jeudi 24 décembre 2020

I Don't Feel at Home in This World Anymore (2017, 1h33) de Macon Blair

Avec Melanie Lynskey, Elijah Wood, Marilyn Faith Hickey,Jared Roylance, Cristy Miles, Gary Anthony Williams, Michelle Moreno, Lee Eddy, Matt Orduna, Wrick Jones, Jeb Berrier, Sharae Foxie.

Superbe réussite que ce petit film. "Petit", car il n'y a pas de grosse star, même si Elijah Wood peut faire illusion. Tout y fonctionne parfaitement et avec jubilation. Car même si le film commence comme une comédie dramatique où les petits tracas de la vie (ici Melanie Lynskey se fait cambrioler et voler son ordinateur portable) vont conduire à une histoire où deux personnages seuls s'associent (Elijah Wood en voisin peu bavard qui écoute du métal) pour retrouver qui a fait se cambriolage compte tenu du fait que la police ne fera pas beaucoup le travail d'enquête. Cela les emmènera à rencontrer beaucoup de personnages, peu classiques, et à la marge de la société, du receleur aux cambrioleurs, jusqu'à la mère de famille riche esseulée et son mari millionnaire, pour finir dans un bonheur (le barbecue dans le jardin) avant de passer par la case explosion de violence à l'insu du plein gré de toutes et tous. Et ceci avec une fluidité et une logique immédiate.

Nous avons aussi apprécié les décors réels, peu habituels dans les productions des gros studios, avec des étatsuniens peu riches, des pavillons de banlieue avec le gazon pas entretenu et où il n'y a pas de voiture de luxe, jusqu'à la maison du millionnaire (le film a été tourné à Portland dans l'Orégon) et la forêt qui la jouxte pour une avant-dernière séquence à la limite du fantastique.

Un bijou que l'acteur Macon Blair a écrit et réalisé. Le film possède sa propre tonalité qui passe de la comédie dramatique au film d'horreur et au film romantique.

I Don't Feel at Home in This World Anymore. Poster

Terreur Aveugle (See No Evil, 1971, 1h29) de Richard Fleischer

Avec  Mia Farrow, Dorothy Alison, Robin Bailey, Diane Grayson, Brian Rawlinson, Norman Eshley, Paul Nicholas, Christopher Matthews, Max Faulkner, Scott Fredericks, Reg Harding, Lila Kaye.

Décidément, Richard Fleischer signe encore un film qui impressionne: film à suspense et film avec des horreurs. Une jeune femme aveugle a sa famille décimée par un tueur lors de son absence (une sortie à cheval), mais comme elle est aveugle et qu'elle pense qu'ils sont sortis pour la soirée, elle ne s'en rend pas compte de suite. C'est une famille aisée qui dispose d'une grande bâtisse, avec des écuries et beaucoup de terrain, à la campagne. À son retour elle ne se rend compte de rien. Ce n'est que le lendemain que des éléments l'intriguent, mais pas de suite, la mise en scène jouant pendant un certain temps des nerfs du spectateur, car lui il sait.

La mise en scène s'évertue en permanence à nous montrer, dans un coin, dans un angle, à l'arrière-plan, en reflet dans un miroir, ce que Mia Farrow ne peut voir.  Une porte ouverte, un cadavre dans une baignoire, sur un fauteuil ou sur un lit, un objet inapproprié (une douille de cartouche sur le sol, un bracelet par terre, etc.). D’abord dans la maison où Mia Farrow est seule. Ensuite lors de sa fuite dans la forêt, son enfermement dans une cabane insalubre et puis sa fuite dans la boue puis dans une décharge avec des carcasses de voitures. Avec l'humidité et la boue (nous sommes dans le Berkshire au Royaume-Uni): elle est pieds nus.

La mise en scène ne montre pas le tueur, sauf ses bottes. Et la narration nous oriente vers un tueur et nous fait oublier l'intrigue (la recherche du tueur) et ne nous prépare pas à la surprise finale, qui tombe à point et rend le film encore plus intéressant.

Nous pourrions dire qu'il s'agit d'un exercice de style par un réalisateur débutant qui voudrait faire le malin à la sortie de son école de cinéma pour montrer qu'il est virtuose de la caméra, des angles et du découpage. Mais pour Richard Fleischer, dont il s'agit du vingt-huitième film, le challenge, le plaisir de mise en scène est évident et il s'est bien amusé pour la penser.

En synthèse le film contient une multitude de séquences-chocs ou visuellement mémorables qui permettent au film de garder son impact et de happer le spectateur jusqu'à la fin.

Terreur Aveugle [Blu-Ray]

The Constant Gardener (2005, 2h09) de Fernando Meirelles

Avec Ralph Fiennes, Rachel Weisz, Hubert Koundé, Danny Huston, Daniele Harford, Packson Ngugi, Damaris Itenyo Agweyu, Bernard Otieno Oduor, Bill Nighy, Keith Pearson, John Sibi-Okumu, Donald Sumpter, Archie Panjabi, Nick Reding, Gerard McSorley.

La constance du jardinier, un curieux titre pour un film d'espionnage qui est la narration d'une histoire d'amour et d'une vengeance. Film d'espionnage, car il est question de diplomatie, d'agent étranger dans un pays africain (Kenya) exploité par des firmes pharmaceutiques au profit, du profit, ce qui ne plait pas à des organisations non gouvernementales, et où vont se mélanger des mercenaires et des intérêts d'état.

Ralph Fiennes, parfait dans un rôle rentré et inexpressif dont le métier est de rester imperturbable (il est diplomate et jardinier, c'est lui le jardinier du titre). Marié avec et amoureux de Rachel Weisz dans un personnage militant et provocateur. Mais, c'est l'une des qualités du film, leur histoire d'amour est crédible et bien écrite. Une fois que sa femme est retrouvée morte, il commence  à se poser des questions (le film est un cadencement de flashbacks et de séquences actuelles) et passe du rôle de naïf à celui d'enquêteur qui essaie de comprendre, et se confronte donc à différentes choses qu'il ne soupçonnait pas.

Et le film va au bout de sa logique, avec Ralph Fiennes qui va au bout de sa démarche tout en acceptant les conséquences. 

Le  film a le mérite d'avoir été filmé au Kenya et malgré les drames, les décors et paysages naturels sont très beaux, et bien sûr le film ne masque pas les parties surpeuplées et pauvres de Nairobi. À ce titre il constitue un mélange réussi d'éléments documentaires et de fiction.

The Constant Gardener Poster

Le Bonhomme De Neige (The Snowman, 2017, 1h59) de Tomas Alfredson

Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Jonas Karlsson, Michael Yates, Ronan Vibert, J.K. Simmons, Val Kilmer, David Dencik, Toby Jones, Genevieve O'Reilly, James D'Arcy, Chloë Sevigny, Jeté Laurence, Adrian Dunbar.

Film policier dans la neige en Norvège qui raconte la traque d'un tueur en série qui signe ses scènes de crime avec un bonhomme de Neige. Car il commet ses crimes lorsqu'il y a des chutes de neige. Avec une narration qui se déroule sur plusieurs années, et qui combine des retours en arrière avec des crimes similaires. Ces flashbacks permettant d'introduire le personnage de Val Kilmer, flic qui avait enquêté sur les premiers meurtres.

Michael Fassbender est l'interprète clé de cette intrigue, avec une palette d'une grande variété, dans le rôle du flic enquêteur, mais antihéros, alcoolique, avec beaucoup de problèmes psychologiques. L'acteur est parfait et sa performance est notable dans ce personnage.

Il y a un beau travail d'atmosphère grâce au climat (l'hiver, la neige), au rythme un peu engourdi, au travail sur les décors d'intérieur (l'appartement de Michael Fassbender par exemple). C'est ce travail d'atmosphère qui marque, alors que le film contient son lot de plans horribles liés aux meurtres, ou de moments de montées progressives de la tension.

Le film policier est très stylisé et chic. Il apporte un ton original différent des schémas du film standard de tueur en série. Un exercice de style réussi.

Bande-annonce Le Bonhomme de neige

 

Mank (2020, 2h11) de David Fincher

Avec Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins, Tom Pelphrey, Arliss Howard, Tuppence Middleton, Monika Gossmann, Joseph Cross, Sam Troughton, Toby Leonard Moore, Tom Burke, Charles Dance, Ferdinand Kingsley.

C'est curieux. Le film parait interminable. Pourquoi? Est-ce parce qu’aucun des personnages ne suscite l'empathie ou un intérêt particulier? Le scénariste du Citizen Kane d'Orson Welles, Mank, alcoolique, mais doué, misogyne, mais respectant sa femme (à sa manière), n'est pas un personnage intéressant. La dimension de création artistique de son travail n'est pas évoquée (hormis son alcoolisme, mais il n'a jamais été démontré que l'alcool procure du talent) et manque...

Les scènes les plus intéressantes concernent ses réunions mondaines avec le gratin d'Hollywood de l'époque où beaucoup de noms résonnent sur le plan historique, réunion d'ailleurs avec William Randolph Hearst (interprété par Charles Dance) qui est le modèle du personnage de Charles Foster Kane d'Orson Welles. Ces scènes évoquent la montée du nazisme (en Europe), et contiennent des joutes verbales qui mettent en avant l'ironie et le sens du bon mot de Mank.

La performance technique est au top, les acteurs sont bons et Gary Oldman produit une performance de haut vol. Mais le personnage nous indiffère. Il y a beaucoup d'énergie, beaucoup de travail, pour un résultat qui fait pschitt... Et le noir et blanc ne produit aucun effet notable.

Sur les activités d'un scénariste à Hollywood, le film de Nicholas Ray (Le Violent, 1950) est plus intéressant avec moins de furie et moins de personnages (il est vrai que dix ans séparent les deux diégèses).

