dimanche 10 avril 2022

Psychose (1h49, 1960) de Alfred Hitchcock

Avec Anthony Perkins, Vera Miles, John Gavin, Janet Leigh, Martin Balsam, John McIntire, Simon Oakland, Frank Albertson.

Un premier constat, ce film est conçu pour la télévision, ou tout le moins il montre bien qu'Hitchcock était intéressé par le format de la télévision. Ce n'est pas un défaut. Et d'ailleurs nous apprécions ces gros plans de visages. Alternés avec les plans d'ensemble, pour embrasser une pièce, ou un décor.

Un deuxième, le film distille une tension permanente, sans être lourde, mais perpétuelle, à travers ce que font les personnages. D’abord lorsque nous suivons Janel Leigh. Puis ensuite avec le détective. Ou enfin lorsque Vera Miles et John Gavin sont présents. Tension diffuse qui permet au film d'accrocher le spectateur jusqu'au bout. Jusqu'à l'explication médicale à la fin.

Et le troisième, la musique de Bernard Herrmann, présente en permanence, est pour le coup, important, pleinement réussi (et pas que la mélodie très connue de l'assassinat dans la salle de bain), et par moment très belle.

Ce premier de franchise, Psychose, reste efficace, car finalement peu verbeux au niveau des dialogues. Alfred Hitchcock raconte l'histoire avec sa mise en scène. Un film pur.

Bande-annonce Psychose


Le Monde Perdu (The Lost World: Jurrasik Park, 2h09, 1997) de Steven Spielberg

Avec Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlethwaite, Arliss Howard, Richard Attenborough, Vince Vaughn, Peter Stormare, Vanessa Chester.

Outre le brio de la mise en scène de Steven Spielberg, le film recèle de multiples éléments qui le rendent passionnant.

D’abord, il s'agit d'un film de jungle, un vrai, qui n'est pas sans évoquer King Kong avec son bateau qui ramène  le T-Rex à la fin pour en faire une attraction de foire.

Ensuite le scénario qui gère ses rebondissements en séquences d'anthologie, mais aussi une multitude de personnages (beau travail de David Koepp, qui est potentialisé par l'histoire de Michael Crichton), avec une contribution importante grâce à son humour ironique du personnage de Jeff Goldblum; il aide grandement le film. Les autres personnages étant très fonctionnels. La séquence d'anthologie est celle qui implique les deux T-Rex et le camion qui tombe dans le vide. Séquence d'anthologie qui fonctionne dans sa durée avec ses multiples rebonds.

Du côté des effets spéciaux, qu'ils soient numériques ou devant caméra, pour donner des tyrannosaures impressionnants, ils assurent le spectacle et égaient l’œil. Et nous constatons que les effets devant caméras produisent quelque chose de plus impressionnant, plus carné, que les dinosaures tout numériques, qui finalement font toujours dessin animé, et font numériques. Mais ce n'est pas grave, car le King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack est une marionnette animée, et cela fonctionne parfaitement.

Le type casting fonctionne à merveille, ceux qui ne sont pas rasés, les chauves, les adipeux, les cheveux longs, les porteurs de lunette, meurent inexorablement. À l'exception de Pete Postlethwaite, qui est chauve et britannique, qui ne sera pas une victime du T-Rex, mais une victime de lui même. Bonne idée, car le personnage possède un peu d'empathie.

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Le Malin (Wise Blood, 1h46, 1979) de John Huston

Avec Brad Dourif, John Huston, Dan Shor, Harry Dean Stanton, Amy Wright, Mary Nell Santacroce, Ned Beatty, William Hickey.

Dans un état des USA profonds, Brad Dourif qui revient de l'armée, se prend de passion pour la prédication, sur une église et une croyance qu'il crée lui même. Il est passionné. Il y croit (il va jusqu'à se mutiler). Il va croiser un prédicateur  (Harry Dean Stanton) dont il s'inspirera, mais celui-ci s'avèrera plus profiteur que croyant.

Le film interroge à sa manière le rôle des prédicteurs, leur capacité à captiver une foule. Et aussi ceux qui y croient. Mais si l'on est mal intentionné, le film montre aussi l'exploitation à des buts pécuniaires de la chose, avec le faux aveugle (Harry Dean Stanton), ou alors avec l'homme de média qui trouve un filon (Ned Beatty). Seuls les flashbacks paraissent inutiles et n'apportent rien.

À cet arc dramatique, John Huston, Benedict et Michael Fitzgerald, mais aussi Flannery O'Connor, greffent une histoire d'amour, qui si elle semble réelle, ne détournera pas Brad Dourif de son obsession, et au final ne servira pas à grand-chose à la progression dramatique.

Le film a des vertus documentaires grâce à ces arrière-plans où le film a été tourné, en décors réels. Et finalement le film est tellement simple, tellement fluide, pour dérouler son histoire et la passion de Brad Dourif, qu'il l'emporte et rend l'ensemble de ce drame crédible.

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Les Racines Du Ciel (The Roots Of Heaven, 2h06, 1958) de John Huston

 Avec Errol Flynn, Juliette Gréco, Trevor Howard, Eddie Albert,  Orson Welles, Paul Lukas, Herbert Lom, Grégoire Aslan.

