dimanche 26 juillet 2020

Les Jeux De L'Amour (1960) de Philippe de Broca

Avec Jean-Pierre Cassel, Geneviève Cluny, Jean-Louis Maury, Robert Vattier, Claude Cerval, Pierre Repp, Maria Pacôme, François Maistre.

Les Jeux de l'amour [Blu-Ray]Premier film de Philippe de Broca. Pour le coup, le titre du film est à l'image du film. Le personnage  principal est Geneviève Cluny (Suzanne), parfaite et magnétique, autour de laquelle gravitent deux hommes: Jean-Pierre Cassel, son amoureux, qui ne veut pas se marier et s'engager et avoir d'enfant, et Jean-Louis Maury, ami du couple et amoureux de Suzanne, et pas secrètement (elle le sait, et Jean-Pierre Cassel le sait).
L'histoire est donc comment elle fait en sorte d'arriver à ses fins.
Jean-Pierre Cassel est sur pile électrique et passe son temps à courir, sauter, chanter, siffler, passer par la fenêtre. Au point de fatiguer le spectateur par moment. Jean-Louis Maury, François, est plus taciturne et est prêt à se marier avec Suzanne et lui faire un enfant. Elle va l'utiliser pour arriver à ses fins avec Victor, Jean-Pierre Cassel.
L'interprétation au sein du trio est subtile, c'est bien écrit, sans temps mort, tout va très vite. Et Geneviève Cluny (auteure du scénario original) porte le film sur ses épaules: beau personnage et belle actrice.
Le film présente aussi beaucoup de décors de Paris de ces années-là, les décors accrochent l'oeil.

Lola Montès (1955) de Max Ophuls

 Avec Martine Carol, Peter Ustinov, Anton Walbrook, Henri Guisol, Lise Delamare, Paulette Dubost, Oskar Werner, Jean Galland.

Lola MontèsLola Montès, personnage ayant existait, danseuse, actrice, courtisane qui arrivera à être la maitresse d'un roi de Bavières, puis finira comme bête de cirque., littéralement au premier degré (le dernier plan la voie en cage et les hommes qui défilent pour lui baisser la main - pendant un long traveling arrière, dernière image du film -). Le film présente son numéro de bête de cirque, qui raconte sa vie. Elle ne passe pas à travers un cerceau en feu, mais c'est tout comme. Le spectacle du cirque est ponctué régulièrement par des retours en arrière sur la vie de Lola Montès. Comment elle a épousé l'amant de sa mère, sa rupture avec Franz Liszt, ou sa rencontre avec le roi de Bavière.
Le film est en Cinemascope, mais Max Ophuls met d'hideux masques pour rétrécir l'image, souvent pénibles. Nous imaginons qu'il n'aimait ou ne comprenez pas le format. Ces caches sont souvent pathétiques. Peuvent-ils être considérés comme de la mise en scène ou comme de la paresse?
Malgré le format large, le CinémaScope, les costumes, la richesse de l'image et des mouvements de caméra, avec beaucoup de travellings, ou malgré la qualité générale de fabrication du film, son intérêt est dans quelques scènes le dialogue entre Martine Carol alias Lola Montès et à chaque fois un personnage masculin puisque elle passe sa vie à courtiser ou être courtisée et à vivre des histoires d'amour éphémères avec des hommes: ce sont les scènes intimistes les plus intéressantes.
Malgré l'énormité de la production. Martine Carol dans ces scènes intimes fait passer l’émotion, elle ne semble pas savoir ce qu'elle veut, et s'en trouve touchante.

The Villainess (2017) de Byung-gil Jung

Avec Ok-bin Kim, Ha-kyun Shin, Jun Sung, Seo-hyeong Kim, Eun-ji Jo, Ye-Ji Min, Hae-Kyun Jung, Yun-Woo Kim, Seung-Joo Lee, Cheol-min Park, Min-Ji Son.

The Villainess - Édition Limitée SteelBook - Blu-ray [Combo Blu-ray + DVD - Édition Limitée boîtier SteelBook]L'histoire est plutôt complexe,  pas du tout linéaire. La référence serait Nikita (1990) de Luc Besson,  mais en plus complexe. Ici c'est Ok-bin Kim qui de rage tue deux cents personnes (des trafiquants de drogue, en mode jeu vidéo) parcequ'ils ont tué son père. La jeune femme est récupérée par la police pour en faire une tueuse à ses ordres, après bien sûr une période d'entrainement dans un centre dédié.
Le film au niveau des combats est très marqué par l'esthétique des jeux vidéos, pour les combats au sol, et donc complètement invraisemblables (pourquoi ne l'attaquent-ils pas tous ensemble et non pas un par un?).
Il est constitué de deux séquences très violentes et très spectaculaires au début et à la fin. Ensuite il y a cette histoire d'entrainement, d'affectation sur des missions, une histoire sentimentale, puis l'institution se retourne contre elle.
Le réalisateur et son équipe sont des virtuoses de la caméra qui tourne autour du personnage en plans-séquences ou une caméra qui fait une rotation à 360° verticalement ou une caméra qui accompagne un personnage dans sa chute. Ils se sont bien amusés.
L'ensemble est distrayant, plutôt bavard et bien écrit pour la partie émotions et drame du personnage (elle tombe amoureuse, son amoureux la trahi, son premier mari réapparait). Spectacle très violent avec beaucoup de gerbes de sangs du fait de lames (il y a beaucoup de couteaux, merci le CGI porn) et d'armes à feu.
Nous sommes toujours surpris quand l'assaillante n'est attaquée par ses assaillants que un par un et pas tous à la fois. Déjà évoqué plus haut. C'est irréaliste, mais plus facile à régler en termes de cascades et donne des séquences plus longues au montage.