 Mank Poster

To The Bone (2017, 1h47) de Marti Noxon

Avec Lily Collins, Rebekah Kennedy, Dana L. Wilson, Ziah Colon, Keanu Reeves, Joanna Sanchez, Liana Liberato, Carrie Preston, Don O. Knowlton, Valerie Palincar, Hana Hayes.

La qualité principale du film est de nous faire pénétrer dans l'univers des personnes anorexiques, des filles principalement, avec le personnage principal de Lily Collins. Elle se retrouve dans une institution plutôt libre où les patients doivent suivre des règles. Avec l'objectif qu'ils se sentent mieux, recommencent  à manger, un peu. L'institution est dirigée par Keannu Reeves, dans un second rôle, qui joue au professeur et qui dit grosso modo aux gens que la solution viendra d'eux même.

La contribution de Keanu Reeves est secondaire et artistiquement nulle. Avec un autre acteur, cela aurait-il changé quelque chose?

La narration suit Lily Collins, qui revient dans sa famille après une cure, mais qui est envoyée dans cette institution spécialisée où elle va rencontrer d'autres malades comme elle, le médecin et les règles. Pour une fin plus ou moins heureuse, plutôt plus, car elle semble mieux, plutôt moins, car elle est toujours malade.

La majorité du film se déroule dans l'institution spécialisée, avec la rencontre avec les autres malades, l'apprentissage des règles de vie commune et du système de point mis en place par le docteur. L'ensemble fonctionne et Lily Collins arrive à être émouvante et le film arrive à faire percevoir ce que ressentent ces malades.

To the Bone Poster

Aux Yeux De Tous (Secret In Their Eyes, 2015, 1h51) de Billy Ray

Avec Chiwetel Ejiofor, Nicole Kidman, Julia Roberts, Dean Norris, Alfred Molina, Joe Cole, Michael Kelly, Zoe Graham.

Billy Ray est surtout connu pour ses scénarios. Qu'il signe ici aussi. Beau scénario d'ailleurs qui raconte la poursuite du tueur de la fille de Julia Roberts, flic, qui découvre le corps de sa fille lors d'une descente de police (ce qui n'était pas pu prévu évidemment). Le tueur n'est pas retrouvé ou l'enquête n'est pas menée à son terme, car le candidat tueur est un indicateur important pour la police (qui enquête sur des islamistes; la sécurité nationale passant avant la résolution du meurtre). Mais Chiwetel Eijofor poursuit l'enquête sur plusieurs années et fini par le retrouver, ce qui va perturber Julia Roberts, qui vie recluse à la campagne, et perturber Nicole Kidman, procureure maintenant, qui était la chef des deux précités au moment du meurtre. Belle distribution donc, avec deux grosses stars.

Ce n'est pas du tout un rôle glamour pour Julia Roberts; elle porte tout le malheur de son personnage (coiffure, maquillage, vêtements). Le côté froid et intériorisé de Nicole Kidman est bien utilisé. Et pour terminer sur le trio de tête, le personnage principal, que porte Chiwetel Ejiofor avec une excellente performance, qui est le film conducteur: il est le personnage qui évolue et extériorise le plus au cours de l'histoire.

Ce film policier est différent des schémas habituels, car le meurtrier ne peut pas être inculpé. Il est connu et beaucoup d'éléments empêchent qu'il soit condamné, y compris au sein de la police. Donc nos trois personnages principaux naviguent en permanence entre le légal et l'illégal (et le non-respect de procédures). Jusqu'à la révélation finale, qui fait pencher le film un peu plus dans le Noir.

Bande-annonce Aux yeux de tous

Les Affameurs (Bend Of The River, 1952, 1h31) de Anthony Mann

Avec James Stewart, Arthur Kennedy, Julie Adams, Rock Hudson, Jay C. Flippen, Lori Nelson, Chubby Johnson, Stepin Fetchit, Harry Morgan, Howard Petrie, Frances Bavier, Jack Lambert, Royal Dano.

Grand classique d'Anthony Mann avec beaucoup d'ingrédients: la nature et les paysages dont les rivières (voir le titre original); un héros au passé trouble et torturé qui cherche une rédemption (James Stewart, avec une l'interprétation fiévreuse); un convoi de pèlerins qui va s'installer dans l'Oregon (leur référence est La Bible); les chercheurs d'or et l'or qui vont perturber le jugement de certains; l'appât du gain comme motivation primaire; les Indiens; les capitalistes véreux (qui deviennent fous une foi que l'or est trouvé); la justice expéditive et la pendaison; l'alter ego du héros qui n'est pas un héros (Arthur Kennedy, parfait) mais un bon faire valoir; l'absence de justice (celui qui dégaine le plus vite fait la loi); la rédemption (parce qu'il faut bien un message positif dans ce monde en construction); l'histoire romantique (incarnée par Julie Adams, arc dramatique léger qui reste toujours à la périphérie de l'arc principal).

Tous ces ingrédients étant imbriqué dans l'histoire de James Stewart qui cherche à se racheter de ses méfaits du passé en conduisant ces pèlerins qui vont s'installer dans l'Orégon.

Le petit défaut du film est le personnage de Rock Hudson, pas suffisamment creusé pour que nous comprenions ses motivations et changement de vie (passer du jeu et l'argent à la vie de défricheur de terre est peu crédible, et la motivation romantique pas assez travaillée), mais c'est un petit détail.

Cet ensemble pour un western total, complet, et en quatre-vingt-dix minutes, chaque scène contribuant à la densité de l'ensemble.

Les AFFAMEURS [Blu-Ray]

mardi 22 décembre 2020

L'Homme Du Kentucky (The Kentuckian, 1955, 1h44) de Burt Lancaster

Avec Burt Lancaster, Dianne Foster, Diana Lynn, Walter Matthau, Donald MacDonald, John McIntire, Una Merkel, John Carradine, John Litel, Rhys Williams.

Premier film réalisé par l'acteur Burt Lancaster.  Et il ne persista pas beaucoup dans cette activité, tant mieux. Le film ressemble à une production Disney. Beaucoup de niaiseries. Les plans sont trop longs. Le montage est balourd: les transitions sont lourdes, et nous souhaitons souvent des coupures plus tôt. La direction d'acteur est pachydermique: le petit garçon est insupportable avec sa tête de rat: très mal dirigé, et très mal coiffé; Walter Matthau, dont c'est le premier film, s'en sort plutôt bien; John McIntire et John Carradine sont en roue libre.

Le film de plus s'extasie, normal, car c'est un de ses sujets, sur des plans de forêts, de nature, de cascades, de rivières, d'arbres, sur de bruits des oiseaux (film écologique avant l'heure). Ce qui ne rend pas le film dynamique. Mais c'est un des axes de la dramaturgie: le fils de Burt Lancaster (l'enfant rat) souhaite vivre à la nature, mais son papa, Burt Lancaster, est tenté par la vie citadine, et par deux femmes qui le font hésiter.

Autre élément qui pénalise le film, le personnage du père justement,  interprété par Burt Lancaster lui-même: il est naïf, pas très malin, fait des choix peu heureux. Il est victime des évènements et toujours suiveur. Il ne sait pas prendre de décision, il est tiraillé entre deux femmes (Dianne Foster est plus notable dans Le Souffle De La Violence, 1955, de Rudolph Maté, qu'ici).

Par contre l'acteur Burt Lancaster possède toujours ses yeux bleus et ses dents blanches: la photo de chaque plan le rappelant en permanence avec  insistance. Mais ici pas d'ironie liée à la nature de son personnage comme le Joe Erin de Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich (Ernest Laszlo a photographié les deux films).
En somme le film peut être vu comme une curiosité historique avec son message écologique. Pour le reste, il est plutôt pénible. Sauf si l'on est un fanatique extrême de Burt Lancaster.

La musique de Bernard Hermann est excessivement sirupeuse et alignée sur les manques de subtilité évoqués.

L'Homme du Kentucky [Édition Spéciale Combo Blu-ray + DVD] [Édition Spéciale Combo Blu-ray + DVD] [Édition Spéciale Combo Blu-ray + DVD] [Édition Spéciale Combo Blu-ray + DVD]

L'étrangleur de la Place Rillington (10 Rillignton Place, 1h51, 1971) de Richard Fleischer

Avec Richard Attenborough, Judy Geeson, John Hurt, Pat Heywood, Isobel Black, Miss Riley, Phyllis MacMahon, Ray Barron, Douglas Blackwell, Gabrielle Daye, Jimmy Gardner, Edward Evans, Tenniel Evans, 

Quel uppercut que ce film! Un film qui arrive à être plus horrible que les tartines de films de tueurs en série de type clones de Seven (1995, David Fincher), Hannibal Lecter et autres torture porn
Habile scénario qui montre le tueur et les meurtres assez vite, pour ensuite donner des informations sur lui pendant le procès de quelqu'un d'autre dans la dernière partie du film. Entre les deux nous comprenons ses manigances et le rôle des classes sociales dans la manipulation. Le film nous montrant la vie de tous les jours du tueur, avec sa femme, ses calculs et ses mensonges.
Et pour aller à contrario de beaucoup de ce type de film, Richard Fleischer ne montre jamais le point de vue de l'enquête ou de policiers, nous ne savons donc pas s'il risque de se faire attraper. Pendant la plupart du film d'ailleurs il n'est jamais question de police car les leurres ne sont pas encore découverts.
Autres éléments formels marquants: l'absence de musique, et aussi la photographie, en couleur, mais à la limite du noir et blanc, monochrome, terne, ce qui donne un climat très particulier et conduit à une ambiance horrible, d'autant que nous sommes dans la banlieue pauvre de Londres, après la Seconde Guerre mondiale..
Du côté de la distribution, Richard Attenborough et John Hurt (dans son premier rôle) sont parfaits
Tout concourt à faire de ce film sombre et dur un chef d'œuvre. Plus grâce à ses sujets et le traitement que sur la forme, même si c'est très bien mis en scène, comparativement à L'Etrangleur De Boston que Richard Fleischer a réalisé en 1968 où le format large, le split-screen, la décolorisation progressive de l'image sautaient plus aux yeux et faisaient partie de la dramaturgie. Le tueur ici ne bénéficie d'aucune empathie tellement il est obséquieux et abject, ce qui n'était pas le cas du personnage de Tony Curtis, malade, pour lequel le film arrivait à produire une certaine empathie.
L'Étrangleur de Rillington Place

Tout Simplement Noir (2020, 1h30) de Jean-Pascal Zadi et John Wax

Avec Jean-Pascal Zadi, Caroline Anglade, Fary et une multitude d'acteurs ou de personnes célèbres.

