lundi 31 octobre 2022

T4XI (1h31, 2007) de Gérard Krawczyk

 Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Bernard Farcy, Emma Wiklund, Edouard Montoute, Jean-Christophe Bouvet, Jean-Luc Couchard, François Damiens.

Luc Besson reprend les mêmes, équipes techniques, scénariste, distribution, et cela recommence. Ici, la franchise continue avec la même histoire, les mêmes acteurs et les mêmes arcs dramatiques. Ici les méchants sont belges. Les mêmes gimmicks articulent l'histoire. Les qualités ou les caractéristiques sont toujours là. Les images de Marseille, la vitesse et les voitures, les gags pesants, la direction d'acteur à la serpe, et des images-chocs, notamment du tueur belge dans son costume, pour un mélange qui progresse vite et tient toujours dans les quatre-vingts dix minutes, sans temps mort, pour aller droit au but.

Il se dégage, comme dans chaque épisode de la franchise, une forme de liberté, une forme d'audace sans complexe qui mélange vulgarité, misogynie, xénophobie, humour sans complexe, pour un bréviaire sur les clichés qu'il est possible de trouver dans une fiction. Hormis cette perspective assumée de ne pas souhaiter plaire à une élite, et qui fonctionne parfaitement, le film manque peut-être de subversion, mais reste efficace dans son genre.

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A Mort L'Arbitre (1h22, 1984) de Jean-Pierre Mocky

Avec Michel Serrault, Carole Laure, Eddy Mitchell, Laurent Malet, Claude Brosset, Jean-Pierre Mocky, Nathalie Colas, Géraldine Danon, Nathalie Dauchez, Sophie Moyse.

Jean-Pierre Mocky est un maître dans la construction de films avec des personnages détestables, de prétention grotesque d'une manière insolente et déplaisante, médiocres bien sûr, qui se comportent comme des bêtes, pour la jubilation du spectateur. Ce qui permet de dénoncer beaucoup de choses comme souvent chez le réalisateur.

Entre Michel Serrault qui campe un psychopathe, Eddy Mitchell qui lui est un arbitre qui manque de psychologie, hautain et médiocre, et toute la galerie des personnages qui gravitent autour: aucun n'est a sauver, aucun ne suscite d'empathie. Même pas Carole Laure la fiancée d'Eddy Mitchell ou Jean-Pierre Mocky lui-même dans le rôle du flic de service toujours en retard sur les évènements. 

Michel Serrault et sa bande de monstres, physiquement et psychologiquement laids, poursuivent un arbitre qui leur a fait perdre leur match, pour une chasse à l'homme ultime, avec morts et destructions collatérales, en passant par le stade, un plateau de télévision, une usine désaffectée, des logements modernes et sans âmes, pour finir dans les entrailles de la Terre, avec une fin ironique qui peut irriter.

Un beau coup de poing pour le spectateur.

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La Peine Du Talion (The Man from Colorado, 1h40, 1948) de Henry Levin

Avec Glenn Ford, William Holden, Ellen Drew, Ray Collins, Edgar Buchanan, Jerome Courtland, James Millican, Jim Bannon, William 'Bill' Phillips.

Western au scénario riche et intéressant où un ancien officier nordiste, sanguinaire, avide de gloire, qui devient le juge d'une petite ville du far-west. Sous ses attraits de respectabilité se cachent un tyran et un fou que Glenn Ford interprète très bien, avec des regards de folie lors de certains plans.

En face de lui il y a un de ses anciens officiers, William Holden, ami pendant la guerre de Sécession, qui devient Marshall et qui affronte régulièrement le juge, lui qui essaie d'être juste dans cet univers où la justice se met en place progressivement. Il y a évidemment des tensions entre les deux. Liée à la guerre de Sécession, puis à la précarité des gens pauvres ensuite. Tensions accentuées, car ils convoitent tous deux Ellen Drew, la fille d'un riche local (personnage terne dont nous ne comprenons pas l'intérêt qu'elle suscite pour William Holden, voire Glenn Ford, mais son appartenance à une famille riche fait partie de ses calculs nous imaginons).

Il s'agit d'un scénario passionnant (signé Robert Hardy Andrews et Ben Maddow) où les accès de folie de Glenn Ford sont très bien interprétés, simplement par un regard et une interprétation fiévreuse. Qui d'ailleurs écrase un peu le lisse William Holden, gendre parfait, qui néanmoins n'intéresse pas Ellen Drew.

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dimanche 23 octobre 2022

Taxi 3 (1h24, 2003) de Gérard Krawczyk

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Jean-Christophe Bouvet, Bai Ling, Edouard Montoute.

