lundi 26 décembre 2022

Le Justicier De Minuit (10 To Midnight, 1h41, 1983) de J. Lee Thompson

Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Wilford Brimley, Geoffrey Lewis, Robert F. Lyons, Bert Williams, Iva Lane, Ola Ray.

Ce Charles Bronson est un film policier où il interprète un policier, qui pour traquer un tueur en série qu'il n'arrive pas à attraper, se trouve à enfreindre la loi, pour faire justice lui-même en quelque sorte. Ce n'est pas surprenant si nous considérons que ce film fait partie de la trajectoire "justicier" de Charles Bronson, qui sera exploitée par de multiples producteurs dans la dernière partie de la carrière.

Pour les composantes du film, nous trouvons un tueur en série qui a des caractéristiques intéressantes et assez osées: il commet nu ses crimes, sur des femmes, à l'arme blanche. Il est très dérangé, et se retrouvera probablement dans un hôpital psychiatrique. Ce qui donne des scènes de nus, car il tue ses victimes dans la salle de bain ou dans un lit.

Le film est une bonne illustration du style des années quatre-vingt. Avec la musique, les coupes de cheveux, la violence graphique (beaucoup de sang), beaucoup de nudité (pour notre tueur, mais aussi pour ses victimes). Années quatre-vingt, mais aussi années soixante-dix, car ce personnage de flic interprété par Charles Bronson n’est très influencé par l'Inspecteur Harry. Avec les clichés du genre: le conflit avec la hiérarchie, l'avocat corrompu, l'affrontement contre le système judiciaire ou la séquence de tribunal. Le film se termine par un plan très "justicier" à la Paul Kersey.

Le justicier de Minuit [ Blu-Ray ] [Blu-ray]

Un, Deux, Trois (One, Two, Three, 1h44, 1961) de Billy Wilder

Avec James Cagney, Horst Buchholz, Pamela Tiffin, Liselotte Pulver,  Arlene Francis, Howard St. John, Hanns Lothar, Leon Askin, Ralf Wolter, Karl Lieffen, Hubert von Meyerinck, Loïs Bolton, Peter Capell, Til Kiwe.

Le matériel initial, une pièce de théâtre, se fait sentir par moment, notamment dans le troisième quart où James Cagney donne les ordres pour convertir un communiste en capitaliste noble. James Cagney passe son temps à hurler et le théâtral est criant: de multiples personnages rentrent et sortent de son bureau. Le procédé est trop voyant et pénalise la séquence. Cette mécanique, parfaite et efficace pour une pièce de théâtre, n'est pas évidente à traiter sur le plan cinématographique. Billy Wilder choisit de coller à la mécanique, qui devient apparente. Néanmoins, il faut reconnaître que cela fonctionne, au-delà du raisonnable, car nous avons un peu de mal à accepter ces talents au personnage de James Cagney (orchestrateur soit, styliste, costumier, etc.). Et James Cagney jubile de réciter tous ces dialogues, à les crier plutôt, ce qui rend la scène encore plus artificielle et théâtrale.

Néanmoins au total le film est assez jubilatoire, tout en étant schématique. Sa manière de se moquer des Allemands. Sa manière de se moquer des communistes. Tout est artificiel et peu subtil. Mais cela fonctionne. Pamela Tiffin excelle en jeune oie sans cerveau. Toutes les apparitions de Liselotte Pulver sont très amusantes. Mais le film est très misogyne, c'est flagrant, et en est gênant. Il ne pourrait plus être fait tel quel de nos jours. Le film contient  par ailleurs beaucoup de petits gags qui accumulés en font une réussite, car ce pauvre James Cagney montre un art consumé de la résilience et l'adversité à tout ce qui ne se déroule pas comme prévu.

Un, Deux, Trois [Blu-Ray]

dimanche 25 décembre 2022

Uranus (1h40, 1990) de Claude Berri

Avec Michel Blanc, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Gérard Desarthe, Michel Galabru, Danièle Lebrun, Fabrice Luchini, Daniel Prévost, Yves Afonso, Myriam Boyer, Florence Darel, Ticky Holgado.

Claure Berri confirme qu'il n'a aucun talent de metteur en scène. Il se contente d'illustrer son scénario. Dont les dialogues sont magnifiques et très bien énoncés par des acteurs solides dont le professionnalisme pallie à l'absence de direction d'acteur.

Le film est riche de la description de cet immédiat après guerre où collaborateurs avec l'occupant nazi, communistes, gaullistes, profiteurs, indécis, pleutres doivent cohabiter, pour reconstruire la France. Une des grandes qualités du film est son décor, ses décors plutôt, entre les ruines dans les rues et l'appartement des cohabitants.

Le truc du film est de faire cohabiter, comme pendant la guerre, mais dans un même appartement, un communiste, un pétainiste et un sans étiquette (dont nous comprenons qu'il sait s'adapter et va dans le sens du vent, c'est-à-dire qu'il n'a pas de point de vue, mais l'ironie veut que les autres lui demandent son avis). La cohabitation est recréée dans un appartement. S'ajoute à cela Gérard Depardieu, impressionnant dans sa révélation et son adoration de la poésie.

Le film est sauvé par ses acteurs qui déclament avec conviction leur texte: nous avons trop l'impression que chaque acteur prend la pause pour déclamer son texte. Nous voyons toujours l'acteur avant le personnage. Peut être que le film aurait du miser sur une distribution d'acteurs inconnus: il aurait gagné en puissance. Mais le film reste intéressant grâce aux dialogues et à ces acteurs, justement.

Bande-annonce Uranus

Wild Is The Wind (2h03, 2022) de Fabian Medea

Avec Mothusi Magano, Frank Rautenbach, Chris Chameleon, Mona Monyane, Nicolus Moitoi, Izel Bezuidenhout, Phoenix Baaitse, Deon Coetzee, Brendon Daniels.

Un beau produit d'Afrique du Sud qui mélange enquête policière, racismes, corruption pour produire une intrigue sous haute tension. Nos deux flics, héros de notre intriguent, savent s'adapter de la réalité quand les factures sont difficiles à payer, et se retrouvent à enquêter sur la mort d'une jeune fille blanche, victime d'un tueur en série, mais ils l'ignorent. Et le fait que l'amoureux de la jeune soit en noir va produire de hautes tensions. Le film maintient habilement les interactions entre le professionnel et le personnel de nos deux héros. Et le scénario travaille habilement la relation de nos deux flics, amis, l'un étant blanc, l'autre étant noir: cette histoire va challenger la solidité de leur amitié.

