jeudi 30 juin 2022

Thar: Les Trois Cibles (Thar, 1h48, 2022) de Raj Singh Chaudhary

 Avec Anil Kapoor, Harshvardhan Kapoor, Fatima Sana Shaikh, Jitendra Joshi, Akshay Oberoi, Satish Kaushik, Mukti Mohan, Rahul Singh, Mandana Karimi.

Cela commence comme un drame rural mélangé d'une intrigue policière (qui l'est jusqu'au bout), mais se greffe en cour de route des accès de violences inouïes digne d'un torture porn. Anil Kapoor, en policier vieux beau vieillissant qui s’ennuie dans son secteur, se retrouve à essayer de comprendre ce qui se passe: un corps mutilé est retrouvé, des disparitions. Près de la frontière pakistanaise, donc avec des trafiquants, qui sont peut-être responsables. Et il y a Harshvardhan Kapoor, l'étranger qui débarque dans le village, mutique (il n'a pas quasiment de dialogue), suspect pour le policier, mais le lien avec les trafiquants n'est pas évident. Ajoutons Fatima Sana Shaikh qui avec son charme campe la femme d'un des disparus.

Les images sont sublimes, haute définition, sensées figurer une zone en frontière avec le Pakistan, désert, collines arides, vieux forts abandonnés. Petit village avec des gens simples. L'intrigue dans cet ensemble est renforcée et donne au film une texture particulière, mélange de beauté des décors, avec des séquences d'horreurs égrenées, que nous ne comprenons pas, mais qui s'éclaircissent une fois que le film progresse.

Le film, par ses décors, par son histoire, avec le shérif, l'homme de nulle part, le saloon, ses décors, n'est pas sans rappeler le western étatsunien ou spaghetti. Mais ici les variantes torture porn sont Indienne.

Un prisme de vision du film, est d'étudier la condition des femmes: le film montre comment elles sont traitées: comme devant être au foyer ou un objet sexuel. Elles servent les hommes. Elles se font battre. Elles se font violer. Ce cinéma là ne décrit pas l'Inde comme elle devrait être, mais comme elle est.

Thar : Les trois cibles

Cape Et Poignard (Cloak and Dagger, 1h46, 1946) de Fritz Lang

Avec Gary Cooper, Robert Alda, Lilli Palmer, Vladimir Sokoloff, J. Edward Bromberg, Marjorie Hoshelle, Ludwig Stössel, Helene Thimig, Dan Seymour, Marc Lawrence, James Flavin.

Cela se veut un film d'espionnage, le film en ayant des caractéristiques, avec l'infiltration en terrain ennemi pour une course contre les nazis, mais une bonne partie du film est consacrée à la relation de Gary Cooper avec Lilli Palmer, sans autres  enjeux que l'instigue sentimentale entre eux deux. Et à ce titre, le film manque cruellement de rythme et  perd de sa tension au milieu. Nous sommes très loin de Chasse À L'Homme (Man Hunt, 1941) qui est toujours passionnant.

Le scénario n'est pas habile, avec la conversion subite de Gary Cooper en espion n'est pas écrite et nous n'y croyons pas (elle est expédiée en quelque seconde). Nous pouvons nous demander si distribuer Gary Cooper en espion n'était pas un mauvais choix. Il est dans l'affectif, l'émotion (ses scènes avec Lilli Palmer fonctionnent), la souffrance interne. Cela ne correspond pas à profil d'un espion. Par contre le personnage de Lilli Palmer est émouvant et à un taux d'empathie important. Cela fonctionne parfaitement lorsqu'elle évoque sa vie pendant la guerre. Le personnage de Vladimir Sokoloff est trop plaintif et nous ennuie.

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Le Justicier: L'Ultime Combat (Death Wish V: The Face of Death, Un Justicier Dans La Ville 5, 1h35, 1994) de Allan A. Goldstein

Avec Charles Bronson, Saul Rubinek, Lesley-Anne Down, Michael Parks, Chuck Shamata, Kevin Lund, Robert Joy, Miguel Sandoval, Kenneth Welsh, Lisa Inouye,  Erica Fairfield.

Ce cinquième de franchise voit la tranquillité de notre architecte justicier perturbée, car sa chérie du moment est embêtée par son ex. Son ex est un psychopathe meurtrier, interprété par Michael Parks dans un rôle de méchant, sadique et amusant. Évidemment, c'est le principe de la franchise, la police étant inopérante, et gangrénée, Charles Bronson lui-même va devoir faire le ménage. Ici par contre, contrairement aux précédents épisodes, les armes restent simples, pistolet, fusil, et il n'y a donc pas de surenchère par rapport aux épisodes de la série (le char et le missile auraient été requis).

Les qualités de polar sont présentes, et il n'est pas possible de considérer cet épisode ni les autres d'ailleurs, comme bâclé. Scénario bien ficelé avec de multiples rebondissements, décors multiples et variés, acteurs bons autour de Charles Bronson, qui est peut-être un peu plus expressif que la moyenne de la franchise. Le film se déroule dans le milieu de la mode kitsch et pas du tout chic des années quatre-vingt, avec une dose de vulgarité qui fait plaisir à voir). Tout cela fonctionne et n'est pas fait à la va-vite. C'est peut être pour cela que la franchise peut gêner, car cette thématique de la justice faite soi-même est montrée dans cette franchise avec des moyens, une histoire et une démarche réfléchie, avec une mise en avant de l'autodéfense assumée.