Le film prend comme canevas les entretiens que mène Jean-Pascal Zadi pour monter une manifestation sur la sous-représentation des noirs dans la société française. Mais au grès de ce ses rencontres (presque uniquement des personnes "noires" connues), le projet évolue et met avant que tous les noirs de sont pas noirs et que parler de "noirs" ou "noires" est absurde. Le tout avec beaucoup d'humour, de mises en abime, et de contradictions (rôle des femmes, il rencontre beaucoup de personnes "noires" qui sont déjà présentes dans les médias, la scène avec les "musulmans" ou les "juifs").

Le film utilise beaucoup de clichés pour les prendre à contre-pieds, les retourner, à l'envers, avec le prétexte de monter une manifestation des personnes "noires". Le entre guillemets ici signifie, ce que démontre le film, que cela ne veut rien dire qu'il n'y pas de personnes "noires", il y a des individus avec leurs histoires, leurs parcours, leurs personnalités et leurs talents.

D'ailleurs, le film va surement déranger les plus activistes des défenseurs de la cause. Peut-être, parce que le film est un entre soit de gens connus, et finalement il est possible de se demander quelle cause il défend.

Nous retrouvons un peu de l'esprit des films de Sacha Baron Cohen, sur la forme, sur la démarche, avec moins de virulence et de subversion par rapport au sujet ou aux sujets.

Bande-annonce Tout Simplement Noir

The Highwaymen (2019, 2h12) de John Lee Hancock

Avec  Kevin Costner, Woody Harrelson, Kathy Bates, John Carroll Lynch, Thomas Mann, Dean Denton, Kim Dickens, William Sadler, W. Earl Brown, David Furr, Jason Davis, Josh Caras, David Born!,

Même si ce film est distribué par Netflix, le nom de John Lee Hancock suscite la curiosité. Scénariste de grands films de Clint Eastwood (Un Monde Parfait, 1993, et Minuit Dans Le Jardin Du Bien Et Du Mal, 1997), mais aussi scénariste de ses propres films, souvent sur des histoires des États-Unis d'Amérique souvent dans un contexte historique: son Alamo (2004) est très sympathique ou récemment son film sur le créateur d'une chaine de restauration rapide (Le Fondateur, 2016), ou ses films sur des sportifs états-uniens. Et lorsque nous regardons la distribution, sachant que Kevin Costner choisit ses films avec parcimonie (il coproduit le film ici, avec Woody Harrelson d'ailleurs) et n'a pas encore sombré dans le DTV comme certains de ses contemporains (cf. Bruce Willis ou Nicolas Cage), le film prend plus d'intérêt encore.

Ici il est encore question d'une histoire des États-Unis d'Amérique: ces hommes des routes sont les deux ex-flics recrutés pour traquer et tuer Bonnie Parker et Clyde Barrow. Il s'agit donc d'un film sur eux, mais à l'envers: nous ne les voyons jamais, mais voyons leur traque par ces policiers. Policiers à la retraite que la police officielle va chercher, car ce sont des policiers d'une autre époque, brutaux, violents, qui employaient des méthodes qui ne se font plus. Ici il n'est pas question de romantisme, les deux tueurs sont montrés comme de sang-froid pour l'ensemble des meurtres. Et le parti prix de ne jamais les montrer, est très symptomatique de l'ambition du film.

Cet ensemble produit un film où le duo de tête fonctionne parfaitement bien, les deux Texas Ranger sortis de leur retraite étant interprétés par Kevin Costner et Woody Harrelson, avec une histoire qui montre que les hors-la-loi étaient les héros des gens, où les vieux flics qui rempilent sont montrés comme fatigués et travaillant avec leur méthode, à l'ancienne, et avec patience. Bon film donc, pour arriver à leur rencontre avec les hors-la-loi tant recherchés, où rien ne sera laissé au hasard.

La relation des deux Texas Ranger est particulièrement bien écrite. Leur relation étant mixée avec la progression dramatique de la traque des deux hors la loi.

The Highwaymen Poster

dimanche 29 novembre 2020

Les Deux Cavaliers (Two Rode Together, 1961, 1h49) de John Ford

Avec James Stewart, Richard Widmark, Shirley Jones, Linda Cristal, Andy Devine, John McIntire, Paul Birch, Harry Carey Jr., Henry Brandon, Woody Strode, John Qualen, Jeanette Nolan.

Quelle surprise.... John Ford n'a pas réalisé uniquement des films qui montrent comment les Étatsuniens devraient être, mais ici comment ils étaient (et sont toujours pour ce qui concerne le racisme). John Ford nous montre un Far West où il y a l'alcool, la saleté, le cynisme, le racisme, l'individualisme, l'appât de l'argent comme motivation, la bêtise (entre les deux fils tarés, et l'adjoint du shérif qui semble demeuré), et la justice expéditive (voir le lynchage du jeune indien) ou alcoolisée (les prisonniers libérés parce que le juge est ivre mort...). Voire le sexe avec Madame Gomez qui vient de donner naissance à un petit garçon, alors que son mari est mort depuis douze mois. Même les Indiens sont calculateurs avec Henry Brandon qui livre la femme de Woody Strode sachant que cela permettra de se débarrasser de lui.

La partition musicale (George Duning) n'est par contre pas du tout adaptée à la noirceur du film; elle est nominale et ressemble à n'importe quelle partition de Victor Young des années cinquante: mièvre à souhait.

Donc cet univers faiblement reluisant et engageant est surprenant chez John Ford. Mais cela fait du bien et empêche le film de sombrer dans la mièvrerie. Le film évite aussi la séquence chanson. Ce qui est très bien.

Le héros, ici James Stewart, qui n'est pas mutique comme dans le western spaghetti, mais en possède toutes les caractéristiques listées au début. D'ailleurs, la fin avec James Stewart qui part avec Linda Crystal ressemble plus à une convention narrative qu'à quelque chose de plausible.

Richard Widmark rentre plus dans la peau d'un personnage positif.

Les relations des deux personnages principaux avec leurs amoureuses respectives sont très bien écrites. Que ce soit James Stewart avec Annelle Hayes (dans le rôle de Belle, celle qui fait fuir James Stewart qui ne veut pas s'engager avec elle) puis Linda Cristal. Ou Richard Widmark avec (Shirley Jones, solaire). D'ailleurs le seul élément positif du film est la romance de Richard Widmark avec Shirley Jones.

Nous nous demandons si ce film n'a pas influencé ou créé le western spaghetti. Ceux-ci déboulant en 1963 et 1964 avec les films de Mario Caiano ou plus connus, ceux de Sergio Corbucci (Le Justicier du Minnesota, 1964) ou Sergio Leone (Pour une poignée de dollars, 1964). Le film est sorti en Italie en septembre 1961. Nul doute que Sergio Leone s'est précipité pour le visionner.

Les 2 cavaliers Blu-ray

La Couleur Du Crime (Freedomland, 2006, 1h53) de Joe Roth

Avec Samuel L. Jackson, Julianne Moore, Edie Falco, Ron Eldard, William Forsythe, Aunjanue Ellis, Anthony Mackie, Peter Friedman, Clarke Peters.

Un enfant disparait dans la voiture de sa maman alors qu'elle est volée (la voiture). La maman est Julianne Moore dans un personnage très torturé, avec une interprétation pas forcément  dans la finesse, mais impressionnante et qui fonctionne.. Samuel Jackson est un flic noir qui essaie de comprendre ce qui s'est passé et si la maman dit vrai. Pour ce faire il ne peut pas compter sur ses collègues policiers, trop occupés à chercher le voleur de la voiture qu'ils pensent être un noir dans un quartier noir - le petit garçon est blanc bien sûr -, avec  donc émeutes et racisme au menu. Dans le cadre de son investigation, Samuel Jackson demande de l'aide à un groupe de civils spécialisés dans la recherche d'enfants disparus. Pendant que ces copains noirs se font tabasser dans le quartier. Une des manières de faire stopper cela est aussi peut être de trouver l'enfant son kidnappeur.

Film policier original sur un canevas qui sort des clichés du genre, restant dans le polar, avec une enquête psychologique avec un arrière-plan avec des émeutes raciales. Bien mené, distribution de qualité, performance pas forcément subtile de Julianne Moore, mais performance quand même. La scène où Julianne Moore est questionnée par les civils et où elle révèle des informations qu'elle n'avait pas encore indiquées est passionnante et très forte.

Joe Roth, surtout connu pour ses activités de producteur, signe un film qui a de l'ambition (scénario de Richard Price), et qui l'atteint. Beau travail.

https://fr.web.img6.acsta.net/c_310_420/medias/nmedia/18/36/09/49/18479348.jpg


Rio Grande (1950) de John Ford

 Avec John Wayne, Maureen O'Hara, Ben Johnson, Claude Jarman Jr., Harry Carey Jr., Chill Wills, J. Carrol Naish, Victor McLaglen, Grant Withers.

