remake de la même histoire: Un Seul Bras Les Tua Tous de 1967 et Le Bras De La Vengeance de 1968, aux titres évocateurs).
Ce canevas dramatique simple et à prétexte est supporté par des décors de studio très stylisés (pour ne pas dire carton-pâte) mais aussi par une mise en scène à base de beaucoup de travelings et de panoramiques, dont même certains champs contre champs sont traités en traveling.
Au total, tout est schématique, avec le héros masochiste, avec le méchant ricanant, avec la bande-son fausse et les sons exagérés (le moindre mouvement de sabre fend l'air ou produit un claquement, le moindre choc donne un bruit de coup de poing sur de la viande), la musique tellement années 60, les combats irréalistes au possible, mais cela produit un film référentiel qui garde son impact et sa puissance.

Du Mouron Pour Les Petits Oiseaux (1963) de Marcel Carné

Avec Paul Meurisse, Dany Saval, Suzy Delair, Suzanne Gabriello, Roland Lesaffre, Jean Richard, Jeanne Fusier-Gir, Dany Logan, Jean Parédès, Jean-Marie Proslier, Robert Dalban, Sabine Anglade, Joëlle Bernard, Franco Citti.

Du mouron pour les petits oiseaux Blu-rayLa première chose qui vient à l'esprit en visionnant ce film est la question suivante: un film qui présente des personnages misogynes est-il misogyne lui-même?
Ceci étant dit, la réponse importe peu. Nous avons ici une brochette de personnages dont les préoccupations sont l'argent. Brochettes de personnages qui se développent progressivement: nous ne comprenons pas pendant un moment où l'histoire va nous mener. Avec quand même deux personnages principaux autour desquels gravitent les autres. Dany Saval, championne pour interpréter une fausse cruche que nous avons envie de frapper. Qui attirent les mâles, elle étant attirée par l'argent. Et Paul Meurisse, lui interprétant un faut bourgeois respectable, qui est attiré par les filles et qui attire les curieux avides d'argent.
La distribution est très riche, car l'histoire se déroule dans un immeuble dont le propriétaire est Paul Meurisse et nous côtoyons la vie des différents habitants: un tailleur mystique, une vieille insupportable, la concierge, le propriétaire - Paul Meurisse donc -, le boucher et la bouchère (Jean  Richard, impeccable, mais un peu en roue libre, Suzy Delair excellente). Il faut reconnaitre au scénario sa qualité de mixage d'une multitude de personnages.
La direction d'acteur n'est par contre pas très subtile, c'est le moins que nous pouvons dire. Elle est même balourde pour les acteurs masculins.
Le défaut du film est la faible empathie qu'il provoque  vis-à-vis des personnages. Si ce n'est pour celui du boucher, avec Jean Richard, bon dans un personnage de boulevard.
D’ailleurs le film pourrait très bien être une pièce de théâtre avec une mise en scène revue.


Hostiles (2018) de Scott Cooper

Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Adam Beach, Ben Foster, Rory Cochrane, Jesse Plemons, Timothée Chalamet, Jonathan Majors, Peter Mullan, Paul Anderson, John Benjamin Hickey, Ryan Bingham, Stephen Lang, Q'Oriank Kilcher, Stafford Douglas, Tanaya Beatty.

Bande-annonce HostilesHostiles nous raconte les éléments constitutifs de la société étatsunienne. C'est-à-dire la violence qui constitue son socle, ses fondations. Violences commises à l'encontre des Amérindiens. Violences contre les Tuniques Bleues. Violences contre les colons blancs. Violences des Commanches envers les Cheyennes. Violences qui sont montrées comme constitutives des USA of America.
Bref, nous sommes dans un western crépusculaire où un officier tueur d'indien doit conduire un chef Cheyenne prisonnier tueur de blancs dans son pays, car il est sur le point de mourir (maladie incurable).  Chemin faisant ils vont rencontrer de magnifiques paysages (le film contient de multiples plans de transitions, ultra cliché pour un western, mais apportant un peu de repos et de respiration dans ce flot continu de violences physiques et psychologiques), ils vont rencontrer Rosamund Pike (interprétation habitée) dont la famille vient d'être massacrée par les Commanche, puis différents évènements ou groupes de personnes qui vont faire évoluer leurs perceptions sur le vivre ensemble.  Le film est un geyser de violences, sans être frontale à la caméra, mais toujours présente. Le film questionne le devenir de soldats ou guerriers champions dans le massacre lorsque la paix arrive. Le film n'y répond pas, mais il pose bien la problématique.
La direction d'acteur est subtile. Christian Bale s'en sort bien en étant sobre et concerné: concerné, il l'est à chaque fois, sobre est plus rare. Mais ici son interprétation est subtile et laisse poindre l'évolution de son personnage à travers un simple rictus ou un mouvement d'oeil, par exemple.