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Colère Divinie (La Ira De Dios, 1h37, 2022) de Sebastián Schindel

 Avec Macarena Achaga, Diego Peretti, Juan Minujín,  Mónica Antonópulos, Guillermo Arengo, Romina Pinto, Santiago Achaga, Pedro Merlo, Lisandro Fiks.

Cette production d'Argentine mêle habilement les chromos du film d'horreur voire de vampire avec une intrigue, pas policière au sens traditionnel, car un journaliste enquête, sur des morts à répétition dans une famille, qui seraient attribués à l'ancien patron d'une des filles de la famille. Cet ancien patron est écrivain, et les meurtres dans le réel ressemblent à ceux d'un de ses romans. À partir de cet argument, le scénario joue bien des différentes possibilités et de petits retournements qui provoquent le questionnement du spectateur sur qui est qui.

Du travail honnête sans invention, avec des acteurs incarnant et incarnés. Une production de qualité honnête par Netflix, qui est encore une fois de bon niveau, à partir et grâce à une bonne histoire, qui reste traitée de manière impersonnelle et sans disruption de forme pour une qualité Netflix.

Colère divine

Le Justicier Braque Les Dealer (Death Wish 4: The Crackdown, 1h39, 1987) de J. Lee Thompson

Avec  Charles Bronson, Jill Ireland, Vincent Gardenia, J.D. Cannon, Anthony Franciosa, Ben Frank, Robin Sherwood, Silvana Gallardo, Robert F. Lyons, Michael Prince, Drew Snyder.

Ce Death Wish là, quatrième de franchise, est très efficace et relativement sobre par rapport aux précédents. Le lieu diégétique est la Californie et notre pauvre architecte est encore confronté à des méchants, ici des marchands et trafiquants de drogue, qui provoquent des dégâts autour de lui. L'originalité légère du film est qu'ici il a une aide, un mécène, pour l'encourager à faire la justice lui-même.

Charles Bronson est toujours à fond dans son personnage, il y croit. Si l'on considère le film comme un polar, un film policier, il répond au cahier des charges: histoire sombre avec meurtres, intrigue policière avec l'enquête de notre justicier, les coupables, l'argent comme motivation de nos méchants.

Les séquences d'action, de fusillades, sont sèches, rapides, et vont immédiatement à l'essentiel (un coup de pistolet dans la poitrine). Le film ne perd pas de temps en dialogues inutiles, explication psychologique trop longue. Tout est schématique et cela fonctionne. Jack Lee Thomson est un vieux routier qui sait gérer un plateau et diriger ses acteurs. Cet ensemble est efficace. En particulier parce que le scénario contient des circonvolutions qui permettent de relancer la curiosité du spectateur.

Ce quatrième de franchise évite l'exagération du troisième de franchise réalisé par Michael Winner (même si celui-ci clame son réalisme).

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Battle Of The Sexes (2h01, 2017) de Jonathan Dayton et Valerie Faris

Avec Emma Stone, Steve Carell, Andrea Riseborough, Natalie Morales, Sarah Silverman, Bill Pullman, Alan Cumming, Elisabeth Shue, Eric Christian Olsen, Fred Armisen, Martha MacIsaac, Lauren Kline, Mickey Sumner.

Film historique qui raconte une partie de la vie de la joueuse de tennis Billie Jean King, inconnue de nous, qui permet de montrer un page de l'histoire de ce sport et des médias étatsuniens avec des thématiques comme l'homosexualité féminine, la phallocratie et la misogynie, mais aussi la bêtise des médias. Ces deux derniers thèmes étant portés par Steve Carrel dans le rôle de Bobbie Riggs. Ce qui est impressionnant c'est que ce qui est montré semble s'être réellement déroulé.

Les films historiques comme cela sont toujours bien faits par les étatsuniens: tout est parfait, Emma Stone et Steve Carrell, mais aussi l'ensemble de la distribution. Reconstitution, décors, costumes, maquillages, coiffures... l'ensemble des éléments techniques sont parfaits. En vieux routier du scénario, Simon Beaufoy a conçu un ensemble parfait qui appuie parfaitement les messages que porte le film.

À voir pour le sujet. Et pour ses deux acteurs stars, si l'on est fan.

Bande-annonce Battle of the Sexes

Le Justicier De New-York (Death Wish 3, 1h32, 1985) de Michael Winner

Avec  Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed Lauter, Martin Balsam, Gavan O'Herlihy, Kirk Taylor, Alex Winter, Tony Spiridakis, Ricco Ross, Tony Britts, David Crean.

Le film est impressionnant. Par son énormité, car il s'agit ici de guerre de tranchées au sens propre entre de vieux habitants d'un quartier délabré avec les voyous locaux.

Michael Winner a construit encore des décors impressionnants d'une ville abandonnée où tout se finit dans la guerre, avec explosions et combats aux bazookas et mitrailleuse (reliques de la Seconde Guerre mondiale).

L'argument est simple et démultiplié par rapport à Death Wish 1 et 2: ici c'est une centaine de loubards qu'il faut affronter.

