dimanche 29 août 2021

La Nuit Des Masques (Halloween, 1h37, 1978) de John Carpenter

Avec Donald Pleasence, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Kyle Richards, Brian Andrews, John Michael Graham, Tony Moran.

Halloween est le film qui a lancé la carrière de John Carpenter, par son succès commercial; mais pas sur le plan stylistique, car son film précédent, Assaut (1976) avait déjà marqué les esprits par son utilisation de la caméra.

Ici c'est le film de tueur en série à l'arme blanche qui est lancé, celui-ci s'attaquant de préférence à des adolescents ou des jeunes adultes. Le film donnera lieu à beaucoup de suites au sein de la franchise  Halloween, et de multiples plagiats.

Le film finalement ne contient pas une histoire très compliquée, mais plutôt une histoire simpliste. Ce canevas très simple permet à John Carpenter de soigner sa mise en scène, ses décors et sa lumière (beaucoup de séquence de nuit bien sûr): caméras subjectives, traveling, caméra portée, panoramique, en format large. Cet ensemble pour filmer souvent des décors sombres (de nuit ou dans une maison sans électricité), ou mieux, des bouts de décors sombres, ce qui permet de mettre la tension des qu'un personnage passe devant un bout de ces décors dans le noir.

À cette conception se rajoute la musique de John Carpenter, minimaliste, répétitive, mais contribuant parfaitement à chaque scène; musique qui pulse telle un métronome, sur des images qui ne bougent pas beaucoup, où le personnage attend inquiet, ou se déplace lentement, toujours inquiet.

Ce qui fait que le film fait régulièrement sursauter, c'est-à-dire qu'il contient régulièrement des surprises.

Le personnage de Donald Pleasance, psychiatre du tueur en série, mais qui se comporte plus comme un religieux qui affronte le mal absolu; dans une interprétation fiévreuse à fleur de peau, qui a un rôle important dans la montée de la tension.

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Sous le Soleil De Satan (1h38, 1987) de Maurice Pialat

Avec Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat, Alain Artur, Yann Dedet, Brigitte Legendre, Jean-Claude Bourlat, Jean-Christophe Bouvet, Philippe Pallut, Marcel Anselin.

Ce film est âpre et manque de subtilité. Aucune musique, et puis subitement pour des plans de transitions ou plus exactement de déplacement de Gérard Depardieu, une musique tonitruante (fortement en avant dans la banque son) d'Henri Dutilleux.

Sinon, cet univers nous est complètement inconnu : la vie d'un prêtre; le concept de mal; le concept de Satan; les états d'âme d'un prêtre qui ne croit plus en Dieu, mais au Diable; la bigoterie  des bourgeois ou des gens simples et le pouvoir d'un prêtre au pays des gens simples. Le film montre bien le rôle de contrôle de l'église.

Sinon ce qui nous maintient éveillés est la mise en scène de Maurice Pialat, qui tire le spectateur, souvent en filmant quelque chose qui pour partie hors champ, derrière une porte, dans l'ombre en arrière plan. Beaucoup de plans son beaux et très composés, à base d'obscurs.

La force du film est la conviction des acteurs. Gérard Depardieu est impressionnant. Sandrine Bonnaire aussi. Tous les acteurs sont marquants, malgré ou grâce à des dialogues très littéraires, irréalistes et empreints d'une certaine beauté.

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Double Team (1h33, 1997) de Tsui Hark

Avec Jean-Claude Van Damme, Dennis Rodman, Mickey Rourke, Paul Freeman, Natacha Lindinger, Valeria Cavalli, Jay Benedict.

Tsui Hark donne l'impression de s'être dit: l'histoire et le sujet sont déjà vus et débiles, au mieux, alors suscitons l'intérêt avec des cadrages et des angles de vues improbables tout en filmant à des endroits spectaculaires (une arène, le film se déroule par partie en Italie). Le film est en quelque sorte un James Bond rigolo (nous sommes censés être dans le milieu de l'espionnage). 

Il cadre et filme les chaussures en très gros plans. Les angles de prises de vues pour le moins tarabiscotés. La caméra bouge tout le temps. Le montage est très coupé: les plans ne durent pas longtemps, comme pour cacher ce qui est filmé.

C'est en fait un véritable nanar, c'est-à-dire un navet sympathique.

Jean-Claude Van Damme est crédible, et bon, dans son personnage d'espions qui souffre. Mickey Rourke est ridicule avec son pantalon descendu à la limite du pénis et très homo érotique: pourquoi se met-il torse nu  jusqu'au pubis pour affronter Jean-Claude Van Damme dans l'arène? Sous-texte rigolo qui rend encore plus sympathique le nanar. Dennis Rodman est bon et nous regrettons que son personnage ne soit pas plus développé. Et son personnage ne va pas avec celui de Jean-Claude Van Damme qui est très dramatique. Alors que celui de Dennis Rodman est d’abord exubérant puis légèrement anachronique, mais c'est ce qui rend le nanar sympathique. Ce n'est pas un buddy movie car les deux acteurs sont rarement ensemble à l'écran.Il s'agit donc d'un produit hybride qui donne un résultat curieux.

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Massacre A La Tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre, 1h38, 2003) de Marcus Nispel

Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, Andrew Bryniarski, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German, Terrence Evans, Marietta Marich, Heather Kafka, 

Cette nouvelle version du film de Tobe Hooper et Kim Henkel joue à fond l'horreur frontale et maintien le potentiel de cette histoire en amplifiant la contribution de chaque département artistique:  décors, costumes, maquillages, effets et trucages, photographie et montage. Tout est crasse, poisseux, délabré: le film bénéficie d'un gros travail sur les décors, maquillages et costumes.

Le ton n'est pas à la prise sur le vif façon reportage, mais le résultat garde son impact. Le film contient quelques coquetteries de mise en scène (un exemple: le traveling arrière à travers le crane du premier mort du film; ou alors le côté faux documentaire du début qui n'apporte rien - le film est un flashback qui relate des évènements du passé -).

Mais le scénario et le montage dosent bien la montée en tension dans l'horreur, en jouant bien sur les nerfs du spectateur, qui sait que cela va être horrible, mais qui a du mal à deviner quand est ce que cela va arriver. Et cela finit par arriver. Et ceci malgré les conventions invraisemblables du genre: le groupe de jeunes se sépare en petits groupes; ils prennent des chemins improbables dans la forêt; ils ou elles rentrent dans un truc (un bâtiment, une pièce) sombre, sans lumière, où personne de normalement constitué ne mettrait les pieds; plutôt que de partir en courant ils ou elles insistent et restent, même devant de premiers symptômes manifestes qu'il se passe des choses bizarres. Bref, ce n'est pas grave, car l'ensemble fonctionne et colle le spectateur dans son fauteuil.

