jeudi 24 décembre 2020

I Don't Feel at Home in This World Anymore (2017, 1h33) de Macon Blair

Avec Melanie Lynskey, Elijah Wood, Marilyn Faith Hickey,Jared Roylance, Cristy Miles, Gary Anthony Williams, Michelle Moreno, Lee Eddy, Matt Orduna, Wrick Jones, Jeb Berrier, Sharae Foxie.

Superbe réussite que ce petit film. "Petit", car il n'y a pas de grosse star, même si Elijah Wood peut faire illusion. Tout y fonctionne parfaitement et avec jubilation. Car même si le film commence comme une comédie dramatique où les petits tracas de la vie (ici Melanie Lynskey se fait cambrioler et voler son ordinateur portable) vont conduire à une histoire où deux personnages seuls s'associent (Elijah Wood en voisin peu bavard qui écoute du métal) pour retrouver qui a fait se cambriolage compte tenu du fait que la police ne fera pas beaucoup le travail d'enquête. Cela les emmènera à rencontrer beaucoup de personnages, peu classiques, et à la marge de la société, du receleur aux cambrioleurs, jusqu'à la mère de famille riche esseulée et son mari millionnaire, pour finir dans un bonheur (le barbecue dans le jardin) avant de passer par la case explosion de violence à l'insu du plein gré de toutes et tous. Et ceci avec une fluidité et une logique immédiate.

Nous avons aussi apprécié les décors réels, peu habituels dans les productions des gros studios, avec des étatsuniens peu riches, des pavillons de banlieue avec le gazon pas entretenu et où il n'y a pas de voiture de luxe, jusqu'à la maison du millionnaire (le film a été tourné à Portland dans l'Orégon) et la forêt qui la jouxte pour une avant-dernière séquence à la limite du fantastique.

Un bijou que l'acteur Macon Blair a écrit et réalisé. Le film possède sa propre tonalité qui passe de la comédie dramatique au film d'horreur et au film romantique.

I Don't Feel at Home in This World Anymore. Poster

Terreur Aveugle (See No Evil, 1971, 1h29) de Richard Fleischer

Avec  Mia Farrow, Dorothy Alison, Robin Bailey, Diane Grayson, Brian Rawlinson, Norman Eshley, Paul Nicholas, Christopher Matthews, Max Faulkner, Scott Fredericks, Reg Harding, Lila Kaye.

Décidément, Richard Fleischer signe encore un film qui impressionne: film à suspense et film avec des horreurs. Une jeune femme aveugle a sa famille décimée par un tueur lors de son absence (une sortie à cheval), mais comme elle est aveugle et qu'elle pense qu'ils sont sortis pour la soirée, elle ne s'en rend pas compte de suite. C'est une famille aisée qui dispose d'une grande bâtisse, avec des écuries et beaucoup de terrain, à la campagne. À son retour elle ne se rend compte de rien. Ce n'est que le lendemain que des éléments l'intriguent, mais pas de suite, la mise en scène jouant pendant un certain temps des nerfs du spectateur, car lui il sait.

La mise en scène s'évertue en permanence à nous montrer, dans un coin, dans un angle, à l'arrière-plan, en reflet dans un miroir, ce que Mia Farrow ne peut voir.  Une porte ouverte, un cadavre dans une baignoire, sur un fauteuil ou sur un lit, un objet inapproprié (une douille de cartouche sur le sol, un bracelet par terre, etc.). D’abord dans la maison où Mia Farrow est seule. Ensuite lors de sa fuite dans la forêt, son enfermement dans une cabane insalubre et puis sa fuite dans la boue puis dans une décharge avec des carcasses de voitures. Avec l'humidité et la boue (nous sommes dans le Berkshire au Royaume-Uni): elle est pieds nus.

La mise en scène ne montre pas le tueur, sauf ses bottes. Et la narration nous oriente vers un tueur et nous fait oublier l'intrigue (la recherche du tueur) et ne nous prépare pas à la surprise finale, qui tombe à point et rend le film encore plus intéressant.