Confession Of Murder (2012) de Byung-gil Jung

Avec Jae-yeong Jeong, Shi-hoo Park, Hae-Kyun Jung, Yeong-ae Kim, Choi Wonyoung, Jong-goo Kim, Eun-ji Jo, Yong Oh, Woong Park, Sung-Woo Bae, Mi-ja Jang, Jung-Hee Nam, Gwang Jang, Jong-hak Son.

Confession of Murder [Blu-Ray]Superbe scénario structuré autour de la confession d'un tueur en série après le délai de prescription de ses meurtres. Ce tueur devient une star des médias avec l'écriture du livre qui raconte les meurtres. Ceci est le point de départ. Ensuite les familles de ses victimes essaient de le tuer. Le policier qui l'a traqué est pris entre son devoir de le protéger et de se venger (nous apprendrons en cours de route que le tueur a tué sa fiancée). Le scénario contient beaucoup de surprises, surtout dans le dernier tiers, où le rythme s'accélère au grès des révélations, ce qui rend le film passionnant.
Le scénario gère parfaitement de multiples personnages secondaires. Et montre aussi le rôle des médias qui sont à la fois dénoncés pour leur besoin de sensationnel, mais utilisés par le tueur et par la police.
Le réalisateur est un virtuose de la caméra et du montage. Tout le catalogue des axes, mouvements, cadrages y passe, entre les séquences dialoguées, les poursuites en voiture (le film contient une poursuite d'anthologie pendant la séquence de l'ambulance, à la limite du slapstick, avec les sauts ou danses entre capots, qui ont une vocation spectaculaire), courses à pied multiples.
Le film contient, à sa manière, beaucoup de violences, diverses et variées.
Le film n'est pas exempt d'humour: la rencontre entre la vraie et la fausse ambulance; ou alors les sauts entre capots de voitures pendant la poursuite de l'ambulance. Beaucoup de séquences ont déjà été vues ailleurs, mais elles contiennent toujours un quelque chose qui les rend uniques.

J'Ai Rencontré Le Diable (2010) de Jee-Woon Kim

Avec Byung-hun Lee, Min-sik Choi, Joon-hyuk Lee, Gook-hwan Jeon, Kap-su Kim, Moo-Seong Choi, In-seo Kim, Bo-ra Nam, Ho-jin Chun, Seung-ah Yoon, Chae-young Yoon, Seo-yeon Park, Tae-goo Eom.
J'Ai rencontré Le Diable [Blu-Ray]
Grosse gifle pour ce film policer et film d'horreur tout à la fois.
Un flic (il est agent secret) recherche le tueur de sa femme. Elle a été découpée en morceaux. La scène nous est montrée, dans le style du Tobe Hooper du premier Massacre à La Tronçonneuse (1974), bien sale, avec encore plus de crasse et de sang, et en mode frontal caméra dans l'esprit des torture porn japonais. Il retrouve le tueur en question, et le torture et l'empêche de commettre d'autres meurtres tout en le mutilant et le laissant vivant à chaque fois qu'il va en commettre un nouveau (il le suit à la trace et intervient juste avant qu'il tue sa nouvelle victime). C'est donc une histoire de vengeance, mais qui est sans fin.
Chemin faisant, le réalisateur nous montre la vie du tueur, celui-ci croise deux autres tueurs en série, dont un cannibale. Le film policier n'est qu'un canevas, pour un film d'horreur impressionnant.
Sur la forme le réalisateur ne joue pas au virtuose de la caméra. Il utilise peu de mouvement de caméra. Et il utilise peu de musique.
Tous les acteurs sont impressionnants. Le Diable en question du titre, peut être le premier tueur en série, le flic qui se révèle aussi fou que les tueurs, ou alors le tueur en série cannibale.
Bref, au total nous avons un film qui est une bombe, tout à la fois effrayant, passionnant et impressionnant. Âme sensible s'abstenir.


samedi 25 juillet 2020

Un Idiot A Paris (1967) de Serge Korber

Avec Dany Carrel, Jean Lefebvre, Bernard Blier, Robert Dalban, Micheline Luccioni, Fernand Berset, Jean Carmet, Albert Rémy, Bernadette Lafont, André Pousse, Paul Préboist, Philippe Avron, Yves Robert, Lucien Raimbourg.

