samedi 19 juin 2021

Vanguard (1h47, 2020) de Stanley Tong

Avec Jackie Chan, Yang Yang, Lun Ai, Miya Muqi, Ruohan Xu, Jackson Lou, Eyad Hourani, Zhengting Zhu, Jianping Yang.

Le film est vendu comme "un" Jackie Chan, avec son nom en premier, mais il n'a qu'un second rôle, se contentant dorénavant de faire faire le spectaculaire à de jeunes acteurs. Le film est tout à la fois ridicule et spectaculaire. Jackie Chan est maintenant un vieillard bouffi qui repose sur de jeunes acteurs pour les séquences d'actions, mais cela fonctionne, car le style des combats est bien celui de Jackie Chan, mélangeant humour, utilisation des accessoires et destruction des décors, pour les séquences intimes, et grosses poursuites et cascades avec beaucoup de technologies et véhicules pour les séquences en plein air (avec appui du CGI porn). Comme d'habitude, nous voyageons beaucoup (Londres, Afrique, Moyen-Orient).

Le côté ridicule est la mise en avant des Chinois et de leur philosophie, se posant en donneur de leçons.
L'aspect ridicule est aussi dû à un amoncellement de clichés, de bien-pensants et de plans de cartes postales.
L'humour lors des combats et des séquences d'action fonctionne toujours bien et est bienvenu. Les séquences d'action son entrecoupées d'une intrigue dont ont se moque. Mais aussi d'intermèdes remplis de bons sentiments et de mièvreries (cf. les clichés et cartes postales évoquées)

Le CGI porn est limité: beaucoup de plans font dessin animé et pointent le manque de moyens du film (il est vrai que pour le visualiser sur ordiphone ou tablette, cele est suffisant).
 
Bonne idée de franchise par contre, qui peut être déclinée indéfiniment. "Vanguard" est une entreprise privée de sécurité qui défend les gens "importants", c'est à dire riches. Tout un programme, à l'image de la médiocrité politique du film.

Vanguard Poster

Echec A Borgia (Prince Of Foxes, 1h47, 1949) de Henry King

Avec Tyrone Power, Orson Welles, Wanda Hendrix, Marina Berti, Everett Sloane, Katina Paxinou, Felix Aylmer.

Au début du XVIème siècle, les aventures d'un capitaine de Cesar Borgia qui est envoyé pour espionner un duché qu'il convoite (c'est l'époque des guerres entre duchés). Le capitaine est interprété par Tyrone Power, qui d’abord sert son prince, Orson Welles en Cesar Borgia, puis se retournera contre lui. Orson Welles se délecte de son personnage, charmeur, calculateur, perfide, cruel, machiavélique. Tyrone Power joue le personnage qui s'avère avoir une certaine moralité et sensibilité envers la faussement diaphane Wanda Hendrix (visage d'ange, mais volonté de fer). Ce qui contrariera Orson Welles qui en sera d'autant plus intraitable. Cela est d'ailleurs une des qualités du scénario et de l'interprétation de Tyrone Power: il est avec le méchant Orson Welles pendant la première moitié du film, alors que la duplicité de Cesar Borgia est vite établie, et le spectateur est un peu surpris de voir le gentil Tyrone Power avec le méchant. Mais il évoluera, comme tout bon personnage.

Le scénario est passionnant et le film, malgré son noir et blanc, est superbe, avec des décors naturels (le film a été tourné en Italie) ou des lieux réels pour des intérieurs fastueux ou impressionnants. Il faut reconnaître que nous nous sommes lancés dans le film un peu dubitatif, mais il ne lâche plus le spectateur jusqu'à la fin. Un classicisme certain qui reste passionnant.

Les normes d'habillement des hommes à cette époque, pour les nantis, étaient des shorts et des collants.Très particulier...

 Echec à Borgia [Blu-Ray]

mercredi 9 juin 2021

Drunk (Druk, 1h57, 2020) de Thomas Vinterberg

Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Helene Reingaard Neumann, Susse Wold, Magnus Sjørup.

Le postulat du film est intéressant. Des enseignants dans un lycée décident de vivre avec 0,5 gramme dans le sang (au début, puis certains augmentent la dose). Cela semble apporter des bénéfices: Mads Mikkelsen qui est dépressif (problème avec sa femme, problème avec son job de professeur d'histoire), s'en trouve revigoré et reprend de l'appétit à enseigner. Cela a aussi des effets positifs sur trois de ses collègues.

