samedi 27 juillet 2019

White Heat (L'Enfer Est A Lui, 1949) de Raoul Walsh

Avec James Cagney, Virginia Mayo, Edmond O'Brien, Steve Cochran, Margaret Wycherly, John Archer, Wally Cassell, Fred Clark, Claudia Barrett, Ray Bennett, Marshall Bradford, Robert Carson, Bill Cartledge, Leo Cleary, Fred Coby, Tom Coleman, Garrett Craig.

Après toutes ces années, ce film reste encore une claque.
Bande-annonce L'Enfer est à luiPatron de scénario plagié de multiples fois: un flic (Edmond O'Brien) infiltre une bande de cambrioleurs dirigés par le psychopathe Cody Jarrett (James Cagney). Le film mélange les séquences de préparation et de réalisation de casses, puis de planques, mais aussi les séquences d'enquêtes et de technologies utilisées par les policiers pour les suivre, les rechercher ou les infiltrer.
James Cagney s'en donne à cœur joie en chef de gang malade dans sa tête: tueur de sang froid, en proie à des céphalées violentes et des crises de démences, qui bat sa femme (Virginia Mayo, parfaite), obsédé par sa maman, et qui veut dominer le monde. Qui est un danger permanent, qui peut être amical comme sortir son pistolet et tirer en quelques secondes.
Le film fonce, enchaine les séquences sans temps morts, avec fluidité, jusqu'au final d'anthologie dans une raffinerie pétrolière en feu avec Cody Jarrett criblé de balles et en train de bruler qui hurle à sa mère qu'il est au sommet du monde.

La Route De L'Ouest (The Way West, 1967) de Andrew V. McLaglen

La Route de l'Ouest - Édition SpécialeAvec Kirk Douglas, Robert Mitchum, Richard Widmark, Lola Albright, Sally Field, Jack Elam, Connie Sawyer, Stubby Kaye, Harry Carrey Jr., Nick Cravat, John Mitchum.

Robert Mitchum (en éclaireur indien, un peu mou), Kirk Douglas (dans un personnage obsessionnel dans lequel il excelle), Richard Widmark (un peu fade et ne se distinguant guère des autres, représente le père de famille standard).
Cette ruée vers l'ouest est la conduite d'un convoi qui veut coloniser de nouveaux territoires de l'Ouest américain.
Le film n'est pas un monument, mais il contient quelques éléments mémorables. Le personnage de Kirk Douglas, que l'on aime haïr, qui va jusqu'à se faire fouetter par son employé afro-américain. Ou alors la séquence avec les Indiens, et la peine de mort par pendaison de celui qui a tué l'enfant indien. Ou alors on peut apprécier l'histoire d'amour entre le jeune fermier et la toute jeune Sally Field, qu'il finit par épouser enceinte d'un autre. Ou encore le franchissement du précipice avec les cordes ascenseurs pour descendre les chariots. Bref, les moments les plus intéressants ne sont pas le fait des grandes stars de la distribution (sauf pour Kirk Douglas), mais des personnages secondaires.
Le film se laisse suivre, et il est sauvé par ses éclairs de violences (probablement l'influence des westerns spaghettis venus d'Europe), toutes importantes pour la progression dramatique du film.

L'Homme Qui N'A Pas D'Etoile (The Man Without A Star, 1955) de King Vidor

Avec Kirk Douglas, Jeanne Crain, Claire Trevor, Richard Boone, William Campbell, Jay C. Flippen, Jack Elam, Myrna Hansen.

