vendredi 22 mars 2024

Ricky Stanicky (1h53, 2024) de Peter Farrelly

Avec Zac Efron, John Cena, Andrew Santino, Jermaine Fowler, Lex Scott Davis, Anja Savcic, Jeff Ross, William H. Macy.

Après son incartade vers le film à Oscar, Green Book (2018), Peter Farrelly revient à son naturel, c'est à dire un humour où se mêlent scatologie et obsession sexuelle, mais aussi des éléments de poésie, avec une forme bien écrite et interprétée par une distribution réussie. Ses chefs-d'œuvre sont Marie A Tout Prix (1998), Me, Myself And Irene (2000) ou Dumb And Dumber (1994). Ceci pour rappeler les sommets, qui ne peuvent sûrement plus être atteints. Ici nous retrouvons des bribes d'impertinences. Nous avons ici en tête John Cena, qui se révèle un performer relativement caméléon oscillant ici entre le grotesque et l'émouvant, comme l'est le film. Et nous avons aussi Zac Efron et William H. Macy.

Il s'agit en quelque sorte d'un conte, où John Cena trouvera sa princesse et sa place dans un monde des affaires. Il est l'alibi imaginaire pour des sorties de trois copains. Bien sûr l'entourage demande  à voir cet ami. Les trois copains engagent un acteur amateur, John Cena, pour interpréter cet ami. C'est un registre de comédie et d'outrage. John Cena y excelle. William H. Macy fait aussi un beau travail dans un personnage pathétique.

Nous ne sommes pas aux niveaux des chefs-d'oeuvre précités, mais ce Ricky Stanicky est plutôt une bonne surprise, les films impertinents étant assez rares.

 Bande-annonce Ricky Stanicky

dimanche 17 mars 2024

6 Days (1h34, 2017) de Toa Fraser

Avec  Jamie Bell, Mark Strong, Abbie Cornish, Martin Shaw, Tim Pigott-Smith, Ben Turner, Emun Elliott, Aymen Hamdouchi, Andrew Grainger, Colin Garlick, Colin Moy, Toby Leach.

Reconstitution de la prise d'otage et tentative d'attentant de l’ambassade d'Iran à Londres en 1980. Il s'agit d'un film historique donc, reconstituant l'évènement, raconté par Toa Fraser du point de vue du négociateur, de la police et des forces spéciales qui se préparent et s'entrainent pour intervenir, soit dans l'ambassade, soit dans le bus qui transportera les otages ou pour débarquer par les airs. C'est un des éléments intéressant de ce film : nous présenter les réflexions et stratégies de la police et du négociateur qui interagissent avec les politiques, ainsi que les interactions du négociateur avec les preneurs d'orages et enfin les entraînements des forces d'intervention, qui se préparent en temps réels en fonction de l'évolution de la prise d'otage et surtout de l'évolution supposée de l'environnement des terroristes et des otages. 

Ce n'est pas divulgacher le film que de dire que sa force et de montrer l'envers du décors de la force d'intervention, qui passe son temps à se tenir prête, et qui sur ordre, finalement n’intervient pas parcequ'un évènement est survenu et conduit à modifier les plans.

Au total le film nous montre comment le négociateur essaie en permanence de faire appel à leur bon sens et finalement comment il arrive à créer un lien avec le responsable des preneurs d'otages qu'il arrive à maîtriser. Un film correct donc, sans brio, mais qui tien en haleine jusqu'au bout.

Bande-annonce 6 Days

Destroyer (2h01, 2018) de Karyn Kusama

Avec  Nicole Kidman, Toby Kebbell, Tatiana Maslany, Sebastian Stan, Scoot McNairy, Bradley Whitford, Toby Huss, James Jordan, Beau Knapp.

Je suis une flic la limite du suicide. J'ai été infiltrée dans un gang. Je m'en suis sortie au détriment de mon collègue. J'ai du mal à le digérer. Et lorsqu'il semblerait que l'ancien chef du gang réapparaît. je n'ai qu'une envie et qu'une peur, le retrouver.