Bohemian Rhapsody (2018) de Bryan Singer et Dexter Fletcher

Rami Malek, Gwilym Lee, Lucy Boynton, Ben Hardy, Joseph Mazzello, Aidan Gillen, Tom Hollander, Allen Leech, Aaron McCusker, Mike Myers, Michelle Duncan, Max Bennett, Ace Bhatti, Jess Radomska.

Bohemian Rhapsody DVDCette biographie romancée du chanteur Freddie Mercury permet de parler du groupe Queen. Lorsque l'on connait les morceaux du groupe, en particulier ceux qui ont fait la tête des hit-parades, le film devient intéressant, en particulier lors de la création de certains de ceux-ci. Sur l'aspect création musicale le film est plutôt bien loti, sans être entièrement dédié à cela.
Mais il arrive à indiquer certains éléments liés à la création de certains morceaux. Car il s'agit bien d'une biographie romancée de Freddie Mercury. Le scénario est centré sur son personnage. Sa famille, ses aventures sentimentales ou sexuelles, sa solitude, son entourage, sa relation au groupe Queen.
Sur la forme de la biographie, le film est très académique, sans invention. Mais au total efficace, dans le sens où il délivre certains attendus: certains jalons de la vie du groupe Queen.
La reconstitution est au summum, mais elle ne saurait être un discriminant pour une telle production où la qualité technique est un minimum attendu.

Le Désordre et la Nuit (1958) de Gilles Grangier

Avec Danielle Darrieux, Jean Gabin, Paul Frankeur, Nadja Tiller, Hazel Scott, Robert Manuel, François Chaumette, Louis Ducreux, Roger Hanin, Jean-Pierre Cassel.

Le désordre et la nuit Blu-rayJean Gabin est un policier qui enquête sur un meurtre dans le milieu de la nuit. Une enquête à sa manière, car son comportement avec certains personnages ne cadre pas vraiment avec son statut de policier. Parmi ces personnages, il y a le patron d'une boite de nuit qui est aussi trafiquant de drogue, il y a une pharmacienne, il y a une jeune droguée apprenti chanteuse. Tout ce monde interagit au grès de l'enquête, mais aussi du fonctionnement de la police. Jean Gabin interprète un policier qui mène son enquête et démissionne pour partir avec la jeune droguée. Entre les scènes dans la boite de nuit, à la police, dans la rue, à l’hôtel (notre policier - Jean Gabin - couche très vite avec la jeune droguée), mais aussi les numéros musicaux dans la boite de nuit, il en ressort un film au ton particulier, qui sort des clichés du genre pour donner un film qui surprend. La manière dont sont peints les personnages féminins, les relations sans ambiguïtés avec le policier. Bref, le film n'est pas dénué d'une certaine modernité ou plutôt il surprend pour un film de 1958 dans sa manière d'aborder certaines relations hommes-femmes.


Marie-Octobre (1958) de Julien Duvivier

Avec Danielle Darrieux, Paul Guers, Bernard Blier, Paul Frankeur, Jeanne Fusier-Gir, Daniel Ivernel, Robert Dalban, Lino Ventura, Paul Meurisse, Serge Reggiani, Noël Roquevert.

