lundi 26 juin 2023

Ambulance (2h16, 2022) de Michael Bay

Avec Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II, Eiza González, Garret Dillahunt, Keir O'Donnell, Jackson White, Olivia Stambouliah, Moses Ingram, Colin Woodell, Cedric Sanders, A Martinez, Jesse Garcia.

Avec cette course poursuite perpétuelle, pendant les deux heures du film, nous avons des séquences supportées par un arrière-plan où nos personnages sont motivés par le gain de l'argent ; un parce qu'il est un gangster et aime cela, l'autre pour aider sa femme à se faire soigner. Cela constitue un petit arrière-plan social qui montre qu'il faut de l'argent pour se faire soigner ; mais il y a aussi le traitement de Yahya Abdul-Mateen II par la police à la toute fin une fois l'ambulance stoppée. Serait-ce le film de Michael Bay avec le plus de substance, ou le plus en lien avec une réalité sociale ?

Cet arrière-plan tragique est supporté, emballé, dans une poursuite perpétuelle où de multiples véhicules volent en éclats, se percutent et s'encastrent les uns dans les autres. C'est une vraie symphonie pour tôles froissées (le CGI porn n'est pas criard).

La direction d'acteur fonctionne, comme toujours chez Michal Bay, mélangée à des séquences d'action impressionnantes, pour produire un ensemble spectaculaire. Avec de plus beaucoup de personnages secondaires, peints et interprétés avec efficacité et dont nous nous souvenons facilement. Le personnage de Jake Gyllenhaal garde son mystère. La fin de l'histoire reste quand même prévisible, même si la multitude de péripéties ne fait pas languir le spectateur.

Ambulance [Blu-Ray]

jeudi 22 juin 2023

AK vs AK (1h48, 2020) de Vikramaditya Motwane

Avec Anil Kapoor, Anurag Kashyap, Sonam Kapoor, Harshvardhan Kapoor, Boney Kapoor, Yogita Bihani, Nawazuddin Siddiqui, Sucharita Tyagi.

Voilà un film qui sort des schémas usuels. La fille d'Anil Kapoor est kidnappée par un réalisateur pour l'obliger à tourner dans son film. Film qui est un reportage, un documenteur, que nous suivons. Anil Kapoor jouant son propre rôle, et Anurag Kashvan, le réalisateur, jouant son propre rôle. Avec un prologue où tous les deux sont sur un plateau de télévision où Anurag Kashvan traite Anil Kapoor d'acteur du passé, et Anil Kapoor se moquant des films d'Anurag Kashvan et de leur manque de succès.

S'ensuit donc un film qui se déroule devant nos yeux où Anil Kapoor doit retrouver sa fille avant l'aube, sinon elle est exécutée. Le metteur en scène Anurag Kashvan filmant Anil dans sa quête pour retrouver sa fille.

Ce point de départ loufoque et inventif gagne encore plus en intérêt quand l'histoire ne se déroule plus comme le scénario écrit par Anurag Kashvan. La grande force du film est l'imprévisibilité de ce qui va arriver, ce qui est démultiplié lorsque le scénario est changé sans l'avis du metteur en scène.

Un film étonnant et fou, hymne à Anil Kapoor, avec l'aide d'Anurag Kashvan. Pour comprendre ce qui se trame : c'est comme si Martin Scorcese kidnappait la fille de Leonardo Di Caprio et l’obligeait à la retrouver la nuit dans New York, avec une caméra qui le suit pendant son enquête. Le film est, nous imaginons, parfaitement écrit, mais le traitement en caméra sur le vif amène le spectateur à oublier et suivre comme si cela était vrai.

Une curiosité.

AK vs AK (2020) - IMDb

 

 

dimanche 18 juin 2023

Hombre (1h51, 1961) de Martin Ritt

Avec Paul Newman, Fredric March, Richard Boone, Diane Cilento, Cameron Mitchell, Barbara Rush, Peter Lazer, Margaret Blye, Martin Balsam, Skip Ward.

Un film très long : beaucoup de plans (par ailleurs très beaux avec James Wong Howe à la photographie, mais aussi avec de beaux paysages) pourraient être coupés plus tôt. Il contient 30 minutes de trop : son scénario de série B pourrait donner un film de 80 minutes, ce serait largement suffisant.

Le film ne suscite aucune empathie : le personnage de Paul Newman est antipathique, et son interprétation mutique permanente avec la mâchoire serrée et les yeux plissés parait ridicule. Le méchant est simplement méchant. Tous les personnages sont plus ou moins antipathiques : ce doit être un choix délibéré de Martin Ritt, nous comprenons bien.

La progression est lente et nous nous moquons de ce qui peut arriver aux personnages, que ce soit les otages, les fuyards, les poursuivants ; ils nous sont tous indifférents.

Il est criard qu'un scénario de série B comme celui-là aurait nécessité un metteur en scène qui traite cela avec nervosité et énergie, et pas de manière languissante comme c'est le cas. Un film qui manque cruellement de nerf, qui ennuie et qui endort. À la limite, un tel sujet traité à la manière d'un Sergio Leone aurait été plus intéressant : les exagérations de cadrage et montage auraient donné du piquant ou du brio et auraient masqué la mollesse.

Hombre

Nobody (1h32, 2021) de Ilya Naishuller

Avec Bob Odenkirk, Aleksey Serebryakov, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, Michael Ironside, Colin Salmon, RZA, Billy MacLellan, Araya Mengesha, Gage Munroe, Paisley Cadorath, Aleksandr Pal.