Nous pourrions dire qu'il s'agit d'un exercice de style par un réalisateur débutant qui voudrait faire le malin à la sortie de son école de cinéma pour montrer qu'il est virtuose de la caméra, des angles et du découpage. Mais pour Richard Fleischer, dont il s'agit du vingt-huitième film, le challenge, le plaisir de mise en scène est évident et il s'est bien amusé pour la penser.

En synthèse le film contient une multitude de séquences-chocs ou visuellement mémorables qui permettent au film de garder son impact et de happer le spectateur jusqu'à la fin.

Terreur Aveugle [Blu-Ray]

The Constant Gardener (2005, 2h09) de Fernando Meirelles

Avec Ralph Fiennes, Rachel Weisz, Hubert Koundé, Danny Huston, Daniele Harford, Packson Ngugi, Damaris Itenyo Agweyu, Bernard Otieno Oduor, Bill Nighy, Keith Pearson, John Sibi-Okumu, Donald Sumpter, Archie Panjabi, Nick Reding, Gerard McSorley.

La constance du jardinier, un curieux titre pour un film d'espionnage qui est la narration d'une histoire d'amour et d'une vengeance. Film d'espionnage, car il est question de diplomatie, d'agent étranger dans un pays africain (Kenya) exploité par des firmes pharmaceutiques au profit, du profit, ce qui ne plait pas à des organisations non gouvernementales, et où vont se mélanger des mercenaires et des intérêts d'état.

Ralph Fiennes, parfait dans un rôle rentré et inexpressif dont le métier est de rester imperturbable (il est diplomate et jardinier, c'est lui le jardinier du titre). Marié avec et amoureux de Rachel Weisz dans un personnage militant et provocateur. Mais, c'est l'une des qualités du film, leur histoire d'amour est crédible et bien écrite. Une fois que sa femme est retrouvée morte, il commence  à se poser des questions (le film est un cadencement de flashbacks et de séquences actuelles) et passe du rôle de naïf à celui d'enquêteur qui essaie de comprendre, et se confronte donc à différentes choses qu'il ne soupçonnait pas.

Et le film va au bout de sa logique, avec Ralph Fiennes qui va au bout de sa démarche tout en acceptant les conséquences. 

Le  film a le mérite d'avoir été filmé au Kenya et malgré les drames, les décors et paysages naturels sont très beaux, et bien sûr le film ne masque pas les parties surpeuplées et pauvres de Nairobi. À ce titre il constitue un mélange réussi d'éléments documentaires et de fiction.

The Constant Gardener Poster

Le Bonhomme De Neige (The Snowman, 2017, 1h59) de Tomas Alfredson

Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg, Jonas Karlsson, Michael Yates, Ronan Vibert, J.K. Simmons, Val Kilmer, David Dencik, Toby Jones, Genevieve O'Reilly, James D'Arcy, Chloë Sevigny, Jeté Laurence, Adrian Dunbar.

Film policier dans la neige en Norvège qui raconte la traque d'un tueur en série qui signe ses scènes de crime avec un bonhomme de Neige. Car il commet ses crimes lorsqu'il y a des chutes de neige. Avec une narration qui se déroule sur plusieurs années, et qui combine des retours en arrière avec des crimes similaires. Ces flashbacks permettant d'introduire le personnage de Val Kilmer, flic qui avait enquêté sur les premiers meurtres.

Michael Fassbender est l'interprète clé de cette intrigue, avec une palette d'une grande variété, dans le rôle du flic enquêteur, mais antihéros, alcoolique, avec beaucoup de problèmes psychologiques. L'acteur est parfait et sa performance est notable dans ce personnage.

Il y a un beau travail d'atmosphère grâce au climat (l'hiver, la neige), au rythme un peu engourdi, au travail sur les décors d'intérieur (l'appartement de Michael Fassbender par exemple). C'est ce travail d'atmosphère qui marque, alors que le film contient son lot de plans horribles liés aux meurtres, ou de moments de montées progressives de la tension.

Le film policier est très stylisé et chic. Il apporte un ton original différent des schémas du film standard de tueur en série. Un exercice de style réussi.