Sur cet argument Karyn Kusuma conduit son histoire en combinant de manière trop mécanique les séquences actuelles où Nicole Kidman recherche le chef de gang, et les flashbacks de son époque d'infiltration du dit gang. La multitude et l'imbrication des flashbacks réduit la lisibilité de l'histoire.

Nous retiendrons la performance de Nicole Kidman, qui joue un personnage qui n'est jamais dans la séduction, qui bannie toute sensualité dans son attitude ou dans ses vêtements. Performance qui manque de subtilité dans sa manière de montrer la déchéance du personnage et son jusqu’au-boutisme. Nicole Kidman en fait des tonnes dans la mâchoire serrée et la déchéance.

Une curiosité.

Bande-annonce Destroyer

samedi 16 mars 2024

Le Flic De Beverly Hills III (1h44, 1994) de John Landis

Avec Eddie Murphy, Jon Tenney, Judge Reinhold, Hector Elizondo, Rick Avery, Jimmy Ortega.

Ce troisième de franchise reprend le personnage d'Eddy Murphy selon une schématique déjà vu dans les précédents. Mais ici le film se déroule principalement dans un centre d'attraction, ce qui limite les décors et les visuels du film. Le scénariste, Steven E. de Souza, cette franchise est comme un parc d'attraction, et bien déroulons l'intrigue dans un parc d'attraction.

Quelques éléments pointe le style de John Landis. Mais la greffe ne fonctionne pas trop dans l'ensemble. Peut-être au niveau du rythme car le film d'action n'est pas la spécialité de John Landis. Par contre John Landis sait amener de l'humour légèrement décalé dans des genres préexistants.
Même si cela fonctionne, et que Eddie Murphy fait son show ainsi que les rôles secondaires (Judge Reynolds ou Bronson Pinchot) de la franchise, nous restons un peu sur notre faim. Ce troisième opus est ainsi moins réussit.

Le Flic de Beverly Hills III [Version remasterisée]


The Expendables 4 (Expend4bles, 1h44, 2023) de Scott Waugh

Avec Jason Statham, 50 Cent, Megan Fox, Dolph Lundgren, Tony Jaa, Iko Uwais, Andy Garcia, Sylvester Stallone, Randy Couture, Jacob Scipio, Levy Tran, Lucy Newman-Williams.

Ce quatrième de franchise est dans la lignée des précédents. Complètement invraisemblable dans son déroulé, dans ses séquences d'action et dans son enjeu dramatique. D'ailleurs nous nous moquons de celui-ci. Et nous pourrions même dire qu'il n'y en a pas. Ce que nous attendons c'est du spectacle, des séquences d'actions dignes d'une bande dessinée, et de l'humour pour rendre les séquences de meurtres amusantes et ludiques. Pour toutes ces raisons, ce quatrième répond au cahier des charges. C'est un dessin animé, qui utilise beaucoup de CGI porn dont la patine n'est pas réaliste et c'est tant mieux ; nous avons quelquefois l'impression de visionner une peinture, animée, une représentation picturale. Scott Waugh, qui est ancien cascadeur, sait mettre en avant une séquence d'action.

Du côté des bonnes surprises, Megan Fox est une très bonne idée, ainsi que Levy Tran. Même si elles n'ont pas assez de scènes. La venue de Tony Jaa et Iko Uwais aussi. Cela apporte un peu de variabilité. Quant à Andy Garcia, il fait le job, même si son personnage est transparent et pas surprenant.

Les séquences d'actions sont spectaculaires et ludiques. Nous pouvons juste constater qu'ils tirent très mal, car ils loupent souvent leur cible, et ceci dans les deux camps. Ce sont des professionnels peu performants.

L'idée de passage de témoin de Sylvester Stallone est bonne : un vieillard comme lui n'est plus crédible.

Mais au total il manque quelque chose au film qui avait au moins les deux précédentes suites. C'est-à-dire les personnages un peu plus fouillés ou décalés, par exemple Antonio Banderas ou Jean-Claude Van Damme ou Wesley Snipes.

Expendables 4 [Blu-Ray]

La Zone D'Intérêt (The Zone Of Interest, 1h45, 2023) de Jonathan Glazer

Avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus, Luis Noah Witte, Nele Ahrensmeier, Lilli Falk, Anastazja Drobniak, Cecylia Pekala, Kalman Wilson,  Medusa Knopf,  Max Beck, Slava the Dog, Andrey Isaev.

