samedi 14 mai 2016

La vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum, 2007) de Paul Greengrass




Matt DamonJulia Stiles, Julia Stiles, David Strathairn, Scott Glenn, Paddy Considine, Édgar Ramírez, Albert Finney, Joan Allen, Scott Adkins, Daniel Brühl, Chris Cooper, Joey Ansah, Colin Stinton, Corey Johnson, Tom Gallop.




La Vengeance dans la peau 
La franchise qui a ringardisé la franchise James Bond et neutralisé la franchise Fast & Furious. Montage au cordeau, intrigues multiples et jubilatoires, actions spectaculaires, high-tech mesuré. Pas besoin ici de pouliche siliconée, pas besoin de phallocratie. Ce qui est étonnant est que Jason Bourne se sort de toutes les situations, ce qui est invraisemblable, mais finalement on  y croit, et on adore ça. C'est la force de cette franchise: c'est improbable, c'est invraisemblable, mais c'est réaliste et les personnages autour de Jason Bourne ne sont pas plus grands que nature. La distribution est d'ailleurs judicieuse.
Cette franchise est aussi la meilleure interprétation de Matt Damon: il n'a jamais été aussi bon.
Le clou du film est la séquence dans la gare à Londres, jubilatoire et passionnante.

Mad Max 2 Le Défi (1981) de George Miller


Mad Max 2 - Blu-ray + Copie digitale - Édition boîtier SteelBook

Avec Mel Gibson, Bruce Spence, Vernon Wells, Mike Preston, Max Phipps , Kjell Nilsson, Emil Minty, Virginia Hey.

Revoir ce Mad Max est intéressant au regard du nouvel épisode de 2015, Mad Max Fury Road, toujours signé George Miller. Nous prenons conscience que Mel Gibson à beaucoup changé physiquement (pas à cause de Fury Road où il n'apparaît pas, mais au regard de ses dernières apparitions: Edge Of Darkness - Hors de Contrôle, 2010 -, Kill The Gringo - 2012 -, Machete Kills - 2013 -, Expendables 3 - 2014 -). Mais que le personnage de Max n'a pas beaucoup changé lui: il est toujours aussi mutique, peu sympathique et héros malgré lui.
Ce film fait aussi prendre conscience de la puissance du numérique. Ici tout est filmé devant la caméra avec moult cascades, décors, maquillages. Mais si cela reste spectaculaire, les ajouts numériques, tout en étouffant la scène, la chargent et lui donnent plus immédiatement du sens. Et aussi plus de gigantisme, plus d'énormité. Ce Mad Max 2 est plus un film de chambre, comparé à la symphonie que constitue Fury Road. Néanmoins, ce qui apparaît à cette vision, c'est l'humour, très présent, soit volontairement - le personnage de Bruce Spence par exemple -, soit involontairement - si en 1981 Vernon Wells devait faire peur, il suscite pas mal d'humour, surtout avec ses jolies fesses -. 
Le film tient quand même la route, car le concept reste éminemment cinématographique: les paysages désertiques à perte de vue, la vitesse, les véhicules, inventifs et amusant.


mercredi 11 mai 2016

Fury (2014) de David Ayer

Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña, Jon Bernthal, Jim Parrack, Brad William Henke, Jason Isaacs.

Film de guerre sur la vie d'un char étatsunien qui traverse la France puis l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. À la tête, le sergent, Brad Pitt, mâchoire serrée, et l'équipage, qui en a vu des horreurs, et un petit jeune qui va être en quelque sorte les yeux du spectateur.
Fury DVDLe film est long à démarrer. L'arrivée du petit jeune, tout en étant probablement réaliste, est très clichée et ennuie.
Ensuite le film excelle dans les scènes de tensions où guette le drame encore pire que la situation courante.
Le traitement se veut réaliste: horreurs, effets des armes à feu, crasse, tout l'arsenal paraît crédible et donne son sel au film, par ailleurs un peu trop mélodramatique.
Le clou du film est la séquence avec les deux femmes allemandes, bien écrite et probablement la plus forte du film, alors qu'il y a une multitude de séquences impressionnantes avec des combats, dont on sent l'influence du jeu vidéo. Étonnant pour un réalisateur plutôt habité aux films remplis de testostérone.

mardi 10 mai 2016

Van Helsing (2004) de Stephen Sommers

 Avec Hugh Jackman, Kate Beckinsale, Richard Roxburgh, Will Kemp, Elena Anaya, Kevin J. O'Connor, David Wenham, Silvia Colloca, Shuler Hensley.