Bande-annonce Le Bonhomme de neige

 

Mank (2020, 2h11) de David Fincher

Avec Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins, Tom Pelphrey, Arliss Howard, Tuppence Middleton, Monika Gossmann, Joseph Cross, Sam Troughton, Toby Leonard Moore, Tom Burke, Charles Dance, Ferdinand Kingsley.

C'est curieux. Le film parait interminable. Pourquoi? Est-ce parce qu’aucun des personnages ne suscite l'empathie ou un intérêt particulier? Le scénariste du Citizen Kane d'Orson Welles, Mank, alcoolique, mais doué, misogyne, mais respectant sa femme (à sa manière), n'est pas un personnage intéressant. La dimension de création artistique de son travail n'est pas évoquée (hormis son alcoolisme, mais il n'a jamais été démontré que l'alcool procure du talent) et manque...

Les scènes les plus intéressantes concernent ses réunions mondaines avec le gratin d'Hollywood de l'époque où beaucoup de noms résonnent sur le plan historique, réunion d'ailleurs avec William Randolph Hearst (interprété par Charles Dance) qui est le modèle du personnage de Charles Foster Kane d'Orson Welles. Ces scènes évoquent la montée du nazisme (en Europe), et contiennent des joutes verbales qui mettent en avant l'ironie et le sens du bon mot de Mank.

La performance technique est au top, les acteurs sont bons et Gary Oldman produit une performance de haut vol. Mais le personnage nous indiffère. Il y a beaucoup d'énergie, beaucoup de travail, pour un résultat qui fait pschitt... Et le noir et blanc ne produit aucun effet notable.

Sur les activités d'un scénariste à Hollywood, le film de Nicholas Ray (Le Violent, 1950) est plus intéressant avec moins de furie et moins de personnages (il est vrai que dix ans séparent les deux diégèses).

 Mank Poster

To The Bone (2017, 1h47) de Marti Noxon

Avec Lily Collins, Rebekah Kennedy, Dana L. Wilson, Ziah Colon, Keanu Reeves, Joanna Sanchez, Liana Liberato, Carrie Preston, Don O. Knowlton, Valerie Palincar, Hana Hayes.

La qualité principale du film est de nous faire pénétrer dans l'univers des personnes anorexiques, des filles principalement, avec le personnage principal de Lily Collins. Elle se retrouve dans une institution plutôt libre où les patients doivent suivre des règles. Avec l'objectif qu'ils se sentent mieux, recommencent  à manger, un peu. L'institution est dirigée par Keannu Reeves, dans un second rôle, qui joue au professeur et qui dit grosso modo aux gens que la solution viendra d'eux même.

La contribution de Keanu Reeves est secondaire et artistiquement nulle. Avec un autre acteur, cela aurait-il changé quelque chose?

La narration suit Lily Collins, qui revient dans sa famille après une cure, mais qui est envoyée dans cette institution spécialisée où elle va rencontrer d'autres malades comme elle, le médecin et les règles. Pour une fin plus ou moins heureuse, plutôt plus, car elle semble mieux, plutôt moins, car elle est toujours malade.

La majorité du film se déroule dans l'institution spécialisée, avec la rencontre avec les autres malades, l'apprentissage des règles de vie commune et du système de point mis en place par le docteur. L'ensemble fonctionne et Lily Collins arrive à être émouvante et le film arrive à faire percevoir ce que ressentent ces malades.

To the Bone Poster

Aux Yeux De Tous (Secret In Their Eyes, 2015, 1h51) de Billy Ray

Avec Chiwetel Ejiofor, Nicole Kidman, Julia Roberts, Dean Norris, Alfred Molina, Joe Cole, Michael Kelly, Zoe Graham.

Billy Ray est surtout connu pour ses scénarios. Qu'il signe ici aussi. Beau scénario d'ailleurs qui raconte la poursuite du tueur de la fille de Julia Roberts, flic, qui découvre le corps de sa fille lors d'une descente de police (ce qui n'était pas pu prévu évidemment). Le tueur n'est pas retrouvé ou l'enquête n'est pas menée à son terme, car le candidat tueur est un indicateur important pour la police (qui enquête sur des islamistes; la sécurité nationale passant avant la résolution du meurtre). Mais Chiwetel Eijofor poursuit l'enquête sur plusieurs années et fini par le retrouver, ce qui va perturber Julia Roberts, qui vie recluse à la campagne, et perturber Nicole Kidman, procureure maintenant, qui était la chef des deux précités au moment du meurtre. Belle distribution donc, avec deux grosses stars.