L'idiot à Paris c'est Jean Lefebvre qui vient de sa campagne pour voir la tour Eiffel. Il est simple d'esprit et tout le monde se moque de lui dans son village. Il est agriculteur et parle à son cheval. À Paris il va rencontrer Dany Carrel prostituée au grand cœur, Bernard Blier patron tyrannique issu de l'Assistance publique, comme lui, ce qui crée des liens immédiats entre eux. Et plus généralement il passera plutôt inaperçu à Paris.
Un idiot à Paris [Blu-ray]Le film est l'occasion de confronter ce patron, ce simple d'esprit, et cette prostituée au grand cœur. En général servis par des dialogues de Michel Audiard qui sont par moment sublimes et qui servent parfaitement ces personnages. En particulier Dany Carrrel et Bernard Blier. Par exemple le personnage de la prostituée au grand cœur interprété dispose de beaux dialogues, au commissariat ou ensuite lorsqu'elle décide de prendre leurs destins communs  en main; ou Bernard Blier qui fait du très grand Bernard Blier dans la scène de la grève de ses employés ou alors au restaurant.
Le personnage le moins intéressant est celui de Jean Lefebvre même si c'est lui qui est la structure et l'ossature dramatique du film. Mais il est le faire valoir de ces personnages secondaires, ou de personnages que l'on ne voit qu'une seule fois. À ce titre le film contient deux séquences plutôt originales à la fois à la fois humoristiques et tragiques. La première est celle avec Yves Robert qui parle de son HLM, de sa femme et de sa vie horrible, séquence tragi-comique. Et la séquence avec Paul préboist en gardien de square, lui aussi parfait dans son registre.
Dans cet ensemble le réalisateur ne semble qu'un gestionnaire de mise en image du scénario. A noter qu'il a coécrit le scénario.

Massacre à la tronçonneuse 2 (The Texas Chainsaw Massacre 2, 1986) de Tobe Hooper

Avec Dennis Hopper, Caroline Williams, Jim Siedow, Bill Moseley, Bill Johnson, Ken Evert, Lou Perryman, Barry Kinyon, James N. Harrell, Kirk Sisco, Harlan Jordan.

The Texas Chainsaw Massacre Part 2 Blu-rayTobe Hooper réalise lui-même cette suite de son premier film (Massacre À La Tronçonneuse, 1974). Il la positionne à un autre niveau (le premier film étant de la terreur pure, quasi documentaire). Ici il est question d'humour noir dans une première moitié du film. Puis dans un deuxième temps une espèce d'horreur finalement à la fois très macabre, très gothique, très graphique, très grand-guignolesque, sur la deuxième moitié du film quand Dennis Hopper descend dans l'antre des Texans tarés !
Cette Amérique profonde est dépeinte par Tobie Hooper et fonctionne bien dans sa première partie, avec concours gastronomique à base de viande, radio, jeunes crétins. Mais le film est faible à cause de son scénario et à cause de son personnage, celui de Dennis Hopper qui est quasi sans intérêt et qui ne sert à rien. Le personnage de l'animatrice radio est plus intéressant; c'est elle le personnage principal. Le film est constitué de deux parties, très différentes: en surface, et sous terre (la dernière partie).
Il y a noté que c'est une des forces du film et un des talents de Tobe Hooper: une direction d'acteur plutôt fine même dans ce contexte de films et de dramaturgie plutôt balourde. Tous les acteurs sont bons; sauf à la fin, quand il est sous terre, Dennis Hopper ne sert à rien et d'ailleurs n'a plus de dialogues.
Le film contient néanmoins une séquence d'anthologie: la première rencontre entre Leatherface et son frère taré Chop-Top (encore une victime de la guerre du Vietnam) avec l'animatrice radio, dans la station de radio. Séquence pour sa montée progressive de la tension, pour son horreur, pour ses moments de calmes, pour l'apparition de Leatherface, et surtout pour la séquence énorme de Leatherface et sa tronçonneuse entre les jambes écartées de l'animatrice dans la pièce du fond. Nous ne sommes pas dans la subtilité, mais rien que pour l'ensemble de cette séquence, le film vaut le détour. Mais le reste parait plus forcé et le personnage de Dennis Hopper pas intégré à l'histoire.

L'Ibis Rouge (1975) de Jean-Pierre Mocky

Avec Michel Simon, Michel Serrault, Michel Galabru, Jean Le Poulain, Evelyne Buyle, Karen Nielsen, Jean Cherlian, François Bouchex, Jacques Fortunas, Michel Francini.

L'IBIS ROUGE [Blu-ray]Un film de Jean-Pierre Mocky qui est structuré par le roman qui est adapté (Fredric Brown au  roman initial). Il y a donc bien une histoire, bien organisée, avec une progression et une conclusion. Ce qui est important pour qu'un film de Jean-Pierre Mocky tienne la durée.
Un tueur en série étrangle des femmes. C'est Michel Serrault, qui porte une écharpe rouge avec un ibis en motif. L'Ibis rouge du titre donc. Nous le voyons commettre un meurtre, nous le voyons parler à sa mouche (un bijou à son col). Il est complètement fou. Il croise par hasard Michel Galabru, qui doit de l'argent et qui pour bénéficier de l'assurance vie de sa femme, demande à Michel Serrault de la tuer. Bien sûr, les choses ne se dérouleront pas comme prévu.
Cette histoire est servie par une pléiade d'acteurs qui possèdent tous leurs solos, leurs séquences ou moments, à la fois par l'outrance de leur personnage, de leurs dialogues ou alors par leur qualité d'interprétation. Même si tout est outré, cela fonctionne.
Michel Galabru est impérial. Michel Serrault sait interpréter les dingues, c'est indéniable. Il en compose un ici de haut niveau. Evelyne Buyle est parfaite, comme souvent. Jean Le Poulain possède lui aussi ses solos et compose une performance de haut niveau dans ce film.
Michel Simon est lui en roue libre, son personnage, bariolé, n'a pas de lien avec l'intrigue.
Nous apprécions la démarche subversive (les militaires en prennent par exemple pour leur grade, les collègues de travail de Michel Serrault, supposés être normaux, sont d'une bêtise abyssale) ainsi que la conclusion, improbable, mais assez jubilatoire.