Bande-annonce L'Homme qui n'a pas d'étoile - Édition Spéciale Combo Blu-ray + DVDScénario très riche pour ce western classique et référentiel. Scénario qui mélange l'histoire individuelle de Dempsey Rae (Kirk Douglas) avec l'histoire des États-Unis d'Amérique. L'histoire individuelle est plutôt riche: c'est un cow-boy qui émigre pour trouver du travail, qui chemin faisant prend sous son aile un jeune qu'il forme, se font embaucher par Jeanne Crain qui représente le gros propriétaire qui veut croitre, mais Dempsey Rae fuit les barbelés du Texas, c'est-à-dire les petits éleveurs qui bornent leurs terrains dans cet Ouest qui est à tous et qui n'a pas encore de propriétaire et de barrière.
Il devient le contremaitre de Jeanne Crain (et son aspirant amant) et doit affronter les propriétaires qui mettent des barbelés pour protéger leurs terres du gros propriétaire qu'il représente. Dans ce schéma sont inclus: la relation amoureuse et intéressée avec Jeanne Crain, la relation avec le jeune qu'il forme mais qui se révèle être bouillonnant (il tire puis il réfléchit), et l'affrontement avec des nouveaux cow-boys texans pas sympathiques du tout (Richard Boone à leur tête). Cet ensemble de lignes dramatiques est riche (deux scénaristes crédités: Borden Chase, D.D. Beauchamp) et constitue un festival pour Kirk Douglas dans un personnage torturé qui doit être de tous les plans, et qui finira par changer de camp.
La distribution féminine est réussie: Jeanne Crain, la rousse, la riche propriétaire dans ce monde d'homme, ambitieuse, que rien n'arrête pour arriver à ses fins. Et Claire Trevor, la blonde, la tenancière de saloon, plus légère, mais qui aide à caractériser le personnage de Dempsey Rae.
En résumé: un classique, qui garde sa force plus de soixante ans après.

Le Chant Du Loup (2019) de Antonin Baudry

Avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, Paul Beer, Etienne Guillou-Kervern, Nicolas Van Beveren, Damien Bonnard, Paul Granier, Sylvain Loreau, Guillaume Duhesme, Jean-Yves Berteloot, Sébastien Landry, Alexis Michalik, Simon Thomas.

Bande-annonce Le Chant du LoupLe film à suspense où un sous-marin français est sur le point de tirer un missile sur la Russie. Pour l'arrêter, il faut entrer en contact avec lui par un biais autre que les communications officielles, car une fois l'ordre de tirer donné, le sous-marin lanceur de missile est coupé du monde; le film indique qu'il s'agit de la procédure officielle.
Le scénario parait invraisemblable, et nous ne savons pas s'il est plausible. Néanmoins, dans le genre suspense technologique, avec une touche de film d'espionnage (ici lié à des islamistes) le film est prenant et donc efficace. Grâce à ses décors (intérieurs de sous-marins, postes de commande, bâtiments à terre) et par sa distribution, avec un ensemble d'acteurs de qualité (Mathieu Kassovitz, Reda Khated, Omar Sy). François Civil est moins convaincant, mais le responsable est le personnage écrit par le scénariste qui est peu crédible (ses errements en cas d'alerte, le cannabis, etc., mais tous nécessaire pour les articulations dramatique...).
Le film est efficace dans sa progression dramatique. Le scénario est bien équilibré entre le personnage de l'Oreille d'Or et son travail et ses problèmes au travail ou sa vie sentimentale, et la progression dramatique principale qui arrive au suspense du dernier tiers. L'ensemble des séquences sous l'eau sont captivantes et font ressentir le confinement au spectateur. 
À noter aussi le prologue, bien découpé et mettant bien en appétit le spectateur.

Toxic Avenger part II (1989) de Michael Herz et Lloyd Kaufman

Avec John Altamura, Ron Fazio, Phoebe Legere Rick Collins, Rikiya Yasuoka, Tsutomu Sekine, Mayako Katsuragi, Shinoburyo, Lisa Gaye, Jessica Dublin, Erika Schickel, Dan Snow.

Revenir aux productions Troma est toujours salutaire.
Bande-annonce The Toxic Avenger II - Director's CutLe Toxic Avenger, est un superhéros de la vraie Amérique, l'Amérique profonde, celle des routes défoncées, des maisons laides, des arrière-cours remplies d'ordures, celles des obèses et des banlieues grises. Ce n'est pas le porno numérique des productions Disney et Marvel ici, mais un superhéros  qui se bas à main nue avec son balai-brosse, qui ici dans cette suite, va au japon à la recherche de son père (argument débile et jubilatoire qui s'avèrera une erreur). Il y a une telle croyance dans ce qui est filmé devant la caméra, littéralement avec des bouts de ficelles, et avec des "acteurs" et "actrices" pris aux coins de la rue, que cela en est touchant, et surtout amusant. Il y a un semblant de cohérence dramatique avec une quête. Mais le film n'est pas là. Il est dans les loufoqueries enfilées comme des perles sur l'ensemble de la durée, mélangeant gore, érotisme, violence, combats, slapstick, gags lourdingues, débilités, et une bonne dose d'idées saugrenues réalisées avec des effets spéciaux devant la caméra.