Les décors naturels sont superbes. Les acteurs sont formidables. Mothusi Manano en particulier, crève l'écran à chacune de ses apparitions. L'intrigue est riche et le scénario maintient le spectateur sous tension permanente. L'épilogue est dans la lignée du film, violent, atmosphérique et donne une touche nihiliste à la limite du surnaturel qui finalement ne dénature pas ce qui a précédé.

Après ce premier coup d'essai très réussi, espérons que Fabian Medea ne se retrouve pas à diriger un film de superhéros avec des hommes en super-slips.

Poster for Wild Is the Wind

Baïonnette Au Canon (Fixed Bayonets, 1h32, 1951) de Samuel Fuller

Avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael O'Shea, Richard Hylton, Craig Hill, Skip Homeier.

Film de guerre, curieux, car il s'agit du conflit en Corée ou un groupe de soldats protège les arrières d'une retraite. Ce conflit n'est pas souvent montré. Ils quittent les montagnes enneigées et en hiver. Ces soldats doivent faire croire aux communistes (coréens, chinois) que l'ensemble des soldats est encore là. Ils doivent affronter le froid, les égos de certains d'entre eux, et bien sûr les soldats communistes, d’abord en reconnaissance, puis qui arrivent avec mortiers et canons, puis avec leurs chars. Ceci en tenant un défilé unique entre deux montagnes, qu'ils ont piégé et qu'ils assiègent pour bloquer tout passage, le temps que le reste des troupes s'éloignent le plus possible. La baïonnette du titre est pour le corps à corps pour bloquer le passage en empêchant toute personne de passer.

Samuel Fuller, qui n'est jamais dans la subtilité, est particulièrement efficace ici. À travers les échanges entre les soldats sur leurs états d'âme vis-à-vis de la situation ou leurs états d'âme personnels, la gestion des moments de tension, avec l'attente d'un ennemi que l'on ne voit pas, puis les premiers affrontements et ensuite l'assaut final. La scène des mines dans la glace avec le soldat blessé est particulièrement réussie. Une réussite pour un concept simple, un décor quasi unique, exploité par un découpage précis qui fait la part belle aux soldats en tant qu'individus.

 Baïonnette au Canon [Blu-Ray]

Seraphin Falls (1h55, 2006) de David Von Ancken

Avec Liam Neeson, Pierce Brosnan, Michael Wincott, Xander Berkeley, Ed Lauter, Tom Noonan, Kevin J. O'Connor, Anjelica Huston, John Robinson.

Beau western, qui se veut naturaliste, qui compte la poursuite éperdue et au-delà de tout raisonnable que conduit Liam Neeson pour retrouver Pierce Brosnan. Pendant une bonne partie du film, le spectateur est en empathie avec le personnage de Pierce Brosnan, qui est traqué sans relâche, Liam Neeson étant radical et sans empathie pour les membres de son groupe, qu'il rémunère (d'où son absence de sentiment). La raison de cette traque reste longtemps sans explication pour le spectateur, si ce n'est qu'il y en a Pierce Brosnan qui fuit, et l'autre, Liam Neeson, très opiniâtre est prêt à tout pour retrouver Pierce Brosnan. Et petit à petit, lorsque le spectateur en sais un peu plus sur chacun des deux personnages (avec un lot de flashbacks relatifs aux deux personnages, savamment dosés pour que l'explication ne soit pas claire du premier coup), les personnages se révèlent riches et profonds et pas là où le spectateur les attendait, et les concepts de gentil et méchant ne sont plus aussi simples.

La grande qualité du film réside aussi dans son utilisation des décors, très variés, ce qui en fait aussi un très beau spectacle: forêt, neige, montagne, désert, qui permettent le suspense (le froid, le chaud). Et dans les autres humains qu'ils croisent: les paysans, le camp, Wes Studi, Angelica Huston, entre autres.

Bande-annonce Seraphim Falls

California Terre Promise (California, 1h37, 1947) de John Farrow

Avec Ray Milland, Barbara Stanwyck, Barry Fitzgerald, George Coulouris, Albert Dekker, Anthony Quinn, Frank Faylen, Gavin Muir, James Burke, Eduardo Ciannelli, Roman Bohnen, Argentina Brunetti.

Magnifique western et superbe découverte. Le film contient son lot de scènes téléphonées (la relation entre Barbara Stanwyck et Ray Milland) et prévisibles, mais tout coule naturellement. Le film contient aussi des éléments historiques intéressants (la naissance de la Californie), un Technicolor magnifique et un ensemble de personnages secondaires plus fouillés que la moyenne: Barry Fitzgerald en philosophe qui cite la bible et le bon sens, George Coulouris en personnage fiévreux et amoureux touchant, Anthony Quinn dans un rôle très court, mais substantiel.

Quant au personnage de Ray Milland, ce n'est pas le héros de western standard. Il est souvent battu (frappé). Il est victime des évènements et n'est pas le moteur de l'histoire. Mais son personnage fonctionne, grâce à son passé et grâce à Barry Fitzgerald! 

Le film montre très bien la médiocrité des pudibonds à travers la manière dont ils traitent l'indépendante et ambitieuse Barbara Stanwyck. Barbra Stanwyck est lumineuse et sa relation avec Ray Milland tout au long du film reste intéressante de bout en bout, même si très téléphonée voire à la limite du ridicule. Mais finalement cela fonctionne et lorsque cela se conclut le spectateur n'est que plus satisfait.

Le le film est exempt de tout sentimentalisme. Cela en fait un film étonnant qui progresse vite, dense, et en 97 minutes. Le film possède des dialogues très riches et très au-dessus de la moyenne qui servent à la fois immédiatement dans la scène, mais aussi qui portent un sous-texte très intéressant.
John Farrow visiblement adore les plans-séquences: le film en est parsemé. Ils servent très bien en général la situation et l'intrigue en amenant une certaine tension tout en étant fluide ou naturel.
 
California Terre Promise [Blu-Ray]

samedi 24 décembre 2022

The Wonder (1h48, 2022) de Sebastián Lelio

Avec  Niamh Algar, Florence Pugh, David Wilmot, Ruth Bradley, Darcey Campion, Abigail Coburn, Carla Hurley O'Dwyer, Juliette Hurley O'Dwyer, Carly Kane, Toby Jones, Dermot Crowley, Ciarán Hinds.

Très beau drame campagnard. Au XIXe siècle, une infirmière est demandée pour étudier une jeune paysanne qui ne s'alimente plus depuis plusieurs semaines. Nous sommes au pays des croyances et superstitions avec une main mise de la religion et si l'infirmière le confirme, il s'agit d'une manifestation divine. Nous sommes aux pays des analphabètes et des superstitieux.