Le Violent (In A Lonely Place, 1950) de Nicholas Ray

Avec Humphrey Bogart, Gloria Grahame, Frank Lovejoy, Carl Benton Reid, Art Smith, Jeff Donnell, Martha Stewart, Robert Warwick.

Le Violent [Blu-Ray]Un film passionnant. Humphrey Bogart interprète un homme violent, en quête d'amour. Qu'il rencontrera avec Gloria Grahame, qui irradie l'ensemble des plans où elle apparait (et pas seulement par les jeux de lumière de Burnet Guffey). Humphrey Bogart est scénariste, à qui il est demandé d'adapter un roman qu'il ne l'intéresse pas, et qu'il ne lit même pas. Il demande à une jeune femme qui a lu le livre de venir lui raconter l'histoire chez lui un soir, puis elle est retrouvée morte le lendemain. Il est le suspect principal. Et l'histoire de ce scénariste se déroule donc dans un milieu où l'on côtoie réalisateurs, producteurs, agents, acteurs oubliés. Et bien sûr des policiers. Les scènes dans le milieu du cinéma sont plutôt jubilatoires.
Les dialogues sont magistraux et plusieurs scènes sont passionnantes. Le film est dense, urgent, dynamique, triste, inéluctable.
Humphrey Bogart est par ailleurs plutôt bon dans un rôle d'un homme fatigué, usé, qui voit en Gloria Grahame un sursaut, et qu'il imagine très vite éphémère (voir le dialogue dans la voiture après avoir rossé le type qui a repeint sa voiture).
Le titre original est plus subtil et énigmatique et représente mieux le film: la solitude du personnage, la solitude du scénariste, la solitude sentimentale (des deux personnages principaux).
Le film contient beaucoup de scènes denses et admirables. Très belle scène finale, poignante, où Humphrey Bogart comprend que leur histoire est finie, à cause de lui. Du beau travail donc.


Street Trash (1987) de James M. Muro

Avec Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto, Mark Sferrazza, Jane Arakawa, Nicole Potter, Pat Ryan, Clarenze Jarmon, Bernard Perlman.

Street Trash [Blu-Ray]L'intérêt du film et de montrer l'envers du décor de l'Amérique des années 80. Ici le New York qui est présenté est un tas d'immondices, de poubelles, de maisons et d'immeubles abandonnés et insalubres, de terrains vagues sales, de rues avec des chaussées défoncées et des sans-domiciles-fixes sales, qui sont aussi individualistes, misogynes, violeurs et obsédés par l'argent et par l'alcool! C'est une société américaine peu reluisante qui est donc décrite par James Muro et Roy Frumkes (scénariste et producteur)...
Le film est une succession de scènes avec un vague canevas dramatique donc nous nous inquiétons peu. La progression est liée à la propagation de la boisson Viper que certains personnages boivent à intervalles réguliers. Cette boisson les fait fondre littéralement avec un florilège de couleurs et de liquides  qui sautent et qui coulent, ce qui donne lieu à des belles séquences dégueulasses, mais pas forcément horribles.
Le film insiste beaucoup sur les traumas liés à la guerre du Vietnam, qui a rendu complètement fou un des personnages du film qui s'appelle Bronson...
Il est à noter que le film est techniquement parfait notamment au niveau de ses cadrages et de sa mise en scène avec beaucoup de Steadicam et de mouvements de caméra presque virtuoses dont une rotation à 360 degrés !
Il semblerait que le film soit plus un film de Roy Frumkes qui est le scénariste et le producteur sur le sujet. Et que James Muro se soit occupé de la mise en image.

Le Retour de Frank James (1940) de Fritz Lang

Avec Henry Fonda, Gene Tierney, Jackie Cooper, Henry Hull, John Carradine, J. Edward Bromberg, Donald Meek, Eddie Collins, George Barbier, Russell Hicks, Ernest Whitman, Charles Tannen, Lloyd Corrigan.