Vu comme un film de guerre, le film fonctionne. Les acteurs sont bons. Les décors sont impressionnants. Les articulations dramatiques sont efficaces. Les séquences d'actions sont sèches, sans parlotte inutile, spectaculaires en pyrotechnie (bien avant le CGI porn). Nous sourions souvent devant l’énormité des situations. Pas de séquence de viol ici, mais des tentatives. Et aussi beaucoup d'armes, dont une arme de main impressionnante pour Charles Bronson, pour ensuite aller chercher une mitrailleuse.

Charles Bronson, sans être grimaçant, arrive à faire passer de simples émotions, la joie, la tristesse, la colère. Et il ne se ménage pas physiquement avec quelques courses à pied qui n'ont pas l'air doublées quand il poursuit des loubards. Il assure le job. Les seconds rôles le secondent bien avec des têtes familières: Ed Lauter, Martin Balsam.

New York (Un justicier dans la Ville 3) [Version intégrale restaurée]

En Plein Choc ( Collision, 1h 39, 2022) de Fabien Martorell

 Avec Tessa Jubber, Langley Kirkwood, Bonko Khoza, Zoey Sneedon, Mpho Sebeng, Vuyo Dabula, Siphesihle Vazi, Samke Makhoba.

Dans une Afrique du Sud post apartheid, un directeur financier voit sa fille kidnappée pour une rançon voire la prostituer  (traite des blanches). Il a par ailleurs une pression professionnelle forte, et en plus il se peut qu'il soit corrompu. Donc cela ne le prédispose pas à traiter le sujet avec lucidité. Sa fille préfère passer du temps avec son amoureux qui est accointé aux dealers.

Le film montre le racisme entre dinosaures de l'Apartheid et les noirs, mais aussi le racisme entre les Sud-Africains et les immigrés qui viennent d'autres pays d'Afrique. Le film mélange tout cela autour de son intrigue principale, pour faire un mélange explosif et explosant, avec le feu et le sang. Le film est sombre sur beaucoup de points de vue: se déroule la nuit pour une partie, l'histoire, sur le plan sociétal (il ne donne pas beaucoup d'espoir).

Le film n'est pas une publicité pour l'Afrique du Sud, tant les rancoeurs et tensions sous-jacentes semblent prêtent à exploser en permanence. Cette production Netflix est dans la bonne moyenne sur le plan technique où l’ensemble des départements réalisent leur prestation avec qualité. L’hystérésis fonctionne sur le côte sombre et misanthropique. Le reste est impersonnel.

 En plein choc

mercredi 29 juin 2022

Le Justicier Dans La Ville 2 (Death Wish II, 1h29, 1982) de Michael Winner

Avec  Charles Bronson, Jill Ireland, Vincent Gardenia, J.D. Cannon, Anthony Franciosa, Ben Frank, Robin Sherwood, Silvana Gallardo, Robert F. Lyons, Michael Prince, Drew Snyder.

Ce Death Wish, deuxième de franchise, où Michael Winner réalise lui-même la suite, est pour le moins impressionnant. Pour ses deux séquences d'ouverture qui impliquent chacune un viol, avec assez peu d'ellipses, extrêmement désagréables, et bien montrés face caméra. Notre architecte se retrouve donc avec de bonnes motivations pour faire justice lui-même.

Les lieux de tournages et les décors sont toujours intéressants chez Michael Winner (son passé de documentariste y est peut-être pour quelque chose). C'est le cas ici: la ville est affreuse, bâtiment et rues délabrés, abandonnés, remplis de détritus, poubelles, immeubles abandonnés. Ce qui permet de renforcer le climat du film et lui donner un ton très misanthropique.

La musique de Jimmy Page contribue aussi à texturer le film et à enrichir son climat noir, voire de film d'horreur par moment. Ce qu'est le film finalement, dans le cadre d'un polar, d'un film policier.

Michael Winner dirige parfaitement ses acteurs, ce qui contribue à rendre le film efficace.

Un Justicier dans la Ville 2 [Version Longue]

Le Dernier Face A Face (Il Etait Une Fois En Arizona, Faccia A Faccia, 1h51, 1967) de Sergio Sollima

Avec Gian Maria Volontè, Tomas Milian, William Berger, Jolanda Modio, Gianni Rizzo, Carole André, Ángel del Pozo, Aldo Sambrell, Nello Pazzafini, José Torres, Linda Veras, Antonio Casas.

Le duo Gian Maria Volonté et Tomas Milian fonctionne à merveille. Sergio Sollima fait passer un certain nombre de messages politiques dans cette histoire. Gian Maria Volonte est un professeur d'histoire, intellectuel, neurasthénique, dépressif, qui part dans l'ouest, et qui croise Tomas Milian, alias Beauregard Bennet, chef de la Horde Sauvage et d'une communauté qui le suit, qui lui est inculte, une brute, probablement analphabète. Leur association va fonctionner pour aboutir à ce qu'évoque le titre du film, pour conclure une évolution des deux personnages qui fait le sel du film. Nous n'en raconterons pas plus sinon cela dévoilerait certains éléments.

