dimanche 23 juillet 2023

House Of Gucci (2h38, 2021) de Ridley Scott

Avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons,  Jared Leto, Camille Cottin , Salma Hayek, Jack Huston.

Ridley Scott nous raconte une histoire de la famille Gucci. Histoire qui est centrée sur celle du fils Gucci, incarné par Adam Driver, (toujours en suspension, pour un personnage peu malin et en dehors des réalités), qui n'a pas beaucoup de talent (même aucun si nous considérons l'ensemble du film). Mais qui doit gérer la marque créée par son père (Jeremy Irons) et son oncle (Al Pacino), ainsi que son cousin (Jared Leto, méconnaissable, mais qui interprète peut-être le seul personnage humain). Il va se marier avec une amoureuse ambitieuse (Lady Gaga, interprétation fonctionnelle). Mais les choses vont évoluer vers des drames familiaux et financiers.

Nous sommes déçus, car le film est mièvre : il manque de cruauté, de sang, de viscère, de sexe, de gore ou de violence graphique. Choses que Ridley Scott égrène régulièrement dans ses films, mais qui sont absentes ici. Et qui auraient été intéressantes dans un univers de luxe : des jets de sangs sur un beau marbre, sur de belles chaussures ou sur un beau tissu de costume, auraient été plastiquement intéressants.
Ridley Scott essaie probablement d’être fidèle à l'environnement qu'il recrée (le luxe, l'Italie, les costumes et décors). Les crédits techniques sont impeccables : acteurs, costumes, décors, maquillages, photographie, tous sont très réussis. Mais cela ressemble à un projet qui reste à finaliser...
À voir comme un téléfilm de luxe dans le luxe, fade (le luxe, et le film) et sans ambition. Les beaux décors ont déjà tenté Ridley Scott à plusieurs reprises. Mais le film manque de tonicité, un peu à l'image du personnage interprété par Adam Driver, fade et mou à la limite de la catalepsie. 
House of Gucci [Blu-Ray]

mardi 18 juillet 2023

2 ou 3 Choses Que Je Sais D'Elle (1h27, 1967) de Jean-Luc Godard

Avec Marina Vlady, Juliet Berto, Anny Duperey, Helena Bielicic,  Marie Cardinal.

Jean-Luc Godard est au sommet de sa créativité : nous assistons à une symphonie, c'est à dire un ensemble de choses variées qui forment un bel ensemble, dont les ingrédients sont les mots, les livres, les sons et les bruits, les actrices, les décors réels de Paris, le montage, la direction d'acteurs avec ces regards caméra, qui ne masquent pas que les dialogues sont soufflées à l'oreillette par le réalisateur sur le plateau. Mais aussi la voix off de Jean-Luc Godard lui même qui chuchote, un texte de prime abord sans intérêt, mais qui donne une texture et un charme aux images et à son actrice. Car comment ne pas associer cette volonté du réalisateur de parler sur l'image de son actrice, qui regarde la caméra, à son magnétisme et le charme qu'elle exerce sur son metteur en scène.

Un sommet de créativité pour servir un sujet politique, ou plutôt des sujets politiques : la politique de la ville (Paris, le "elle" du titre) et sa déshumanisation, dénoncer le capitalisme et l'impérialisme états-uniens.

La grande qualité du film est sa distribution féminine, avec Marina Vlady, Annie Duperey, et toutes les autres que Jean-Luc Godard filme magnifiquement, leur regard, leur manière de tourner la tête, leurs dialogues.

La bande son est comme d'habitude très travaillée, avec des silences, avec la voix off de Jean Luc Godard qui chuchote, les bruits d'ambiance qui participent de la dénonciation de la ville,  bruits qui quelquefois se superposent aux dialogues comme Jean-Luc Godard fera très souvent. 