Marie Octobre DVDAvec Marie-Octobre nous avons un film tourné presque exclusivement dans la même pièce, mais il y a bien une histoire forte. Plusieurs années après la fin de la guerre, les membres survivants d'un réseau de résistants sont réunis par l'un d'entre eux qui a appris que la mort du chef du réseau lors de la  guerre est le fait d'une trahison de l'un d'entre eux. Le scénario consiste à faire tourner les soupçons sur chacun  d'entre eux, jusqu'à l’identification du traitre. Avec en prélude de la réunion: le coupable une fois identifié, doit se suicider., puisqu'il y a en quelque sorte prescription.
L'histoire est suffisamment forte pour que le déroulé dans une pièce unique ne soit pesant et est même oubliée.
Tout est bien écrit et la dramaturgie fait soupçonner chacune des personnes présentes, chacune à leur tour. Malheureusement, le type casting aidant, nous avons deviné le coupable bien avant la fin. Mais le film reste prenant jusqu'au bout. Et pour ce qui est de la distribution, elle regroupe une belle brochette d'acteurs avec les visages du cinéma français (voir la distribution).


Capharnaüm (2018) de Nadine Labaki

Zain Al Rafeea, Cedra Izam, Nadine Labaki, Fadi Youssef, Yordanos Shifera, Boluwatife Treasure Bankole, Alee ChouchNiye, Kawthar Al Haddad.

Bande-annonce Capharnaüm Edition Fnac Blu-rayDifficile de rester indifférent devant ce film où un enfant évolue dans les rues pauvres au Liban. De son rejet  de ses parents biologique (le film commence par une séquence de tribunal où l'enfant accuse ses parents de l'avoir mis au monde), puis sa relation avec sa sœur, à son adoption temporaire par une femme africaine, à son rôle de frère d'un bébé africain. Le tout dans un univers où une fille peut être mariée dès qu'elle a ses règles. Et avec les contingences de la pauvreté.
Il s'agit donc d'un film de survie dont le héros est un enfant dans les rues au Liban dans un univers d'extrême pauvreté. Le film fait surement office de documentaire. Les errances de la pauvreté du point de vue d'un enfant dans un pays délabré.
Le prix du Jury à Cannes est amplement mérité.

Guy (2018) de Alex Lutz

Avec Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot, Brigitte Rouan, Dani, Nicole Calfan, Elodie Bouchez, Bruno Sanches, Julie Arnold, Stephan Wojtowicz, David Salles, Sarah Suco, Patrick de Valette, Marina Hands, Vincent Heden, Nicole Ferroni, Julien Clerc.
Bande-annonce Guy
Faut reportage sur la vie d'un faut vieux chanteur de variété français, mais vrai tranches de vies. Et c'est l'une des qualités du film. L'exercice de style consiste à filmer un chanteur fictif (interprété par Alex Lutz) qui s'inspire nous imaginons de multiples chanteurs de variété française. C'est en quelque sorte un documentaire fictif. Vieux chanteur dans le sens où il vit sur ses vieux morceaux et fait des tournées hommage à lui même.
Alex Lutz signe avec ce film une œuvre originale, sans comparaison avec aucune autre. Les scènes les plus réussies sont celles dans la vie privée de notre chanteur, avec ses chevaux ou avec sa femme (Pascale Arbillot, juste et pathétique - son personnage -), dans son environnement personnel.
Alex Lutz l'acteur est incarné, voire envouté par son personnage, plus vrai que nature.

Chacun Pour Tous (2018) de Vianney Lebasque

Bande-annonce Chacun pour tousAvec Ahmed Sylla, Jean-Pierre Darroussin, Olivier Barthelemy, Camélia Jordana, Vincent Chalambert, Clément Langlais, Estéban, Jérémie de Nicola, Thomas de Pourquery.

Un canevas classique pour cette comédie honorable dans le monde du basket handisport. S'inspirant d'une histoire vraie, le film est efficace (il peut même faire rire) dans sa construction type d'un film que nous avons l'impression d'avoir déjà vu. Mais cela fonctionne grâce à une distribution bien vue et une interprétation réussit. Jean-Pierre Darroussin est dans ses interprétations standards, ni plus ni moins (il fait du Darroussin: rien que nous n'ayons pas déjà vu). Tout en étant efficace.
Ce qui manque à ce produit: peut être un peu moins de convenus, et plus de délire ou d’outrecuidance, voire de subversion.