L'infirmière est rationnelle. La jeune paysanne considère que Dieu la guide. Sa famille est pauvre et bigote. Les notables locaux sont couards, pleutres, pingres et superstitieux.

Beau film où Florence Pugh est de toutes les scènes. Le film progresse par petites touches, sur notre compréhension et connaissance du personnage de l'infirmière, mais aussi sur la petite fille, sa relation avec sa famille. Le film est à la fois dense par ses personnages principaux, mais aussi par ses décors et l'ambiance, avec d'un côté la ferme isolée où loge la petite fille, et l'auberge où l'infirmière loge, avec les journalistes qui content l'histoire de cette petite fille, qui tient pendant plusieurs semaines sans manger. La richesse du film est de garder l'incertitude et l’interrogation sur le cas de la petite fille: est elle réellement touchée par quelque chose de divin, ou est-ce une arnaque et il y a un truc quelque part? Le scénario est habile: il donne les explications, mais finalement l'explication importe peu et c'est ensuite un combat que mène l'infirmière, pour une conclusion très belle et réjouissante alors que tout a été éclairci.

Une réussite avec un film constitué d'êtres vrais, sans artifice. Très beau travail.

 Bande-annonce The Wonder

Le Patient Anglais (The English Patient, 2h42, 1996) de Anthony Minghella

 Avec Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Willem Dafoe, Kristin Scott Thomas, Naveen Andrews, Colin Firth, Julian Wadham, Jürgen Prochnow.

Que retenir de ce film? Le personnage principal est antipathique à souhait et ne suscite donc aucune empathie: Ralph Finnes fait une belle performance, mais son personnage étant peu intéressant, nous nous moquons de ses turpitudes.

Beaucoup de choses sont artificielles et nous n'y croyons pas: pourquoi Juliette Binoche décide-t-elle de s'occuper de cet unique patient; le scénariste et le metteur en scène de font rien pour l'expliquer. Cela parait artificiel. Pourquoi la personnalité du personnage de Ralph Fiennes est elle comme cela? Il n'est pas timide, il parait arrogant, il n'est pas expliqué qu'il a un problème avec les femmes, ou qu'il a un problème avec sa sexualité. Les acteurs, le scénariste, le metteur en scène en font des caisses pour susciter de l'émotion et des larmes, mais cela ne marche pas.

Le scénario et l'intrigue aménagent des éléments pour maintenir l'intérêt du spectateur: Willem Dafoe et Naveen Andrews, et de multiples flashbacks, pour étoffer les personnages principaux (respectivement Ralph Fiennes, Juliette Binoche). Mais cela ne l'est rend pas plus attachants.

Et cela dure sur 2h40, mais le film ne parait pas interminable. Étonnant! Il est néanmoins à éviter. Ou alors à voir seulement pour les jolis nus - Kristin Scott Thomas et Juliette Binoche - quel le film nous offre.

Le Patient anglais

Le Sable Etait Rouge (Beach Red, 1h45, 1967) de Cornel Wilde

Avec Cornel Wilde, Rip Torn, Jaime Sanchez, Burr DeBenning, Patrick Wolfe, Jean Wallace, Dale Ishimoto, Genki Koyama, Gene Blakely, Michael Parsons, Norman Pak, Dewey Stringer.

Le film raconte l'assaut de l'armée des USA d'une ile de l'Océan Pacifique tenue par les Japonais.

Le film est étonnant. Il traite les Japonais comme les Américains. C'est-à-dire que Cornel Wilde nous montre les états d'âme des soldats, leurs pensées à travers une voix off et des flashbacks, sous forme de montages de photos, des scènes du passée sous forme de petits montages séquences: leurs femmes, leurs enfants, dans des scènes de la vie quotidienne. Il y a des brutes et des humains dans les deux camps. La guerre, et tuer est affreux, et Cornel Wilde réalise un film de guerre antimilitariste.

Le film montre les horreurs de la guerre: cadavre, bras arraché, massacres et une multitude de corps qui jonche la plage. Le film n'est pas dans la surenchère de l'horreur et la violence, physique en particulier, mais le film montre les souffrances psychologies à travers les états d’âme des soldats et la peur qu'ils éprouvent, et ce qu'ils vivent, et ceci pour les soldats des deux camps.

Une séquence est d'anthologie. Celle de la gourde et du paquet de cigarettes où un Américain et un Japonais se tirent dessus, se blessent gravement, et se retrouvent face à face au sol en train d'agoniser, se regardent et communiquent. Très belle et étonnante scène. Et qui se conclus de manière prévisible, dans le sens du message de son film.

Autre qualité du film, l'interprétation de Cornel Wilde lui-même, très rentrée, à la limite de l'inexpressif, mais qui permet d'absorber les situations. En tant que commandant de l'unité, il n'exprime pas ses sentiments avec violence et cette manière rentrée sert le personnage et sa résilience.

Le Sable était Rouge [Blu-Ray]

Heropanti 2 (2h25, 2022) de Ahmed Khan

 Avec Tiger Shroff, Nawazuddin Siddiqui, Tara Sutaria, Mark Rhino Smith, Amber Doig-Thorne.

Tiger Shroff est un grand professionnel. Jouer la comédie dans ce film confirme une abnégation certaine. Le scénario est au mieux confus et mélange un arrière-plan d'espionnage à base de piratages de comptes en banque, des histoires avec sa maman (toutes les scènes avec sa maman sont pataudes et ennuyeuses), avec sa nouvelle chérie (la délicieuse Tara Sutaria, dont la plastique est intéressante - il faudrait quelle sculpte un peu ses jambes, qu'il faut éviter de montrer, mais que le costumier s'échine à montrer en permanence avec des shorts ou des jupes très courtes -, et qui a besoin de prendre des cours de comédie) et avec le méchant, Nawazuddin Siddiqui, qui est le seul personnage sympathique, rigolo (mélange de Joker gay, magicien à fleurs et psychopathe gaie), très méchant bien sûr, et frère de Tara Sutaria.

Au milieu de tout cela, Tiger Shroff pleure, est triste ou sérieux, danse et se bat (il aime bien les jeux de jambes et les grands écarts, en hommage à Jean-Claude Van Damme nous imaginons). Sa tendance à se retrouver vite torse nu est confirmée. Probablement pour cacher ses jambes (il est court sur pattes, à la limite du nanisme). Mais il impressionne pour tout le dévouement qu'il met. Pas de sous texte homoérotique ici (quoi que si l'on considère certaines remarques de Nawazuddin Siddiqui)

Le film est un mélange indigeste de comédie sentimentale, d'espionnage et d'action.