La trop rare Jessica Biel est aussi un composant important du film. Tous les autres finissant pas être tués, dépecés et/ou découpés.

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Police (1h53, 1985) de Maurice Pialat

Avec Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Pascale Rocard, Sandrine Bonnaire, Franck Karoui, Jonathan Leïna, Jacques Mathou, Bernard Fuzellie, Bentahar Meaachou, Yann Dedet, Mohamed Ayari, Abdel Kader Touati, Jamil Bouarada, Bechir Idani.

 Le film policier à la sauce Maurice Pialat?  Le film contient beaucoup de scènes de commissariat. Et beaucoup d’interrogatoires. Le film tourne autour de Gérard Depardieu, son travail de flic, sa relation particulière avec le milieu, sa vie personnelle, désertique sur le plan sentimental, qui tourne forcément autour de sa vie de flic. Avec Sophie Marceau (coiffure affreuse) dont il s'amourache, qui est une manipulatrice au sein d'un monde de trafiquants de drogue. Son personnage ne suscite aucune empathie. C'est plus le personnage de Gérard Depardieu qui est le centre du film; que le spectateur a du mal à cerner, qui finalement à l'air perdu, ce qui le rend intéressant. Et à ce titre, le film peut aussi être vu comme une histoire sentimentale.

Le film s’en sort par son ton original, qui peut faire penser à du documentaire, mais qui n'en est pas, tout en donnant l'impression que cela en est. Les différents interrogatoires sont passionnants à suivre.

Le film ne contient pas de musique, ce qui donne un poids et une densité aux images. La mise en scène joue beaucoup avec la profondeur de champ et donc tout ce qui se passe, à voir ou comprendre, n'est pas forcément au premier plan.

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American Nightmare 4: Les Origines (The First Purge, 1h37, 2018) de Gerard McMurray

Avec  Y'lan Noel, Lex Scott Davis, Joivan Wade, Mugga, Patch Darragh, Marisa Tomei, Luna Lauren Velez, Kristen Solis, Rotimi Paul; Mo McRae, Jermel Howard, Siya, Christian Robinson, Steve Harris, Derek Basco, D.K. Bowser.

Cette première purge montre le fondement politique que le troisième de franchise évoquait frontalement avec ses dérives. Ce n'est donc pas une surprise et cela constitue le principal défaut de ce quatrième de franchise, qui se situe donc chronologiquement avant le premier de franchise.  Afin d'enrayer le chômage et l'abondance de gens pauvres, un parti qui gagne les élections étatsuniennes (extrêmement religieux, qui prône un retour aux pères fondateurs) teste une nuit de purge sur un quartier de New York: le meurtre est accepté et toléré pendant une seule nuit, avec les gens encouragés à extérioriser leur colère. Le parti au pouvoir teste cela pour voir ce que cela donne et estimer s'il faut le généraliser à l'ensemble du pays.

Ce canevas est mélangé avec une guerre entre trafiquants de drogue et un groupe qui essaie d'aider les gens pauvres. Décidément, cette franchise maintient son niveau sur la durée. Ce film est comme chaque film de la franchise: un savant mélange d'horreur, d'actions et de poursuites, avec un arrière-plan politique et social très marqué (et peut être peu subtile il est vrai). Cela fonctionne parfaitement.

Il y a longtemps que nous n'avions pas vu Marisa Tomei. Et la distribution dans son ensemble est parfaite: Lex Scott Davi et,Y'lan Noel sont très bons, tout comme Joivan Wade. Belle distribution.

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Les Aventures De Rabbi Jacob (1h40, 1973) de Gérard Oury

Avec Louis de Funès, Suzy Delair, Henri Guybet, Marcel Dalio, Claude Giraud, Renzo Montagnani, Janet Brandt, André Falcon, Xavier Gélin, Popeck, Miou-Miou, Jacques François, Claude Piéplu.

Nous sommes ici avec un des meilleurs films de Gérard Oury, qu'il a réalisé entre La Folie Des Grandeurs, 1971 et La Carapate, 1978. Un des meilleurs de ses films avec la présence de Louis de Funès; mais il n'égale pas La Grande Vadrouille (1966) car ce dernier possède une dimension d'aventure, mais il est supérieur au Corniaud (1965). Pour quelle raison? Pour sa dimension politique qui transparait par petites touches au recoin d'une scène. Pour le numéro que fait Louis De Funès, de très haut niveau, ici entre La Folie Des Grandeurs (1971, Gérard Oury) et L'Aile Ou La Cuisse (1976, Claude Zidi).

Le film est un catalogue de séquences d'anthologie, qui possèdent chacune une empreinte visuelle qui aide à s'en rappeler: la voiture avec le bateau sur le toi; Louis De Funès et les motards à la station d'essence; l'usine de chewing-gum; la danse de Rabbi Jacob, etc. Le film est un florilège de séquences d'anthologie, avec Louis De Funès en bourgeois rempli de préjugés comme il sait bien les peindre.

La musique de Vladimir Cosma est un composant important. Ainsi que la distribution de complément qui est aussi stratégique: Suzy Delair est parfaite en hystérique, Henri Guibet toujours parfait et l'ensemble des autres acteurs servent parfaitement le film ou Louis De Funès: Claude Piéplu, Jacques François, Popeck, Claude Giraud,

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dimanche 8 août 2021

Dr. Folamour ou : Comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe ! (1964, 1h35) de Stanley Kubrick

Avec Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Keenan Wynn, Slim Pickens, Peter Bul, James Earl Jones, Tracy Reed, Jack Creley, Frank Berry, Robert O'Neil.

Revoir cette comédie noire est toujours particulier. L'ensemble des personnages sont fous (Sterling Hayden, Peter Sellers en Docteur Strangelove) ou débiles (George C. Scott, Keenan Wynn, Slim Pickens), sauf peut être le Group Captain Mandrake et le président des USA, tous deux interprétés par Peter Sellers.

Mais Stanley Kubrick traite tout cela avec un sérieux extrême, avec une multitude de détails et de précisions. Ce qui rend le film passionnant et bien sûr ironique. La farce fonctionne parfaitement.