Le Retour de Frank James [Édition Spéciale] [Édition Spéciale] [Édition Spéciale] [Édition Spéciale]Ce film de Fritz Lang est la suite directe du film d'Henry King. Le personnage principal est  maintenant Frank James, Jesse ayant été assassiné. Bien sûr Frank souhaite venger son frère et part à la poursuite des frères Ford. Chemin faisant il va croiser une jeune journaliste, Gene Tierney dans sa première apparition à l'écran, lumineuse, mais un peu fade. Ce qui va le perturber un peu. Cette suite reprend tous les acteurs de film d'Henry King (les deux sont une production 20th Century Fox de Darryl F. Zanuck).
Il est d'ailleurs intéressant de les comparer sur la forme et la mise en scène. Ce que nous apprécions sur le film d'Henry King ne se retrouve pas ici. Fritz Lang à tendance à faire surjouer ses acteurs dans les seconds rôles - par exemple Henry Hull est pénible, Ernest Whitman dans le rôle de Pinky est traité de manière balourde -. Jackie Cooper, acolyte dynamique et jeune, en fait des tonnes, comme si les scénaristes souhaitaient reconduire le duo: un personnage sur pile (Tyrone Power dans le film d'Henry King), un personnage inertiel. Henry Fonda, justement, restant fidèle à lui même ici, sobre, et laissant les pitreries à Jackie Cooper.
Fritz Lang aime cadrer les acteurs de front et insère des gros plans recadrés de face. Les scènes dans la pénombre sont plus présentes, bien sûr. Évidemment, quelques jeux d'ombres, gimmick ou signature de Fritz Lang, sont présents. Et il y a pendant les poursuites des plans sur les acteurs sur un faux cheval avec d'hideuses transparences.
L'histoire néanmoins contient une petite touche de modernité avec Gene Tierney qui se bat pour être journaliste (une femme n'a pas le droit d'être journaliste en ces temps-là). C'est un peu maigre.

Jesse James (Le Brigand Bien Aimé, 1939) de Henry King

Avec Tyrone Power, Henry Fonda, Nancy Kelly, Henry Hull, Randolph Scott, Slim Summerville, J. Edward Bromberg, Brian Donlevy, Donald Meek, Johnny Russell, Jane Darwell, Charles Tannen, Claire Du Brey.

Jesse James [Blu-Ray]Magnifique western, éclatant par la photographie (Technicolor) et la mise en scène de Henry King (IMDb indique un réalisateur non crédité, probable des refilmages).
Nous apprécions l'utilisation mesurée de la musique (il n'y a pas de "tartinage" comme dans beaucoup de films étatsuniens de cette époque). Lorsqu’elle est présente, elle est plutôt en sourdine.
Nous y découvrons un Tyrone Power parfait, excellent acteur (acteur que nous connaissons peu, mais excellent dans un autre film d'Henry King, Le Cygne Noir - 1942 - ). Secondé par Henri Fonda, qui interprète Frank James, à sa manière, c'est à dire tout en retrait et retenue, comme à chaque fois.
Les poursuites à cheval sont filmées depuis le sol avec toujours en amorce la végétation, des arbres, un rocher, en contre-plongée, toujours visuellement intéressantes. Il n'y a pas par exemple de plan rapproché des acteurs sur un faux cheval avec une transparence (toujours horrible à visualiser). Pas de ça ici.
Coté récit, c'est l'histoire de Jesse James, depuis sont état de fermier et comment il devient le hors-la-loi le plus recherché. Le film montre comment il se retrouve à piller les banques pour aider les fermiers spoliés par la compagnie ferroviaire qui les a expropriés, jusqu'à son attaque des trains et des banques dans une fuite en avant, puis sa décision d'arrêter et son assassinat par le traitre Ford. Au début il peut être vu comme un Robin des Bois, puis ensuite, il y a une fuite en avant avec morts lors des attaques. Que lui reproche d'ailleurs un peu son frère. Un film exemplaire et qui garde une force certaine.

Un Témoin Dans La Ville (1959) de Édouard Molinaro

Avec Lino Ventura, Sandra Milo, Franco Fabrizi, Jacques Berthier, Daniel Ceccaldi, Robert Dalban, Jacques Jouanneau, Françoise Brion, Janine Darcey, Ginette Pigeon.

Un témoin dans la Ville [Blu-Ray]Film noir film, film policier où Lino Ventura tue l'amant de sa femme, car celui-ci a tué sa femme (il l'a bien tué, mais est acquitté par la justice). Mais manque de chance, il y a un témoin qui risque de le compromettre, un taxi. Il décide de le suivre, nous imaginons pour l'éliminer. Mais c'est une erreur fatale, car il va  continuellement passer à côté de cette possibilité et progressivement descendre dans une fuite en avant. Il va se retrouver poursuivi par les autres taxis, puis la police, et cela finira tragiquement.
Le film contient un élément documentaire de l'époque: le fonctionnement des radios taxis de l'époque, avec un central qui distribue les appels de demande de taxis. Outre cet élément documentaire, cela sera utile dans l'évolution dramatique de l'histoire.
Le film policier est sombre. Il se déroule quasi entièrement de nuit dans un Paris des années 50 qui fournit un climat au film: la nuit, les rues désertes de Paris, le métropolitain, les pavés.
Lino Ventura est muet quasiment pendant une bonne partie du film, il a très peu de lignes de dialogue. Il est seul et est continuellement en fuite ou alors il suit continuellement quelqu'un, le taxi. Et il est par ailleurs peu aidé par la population, voire dénoncé.
Ce Témoin Dans La Ville est un bon film français, efficace, qui fonctionne parfaitement pour aboutir logiquement à une fin qui parait inéluctable.


jeudi 16 juillet 2020

Le Brigand Bien-Aimé (The True Story Of Jesse James, 1957) de Nicholas Ray

Avec Robert Wagner, Jeffrey Hunter, Hope Lange, Agnes Moorehead, John Doucette, Alan Hale Jr., Alan Baxter, John Carradine, Rachel Stephens, Barney Phillips,

Le Brigand Bien-aimé [Édition Limitée Blu-Ray + DVD]