La franchise continue avec ce troisième. Ici ce ne sont plus des Allemands ou des Yakuza, mais le gang des pères Noël qui ridiculise la police marseillaise. Même ingrédients et même scénario pour le même résultat que ce soit les qualités ou les défauts. Bernard Farcy est toujours là, heureusement, et il est toujours le pivot du film. Et les cascades sont toujours spectaculaires. Tout comme l'arrière-plan marseillais toujours aussi photogénique.

Nous avons toujours Luc Besson au scénario et Gérard Krawczyk à la mise en scène. Même équipe, même recette, mêmes acteurs, même intrigue, avec l'arc dramatique secondaire où nos deux héros vont être pères.Les cascades et séquences de vitesse sont toujours là aussi. 

La nouveauté de ce troisième de franchise est de se conclure hors de Marseilles, en l’occurrence ici dans la neige.

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Les Disciples De Shaolin (1h46, 1975) de Chang Cheh

Avec Sheng Fu, Kuan-Chun Chi, Ming Li Chen, Ching-Ping Wang, Ti Lu, Tao Chiang, Hark-On Fung, Chiang Han, Shou-Yi Fan, Li Hsu, Stephan Yip, Hui-Huang Lin.

Ce film est la compilation de ce qu'il y a de pire chez Chang Cheh. Nous y trouvons une direction d'acteur catastrophique avec des acteurs qui grimacent ou qui passent leur temps à ricaner. Nous y trouvons les décors en carton-pâte ou alors d'une pauvreté visuelle de type chemin avec des herbes au bord. Nous y trouvons une musique ridicule qui surjoue. Nous y retrouvons aussi un schéma dramatique sans intérêt et ridicule qui fait que le film fait sourire, mais pas volontairement.

Le film n'est pas dénué d'intérêt si nous considérons uniquement les combats. Ils sont plutôt assez secs et très amusants avec le son ridicule qui est rajouté à chaque coup entre les sifflements des mouvements et les coups de canon chaque fois que les personnages sont censés se toucher.

L'histoire est pour le moins débile et surtout mélange une flopée de personnages tous plus crétins les uns que les autres, y compris le héros principal, Fu Sheng, dénué de talent d'acteur.

Comme bon nombre de films de Chang Cheh, les hommes se retrouvent très vite torse nu. Et les personnages féminins sont des faire-valoir sans grand intérêt.

Les Disciples de Shaolin

Taxi 2 (1h28, 2000) de Gérard Krawczyk

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Jean-Christophe Bouvet, Frédérique Tirmont, Marc Faure, Haruhiko Hirata, Tsuyu Shimizu, Ko Suzuki, Yoshi Oida, Edouard Montoute, Michel Muller, Cyril Raffaelli.

Pour le deuxième de franchise, le réalisateur change, mais pas le scénariste (toujours Luc Besson). Le changement à la mise en scène n'affecte pas le film. Peut-être la direction d'acteur, qui parait moins lourde, moins schématique.

Le scénariste reprend le canevas du premier: ici la police de Marseille affronte des Yakuzas, et ajoute plus d'informations sur les personnages secondaires (le père de Mario Cotillard par exemple, militaire de carrière). L'ensemble reste une comédie d'action, avec de belles images de Marseille en arrière-plan. Le canevas est le même donc, avec le débrouillard Samy Nacéri, et le crétin Frédéric Diefenthal.

Cette franchise est un florilège des caricatures: japonais (forcément Yakuza), militaire (forcément militaire...), les femmes (forcément enjeux sexuel ou aux fourneaux ou bonne à faire des enfants), sauf l'Allemande, plutôt pas trop désavantagée même si elle est un enjeu sexuel pour le crétin de service, le Marseillais forcément fainéant et débrouillard. Etc.

Les cascades restent spectaculaires et le côté "à l'ancienne" c'est-à-dire sans l'arsenal numérique complet (image 98% générée par ordinateur) donne à la tôle froissée une texture dont le numérique est incapable (même avec un rendu ultra réaliste, cela sonne faut).

Cette franchise est parfaite comme catalogue des chromos de l'époque (musique, sociétale).

L'intérêt principal du film reste Bernard Farcy, dont les délires et les facéties misogynes, phallocrates, ou racistes donnent au personnage un côté humain, étonnamment. Il en fait tellement qu'il en devient sympathique.

Bande-annonce Taxi 2


Lincoln (2h30, 2012) de Steven Spielberg

Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn, Joseph Gordon-Levitt, James Spader, Hal Holbrook, Tommy Lee Jones, John Hawkes.

Steven Spielberg et son scénariste (Tony Kushner) arrivent à rendre passionnante la grande histoire et la petite histoire.