Nous restons passionnés et très émus lors de chaque scène entre John Wayne et Maureen O'Hara. Avec en particulier la très belle séquence de la chanson sur Kathleen par les Sons of the Pionniers : le jeu des acteurs fait passer toutes les émotions, sur leur passé, leurs états actuels et le leur futur.

L'adjoint comique, Victor McLaglen, en fait beaucoup. Appuyé par son metteur en scène qui lui donne beaucoup de plans (avec des recadrages en gros plan au montage). Au total cela fonctionne (en particulier l'excellente scène du coup de bâton sur la main avec Chill Wills) et fournit un peu de calme comique dans cet ensemble plutôt dramatique avec les Indiens méchants et hargneux (les seuls bons indiens sont ceux qui sont éclaireurs).
Le scénario est parfait, et le triangle John Wayne, Maureen O'Hara et leur fils, qui constitue l'arc dramatique principal, est passionnant, bien que rempli de clichés. Cette histoire se plaquant sur l'arc des Indiens qui sont prisonniers, puis s'évadent, puis il faut attaquer leur camp.
Le film est un juste équilibre entre le sentimentalisme cher à John Ford, le comique (Victor  McLaglen, Chill Wills en médecin), le mièvre (la musique, certains plans), le drame avec notre trio, et l'action et l'aventure (les chevaux, cascades à la romaine - impressionnante - et poursuites, les indiens), avec un montage balourd. 
Au total le film est passionnant et cette re-vision un délice.

Rio Grande [Édition Collector Blu-Ray + DVD + Livre]

Tout L'Argent Du Monde (2017) de Ridley Scott

Avec Michelle Williams, Christopher Plummer, Mark Wahlberg, Romain Duris, Timothy Hutton, Charlie Plummer, Andrew Buchan, Marco Leonardi, Giuseppe Bonifati, Nicolas Vaporidis, Andrea Piedimonte Bodini.

Toutes les qualités du film de Ridley Scott sont là : des productions values phénoménales, une  distribution d'actrices et d'acteurs de première catégorie. Ou presque. Car il manque le scénario passionnant, ou le sujet original pour que le film soit une réussite.

Du côté de l'histoire, nous sommes dans le sous-genre policier du film d'enlèvement avec rançon et enquête. Mais ici, originalité du scénario, il n'y a pas d'enquête, le point de vue de la police est quasi absent, si ce n'est la police italienne qui visiblement en ces années 1970 ne maitrisait rien et était à la solde des mafias. Et  deuxième originalité, il n'y a personne qui réclame l'enlevé. Plus précisément, l'enlevé est le petit-fils d'un milliardaire qui refuse de payer la rançon. Ce qui fait que sa mère, pauvre et sans moyen, essai de payer la rançon, mais elle n'a pas d'argent, et comme la police étasunienne n'est pas prévenue et que le kidnapping est en Italie, elle ne peut pas faire grande chose.

Le problème du scénario et de la narration est que nous nous moquons de ce qui arrive au kidnappé (il ne suscite aucune empathie). Par contre le film provoque de l'empathie avec la mère, mais qui finalement rentre dans le moule à la fin. Car le grand père, milliardaire, le plus riche du monde, mais aussi le plus radin. Il s'agit de Jean Paul Getty et le film est donc un film historique. Nous imaginons que la réalité fut pire encore. Et un des rares plaisirs du film est de le voir mourir.

Entre le fils du milliardaire, sa belle-fille, le milliardaire ou le petit-fils, le film illustre l'adage qui dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Les pauvres vont être contents.

La narration est plutôt tortueuse, les choses avançant lentement, voire très lentement, sans high-tech (nous sommes dans les années soixantaine dix) et sans suspense avec poursuite haletante. Dans la distribution, nous trouvons le personnage raté de Mark Wahlberg, qui ne sert pas à grand-chose, homme de main du milliardaire radin au début, puis se ralliant brutalement à la mère du kidnappé à la fin. Il pourrait être retiré, cela ne changerait rien à l'histoire ni à la narration. Michelle Williams est par contre la principale qualité du film, avec une interprétation toute en finesse, avec une palette variée.

Un film passable, et Ridley Scott peut mieux faire.

https://fr.web.img3.acsta.net/c_310_420/pictures/17/12/18/12/32/5089371.jpg

mardi 24 novembre 2020

Le Silence De La Ville Blanche (2019, 1h50) de Daniel Calparsoro

Avec Belén Rueda, Javier Rey, Aura Garrido, Manolo Solo, Alex Brendemühl, Ramón Barea, Sergio Dorado, Allende Blanco.

Film policier espagnol, où un flic et sa cheffe enquêtent pour retrouver un tueur en série.

Le film ne fonctionne pas. Est-ce parce qu'aucun des personnages ne suscite l'empathie du spectateur? Que ce soit le flic ou sa cheffe. Et encore moins les victimes. Les états d’âme du policier ne nous intéressent pas (il a perdu sa femme dans un accident de voiture et semble toujours traumatisé).

Le scénario fait l'erreur de nous montrer le tueur assez vite. Cela peut se comprendre, car il est accointé à l'entourage de la police (ce que nous devinons immédiatement). Mais cela tue le suspense et l'enquête accroche peu le spectateur. L'intrigue bascule de la recherche du tueur à comment vont il se rendre compte que c'est lui. Et cela aussi empêche de donner une motivation ou une explication au tueur (par exemple a-t-il été séquestré sous l'escalier par un berger allemand?) qui fait que nous ne comprenons pas bien pourquoi il tue et de la façon dont il tue et l'aspect esthétique des meurtres. C'est d'ailleurs l'autre défaut, ce sont les meurtres eux mêmes, horribles (sur le moyen de tueur) mais peu dérangeant lorsque les corps sont montrés, ils deviennent même esthétiques comme, une performance.

Au total, beaucoup de choses (distribution riche, multiples décors, beau travail sur la photo) pour une histoire qui ennuie le spectateur.

 Le silence de la ville blanche Poster

The Laundromat: L'affaire des Panama Papers (2019, 1h35) de Steven Soderbergh

Avec Gary Oldman, Antonio Banderas, Meryl Streep, James Cromwell, Sharon Stone, Matthias Schoenaerts, Nonso Anozie ,  Robert Patrick, Jeff Michalski, Jane Morris, Chris McLaughlin, Jay Paulson, Jeffrey Wright.

Très bonne surprise que ce Steven Soderbergh. Le film est inventif sur la forme, ironique et tragique sur le fond.  Le film s'attaque aux vices de l'argent et ridiculise le système financier international qui permet de cacher de l'argent dans des sociétés-écrans. Et le côté documentaire du film explique comment il faut faire. La satire est virulente, amusante et déprimante. Le film explique comment il est possible de créer des sociétés pour masquer de l'argent.

Le ton est didactique avec un canevas humoristique et des histoires à la croisée des chemins: l'histoire de Meryl Streep, celle de Nonso Anozie et son adultère, celle de Mathias Schoenart en Chine. Avec comme liant les Dupont et Dupont du masquage de l'argent: Gary Oldman et Antonio Banderas qui visiblement s'amusent beaucoup, et nous aussi.

Un film qui provoque un bien-être et beaucoup d'humour, d'ironies et de tragédies. Très beau travail d'écriture de Scott Z. Burns.

The Laundromat: L'affaire des Panama Papers Poster

Les Sept De Chicago (2020, 2h09) de Aaron Sorkin

Avec Eddie Redmayne, Alex Sharp, Sacha Baron Cohen, Jeremy Strong, John Carroll Lynch, Yahya Abdul-Mateen II, Mark Rylance, Joseph Gordon-Levitt, Ben Shenkman, J.C. MacKenzie, Frank Langella, Danny Flaherty, Noah Robbins, Michael Keaton.

Le film de tribunal, qui est un genre à part entière, est ici représenté par un bon exemple. Le contexte est le procès forcé par le FBI de membres de la gauche étasunienne au début des années 70: pacifistes, hippies, militants anti-guerre, extrême gauche. Nous sommes en pleine guerre du Vietnam et en pleine contestation. Lors d'une manifestation, la police est agressée et fonce sur la foule. Le procès accuse sept de ces manifestants, dont un activiste noir qui n'a rien à voir avec les manifestations.

Le film est passionnant, principalement par la diversité des personnes inculpées, chacun avec un parcours et représentant un type d'étatsunien. Dans un procès où le juge (Frank Langella, parfait) n'est visiblement pas impartial. La narration articule le procès avec des retours en arrière et présentations des évènements et les stratégies associées, par les inculpés et par l'équipe du procureur. Les personnages les plus marquants étant ceux de Eddie Redmayne et Sacha Baron Cohen pour les accusés, et Mark Rylance dans le rôle de leur avocat.

De la belle ouvrage pour un film à charge contre le FBI (période J. Edgar Hoover) et la justice étatsunienne.

Les Sept de Chicago Poster

Roma (2018, 2h15) de Alfonso Cuarón

Avec Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Diego Cortina Autrey, Carlos Peralta, Marco Graf, Daniela Demesa, Nancy García García, Verónica García, Andy Cortés.

Roma donne une baffe et fait comprendre qu'un film peut être une oeuvre d'art. Film qui raconte la vie d'une famille mexicaine de la moyenne bourgeoisie avec ses deux servantes au début des années 70. Avec les histoires sentimentales et de familles. La narration se concentrant sur l'une des femmes de ménage, tout étant vu de son point de vue.

Des choix esthétiques qui produisent une œuvre forte et de toute beauté: le noir et blanc, des plans-séquences, aucune musique extra diégétique.