 Ces racines du ciel véhiculent un message écologiste, précurseur, avec la défense des animaux. C'est le sujet du roman dont le scénario est inspiré.

Sinon le film est un peu bizarre. Le personnage de Juliette Gréco est insipide et uniquement fonctionnel. Errol Flynn passe son temps à boire; à part cela, il ne sert à rien; pathétique de visionner une star en train de se suicider à l'alcool; même si sa seule scène où il a un peu de dialogue est forte et rend crédible son personnage: il explique sa trahison supposée et pourquoi il est un militaire banni.

Trevor Howard est bon, mais son personnage reste toujours un peu hermétique.Il ne suscite pas forcément l'empathie. Et faire jouer un personnage français par un anglais est toujours bizarre.

Nous restons sur notre faim, car l'arc dramatique, et finalement l'histoire ne contient pas de personnage principal, de héros au sens dramaturgique du terme. Et ce n'est pas un film choral. Mais il possède un ou des méchants en quelque sorte: les chasseurs, coloniaux français, les journalistes. Le personnage d'Orson Welles est sans intérêt, apparaît et est vite oublié: incongruité du film.

Le film dans son ensemble ne semble pas maitrisé. Mais le film l'emporte par contre pour ses décors et ses paysages, tournés pour partie en Afrique, et pour son sujet d'avant-garde en 1958.

Au total le spectateur sort du film en se disant qu'il y a des choses intéressantes, mais qu'il est possible de mieux faire. John Huston est dépendant de l'histoire et de son scénario, ici l'histoire possède un fort potentiel, le scénario n'est pas parfait, loin de là; et il n'est pas aidé par la distribution. Même si elle est cosmopolite, elle aurait pu produire un autre résultat. Voilà une histoire qui pourrait être refaite et qui serait très tendance.

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Quo Vadis (2h51, 1951) de Mervyn LeRoy et Anthony Mann

Avec Robert Taylor,  Deborah Kerr, Peter Ustinov, Leo Genn, Patricia Laffan, Finlay Currie, Abraham Sofaer, Marina Berti, Buddy Baer, Felix Aylmer, Nora Swinburne, Ralph Truman.

Cette production raconte la rencontre entre un Romain, guerrier, brutal et peu subtil, Robert Taylor dans le rôle de Marcus Vinicius, qui rencontre une adepte de Jesus Christ, Deborah Kerr, diaphane, hypnotique, toute en sensibilité (beau travail de Robert Surtees et William Skall pour illuminer en permanence son visage - elle garde son teint de lait en permanence...-). Dans un cadre où le dictateur Néron exprime sa démesure grâce à Peter Ustinov (jubilatoire), qu'un de ses conseillers essaie de maitriser (Leo Genn dans le rôle de Petronius): démesure et folie qui donnent lieu à des scènes mémorables.

Le film contient des séquences d'anthologie, par forcément spectaculaire dans le grandiose: le suicide de Petronius, et chaque scène qui tournent autour de Néron.

Le film bénéficie du grandiose de Cinecitta, de ses figurants, et aussi d'un ensemble de matte paintings, qui tiennent encore la route.

Malgré la longueur et le format (qui n'est pas encore du CinémaScope), le film se laisse visionner, grâce au personnage rustre de Robert Taylor, et ses interactions avec  Deborah Kerr. Bien que l'amour subit de Deborah Kerr, ou la conversion de Robert Taylor, paraissent un peu bâclés et peu crédibles. Et bien sûr grâce aux séquences de Néron et sa cour.

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Un Mauvais Fils (1h50, 1980) de Claude Sautet

Avec Patrick Dewaere, Brigitte Fossey, Jacques Dufilho, Yves Robert, Claire Maurier, André Julien.

Ce film est d'une belle densité. Densité dramatique, avec chacun des personnages qui sont des êtres humains, pas des clichés ou des stéréotypes. Chacun d'eux contribue à cette histoire, simple, mais riche, dense, où la famille, les amis, les amoureux contribuent à produire une belle dramaturgie. Patrick Dewaere revient de prison aux USA; il retrouve son père, Yves Robert, qui pourrait donner le titre de "un mauvais père"  au film, même si nous le comprenons. La police aide Patrick Dewaere à se réinsérer. Il croise alors le chemin de Brigitte Fossey (très belle performance), elle aussi en réinsertion suite à son addiction à la drogue. Il croise aussi Jacques Dufilho, qui va l'aider à se réinsérer.

Le film pourrait s'appeler une belle histoire, avec de beaux personnages, poignante par moment, mais prenante, qui accepte que chacun ait de bons cotés, ou des faiblesses, et qui sont capables de de les surmonter, ou pas. Le scénario mêle aussi, sans condescendance ni jugement l'univers du père, travailleur dans les travaux publics, et l'employeur pour la réinsertion, Jacques Dufilho, qui est libraire et mélomane. Ces univers s'articulent via le personnage de Patrick Dewaere.

Dans son genre, un film parfait, qui ne laisse pas indifférent, qui noue l'estomac du spectateur.

Un mauvais fils