Ce n'est pas du tout un rôle glamour pour Julia Roberts; elle porte tout le malheur de son personnage (coiffure, maquillage, vêtements). Le côté froid et intériorisé de Nicole Kidman est bien utilisé. Et pour terminer sur le trio de tête, le personnage principal, que porte Chiwetel Ejiofor avec une excellente performance, qui est le film conducteur: il est le personnage qui évolue et extériorise le plus au cours de l'histoire.

Ce film policier est différent des schémas habituels, car le meurtrier ne peut pas être inculpé. Il est connu et beaucoup d'éléments empêchent qu'il soit condamné, y compris au sein de la police. Donc nos trois personnages principaux naviguent en permanence entre le légal et l'illégal (et le non-respect de procédures). Jusqu'à la révélation finale, qui fait pencher le film un peu plus dans le Noir.

Bande-annonce Aux yeux de tous

Les Affameurs (Bend Of The River, 1952, 1h31) de Anthony Mann

Avec James Stewart, Arthur Kennedy, Julie Adams, Rock Hudson, Jay C. Flippen, Lori Nelson, Chubby Johnson, Stepin Fetchit, Harry Morgan, Howard Petrie, Frances Bavier, Jack Lambert, Royal Dano.

Grand classique d'Anthony Mann avec beaucoup d'ingrédients: la nature et les paysages dont les rivières (voir le titre original); un héros au passé trouble et torturé qui cherche une rédemption (James Stewart, avec une l'interprétation fiévreuse); un convoi de pèlerins qui va s'installer dans l'Oregon (leur référence est La Bible); les chercheurs d'or et l'or qui vont perturber le jugement de certains; l'appât du gain comme motivation primaire; les Indiens; les capitalistes véreux (qui deviennent fous une foi que l'or est trouvé); la justice expéditive et la pendaison; l'alter ego du héros qui n'est pas un héros (Arthur Kennedy, parfait) mais un bon faire valoir; l'absence de justice (celui qui dégaine le plus vite fait la loi); la rédemption (parce qu'il faut bien un message positif dans ce monde en construction); l'histoire romantique (incarnée par Julie Adams, arc dramatique léger qui reste toujours à la périphérie de l'arc principal).

Tous ces ingrédients étant imbriqué dans l'histoire de James Stewart qui cherche à se racheter de ses méfaits du passé en conduisant ces pèlerins qui vont s'installer dans l'Orégon.

Le petit défaut du film est le personnage de Rock Hudson, pas suffisamment creusé pour que nous comprenions ses motivations et changement de vie (passer du jeu et l'argent à la vie de défricheur de terre est peu crédible, et la motivation romantique pas assez travaillée), mais c'est un petit détail.

Cet ensemble pour un western total, complet, et en quatre-vingt-dix minutes, chaque scène contribuant à la densité de l'ensemble.

Les AFFAMEURS [Blu-Ray]

mardi 22 décembre 2020

L'Homme Du Kentucky (The Kentuckian, 1955, 1h44) de Burt Lancaster

Avec Burt Lancaster, Dianne Foster, Diana Lynn, Walter Matthau, Donald MacDonald, John McIntire, Una Merkel, John Carradine, John Litel, Rhys Williams.

Premier film réalisé par l'acteur Burt Lancaster.  Et il ne persista pas beaucoup dans cette activité, tant mieux. Le film ressemble à une production Disney. Beaucoup de niaiseries. Les plans sont trop longs. Le montage est balourd: les transitions sont lourdes, et nous souhaitons souvent des coupures plus tôt. La direction d'acteur est pachydermique: le petit garçon est insupportable avec sa tête de rat: très mal dirigé, et très mal coiffé; Walter Matthau, dont c'est le premier film, s'en sort plutôt bien; John McIntire et John Carradine sont en roue libre.