Les Douzes Salopards (The Dirty Dozen, 1967) de Robert Aldrich

Avec Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, Jim Brown, John Cassavetes, George Kennedy, Robert Ryan, Telly Savalas, Donald Sutherland, Clint Walker, Ben Carrythers, Robert Philips, Colin Maitland, Al Mancini.

Bande-annonce Les Douze salopards - Edition Blu-RayCe film de Robert Aldrich est à la fois énervant et jubilatoire. Énervant, car la ligne dramatique est facile, voire simple, et aussi, car tout ceci n'est pas très subtil. Mais aussi jubilatoire, car l'empathie du spectateur avec le groupe fonctionne bien, malgré la débilité des personnages; et nous jubilons lorsqu'ils arrivent à leur fin.
Le film est divisé en trois parties: le recrutement de ce commando suicide, l'entrainement des membres de ce commando, quasiment tous des condamnés à mort, puis la mission qu'ils effectuent pour tuer le plus de généraux allemands possible afin de désorganiser l'ennemi avant le débarquement. Les deux premières parties sont les plus intéressantes, et ce schéma fonctionne toujours très bien dans les films.
Au total, Lee Marvin est crédible en sous-officier rebelle, bien que son âge soit un peu suspect. Ensuite, la brochette d'acteurs dans les seconds rôles fonctionne bien et ils sont plutôt bien caractérisés (physique, névrose, ethnie).
Un film plutôt rugueux, à la serpe, qui ne fait jamais dans la dentelle. Mais qui est diablement efficace.

L'Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country, 1959) de Robert Parrish

Avec Robert Michum, Julie London, Gary Merrill, Albert Dekker, Jack Oakie, Charles McGraw, Anthony Caruso, Mike Kellin, Victor Manuel Mendoza, Jay Novello, John Banner.

Bande-annonce L'Aventurier du Rio Grande - Édition SpécialeRobert Mitchum interprète un gringo au Mexique, travaillant pour les Mexicains, mais recherché coté américain, et qui passe son temps entre les deux. C'est un peu cela le sujet du film: Martin Brady, alias Robert Mitchum, parfait dans le rôle d'un paumé qui ne sait pas où se poser: coté américain ou coté mexicain, ayant des attirances et des rejets de chaque côté, attirances ou rejets professionnels ou sentimentaux. Martin Brady n'est pas un héros (dès la deuxième séquence, il  tombe de son cheval et se retrouve avec une jambe dans le plâtre). Il essaie de survivre dans un monde de frontière entre le Texas et le Mexique. Il subit les évènements et ne maîtrise rien. C'est un antihéros.
Le Mexique est présenté sous une forme beaucoup plus riche que d'habitude: des gens riches bienveillants ou qui complotent, des gens pauvres accueillants, de multiples décors. Toutes les scènes au Mexique sont des réussites. Souvent le mexicain à Hollywood est soit un méchant, soit un voleur, soit le comique de service. Ici à travers les différentes séquences et les belles images nous découvrons ce "wonderful country" du titre original.
Ajoutons les personnages cotés américain du Rio Grande avec Gary Merrill en officier neurasthénique qui combat les Commanches, avec Julie London (hypnotique: elle avale le spectateur dans chacun de ses plans, y compris ce pauvre Martin Brady) la femme de l'officier ou Albert Dekker en capitaine des rangers. Qui tous incarnent des seconds rôles très vites caractérisés et reconnaissables. Avec de belles lignes de dialogues, en particulier dans la bouche de Julie London, quand elle dit à Martin Brady/Mitchum: "vous n'êtes pas un homme" ou "nous sommes ce que nous faisons".
Un western classique et atypique à la fois donc. Où  Robert Mitchum est parfaitement à l'aise en tant que cabossé dans ces entre-deux (états, femmes, employeurs, styles de vie).

Rio Lobo (1970) de Howard Hawks

Avec John Wayne, Jorge Rivero, Jennifer O'Neill, Jack Elam, Christopher Mitchum, Victor French, David Huddleston, Bill Williams, Sherry Lansing, Hank Worden, Jim Davis, Mike Henry, Robert Donner, Susana Dosamantes.