Le noir et blanc est superbe. La mise en scène est ample avec le format large et la caméra numérique en mouvement permanent (cela panoramique beaucoup) y compris à l'intérieur de la maison (beaucoup de scènes sont à l’intérieur). Alfonso Cuaron n'a pas peur de filmer longuement les mouvement des gens dans la maison, même s'ils ne font pas progresser la narration et le drame, ces panoramiques donnent une ampleur et une beauté aux séquences. Alfonso Cuaron laisse chaque scène se développer, sans coupure, sans contrechamps, donnant une ampleur à la moindre séquence.

Et bien sûr, à plusieurs moments, les choses étant installées, et les drames progressant, le film fait poindre à plusieurs reprises l'émotion.

Autant Gravity était d'un ennui colossal et ne suscitait aucune émotion, ici Alfonso Cuaron a réalisé, écrit, photographié un chef d'oeuvre. Il est encore possible de créer un œuvre d'Art avec des images.

Roma Poster

Ali G Indahouse (2002, 1h25) de Mark Mylod

Avec Sacha Baron Cohen, Martin Freeman, Tony Way, Nabil Elouahabi, Richard Syms, Ray Panthaki, Michael Gambon, Charles Dance, Emilio Rivera, Gina La Piana, Dana de Celis,  Dominic Delesilva,

La première excursion de Sacha Baron Cohen dans le long métrage avec ce personnage de rappeur blanc plus rappeur et plus noir que tous les rappeurs noirs. Dans le Roayaume-Unis des banlieues, pauvres et faiblement développées, qui jouent au méchant, et s'affrontent entre gangs de quartiers. Les affrontements sont d'ailleurs des joutes verbales ridicules et hilarantes.

La première moitié du film est une réussite, dans le genre, qui consiste en l'installation du personnage d'Ali G, de ses copains et de son univers. Puis ensuite l'histoire principale est lancée et cadencée par l'intrigue qui veut que Ali G soit élu et participe au gouvernement anglais: le postulat est que le parti dominant, pour rajeunir son image va chercher des jeunes de banlieue.

Au total la qualité ou les défauts des personnages de Baron Cohen sont là: pastiches, sexe, énormités, manque de rythme quelquefois. Mais toutes les énormités fonctionnent parfaitement.

Ali G Poster

The Queen (2006, 1h43) de Stephen Frears

Avec Helen Mirren, Michael Sheen, James Cromwell, Alex Jennings, Roger Allam, Sylvia Syms, Tim McMullan,  Douglas Reith,

Le film conte ce qu'il s'est passé au sein de la famille royale anglaise lors de l'accident de Lady Di.

À la fois film en costumes (la famille royale à l'air de vivre dans l'ancien temps), film historique (nous imaginons que le scénariste Peter Morgan s'est inspiré de faits réels), mais aussi documentaire (les us et coutumes de la reine du Royaume-Uni et protocoles de la vie politique au royaume uni (sa rencontre régulière avec le Premier Ministre Tony Blair).

Le film est intéressant sur le traitement du personnage de Tony Blair et le rôle et l'influence des médias dans ce que peut faire le un homme politique, ici le premier des ministres: Michael Sheen est parfait. Car les turpitudes de la famille royale anglaise ne nous intéressent aucunement. Heureusement pour la dramaturgie ils ont l'air de souffrir, mais nous nous en moquons et n'avons aucune empathie.

Le film est sauvé par l'ensemble de ses qualités. Au total c'est de la belle ouvrage. Très académique, dans le bon sens du terme: conventionnel sans être guindé.

 The Queen Poster

Rien De Personnel (2009, 1h30) de Mathias Gokalp

Avec Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès,Mélanie Doutey, Pascal Greggory, Zabou Breitman, Bouli Lanners, Frédéric Bonpart, Dimitri Storoge, Samuel Ferret, Richard Chevallier, Michel Trillot.

Le film conte de manière ironique un séminaire d'entreprise où des cadres doivent passer des épreuves, alors que pointent un rachat et des licenciements. Ces cadres discutent avec des gens qui peuvent être des coachs et pas des membres de l'entreprise. Le coach pouvant donner une évaluation de la personne ensuite. Et avec des observateurs qui notent les jeux de rôles.

Le film est malin dans sa manière de montrer cela: par un mécanisme de retour en arrière et en revivant le même scène plusieurs fois avec des variantes (nous en savons plus sur un personnage, cela va plus loin) qui progressivement nous font comprendre qui fait quoi.

Le film donne une impression d’inachevé. Des personnages importants dans la narration sont évacués (Mélanie Doutey, Pascal Gregory, Bouli Lanners). Nous comprenons leur fonction de levier dramatique, mais leur disparition donne une impression de manque. La narration se concentrant sur Jean-Pierre Darroussin et Denis Podalydès.

De bonnes idées: la performance vocale horrible de Pascal Grégory, ou l'homme de ménage qui se fait passer pour le PDG.

Au total le film contient une bonne dose d'humour noir sur des sujets tragiques: licenciement, adultère, harcèlement. En bref, une bonne comédie dramatique, un genre si typiquement français.

Rien de personnel Poster

Antonia, la chef d'orchestre (De dirigent, 2018, 2h17) de Maria Peters

Avec Christanne de Bruijn, Benjamin Wainwright, Scott Turner Schofiel, Seumas F. Sargent,  Annet Malherbe, Raymond Thiry, Gijs Scholten van Aschat, Richard Samme, Sian Thomas, Tim Ahern, Sara Visser.

Cruelle déception que ce film en costume et historique: il raconte l'ascension de la première femme qui deviendra chef d'orchestre aux USA. Et à ce titre il s'agit donc d'une biographie, avec un message féministe.

Si le sujet est bien: l'égalité des genres et l'impossibilité pour une femme  de devenir chef d'orchestre. Le traitement laisse à désirer: le personnage n'est pas sympathique et ne suscite aucune empathie, à moins que ce soit l'actrice qui l'interprète qui n'était pas douée (son interprétation est assez limitée) ou mal dirigée. Le film est balourd dans sa narration et prépare peu les choses et les enchaîne à la va-vite. Le film n'explique pas sa volonté d'être chef d'orchestre; elle veut juste l'être. Et la narration se concentre sur ce qui l'empêchera et les différentes barrières. Mais nous ne comprenons pas vraiment ses motivations: rien n'est fait pour expliquer, hormis le fait que cela lui permettra de quitter sa famille.

D'ailleurs, le film parle aussi assez peu de l'art d'un chef d'orchestre; cette dimension-là est peu développée, et c'est regrettable.

Le seul personnage attachant est celui de Scott Turner Schofield, qui campe un beau personnage, qui suscite de l'émotion et de l'empathie.

Antonia, la chef d'orchestre Poster

lundi 23 novembre 2020

Emily in Paris (2020) de Darren Star

Avec  Lily Collins, Philippine Leroy-Beaulieu, Ashley Park, Lucas Bravo, Samuel Arnold, Bruno Gouery, Camille Razat, William Abadie, Hanaé Cloarec-Bailly, Jean-Christophe Bouvet, Tytouan Cloarec-Bailly, Charley Fouquet, Charles Martins, Édith Le Merdy, Kate Walsh.

Darren Star est le showrunner de la série. Les metteurs en scènes sont: Andrew Fleming, Zoe R. Cassavetes, Peter Lauer

Cette série Netflix (10 épisodes de 30 minutes) conte la vie d'une jeune américaine à Paris, qui travaille dans le marketing, qui découvre la vie à Paris et le travail à la française. La réussite de la série est de brasser et  d'assumer les clichés sur les parisiens et la France. Les parisiens sont désagréables et odieux, ses collègues de travail son du même acabit, odieux. Les clichets sont là: la baguette, le pain au chocolat, les crottes de chiens sur le trottoir, la cuisine, la drague et le sexe. Tout cela est tellement assumé que cela n'en est pas génant. Au  total, ils sont tous tellement odieux que cela provoque des sourires.

Par contre il manque les transports en communs: visiblement par un moyen de déplacement dans le milieu du marketing et de la mode.

Malgré cet ensemble d'éléments, de clichés, d'éléments négatifs ou positifs (l'amour), le film reste néanmoins un hymne à Paris. Le Paris avant Covid 19.

Le personnage de la jeune américaine (Lily Collins, parfaite) est robuste et résilient à toutes les attaques. Et elle a un dont d'improvisation dans son métier. Ce qui la sauve.

Tout cela est très irréel et invraisemblable, mais la série reste délicieuse.

Emily in Paris Poster

Borat: Subsequent Moviefilm (2020, 1h35) de Jason Woliner

Avec Sacha Baron Cohen, Maria Bakalova, Dani Popescu, Manuel Vieru, Miroslav Tolj, Alin Popa.

Borat Sagdiyev retourne aux USA of America pour offrir sa fille de 14 ans (la célibataire la plus âgée du Kazakstan) au vice-président de Donald Trump.

Ce Borat-là est plus écrit et fluide que le premier. Et plus cohérent. Pour pourfendre l’Amérique trumpiste, complotiste, xénophobe, proarmes. Mais le film n'est pas que sur des personnages négatifs. Il y a des personnages positifs, comme la baby-sitter qui explique à la fille de Borat qu'elle ne doit pas écouter son père, ou la survivante de l'holocauste dans la synagogue.

Ce qui permet au film de montrer des choses naturelles, mais qui ne sont jamais montrées dans un film: les poils sous les bras,  le pubis très poilu, ou le sang menstruel d'une fille. Qui sont considérés comme dégoutants par les puritains. Très symptomatique.

La révélation du film est Maria Bakalova qui joue la fille de Borat. Que nous allons assurément revoir très bientôt dans beaucoup de films

Le meilleur du film reste son affiche, bien vue en cette période de pandémie. 

Vivement la suite de Brüno (2009), l'autre chef d'oeuvre de Sacha Baron Cohen.

Borat: Subsequent Moviefilm Poster

The Wife (2017, 1h39) de Björn Runge

Avec Glenn Close, Jonathan Pryce, Max Irons, Christian Slater, Elizabeth McGovern, Harry Lloyd, Annie Starke, Johan Widerberg, Karin Franz Körlof.