Sergio Sollima signe donc un western, légèrement intellectuel, mais passionnant. Gian Maria Volonte est parfait pour interpréter des personnages torturés, mais c'est surtout Tomas Milian qui est très bon ici, avec une interprétation plus rentrée que d'habitude, moins grimaçante, et qui finalement vole la vedette à Gian Maria Volonté. Et nous pouvons rajouter le personnage de William Berger qui contribue aussi à la richesse du scénario (nous ne comprenons d'ailleurs pas bien ses évolutions au cours de l'histoire, mais cela sert bien le film).

Western très intéressant donc, grâce à son sous texte à prétention intellectuelle bien intégré aux chromos du genre: saleté, cruauté, fusillades, poursuites.

Un chef-d'oeuvre pour Sergio Sollima?

Bande-annonce Le Dernier face à face

dimanche 26 juin 2022

Intuition (La Corazonada, 2020, 1h56) de Alejandro Montiel

Avec  Luisana Lopilato, Joaquín Furriel, Rafael Ferro, Maite Lanata, Juan Manuel Guilera, Abel Ayala, Sebastián Mogordoy, Delfina Chaves, Marita Ballesteros.

Il s'agit d'un film policier argentin, qui mélange une enquête pour rechercher un tueur et une enquête sur un policier lui-même soupçonné de meurtre par vengeance d'un malfrat. La policière qui est sur les deux enquêtes (Luisan Lopalito, parfaite) a donc beaucoup de travail et doit gérer les deux: la première enquête avec son collègue, qui est le sujet de la deuxième enquête qu'elle réalise, sans qu'il le sache bien sûr.

Le film possède une belle distribution, conduite efficacement, tout en répondant aux clichés du genre. Avec une articulation dramatique qui maintient en permanence l'intérêt du spectateur grâce aux deux enquêtes qui sont pensées pour donner les explications au dernier moment avec les fausses pistes qui vont bien pour faire durer suspense. Et le film se conclut par les révélations qui vont bien.

L'ensemble de l'équipe est au service de l'histoire et du scénario, sans souci d'invention, de contournement des clichés. C'est donc une production qui répond au job de base de raconter une histoire, avec savoir, mais sans invention. Cette production Netflix n'est pas déshonorante, mais fait partie du lot standard de bonne illustration de scénario.

Bande-annonce Intuition

Un Justicier Dans La Ville (Death Wish, 1h33, 1974) de Michael Winner

Avec  Charles Bronson, Hope Lange, Vincent Gardenia, Steven Keats, William Redfield, Stuart Margolin, Stephen Elliott, Kathleen Tolan, Jack Wallace, Fred J. Scollay, Chris Gampel, Robert Kya-Hill, Jeff Goldblum.

Ce premier de franchise, qui a donné lieu à quatre suites, un remake et des succédanés, dont certains avec Charles Bronson lui-même, reste intéressant, voire passionnant, dans les questionnements qu'il suscite.

Le personnage est au départ objecteur de conscience (il a fait la guerre de Corée dans le médical fait-il remarquer), son père était chasseur, mais a été tué par un autre chasseur, et depuis sa maman lui a interdit les armes. Ici, suite aux viols et agressions de sa femme et sa fille (traité assez frontalement par Michael Winner), il fait un séjour au Texas où il reprend contact avec les armes (et assiste à un spectacle de western qui rappelle comment la justice était rendue à cette époque là). Et c'est là que nous apprenons qu'il est doué au tir au pistolet (ce qui explique pourquoi il fait mouche à chaque tir). Ce qui va lui servir pour la suite du film. Le scénario ajoute aussi la dimension politique, qui va se servir de ce justicier, car ses actions ont un effet sur le taux de criminalité.

Le film bénéficie de décors et d'une photo sombre (Charles Bronson sort de nuit pour se promener et se servir de son arme lorsqu'il est agressé) qui bien évidemment donnent un ton et une patine au film. L'histoire est superbement articulée par Wendell Mayes (avec des ajustements de Gerald Wilson, fidèle de Michael Winner, et Michael Winner lui-même). Cet ensemble fonctionne parfaitement. L'évolution de Paul Kersey ne se fait pas brusquement, mais avec de petites touches puis il y prend du plaisir (qui sera développé par les quatre suites).

Ce Death Wish est dans la lignée des deux réussites précédentes de Michael Winner: Scorpio (1973) et Le Cercle Noir (1973). Tant sur la qualité de l'intrigue, des décors, du scénario et de la distribution.

Un Justicier dans la Ville [Blu-Ray]

dimanche 12 juin 2022

Le Silence Des Agneaux (The Silence of the Lambs, 1h58, 1991) de Jonathan Demme

 Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Anthony Heald, Ted Levine, Kasi Lemmons, Lawrence T. Wrentz, Don Brockett, Frank Seals Jr., Frankie Faison, Brooke Smith.

Le film qui a relancé le sous-genre du film policier, dédié aux tueurs en séries, en particulier à leurs traques, avec le fil dramatique de l'enquête, avec les séquences-chocs des captures de victimes ou meurtres si possible très horribles, glauques et répugnants, et bien sûr avec les moments de réflexion des policiers.