Avec le prétexte de présenter la vie de famille du responsable du camp de concentration d'Auschwitz, Jonathan Glazer nous parle de l'indifférence, des rapports de classes, des rapports entre maître et esclaves, des rapports entre dominants et dominés, tout cela en laissant le spectateur appréhender ce qu'il souhaite. Bien sûr toutes ces composantes possèdent des échos contemporains, et c'est là la force du film. En parlant du passé, il parle du présent. Les comportements qui sont montrés existent toujours, sont toujours contemporains, et au-delà du sujet historique et donc du coté film historique avec reconstitution et travail de recherche qui indique que tout cela est très documenté, il s'agit bien d'un film moderne, contemporain, qui montre ce début de XXIe siècle. Le film parle très bien de l'indifférence aux autres et de ses conséquences et donc de l'individualisme : Rudolf Höss est individualiste, sa femme est individualiste.

Autre dimension qui fait du film une réussite : sa forme. Du travail sur la bande son, impressionnante, des minutes avec l'écran noir au début, des images de la petite fille avec les pommes, à la luxuriance des images et de jardin qui ressemble à un paradis (dixit le personnage de Sandra Huller). Jonahan Glazer a composé un film expérimental impressionnant sur sa forme, son contenu et ses messages. C'est-à-dire que Jonathan Glazer a réalisé trois films en un. Le premier film est la bande-son, extrêmement riche, qui d'ailleurs est mise en avant pendant l'écran noir au début du film. Le deuxième est celui que nous voyons, les images de la vie courante de ces personnes, et le troisième est celui constitué de la résultante des deux, les images et le son.

Une expérience et une richesse inouïe qui montrent que le cinéma peut être politique, sociétal, sur une base narrative, tout en étant un film expérimental. Bravo.

Bande-annonce La Zone d'intérêt

Le Flic De Beverly Hills 2 (1h40, 1987) de Tony Scott

Avec Eddie Murphy, Judge Reinhold, Jürgen Prochnow,  Ronny Cox, John Ashton, Brigitte Nielsen, Allen Garfield, Dean Stockwell, Paul Reiser, Gilbert R. Hill, Paul Guilfoyle, Robert Ridgely.

Eddie Murphy revient à Beverly Hills. Nous y retrouvons les constituants que nous avions aimés dans le premier de franchise : les contrastes culturels, le duo constitué de Judge Reinholds et John Ashton. Mais aussi les méchants que nous aimons détester, Jürgen Prochnow, Brigitte Nielsen et Dean Stockwell dans les rôles des méchants : superbe distribution.

Le film est co-écrit par Eddie Murphy. Il s'est donc investi. La même recette avec les même ingrédients produisent le même résultat, l'effet de découverte et de surprise en moins. Un film qui se veut cool, sans réel enjeux dramatique, mais que se laisse suivre. Ce deuxième de franchise fonctionnne même s'il n'y a plus l'effet de découverte. Il manque peut être juste de brillance, du côté grisant, que pouvait procurer le premier de franchise.

Le Flic de Beverly Hills II [Version remasterisée]

L'Eté Dernier (1h44, 2023) de Catherine Breillat

Avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin, Clotilde Courau,  Serena Hu,  Angela Chen, Romain Maricau, Romane Violeau, Marie Luca.

Catherine Breillat signe là un film puissant, par sa forme avec sa mise en scène, et part son sujet. Sa mise en scène raconte l'histoire et ceci avec assez peu dialogues. La réalisatrice fait passer beaucoup de choses et conte sans recours à des dialogues explicites, uniquement par la mise en scène, ce qui est la forme d'expression du cinéma bien sûr : raconter l'histoire par la mise en scène. 

L'autre force, est aussi sa thématique et son sujet dans cette famille ou le père, la mère et les enfants entretiennent mutuellement de drame. À noter qu'il s'agit du remake d'un film danois de 2019 (Dronningen, de May El-Toukhy).