Les numéros dansés sont plutôt vulgaires et heureusement amusants (et il doit bien y en avoir quatre):  Tara Sutaria ne sait visiblement pas danser et le montage de ces séquences fait tout ce qu'il peut pour éviter de montrer son jeu de jambes qui est pataud et manque cruellement de tonicité dans ses mouvements. Les musiques sont à peine passables.

Respect à Tiger Shroff pour tourner une bouse pareille avec autant de convictions.

Bande-annonce Heropanti 2

dimanche 4 décembre 2022

La Bataille Pour Anzio (Anzio, 1h58, 1968) de Edward Dmytryk et Duilio Coletti

Avec Robert Mitchum, Peter Falk, Earl Holliman, Mark Damon, Arthur Kennedy, Robert Ryan, Reni Santoni.

Il faut visionner ce film qui est un exemple parfait de ce qu'est un film médiocre. Ou en tout cas un film dont les images filmées par Edward Dmytryk et ses cameramans sont laissées au talent ou à la qualité ou à l'inventivité du monteur, des acteurs, du dialoguiste ou du décorateur.

La mise en scène est paresseuse. C'est un film mou. La direction d'acteur n'est pas exempte de qualité, mais les acteurs ont une tendance à déclamer leur dialogue ce qui donne un côté théâtral et dénoué de tout réalisme. Ce qui peut irriter.
Toutes les séquences sont trop longues. Et nous percevons bien que le monteur essaie de les rendre un peu dynamiques voir intéressantes et les sortir de leur monotonie à travers certaines coupes qu'il positionne.
La directrice d'acteur est catastrophique. Robert Mitchum, paresseux, filmé souvent de dos en train de marcher, n'a pas l'air d'y croire et semble nous dire en permanence "mes dialogues sont nuls" (heureusement pour lui, sont séjour en Italie a dû être sympathique); les états d'âmes et philosophiques du personnage sont enfantins. Les acteurs surjouent: Peter Falk est ridicule, Earl Holliman est très lourd.  La musique est mauvaise.
Le seul intérêt est la dimension historique de cette bataille. Et peut-être deux séquences: la traversée du champ de mines, ou vers la fin, l'affrontement des snipers. Deux passages avec un peu de nerfs dans un ensemble paresseux.
La Bataille pour Anzio [Master Haute définition-Format respecté]

 

Peninsula (1h56, 2020) de Sang-ho Yeon

Avec Dong-won Gang, Lee Jung-hyun, Re Lee, Hae-hyo Kwon, Kim Min-jae, Koo Kyo-hwan, Do-yoon Kim, Ye-Won Lee.

Le film peu s'apprécier sans avoir vu le Dernier Train Pour Busan (2016) du même Sang-ho Yeon, dont celui-ci est la suite chronologique. Les personnages, sans parler de richesse, sont moins caricaturaux, tout en l'étant toujours un peu. La direction d'acteur les fait passer pour acceptables. Le film n'est pas là. Il est dans ses décors de ville abandonnée où il ne faut pas rencontrer de morts-vivants. Ceux-ci étant attirés par la lumière et étant donc moins actifs  la nuit. Le scénario en joue bien sûr. Pour des courses pousuites spectaculaires appuyées par un CGI porn qui n'est pas dans le réalisme. Nous sommes dans l'univers du jeu vidéo, avec des étapes et plateaux à franchir, avec un rendu par moment de dessin-animé. Mais c'est en permanence spectaculaire.

Le film est intéressant sur l'absence de personanges principaux. Il commence avec Dong-won Gang,  puis bascule petit à petit vers Lee Jung-hyun qui devient le personnage principal. Une mention particulière, qui donne un intérêt au film, est l'utilisation des enfants, qui contribuent avec leurs outils à l'extermination des morts-vivants.

Le film contient deux ou trois scène larmoyantes inutiles et ridicules qui alourdissent le film. Le réalisateur n'assume pas son scénario de série B et essaie régulièrement d'ajouter des éléments psychologiques qui ralentissent l'histoire.

Peninsula [Blu-Ray]

Trop Belle Pour Toi (1h31, 1989) de Bertrand Blier

Avec Josiane Balasko, Gérard Depardieu, Carole Bouquet, François Cluzet, Roland Blanche, Myriam Boyer, Denise Chalem, Didier Bénureau, Philippe Loffredo, Stéphane Auberghen, Jean-Louis Cordina, Jean-Paul Farré.

Bertrand Blier adore secouer la vie de la bourgeoisie, la fissurer voire la casser, pour voir ce qu'il y a en dessous.  Avec le prisme de l'amour (il y a ici une très belle histoire d'amour), du sexe et du rapport amoureux. Secouer des choses établies. Secouer des choses qui aliènent. Ici c'est Gérard Depardieu qui s'éprend de sa nouvelle secrétaire, Josiane Balasko. Il est d’abord perturbé. Puis il succombe. Puis il culpabilise. Puis il se perd. Sa femme elle, Carole Bouquet, n'entend pas se laisser faire.

Le film contient de très belles scènes d'amour entre Gérard Depardieu et Josiane Balasko. Et le film dans son ensemble est de toute beauté. Les acteurs ont beau être connus, de grosses stars, le talent de Bertrand Blier est de nous faire croire à cette histoire, à ces déchirements. Bertrand Blier est un dialoguiste hors pair et le film est passionnant. Autre talent de Bertrand Blier, ce n'est jamais mièvre, et ne n'est jamais vu ailleurs, alors que l'intrigue n'est pas nouvelle, loin de là.

Un film passionnant.

Bande-annonce Trop belle pour toi

Thalasso (1h33, 2019) de Guillaume Nicloux

Avec Michel Houellebecq, Gérard Depardieu, Maxime Lefrançois, Mathieu Nicourt, Daria Panchenko, Luc Schwarz, Qianyum Lysis, Norbert Hamelin.

Un film de bêtes. Bêtes au sens, bestiaire riche et varié. Les animaux sont des humains ici, décrits avec leurs pittoresques, leurs obsessions ou pas, scénarisés ou pas, écrites ou pas. Cela importe peu. Car lorsque l'on filme Gérard Depardieu, ou lorsque l'on filme Michel Houellebecq, il n'y a rien à faire: leur personnalité est hors norme. S'ajoute à cela la bande qui avait enlevé, qui avait kidnappé Michel Houellebecq dans un film précédent de Guillaume Nicloux, bande elle aussi constituée d'un beau bestiaire.