Parmi les multiples qualités du film, il y a déjà le travail sur la photographie, terne, sombre, triste, peu reluisante, très automnale. Il y a ensuite Anthony Hopkins, avec son personnage de super tueur en série, psychiatre, et sa relation avec la jeune policière, Jodie Foster. Il y a aussi Ted Levine, impressionnant dans son personnage de déséquilibré, pour le moins. Et pour finir, le montage alterné sur le dernier tiers, bien vu, qui décuple le final en terme de puissance dramatique et de surprise du spectateur.

L'absente du tout technologique permet une densité dans la relation entre les personnages, notamment entre Anthony Hopkins et Jodie Foster. Il n'y a pas encore de téléphones portables de partout et la présence permanente du numérique dans la vie courante. Ce qui oblige de reposer sur les aspects psychologiques et sur les interactions entre individus.

Jonathan Demme compose une oeuvre qui est toute en densités: drames, couleurs, intrigues. Un classique.

Le Silence des agneaux

Les Compagnons De La Gloire (Vamos A Matar, Compañeros, 1h55, 1970) de Sergio Corbucci

Avec  Franco Nero, Tomas Milian, Fernando Rey, Iris Berben, José Bódalo Eduardo Fajardo, Karin Schubert, Jack Palance, Gérard Tichy.

Ces compagnons de la gloire sont un exemple du sous-genre du western spaghetti, qui sont ceux qui se déroulent au Mexique pendant les révolutions. Le haut de gamme étant celui de Sergio Leone, Il Etait Une Fois La Révolution (1971). Ce sous-genre du western spaghetti dispose de ses clichés: les révolutionnaires, proche du peuple, les militaires ou autoproclamés comme tels, les profiteurs (des Étatsuniens ou des européens), les fusillades et explosions violentes, la fête mexicaine.

Ici le film bénéficie d'un scénario riche et varié qui tient sur la durée. Franco Nero (Yodlaf Peterson, dit Le Suédois) est un trafiquant d'arme qui se trouve enrôlé (pour des raisons pécuniaires, comme toujours) et doit jouer des deux camps pour arriver à s'en sortir. Tomas Milan est Vasco, le pauvre hère qui se retrouve propulsé commandant révolutionnaire et qui doit aider Franco Néro à récupérer la combinaison pour ouvrir un coffre fort. Combinaison détenue par Fernando Rey, lui-même prisonnier. Donc il y a beaucoup d'opportunité, donc beaucoup de séquences. Dont beaucoup de séquences d'actions qui sont spectaculaires et rondement menées.

Il y a plusieurs méchants. Mais le plus marquant est Jack Palance, dont le personnage ne sert pas à grand-chose, et qui est drogué en permanence, et qui trimballe sa carcasse.

La direction d'acteur n'est pas subtile, mais les acteurs possèdent suffisamment de métier pour faire fonctionner l'ensemble et au final produire un western tortilla des plus recommandables assez jubilatoire par moment.

Bande-annonce Companeros - DVD Zone 1

Le Mercenaire (Il Mercenario, 1h50, 1968) Sergio Corbucci

Avec Franco Nero, Tony Musante, Giovanna Ralli, Jack Palance, Franco Giacobini, Eduardo Fajardo, Franco Ressel, Álvaro de Luna, Raf Baldassarre.

Un bijou par Sergio Corbucci. Il s'agit d'un western tortillas c'est-à-dire où il y a un gringo interprété par Franco Nero (dans le rôle de Sergei Kowalski) qui aide des révolutionnaires incultes et et analphabètes à grandir, intellectualiser, piloter la révolution contre des patrons et leur exploitation des pauvres, qui les traitent comme des esclaves. Évidemment Franco Nero, dit Le Polac, fait ceci pour de l'argent, sinon il ne fait rien du tout et est indifférent à tout ce qui l'entoure. Il y a donc cette histoire qui par moment questionne ces révolutionnaires avec ironie sur ce qu'est la révolution et les réponses sont toujours hilarantes. À la tête des révolutionnaires, il y a Tony Musante, alias Paco Roman, qui comprend que Le Polac peut l'aider, lui le péquenot qui se retrouve par un quiproquo à la tête d'un groupe de révolutionnaires.

Franck Nero est poursuivi par Jack Palance qui fait le rôle du Bouclet, un homosexuel qui adore torturer et dont nous ne comprenons pas vraiment la motivation, car elle n'a pas à l'air très pécuniaire, mais ce n'est pas grave. Cela amène un certain nombre de scènes sympathiques au film. Film très riche d'ailleurs avec une multitude de séquences et de scènes pour aller du point de départ jusqu'à l'arrivée. Voilà un superbe scénario qui pourrait être refait.

Le film est intéressant pour la relation entre Franco Nero qui fait le mercenaire qui ne travaille que pour l'argent, mais qui est cultivé et le péon, l'analphabète et inculte, mais pas si bête que cela qui sait employer et utiliser les qualités et compétences de Franco Nero. Puisque la relation est très bien construite et fait toujours progresser l'histoire et leur relation n'est pas sujette à humour pour amuser comme les buddy movies des années 80/90.
Ajoutons la présence de Giovanna Ralli, ce qui enrichit la plastique du film, qui a un personnage qui évolue en dehors des clichés des personnages féminins.
Mercenaire, Le | Western spaghetti

Bonne Mère (1h39, 2021) de Hafsia Herzi

Avec Halima Benhamed, Sabrina Benhamed, Jawed Hannachi Herzi, Mourad Tahar Boussatha, Malik Bouchenaf, Justine Grégory, Maria Benhamed, Denise Giullo, Saaphyra, Anissa Boubekeur, Noémie Casari.