samedi 4 mai 2019

The Ward (2011) de John Carpenter

Avec Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker, Laura-Leigh, Lyndsy Fonseca, Jared Harris, Sali Sayler, Sean Cook, Sydney Sweeney, Mika Boorem, Milos Milicevic, Lonny W. Waddle.
The Ward : L'Hôpital de la terreur Blu-rayJohn Carpenter nous fait du Carpenter dans ce film qui est le dernier qu'il a réalisé jusqu'à maintenant. Nous y retrouvons sa mise en scène typique avec ses longs travellings ou ses panoramiques, ici dans un univers d'hôpital psychiatrique (couloirs, chambres, parties communes). Le film fait penser par moment aux scènes dans l'hôpital psychiatrique de L'Antre de la Folie (1994). Si le film ne fait pas forcément peur, car il est plus dans le registre du film de suspense, il contient néanmoins quelques séquences de surprises où le spectateur sursaute. Ce n'est pas un film d'horreur (même si graphiquement il s'y apparente), mais plutôt un film à suspense.
Sinon le film dans une unité de temps et de lieu permet d'allonger un ensemble de clichés et de choses déjà vu maintes fois ailleurs, mais plutôt bien emballés. John Carpenter est très fort pour filmer les décors et en tirer une atmosphère. En l'occurrence ici c'est cet hôpital psychiatrique avec son pavillon des handicapés mentaux, très cinégénique.
Le film n'est pas surprenant non plus dans le sens où nous devinons la fin et son retournement.
Par contre, ce qui manque fortement au film, et cruellement, c'est une musique à la John Carpenter! Ici il n'a pas composé la musique du film et cela se ressent fortement: elle est d'une banalité et remplie de clichés. Il est d'ailleurs curieux (et regrettable) de constater que depuis ce film John Carpenter se contente de faire vivre sa musique à travers des concerts et est devenu un musicien à temps plein et non plus un cinéaste.

Mad Max: Fury Road - Black & Chrome (2017) de George Miller

Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz, Nicholas Hoult, Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Nathan Jones, Josh Helman, Hugh Keays-Byrne, Megan Gale.

Mad Max : Fury Road - Version cinéma + Black & Chrome Edition - Édition boîtier SteelBookCette version du film permet de le revoir en noir et blanc, mais dans un noir et blanc qui réduit la définition, enlève des détails de l'image pour ne laisser sortir peut-être des choses essentielles, ou pas, mais qui changent quand même la perception du film.
Même l'histoire, qui est la même, en ressort resserrée, tendue. Et comme le film est plutôt monochromatique, le noir et blanc donne une perception au film qui est assez nouvelle. Le film fait penser plus à un western ou un film historique (nous pensons par moment à un péplum).
Cette version en noir et blanc fait ressortir finalement les éléments essentiels de la dramaturgie tout en abrasant des points de détails qui finalement disparaissent. Ce qui donne au film un impact différent, peut-être plus immédiat, plus prioritaire, dans le sens où ce sont les émotions et les événements prioritaires qui sont mis en avant. De ce fait le film gagne en émotions notamment dans toutes les scènes de la deuxième moitié du film qui impliquent les personnages féminins qu'ils ont rencontrés au cours de l'histoire ou celui de Charlize Theron. Il semblerait aussi que dans cette version des plans de dialogues ont été rajoutés.
Le film reste un chef-d'œuvre et semble même encore plus fort avec cette version vidéo en noir et blanc.

La Soif Du Mal (Touch of Evil, 1958) de Orson Welles

Avec Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Akim Tamiroff, Marlene Dietrich, Joseph Calleia, Ray Collins, Dennis Weaver, Mercedes McCambridge, Joanna Moore, Valentin Vargas, Mort Mills, Victor Millan, Michael Sargent, Joseph cotten, Zsa-Zsa Gabor, Keenan Wynn, Valentin de Vargas.