Léa Drucker porte le film, car il s'agit de l'histoire de son personnage, qui évolue, ou pas, au cours de l'histoire, qui est le plus passionnant, central donc et est celui qui est de toutes les scènes. Elle apparaît froide dans son cadre professionnel, jusqu'à son évolution tout au cours du film, au gré des interactions avec son beau fils, source du principal arc dramatique du film. Elle est en maîtrise, quels que soient ses interlocuteurs : son mari, ses filles, sa sœur, son beau fils. Même si celui-ci va la mettre en danger.

L'avantage du film est que, en tant que spectateurs, nous avons beau imaginer les évolutions possibles de l'histoire,  ainsi qu'imaginer les fins possibles de l'histoire, le scénario et Catherine Breillat sont capables de faire évoluer l'histoire ou de conclure d'une manière que nous n'avions pas imaginée.
 
Bande-annonce L'Été dernier

Le Daim (1h17, 2019) de Quentin Dupieux

Avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy, Coralie Russier, Laurent Nicolas, Marie Bunel, Stéphane Jobert.

Quentin Dupieux a composé pour une fois une histoire linéaire, prévisible, mais avec son lot de points distinctifs. La passion et la folie de Jean Dujardin pour le Daim, qui semble basculer suite à une rupture (peu nous en est dit, et c'est très bien). Il croise une caméra. Il croise Adèle Haenel qui rentre dans son jeu. Pour aller au bout de sa folie, qui sera stoppée nette le moment venue.

Le réalisateur questionne encore une fois son travail d'artiste, son travail de réalisateur à travers ce pauvre personnage paumé qui imagine filmer quelque chose tout en ne sachant rien du processus de création d'un film. Il ne s'agit pas bien sûr d'une métaphore du réalisateur lui-même qui est un spécialiste de la construction de film dans tout ses composantes mise en scène scénario prise de vue photographie montage production. Mais ce qui est intéressant chez ce réalisateur c'est que sa matière est le spectacle, le film, le narratif, le drame. Quentin Dupieux ne sait que parler des films. Et c'est tant mieux. Ici il parle du film d'horreur comme genre, et d'un film d'horreur, qui se construit sous nos yeux, même si la musique de Quentin Dupieux appuie fortement dès le début du film, à la limite du ridicule, mais le spectateur n'est pas trompé sur la marchandise lorsque les images tournées par Jean Dujardin sont montrées au spectateur.

Bande-annonce Le Daim

Yannick (1h03, 2023) de Quentin Dupieux

Avec Raphaël Quenard,  Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel, Jean-Paul Solal, Laurent Nicolas, Mustapha Abourachid, Sava Lolov.

Le réalisateur signe son film le plus linéaire, à défaut d'être limpide. Nous savons que Quentin Dupieux parle très souvent voire quasiment toujours du film, de l'oeuvre d'art, de sa manière de la faire, de son impression qu'elle fait sur le spectateur. Ici il questionne ce qu'est une œuvre d'art et le rapport du spectateur à celle-ci. Ceci par le biais d'une pièce de théâtre d'assez peu bonne qualité que Raphaël Quenard regarde comme spectateur et décide de la modifier, de la réécrire. En interprétant un personnage que nous comprenons comme étant plutôt dépressif, et plus simplement qui ne va pas bien du tout.

Le dispositif de mise en scène est simple et limpide pour mettre en valeur les dialogues : à la fois ceux de la pièce de théâtre, et ce du personnage de Raphaël Quenard. Il y a un gros travail sur cet aspect-là.

Nous ne sommes donc pas ici dans un procédé qui pourrait paraître absurde comme dans beaucoup de films du réalisateur. Mais c'est quelque part un film qui explique comment appréhender tous les films précédents de Quentin Dupieux. Le personnage de Raphaël Quenard n'est-il pas Quentin Dupieux ? Questionnant les films et ce qu'ils sont censés apporter à leur spectateur. Il pourrait arrêter maintenant et nous comprendrions toute son œuvre.
Il est surprenant de voir arriver les policiers à la fin. Cela ancrant le film dans une réalité à laquelle Quentin Dupieux ne nous a pas habitué. Une manière de rendre réel le constat fait par le personnage de Raphaël Quenard.
Bande-annonce Yannick