Van HelsingCarton plein pour ce film furieux, quasi expérimental qui va très vite et virevolte dans tous les sens en mélangeant le bestiaire classique du film fantastique (loups-garous, vampires, Frankenstein, Dr Jekyll et Mr Hyde) avec une pincée de steampunk matinée de James Bond (Van Helsing, agent secret du Vatican pour lutter contre le Mal, aidé par des armes gadgets). 
Un film trop plein, mais furieusement jubilatoire et qui arrive à faire peur. C'est la magie de ce genre de superproduction qui aboutit à quelque chose d'étonnant, à un grand film malade.
Film somme où le bestiaire exploite la technologie numérique et les maquillages.
Le florilège des monstres traditionnels, historiques, avant l'arrivée définitive des superhéros? Universal tenant probablement de lancer la franchise de ses franchises historiques; avec un fort potentiel de développement (spinoff multiples possibles tout comme la multitude de suites possibles).
On peut le visionner comme un film jalon à l'articulation des deux époques: les monstres traditionnels traités par le numérique? Oui, mais surtout leurs gémonies avant l'avènement du tout numérique: robots, superhéros, pixarisations diverses.
On sent le film fait par des amoureux du cinéma fantastique classique, enveloppé dans la jubilation de l'aide numérique qu'apportent les ordinateurs qui permettent de faire tout, à n'importe quoi.
Côté distribution, le meilleur est du côté des créatures et des méchants: Richard Roxburgh en Dracula crève l'écran, Shuler Hensley en créature de Frankenstein. Hugh Jackman fait son boulot sans être brillant. Kate Beckinsale est un peu moins bien intégrée et son personnage paraît le moins fouillé.
Au total un film montagnes russes, avec looping, accélérations furieuses, et peu de temps calmes.

dimanche 8 mai 2016

Obsession (1976) de Brian de Palma

Avec  Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow, John Creamer, Loraine Despres, Clyde Ventura, J. Patrick McNamara, Tom Felleghy.

 ObsessionLa musique de Bernard Hermann très présente, pour ne pas dire très pesante, voire trop envahissante, frôle le ridicule. Mais l'obstination avec laquelle elle est mise en avant sur les images finit par donner un climat, irréel, voire fantastique, auquel  finalement l'on s'habitue.
La grammaire  de Brian de Palma est déjà très présente: images fragmentées,  jeux sur la profondeur de champ, plans extrêmement composés, ses fétiches - écrans, escaliers -, exploitation du décor, le De Palma de Redacted ou de Carlito's Way (L'Impasse) est déjà là, mais sans le brio de ces deux chefs d'oeuvre. Ici le film est daté (musique ridicule, sujet daté) et sent la naphtaline.
L'interprétation inexpressive de Cliff Robertson est payante sur la durée: d’abord fade et ridicule, puis benêt, il finit, par son obstination, à devenir non pas attachant ni touchant, mais intriguant: il est probablement cinglé, mais le fantastique affleure par moment.
Là où le film s'en sort bien, est sa navigation sans trancher entre le fantastique et l'intrigue policière version arnaque. On devine assez vite le double jeu de John Lithgow (le type casting opérant à fond, il est impossible de ne pas deviner sa duperie).
A travers une bonne gestion des climats, le film emmènerait presque le spectateur dans un univers fantastique, irréel.
Au total, un film pas déshonorant, flirtant souvent avec le ridicule, mais sauvé par la mise en scène.

samedi 7 mai 2016

L'Expédition de Fort King (Seminole, 1953) de Budd Boetticher

Avec Rock Hudson, Barbara Hale, Anthony Quinn, Richard Carlson, Hugh O'Brian, Russell Johnson, Lee Marvin, Ralph Moody.