Il s'agit de l'affrontement d'un écrivain qui va recevoir et reçoit le prix Nobel avec sa femme, sa compagne de toute sa vie. L'obtention du prix Nobel va faire ressortir le passé, des choix de vie et leurs conséquences, dans le contexte d'un vieux couple, c'est à dire avec un ensemble de renoncements et de choix acceptés ou forcés.

Un des intérêts du film est de montrer la procédure des Nobel, avec son protocole. Et bien sur de voir deux belles bêtes, c'est-à-dire deux acteurs de grande qualité en action: Glenn Close et Jonathan Pryce. Christian Slater, échappé des séries télévisées, campe un journaliste qui prépare une biographie de l'écrivain.

La narration est suffisamment aiguisée pour suivre avec intérêt ce qui se passe. De la belle ouvrage.

The Wife Poster

Forte (2020, 1h35) de Katia Lewkowicz

 Avec Melha Bedia, Valérie Lemercier, Alison Wheeler, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen, Nanou Garcia, Oussama Kheddam, Yasin Houicha.

Une jeune femme forte se retrouve à suivre un cours de danse à la barre verticale. Elle est en surpoids, pas forcément complexée, mais perçue par ses proches comme peu féminine, voire comme un garçon. Elle est vue comme un garçon par les garçons, avec qui elle joue au football, par ses amis, mais cela ne le gène pas, sauf lorsqu'elle en prend conscience. Ce qui la conduira au cours de pole danse et l'aidera à s'assumer. La pole dance va l'aider à travers les rencontres quelle va faire. 

Canevas classique, plutôt  bien écrit et relativement léger, cette comédie qui met en avant les talents certains de Melha Bedia évite d'être lourdingue et rend les histoires du personnage plutôt attachantes.

.;Forte Poster

Seberg (2019, 1h42) de Benedict Andrews

Avec Kristen Stewart, Yvan Attal, Gabriel Sky, Vince Vaughn, Colm Meaney, Jack O'Connell, Anthony Mackie, Stephen Root, Victoria Barabas.

Le  mérite du film est de ne pas faire une hagiographie pour thuriféraires de Jean Seberg. Elle est montrée comme inconsciente, naïve, et manquant de maturité (vu sont âge ce n'est pas surprenant) voir complètement irresponsable. Le film raconte sa vie pendant sa fréquentation, et les conséquences sur sa vie,  d'un activiste copain de Malcolm X, ainsi que ses diverses adultères.

Le film ne parle malheureusement pas de ses choix de film, mais plutôt de ses engagements "politiques", pourrions-nous dire, même si parler d'engagement paraît un bien grand mot. À travers ceci le film dénonce le harcèlement du FBI dont elle a été victime et qui l'a obligé à s'exiler en Europe. 

Si le volet dénonciation fonctionne, le personnage est faiblement attachant par son inconséquence et donc ne suscite pas l'enthousiasme et aucune empathie.

Beau travail de Kristen Stewart qui semble croire à son personnage.

 Seberg Poster

Gladiator (2000, 2h35) de Ridley Scott

Avec Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen, Oliver Reed, Richard Harris, Derek Jacobi, Djimon Hounsou, David Schofield, John Shrapnel, Tomas Arana, Ralf Moeller,  Spencer Treat Clark, David Hemmings,  Tommy Flanagan, Sven-Ole Thorsen, Omid Djalili.

Le film qui a relancé les films en costumes voire les péplums après leur désuétude des années 1990. Avec Russel Crowe, lorsqu'il était mince. Que retenons-nous du film? Une violence plutôt sympathique, mais moins brutale que chez Mel Gibson. Une histoire prévisible, sans savoir si cela correspond à une réalité historique, dont l'ingrédient le plus intéressant est le personnage de Joachim Phoenix, qui interprète un Commode qui tue son père et qui possède un amour immodéré pour sa soeur. Nous comprenons qu'il manque de beaucoup d'amour. Ce qui en fait un méchant assez trouble, pathétique et psychotique, ce qui en fait un personnage parfait pour la narration.

L'ensemble est bien conduit. Les productions values sont au top, mais c'est une tautologie pour un film de Ridley Scott. La narration est simple et tout ce que nous imaginons arrive. Curieusement, le film arrive à produire de l'émotion lorsque l'on considère le personnage de Russell Crowe avec sa femme et son enfant et sa terre. Curieusement, car le reste du film est surtout dans la brutalité et la balourdise. 

Le principal intérêt du film est le personnage d'Olivier Reed, halluciné et possédé, que nous ne voyons que trop peu. Et la plastique de Connie Nielsen, trop rare, qui interprète habilement celle qui doit naviguer entre tous (son frère, Gladiator, les sénateurs).

Gladiator Poster

mercredi 11 novembre 2020

Barabbas (1961, 2h17) de Richard Fleischer

Avec Anthony Quinn, Silvana Mangano, Arthur Kennedy, Katy Jurado, Harry Andrews, Vittorio Gassman, Norman Wooland, Valentina Cortese, Jack Palance, Ernest Borgnine, Arnoldo Foà, Michael Gwynn, Laurence Payne, Douglas Fowley, Robert Hall, Joe Robinson.

Richard Fleischer démontre encore une fois son talent dans le filmage avec le format large. Le cinémascope est un format dont il sait tirer une construction de plans qui met en avant tout à la fois les décors sur différents plans, mais aussi les personnages. Et pas uniquement en plans d'ensemble: il suffit d'analyser toutes les séquences dans les sous-sols de la mine de soufre.

Au-delà de la forme, ce péplum sur Jesus Christ est passionnant. Car son personnage principal, Barabbas, est une victime, qui ne contrôle rien de sa vie. Le film commence par sa rencontre avec Jesus Christ. La population décide de l'épargner et de crucifier Jesus Christ, ce qui le poursuivra toute sa vie: prisonnier pour brigandage, puis libre Grâce au peuple (qui préfère exécuter Jesus Christ que lui même donc), puis il est emprisonné à nouveau, puis il devient gladiateur. Le film débute par la crucifixion de Jesus Christ et suit en parallèle de l'histoire de Barabbas et la montée de la secte des croyants en Jesus Christ.

La partie du film où Barabbas est gladiateur permet de suivre les entraînements des combattants, les répétitions des affrontements puis les affrontements eux-mêmes, et d'évoquer le fonctionnement et le rôle des gladiateurs à Rome. Avec en prime Jack Palance qui campe un gladiateur halluciné, combattant professionnel, qui ne semble plus esclave, et qui adore cela: il tue par plaisir.  Concernant l'interprétation, Anthony Quinn est parfait et interprète un incroyant dubitatif, simple et primaire sans être stupide, qui subit et ne comprend pas ce qui lui arrive, mais qui sait être résilient (peut-être avec l'aide de Dieu...).

Le film est intéressant pour les us et coutumes de l'époque: le statut des prisonniers,  des esclaves, les Romains. D'ailleurs le film ne montre pas forcément les Romains comme des méchants, nous ne dirons pas comme bienveillants, mais plutôt comme des concernés.

Barabbas [Édition Spéciale]

Le Jardin Du Diable (1954, 1h40) de Henry Hathaway

Avec Gary Cooper, Susan Hayward, Richard Widmark, Hugh Marlowe, Cameron Mitchell, Rita Moreno, Víctor Manuel Mendoza.

Le film parfait. Henry Hathaway signe (avec l'aide de son scénariste Frank Fenton; le film dispose de dialogues qui font mouche) un chef-d'oeuvre du genre. Cinq personnages pour une narration parfaite, où chacun des personnages se dévoile petit à petit et surtout évolue en dehors des préjugés que le spectateur pourrait leur attribuer.

L'histoire est simple: Susan Hayward demande de l'aide pour aider à sortir son mari enseveli dans sa mine d'or. Et elle est prête à payer. Elle trouve trois gringos (nous sommes au Mexique) coincés là, car le bateau qui les transportait à un problème technique, et un Mexicain du cru. Ils acceptent de venir avec elle, contre rémunération (l'idée de "mine d'or" peut rendre gaillard). Pour revenir ensuite et repartir sur leur bateau. Sur les trois gringos, nous avons Gary Cooper dans le rôle du penseur qui possède la maturité, l'expérience et la sagesse. Il y a Richard Widmark, joueur professionnel, qui fait confiance au hasard. Et  Cameron Mitchell, le "jeune", immature, qui monte vite dans les tours, qui aura droit à sa correction, mais qui restera stupide.

Le chemin de ne sera pas de tout repos: tout cela se déroule en territoire indien (des Apaches), qui sont dans une période où ils veulent se faire du blanc ou du mexicain. Le chemin aller, vers la mine et le mari prisonnier sous les éboulis, sera la préparation des drames potentiels  et la caractérisation progressive de chacun des personnages. Le chemin retour sera celui de l’accélération dramatique et la révélation de chacun avec l'affrontement avec les Indiens et la résolution des micros conflits dramatiques entre chacun des personnages.

La musique de Bernard Hermann est par moment de grande qualité: elle renforce habilement certaines séquences.

Une des grandes qualités du film est aussi sa  photographie et les décors naturels magnifiques qui sont ceux d'un film de jungle et des décors de montagnes et roches volcaniques, et qui pourraient plus faire penser au King Kong de Cooper et Schoedsack qu'aux westerns de John Ford (soit dit en passant, il ne s'est absolument rien passé dans l'Utah sur le plan historique). Ce corpus d'images donne au film une densité, magnifié par le Cinémascope.

Une belle fable et un grand film.

 Le Jardin du Diable [Blu-Ray] [Édition Spéciale]


Shocker (1989, 1h49) de Wes Craven

Avec Mitch Pileggi, John Tesh, Heather Langenkamp, Peter Berg, Camille Coope, Richard Brooks, Sam Scarber, Ted Raimi.