Cet ensemble abouti à quelque chose qui n'est pas léger, très insistant par moment. Mais la profusion d'idées maintient l'attention du spectateur.
2 ou 3 Choses Que Je Sais d'elle

dimanche 16 juillet 2023

The Mother (1h55, 2023) de Niki Caro

Avec Jennifer Lopez, Lucy Paez, Omari Hardwick, Joseph Fiennes, Gael García Bernal, Paul Raci, Jesse Garcia, Yvonne Senat Jones, Edie Falco, Michael Karl Richards.

Encore une exploitation du canevas John Wick, dans la variante ou l'expert en mort violente est une femme, et elle se retrouve à sauver sa fille des griffes de vilains méchants tueurs professionnels ; sa fille qui ne la connait pas, évidemment. Décidément la franchise John Wick a oblitéré toute velléité d'originalité des inventeurs d'histoire (John Wick n'étant lui même pas très frais dans son schéma dramatique).

Ceci mis de coté, le film est une bonne série B. Jennifer Lopez joue bien la comédie et arrive à faire passer de l'émotion. Ici le théâtre des opérations est Cuba puis la forêt et l'Alaska avec la neige et le froid. Ce qui nous garantit des variantes de décors, sans lassitude.

Un film de série, un film d'usine, un film chips de saveur moyenne, bien fait, bien interprété, avec des séquences de violence sympathiques ( nous aimerions un peu plus de gore, tant qu'à faire) qui montre que le personnage de Jennifer Lopez est aussi une psychopathe. Les méchants ayant un lien familial avec Lopez, c'est l'autre variante qu'apporte ce film.

Les productions Netflix, en tout cas étasuniennes, commencent à se ressembler beaucoup : séries B de luxe, avec une histoire schématique, une grosse star, des décors grandioses si possibles très verts, de bons et charismatiques acteurs de seconds rôles, un travail de photographie bien aidé par le CGI porn, une musique pléonastique quelquefois trop présente, une chanson ou deux, des éclairs de violences secs et sanguinolents.

Bande-annonce The Mother

Sicilia! (1h06, 1999) de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

Avec Gianni Buscarino, Vittorio Vigneri, Angela Nugara, Carmelo Maddio, Angela Durantini, Simone Nucatola, Ignazio Trombello, Giovanni Interlandi, Giuseppe Bonta.

Ce que nous retenons est la forme : noir et blan (très lumineux - probablement le soleil de Sicile), plans fixes et quelques panoramiques, des acteurs qui déclament un texte (tiré directement du roman initial), format de l'image 4/3, aucune musique, une succession de trois scènes, qui font penser à une déclamation théâtrale.

Cette recherche formelle, sûrement pour servir le texte et les idées, ne nous touche pas. Malgré sa courte durée, le film parait long. Même si la déclamation des acteurs et ce qu'ils disent, ce qu'ils racontent, peut faire sourire, tellement le parti pris de mise en scène est radical au point de tutoyer le ridicule. Intéressant et fatiguant à la fois. Est à réserver pour ceux qui aiment le théâtre.

Sicilia!

samedi 15 juillet 2023

La chair de sa chair (Mother's Day, Dzien Matki, 1h34, 2023) de Mateusz Rakowicz

Avec  Agnieszka Grochowska, Adrian Delikta, Dariusz Chojnacki, Paulina Chrusciel, Pawel Koslik, Arkadiusz Brykalski, Sebastian Dela, Szymon Wróblewski, Konrad Eleryk, Jowita Budnik, Pawel Janyst.

Un succès damné de John Wick, encore, mais en variante polonaise. Où ici une ancienne espionne qui est presque mendiante, se retrouve à sauver son fils, qui a été adopté ,et il ne la connait pas. Nous nous rappelons plus pourquoi ils veulent le tuer, mais nous nous en moquons. Sa mère reprend du service et les tue un par un.