Cette suite de L'Enlèvement De Michel Houellebecq (2013) est une curiosité. Car ses acteurs sont en quelque sorte des livres ouverts (en réalité, ils sont plus des livres semi-ouverts, voire fermés). Le scénario les suivant dans leur cure de thalassothérapie dans un premier temps, puis leur interaction avec les kidnappeurs qui viennent demander de l'aide à Michel Houellebecq. La première partie est prévisible et surprend peu. La deuxième partie de l'histoire est plus intrigante et relance le film, en quelque sorte. Pour quelque chose de très simple: pourquoi la mère est partie. Nous ne sommes pas dans une problématique de sauvetage du monde ici, et cela fait du bien. Il est possible de raconter une histoire avec des choses simples (et pas simpliste). Un film jouvence en quelque sorte.

Bande-annonce Thalasso

Toc Toc (1h30, 2017) de Vicente Villanueva

Avec Paco León, Alexandra Jiménez, Rossy de Palma, Nuria Herrero, Adrián Lastra, Oscar Martínez, Inma Cuevas, Ana Rujas, Carolina Lapausa.

Le film part d'une idée: mettons ensemble des personnages ayant des troubles obsessionnels du comportement, spectaculaires, dans le cabinet d'un médecin et faisons-les interagir (le matériel de départ est une pièce de théâtre).

La constituante technique du film est parfaite.  La direction d'acteur fonctionne.
Au-delà de la gageure de trouver les interactions à mettre en place entre les personnages, et les flash-back explicatifs, le film manque de quelque chose qui le sortirait de son origine théâtrale: le côté systématique de l'intrigue avec boucles à tour de rôle sur chacun des personnages..
Les personnages ne suscitent aucune empathie, ou très peu. Le spectateur est simple observateur. Comme un reportage animalier. Et est peu concerné. Le propos dramatique accentue les traits et les troubles de nos personnages, pour le besoin de la dramaturgie, que nous comprenons bien. Mais cette exagération empêche toute identification à un personnage. C'est le défaut principal qui l'empêche de décoller et lui fait perdre son souffle rapidement. Mais la révélation finale donne finalement du sens et du liant à ce qui vient de précéder et sauve le film.
 Toc Toc

The Stranger (1h57, 2022) de Thomas M. Wright

Avec Joel Edgerton, Sean Harris, Jada Alberts, Cormac Wright, Steve Mouzakis, Matthew Sunderland, Fletcher Humphrys, Alan Dukes, Ewen Leslie, Gary Waddell, Andreas Sobik.

Très beau film à l'atmosphère prégnante, au rythme mesuré, où un policier infiltre une communauté de malfrats pour traquer un tueur d'enfants. Joel Edgerton est ce policier, qui vit dans le stress permanent, illustré avec ses scènes de sa vie de famille, c'est-à-dire avec son fils, dont il a la garde de temps en temps. Mais policier infiltré et vie de père ne sont pas aisés. Celui qu'il traque est Sean Harris, dans une interprétation subtile, pour dessiner un personnage sur lequel il est dur d'avoir une prise psychologique. L'intrigue et le scénario d'ailleurs travaillent parfaitement le sujet: pendant la totalité du film, nous nous demandons s'il est bien le tueur recherché pour ces meurtres d'enfants. Le dernier quart nous donnera les explications.
Thomas M. Wright signe un film qui a son propre rythme, ses climats denses (décors, photographie, musique), loin de toute hystérie narrative et technique. Il prend son temps pour filmer les séquences sur la durée.
Le film est porté par ses deux acteurs principaux, dans des interprétations toutes en subtilités, par petites touches, leurs personnages restant toujours mystérieux, et maintenant l'intérêt du spectateur et la curiosité pour la suite. Le spectateur se demandant en permanence comment l'histoire va évoluer. Le travail de Joel Edgerton et Sean Harris nous faisant percevoir une tension constante. Leurs personnages semblent tout le temps prêt à franchir la limite, et provoquent une tension permanente sur l'ensemble du film.

Superbe exercice de style.

Bande-annonce The Stranger

Preparez Vos Mouchoirs (1h48, 1978) de Bertrand Blier

Avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Carole Laure, Michel Serrault, Eléonore Hirt, Jean Rougerie, Sylvie Joly, Riton Liebman, Liliane Rovère. Michel Beaune, Roger Riffard.

Carole Laure est dépressive et n'a de goût à rien, si ce n'est pour tricoter des pull-overs à son compagnon. Son compagnon, Gérard Depardieu l'offre à Patrick Dewaere, qui s'entiche d'elle, mais son spleen et ses états d'âme ne changent pas. Ils sont prêts à tout pour l'aider, car ils l'aiment comme ils disent. Ils rencontrent un adolescent de 13 ans, qui va faire évoluer et changer et les choses.

Bertrand Blier a construit un film concept où Carole Laure et Riton Liebman sont au centre.

Le talent de Bertrand Blier est bien présent: dialogues et interprétations étourdissantes pour une histoire dont les circonvolutions conduisent comme souvent chez lui vers une tragédie de la bourgeoisie, qui ici encore est secouée et chamboulée. Sous certains atours de comédie, le film est un drame via de multiples composantes. Comme souvent la musique a un rôle important, avec ici Schubert, et le personnage de Patrick Dewaere qui est un passionné de Schubert. Et de lecture (il dispose de l'ensemble de la collection du livre de poche).


Nous y trouvons de l'émotion, de la tendresse, des énormités. Que les comédiens jubilent à fournir, nous le sentons biens. Avec des dialogues encore et toujours passionnants et impressionnants.

Préparez vos Mouchoirs

Lou (1h47, 2022) de Anna Foerster

Avec Allison Janney, Jurnee Smollett, Logan Marshall-Green, Ridley Asha Bateman, Matt Craven, Greyston Holt, Daniel Bernhardt, RJ Fetherstonhaugh, Andres Collantes.

Lou est un film qui vous fait ressentir le froid et l'humidité! Ce film de survie maintient et renouvelle tout à la fois le genre. L'humidité et le froid, car le film se déroule lors d'une tempête dans la forêt. Allison Janney, peu sympathique propriétaire et voisine, loue une maison à Jurnee Smollett et sa petite fille. Le film commence par nous montrer la vie des péquenauds qui préparent l'arrivée de la tempête. Mais ce n'est pas un drame campagnard, car ces deux femmes vont être confrontées chacune à leurs passés, qui va les entraîner dans une course poursuite dans un environnement sauvage (très beaux décors et paysages de la Colombie Britannique). À ce titre l'intrigue est classique, et le film ne surprend pas dans ses rebonds dramatiques, mais le traitement et l'environnement rendent l'ensemble passionnant à suivre. De plus le film est visuellement réussi. Le film bénéficie d'un support impressionnant d'Allison Janney, qui porte le film dans un rôle physique et charismatique à la fois. Logan Marshall-Green excelle dans ce personnage fiévreux et ayant perdu tout repère avec la réalité.