Un western tragique, où la poursuite n'a pas pour but d'être spectaculaire, ou l'attaque de la banque, catastrophique, ne se déroule pas comme prévu (et d'ailleurs elle évoque celle du début de La Horde Sauvage - 1969 -, avec un des protagonistes en cache-poussière, dont un passant à travers une vitrine en métal pour pouvoir s'échapper; Jesse James aurait-il inspiré Sam Peckinpah?). Une histoire où les voisins  sont des informateurs et incendient, où c'est un proche qui abattra dans le dos Jesse James, pour de l'argent, ou un autre proche est lui pendu à un arbre.
Une histoire torturée donc, avec ces frères James qui vont toujours plus en avant dans les attaques de banques ou de train, et qui bien sûr veulent raccrocher.
Histoire torturée par le montage qui fait des retours arrière et retours en avant, ce qui permet de maintenir le spectateur captif. Les retours en arrière permettent les explications.
L'histoire germe dans les tragédies de la fin de la Guerre de Sécession où les frères James, anciens sudistes (mais pas esclavagistes, quand même) décident de piller les banques Nordistes. Bien mal acquis ne profite jamais dit le proverbe, c'est bien la vie des frères James. Jamais un répit, toujours en fuite.
Les deux acteurs principaux portent haut la main leurs deux personnages, le jeune Robert Wagner, et Jeffrey Hunter, parfait.
Nous sommes moins convaincus par l'histoire sentimentale avec Hope Lange, qui finalement a le seul intérêt de permettre de réduire la tragédie en fournissant des éléments positifs au personnage et au drame, mais ce sont les seuls. Tout le reste n'est que ratages et drames. Un film sur des perdants.

Le Seigneur De La Guerre (The War Lord, 1965) de Franklin J. Schaffner

Avec Charlton Heston, Richard Boone, Rosemary Forsyth, Maurice Evans, Guy Stockwell, Niall MacGinnis, James Farentino, Henry Wilcoxon, Sammy Ross, Woodrow Parfrey.

Le Seigneur de la Guerre [Blu-Ray]
Charlton Heston est un Seigneur qui récupère du Duc un territoire, occupé par des paysans normands un peu à la fois païens et chrétiens. Territoire régulièrement envahi et pillé par les frisons. Nous sommes au XIe siècle.
Le film contient à la fois des scènes de batailles avec les attaques des frisons. Mais c'est une histoire d'amour. Entre notre Seigneur, Charlton Heston, égal à lui même, et une païenne du village, dont il tombe amoureux (Rosemary Forsyth, magnifique), ce qui est un problème, car en tant que seigneur il a tous les droits sur elle, mais n'en abuse pas... Et puis elle se marie, et il doit donner son consentement, mais fait jouer la loi païenne qui autorise le seigneur à coucher avec la vierge la nuit de sa noce (du coucher de lune au lever du soleil), droit dont il use, et tout le monde est content. Mais ils sont amoureux et elle ne retourne pas à son mari païen promis, ce qui sera le début de sa perte.
Rajoutons à l'intrigue dramatique une relation tendue avec le frère du seigneur (Guy Stockwell, dans un personnage fiévreux).
Bref, dans le genre du film historique à grand spectacle (plutôt limité), c'est une histoire plutôt originale, mais pas si éloignée de celle des Viking de Richard Fleischer (1958, où pareillement c'est une femme qui causera la perte de Kirk Douglas).
Nous pouvons trouver que les séquences d'actions, combats, sont un peu poussifs, à moins que ce soit le montage qui manque de dynamisme dans ces séquences.


Scorpio (1973) de Michael Winner

Avec Burt Lancaster, Alain Delon, Paul Scofield, John Colicos, Gayle Hunnicutt, J.D. Cannon, Joanne Linville, Mel Stewart, Vladek Sheybal, Mary Maude, Jack Colvin, James Sikking, Burke Byrnes.

Scorpio [Blu-Ray]
Michael Winner n'a pas réalisé que des films avec Charles Bronson. Il a eu une vie avant et après. Ici c'est un film entre les deux. Scorpio se situe entre Le Flingueur (The Mechanic, 1972) et Le Cercle Noir (The Stone Killer, 1973), les deux avec Charles Bronson.
C'est un film d'espionnage qui parle de la déprime des vieux espions qui se considèrent comme des dinosaures et qui doivent affronter leur hiérarchie qui ne réfléchit pas et ces nouveaux jeunes qui n'ont plus la morale qu'ils avaient eux.
Film sec, sans enjolivement, sans image en papier glacé. Avec plusieurs belles bêtes: Burt Lancaster en maître, Alain Delon en élève du maître à qui l'on demande d'éliminer le maître. Paul Scofield en maître coté Russe, mais amis respectant son vieil ami-ennemi.
Le film est typique des films d'espions noirs et nihilistes ou tout le monde est pourri et n'est pas ce qu'il semble être. Y compris dans l'avant-dernière scène où des choses sont révélées. Même Scorpio, Alain Delon, en perd son sang froid.
Cet espionnage à l'ancienne est beaucoup plus intéressant que l'espionnage basé sur le numérique et les technologies qui sont des outils maintenant indispensables et indissociables de tout film d'espionnage. C'était plus terre à terre à cette époque-là: course poursuite en voiture, dans la rue, planque, amis et contacts, photos truquées, chantage, etc. Maintenant un film d'espionnage est forcément techno. Ce n'était pas encore le cas en 1973 et c'est ce qui donne un charme certain au film.
Le film repose beaucoup sur ses décors réels, plus ou moins déserts, que Michael Winner et Robert Paynter savent photographier (toutes les séquences à Vienne par exemple).
À noter aussi une belle musique de Jerry Fielding.


