lundi 3 novembre 2014

La Mari de la Coiffeuse (1990) de Patrice Leconte

Avec Jean Rochefort, Anna Galiena, Roland Bertin, Maurice Chevit.

Rattrapage pour ce film des années 90. Sujet surprenant, à la limite du fantastique, pas tant pour ce que font les deux personnages et leur alchimie que par rapport à l’environnement.
Le film dose bien ses composantes et se termine tout en gardant son mystère. Ce qui fait du bien par rapport à beaucoup de production de nos jours qui s’échinent à expliquer et réexpliquer. Beau travail aussi sur les décors et la lumière.
Ici il n’y a que du non-dit, entre les personnages et au sein du scénario. Jusqu’à cette fin brutale, que l’on devine par les gros plans sur Jean Rochefort en fond noir.
Les deux acteurs principaux sont formidables.
Une question : la voix off est-elle utile ? Que serait le film sans voix off ? Plus mystérieux ? Trop abstrait ? Trop opaque ?

Sous Les Jupes Des Filles (2014) de Audrey Dana

Avec Isabelle Adjani, Alice Belaïdi, Laetitia Casta, Alice Taglioni, Audrey Dana, Julie Ferrier, Audrey Fleurot, Marina Hands, Géraldine Nakache, Vanessa Paradis, Pascal Elbé, Sylvie Testud, Marc Lavoine, Guillaume Gouix, Alex Lutz.

Belle brochette d’actrices dans ce film, réussi, où différents portraits de personnages féminins sont brassés à travers un scénario bien équilibré. Une réussite, pour cette comédie dramatique, plus souvent dramatique que comédie.
Le film arrive à n’être pas trop caricatural avec les personnages masculins. Et pour ce qui est des personnages féminins, le cœur du film, leur multitude, les différents profils, classes sociales et les types de personnage, tout en étant à la limite, ne sombrent pas dans la caricature.

Supercondriaque (2014) de Danny Boon

Avec Danny Boon, Kad Merad, Alice Pol, Jean-Yves Berteloot, Judith El Zein, Valérie Bonneton, Marthe Villalonga, Bruno Lochet, Jérôme Commandeur, Jonathan Cohen, Warren Zavatta, Stéphane De Groodt.

Le cinéma français grand public réutilise les patrons établis par Gérard Oury ou Francis Veber. Mettre un binôme improbable (un « buddy movie » pour les Étatsuniens) dans un contexte qui les dépasse. Mettre des méchants internationaux. Mettre de l’exotisme (ici un pays de l’Est). Mettre des scènes d’actions ou du spectacle. Rajouter un élément féminin pour introduire des motivations affectives ; est toujours plus réussis chez Oury que chez Veber. Ici on est plus proche d’Oury que de Veber.
 Kad Mehrad est De Funès. Et Danny Boon serait plutôt Bourvil. Les deux plus grosses stars du moment sont réunies. Ce n’est pas le feu d’artifice. Comme à l’école : on a envie de dire : peuvent mieux faire. Le film manque de subversion, mais on imagine que le cahier des charges de TF1 est la diffusion en début de soirée.
A noter une courte (trop) apparition de la toujours juste Valérie Bonneton.
Pourrait-on dire que le film n’est pas très « driaque », mais « super con » ? Ce n’est pas très fin ni subtil. Mais est-ce que cela pourrait l’être autrement ?
Au total, le film remplit son contrat. Divertir un peu. Le film ne contient pas de séquence d’anthologie (ça, Oury savait en produire). Ce qui fait qu’il a une très faible hystérésis. Un film candidat à l’oubli. Heureusement que TF1 le diffusera de manière régulière pour qu’il ne disparaisse pas.

La Dernière Tentation du Christ (1988) de Martin Scorcese

Avec Willem Dafoe, Harvey Keitel, Barbara Hershey, Verna Bloom.

C’est donc ça le film qui avait choqué des intégristes à sa sortie. Sans être pratiquant ni féru d’histoire ou de catéchèse, on se dit encore une fois (c’était la même chose à la vision de La Passion du Christ de Mel Gibson) que Jesus de Nazareth était un allumé (soit malade mental, soit drogué – herbes ou autres -, voire masochiste) qui est arrivé et a embarqué un lot de crédules. Il devait être un bon communicant, avec du charisme (ici Willem Dafoe est d’abord crédible puis halluciné et incompréhensible) et qu’au pays des aveugles un borgne est facilement roi.
Beau travail général de Paul Schrader servi par un Scorcese qui en était entre La Couleur de l’Argent et Les Affanchis, donc au mieux de sa forme.

