samedi 27 décembre 2014

Green zone (2010) de Paul Greengrass

Avec Matt Damon, Greg Kinnear. Amy Ryan.

Un film sur le début de la campagne irakienne où les États-uniens cherchent les armes de destruction massive qui n'existe pas. Un commandant un peu plus malin, Matt Damon, se demande si elles existent vraiment vu qu'il n'en trouve pas là où il cherche.
Le film explique que le gouvernement américain à monté de toute pièce de fausses pistes pour faire croire à leur existence. D'ailleurs pour une fois la CIA est dans le camp des sceptiques et semble à l'écart des magouilles de l'État États-unien.
Dans cet univers Matt Damon est solide. Sans être aussi bon que dans la franchise Jason Bourne.
Le travail de mise en scène avec un style caméra à l'épaule et reportage, dans des décors sûrement très fidèles, rendent le film presque passionnant tout en sachant comment l'histoire se terminera.
Du beau travail efficace et très bien emballé, mais tournant un peu à vide. Sauf si ce que le film raconte est vrai : l'affrontement de certains militaires et CIA contre le gouvernement États-unien.

Croix de Fer (Cross Of Iron, 1977) de Sam Peckinpah

Avec James Coburn, James Mason, Maximilian Schell, David Warner, Klaus Löwitsch, Vadim Glowna, Roger Fritz, Dieter Schidor, Burkhard Driest, Michael Nowka, Arthur Brauss, Senta Berger.

Les turpitudes existentielles de la Wehmacht en Crimée pendant la débâcle de l'armée allemande: affrontement entre classes, bêtises et horreurs de la guerre, amitiés sont au programme de ce chef-d’œuvre de Sam Peckinpah. Étonnant que ce film où Sam Peckinpah est a priori loin de son univers (le Mexique et tout ce qui tourne autour du Rio Grande). Film tourné avec peu de moyens pour les scènes de batailles, mais où l'art de montage est exploité pleinement pour démultiplier les choses et aboutir à quelque chose de spectaculaire et d'horrible.
Bien sûr, comme à son habitude, Sam Peckinpah ne fait jamais dans la finesse. Mais le film est diablement efficace sur les horreurs de la guerre (le camion qui roule sur un cadavre que l'on a même plus de temps d'enlever du chemin, la séquence de l’hôpital avec les amputés, l'exécution à l'arme blanche du jeune garde par la soldate russe), son absurdité (le soldat enfant russe, le mutilé de guerre qui n'a plus de bras et qui fait le salut nazi avec sa jambe), la bêtise (ne faire aucun prisonnier et tuer l'enfant qu'ils ont ramené, l'officier prussien qui se croit supérieur à ses soldats).
Les scènes de vie des soldats dans leur baraquement sous-terrain sont riches et bien écrites et complètent les scènes entre l'officier et les soldats du rang. Les scènes au quartier général entre James Mason et David Warner, même si peu réalistes, fonctionnent parfaitement et sont parfaites dans la narration. L'affrontement verbal entre James Coburn et Maximilian Schell est passionnant et probablement peu réaliste aussi, mais jubilatoire. Le scénario et la narration sont un condensé et les trois scénaristes ont produit un beau travail sur l'inutilité de la guerre et la violence.
Maximilian Schell arrive à presque nous faire prendre en pitié son personnage d'aristocrate prussien p eu intelligent, venu sur le front russe pour avoir la Croix de Fer, mais qui se révèle lâche et incompétent, ce qui permet à Sam Peckinpah de terminer son film un une crise de rire, désespéré et ironique.
Bande-annonce Croix de fer

lundi 22 décembre 2014

Le Hobbit – la bataille des 5 armées (2014) de Peter Jackson

Avec Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ken Stott.