Cela se passe à Marseille et nous suivons la vie d'une mère de famille originaire d'Afrique du Nord qui doit jongler pendant sa vie quotidienne avec tout un tas d'éléments perturbateurs de sa vie. Il y a son fils aîné vraisemblablement qui est en prison. Il y a sa fille qui a le quotient intellectuel d'un escargot. Il y a le fils adolescent fainéant et inutile, qui ne fait rien. Il y a le petit dernier, préadolescent. Il y a la belle fille qui a l'air d'avoir la tête sur les épaules. Cette mère de famille travaille, et elle s'occupe aussi d'une vieille dame. Voilà une vie bien remplie!

Au milieu de tout cela, il y a donc cette femme mère de famille qui a une capacité de résilience extraordinaire, qui gère tout cela (il n'y a pas de père) de manière permanente. Et qui n'a quasiment pas de temps pour elle, ce qui en fait l'héroïne du film et même une super héroïne. C'est le film de superhéros à la française !
Le film est une réussite parce que l'enchaînement des pathos évite la lourdeur. Le film reste toujours léger, et finalement cette dame sait être positive et va toujours de l'avant et trouve toujours des motivations pour un après et continuer, ce qui en fait un personnage formidable.
Beau film donc, simple et dense, concis, qui va à l'essentiel dans le drame, mais qui garde toujours une dimension positive.
 
Bonne mère

La Fracture (1h38, 2021) de Catherine Corsini

Avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmaï, Aïssatou Diallo Sagna, Jean-Louis Coulloc'h, Camille Sansterre, Marin Laurens, Caroline Estremo, Ferdinand Perez.

La fracture nous conte la tranche de vie d'un groupe de personnes que rien de rapproche qui se retrouve aux urgences hospitalières pendant une manifestation de Gillet Jaunes qui tourne mal. Un manifestant blessé par la police (Pio Marmaï, parfait), un couple de bourgeoises en train de se séparer (Valeria Bruni Tedeschi et Marina Foïs), et bien sûr le personnel médical autour d'eux.

Beaucoup de thématiques sont abordées: les revendications des gilets jaunes, le fonctionnement et les difficultés d'une unité d'urgence d'un hôpital, les états d'âmes de Valeria Bruni Tedeschi (géniale dans l'interprétation d'un personnage égoïste et insupportable). En confrontant un gilet jaune blessé par la police avec une bourgeoise avec des problèmes existentiels relativement à l'existence de son couple qui peut paraître complètement désuet par rapport à ce qui se passe autour entre la police les fumigènes et matraque les Gillets Jaunes et les autres malades des urgences. Le film est plutôt bien dans sa composante qui consiste à ne pas favoriser un camp par rapport à l'autre ou en tout cas en développant bien les personnages de chacun des points de vue.

Il s'agit donc d'un film social plutôt réaliste, pas forcément subtile, mais qui fait passer ses messages clairement et qui pose quelques questions. C'est une de ses vertus importantes. Il est parfait pour susciter le débat. Sur les composantes techniques, il n'y a rien à dire. Les acteurs sont bons avec l'ensemble des pathos que portent leurs personnages.
 
La Fracture

La Bourse Et La Vie (1h30, 1966) de Jean-Pierre Mocky

Avec Fernandel, Heinz Rühmann, Jean Poiret, Marilù Tolo, Jean Carmet, André Gabriello, Jacques Legras,  Claude Piéplu, Darry Cowl, Michel Galabru, Andrex, Simone Duhart.

Ce Jean-Pierre Mocky mélange espièglerie, pingrerie et radinerie autour de trois personnages. Le premier est Jean Poiret dans le rôle du méchant avide d'argent qui utilise deux comptables dans une entreprise pour transporter de l'argent à son profit. Ces deux comptables sont un Marseillais interprété par Fernandel et un Alsacien (Heinz Rühmann, hilarant) dans des styles très différents bien sûr, qui vont devoir transporter cet argent ensemble à travers la ville de Bordeaux pour aller à la banque, et puis ensuite en train pour aller à Paris. Tout ceci est basé sur des quiproquos et le fait que ce qui est prévu par les personnages ne se déroule pas comme prévu, ce qui leur permet de côtoyer et rencontrer des personnages loufoques que nous voyons de manière régulière chez Jean-Pierre Mocky. Par exemple ici Jean Carmet dans le rôle d'un prêtre aveugle et chauffard. C'est aussi l'équipe de binoclards à qui Jean Poiret doit donner son argent, groupe iconoclaste dont nous ne comprenons pas bien le rôle, mais ce n’est pas grave, car ils amènent l'exotisme que l'on attend d'un film de Jean-Pierre Mocky. Et c'est aussi l'extraordinaire scène avec leurs confrères parisiens, où l'interprétation de Darry Cowl est géniale, avec Jacques Legras en complément dans la séquence. Dans les galeries de personnages un peu inhabituels, mais typiques du bestiaire Mockien, il y a la présidente directrice générale interprétée par une femme (Simone Duhart) se comportant comme un homme avec les mises en abyme qui en résultent.