Par moment ce n'est pas très fin: l'interprétation de George C. Scott est surlignée par le montage à la limite de l'exagération (il y a quelques plans de trop).

Les éléments techniques prédominent et empêchent de rentrer dans le film, ou plutôt nous en font sortir: par exemple le style reportage avec la caméra en mode reportage pendant l'attaque de la base par les troupes américaines: la bascule dans un style reportage en extérieur alors que le reste est en studio dans des bureaux jure un peu et sort le spectateur du film.

Mais l'ensemble reste jubilatoire.

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Sing Street (1h46, 2016) de John Carney

Avec Ferdia Walsh-Peelo, Kelly Thornton, Maria Doyle Kennedy, Jack Reynor, Aidan Gillen, Ian Kenn, Ben Carolan, Percy Chamburuka, Mark McKenna,  Don Wycherley, Lucy Boynton.

Film choral avec des collégiens qui montent un groupe. Le film est aussi musical dans le sens où il nous conte comment des copains d'école font de la musique en créant et essayant de faire vivre ce groupe, les Sing Street. Ce qui leur permet d'attirer les filles. Et les rend un peu plus matures et sûrs d'eux même. Car ce sont des élèves souffre-douleur des enseignants et des autres élèves au départ.

Le film mélange parfaitement l'arrière-plan familial de chacun, l'arrière-plan de l’école et le système éducatif, l'écriture des morceaux du groupe et leurs performances et leur évolution de style, mais aussi la dynamique entre les individus du groupe, les quatre musiciens, leur égérie et le videur. Le film est d'une densité rare et se déguste sans s'arrêter.

Parfait dans son genre. Tout en étant plus léger que ce qu'en aurait fait un Alan Parker (par exemple), plus subtile que ce qu'en aurait fait un Ken Loach (par exemple) et moins académique que ce qu'aurait fait Stephen Frears (par exemple).

 Sing Street

L'incorrigible (1h40, 1975) de Philippe de Broca

Avec Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold, Julien Guiomar, Charles Gérard, Daniel Ceccaldi, Capucine, Andréa Ferréol, Michel Beaune, Albert Simono, Pascale Roberts, Maria Merik, Dora Doll, Marc Dudicourt.

Philippe de Broca renoue avec Jean-Paul Belmondo après le chef-d'oeuvre Le Magnifique (1973).

Jean-Paul Belmondo excelle dans ce personnage pleutre, poltron, profiteur, doué pour l'improvisation, paumé, finalement sympathique, qui devient attachant, car il n'est finalement pas méchant et est surtout inadapté, à tout. 

Nous apprécions le clown Jean-Paul Belmondo, qui reste ici dans un cadre qui semble maitrisé par Philippe de Broca. Nous apprécions Geneviève Bujold qui dompte le fauve Jean-Paul Belmondo ainsi que tous les autres personnages. Nous apprécions Julien Guiomar qui est un maître es délires. Charles Gérard a pour une foi un personnage utile  (et n'est pas uniquement là parce qu'il est le copain de quelqu'un).

Pour compléter cela, la distribution féminine est impressionnante: outre Geneviève Bujold, il y a Capucine, Dora Doll, et Andréa Ferréol avec des personnages hors normes.

L'Incorrigible [Blu-Ray]

Troisième Étoile À Droite (Third Star, 1h32, 2015) de Hattie Dalton

Avec Tom Burke, Benedict Cumberbatch, JJ Feild, Adam Robertson, Hugh Bonneville, Rupert Frazer, Helen Griffin, Karl Johnson.

Un groupe d'amis partent en voyage initiatique avec un des leurs, en stade terminal d'un cancer. Drame et comédie sur un sujet dramatique et grave, traité avec justesse, ou en tout cas sans trop de lourdeur et d'insistance. Voyage initiatique car chacun d'eux va apprendre des choses sur lui, sur les autres et sur la vie. Le tout dans des décors naturels de la côte du pays de galles. D'ailleurs ces paysages désertiques (de l'herbe et quelques arbustes à perte de vue, et la mer) loin de toute habitation potentialisent l'introspection et les bilans. Le film arrive à interroger et faire en sorte que le spectateur se demande ce qu'il ou elle ferait en pareille circonstance. Ce qui est assez fort.

Les moments d'humour sont égrenés de manière judicieuse. Le dosage est subtil entre comédie et drame. Avec un point culminant avec la séquence de Hugh Bonneville.

La réalisatrice s'en sort, car elle ne fait pas durer. Sur les 90 minutes, seules les 15 dernières accentuent le drame et les questionnements existentiels. La durée est bien dosée. Et le film évite aussi les flashbacks  que certains auraient pu tartiner.

Troisième étoile à droite

American Gangster (2007, 2h37) de Ridley Scott

Avec Denzel Washington, Russell Crowe, Chiwetel Ejiofor, Josh Brolin, Lymari Nadal, Ted Levine, Roger Guenveur Smith, John Hawkes, RZA, Yul Vazquez, Malcolm Goodwin, Ruby Dee, Carla Gugino, Ruben Santiago-Hudson.

De la superbe matière pour Ridley Scott qui adore recréer des univers pour des superproductions. Ici la mafia de la drogue de Harlem puis New York avec un Denzel Washington qui adore interpréter ce genre de psychopathe presque sympathique.

Le scénario est dense ainsi que le film. Que ce soit sur l'industrie de la drogue, que ce soit sur la reconstitution historique, que ce soit sur l'aspect documentaire. Chacun des arcs dramatiques évolue par petits pas et ils finissent par se rejoindre: d'un côté Frank Lucas alias Denzel Washington avec son ascension progressive et sa domination du marché de la drogue; de l'autre Russell Crowe, flic intègre, qui essaie de comprendre ce qui se passe et qui constitue la première équipe de policiers antidrogue, dans un monde policier où la corruption semble la règle: Russell Crowe suscite le mépris de ses collègues policiers, car il est intègre, et il suscite la curiosité des mafieux, car il est intègre.

Belle réussite donc pour Ridley Scott, qui sait choisir ses scénarios et ses collaborateurs, ainsi que ses scénaristes: ici Steven Zaillan qui est responsable du scénario. Scénario qui embrasse la vie de famille de chacun des personnages, ainsi que leur vie professionnelle et ceci avec la richesse des détails de chacun des univers décrits qui confère la dimension de documentaire au film.