Puis les doses augmentent, d’abord un gramme pour Mads Mikkelsen. Ses collègues aussi. Bien sûr les choses doivent arrêter, car  la communauté éducative s'en rend compte (et c'est mal vu), mais un des trois continue et finit par en mourir (suicide ou accident, le film n'est pas explicite, mais cela importe peu). D'ailleurs, curiosité, le seul personnage qui meurt est celui qui est célibataire, qui n'a pas de femme, et juste un chien. Les personnages féminins sont peu développés et assez caricaturaux (la femme au foyer avec ses trois enfants en bas âge, la femme adultère).

Le film passe donc d'une phase documentaire (les jeunes font des cours à l'alcool et se saoulent à en vomir), à la comédie, la comédie dramatique puis le drame.

Mads Mikkelsen est très bon. Belle performance.

Le film se termine sur la séquence du début où les jeunes bacheliers vont se saouler à en vomir. Les professeurs célébrant avec eux, confirmant quelque part leur théorie, qu'un individu qui a en permanence 0,5 gramme dans le sang est l'état optimum. 

Est-ce un film subversif?

Bande-annonce Drunk

Nomadland (1h47, 2020) de Chloé Zhao

Avec Frances McDormand, David Strathairn, et une multitude d'eux même.

La qualité du film n'est pas dans le personnage de Frances MacDormand, que nous comprenons un peu au début, mais qui reste mutique et qui décide de rester nomade. Elle a perdu son mari et son travail consécutivement à la faillite d'une entreprise et sa ville qui est devenue une ville fantôme. Elle devient nomade et arrive à survivre grâce à Amazon. En tant que nomade elle rencontre des gens comme elle. C'est là que le film devient intéressant, poignant, car les personnages qu'elle croise possèdent une histoire, sont émouvants et réellement forts. Heureusement, car son personnage devient de plus en plus énigmatique au fil de la progression de la narration, et nous intéresse beaucoup moins.

Le questionnement concerne aussi les séquences chez Amazon, qui permettent des emplois temporaires de bon aloi pour ces nomades, qui permettent de recharger les dollars et repartir sur la route ensuite.

Le plan du cinéma qui projette Avenger nous fait penser à de la drague pour travailler pour Disney. Ce qui doit être le nirvana pour tout réalisateur qui veut gagner beaucoup d'argent. 

Les plans de transitions avec la musique new-age jurent un peu (par ailleurs, belle musique de Ludovico Einaudi). À part faire durer le métrage, c'est-à-dire masquer le manque de substance, ils procurent des pauses plastiques et évoquent plus une publicité qu'autre chose. Que la pauvreté et l'aridité sont belles.

Quels sont les messages que cherche à faire passer la metteuse en scène? C'est sûrement une qualité du film: à sa fin, nous ne pouvons pas répondre.

Nous nous demandons si un documentaire, ce que n'est pas du tout ce film, n'aurait pas était plus puissant, plus juste, plus complet. Et aurait permi de developper plus les "personnages", les vrais nomades, sur lesquels nous restons sur notre faim

Nomadland Poster

samedi 5 juin 2021

Les Compagnons De La Pomponette (2015) de Jean-Pierre Mocky

Avec  Arthur Defays, Prescillia Andreani, Mickael Caeyman, Jean Abeillé, Alain Bouzigues, Guillaume Delaunay, Olivier Hémon, Françoise Michaud, Jean-Pierre Mocky, Lionel Laget, Jean Abeillé, Laurent Biras.

Jean-Pierre Mocky compose un film qui permet de dénoncer la bigoterie des religieux, le racisme de la bourgeoisie, la pédophilie dans l'église, mais aussi de prôner l'amour libre et l'échangisme pour régler les problèmes de couple, par exemple, ou comme solution pour lutter contre la pédophilie dans l'église.