Pas un Asiatique, pas un Noir ou Afro-Etatsunien, pas un Maghrébin, pas un Ouïgour, pas un Han, etc. Bilbo, Tolkien ou Peter Jackson sont-ils racistes ? Cet univers d'Elfes, de Nains, de Hobbits, d'Orques et autre bestiole est bien blanc. Trêve de racisme, ce troisième volet paraît un peu pauvre par rapport aux précédents. Autant les deux premiers contenaient leur lot de séquences, pour certaines mémorables, autant ici le film alterne plans d'ensemble gigantesques (la nature et les paysages, les plans d'ensemble de la géographie et de la bataille) et séquences de parlotte ridiculo-ridicules.
Et de fait ce « film » n'est que la suite exacte du précédent et ne peut donc être visionné sans connaître les précédents. Les personnages sont censés être connus. D'ailleurs ici il n'est que peu question du Hobbit du titre qui est un personnage très secondaire.
Ce film ressemble à des chutes, des scènes coupées d'explications ou d'action. Le film est décomposé entre deux parties : les parlottes préparatoires et la bataille des cinq armées, dont on ne comprend pas pourquoi les méchants perdent.
Un film bizarrement bâclé (Peter Jackson en a-t-il assez des gros nez et des grands pieds poilus?), pas du tout au standard des premiers volets. Il est probable que la version longue en vidéogramme contiendra explications et nouvelles séquences.

Maps to the stars (2014) de David Cronenberg

Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusack, Evan Bird, Olivia Williams, Robert Pattinson, Sarah Gadon.

Cronenberg avec les années est passé de l'horreur graphique à l'horreur psychologique. Il est dur de dire que le réalisateur c'est assagi, car ici c'est encore une histoire de détraqués, ici dans un Hollywood contemporain : un enfant tueur, une actrice vieillissante, un psy incestueux à l'insu de son plein gré, une sœur tueuse. Curieusement, le sujet pourrait être du David Lynch.
David Lynch auquel ce film fait penser. Mais on se dit que Cronenberg est à la fois plus productif, se répète moins et est plus inventif qu'un Lynch qui est sur le point de se pasticher lui même. Cronenberg au moins, tout en étant plus prolixe, peut-être en ne réalisant pas que des réussites, reste plus intéressant, car il varie plus ses créations et prend des risques. Des risques de perdre le spectateur, mais des risques quand même.

Sorcerer (Le Convoi de la Peur, 2h01, 1977) de William Friedkin

Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Amidou. Francisco Rabal, Ramon Bieri, Peter Capell, Karl John, Friedrich von Ledebur, Chico Martínez.

William Friedkin signait encore un coup-de-poing avec ce film dépressif. Tout le monde meurt à la fin du film. William Friedkin se permet même de faire croire que le seul survivant, est tué (voir le coup de feu dans la bande-son au début du générique de fin). Ou pas. Dans l'esprit des années soixante-dix, c'était le cas.
Une de ses forces est d'installer tout doucement la séquence des camions qui ne débute qu'après une heure de film. William Friedkin passe son temps à brosser l'arrière-plan des personnages dans leur pays respectif (France, Mexique, Israël, USA), les raisons pour lesquelles ils se retrouvent dans ce « paradis » d'Amérique du Sud. Puis leur vie dans cet endroit, leur travail, les contraintes de l'administration locale.
C'est aussi un film avec peu de dialogues, ou seuls la mise en scène et le comportement racontent l'histoire. Seule la mise en scène fait progresser la dramaturgie. Le film peut se visionner sans son (ce qui serait regrettable vu le travail de William Friedkin et Tangerine Dream sur la bande-son). C'est un film muet. Avec la musique Tangerine Dream qui est bien utilisée, qui n'inonde pas le film, qui contribue pleinement au climat et à l'ambiance du film;.
Il est curieux que cette histoire n'ait pas encore été refaite. Épreuves à passer (un peu dans l'esprit des jeux vidéo de plateforme), personnages typés, montée progressive de la tension, explosions brutales (le film contient quelques surprises), ironie entre la situation initiale des personnages et celles qu'il vivent dans ce paradis d'Amérique du Sud. Mais aussi ironie quant aux lots d'épreuves qu'ils subissent pendant le transport en camion et aussi si l'on considère la conclusion finale.
Et bien sûr il ne faut pas oublier la séquence démente, d'anthologie, monstrueuse (les camions ressemblent à des monstres) de travers du pont en bois sous la pluie et avec la rivière en crue.