 American Gangster [Import anglais]

En Taule Mode D'Emploi (Get Hard, 1h40, 2015) de Etan Cohen

Avec Will Ferrell, Kevin Hart, Craig T. Nelson, Alison Brie, Edwina Findley, Ariana Neal, Erick Chavarria, T.I., Paul Ben-Victor, John Mayer.

Ce Will Ferrell est regardable, et constitue une bonne surprise, bien dans sa mythologie de personnages dont il a le secret. Il campe un millionnaire hautain, arrogant, raciste, tellement sur de lui qu'il en est aveugle, comme il sait si bien le faire, qui dans l'adversité va s'humaniser et s'ouvrir au monde. Ici il se retrouve condamné à faire de la prison, et en vue de se préparer au monde de la prison, il demande à son laveur de voitures noir, Kevin Hart, de l'aider à se préparer à la vie en prison... Celui-ci n'y connaissant rien, mais va quand même profiter de l'aubaine pour se faire de l'argent en s'appuyant sur les clichés du genre en devenant son coach. Et l’emmènera à rencontrer des dealers avec lesquels notre homme d'affaires sera comme un poisson dans l'eau.

Cela fonctionne, le film contenant de bonnes idées (trois scénaristes crédités plus histoire d'Adam McKay): ses employés de maisons latinos qui deviennent des tortionnaires, la famille de sa femme (en épouse insupportable) et le père (Craig T. Nelson en caricature de l'homme d'affaires qui s'est fait tout seuil) son bien croqués, les rencontres avec le cousin vrai dealer, le coaching pour s'habituer à l'homosexualité, toutes les scènes en prologue lorsqu'il est encore maitre du monde, car il gagne des millions de dollars. 

Pour tout amateur de Will Ferrell donc.

 En Taule : Mode d'Emploi

Les Rivières Pourpre (2000) de Mathieu Kassovitz.

Avec Jean Reno, Vincent Cassel, Nadia Farès, Dominique Sanda, Karim Belkhadra, Jean-Pierre Cassel, Didier Flamand, François Levantal, Francine Bergé, Philippe Nahon, Laurent Lafitte

Une superproduction française des années 2000 agrégeant des éléments très tendances à l'époque de sa conception: le tueur en série (le film de tueur en série est un sous-genre du film policier), la star Jean Réno, le jeune acteur qui monte Vincent Cassel. l'occultisme et l'ésotérisme, le sujet avec l'eugénisme, une enquête policière avec collecte des indices (ici menée par un policier fatigué et qui travaille à l'instinct), un metteur en scène talentueux, Mathieu Kassovitz (entre Assassin(s), 1997, et Gothika, 2003), le gore et l'horrible avec meurtres abjects. Auquel nous pouvons ajouter le roman original.

Pour un résultat qui reste une réussite dans le genre, équilibré dans ses arcs dramatiques, le film prenant son temps avant de faire rencontrer les deux policiers, Jean Réno et Vincent Cassel. La distribution est d'ailleurs superbe. Le personnage de Nadia Farès et son interprétation crèvent l'écran lors de ses quelques apparitions. L'interprétation de Jean Réno arrive à rendre son personnage émouvant par moment. Sans parler de la distribution complémentaire, avec des acteurs marquants (Dominique Sanda, Jean-Pierre Cassel, Phlippe Nahon, Laurent Lafitte).

Dommage qu'une franchise n'ait pas pu naître avec ces personnages; au moins avec celui de Jean Réno.

Les Rivières pourpres [Blu-Ray]

N'Oublie Jamais (The Notebook, 2h03, 2004) de Nick Cassavetes

Avec Ryan Gosling, Rachel McAdams, James Garner, Gena Rowlands, Sam Shepard, Joan Allen.

Ils s'aiment (Ryan Gosling, Rachel McAdams), mais sont de milieux sociaux différents. Ils s'éloignent, il l'attend, elle va se marier. C'est un patron de scénario utilisé des dizaines de fois. Ici, à la fin ils sont dans la même maison de retraite: le film est un retour en arrière où nous ne comprenons pas qui sont les personnes âgées du début, dont une est atteinte de pertes de mémoire (James Garner et Gena Rowlands). Avec des variations qui nourrissent le drame:  la maman de Rachel McAdams, méchante (Joan Allen), qui lui cache les lettres d'amour de Ryan Gosling lorsqu'elle parti faire ses études et la laissé dans son usine; puis nous comprenons que Joan Allen a eu une histoire similaire...

Que retenir? Ryan Gosling fait huître, mais à l'air d'y croire ; Rachel McAdams, son personnage, est insupportable, car elle ne sait pas ce qu'elle veut; la reconstitution historique est de qualité (c'est le minimum); les différences de classe dans cette Amérique profonde sont bien pointées.

Curieusement, le film fait daté, vieux. L'histoire se déroule dans les années trente. Mais il n'est pas post-moderne et raconte une histoire à l'ancienne, avec les clichés qui vont bien et enfilés comme des perles, que plus personne n'ose, mais que Nick Cassavetes a osés en 2004. Ce n'est pas déshonorant, mais ce n'est plus possible dans cette décennie.

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Snowden (2016, 2h14) de Oliver Stone

Avec Melissa Leo, Zachary Quinto, Joseph Gordon-Levitt, Nicolas Cage, Jaymes Butler, Robert Firth, Scott Eastwood, Timothy Olyphant.

Sur le sujet, le film peut être vu comme un film d'espionnage. C'est l'histoire d'Edward Snowden, qui travaille pour les services secrets à partir des réseaux sociaux et du numérique. C'est son histoire et sa carrière au sein des services secrets états-uniens, ses croyances et prises de conscience, jusqu'à devenir un lanceur d'alerte sur ce qu'est capable de faire le gouvernement américain.

C'est bien un sujet pour Oliver Stone. Très didactique et explicatif, c'est-à-dire riche d'une multitude de détails et complètement à charge de ce qu'est capable de faire l'état américain. Même si de prime abord le personnage d'Edward Snowden n'intéresse pas, le scénario est passionnant et le film se suit comme un thriller par un habile montage de retours en arrière: tout le film est un flash-back à partir de la séquence où Edward Snowden donne ses informations à des journalistes anglais, dans un processus qui n'est pas simple avant d'arriver à la publication dans un journal anglais.