Nous restons déçus devant ce film de Wes Craven. Il a essayé au cours de chacun de ses films de sa carrière d'inventer des nouvelles franchises ou des nouvelles histoires d'horreur. Cela a marché quelques fois sur le plan artistique (Le Sous-Sol De La Peur - 1991 -) ou sur le plan commercial (Les Griffes De La Nuit  1984-, Scream -1996 -) et des fois cela ne fonctionne pas. C'est le cas ici où cette histoire qui était peut-être trop en avance; et ce serait peut-être intéressant de la refaire avec les effets numériques. Avec ce qu'il est possible de faire avec de nos jours avec le CGI porn, le film pourrait prendre une autre dimension. Le film n'est pas bâclé. L'histoire et la narration sont peut-être un petit peu compliqué pour ce genre de film, qui dure 1h49. Néanmoins cela traduit l'ambition de Wes Craven: après avoir créé le personnage (première partie du film), il peut développer et mettre en place le transfert de corps en corps, qui est une idée intéressante à développer.

Le film souffre aussi peut-être d'une interprétation pachydermique et manquant de subtilité (nous ne savons pas s'il s'agit de la direction d'acteur ou de la limite des acteurs eux-mêmes). Tout comme le scénario et le personnage principal. D'ailleurs le méchant du film n'est pas très bien compris par le spectateur. Il est méchant point à la ligne.
Il est possible de lire un discours anti peine de mort en filigrane de l'histoire, car la scène la plus intéressante est justement la scène de la chaise électrique qui crée le méchant du film. Scène pas du tout bâclée que Wes Craven traite avec détails.
Comme il est écrit quelquefois: il y a  de l'idée, mais le film est passable, et l'auteur peut mieux faire.
 
Shocker Poster

Terminator: Dark Fate (2019, 2h08) de Tim Miller

Avec Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Mackenzie Davis, Natalia Reyes, Gabriel Luna, Diego Boneta, Ferran Fernández, Tristán Ulloa, Tomás Álvarez, Tom Hopper.

L'intérêt ou le truc facile pour cette franchise est l'utilisation du paradoxe temporel qui permet à chaque épisode d'inventer, de créer, tout et n'importe quoi. C'est-à-dire de ne pas du tout tenir compte des épisodes précédents ou suivants, ou d'en tenir compte si on le souhaite. Cet épisode se situe après le deuxième de franchise (Terminator 2: Le Jugement Dernier - 1991- de James Cameron). Il se permet le réutiliser le personnage de Linda Hamilton (qui ressemble à une momie) et d'introduire encore le personnage d'Arnold Schwarzenegger dans une deuxième partie du film.

Il faudrait que les producteurs se rendent compte qu'Arnold Schwartzenneger n'intéresse plus personne et que son personnage devient lourdingue et sans intérêt pour la franchise. Cette volonté de l'introduire, de forcer son utilisation, ne sert pas la franchise, au contraire. 

Le reste de la distribution fonctionne, et le côté monsieur et madame tout le monde des personnages arrivent à ancrer le film dans des éléments du réel, notamment sur la partie mexicaine.

Cet épisode ressemble à une série B gorgée d'argent pour enchaîner les séquences d'actions à l'ancienne (fusillades et tôles froissées, avec un support du CGI porn pour l'énormité). Les séquences d'action s'empilent et s'enchaînent de manière plutôt laborieuse pour certaines et nous comprenons bien que c'est le cahier des charges que toutes les huit minutes une séquence d'action doit se dérouler.
L'utilisation du CGI porn est criante et par moment les images font penser à un dessin animé: cela apparaît à plusieurs reprises et laisse penser que le film a manqué d'argent pour peaufiner les images numériques. 
L'histoire ici introduit de nouveaux concepts qui permettront encore d'autres suites qui vont arriver qu'elles soient sous forme film ou série et d'exploiter le filon grâce encore une fois à ce paradoxe temporel qui permet de faire tout ce que l'imagination permet.
Au total le film possède un côté vieille école (années 80/90) au niveau des séquences d'action dans la lignée du premier et deuxième épisode. Mais cela donne une impression de répétition laborieuse et pénible, qui n'arrive pas à se hisser au niveau des autres épisodes. Et en tout cas bien loin du meilleur épisode de la franchise, qui est le magnifique numéro 3 (Terminator 3: Le Soulèvement Des Machines, 2003), qui est à la fois noir et tragique, probablement grâce à la qualité de ses acteurs et son côté science-fiction kitsch.
 
Terminator: Dark Fate Poster

Robin des bois (2010, 2h20) de Ridley Scott

Avec Russell Crowe, Cate Blanchett,  Max von Sydow, William Hurt, Mark Strong, Oscar Isaac, Danny Huston, Eileen Atkins, Mark Addy, Matthew Macfadyen, Kevin Durand, Scott Grimes, Alan Doyle, Douglas Hodge, Léa Seydoux.

Ce Robin des Bois reste une déception. Principalement parce qu'il n'a aucun rapport avec le Robin des Bois que nous connaissons (pour les personnes âgées comme nous). Et qui dans notre mémoire évoque de la dynamique, de la légèreté, de l'humour, quelqu'un qui pille les riches pour donner aux pauvres (le patron étant Les Aventures de Robin des Bois - 1938 - de Michael Curtiz et William Keighley, puis refait à de multiples reprises). Il n'y a rien de tout cela ici.

Le film finit ici sur la genèse du Robin des Bois que nous connaissons, et encore cela est très rapide et arrive de manière abrupte. Le film prépare la petite équipe qui soutiendra Robin des Bois et ses différents personnages. Peut-être ce film a-t-il été conçu comme un prélude à une franchise... Ce qui peut paraître ridicule au milieu des franchises Star Wars et Marvel/DC-Comics.

Néanmoins, Ridley Scott a voulu faire un film historique sur cette période du moyen âge entre l'Angleterre et la France. Film historique, comme il aime en faire (1492: Christophe Colomb  - 1992 -, Exodus: Gods and Kings - 2014 -, Gladiator - 2000 -), mais aussi comme il sait les réussir avec brio (Kingdom of Heaven -  2005 -, Duellistes - 1977 -).

Le film n'est pas ennuyeux, mais au total nous restons sur notre faim. Il n'y a pas d'humour. Ce n'est pas gai. Le film est très terne et pas très joyeux. La narration prend son temps (scénario de Brian Helgeland), l'histoire progresse et nous la suivons avec intérêt, mais sans être passionnante car très prévisible. Mais clairement le film aurait dû porter un autre nom.

En complément, la distribution est parfaite. Les horreurs de la période sont sympathiques, notamment dans le réalisme des armes, us et coutumes, costumes, protocoles entre dominants et dominé. Russell Crowe n'est pas très loin de son personnage de Gladiator (2010). Un peu mystérieux, nous ne comprenons pas toujours les décisions qu'il prend. Mais la distribution autour est parfaite.

Robin des Bois Poster

dimanche 11 octobre 2020

Elle Est Des Nôtres (2003, 1h40) de Siegrid Alnoy

Avec Sasha Andres, Carlo Brandt, Pierre-Félix Gravière, Catherine Mouchet, Éric Caravaca, Mireille Roussel, Jacques Spiesser, Geneviève Mnich, Dominique Valadié, Clotilde Mollet,  Stanislas Stanic, Rodolphe Congé, Nathalie Besançon.

Voilà un film qui est extrêmement réfléchi: nous imaginons un gros travail intellectuel derrière ce film.

Le personnage principal est une intérimaire dont la vie est vide et qui ne sait pas exister sans les autres. Mais elle se révèle une psychopathe et criminelle. Elle s'invente une vie quand elle parle d'elle avec les autres. Elle essaie de sociabiliser et d'avoir des relations avec les autres. Mais finalement cela marche, elle arrivera à monter dans la société, jusqu'à obtenir un poste de direction.

Le film sur la forme est très fouillé: de la bande-son qui est extrêmement travaillée, subtile, lancinante, jusqu'à l'interprétation de Sasha Andres qui donne à son personnage le charisme d'un lama. Avec une multitude de plans inhabituels dans le cinéma: par exemple l’assassinat de Catherie Mouchet avec ses cris de douleurs dans une longue séquence, ou l'idée des deux policiers qui parlent en même temps.

Nous sentons un gros travail qui pourrait correspondre à la rencontre de Michael Hanneke pour une forme de nihilisme et de Jean-Luc Godard pour certains éléments de forme.

Elle est des nôtres

The Informer (2019, 1h53) de Andrea Di Stefano

 Avec Joel Kinnaman, Mateusz Kosciukiewicz,Ana de Armas, Rosamund Pike,Clive Owen, Common, Martin McCann, Janusz Sheagall.

Très bon polar qui mélange film policier avec infiltration et film de prison. Parfaitement mené avec une richesse au niveau des différents personnages. Il est difficile de deviner comment l'histoire va évoluer, et ce jusqu'à l'épilogue.

Le film est porté par Joel Kinnaman qui possède une graine de star, une espèce de Tom Cruise en plus grand, athlétique et plus beau. Il interprète un ancien militaire, devenu trafiquant de drogue et balance pour le FBI. La police s'en mêle. La mafia polonaise aussi. Et plus le récit avance, de plus en plus de personnes sont contre lui et il se retrouve en prison, pris au piège de tous, et bien sûr, tout le monde souhaitant sa peau.

La distribution de complément est au top pour servir un très bon scénario. Et le film distille sa dose de violences et de scènes brutales, nécessaires au genre.

Le défaut principal du film est la coiffure d'Ana de Armas, affreuse, c'est un comble!