Le film excelle aussi, sous ses attributs de film de survie, dans le questionnement et le challenge de la relation mère-enfant. Il met en avant les limites et conséquences, et surtout jusqu'où cette relation peut aller. À ce titre le film est une bonne surprise et cela le rend plus intéressant que beaucoup de productions du même genre.

Bande-annonce Lou

dimanche 6 novembre 2022

Tenue de Soirée (1h24, 1986) de Bertrand Blier

Avec Gérard Depardieu, Michel Blanc, Miou-Miou, Michel Creton, Jean-François Stévenin, Mylène Demongeot, Caroline Silhol, Jean-Yves Berteloot, Bruno Cremer, Jean-Pierre Marielle, Dominique Besnehard, Bernard Farcy,Michel Pilorgé.

Le film est hilarant, particulièrement jouissif et triste. Nous nous demandons pendant quelque temps où veux en venir Bertrand Blier, surtout pendant le premier tiers du film, mais finalement le film nous emporte et nous nous en moquons, comme se laissent porter Michel blanc et Miou-Miou, qui sont pris dans les tourbillons que provoque Bob, c'est-à-dire Gérard Depardieu, dans le rôle de celui qui a toujours une idée derrière la tête.

C'est l'occasion pour les acteurs d'énoncer des dialogues d'anthologie au cours de scènes relativement triviales où les différents acteurs sont crédibles. Bertrand Blier écrit une partition que ses acteurs interprètent avec brio.

Nous y croyons, et c'est la force du film: ce couple qui rencontre Gérard Depardieu, un cambrioleur séducteur dont nous ne comprenons pas au début l'intérêt que lui trouve le couple et puis nous finissons par comprendre (ou pas!). Et pour terminer la dernière scène finale où nos 3 principaux personnages principaux font le trottoir dans un ensemble de dialogues de haut vol pour une séquence d'une puissance impressionnante: c'est une immense partition que leur a écrite le réalisateur-scénariste.

Le film contient son lot de scènes d'anthologie qu'il semble enfiler comme des perles avec pour certaines beaucoup d'humour, mais aussi beaucoup de désespoir. 

Bande-annonce Tenue de soirée

Big Fish (2h05, 2003) de Tim Burton

Avec Ewan McGregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Helena Bonham Carter, Alison Lohman, Robert Guillaume, Marion Cotillard, Steve Buscemi, Danny DeVito.

Les tics et le bestiaire de Tim Burton peuvent susciter l'intérêt, ou l'ennui, cela dépend des goûts. Cela dépend aussi des films. Son univers est cohérent. Ce Big Fish est dans la veine personnelle. Il s'agit d'une histoire plutôt sympathique qui permet à Tim Burton de créer un conte qui perturbe cette Amérique profonde. Il y a les lieux qui font peur. Il y a des personnages surnaturels et sympathiques, ou pas. Et des êtres plus ou moins effrayants, typiques du bestiaire de Tim Burton, mélangés aux clichés de la vie parfaite ou supposée rêvée.

Ensuite, l'histoire convie une empathie mesurée pour les différents personnages, avec en tête Billy Crudup et Ewan McGregor. Le personnage d'Albert Finney est lui plus problématique, et surtout la raison de l'intrigue, c'est-à-dire très fonctionnel, et ne suscite aucune empathie. Quant à Jessica Lange, elle est moins que fonctionnelle. Le film à au moins l'intérêt de convier une distribution riche et en général réussie.

Le film est sauvé par sa conclusion, pas prévisible, mais évidente, et tout ce qui précède n'a aucune raison d'exister si ce n'est de préparer cette fin qui est une libération des personnages et de l'arc dramatique.

À noter une très belle musique de Danny Elfman.

Big fish [Blu-ray]

Du Sang Et Des Larmes (Lone Survivor, 2h01, 2013) de Peter Berg

Avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch, Ben Foster, Yousuf Azami, Ali Suliman, Eric Bana, Alexander Ludwig, Rich Ting, Dan Bilzerian.

Peter Berg confirme encore une fois son talent de metteur en scène et de directeur d'acteurs avec ce film de guerre pas comme les autres qui montrent la débâcle d'une unité spéciale qui se retrouve ne pas pouvoir faire sa mission en Afghanistan (larguée dans les montagnes, ils doivent rejoindre un village pour tuer un chef taliban, mais des évènements imprévus vont changer le déroulement). Ils passent leur temps à fuir pour éviter des talibans qui les poursuivent dans les montagnes.

Le film met en avant aussi la dimension d'hospitalisée de la population afghane. Bien sûr pour ce genre de production tout est parfait sur le plan technique, photographie, décors, maquillages, effets spéciaux, pyrotechnie, reconstitution, avec assez peu de technologie numérique, mais beaucoup de poursuites, car nos soldats sont pourchassés et à essayent de survivre en permanence dans le milieu hostile de ces montagnes. Le film contient une forte dimension patriotique bien sûr. Le film a été conseillé par un des survivants de cette unité qui a beaucoup souffert.

Une réussite dans son genre. Avec une tension permanente, une fois les préparatifs passés. Ébouriffant.

du Sang et des Larmes [Blu-Ray]

Calmos (1h42, 1976) de Bertrand Blier

Avec Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Bernard Blier, Brigitte Fossey, Claude Piéplu, Pierre Bertin, Michel Peyrelon, Dora Doll, Micheline Kahn, Jacques Rispal, Jacques Denis, Sylvie Joly, Claudine Beccarie, Gérard Jugnot,  Dominique Davray.

Bertrand Blier est le spécialiste des films méta. Ici il s'agit d'une métahistoire relativement au fait que les hommes matures en ont assez des femmes. Il faut sûrement évaluer le film dans le contexte de la fin des années 70. Mais sur l'ensemble le film fonctionne et contient quelques séquences savoureuses et d'anthologie. Néanmoins ce n'est pas une histoire comme les autres et nous pouvons savourer les dialogues ou certaines scènes, mais l'ensemble est néanmoins un peu décousu. Nos deux personnages principaux que sont Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, le premier gynécologue qui en a assez de mettre ses doigts et ses yeux dans les vagins de ses clientes, et l'autre qui est visiblement victime des femmes qui le croisent, séducteur à l'insu de son plein gré...