Comme ce canevas dramatique a déjà été vu de multiples fois, ce produit ne s’appréhende que sur ses variantes, voire ses originalités. Celles-ci vont se trouver sur le travail plastique de l'image :  le film possède un fort impact visuel grâce à sa photographie, ses décors et ses costumes et maquillages, le tout influencé par l'esthétique des jeux vidéos.

Le tout se déroule à Varsovie, avec une faune assez déchaînée et des méchants très graphiques et horribles bien sûr. Le tout de déroulant la nuit dans des usines et sous-sols abandonnés avec une photographie très travaillée et des chorégraphies avec des effets visuels ludiques. C'est à la fois horrible et amusant. Avec beaucoup de violence et de combats. Il manque une dimension sexuelle à peine suggérée, et de la subversion.

Encore ici tout est techniquement parfait. L'actrice principale, Agnieszka Grochowska est impressionnante. Les chorégraphies et les décors sont spectaculaires : sous-sols humides et sales, ancienne usine abandonnée. Le film contient au total de belles idées visuelles.

Et la fin ouverte et clin d’œil humoristique, lasse augurer d'une suite. Tant mieux. Un film chips, très croquant, très craquant, que l'on déguste dans l'instant sans regret.

vendredi 14 juillet 2023

Those Who Wish Me Dead (1h40, 2021) de Taylor Sheridan

Avec Angelina Jolie, Finn Little, Jon Bernthal, Aidan Gillen, Nicholas Hoult, Jake Weber, Medina Senghore, Tyler Perry, Boots Southerland, Tory Kittles.

Un trauma à régler, de superbes décors de forêts, qui brûlent de temps en temps, deux tueurs qui poursuivent un petit garçon (la raison nous nous en moquons) pour le tuer, qui se retrouve dans la forêt avec des spécialistes de la survie en montagne et forêt. Notre pompier, Angelina Jolie, pour aider à tirer le petit garçon des griffes de ces vilains tueurs, en fera sa psychothérapie. Entre temps, plusieurs morts, des montagnes incendiées (de belles séquences d'incendies de forêt).

Le schéma des séries B Netflix est exploité à l'os ici. La star, les acteurs de compléments très solides, un déroulement dans la compagne où nous sommes immergés dans la vie des autochtones, un schéma dramatique simple, de superbes décors, du CGI porn pour supporter le spectaculaire. Une bonne série B où le film de survie est mélangé avec le film de tueurs implacables : cela a déjà été vu beaucoup de fois, mais ce petit film de série fonctionne. Il est techniquement bien exécuté, bien interprété et bien photographié. La caractérisation des personnages est efficace, voire simpliste, mais bien écrite.

Ce n'est pas mémorable ni indispensable, c'est prévisible, mais ce n'est pas déshonorant non plus.

Bande-annonce Ceux qui veulent ma mort


vendredi 7 juillet 2023

Creed III (1h56, 2023) de Michael B. Jordan

Avec  Michael B. Jordan, Tessa Thompson, Jonathan Majors, Wood Harris, hylicia Rashad, Mila Davis-Kent, Jose Benavidez Selenis Leyva, Florian Munteanu, Thaddeus J. Mixson.

Creed III reprend le patron de tous les films de la franchise Rocky. C'est toujours la même chose, produit avec les mêmes ingrédients : le passé qui revient à la fois sous la forme d'un ancien copain ou de sa propre histoire vécue, les deux combats avec des fins différentes, les entraînements.

Tout est parfait techniquement et Michael B. Jordan fait du très bon boulot à la fois devant et derrière la caméra.

La bonne idée du film est de faire mourir la mère. Bonne idée, car elle ne servait à rien.

Le combat final très stylisé avec la bascule dans l'irréel pendant une dizaine de rounds et fait une ellipse ; c'est à la fois une bonne idée, car cela permet l'ellipse et d'introduire un état de suspension, mais aussi une petite déception, car cela n'est pas dans les standards de la franchise où bien qu'invraisemblables sur le plan pugilistique, les combats contenaient une progression dramatique, ici un peu réduite : ils sont à égalités puis un arrive à dominer l'autre, sans explication si ce n'est la fatigue.