Le film de plus s'extasie, normal, car c'est un de ses sujets, sur des plans de forêts, de nature, de cascades, de rivières, d'arbres, sur de bruits des oiseaux (film écologique avant l'heure). Ce qui ne rend pas le film dynamique. Mais c'est un des axes de la dramaturgie: le fils de Burt Lancaster (l'enfant rat) souhaite vivre à la nature, mais son papa, Burt Lancaster, est tenté par la vie citadine, et par deux femmes qui le font hésiter.

Autre élément qui pénalise le film, le personnage du père justement,  interprété par Burt Lancaster lui-même: il est naïf, pas très malin, fait des choix peu heureux. Il est victime des évènements et toujours suiveur. Il ne sait pas prendre de décision, il est tiraillé entre deux femmes (Dianne Foster est plus notable dans Le Souffle De La Violence, 1955, de Rudolph Maté, qu'ici).

Par contre l'acteur Burt Lancaster possède toujours ses yeux bleus et ses dents blanches: la photo de chaque plan le rappelant en permanence avec  insistance. Mais ici pas d'ironie liée à la nature de son personnage comme le Joe Erin de Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich (Ernest Laszlo a photographié les deux films).
En somme le film peut être vu comme une curiosité historique avec son message écologique. Pour le reste, il est plutôt pénible. Sauf si l'on est un fanatique extrême de Burt Lancaster.

La musique de Bernard Hermann est excessivement sirupeuse et alignée sur les manques de subtilité évoqués.

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L'étrangleur de la Place Rillington (10 Rillignton Place, 1h51, 1971) de Richard Fleischer

Avec Richard Attenborough, Judy Geeson, John Hurt, Pat Heywood, Isobel Black, Miss Riley, Phyllis MacMahon, Ray Barron, Douglas Blackwell, Gabrielle Daye, Jimmy Gardner, Edward Evans, Tenniel Evans, 

Quel uppercut que ce film! Un film qui arrive à être plus horrible que les tartines de films de tueurs en série de type clones de Seven (1995, David Fincher), Hannibal Lecter et autres torture porn
Habile scénario qui montre le tueur et les meurtres assez vite, pour ensuite donner des informations sur lui pendant le procès de quelqu'un d'autre dans la dernière partie du film. Entre les deux nous comprenons ses manigances et le rôle des classes sociales dans la manipulation. Le film nous montrant la vie de tous les jours du tueur, avec sa femme, ses calculs et ses mensonges.
Et pour aller à contrario de beaucoup de ce type de film, Richard Fleischer ne montre jamais le point de vue de l'enquête ou de policiers, nous ne savons donc pas s'il risque de se faire attraper. Pendant la plupart du film d'ailleurs il n'est jamais question de police car les leurres ne sont pas encore découverts.
Autres éléments formels marquants: l'absence de musique, et aussi la photographie, en couleur, mais à la limite du noir et blanc, monochrome, terne, ce qui donne un climat très particulier et conduit à une ambiance horrible, d'autant que nous sommes dans la banlieue pauvre de Londres, après la Seconde Guerre mondiale..
Du côté de la distribution, Richard Attenborough et John Hurt (dans son premier rôle) sont parfaits
Tout concourt à faire de ce film sombre et dur un chef d'œuvre. Plus grâce à ses sujets et le traitement que sur la forme, même si c'est très bien mis en scène, comparativement à L'Etrangleur De Boston que Richard Fleischer a réalisé en 1968 où le format large, le split-screen, la décolorisation progressive de l'image sautaient plus aux yeux et faisaient partie de la dramaturgie. Le tueur ici ne bénéficie d'aucune empathie tellement il est obséquieux et abject, ce qui n'était pas le cas du personnage de Tony Curtis, malade, pour lequel le film arrivait à produire une certaine empathie.
L'Étrangleur de Rillington Place

Tout Simplement Noir (2020, 1h30) de Jean-Pascal Zadi et John Wax

Avec Jean-Pascal Zadi, Caroline Anglade, Fary et une multitude d'acteurs ou de personnes célèbres.