Olivier Stone n'est pas connu pour la subtilité de ses films. Cela n'a toujours pas changé. Tout est à charge et le bulldozer dramatique fonctionne parfaitement. Le bon côté du film est sur le sujet et la dénonciation que veut faire Oliver Stone; car le personnage de Snowden lui-même n'est pas particulièrement sympathique ni attachant.

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La Diligence Vers L'Ouest (Stagecoach, 1h55, 1966) de Gordon Douglas

Avec Ann-Margret, Red Buttons, Mike Connors, Alex Cord, Bing Crosby, Robert Cummings, Van Heflin, Slim Pickens,  Stefanie Powers, Keenan Wynn.

Le film contient une excellente séquence d'ouverture, sans aucun dialogue, probablement mise en scène par le réalisateur de seconde équipe, Ray Kellogg, avec de vraies idées de mises en scène. C'est un prologue où des Indiens attaquent et tuent des Tuniques Bleues.

Le film regroupe sous divers prétexte (fuir les indiens, fuir avec de l'argent volé, fuir car on est rejeté - prostituée, joueur professionnel -, mais aussi tenter de rejoindre son mari). Cela provoque un agrégat dans une diligence (celle du titre) qui transporte ces différentes personnes. Un tel microcosme est propice aux développements dramatiques. Ce groupe de personnes prend la même diligence, chacun avec ses raisons donc, mais aussi chacun ayant des origines sociales différentes, mais ils devront cohabiter pour fuir voire affronter des Indiens sur le sentier de la guerre.

Les personnages sont très typés: le médecin alcoolique (Bing Crosby, qui en fait des tonnes), Mike Connors en as de la gâchette et joueur professionnel qui joue le gentleman avec Stefanie Powers la femme parfaite de son mari militaire, mais aussi Ann-Margret la prostituée, pas forcément au grand coeur, et Red Buttons en hors-la-loi par vengeance, mais héros potentiel, et aussi le banquier voleur qui part avec l'argent de la banque qui possède tout les défauts (égoïste, menteur, raciste, misogyne, etc.).

Bref, ce film est la refabrication d'un film de John Ford, mais c'est anecdotique; il s'agit d'un bon scénario et une bonne histoire, parfaitement adaptés pour des drames multiples. Et cela fonctionne.

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Raid Sur Entebbe (Raid on Entebbe, 2h25, 1976) de Irvin Kershner

Avec Peter Finch, Charles Bronson, Yaphet Kotto, Martin Balsam, Horst Buchholz, John Saxon, Jack Warden, Sylvia Sidney, Robert Loggia, Eddie Constantine, Tige Andrews.

Irvin Kirshner dirige ce téléfilm. Le sujet est le détournement d'un avion par des terroristes qui séquestrent ensuite les juifs uniquement sur l'aéroport d'Entebbe (Ouganda). Les terroristes sont des membres du Front populaire de libération de la Palestine et des Cellules révolutionnaires constituées d'Allemands (Horst Buchholz dans un rôle fiévreux). La mise en scène d'Irvin Kershner est en permanence didactique au service du scénario.

Le film raconte le détournement et la séquestration des juifs de ce vol à Entebbe (les autres sont libérés), avec en parallèle la gestion du sujet par la  diplomatie et le cabinet israélien, les autres états ne voulant pas intervenir. L'état israélien décidant finalement d'intervenir militairement.

Les éléments les plus intéressants sont les scènes au cabinet du Premier ministre israélien (interprété par Peter Finch) avec les gesticulations diplomatiques et le processus de décision d'un état. Ainsi que les scènes de Yaphet Kotto dans le rôle impressionnant du maréchal autoproclamé et président à vie Idi Amin.

Le film est un peu longuet (c'est un format de téléfilm haut de gamme). Il sait par contre parfaitement gérer la multitude de personnages.

Nous nous demandons ce que vient faire Charles Bronson, qui est insignifiant, comme acteur et comme personnage. Peut-être pour donner une caution "action", alors que l'assaut des militaires n'a rien de spectaculaire.

Raid sur entebbe

Un Monde Parfait (A Perfect World, 2h18, 1993) de Clint Eastwood

Avec Kevin Costner, Clint Eastwood, Laura Dern, T.J. Lowther, Leo Burmester, Keith Szarabajka, Bradley Whitford, Ray McKinnon, Jennifer Griffin, 

Un des chefs-d'oeuvre de Clint Eastwood. Et le meilleur rôle de Kevin Costner.

Le scénario est implacable, car il aménage des scènes à la fois sympathiques avec un sous-texte de tension permanente. Où le personnage de  Kevin Costner, tueur par accident, se révèle au détour de quelques scènes posséder une noirceur (il enlève un enfant, ses accès de violence, dont la séquence phénoménale avec la famille du fermier dans le champ de maïs) mais aussi un potentiel de sympathie, car il n'est pas méchant avec l'enfant, l'aide à s'ouvrir au monde.

La richesse du road movie est aussi dans les personnages de cette Amérique profonde rencontrée, qui permettent de caractériser le personnage de Kevin Costner, de faire progresser le jeune garçon, et aussi de rencontrer des populations de gens simples: un fermier et sa famille, une famille type en voiture 

Et le grand sujet du film est donc la maltraitance des enfants: la mère par ses croyances au début du film maltraite son fils, puis le collègue de Costner, plus les gens rencontrés: le fermier, la famille en voiture. Avec cette séquence incroyable avec la famille du fermier qui les héberge, séquence inédite dans l'ensemble du cinéma étatsunien.

Le film dénonce aussi le machisme de cette époque avec le personnage de Laura Dern, qui semble être le seul personnage subtil et possédant une intelligence.

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Guns Akimbo (2018, 1h38) de Jason Lei Howden

Avec Daniel Radcliffe, Samara Weaving, Ned Dennehy, Natasha Liu Bordizzo, Grant Bowler, Edwin Wright, Milo Cawthorne, Mark Rowley, Racheal Ofori, Set Sjöstrand.

Ce spécialiste des effets visuels signe un film où la texture principale est constituée par les accessoires, les costumes et les décors. Nous sentons une volonté de renouveler le genre, le film d'action déjanté, en exploitant la culture du jeu vidéo, des réseaux sociaux et les jeux d'évasion grandeur nature.