Commando 2 : Sur La Piste De L'argent Sale (2017) de Deven Bhojani

Avec Vidyut Jammwal, Adah Sharma, Esha Gupta, Freddy Daruwala.

Commando 2 Poster
Cette production de Bombay (Bollywood) s'appuie sur une histoire de rapatriement de l'argent sale hors de l'Inde (sujet prégnant en Inde visiblement) pour construire un film d'action et d'aventure. Le but principal est de mettre en avant ses deux stars masculines. Vidyut Jammwal, petit trapu body-buildé, qui se retrouve assez vite torse nu, policier très fort à l'arme à feu (quand il tire, il touche), très fort au combat à mains nues (quelques chorégraphies sympathiques), et aussi très futé (il plisse les yeux). Et Freddy Daruwala, policier ripou, mais qui ne l'est peut être pas, lui aussi body-buildé et avec un physique de top model. S'ajoute à cela la sublime Esha Gupta, en méchante, séductrice, très futée. Et encore il y a Adah Sharma qui fait une policière déjantée et qui produit des éléments comiques.
Le réalisateur semble plus être un gestionnaire. C'est un acteur qui est passé à la mise en scène de séries télévisées. Ce film est son premier long métrage.
Le film est plutôt mou sur le nombre de scènes d'action: beaucoup de parlottes avec de l'humour. Mais chaque séquence possède son spectaculaire. Le summum est la séquence d'ouverture, qui correspond au climax de pas mal de films d'action anglo-saxons, qui se termine de manière inédite (Commando, alias Vidyut Jammwal, pour éviter un procès - il ne respecte pas forcément les procédures - se fait tirer dessus volontairement).
Heureusement, le film est plutôt court (2h20).
Le film évoque des éléments politiques (l'évasion de l'argent hors d'Inde) ou le racisme (légèrement: au détour d'une scène, commando demande à un équipier très doué pourquoi il ne travaille pour le gouvernement, qui lui répond que c'est à cause de son nom de famille ,"Hussein" qui le discrimine immédiatement).
À noter une musique techno rock qui anime bien les séquences de combats. À noter aussi que les séquences de combats de Vidyut Jammwal sont un peu moles par moment: cela vient du chorégraphe et aussi du fait le l'acteur réalise lui même ses combats: son corps body-buildé n'est pas doué pour la  vélocité.
Au total nous y voyons une croyance dans le spectacle total, la belle image. Le montage n'a aucun scrupule. L'utilisation du ralenti est très fréquente, et par moment ridicule (mais il sert à mettre en avant ses vedettes), et pas que dans les scènes d'action, mais aussi lorsque les personnes se déplacent en groupe. Ainsi que le split-screen pour montrer la même scène sous des angles différents . L'esthétique du vidéo-clip n'est pas loin.
Le clip final est toujours aussi délicieux: les quatre vedettes principales font des chorégraphies pendant le générique de fin. Nous aimerions voir ça aussi à la fin d'une production hollywoodienne.

Pacific Express (Union Pacific, 1939) de Cecil B. DeMille

Avec Barbara Stanwyck, Joel McCrea, Akim Tamiroff, Robert Preston, Brian Donlevy, Anthony Quinn, Lynne Overman, Robert Barrat, Stanley Ridges, Henry Kolker, Francis McDonald, Willard Robertson, Harold Goodwin.

Pacific Express-Blu-Ray
Film historique et western tout à la fois. Pour la partie historique, il s'agit de la construction des lignes de chemin de fer qui relient les deux cotes des USA. Le film se concentrant sur une des deux lignes, avec de méchants capitalistes qui spéculent et qui font tout pour la ralentir, car ils ont investi dans l'autre ligne. Il y a donc une course pour être le première pour arriver au point de ralliement.
Nous apprécions le fait que le méchant soit un capitaliste préoccupé uniquement par l'argent.
Dans les personnages nous suivons Joel MacCrea qui est le responsable de la sécurité, homme droit, toujours du côté du bien. Et son ami, Robert Preston, qui est allié avec le méchant (Brian Donlevy, toujours aussi perfide), joueur, charmeur, qui oscille entre le bien et le mal en permanence, et qui le paiera (il est moustachu).
Le choeur dramatique est enrichi par la relation à trois entre Barbara Stanwyck, la femme putative de Robert Preston, mais amoureuse de Joel McCrea.
L'histoire est bien sûr cadencée par de multiples éléments dramatiques: les Indiens, le franchissement de la montagne avec la neige, ou alors par les scènes où Brian Donlevy fait tout pour ralentir le chantier (les ouvriers sont attirés dans son établissement où ils ont alcools et divertissements).
Nous apprécions certains faux raccords (plan d'ensemble vers plan américain, ou plan américain vers gros plan) qui montrent que Cecil B. DeMille ne s'embarrassait pas de certains détails.