Élément qui structure beaucoup le film surtout dans sa première partie et le fait que les femmes sont remplacées par de la bonne bouffe, des plaisirs du palais, avec des nourritures très grasses, très sucrées, avec beaucoup d'alcool. La deuxième partie est beaucoup plus méta pour le coup et le film se termine à l'intérieur d'une femme ce qui est bien dans sa logique. En passant par la séquence des extractions industrielle du sperme de nos deux personnages, séquence savoureuse et délirante.
Ce n'est pas un film pour toutes les sensibilités, mais il s'agit bien d'un film unique à forte hystérésis.
Calmos

Top Gun (1h50, 1986) de Tony Scott

Avec Tom Cruise, Kelly McGillis, Val Kilmer, Michael Ironside, Anthony Edwards, Tom Skerritt, John Stockwell, Barry Tubb, Rick Rossovich, Tim Robbins.

Visionner Top Gun maintenant, c'est à dire de nos jours dans les années 2022, est un exercice curieux. Le film ne possède pas de charme particulier. Les images semblent travaillées, avec l'apparence de la légèreté de la vapeur, avec une netteté estompée par cette vapeur. Mais cela fait un petit peu sourire.  L'histoire, sans être réellement ennuyeuse, suscite la lassitude, et elle provoque peu d'empathie du spectateur. Les turpitudes de ces pilotes ne nous émeuvent pas. La compétition de ces pilotes pour identifier celui qui sera le meilleur est amusante, mais cela n'est pas un enjeu dramatique extraordinaire. Les interactions de Tom Cruise et Kelly McGillis ne sont pas palpitantes.

Le film est quasi insignifiant et suscite l'incompréhension relativement à l'aura qu'il peut avoir dans la culture populaire. Le film est presque mou et manque de dynamisme. Le film n'est pratiquement pas spectaculaire. Un mystère d'ennui.

Bande-annonce Top Gun

 

 

Taxi 5 (1h42, 2018) de Franck Gastambide

Avec Franck Gastambide, Malik Bentalha, Bernard Farcy, Salvatore Esposito, Edouard Montoute, Sabrina Ouazani, Ramzy Bedia.

La raison d'exister de ce cinquième de franchise importe peu. La direction artistique change. Franck Gastambide et Malik Bentalha prennent les choses en main.

Ce nouveau départ n'est finalement pas déshonorant pour la franchise. Au contraire. C'est un nouveau départ réussi. Avec bien sûr une bonne dose des ingrédients de la recette: humour (plus ou moins pachydermique) et séquences d'action combinant spectaculaire et humour, à base de poursuites automobiles. Et ils reprennent un des ingrédients des précédents: Bernard Farcy. Mais il y a aussi Édouard Montoute, ce qui est une bonne idée, son flegme apportant ce qu'il faut à l'équipe de policiers municipaux. 

Les choses sont un peu plus scatologiques. Et plus maîtrisées.Ce qui fait que ce quatrième de franchise reste recommandable et maintient le niveau de la franchise. La direction d'acteur, les éléments techniques, l'histoire, tout conduit à une suite qui a sa propre raison d'être. Et qui fonctionne.

Taxi 5 BD [Blu-Ray] [Import]

Un Seul Bras Les Tua Tous (The One-Armed Swordsman, 1h55, 1967) de Chang Cheh

Avec Jimmy Wang Yu, Chung-Hsin Huang, Chiao Chiao, Yin-Tze Pan, Yanyan Che, Chuan Chen, Hsiung Chao, Pei-Shan Chang.

Nous sommes ici dans la mythologie du sabreur manchot. Jimmy Wang Yu est celui-ci. Il perd son bras par une femme qui l'aime et le déteste en même temps. Il quitte son école de Kung Fu pour vivre dans l'anonymat. Mais son passé va le contraindre à remettre en avant son talent à cause d'une femme.

Le schéma est ultra classique. Et la forme aussi. Chang Cheh refera une version plus violente du film avec le génial La Rage Du Tigre (1971) qui sera beaucoup plus violente, furieuse et masculine (les femmes n'y ont aucune influence sur l'histoire) et aussi moins mièvre que celui-ci qui manque de subversion dans un canevas sans surprise. Jimmy Wang Yu fait ce qu'il peut, mais il n'est pas vraiment aidé, supporté, transporté, par les autres acteurs qui sont un peu fades ou alors dans les ricanements, ni par les deux actrices (pour les deux seuls personnages féminins) qui sont dans la minauderie gênée. Les combats ne sont pas particulièrement mémorables, si ce n'est le super méchant (que nous découvrons à la fin) avec ses outils particuliers et sa botte secrète qui permettent de sortir de la routine des combats usuels pour ce genre de production.

Bande-annonce Un seul bras les tua tous

La Nuit des Fous Vivants (The Crazies, 1h43, 1973) de George A. Romero

Avec Lane Carroll, Will MacMillan, Harold Wayne Jones, Lloyd Hollar, Lynn Lowry, Richard Liberty, Richard France, Harry Spillman, Will Disney, Edith Bell, Bill Thunhurst, Leland Starnes, A.C. McDonald.

Belle réussite que ce film de George A. Romero. Film qui reprend le canevas de l'épidémie qui se propage de manière non contrôlée, et qui rend les gens fous, d'où le titre. Ce ne sont pas des morts-vivants, mais des gens qui ne maîtrisent plus leurs pulsions.

Le talent de George A. Romero est de rendre tout cela crédible, avec sa direction d'acteur à la serpe qui fonctionne parfaitement. Avec les subtilités dans les échanges entre les personnes en couples. Dans son cinéma d'horreur, les couples, leurs relations dans le cadre de l'arc dramatique principal, sont traités souvent traité avec justesse et subtilité alors que l'histoire n'en contient aucune.

Le reste est par contre traité avec le style du réalisateur qui ne fait pas dans la dentelle et est exempt de subtilité psychologique ou de délicatesse. Les États-Unis d'Amérique du réalisateur sont sans finesse et grossier. Le film contient son lot de séquences spectaculaires, violentes, horribles, mais le tout est enveloppé dans des séquences d'actions et de poursuites.

Bien sûr, le gouvernement à l’origine du virus (indiqué dès le début du film) se révèle vite comme ne pouvant pas apporter beaucoup d'aide, si ce n'est tout détruire avec une bombe atomique. Schéma vu, revu et pillé dans de multiples films.