Un film où les Indiens ne sont pas mal traités. Et où l'armée américaine, incarnée par le major (Richard Carlson), est l'officier en chef qui souhaite sortir du trou (la Floride) où il se trouve, pour qui l'on finit par comprendre l'obsession.
Le chef des Séminole, Anthony Quinn, très concerné, est le personnage le plus concentré par la paix et l'harmonie entre les Indiens et l'homme blanc; étant lui même métis, cela peut se comprendre. Par contre, le jeune indien voulant à tout pris partir en guerre, est typique de ce genre de production, voire même caricatural. Paraxodalement, le traitement des Indiens est caricatural.
Rock Hudson fait l'officier qui revient au pays et qui doit composer entre les ordres et ses sentiments pour son ami d'enfance (Anthony Quinn) et son amie (Barbara Hale), qui finalement est avec le chef des Séminoles. Le trio amoureux est bien amené et est plutôt plus intéressant que la moyenne.
Un western correct, au-dessus de la moyenne par la complexité et les personnages plutôt bien écrits, même si Anthony Quinn, crédible, en rajoute un peu dans le mélodrame du "je suis pris entre deux feux".
Heureusement nous n'avons pas droit à la scène de bal au fort. À noter Lee Marvin, fonctionnel, mais marquant dans le rôle du sergent-chef plus fin qu'il n'y paraît.
Un film rythmé par ses décors, les Everglades, ses eaux, sa végétation, ses sables mouvants, sa jungle (voir la bande-son qui est remplie de bruits de jungle).

Le Passage du Canyon (1946, Canyon Passage) de Jacques Tourneur

Avec Dana Andrews, Brian Donlevy, Susan Hayward, Patricia Roc, Ward Bond, Hoagy Carmichael, Fay Holden, Stanley Ridges, Lloyd Bridges, Andy Devine, Victor Cutler.

Formidable surprise que ce western qui résiste très bien au temps. Que l'on a envie de dire "moderne".
Le Passage du canyon - Édition SpécialeMontage à la serpe, dynamique. Il faut dire que les personnages sont en permanence en déplacement. Au sein du plan, et aussi en train de se déplacer: toujours en mouvement. Le sujet s'y prête: Danna Andrews fait des affaires en transportant à dos de mules des ravitaillements. Mais même lorsqu'il se pose dans une ville ou une ferme, il bouge en permanence.C'est vraiment du behaviourisme; pas de psychologisme ici, tout est dans le comportement des personnages.
Autre élément qui le rend extrêmement solide, le peu de mièvrerie par rapport à la norme de ce genre de film. Même les transparences ne jurent pas trop.
C'est une histoire avec une multitude de personnages,  avec plusieurs méchants (un pas subtil, et un subtil). Et pas trop de manichéisme, envers les Indiens (un personnage rappelle que ce fut leur terre) ou concernant les méchants: il y en a un vrai: Ward Bond en méchant bourrin, Brian Donlevy en banquier accroché au jeu et endetté. Ou le joueur de Poker, malade et probablement tricheur.
L'importance des décors et leur beauté, ici des forêts de l'Orégon à l'époque de la conquête. Images magnifiques avec un multitude de décors, probablement moins utilisés que les déserts de Monument Valley.
Autre élément de modernité, les personnages féminins, bien écrits, riches, avec les deux love interest, la tenancière du Poker, avec leurs personnalités.
Même le chanteur pittoresque, Hoagy Carmichael, est pas trop ennuyeux. Et Andy Devine est plus supportable que chez un John Ford.
Le film est d'une richesse et le tout tient en 90 minutes. Si un tel sujet était filmé de nos jours, le film durerait 2h40 probablement et serait traité dans une veine naturaliste.