Jean-Pierre Mocky, avec son savoir-faire, sans être révolutionnaire sur la forme, réalise un film bien monté, bien filmé, bien dirigé. Il manque peut-être pas moment de musique, ici signée Vladimir Cosma. Et sa grande réussite est la distribution et les acteurs, dont certains possèdent un physique pour le moins original, c'est-à-dire que l'on ne les verra jamais dans le cinéma français, hormis peut-être chez Bruno Dumont... Malgré leur physique improbable l'ensemble de la distribution fonctionne et joue bien: des acteurs aux physiques démesurés, aux phrasés iconoclastes ou alors des gens qui ressemblent à madame ou monsieur tout le monde.

Donc l'histoire ici est celle d'une bonne sœur et d'un prêtre qui sont défroqués, car ils ont une liaison. Ils décident de créer une association, Les compagnons de la Pomponnette, qui prône l'échangisme comme moyen pour apaiser la société et les gens. L'église, les nobles, et l'extrême droite voient d'un mauvais oeil cette association et font tout pour les embêter.
Le film contient quelques scènes d'anthologie comme celle du chef de la police avec son amant ou celle du policier avec sa femme toute petite et la séquence avec les masques et la danse ! Impossible de voir ça ailleurs que chez Jean-Pierre Mocky.
 
Son cinéma constitue un agréable antidote à la pensée unique du cinéma français financé par les télévisions. Ici Jean-Pierre Mocky est maître à bord à travers sa maison de production, l'écriture du scénario et la mise en scène.
Les compagnons de la pomponnette [Blu-Ray]

Le Convoi (Convoy, 1978, 1h50) de Sam Peckinpah

Avec Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young, Madge Sinclair, Franklyn Ajaye, Brian Davies, Seymour Cassel, Cassie Yates, Walter Kelley, Jackson D. Kane.

Ce film pourrait paraitre de prime abord "léger" et commercial. Mais un film de Sam Peckinpah ne peut pas être léger. Ce convoi rappelle furieusement La Horde Sauvage (1969) . Les camionneurs sont les cowboys tueurs vieillissants; ils parcourent le pays avec leur camion et sont confrontés ici à un flic qui les harcèle. Ce qui va les amener à construire un convoi de camions, toujours en fuite en avant , qui bien sûr finiras mal, et par un suicide, comme dans La Horde Sauvage, mais ici avec un épilogue positif, film commercial oblige.

Le film est bien de Sam Peckinpah. Nous y retrouvons ses acteurs fétiches. Nous y retrouvant son sens du montage avec l'utilisation de ralentis. Nous y retrouvons sa volonté de montrer des têtes, des trognes, des visages, que l'on ne voit pas habituellement. Des gens simples, pauvres, besogneux, qui ne sont pas les gagnants du capitalisme, mais qui croient en une certaine liberté. Ce sont les personnages du peuple, les gens simples, qui intéressent Sam Peckinpah. Le film lui permet de parler de racisme, et de problèmes de vie courante et d'éléments sociaux. Le scénario parle de manière plutôt efficace et concise des différents personnages, de manière simple et avec substance.
Mais aussi des politiciens pas forcément véreux, mais prêts à exploiter tous les éléments en leur faveur pour pouvoir être réélus.
Le film se révèle plus riche que ce que l'on pourrait imaginer en préalable à la vue de l'affiche et lecture du synopsis.
Le film parle de gens simples, de travailleurs dans l'Amérique profonde, qui sont harcelés par l'État c'est-à-dire par la police locale ou la police fédérale et aussi par les politiciens et les médias.

Kris Kristofferson se révèle être bon dans le rôle du personnage principal, plutôt inexpressif, qui est en fuite en avant et qui finalement ne sait pas où il va et finit par se suicider.
À noter un des délices du film: Ali MacGraw. Beau magnétisme. 
Le Convoi [Blu-ray]

vendredi 4 juin 2021

Kung Fu Killer (2014, 1h40) de Teddy Chan

Avec Donnie Yen, Baoqiang Wang, Charlie Yeung, Bing Bai, Alex Fongn Siu-Wong Fan, Xing Yu, David Chiang, Kang Yu, Steve Chan, Hoi Mang.

Ici nous retrouvons les qualités et les défauts de ces produits de Chine et de Hong Kong. Dans les qualités il y a les combats qui sont ici plutôt violents et spectaculaires, car ils exploitent les décors, qu'ils soient d'intérieur ou d'extérieur. D'ailleurs le film culmine avec la séquence d'affrontement entre le méchant et le gentil sur une autoroute où circulent des semi-remorques. Séquence très spectaculaire de l'affrontement final entre Donnie Yen et Baoqiang Wang (parfait en psychopathe).