Une personne insignifiante greffée à ses ordinateurs se retrouve dans un jeu grandeur nature avec des pistolets greffés à ses mains, avec lesquels il doit tuer quelqu'un, qui cherche aussi en retour à le tuer (Samara Weaving, qui sort du lot de l'ensemble de la distribution). Tout ceci dans un futur dystopique où il faut divertir la population; mais où il n'y a pas une dictature établie, mais la culture du jeu est la dictature avec ces gladiateurs qui s'entretuent dans la rue, filmés en temps réel par de multiples caméras.

Le réalisateur prend son temps pour raconter l'histoire et n'enchaine pas les séquences d'actions: notre "héros" a une petite amie qu'il doit libérer. Son opposante dispose aussi d'une histoire traumatique.

Le film ne manque pas d'idée et le réalisateur s'amuse bien avec la caméra. Le film aurait peut-être besoin d'être resserré, les 98 minutes paraissant par moment un peu longues (et pour le coup manque de dynamique pendant la première moitié). Mais l'ensemble maintient la curiosité jusqu'au bout. Daniel Radcliffe jouant parfaitement la victime.

Guns Akimbo

Légitime Violence (1982) de Serge Leroy

Avec  Claude Brasseur, Véronique Genest, Thierry Lhermitte, Roger Planchon, Michel Aumont, Plastic Bertrand, Pierre Michaël, Francis Lemarque, Christopher Lambert, Valérie Kaprisky.

Polar finalement pas si teigneux et pas si favorable à l'autodéfense. Claude Brasseur aimerait faire quelque chose pour retrouver les meurtriers de sa famille, car il se rend bien compte que la police ne progresse pas (ou ne veut pas progresser nous comprenons). Mais il ne va pas lui-même prendre les armes. La police ne semble pas mener l'enquête et il se tourne vers un groupe qui en a assez des crimes impunis. C'est plus le groupe d'autodéfense, parfaitement dirigé et par Roger Planchon, bien délirant dans son interprétation, qui porte le sujet.

Claude Brasseur s'entichant finalement de la soeur d'un des criminels, Véronique Genest. 

Curieusement, ce film d'hommes est intéressant sur les relations ambiguës des hommes aux femmes. Thierry Lhermitte, frère de Véronique Genest, semble posséder pour elle un amour un peu trop fort; le frère tenant une boîte de nuit pour travestis. Claude Brasseur, dans une démarche de vengeance, n'est pas insensible à Véronique Genest, la seule qui sait qui sont les tueurs de sa famille et qui est donc complice. Et Roger Planchon dont les scènes avec sa "nièce" sont très équivoques (la nièce étant interprétée par Valérie Kaprisky avec une certaine sensualité ).

Le commissaire de police torve, signé Michel Aumont, contribue lui aussi à donner de la texture au film avec une dimension politique à l'ensemble.

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Grand Torino (2008, 1h56) de Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Christopher Carley, Bee Vang, Ahney Her, Brian Haley, Geraldine Hughes, Dreama Walker, Brian Howe, John Carroll Lynch, William Hill, Brooke Chia Thao.

La veine vieux bougon de Clint Eastwood produit ce film. Où cette fois-ci les éléments de drame sont supérieurs (plus nombreux, plus dramatiques) que les éléments de comédie (présents, mais uniquement avec parcimonie et pour caractériser le personnage). Et donc beaucoup plus noir. Cette noirceur peut même faire penser à un film politique: communautarismes, racismes bien sûr, insécurités, relations familiales très difficiles. Sans parler du rôle de l'église... Les quelques scènes avec les enfants sont aussi bien écrites, brutes, sans être subtiles.

Clint Eastwood interprète un personnage peu sympathique, vétéran de guerre, associai, mais qui a certaines qualités, qui le conduiront au suicide, pour une rédemption joyeuse.

Scénario dense et riche donc: Clint Eastwood refera appel à Nick Schenk pour The Mule (2018) et pour Cry Macho (2021).


Gran Torino [Blu-Ray]

 


American Nightmare 3: Elections (The Purge: Election Year, 2016, 1h48) de James DeMonaco

Avec  Frank Grillo, Elizabeth Mitchell, Mykelti Williamson, Joseph Julian Soria, Betty Gabriel, Terry Serpico, Edwin Hodge, Kyle Secor, Barry Nolan, Liza Colón-Zayas, Ethan Phillips, Adam Cantor.

Nous retrouvons le personnage de Frank Grillo (American Nighmare 2), qui est maintenant garde du corps d'un candidat à l'élection présidentielle, qui veut supprimer la purge. Ce qui ne plait pas à différentes personnes, aux nantis et à son concurrent et opposant pour l'élection présidentielle. Et son opposant profite de la purge pour essayer de tuer sa concurrente (belles séquences délirantes dans l'église à la fin). Le film montre les riches comme des sectaires intégristes et possédés, fous et irresponsables.

L'arc dramatique suit Frank Grillo et la candidate dans sa fuite en avant pour éviter ceux qui veulent la  tuer. Ils rencontreront en cours de route un groupe qui s'est constitué, puis de résistants.

Le tout dans un univers de violence qui confère à cette franchise un niveau certain dans la tension, le suspense et l'horrible. Franchise qui maintient son haut niveau de qualité avec ce troisième de franchise.

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Ça Va Cogner (Any Which Way You Can, 1h56, 1980) de Buddy Van Horne

Avec Clint Eastwood, Sondra Locke, Geoffrey Lewis, William Smith, Harry Guardino, Ruth Gordon, Michael Cavanaugh, Barry Corbin, Roy Jenson, Bill McKinney, William O'Connell, John Quade, Al Ruscio.

Cette production Malpaso, pour la famille, ou en tout cas commerciale, est un bijou dans son genre. De quel genre s'agit-il? Du film avec Clint Eastwood, et du film Malpaso, tendance comédie. Le genre le moins noble, la comédie, mais qui est néanmoins très difficile à réussir.

Notre acteur principal est bien sur un pilier. Mais outre Clint Eastwood dans un rôle conventionnel (et déjà vu avant dans Doux Dur et Dingue, 1978) ce sont ceux qui l'entourent qui font l’intérêt du film: Sondra Locke (elle dégage un certain magnétisme),  Clyde l'Orang-Outang (pour l'humour, pas très fin, mais qui fonctionne), Geoffrey Lewis (le second couteau solide), William Smith (l'ennemi qui n'en est pas un; bonne idée du scénario de faire annuler le combat, puis de le faire débuter sans public), ou alors l'ensemble des bikers Black Widow (qui procurent beaucoup d'humour)...