Nous comprenons qu'ici Howard Hawks a voulu développer certains éléments du patron de scénario déjà à l'œuvre pour ses Rio Bravo (1959) et El Dorado (1966). En particulier il a souhaité développer et montrer comment est née la relation entre John Wayne et un acteur plus jeune, ici en l'occurrence celui qui interprète Frenchy (Jorge Rivero) et qui était interprété par Colorado (Ricky Nelson) dans Rio Bravo et par Mississippi (James Caan) dans El Dorado.
Autre variante par rapport aux deux premiers films: le temps passé dans la prison qui est au cœur des deux premiers, mais qui ici dure très peu de temps. il s'agit d'une variante beaucoup moins en chambre que El Eldorado et Rio Bravo.
Rio LoboLe film ici aussi se distingue par sa distribution féminine plus étoffée avec Sherry Lansing, Susana Dosamantes et Jennifer O'Neill dans des rôles d'importances différentes, mais clés pour la progression dramatique. Par ailleurs la romance du love interest (Jennifer O'Neill) est avec Frenchy et pas du tout avec John Wayne. Il est évident que cela aurait été ridicule avec le vieillard John Wayne.
Autre élément réussi de cette variante est le personnage comique (Stumpy/Walter Brennan dans dans Rio Bravo, Bull/Arthur Hunnicutt dans El Dorado) ici tenu par Jack Elam qui compose un personnage en couleur et plutôt sympathique par la folie qu'il exprime.
Cette version du film introduit une variante par rapport à la séquence de prologue qui est l'attaque du train par les sudistes, qui mène ensuite à la connaissance du personnage de John Wayne avec Frenchy. Longue séquence plutôt spectaculaire qui permet d'amorcer le film. Et d'ailleurs ce sera la seule séquence d'action du film. Le film au total est plutôt un film de comédie plutôt relâché et avec assez peu de violence. Et surtout assez peu de drame. Cela vient surtout de l'absence du personnage qui sombre dans l'alcool présent dans les deux précédents films (c'est-à-dire Robert Mitchum et Dean Martin). Ici ce personnage n'existe plus. Ce qui fait passer ce troisième film de la catégorie des comédies et pas des drames. Ce qui peut faire penser que le film est plus léger. Néanmoins nous restons toujours hallucinés par cette dernière image où nous voyons John Wayne blessé, boîter, marchant en s'appuyant sur Sherry Lansing le visage balafré. Dernière image du dernier film de Howard Hawks.
Sur la forme,  le cadrage ici est pensé pour la télévision similairement à El Dorado. Mais aussi l'influence du western spaghetti avec les éléments d'humour ou de violence.

Photo De Famille (2018) de Cecilia Rouaud

Avec Vanessa Paradis, Camille Cottin, Pierre Deladonchamps, Jean-Pierre Bacri, Chantal Lauby, Laurent Capelluto, March Ruchmann, Claudette Walker, Jean Aviat, Emilie Cazenave, Guilaine Londez, Sandra Nkake, Rio Vega, Sadio Niakate.

Une reprise du synopsis en dit beaucoup sur le film:"Gabrielle, Elsa et Mao sont frères et sœurs, mais ne se côtoient pas. Surtout pas. Bande-annonce Photo de familleLa première est « statue » pour touristes, au grand dam de son fils ado. Elsa, elle, est en colère contre la terre entière et désespère de tomber enceinte. Et Mao, game designer de génie chroniquement dépressif, noie sa mélancolie dans l’alcool et la psychanalyse. Quant à leurs parents, Pierre et Claudine, séparés de longue date, ils n’ont jamais rien fait pour resserrer les liens de la famille. Pourtant, au moment de l’enterrement du grand-père, ils vont devoir se réunir, et répondre, ensemble, à la question qui fâche : « Que faire de Mamie ? » ".
Dans le genre film choral à la française, véritable sous-genre de la comédie dramatique, ce film n'est pas plus mauvais qu'un autre. Belle distribution, bonne direction d'acteur (pas de fausses notes), avec un mélange heureux d'acteurs de différentes générations. Il n'a pas une hystérésis énorme (rien de mémorable), mais l'on ne peut pas dire que c'est un navet. Peut être l'histoire de la mamie et de ce que l'on en fait peut raisonner cher certains ou certaines. Une bonne comédie dramatique qui permet de passer le temps.