Ceci n'est que faiblement subversif, mais au total plutôt sympathique parce qu'il y a un savoir-faire de Jean-Pierre Mocky et son équipe autour de tout cela et aussi grâce au fait qu'il a de très bons acteurs qui donc incarne parfaitement cette galerie d'hurluberlus.

La Bourse et la Vie

Mektoub, My Love: Canto Uno (3h01, 2017) de Abdellatif Kechiche

Avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Lou Luttiau, Alexia Chardard, Hafsia Herzi, Kamel Saadi, Delinda Kechiche.

En fait Abdellatif Kechiche rêve de faire une série. La longueur de ses films est justifiée par sa volonté de réaliser un documentaire sur l'ingénierie sociale entre ces personnages du bord de la Méditerranée qui passent leur temps à parler pour ne rien dire. Chaque scène est traitée  comme un morceau de bravoure, comme un montage séquence avec une multitude de détails et d'interactions entre des personnages qui n'ont rien à se dire. C'est-à-dire la caméra de Kechiche se veut au centre des gens, au centre de leurs interactions, comme un documentaire, pour refléter une réalité, qui est très positive ici, et le film est extrêmement brillant sur le plan de la mise en scène, ou plutôt de la captation des scènes. Mais chacun de ces montages séquence aurait été traité de manière très différente chez beaucoup de cinéastes avec de multiples ellipse voir carrément pas montré.

Par ailleurs l'autre passion de Abdellatif Kechiche est de montrer le corps des femmes et notamment leurs culs et leurs seins. Ce n'est pas désagréable, car le film est très naturaliste sur ce sujet. Il faut reconnaître que ces personnages ne sont pas passionnants et c'est là la limite du film. Étirer sur 180 minutes ces interactions entre personnages aurait été beaucoup mieux sous la forme d'une série en module de vingt minutes par exemple, chaque scène durant vingt minutes; et le format série permettrait d'en rajouter encore plus.
C'est brillant sur le plan de la mise en scène. Mais ennuyeux sur le plan diégétique. Les évolutions du personnage principal nous touchant faiblement.
 
Mektoub, My Love : Canto Uno

Pur-Sang (Thoroughbreds, 1h32, 2017) de Cory Finley

Avec Olivia Cooke, Anya Taylor-Joy, Anton Yelchin, Paul Sparks, Francie Swift, Kaili Vernoff, Svetlana Orlova, Alyssa Fishenden.

Superbe film qui sur un scénario déjà vu plusieurs fois produit un ensemble passionnant. En tout cas où nous ne devinons jamais ce qui va arriver par la suite. Nos deux personnages féminins sont intrigants, c'est tout le sel du film: l'intrigue sur ce qu'elles vont faire du beau père horrible de l'une d'elles n'est qu'un prétexte. Olivia Cooke et Anya Taylor-Joy sont passionnantes. Les interactions de leurs deux personnages donnent toute la valeur au film et à l'histoire et ce qu'elles font n'a pas beaucoup d'importance. Elles sont préoccupées par le beau-père de Anya Taylor-Joy qui est horrible avec elle, élément nécessaire à leurs interactions.

La musique du film extrêmement travaillé à base de percussion est une réussite et démultiplie la tension avec alacrité. Le film est un exercice de style brillant, à la fois sur le plan de l'interprétation et de la direction d'acteur, du scénario et de la progression dramatique. Les deux actrices sont formidables. Leurs personnages restent mystérieux, de manière très différente l'une de l'autre. L'évolution de l'histoire, très simple, captive le spectateur en dosant les mini surprises pour arriver à une conclusion inimaginable au début du film, mais totalement cohérente.

Ce film est une très belle réussite et une bonne surprise.

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samedi 11 juin 2022

L'Aventurier Du Texas (Buchanan Rides Alone, 1h20, 1958) de Budd Boetticher

Avec  Randolph Scott, Craig Stevens, Barry Kelley, Tol Avery, Peter Whitney, Manuel Rojas, L.Q. Jones, Robert Anderson, Joe De Santis, William Leslie.

Nous sommes surpris, ou plutôt étonnés, par le mélange de simplicité d'efficacité pour conduire cette histoire plutôt intéressante. Randolph Scott, qui arrive de nulle part ou en tout cas ici du Mexique, pour retourner aux USA, se retrouve dans une ville frontière tenue par une famille dont les membres semblent tous plus crétins les uns que les autres, dans laquelle il va aider un jeune mexicain sur le point de se faire lyncher.

Ajoutons à cela l'homme de main dans des frères (qui est le juge; l'autre frère est le shérif) qui traversent tout le film avec une certaine ironie et qui en fin de compte bénéficiera du résultat de l'histoire. Randol Scott a une posture à la fois souriante et un peu ironique tout en subissant en permanence les événements. Ce n'est donc pas un héros au sens propre, mais c'est bien le personnage principal. Le tout est filmé avec de superbes couleurs que le Blu Ray rend éclatantes.