Le scénariste des trois premiers John Wick, Derek Kolstad, crée une variante. Ici il s'agit de Ben Odenkirk, qu'un évènement plus ou moins banal va conduire à sortir de sa vie quotidienne routinière où il n' est "personne", une personnalité effacée, pour révéler son passé et ses multiples compétences.

La relation de Ben Odenkirk avec sa famille directe - Connie Nielsen, et ses deux enfants - et sa belle famille - Michael Ironside - à qui il achète l'entreprise pour les virer -, et aussi avec son père - Christopher Lloyd - qui donne toute sa saveur au personnage - ; ils permettent, tous et toutes, au personnage de Ben Odenkirk d'exister. Jusqu'à ce nous en apprenons plus sur son passé, et l'organisation parallèle - comme dans John Wick - qui va l'aider.

Ben Odenkirk est parfait pour exprimer une lassitude du quotidien, acceptée, entre sa femme avec laquelle il est en froid, son fils adolescent qui ne le respecte pas et sa petite fille qui semble être la seule qui l'aime.

À partir de ce point de départ, le film contient plusieurs séquences d'actions et de combat en particulier, dont celle du bus qui est d'anthologie, chorégraphiée de manière à mettre en avant le lieu - l'intérieur d'un bus - et la douleur - les coups portés ne sont pas neutres - ; séquence mixée avec une dose d'humour et de violence sèche devant la caméra qui donnent une densité à la séquence. Qui sera un pivot pour le reste de l'histoire.

Le film accentue le coté dessin animé avec ses montages séquence des différentes routines, mais aussi grâce à l'utilisation de la musique et de chanson, qui amène ironie et distanciation bienvenue.

Est-il prévu une suite ? Nous le souhaitons !

Nobody [Blu-Ray]

vendredi 9 juin 2023

Balle perdue (1h32, 2020) de Guillaume Pierret

Avec Alban Lenoir, Nicolas Duvauchelle, Ramzy Bedia, Stéfi Celma, Rod Paradot, Sébastien Lalanne, Arthur Aspaturian, Patrick Médioni, Alexandre Philip.

Très bon polar, sur une thématique déjà vue, ici une équipe de policiers spécialisés traque des trafiquants qui utilisent des "go fasts". L'équipe spécialisée va chercher Alban Lenoir, qui est en prison, pour les aider à attraper le gang, ou au moins à faire en sorte que les voitures des policiers ne soient pas écrasées comme des hérissons. Dans les ingrédients il y a des flics ripoux, de la voiture modifiée et des poursuites, des bagarres, le tout avec un sentiment de fraîcheur, de nouveauté. Peut-être, grâce aux décors, bien choisis c'est-à-dire marquant visuellement, et apportant un côté réel à chaque séquence.

Le film aurait pu laisser croire qu'il n'est question que de poursuite en voiture, mais non, heureusement. Le film est plus riche que la moyenne, grâce à son scénario et à ses personnages. Même s'il est par moment schématique, il est difficile de décrocher et nous souhaitons savoir comment Alban Lenoir va s'en sortir. Car il se retrouve poursuivi par la police et doit se débrouiller tout seul pour prouver son innocence.

A noter la première séquence, hilarante, avec une Renault Clio modifiée en voiture bélier.

Le film arrive à renouveler le genre grâce à ses personnages, plutôt denses, et un montage qui va droit au but sans fioriture inutile. Et grâce aussi à quelque séquences de tôles froissées spectaculaires grâce au montage.

Bande-annonce Balle perdue

jeudi 8 juin 2023

Pattaya (1h40, 2016) de Franck Gastambide

Avec Franck Gastambide, Malik Bentalha, Anouar Toubali, Ramzy Bedia, Gad Elmaleh, Sabrina Ouazani, Sissi Duparc, Saïd Bogota, Akaradeth Rodwinit, Delphine Baril, Uthai Chaenchampa, Worawan Kanchon.

Le système Gastambide fonctionne parfaitement dans cet univers : les trois nigauds de services - Franck Gastambide, Malik Bentalha et Anouar Toubali - se retrouvent en Thaïlande pour une histoire dont les scénaristes (Franck Gastambide et Stéphane Kazandjian) ont le secret.

Les ingrédients sont là : des péripéties délirantes, les dialogues en diarrhée, quelques touches de scatologie, beaucoup d'obsessions sur le sexe, l'utilisation d'animaux, une direction d'acteur qui fonctionne, une alternance de comédie de situations et de séquences d'action, et une histoire d'amitié et de famille. Amitié entre Franck Gastambide et Malik Bentalha, mais aussi avec Anouar Toubali. D'ailleurs dans le trio, c'est Malik Bentalha et Anouar Toubali qui font le job, procurent ce qu'il faut avec leurs personnages pour produire les éléments comiques. La famille est représentée par le personnage de Ramzy Bedia qui fait un improbable cousin (ou autre) qui se complaît dans les us et coutumes de son pays d'accueil. Le personnage de Franck Gastambide arrive presque à être touchant avec sa pathétique obsession sur sa copine qui l'a plaqué, lui croyant encore à cet amour.

S'ajoute une intrigue concernant le combat que doit mener notre trio contre un colosse d'une secte locale constituée de nains et dirigée par Gad Elmaleh dans un personnage de gourou martial hilarant. Le scénario utilise ici les poncifs du genre avec l’entraînement puis le combat normalement perdu d'avance et finalement le dépassement de soi et la victoire. Ce Pattaya ne retrouve pas le brio de Les Kaïra (2012) mais reste de bonne tenue.

Pattaya [Blu-ray]