Mommy (2014) de Xavier Dolan

Avec Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément.

Le dithyrambe critique est pour une fois justifié. Tout est fort ici : la direction d’acteur et les formidables interprètes, la photo (utilisation d’un format carré pendant une bonne partie du film) et le montage (énormément de gros plans, caméra portée – steadycam -), le sujet et sa progression dramatique.
Le petit bémol est l’utilisation de la musique, sans être des cordes (utilisation de chansons – intras et extradiégétiques-) qui parfois appuient trop peut-être ou font pléonasme.
Un objet filmique intéressant et captivant.

La Casa De Me Padre (2012) de Matt Piedmont

Avec Will Ferrell, Gael García Bernal, Diego Luna, Pedro Armendáriz Jr., Genesis Rodriguez.

Un film en Mexiscope et en 2D précise le vidéogramme français.
Will Ferrell confirme son génie avec ici un mécanisme d’exagération permanent, appliqué par tous les personnages.
Et comme tout Will Ferrell, car il faut bien dire que même s’il y a un metteur en scène de crédité (qui vient du Saturday Night Live), ce film rassemble tous les éléments et correspond au même patron que beaucoup des films avec Will Ferrell.
D’ailleurs, il est intéressant de comparer le mécanisme d’approche et de résultat de ce film avec ce qu’a fait Quentin Tarentino avec Boulevard de La Mort ou celui de Robert Rodriguez (Planète Terreur) : leur film reste dans le pastiche, ils sont oubliés, tandis que là, les personnages existent. Le film fonctionne avec ses exagérations. Étonnant.
Cela reste néanmoins un film pour gourmet « ferrellophile ».

Les Gardiens de la Galaxie (2014) de James Gunn

Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Michael Rooker, Djimon Hounsou, John C. Reilly, Glenn Close, Benicio Del Toro.

Une nouvelle franchise pour des supers héros. Supers héros est un bien grand mot, car ici l’univers est de science-fiction. Nous sommes plus proches de la Guerre des Étoiles que de Avengers ou Spiderman.
La bonne surprise du film est que dans nos quatre héros (qui ne sont pas super : ils n’ont pas de pouvoir) le plus intéressant n’est pas le raton laveur (qui est le plus malin, mais le plus répétitif dans ses patrons), ni le musclé avec le quotient intellectuel d’une huitre, ni l’héroïne du groupe, méchante au début, mais le terrien, qui se fait appeler du ridicule sobriquet de Star Lord.
Du côté du méchant, ils sont plutôt efficaces et un peu cons, comme toujours chez Marvel, et sont méchants un point c’est tout (on ne sait pas pourquoi). Ici ce sont des méchants assez neutres, ni bon ni mauvais.
Bonne humeur et contrepieds balaient ce démarrage de franchise, bien résumé par la première scène avec Star Lord.
Rajoutons à cela des scènes spectaculaires qui n’ont rien à envier à la bataille finale de l’Épisode III de la Guerre des Étoiles.

En quatrième vitesse (Kiss me deadly, 1955) de Robert Aldrich

Avec Ralph Meeker, Albert Dekker, Paul Stewart, Marian Carr, Marjorie Bennett, Fortunio Bonanova. 
 
Le film est appréciable pour son montage à la serpe et pour ses personnages antipathiques. En premier, le « héros », Mike Hammer, cynique, misogyne, vénal. Ensuite le flux dramatique est axé autour de quelque chose que tout le monde cherche, en pensant que cela a une grande valeur.
Le film a un petit peu vieilli au niveau de l’interprétation (« va va voom » est plutôt crispant), mais ce sont des personnages secondaires.
Quelque part il est dur de comprendre le retournement de Mike qui subitement parce que son ami « va va voom » a été tué ou que les « méchants » menacent sa secrétaire : le personnage a subitement de l’empathie pour les autres. Assez peu crédible, cela permet de lui trouver une motivation.
Sans gras, le film va à l’essentiel, jusqu’à un final un peu exagéré tout à l’image du film : interprétation, montage, progression dramatique.