Ce n'est plus les prolétaires dont la vie est racontée, mais un parvenu et des jeunes probablement délinquants : l'ancrage prolétarien qui sied à la franchise n'est pas présent.

L'utilisation du fils de Drago, ainsi que l’entraînement très campagnard et travaux publics fait partie des poncifs de la franchise.

 Bande-annonce Creed III


jeudi 6 juillet 2023

Duel Sans Merci (The duel at Silver creek, 1h17, 1952) de Don Siegel

Avec Audie Murphy, Faith Domergue, Stephen McNally, Susan Cabot, Gerald Mohr, Eugene Iglesias, James Anderson, Walter Sande, Lee Marvin.

Une bande de bandits qui pillent les concessions d'or : ils se les approprient brutalement si le propriétaire ne veut pas leur vendre. Le Silver Kid, Audie Murphy, va venger  son ami abattu par ces méchants qu'il va retrouver dans la ville du Marshall, Lightning Tyrone, Stephen McNally. Il est un peu naïf, incorruptible, a un faible pour la pernicieuse Opal Lacy, Faith Domergue, et donne des signes de vieillissement sur son aptitude à dégainer le premier. Le Silver Kid et Lightning vont s'associer pour affronter les méchants. Parmis ceux-ci, le perfide Johnny Sombrero (Eugenie Iglesias) ou Tinhorn Burgess (Lee Marvin en débutant). Nous apprécions particulièrement les noms des personnages...

Tout ceci va très vite et est bouclé en 87 minutes par Don Siegel : pas de temps mort, pas de gras inutile, tout va à l'essentiel et pas besoin de périphrase et de schéma détourné pour raconter l'histoire. Un western de série tonique et rythmé qui fait la part belle à Audie Murphy et Stephen McNally. À noter qu'il n'est nullement question de duel à Silver Creek... En l'occurrence il y est question de plusieurs duels putatifs, mais qui n'ont jamais lieu.

Duel sans Merci [Édition Limitée Blu-Ray + DVD]

samedi 1 juillet 2023

Bordertown - Du sang sur les murs (Bordertown: The Mural Murders, 1h47, 2021) de Juuso Syrjä

Avec Ville Virtanen, Anu Sinisalo, Sampo Sarkola, Johan Storgård, Olivia Ainali, Lenita Susi.

Un flic en hôpital psychiatrique est requis pour élucider des meurtres d'un tueur en série. Avec l'utilisation d'un tueur très intelligent déjà en prison qui pourrait donner des indices pour retrouver le tueur en série. Avec l'énigme à résoudre concernant le lien entre les différents meurtres. Les meurtres utilisent beaucoup de sang et sont spectaculaires. Cela rappelle bien sûr Le Silence Des Agneaux (1991) de Jonathan Demme. Il y a référence plus déshonorante. La variante ici est que le flic qui mène l'enquête est un peu fou (au sens médical du terme) et possède un talent pour deviner, très utile pour un scénariste.

Au total le principe du film enquête fonctionne bien avec ses différents rebondissements. La seule déception est la révélation du tueur, qui s'avère n'être aucun des personnages précédemment rencontrés au cours de l'histoire. En général, il y a un travail préparatoire qui fait que le coupable, est un personnage déjà vu, ou croisé dans la dramaturgie qui a précédé. Ce n'est pas le cas ici.

Ce qui fait que le film repose beaucoup sur le canevas dramatique de l'enquête, ses sous-intrigues et la compréhension de l'intrigue que soumet le tueur en série. Au total, originalité zéro, mais efficacité correcte. Le film bénéficie d'une bonne distribution, Ville Virtanen en tête, qui est l'intérêt principal du film.

 Bordertown : Du sang sur les murs