Nous retrouvons dans ce film tout le savoir-faire et les tics d'Orson Welles. Ses tics de direction d'acteur. Ses tics de mise en scène. Bref tout le bréviaire de son art est ici exprimé.
La Soif du malDéjà dans une des premières qualités du film il y a sa photographie en noir et blanc. Qui stylise et amplifie les décors, les costumes, les expressions des visages. Avec ici beaucoup de noirs et de blancs, et peu de gris. Nous savons qu'Orson Welles détestait la couleur. Mais ici le film serait sûrement insupportable en couleur. La direction d'acteurs à la serpe avec des acteurs grimaçants en permanence et cadrés et photographiés de manière accentuer leurs grimaces, sous forme de contre-plongée, de très gros plans et de jeux de lumière qui creusent les visages. Nous trouvons ici aussi un sens certain de la distribution avec des acteurs de son cru tous impressionnants. Il est d'ailleurs à noter que Charlton Heston est ici très bien dans un rôle (son meilleur?) improbable de policier mexicain droit, qui doit affronter le policier pourri et atroce interprété par Orson Welles avec une délectation certaine.
Ensuite la mise en scène est encore et toujours impressionnante avec ses cadrages obliques, ses contre-plongées, ses mouvements de grue et son plan séquence introductif, cette exploitation permanente de la profondeur de champ et de la composition du cadre, bref un vrai catalogue pour apprenti metteur en scène. Ceci étant dit, nous restons toujours à la périphérie du film et n’éprouvons aucune empathie pour aucun des personnages si ce n'est peut-être pour ce pauvre Charlton Heston qui essaie de rester dans le rationnel et la droiture, voire pour Janet Leigh qui est le seul personnage innocent de cette histoire.


Pentagon Papers (The Post, 2017) de Steven Spielberg

Bande-annonce Pentagon PapersAvec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Tracy Letts, Bradley Whitford, Bruce Greenwood, Matthew Rhys, Alison Brie, Carrie Coon, David Cross, Jesse Plemons, Michael Stuhlbarg, Zach Woods, Pat Healy, Austyn Johnson, Deirdre Lovejoy, Philip Casnoff.

Steven Spielberg dans sa veine film historique contemporain reste très fort (nous avons en souvenance son formidable Munich, 2005). Nous ne saurions critiquer un film ou tout est parfait à tous les niveaux. Scénario, distribution, interprétation, décoration, photographie, etc. Pour servir une histoire dans les médias: comment le Whashington Post s'est refait une crédibilité en enquêtant et publiant sur un scandale d'état concernant la Guerre du Vietnam.
Mais il manque quelque chose au film pour avoir une forte hystérésis. En y réfléchissant, le problème fondamental est le sujet lui-même. Cette histoire qui indique que les présidents américains ont caché la réalité sur la guerre du Vietman est sympathique, mais déjà vue à maintes reprises, et finalement pas très spectaculaire: les politiques et gouvernements mentent, c'est atavique. Donc de ce côté-là, la dramaturgie fait pschit. Il y a aussi le personnage de Meryl Streep, femme patronne d'un journal, dans un environnement misogyne, qui donne un autre intérêt au scénario. Et il y a aussi le fonctionnement d'un journal vu de l'intérieur.
Au total, le film est sympathique, mais manque d'ambition (sujet).



I Feel Good (2018) de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Bande-annonce I Feel GoodAvec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Joseph Dahan, Lou Castel, Jean-Benoit Ugeux, Jean-François Landon, Jana Bittnerova, Elsa Foucaud, Marius Bertram, Oleg Kupchik, Xavier Mathieu.

C'est à la fois la continuité des films précédents, mais aussi la nouveauté avec cette grosse star masculine. La continuité dans les thématiques et les personnages que nous avons déjà vus dans les films précédents du duo Delépine et Kervern. Grosses stars fanées comme Gérard Depardieu (Mammuth, 2010, ou Saint Amour, 2016) ou Isabelle Adjani (idem). Grosses stars actuelles avec Jean Dujardin (ici) ou Benoit Poelvoorde (Saint Amour, 2016 , ou Le Grand Soir, 2011). Nous sommes donc en terrain connu et reconnu.

Et c'est la continuité thématique, sociale et sociétale qui nous est servie, ici. Le principe du film est de mettre en scène un perdant et perdu de la société (Jean Dujardin, efficace en crétin étalon) qui se croit capitaliste au sein d'un centre Emmaüs.
Le film à au moins une vertu documentaire avec le centre Emmaüs en question dont nous devinons le fonctionnement.
Le scénario s’essouffle sur la durée. Les principes du film sont compris assez vite et le voyage non initiatique du personnage de Jean Dujardin au sein de cette communauté ne surprend pas. Puis il y a le voyage vers le centre de chirurgie esthétique qui essaie de relancer l'intérêt dans la dernière partie, qui semble rajouté et change la tonalité le film. Mais cette dernière partie du film n'est pas dans la continuité des moments précédents, où le ridicule du capitaliste, du toujours plus sont brocardés. Le film contient ces quinze dernières minutes de trop, pour un virage tragicomique inutile.