P'tit Quinquin (2014) de Bruno Dumont

Avec Alane Delhaye, Lucy Caron, Bernard Pruvost, Philippe Jore, Philippe Peuvion, Lisa Hartmann.
 
Comment ne pas penser aux séries policières étasuniennes en visionnant cette série télévisée française à la sauce Dumont. Le génie de P'tit Quinquin est de rendre ridicule et in-regardable les séries policières télévisuelles. Ici le mentalist est un policier dont le visage couvert de tics est lui même une dramaturgie. Les personnages possèdent tous une aura mystérieuse tant leur interprétation hésite entre le grotesque et le sublime (partiellement volontaire), et ceci sans utilisation d'un flash-back granuleux en noir et blanc ou pas par l’utilisation d'une musique pléonastique lourdingue pour faire comprendre au spectateur que brrrrr... là attention c'est mystérieux.
Le génie du film est aussi d'aller à contre-courant (mais c’est aussi le système Dumont): pas de musique extra diégétique (sauf sur les dernières images), pas de découpage cut, pas de montage séquence, pas de costumes dignes d'un défilé de mode, pas d'acteur ou d'actrice top model ou qui pourrait sortir d'une publicité pour dentifrice, pas de poursuite en voiture ou de cascade (quoi que: il y en a une!), pas de décors de studio (beaucoup de décors naturels).
Le système Dumont fonctionne encore grâce a cette commande d'Arte et surtout lui permet de se renouveler. On se prend à rêver d'un James Bond par Dumont!

Troie (2004) de Wolfgang Petersen

Avec Brad Pitt, Eric Bana, Brian Cox, Diane Kruger, Brendan Gleeson, Nathan Jones, Julian Glover, Orlando Bloom.

Le film où Eric Bana possède plus de charisme que Brad Pitt. D'ailleurs Brad Pitt y est curieusement pas musclé ni sculpté bien qu'interprétant un guerrier intrépide et charismatique (difficile à comprendre pourquoi à la vision du film).
Le film est nominal dans ses séquences d'action, qui ne sont pas extraordinaires, ni visionnaires ou spectaculaires. Mais elles sont montées de manière peu dynamique: le montage n'apporte rien à ces séquences et paraît même laborieux. Certaines sont même lassantes.
Le film est involontairement comique dans les scènes intimes de Brad Pitt, alias Achille, dont on ne comprend pas ses motivations ni ses états d'âme. Ce n'est pas faute d'essayer, car Brad Pitt/Achille dans cette version longue a finalement beaucoup de scènes.
Au total le film est dans le nominal à faible hystérésis. Il imprime peu le mémoire et ne contient pas de moment mémorable. Dans la profusion de films de ce genre qui ont éclos depuis le Gladiator de Ridley Scott, celui-ci se trouve au milieu : rien d'extraordinaire, ni rien de déshonorant. Juste de la mécanique.

Barbecue (2014) de Eric Lavanne

Avec Franck Dubosc, Florence Foresti, Lambert Wilson, Guillaume de Tonquédec, Lionel Abélanski, Jérôme Commandeur, Sophie Duez.

Le film choral à la française est un sous-genre à part entière de la comédie dramatique. Comédie car il y a un peu d'humour. Dramatique car ils ne sont pas heureux, ou très rarement. Ici les sources de drame sont l'adultère, la jalousie, les problèmes d'argent, l'amitié, la différence de classe sociale.
Le film fonctionne plutôt bien et se laisse regarder comme un bon téléfilm. Les personnages sont bien brossés et pas trop archétypiques.
Un film pour voyage en train, à visionner sur smartphone.