L'humour est en général réussi. Sans être très fin, mais cet il est adapté.

Le film fait partie du sous-genre du combat à mains nues, de rue, réalisé par des gens simples, qui font ça pour l'argent, mais organisés et conduits par des riches. Dans la version pour la famille, traité en comédie, celui-ci est une réussite.

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American Nightmare 2: anarchy (The Purge: Anarchy, 1h43, 2014) de James DeMonaco

Avec Frank Grillo, Carmen Ejogo, Zach Gilford, Kiele Sanchez, Zoë Soul, Justina Machado, John Beasley, Jack Conley, Noel Gugliemi, Castulo Guerra, Michael Kenneth Williams, Edwin Hodge, LaKeith Stanfield.

Le premier épisode nous montrait une famille aisée assiégée et agressée pendant la purge annuelle. Cette suite se concentre sur ce qui se passe dans la rue, en suivant des individus qui à un moment donné deviennent un groupe.

Le film est plus sombre, plus violent et plus politique (que le premier de franchise). Avec en ligne de mire le fait que la purge diminue le chômage, en tuant les pauvres. Mais aussi que le gouvernement en profite pour tuer plus de monde et paie des tueurs pour cela, en tuant des gens dans la rue au hasard. Et le film montre aussi que les nantis kidnappent des pauvres dans la séquence où les pauvres servent de gibier pour le défoulement des riches.

Le film est donc plus fort et explore le concept, dans ses dimensions politique et sociétale, mais aussi du point de vue des individus: le collègue qui profite de la purge, les règlements de compte au sein d'une famille, les clients éconduits qui reviennent se venger. Etc.

La progression est parfaite et le film dense. Le petit groupe se retrouve dirigé par Franck Grillo, en mâle dominant (à l'insu de son plein gré: ce sont les autres qui le suivent) qui doit aller tuer quelqu'un pour se venger, mais qui est sensible et a de l'empathie pour certaines personnes.

C'est très violent et noir, mais cela fonctionne parfaitement.

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Le Maître De Guerre (Heartbreak Ridge, 2h10, 1986) de Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Marsha Mason, Everett McGill, Moses Gunn, Eileen Heckart, Mario Van Peebles, Arlen Dean Snyder, Bo Svenson.

Clint Eastwood inaugurait en quelque sort sa veine "vieux bougon au grand coeur"? Dont les jalons sont ce Maitre de Guerre, Grand Torino (2008), La Mule (2018). Et sûrement d'autres, car il est vrai que beaucoup d'autres films possèdent des caractéristiques similaires, mais ces trois sont caractéristiques. Bougon, inapte à la vie de famille (et fâché avec sa famille), remplie de préjugés, mais qui se révèlera avec certaines qualités; caractéristiques qui permettent de raconter une histoire avec la carcasse vieillissante ou vieille de Clint Eastwood.

Cette production Malpaso est donc taillée pour Clint Eastwood. Première partie, prologue, nous le découvrons en prison et saoul, puis il prend son nouveau poste et doit remettre en forme le peloton d'éclaireurs: préparation et entrainement, confrontation avec la hiérarchie (Everett McGill, très bon). Il finit par avoir une reconnaissance de ses soldats. Puis le film se termine par une vraie intervention militaire, légère, mais réelle.

Le film est jubilatoire grâce à ses dialogues vulgaires et très amusants: beau travail de James Carabatsos (avec des contributions de Dennis Hackin et Joseph Stinson). Le film est bien sûr dans l'affrontement entre le sergent Highway et ses jeunes soldats: choc des générations avec une préoccupation très professionnelle pour le sergent Highway qui doit les former. Et aussi dans l'affrontement avec se hiérarchie (une constante de beaucoup de films). Ne pas négliger dans l'intérêt que suscite le film, la relation avec son ex-femme est aussi bien écrite et empreinte d'un réalisme certain.

Le Maître de Guerre [Blu-Ray]

mercredi 4 août 2021

Le Dernier Des Géants (The Shootist, 1h40, 1976) de Don Siegel

Avec John Wayne, Lauren Bacall, Ron Howard, James Stewart,  Scatman Crothers, Richard Boone, Hugh O'Brian, Bill McKinney, Harry Morgan, John Carradine, Sheree North, Rick Lenz.

Don Siegel met en scène et dirige le dernier film et le dernier western de John Wayne, qui interprète ici une vielle légende de l'ouest, as de la gâchette, que tout le monde connait, en phase terminale de son cancer qui organise son assassinat (alors que John Wayne était en rémission de son propre cancer à la ville)... Il s'agit donc d'un film au contexte très lourd.

La distribution autour de John Wayne est superbe: Lauren Bacall (qui loue des chambres et qui héberge John Wayne pour ses derniers jours), James Stewart (dans le rôle du médecin qui annonce la mauvaise nouvelle), Richard Boone (en méchant, faiblement caractérisé; il est méchant car on nous dit qu'il l'est), Scatman Crothers (avant qu'il ne reçoive un coup de hache de Jack Torrance) et Ron Howard (dans le rôle du fils de Lauren Bacall). Tous parfaits dans leur complément autour de la star.

Les scènes entre John Wayne et Lauren Bacall sont subtilement écrites. Et au total le film est bien écrit (le défaut est la caractérisation des méchants, qui sont énoncés comme tels, mais le film se concentre surtout sur la relation avec Laurent Bacall et avec son fils). Ce qui fait que ce western urbain et automnal fonctionne, reste visionnable et ne manque pas de panache.

Le Dernier des géants Collector [Édition Collection Silver Blu-Ray + DVD]

mardi 3 août 2021

Une Affaire De Détails (The Little Things, 2h08, 2021) de John Lee Hancock

Avec Denzel Washington, Rami Malek, Jared Leto, Chris Bauer, Michael Hyatt, Terry Kinney, Natalie Morales, Isabel Arraiza, Joris Jarsk, Glenn Morshower, Sofia Vassilieva.

John Lee Hancock continue son chemin dans le cinéma états-unien. Et reste intéressant, car ses films sont toujours remplis de qualités. Nous lui devons deux films majeurs de Clint Eastwood: scénariste d'Un Monde Parfait (1993, et accessoirement un des meilleurs films de Kevin Costner) et de Minuit Dans Le Jardin Du Bien Et Du Mal (1997). Et lui même reste toujours un réalisateur intéressant: par exemple son Alamo (2004) n'est pas déshonorant, ou The Highwaymen (2019) est très recommandable.