Informer [Region 2]

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (2001) de Jean-Pierre Jeunet

Avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Rufus, Lorella Cravotta, Serge Merlin, Jamel Debbouze, Clotilde Mollet, Claire Maurier, Isabelle Nanty, Dominique Pinon, Artus de Penguern, Yolande Moreau, Urbain Cancelier, Maurice Bénichou, Michel Robin, Andrée Damant, Claude Perron, Armelle, Ticky Holgado, André Dussollier.

Le fabuleux destin d'Amélie Poulain reste un délice à visionner. Grâce à son beau travail d'écriture sur la narration, mais aussi grâce à l'emballage formel et grâce à la voix off qui possède son utilité, ce qui est rare (usuellement la voix off est signe de paresse, mais ici elle enrichit les textures et la bande-son).

Audrey Tautou est parfaite et son interprétation très fine, et nous imaginons Jean-Pierre Jeunet extrêmement précis et très préoccupé par les détails. Il a trouvé en Audrey Tautou une pâte à modeler parfaite pour le personnage, en particulier au niveau des expressions faciales. Et il faut reconnaitre que l'ensemble de la distribution secondaire est parfaite: le film est un bréviaire de casting.

Dans les grandes qualités du film, il y a encore la musique, parfait complément à l'emballage formel. 

Le film est peut-être faiblement empreint d'une quelconque réalité sociétale. Mais son abord direct et franc du sexe est une vraie joie.

À la nouvelle vision de ce film, il est aisé de comprendre pourquoi il n'a pas été refait par un studio étatsunien. Typiquement français? Typiquement parisien? Typiquement Jeunet? Typiquement bascule vers les années 2000? Cela pourrait être intéressant comme sujet pour un chercheur: pourquoi ce film n'a-t-il pas été refait pas les états-uniens.

 Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain

Une Sirène A Paris (2020, 1h40) de Mathias Malzieu

Avec Nicolas Duvauchelle, Tchéky Karyo, Rossy de Palma, Romane Bohringer, Marilyn Lima, Alexis Michalik, Lou Gala, Nicolas Ullmann.

Tentative originale dans le cinéma français que ce film qui prend pour point de départ l'apparition d'une sirène dans la Seine à Paris qui va perturber la vie de Nicolas Duvauchelle qui se la joue pas trop mauvais garçon au grand coeur (faiblement crédible en chanteur...).

Au total, si nous  reconnaissons la tentative, avec ses qualités (interprétation, décors, costumes, musiques), il faut reconnaitre que le film nous touche peu et qu'en conséquence il a peu d’hystérésis. Nous retenons la sirène, Marilyn Lima, parfaite et crédible, belle bête qui peut devenir une star. Et Nicolas Duvauchelle, parfait encore une fois, qui traine sa dégaine de mauvais garçon, qui cherche encore le rôle qui fera de lui une grande star.  

Pour ce qui est de l'histoire contée, elle nous échappe.

Une sirène à Paris [Blu-Ray]

Un Mariage Dangeureux (Dangerous Matrimony, 2018, 1h22) de Michael Feifer

Avec Emily O'Brien, Rob Mayes, Sabina Gadecki, Donta Tanner, Mo Gallini, Chelsea Ricketts, Jacqueline Lord, Brock Burnett, Wolf Lee Counsel.

Ce produit est un film pour le streaming et les télévisions peu exigeantes. Le réalisateur est un tâcheron habitué à ce genre de produit.

Histoire policière qui mélange une vengeance à un enlèvement et à une escroquerie. Le film est long malgré sa courte durée. Et pour diluer la durée, une multitude de plans verticaux au drone rythment les transitions, comme pour une publicité pour voyage (il se déroule dans des iles "paradisiaques", où il ne fait pas soleil!).

Le film est dénué de subtilité et d'élégance.  À tous les niveaux: articulations dramatiques, interprétation, photographie (très plate, comme pour filmer une publicité pour un savon liquide).

 Un Mariage Dangereux

Antoinette dans les Cévennes (2020) de Caroline Vignal

Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Marc Fraize, Jean-Pierre Martins, Louise Vidal, Lucia Sanchez, Maxence Tual, Marie Rivière,  François Caron.

Actrice formidable qui porte le film sur les épaules: enfin un film où Laure Calamy est la star. Elle est de toutes les scènes. Elle donne de sa personne pour ce personnage de professeure un peu paumée, voire beaucoup sentimentalement. Le film commence par une scène de chant d'école qui permet au spectateur d'éclater de rire. Puis l'exposition continue avec l'amant de la professeure, un autre professeur, qui est déjà marié. C'est une histoire d'un adultère, du point de vue de la maitresse, personnage qui se cherche sentimentalement. Une des qualités du film est qu'il ne juge pas son personnage principal, ni son amant, ni la femme de l'amant.

Le canevas est une comédie dramatique typique avec une maîtresse qui suit son amant en vacances dans les Cévennes, où il se trouve avec sa femme. Elle y va sans le prévenir. Elle rencontre des aspirants qu'elle rejette. Elle y rencontre la femme de son amant. Les vacances se font à pied avec un âne. Le personnage de l'âne donnant lieu à de l'humour et lui sert de psychiatre en quelque sorte. Cette histoire tragi-comique ne retrouve pas le brio de sa scène d'introduction, mais le film garde une tenue certaine et évite de justesse l'humour lourdingue de l'implication de l'âne.

Antoinette dans les Cévennes Poster


Deux Moi (2019, 1h50) de Cédric Klapisch

Avec François Civil, Ana Girardot, Camille Cottin, François Berléand, Simon Abkarian, Eye Haidara, Rebecca Marder, Pierre Niney, Zinedine Soualem, Virginie Hocq, Paul Hamy, Marie Bunel.

Cédric Klapisch s'améliore avec le temps. Son film est parfait de bout en bout. Les deux narrations finissent par se rejoindre: l'histoire nous conte les pérégrinations de deux personnages, qui cherchent une raison à leur vie, probablement personnages dans l'air du temps, seuls, qui vont finir par se rencontrer, bien sûr. Le scénario est très riche et juste. Les scènes dans les familles sont bien écrites et sonnent naturalistes. Tous les personnages secondaires sont habilement croqués: le père, la mère, le copain de classe, les deux psys, l'épicier, la collègue. Les deux personnages de psy que chacun d'eux consulte emmènent un peu d'humour, et sont  eux aussi bien croqués.

Les deux personnages principaux sont faiblement empathiques, car habité par trop de mollesse, à la limite de la neurasthénie, mais nécessaire à la narration, ce qui aussi rend la conclusion du film prévisible, et réjouissante! Une partie de l'intérêt de la narration est de faire se demander en permanence au spectateur, quand vont-ils se croiser? Leurs deux histoires finissent bien sûr par se rejoindre comme nous l'imaginons et le souhaitons.
 Deux Moi

Filles Uniques (2003, 1h25) de Pierre Jolivet

Avec Sandrine Kiberlain, Sylvie Testud, Vincent Lindon, François Berléand, Roschdy Zem, Francis Leplay, Julien Cottereau, Thierry Perkins-Lyautey, Philippe Fretun, Albert Dray, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Laurent Poitrenaux.

Belle distribution pour cette comédie policière, buddy movie au féminin, où une juge et une délinquante légère s'associent pour faire tomber des vilains (il est question de détournement d'argent de casinos).

Le duo est constitué de de Sandrine Kiberlain et Sylvie Testud, qui sans être une distribution originale, fonctionne parfaitement, même si prévisible dans leurs comportements.
Le duo est entouré des personnages masculins, qui sont nécessaires à l'histoire, mais qui sont réellement secondaires, et des faire-valoir de ses personnages de principaux qui sont les seuls qui intéressent Pierre Jolivet :  Vincent Lindon en mari à côté de sa femme (et à côté de la plaque), Rochdy Zem en flic de province qui cherche à tirer son coup, François Berléand en délinquant de casino.
L'ensemble fonctionne parfaitement, pour une durée de 1h25 parfaite.
Efficacité nominale pour ce genre de film, qui ne déçoit pas, mais qui ne rentre pas dans l'inoubliable.
 
 
 Filles uniques

La Part Animale (2007, 1h27) de Sébastien Jaudeau

Avec Sava Lolov, Rachida Brakni, Niels Arestrup, Anne Alvaro, Dora Doll, Carlo Brandt, Jules Dosseur, Marie Desgranges, Alain Durand, Pierre Louis-Calixte, Joëlle Omont.

Le lieu : l'élevage de dindons et dindes en Ardèche. En particulier la race Douglas. Un jeune homme est embauché dans cet élevage, et son comportement va changer.

Le film est à la fois un documentaire sur l'élevage, l'insémination artificielle des dindes, l'abatage des poussins du mauvais sexe, et de l'autre, ce sont les histoires sentimentales, de sexe, d'adultères dans cet univers de paysans et de villageois. Avec un climat de film fantastique, entre l'onirisme et le réalisme.
L’inséminateur, notre jeune, qui passe son temps à mettre du sperme dans les dindes se retrouve avec des problèmes de couple: il ne semble plus intéressé par des relations sexuelles avec sa femme, et commence à avoir de l'empathie avec les dindes, alors qu'il nous a été montré pendant l'exposition qu'il était très prompt à la pénétrer. La femme du propriétaire de l'élevage semble perturbée et a des comportements bizarres que son mari accepte: liaison avec le notaire ou avec l’inséminateur. Très belle scène où la vieille boulangère demande à l’inséminateur de lui montrer son sexe, une dernière fois, pour voir le sexe d'un homme avant de mourir...
Il s'agit donc d'une œuvre originale. Comme si Michael Haneke s'était pris d'amour pour les paysans à la campagne qui élève les dindons et avait décidé de co-réaliser un film avec David Lynch. Avec des éléments à la limite du fantastique: la bande-son, la musique, certaines situations.
Du beau travail.
La Part Animale