lundi 26 octobre 2015

Foxcatcher (2014) de Bennett Miller

Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo, Sienna Miller, Vanessa Redgrave, Anthony Michael Hall, Brett Rice, Guy Boyd.

Un film étrange. Cela commence comme un film sur des minables (au sens où le Capitalisme pourrait le définir), des gens simples (des plans de quartiers et maisons que l’on n’a pas l'habitude de voir dans un film étatsunien), qui pratiquent la lutte; ce qui de prime abord n'est pas très reluisant, voire primaire. Et arrive un milliardaire (le capitaliste, c’est lui), d’abord intriguant, il fait ensuite pitié quand on comprend sa relation avec sa mère, et que l'argent ne fait pas son bonheur. La fin du film est prévisible tant le personnage de Carell paraît fou et déconnecté d’une certaine réalité.
La fin est d’ailleurs curieuse : le milliardaire fou et détraqué a le droit de tout, d’être impoli, d’être humilié, de se sentir important, car il a de l’argent, de faire sentir aux autres qu’il a de l’argent, de dire n’importe quoi devant une assemblée de personnes, d’usurper sa position (il fait croire qu’il est entraîneur), de posséder des armes, sauf de tuer. Pourquoi ?...  Là le film devient incompréhensible : on ne comprend vraiment pas pourquoi il ne pourrait pas tuer. Mais il n’en reste pas moins intéressant.
Le film baigne dans une ambiance de secte, presque fantastique. Beau travail des acteurs. Et  c'est une histoire vraie. Pas extraordinaire, mais le traitement, le climat, cet univers presque irréel, rendent le film intrigant et rendent le spectateur captif.
Belle prestation de la distribution masculine, Channing Tatum, Steve Carell et Mark Ruffalo. Tous très bons et avec le contre-emploi de Steve Carell, qui s'en sort très bien.

Wild (2014) de Jean-Marc Vallée

Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Thomas Sadoski, Michiel Huisman...

Voilà un film qui semble basé sur une croyance: parce que c'est vrai, c'est intéressant... Eh bien non. Ce n'est pas parce qu’une histoire est vraie que cela en fait une histoire intéressante. En l'occurrence, malgré les efforts de l'actrice principale, on se moque, ou plutôt l'on se désintéresse de ce personnage. Et ce n'est pas l'énergie du monteur qui essaie de rendre cette histoire intéressante en nous balançant, en rythmant (il est vrai) l'histoire avec des retours en arrière qui expliquent, qui de l'enfance, qui de la mère, qui du mari ou qui des aventures sexuelles, donnent le plus de profondeur ou le plus d'intérêt (intentionné comme tel) à cette histoire, ou qui nous expliquent, nous supposons, les raisons de sa rédemption. En fait ces retours en arrière sont aussi vulgaires, lourds, qu'une voix off. Aurait il était possible de rendre compréhensible le parcours du personnage par de la mise en scène uniquement? Nous ne le saurons jamais.
On retiendra de belles images. Et une performance, incarnée et volontaire, de la petite Reese Whiterspoon. Mais au total tout ceci ne suscite pas d'empathie. L'histoire originale est-elle trahie par la mise en scène? Ou le vide de l'histoire originale était-il irrécupérable par la mise en scène sans point de vue de Vallée?

jeudi 15 octobre 2015

Whiplash (2014) de Damien Chazelle

Avec Miles Teller, J.K. Simmons, Paul Reiser.

Whiplash est pas mal. Il permet surtout d'exploiter le physique de J.K. Simmons, éternel abonné au rôle de méchant, et qui ici est le, méchant... Mais nous ne sommes pas dans une baudruche numérique de type superhéros ou dans de la science-fiction prétentieuse. Ici le suspense est sur la capacité des personnages à jouer d'instruments de musique en répondant aux exigences d'un entraîneur très exigeant, à la  recherche de prodiges. Ici pas de poursuite en véhicule ou de combats à mains nues. Quoi que! Un film à hauteur humaine donc, avec de vrais personnages, mais au déroulé prévisible. Néanmoins le sujet étant inhabituel. Et l'instrument choisi étant le plus spectaculaire (la batterie); on a du mal à imaginer le même film où l'instrument serait remplacé par la guitare, le piano ou un vent.

L'Emmerdeur (1973) de Edouard Molinaro

Avec Lino Ventura, Jacques Brel, Caroline Cellier, Jean-Pierre Darras, André Valardy, Jean Franval.



Revoir l'Emmerdeur, c'est revenir à un film simple, basé sur la mise en scène (beaucoup de scènes sont peu dialoguée, ça fait du bien) et c’est revenir à la source du film de duo improbable. Ici le pauvre tueur Lino Ventura se retrouve confronté à la vie, lui qui est payé pour donner la mort (la femme qui est sur le point d'accoucher, il essaie de sauver Jacques Brel qui essaie de se suicider) ou alors lui qui essaie d'être discret se retrouve en permanence exposé (les gendarmes l'accompagnent jusqu'à la  maternité, toutes les caméras tournées vers sa fenêtre). Bref tout est fait pour le calvaire crescendo de Monsieur Milan Ventura. Tout cela fonctionne, jusqu'à l'épilogue où l'on se rend contre que le martyr de Ventura va continuer.


Usurpateur (2014) de Ana Piterbarg

Avec Viggo Mortensen, Soledad Villamil, Sofía Gala.

Deux Viggo Mortensen pour le prix d'un. Un, alcoolique vivant dans les marais, l'autre médecin, avec ses problèmes de couple. Un méchant. Un gentil. Qui, une fois inversé (l'un prend la place de l'autre), se révèlent l'inverse: le gentil est finalement un mou peu recommandable; le méchant étant probablement à l'opposé. Ils se rejoignent, plus exactement l'un prend à place de l'autre et le tout se termine dans les marais.
L'exotisme est assuré par l'Argentine et la vie de ces gens qui vivent sur un fleuve, ses îles et se déplacent en petits bateaux à moteur.  Marais qui rythme la vie des gens et du film.
Une confrontation avec un méchant local, des guerres de voisins, pimentent un peu cet univers.
Au total le film maintien éveillé, car le spectateur se demande comment va évoluer et se terminer l'histoire. Mais au total peu de chose mémorable: faible hystérésis.

Red 2 (2013) de Dean Parisot

Avec Bruce Willis, John Malkovich, Mary-Louise Parker, Catherine Zeta-Jones, Helen Mirren, Anthony Hopkins, Byung-Hun Lee, David Thewlis, Neal McDonough, Brian Cox.

La mayonnaise ne prend pas dans cette suite. Tout y est fastidieux, mal introduit, sans continuité. Est-ce un problème de montage? De scénario? De direction d'acteurs?
John Malkovich, Bruce Willis et Anthony Hopkins sont particulièrement mauvais. S'en sortent mieux, les femmes et le leveur de jambe de service (Byung-Hun Lee), efficace dans les combats, mais plaqué presque inutilement à l'histoire (imaginé probablement par les producteurs pour la distribution du film en Asie).
Ce navet de haut vol, pas suffisamment mauvais ou décalé pour être un nanar, est peut-être sauvé par Mary-Louise Parker et Helen Mirren, les seules qui jouent bien, et qui apportent un peu de folie dans ce train-train en roue libre.
Le film bénéficie de fondus en mode vignette de bande dessinée, du plus mauvais effet. Sûrement en pour faire film tiré d’une bande dessinée et le rapprocher des baudruches inspirées des comics.