Ici il se confronte à un sous-genre du film policier, le film de tueur en série, ici vite présumé identifié, mais toujours dans l’ambiguïté, y compris à la fin ou le film laisse ouverte beaucoup de portes.

Le film est très bon, grâce à diverses ambiguïtés, et ceci pour chacun des personnages: Denzel Washington, Rami Malek ou Jared Leto. A ce titre, le seul défaut du film est le personnage (ou l'interprétation) de Rami Malek, qui bascule dans le dernier quart du film et se laisse manipuler au point d'enfreindre les procédures de la police, ce qui parait peu crédible à la vue de tout ce que le personnage a fait en préalable.

Sinon, Denzel Washington excelle dans ces rôles de monsieur tout le monde, avec beaucoup de traumas que des séances de psychologues aideraient à faire passer, mais qui n'auront jamais lieu. Jared Leto compose encore et avec brio un personnage hors norme avec une transformation physique qui rend l'acteur méconnaissable.

Une affaire de détails Poster

Ip Man 3 (Yip Man 3, 1h45, 2015) de Wilson Yip

Avec Donnie Yen, Lynn Xiong, Jin Zhang, Mike Tyson, Patrick Tam, Karena Ng, Louis Cheung, Kent Cheng, Ka-Yan Leung, Danny Kwok-Kwan Chan, Babyjohn Choi.

Le pauvre Ip Man, maitre du wing chun, qui a formé Bruce Lee, est la vache à lait des scénaristes pour un sous-genre du film de Kung-Fu: le film de Ip Man.

Ici, il n'y a pas de surprise. L'interprétation et la direction d'acteur manquent de subtilité. Comme à chaque fois. Il doit y avoir une explication rationnelle. Est-ce le manque de subtilité de Wilson Yip? Probablement pas, car cela ne semble pas dépendre du réalisateur. Le sourire permanent de benêt de Donnie Yen est crispant et fait penser un temps à un sketch du SNL. Mais non. Heureusement il perd son sourire, car sa femme se retrouve avec un cancer (belle performance fonctionnelle de Lynn Xiong, toujours aussi charmante). Jin Zhang est plus crédible au niveau de l'interprétation, et tout aussi doué au niveau du wing chun (sa contribution aux combats est de bon aloi).

Néanmoins les combats sont bien là, à intervalles réguliers et très violents: la narration est uniquement structurée autour de ceux-ci, les scénaristes devant imaginer des transitions qui conduisent à ces combats tout en complétant les personnages. En particulier pour notre Ip Man, alias Donnie Yen, un arc dramatique avec sa femme, atteinte d'un cancer qui ne peut être soigné. Trois scénaristes sont crédités, cela laisse dubitatif...

Néanmoins, pour la castagne, le film répond à son cahier des charges et les combats sont divertissants, secs et teigneux.

Ip Man 3 Poster

lundi 2 août 2021

Bronco Apache (Apache, 1h31, 1954) de Robert Aldrich

Avec Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner, Paul Guilfoyle, Ian MacDonald, Walter Sande, Morris Ankrum, Monte Blue.

Superbe western, qui prend le point de vue de l'indien Massaï, camarade de Géronimo, qui refuse de se rendre et d'être parqué. Burt Lancaster interprète Massaï, de manière électrique: il bouge, il saute, il court, il frappe, avec une débauche d'énergie impressionnante.

Le film va à l’essentiel: pas de plan de coupe avec des paysages. Tout va très vite. Sa reddition forcée, son transport vers la réserve et son évasion, sa rencontre avec l'indien qui vit comme les blancs (belle séquence), son retour, sa nouvelle capture, sa nouvelle évasion et son entrée en rébellion: il part seul, mais une squaw le suit (Jean Peters dans une performance très physique: est elle battue, attachée, trainée par terre par Massaï) et fonde un foyer puis devient agriculteur, puis l'armée le retrouve.

Pour se terminer, pas dans le drame comme nous l'imaginions, mais par le transfert vers l'enfant  de Massaï qui vient de naitre. Très belle séquence finale, qui parait peu vraisemblable, mais qui contente le spectateur. Le tout en 90 minutes, sans mousse inutile, tout s'enchainant très vite pour la jubilation du spectateur.

Sachant que la même année Robert Aldrich réalisait un autre chef-d'oeuvre, Vera Cruz (1954). Quelle année!

Bronco Apache [Édition Spéciale Combo Blu-Ray + DVD]

dimanche 1 août 2021

Kalidor - La Légende Du Talisman (Red Sonja, 1h29, 1985) de Richard Fleischer

Avec Arnold Schwarzenegger, Brigitte Nielsen, Sandahl Bergman, Paul L. Smith, Ernie Reyes Jr., Ronald Lacey, Pat Roach, Terry Richards, Janet Agren, Donna Osterbuhr.

Kalidor, le film, c'est Brigite Nielsen (Red Sonja, le titre original), une découverte de Dino De Laurentis, qui interprète une guerrière qui cherche à se venger: sa sœur a été victime de la méchante Sandahl Bergman, parfaite et ambiguë comme il se doit. Elle croise sur son chemin Kalidor, Arnold Schwartzenneger, qui l'aide dans sa quête, dans un rôle secondaire (bien qu'il apparaisse en gros sur l'affiche). Brigitte Nielsen possède un physique intéressant, mais son interprétation est limitée.

Le film est rythmé par des séquences d'action, assez réussies, signées Vic Armstrong.

Les éléments que nous retenons du film sont ses décors et costumes, relativement délirants et impressionnants. Ces décors conduisent à des éléments spectaculaires. Et l'autre élément que nous retenons est le duo comique constitué de l'enfant roi et de son subalterne qui veille sur lui: Ernie Reyes Jr et Paul L. Smith dans un duo comique, et dramatique, réussi.

Tout cela n'est qu'un prétexte (rebondir sur l'heroic fantasy, exploiter la popularité d'Arnold Schwartzenegger, qui était entre Terminator - 1984 - et Commando - 1985 -), mais mis en œuvre par des pointures dans les départements techniques: mise en scène (Richard Fleischer), photographie (Giuseppe Rotunno), décors (Danilo Donati, présent sur beaucoup de film de Federico Fellini), musique (Ennio Morricone). Ce qui sauve le film au final et le sauve du "sans intérêt".

Kalidor - Blu-Ray de Richard Fleischer