Le film n'est pas dénué d'humour avec Peter Whitney qui passe son temps à courir en se tenant le cœur, ou alors les intrigues entre les différents frères qui semblent se détester, et beaucoup préoccupé par la dimension pécuniaire des choses, en l'occurrence le magot de Randolph Scott, ou soutirer de l'argent aux Mexicains.
Le tout est filmé en moins d'une heure 30 avec un sens de l'efficacité dramatique et de l'ellipse pour rendre le tout intrigant, voire palpitant.
L'aventurier du Texas Collector [Édition Collection Silver Blu-Ray + DVD]

Boite Noire (2h09, 2021) de Yann Gozlan

Avec Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux, Olivier Rabourdin, Guillaume Marquet, Mehdi Djaadi, Anne Azoulay, Aurélien Recoing.

Dans le genre thriller technologique, nous avons là un spécialiste de l'écoute des boîtes noires d'avion qui est convié pour élucider un crash d'avion. Un spécialiste du son donc. Le film mélange cet arc dramatique avec des problématiques d'un constructeur d'avion et les enjeux de cybersécurité. C'est bien vu et cela compose un ensemble avec quelques bonnes idées, pour maintenir en haleine le spectateur, même s'il n'est pas difficile de deviner certains rebondissements.

Le film convie certaines tensions autour du personnage de Pierre Niney, qui n'a pas le profil du héros d'action, et cela tombe bien, car le film ne joue pas la carte du film d'action, mais celle du suspense qui monte progressivement pour culminer avec la séquence du système de navigation qui emmène notre personnage principal sur un lac. Belle séquence, intrigante, qui est captivante et anti-technologique justement, ce qui est une bonne idée.

Nous manquons peut-être d'éléments qui surprennent, car certains rebondissements, sans être téléphonés, ne sont pas difficiles à deviner.

Boîte Noire


 

La Chambre Verte (1h34, 1978) de François Truffaut

Avec François Truffaut, Nathalie Baye, Jean Dasté, Patrick Maléon, Jeanne Lobre, Antoine Vitez, Jean-Pierre Moulin, Serge Rousseau, Jean-Pierre Ducos, Annie Miller, Nathan Miller.

S'il y a bien un film étrange, c'est bien celui-ci. François Truffaut se met en scène lui même. Il est un mari qui idolâtre sa femme décédée et finit par lui faire un mausolée dans une chapelle abandonnée dans un cimetière. Il est chroniqueur en charge de la rubrique nécrologique d'un journal de province. Il va croiser une femme qui le comprend, elle a aussi un décès sans sa vie.

Le film est à la fois passionnant pour le sujet, et totalement original, car ce sujet n'est pas souvent le sujet d'une fiction "grand public"; ce qui est tout relatif compte tenu de ce sujet justement. Et il est probable que ce ne fut pas facile de financer un film sur un tel sujet. Les matériaux de base sont des écrits de Henry James. Le scénario est signé de François Truffaut lui-même et de Jean Guault, collaborateur régulier de François Truffaut.

L'interprétation par François Truffaut lui-même de ce personnage, accentue son étrangeté et son originalité: l'élocution saccadée de Truffaut, son visage inexpressif en permanence, permet de donner de la profondeur au personnage, et le rend d'autant plus émouvant et insondable.

Le travail des décors, d'intérieur, d'extérieur avec une petite ville de province la nuit, mais aussi un cimetière impressionnant, qui croule sous les végétaux, presque abandonné, mais qui produit un climat étonnant.

Le film arrive à parler du sujet des morts, tout en restant dans le réalisme, ou plutôt sans basculer dans le fantastique, qui pourrait vite affleurer, mais ce n'est pas le cas.

Bande-annonce La Chambre verte

 

L'Homme Qui Aimait Les Femmes (2h, 1977) de François Truffaut

Avec Charles Denner, Brigitte Fossey, Nelly Borgeaud, Geneviève Fontanel, Leslie Caron, Nathalie Baye, Valérie Bonnier, Jean Dasté, Sabine Glaser.

C'est un film parfait pour Charles Denner. Acteur qui porte sa mélancolie, sa tristesse, ses interrogations sur son visage. Il paraît naturellement tourmenté. Ce qui est parfait pour cet homme qui aimait les femmes. Distribution parfaite pour cet homme qui est attiré pas de jolies jambes, ou d'autres choses des femmes, qui sont multiples et variées, et surtout nombreuses. Ce qui fait qu'il ne sait où donner de la tête. Au point qu'une femme croisée dans la rue peut faire  basculer sa vie; il est comme un aimant qui n'a pas d'autres choix, comme une addiction, c'est irrésistible. Là où le scénario ne prend pas position et finalement déçoit un peu, c'est la possibilité qu'il aime plusieurs femmes en même temps, ce qui n'est pas le cas du personnage, qui nous finissons par comprendre, a été amoureux d'une femme, peut être la première, et depuis semble dans une quête qui ne le satisfera jamais.

Avec cette problématique, François Truffaut et sa scénariste construisent un drame de deux heures qui tient sur la durée. Grâce aux circonvolutions du scénario et du personnage de Charles Denner, mais aussi grâce à sa distribution féminine, avec Brigitte Fossey, Geneviève Fontanel, Nathalie Baye ou Leslie Caron, chacune dans des styles et des registres différents.

Bande-annonce L'Homme qui aimait les femmes