La Rue Rouge (Scarlet Street, 1945) de Fritz Lang

Avec Edward G. Robinson, Joan Bennett, Dan Duryea, Margaret Lindsay, Rosalind Ivan, Jess Barker, Charles Kemper, Anita Sharp-Bolster, Samuel S. Hinds, Vladimir Sokoloff, Arthur Loft, Russell Hicks.

La Rue Rouge [Blu-Ray]
Nous sommes ici dans le film Noir. L'histoire raconte comment un pauvre type interprété par Edward G. Robinson, caissier, se retrouve dans une relation avec une fille pas innocente, beaucoup plus jeune que lui, dont il tombe amoureux. Il est peintre amateur à ses heures. Elle profite de sa crédulité pour signer ses toiles et les vendre, avec l'aide de son fiancé, un très mauvais garçon.
Il s'agit d'un vrai film sombre, avec une femme fatale, même si Joan Bennett n'a pas le physique de la femme fatale auquel on s'attend habituellement. Mais ils finiront tous par mourir. Ou presque.
Nous retenons d'abord le personnage d'Edward G. Robinson, plutôt un pauvre type, naïf, qui vit avec une femme acariâtre (au-delà de la caricature) et qui trouve son équilibre psychologique en peignant. Malheureusement suite à sa rencontre avec Joan Bennett (par hasard au coin d'une rue) sa vie va basculer. Il tombe amoureux d'elle, toutes ses frustrations accumulées vont lui donner les moyens de franchir le pas. Mais aussi l'aveugler. Il va l'entretenir, lui prendre un appartement, et une descente aux enfers va débuter, jusqu'à ce qu'il comprenne la supercherie: elle ne l'aime pas. Ce qui va le faire entrer progressivement dans la folie.
À noter cette belle scène, tout à la fois une belle idée de mise en scène, et horrible pour le sous-texte, où il lui vernit les ongles de pieds.
L'histoire possède un côté inéluctable et implacable, ainsi qu'une grande fluidité. Elle happe le spectateur de bout en bout.


dimanche 5 juillet 2020

Chernobyl (2019) de Craig Mazin et Johan Renck

Avec Jessie Buckley, Jared Harris, Stellan Skarsgård, Adam Nagaitis, Emily Watson, Paul Ritter, Robert Emms, Sam Troughton, Karl Davies, Michael Socha, Laura Elphinstone, Jan Ricica, Adrian Rawlins, Alan Williams, Con O'Neill.

Difficile de rester de marbre devant ce film de cinq fois une heure qui est prenant de bout en bout. Il est difficile de décrocher et de ne pas enfiler les cinq épisodes d'affilés.
À la fois parce que son sujet est glaçant et d'actualité (il y a eu Fukushima depuis) et grâce au traitement qui est passionnant.
Chernobyl PosterLa manière dont toutes les choses sont racontées permet de maintenir la tension pendant chacun des cinq épisodes: juste après l'évènement et ses conséquences immédiates avec les interrogations, l'aveuglement, l'inconscience, les mensonges, racontés par plusieurs points de vue; puis les conséquences à long terme et la gestion mise en place par la commission d'enquête qui rapporte à Mikhaïl Gorbatchev, puis l'enquête, puis finalement le procès avec un flash-back qui rappelle le déroulé des évènements avec les explications et qui nous montre ce qui s'est passé; c’est là où la série est maline: elle ne montre la catastrophe lors des premières minutes du premier épisode puis lors du dernier épisode.
La musique de Hildur Guðnadóttir est quasi parfaite et complète parfaitement les images avec une petite tension stimulante qui indique et donne un parfum aux images. Elle se confond pratiquement avec du bruitage par moment.
Au niveau de l'interprétation et de la distribution, nous avons aussi du grand niveau avec Jared Harris parfait ainsi que Stellan Skarsgård dans le rôle de l'apparatchik du parti communiste.
Une belle explication des effets d'un totalitarisme, d'une dictature, d'une institution où le mensonge règne. Ici c'est le soviétisme et le communisme tel qu'ils étaient pratiqués en Union soviétique qui est montrée, avec ses carriéristes, avec ses inféodés qui ne pensent qu'à monter dans la hiérarchie. Mais cela pourrait être similaire dans bien de sociétés ou d'états. La phrase finale du film qui parle du mensonge est finalement une bonne synthèse du sujet. En plus de l'hommage évidemment aux victimes et aux personnes qui ont fait ce qu'il fallait pour sauver et aider, autre sujet principal du film.
Le film montre aussi un élément positif du communisme: l'individu de compte-pas, c'est le commun, avec ces gens qui se sacrifient pour les autres, pour l'état: les pompiers, les plongeurs, les mineurs, les nettoyeurs (forcés). C'est impressionnant la manière dont certains nombres de personnes se sont dédiés pour les autres, avec un appuie d'argent ridicule. Ce qui veut dire que le pays était très pauvre, où alors qu'ils ne sont réellement pas intéressés par l'argent.
Nous restons scotchés en permanence à l'écran et souhaitons en permanence voir l'épisode suivant. C'est parfait. On peut peut-être juste regretter que la version originale soit en anglais, mais ce n'est pas gênant finalement, car le physique les acteurs la décoration des effets spéciaux le maquillage tout concourt à faire quand que nous y croyons dur comme fer !
Au total dans cette série est passionnante et probablement un des chefs-d'œuvre du genre !