La petite histoire personnelle d'Abraham Lincoln avec sa femme et ses fils. La petite histoire des tractations de l'équipe d'influenceurs pour convertir certains démocrates de voter pour l'amendement que souhaite faire passer Abraham Lincoln.

Le film a le mérite de montrer les petits évènements et petites tractations qui sont sous-jacents aux évènements majeurs: les discussions pour convertir les futurs votants, les tractations avec les républicains, dont Tommy Lee Jones, les tractations avec la délégation sudistes pour négocier la fin de la guerre.

La scène la plus forte est lorsqu’après le vote, Tommy Lee Jones rentre chez lui et où nous rendons compte que sa gouvernante noire est aussi sa compagne. Belle révélation qui donne une saveur au film, le montage insistant bien avant cette scène sur les états d'âme de la servante de la femme de Lincoln.

Sinon, Daniel Day Lewis est impressionnant, avec sa petite voix, ses petits mots et blagues.

Le scénario est fort, car il ne traite pas le personnage comme quelqu'un qui a une réflexion démentielle et une puissance intellectuelle phénoménale ni comme quelqu'un de terre à terre, vulgaire et prolétaire. Mais un mélange des deux, où la mise en scène essaie de montrer toutes les composantes du personnage. Le montage est d'ailleurs un peu trop insistant par moment.

La musique de John Williams est réussie, subtile lorsqu'il le faut, et pléonasmique lorsqu'il le faut.

Sally Field est le gros défaut du film. Son personnage est peu intéressant. Elle ressemble plus à la mère de Lincoln que sa femme. Son interprétation manque de subtilité. Et ses états d'âme n'apportent pas grand-chose à l'ensemble de l'intrigue.

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Taxi (1998, 1h26) de Gérard Pirès

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Manuela Gourary, Georges Neri, Guy Quang.

La mécanique du film de potes obligés de cohabiter fonctionne à la perfection dans ce made in France, made in Marseille (à ce titre, le film contient de belles images de la ville et en est un superbe catalogue).

La dynamique fonctionne, mais les rouages sont rugueux. La direction d'acteur n'est pas subtile. Les cascades devant caméras gardent leurs charmes (à l'époque du CGI porn que convie le tout numérique qui arrivera après) et le film est un festival; la texture des cascades "devant caméra" donne vraiment quelque chose de différent du tout numérique. Les acteurs paraissent mécaniques, mais assurent le job très caricatural de leurs personnages. Justement: personnages caricaturaux, collection de clichés sur Marseille, les fainéants, les policiers, les Marseillais, les non-Marseillais, les Allemands. Allemands qui se complaisent à ridiculiser la police marseillaise avec leurs voitures allemandes, qui répondent eux par des scooters.

La musique date furieusement le film par contre, les chansons paraissant ridicules avec le temps.

Le film garde un niveau de curiosité certain, surtout si nous considérons les quatre films suivants, qui pour les trois suivants seront un décalque de celui-ci, avec des acteurs principaux plus à l'aise dans leur personnage.

 Bande-annonce Taxi


Le Témoin (1h30, 1978) de Jean-Pierre Mocky

Avec Alberto Sordi, Philippe Noiret, Roland Dubillard, Gisèle Préville, Sandra Dobrigna, Paul Crauchet, Gérard Hoffman, Madeleine Colin, Consuelo Ferrara, Paul Muller, Dominique Zardi.

Nous retrouvons dans ce film beaucoup de thèmes, récurrents chez Jean-Mocky, présents dans beaucoup de ses films, soit comme sujets principaux ou sous-jacents à l'intrigue. Parmi ceux-ci: la bourgeoisie de province, méprisante et hautaine, le narcissisme médiocre de l'Église, l'avidité sexuelle de toutes et tous. Dans un contexte de film policier. Une préadolescente est retrouvée tuée et violée. Elle était le modèle de Alberto Sordi, peintre qui restaure une toile de l'église locale. Il est accusé à l'insu de son plein gré, car il est le dernier à l'avoir vue. Le film est aussi un plaidoyer contre la peine de mort. Il est le témoin du titre et va se retrouver accusé du viol et du meurtre. Philippe Noiret campe un bourgeois méprisant, et sa femme et la bourgeoisie de province le sont encore plus.

Portrait au vitriol de la médiocrité et du racisme de caste, Jean-Pierre Mocky frappe fort (le matériel original est un roman de Norman Daniels) avec ce film qui donne une gifle au spectateur. Et il bénéficie d'une distribution importante, avec Philippe Noiret qui excelle en monstre concupiscent qui n'y peut rien, Alberto Sordi en naïf très bête, et Roland Dubillard dans le rôle du commissaire qui jubile d'ennuyer cette bourgeoisie qui se croit intouchable.

Le Témoin [Blu-Ray]