Autre élément de qualité d'un tel produit: les combats qui cadencent le film de manière régulière et permettent de réveiller le spectateur grâce à la violence et surtout, car ce qu'il se passe entre est d'un ennui colossal.

Les défauts standard de ces productions nous retrouvons une direction d'acteurs et une interprétation catastrophique avec des acteurs qui grimacent et surjouent à la limite de la crispation de spectateurs.

Le canevas est très simple: un tueur en série tue, en combat, les différents maîtres de Kung Fu. Lors de combats très violents avec un ordre particulier qui permettra à la police de retrouver sa trace. Et bien sûr l'ultime combat sera contre Donnie Yen, maître de Kung-Fu au début en prison, mais qui sort pour aider la police.
Donc, en synthèse: le sens des décors et des combats violents et spectaculaires à intervalles réguliers pour cadencer une histoire dont nous nous moquons, il faut bien reconnaître.
Kung Fu Killer [Blu-Ray]

Army Of The Dead (2021, 2h28) de Zack Snyder

Avec  Dave Bautista, Ella Purnell, Omari Hardwick, Ana de la Reguera, Theo Rossi, Matthias Schweighöfer, Nora Arnezeder, Hiroyuki Sanada, Garret Dillahunt, Tig Notaro,Raúl Castillo, Huma Qureshi, Samantha Win, Richard Cetrone, Michael Cassidy, Steve Corona, Chelsea Edmundson, Zach Rose, Brian Avery.

Comprenant que le film a été conçu pour être visionné sur un ordiphone ou sur une tablette, le réalisateur fait mumuse avec sa caméra et construit des plans très rapprochés, avec beaucoup de flous dans l'image au premier plan et en arrière-plan, c'est-à-dire avec peu de point dans l'image. C'est très sympathique et peut être vu comme une démarche artistique, mais au bout d'un moment cela devient un ennui et suscite une gêne visuelle.

D'ailleurs Zack Snyder est crédité lui-même comme directeur de la photographie, grand bien lui fasse. D'ailleurs ces flous atténuent le CGI porn, voire le masquent complètement. Cela est peut-être intentionnel.

Le film au total n'est pas très original puisqu'il mixe le film de casse avec préparation de l'équipe avec une période de recrutement très courte puis ensuite de réalisation du casse, et l'après casse qui ne se déroule pas comme prévu, bien évidemment. Ceci dans un contexte de morts-vivants qui piègent cette équipe dans Las Vegas. Avec un prologue qui nous explique que le virus provient de  l'armée sans  plus d'explications. Le film manque donc cruellement d'invention, de choses inédites. Il n'est d’ailleurs pas sans évoquer le Je Suis Une Légende (2007) de Francis Lawrence, pas forcément en mieux.
 
Nous sommes-nous donc très loin du premier film de Zack Snyder, son chef-d'œuvre, L'Armée Des Morts (2004). Celui-ci d'ailleurs possédant son génie propre, très loin du film original de George Romero. Cette Armée Des Morts étant encore plus éloignée .

Le film se déroule sur 2h30, cette emphase ou durée excessive est l'effet des séries télévisées maintenant mètre étalon de toute fiction. Durée exagérée qui correspond à plusieurs épisodes: motivation et constitution de l'équipe, préparation du casse, casse, après le casse. Prenant le temps de bien présenter les différents personnages. Dont celui de Dave Bautista et sa fille et ses problèmes de père.

Le film répond à son cahier des charges de séquences d'actions relativement spectaculaires, mais faiblement originales et donc majoritairement déjà vues (mais ici avec des plans flous!).
Dans les variantes sur les morts-vivants le film apporte ici un groupe de mort-vivant plus intelligent que la moyenne que George Romero avait introduit dans sa franchise à lui, qui ne sont pas sans rappeler ceux de Je Suis Une Légende de Francis Lawrence (ibid).

Le film bénéficie d'un gros travail d'écriture qui sous-tend l'ensemble de l'histoire, sa progression, ses différents personnages et ses différents enjeux dramatiques. Il est possible de parler d'efficacité, mais pas d'originalité.

Army of the Dead Poster