Le film prend comme canevas les entretiens que mène Jean-Pascal Zadi pour monter une manifestation sur la sous-représentation des noirs dans la société française. Mais au grès de ce ses rencontres (presque uniquement des personnes "noires" connues), le projet évolue et met avant que tous les noirs de sont pas noirs et que parler de "noirs" ou "noires" est absurde. Le tout avec beaucoup d'humour, de mises en abime, et de contradictions (rôle des femmes, il rencontre beaucoup de personnes "noires" qui sont déjà présentes dans les médias, la scène avec les "musulmans" ou les "juifs").

Le film utilise beaucoup de clichés pour les prendre à contre-pieds, les retourner, à l'envers, avec le prétexte de monter une manifestation des personnes "noires". Le entre guillemets ici signifie, ce que démontre le film, que cela ne veut rien dire qu'il n'y pas de personnes "noires", il y a des individus avec leurs histoires, leurs parcours, leurs personnalités et leurs talents.

D'ailleurs, le film va surement déranger les plus activistes des défenseurs de la cause. Peut-être, parce que le film est un entre soit de gens connus, et finalement il est possible de se demander quelle cause il défend.

Nous retrouvons un peu de l'esprit des films de Sacha Baron Cohen, sur la forme, sur la démarche, avec moins de virulence et de subversion par rapport au sujet ou aux sujets.

Bande-annonce Tout Simplement Noir

The Highwaymen (2019, 2h12) de John Lee Hancock

Avec  Kevin Costner, Woody Harrelson, Kathy Bates, John Carroll Lynch, Thomas Mann, Dean Denton, Kim Dickens, William Sadler, W. Earl Brown, David Furr, Jason Davis, Josh Caras, David Born!,

Même si ce film est distribué par Netflix, le nom de John Lee Hancock suscite la curiosité. Scénariste de grands films de Clint Eastwood (Un Monde Parfait, 1993, et Minuit Dans Le Jardin Du Bien Et Du Mal, 1997), mais aussi scénariste de ses propres films, souvent sur des histoires des États-Unis d'Amérique souvent dans un contexte historique: son Alamo (2004) est très sympathique ou récemment son film sur le créateur d'une chaine de restauration rapide (Le Fondateur, 2016), ou ses films sur des sportifs états-uniens. Et lorsque nous regardons la distribution, sachant que Kevin Costner choisit ses films avec parcimonie (il coproduit le film ici, avec Woody Harrelson d'ailleurs) et n'a pas encore sombré dans le DTV comme certains de ses contemporains (cf. Bruce Willis ou Nicolas Cage), le film prend plus d'intérêt encore.

Ici il est encore question d'une histoire des États-Unis d'Amérique: ces hommes des routes sont les deux ex-flics recrutés pour traquer et tuer Bonnie Parker et Clyde Barrow. Il s'agit donc d'un film sur eux, mais à l'envers: nous ne les voyons jamais, mais voyons leur traque par ces policiers. Policiers à la retraite que la police officielle va chercher, car ce sont des policiers d'une autre époque, brutaux, violents, qui employaient des méthodes qui ne se font plus. Ici il n'est pas question de romantisme, les deux tueurs sont montrés comme de sang-froid pour l'ensemble des meurtres. Et le parti prix de ne jamais les montrer, est très symptomatique de l'ambition du film.

Cet ensemble produit un film où le duo de tête fonctionne parfaitement bien, les deux Texas Ranger sortis de leur retraite étant interprétés par Kevin Costner et Woody Harrelson, avec une histoire qui montre que les hors-la-loi étaient les héros des gens, où les vieux flics qui rempilent sont montrés comme fatigués et travaillant avec leur méthode, à l'ancienne, et avec patience. Bon film donc, pour arriver à leur rencontre avec les hors-la-loi tant recherchés, où rien ne sera laissé au hasard.

La relation des deux Texas Ranger est particulièrement bien écrite. Leur relation étant mixée avec la progression dramatique de la traque des deux hors la loi.

The Highwaymen Poster