Los Crazies BD 1973 The Crazies (Codename Trixie)

I Came By (1h50, 2022) de Babak Anvari

Avec Hugh Bonneville, Antonio Aakeel, Alicia Ambrose-Bayly, Percelle Ascott, Franc Ashman, Tarik Badwan, Guadalupe Barcala, Gabriel Bisset-Smith, Peter Bramhill, Anthony Calf, Jonathan Coy, Samuel Creasey, Amerjit Deu.

De jeunes cambrioleurs avec un message (ils cambriolent les riches, avec des messages à l'appui) se trouvent à cambrioler une maison où ils trouvent une personne détenue dans la cave. C'est le point de départ de cette histoire policière qui joue avec les nerfs du spectateur. C'est la maison de Hugh Bonneville, juge bien sous tout rapport et intouchable, qui apparaît progressivement comme cachant des secrets, un passé sombre et des pulsions inattendues. Nos cambrioleurs essaient de le dénoncer, d'aider la police, à comprendre, à le compromettre.

À travers son suspense, le film parle très bien de la précarité des gens pauvres et des immigrés à Londres. Hugh Bonneville est très bon dans son interprétation (et le film joue de son aura acquise avec Downton Abbey), inattaquable, équivoque et ambiguë. Le film contient des moments de surprises, c'est à dire des surprises auxquelles nous ne nous attendons pas, mais aussi des montées progressives de la tension. Tout cela est bien huilé et la mécanique fonctionne parfaitement. Un exercice de style réussit.

I Came By

Assiégés (The Outpost, 2h03, 2019) de Rod Lurie

Avec Scott Eastwood, Caleb Landry Jones, Orlando Bloom, Jack Kesy, Cory Hardrict, Milo Gibson, Jacob Scipio, Taylor John Smith, Jonathan Yunger, Alexander Arnol, George Arvidson, Will Attenborough, Chris Born.

Il s'agit de l'histoire d'un poste isolé que tiennent les Étatsuniens dans les montagnes Afghanes. Petit fort isolé extrêmement difficile à défendre (il est entouré de montagnes qui le surplombe). Le film raconte la vie au quotidien de ces soldats, puis comment ils essaient de résister à une attaque de grande envergure des talibans.

Extrêmement spectaculaire, le film arrive à faire sentir le sentiment d'insécurité permanent de ce fort isolé. Avec l'arrivée de nouvelles recrues, le changement de commandant, ou la gestion des munitions sur les différents postes de défense. Le film montre aussi la cohabitation avec les Afghans locaux, par forcément des talibans, mais avec leur code de vie moyenâgeux avec lequel les soldats doivent composer.

Film de guerre choral où il n'y a pas un personnage principal que nous suivons, mais le film réussit à nous faire appréhender l'ensemble du groupe. Dans l'ensemble, il s'agit d'un film très efficace avec une tension permanente qui ne lâche pas le spectateur d'une seconde et lui fait ressentir la claustrophobie de la situation, avec une tension qui augmente progressivement dans le dernier tiers du film.

 Assiégés (The Outpost) [Blu-Ray]

lundi 31 octobre 2022

T4XI (1h31, 2007) de Gérard Krawczyk

 Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Bernard Farcy, Emma Wiklund, Edouard Montoute, Jean-Christophe Bouvet, Jean-Luc Couchard, François Damiens.

Luc Besson reprend les mêmes, équipes techniques, scénariste, distribution, et cela recommence. Ici, la franchise continue avec la même histoire, les mêmes acteurs et les mêmes arcs dramatiques. Ici les méchants sont belges. Les mêmes gimmicks articulent l'histoire. Les qualités ou les caractéristiques sont toujours là. Les images de Marseille, la vitesse et les voitures, les gags pesants, la direction d'acteur à la serpe, et des images-chocs, notamment du tueur belge dans son costume, pour un mélange qui progresse vite et tient toujours dans les quatre-vingts dix minutes, sans temps mort, pour aller droit au but.

Il se dégage, comme dans chaque épisode de la franchise, une forme de liberté, une forme d'audace sans complexe qui mélange vulgarité, misogynie, xénophobie, humour sans complexe, pour un bréviaire sur les clichés qu'il est possible de trouver dans une fiction. Hormis cette perspective assumée de ne pas souhaiter plaire à une élite, et qui fonctionne parfaitement, le film manque peut-être de subversion, mais reste efficace dans son genre.

Taxi 4 - Director's Cut (Inkl. Wendecover) [Blu-ray]

A Mort L'Arbitre (1h22, 1984) de Jean-Pierre Mocky

Avec Michel Serrault, Carole Laure, Eddy Mitchell, Laurent Malet, Claude Brosset, Jean-Pierre Mocky, Nathalie Colas, Géraldine Danon, Nathalie Dauchez, Sophie Moyse.

Jean-Pierre Mocky est un maître dans la construction de films avec des personnages détestables, de prétention grotesque d'une manière insolente et déplaisante, médiocres bien sûr, qui se comportent comme des bêtes, pour la jubilation du spectateur. Ce qui permet de dénoncer beaucoup de choses comme souvent chez le réalisateur.

Entre Michel Serrault qui campe un psychopathe, Eddy Mitchell qui lui est un arbitre qui manque de psychologie, hautain et médiocre, et toute la galerie des personnages qui gravitent autour: aucun n'est a sauver, aucun ne suscite d'empathie. Même pas Carole Laure la fiancée d'Eddy Mitchell ou Jean-Pierre Mocky lui-même dans le rôle du flic de service toujours en retard sur les évènements. 

Michel Serrault et sa bande de monstres, physiquement et psychologiquement laids, poursuivent un arbitre qui leur a fait perdre leur match, pour une chasse à l'homme ultime, avec morts et destructions collatérales, en passant par le stade, un plateau de télévision, une usine désaffectée, des logements modernes et sans âmes, pour finir dans les entrailles de la Terre, avec une fin ironique qui peut irriter.

Un beau coup de poing pour le spectateur.

À Mort l'arbitre [Blu-Ray]

La Peine Du Talion (The Man from Colorado, 1h40, 1948) de Henry Levin

Avec Glenn Ford, William Holden, Ellen Drew, Ray Collins, Edgar Buchanan, Jerome Courtland, James Millican, Jim Bannon, William 'Bill' Phillips.

Western au scénario riche et intéressant où un ancien officier nordiste, sanguinaire, avide de gloire, qui devient le juge d'une petite ville du far-west. Sous ses attraits de respectabilité se cachent un tyran et un fou que Glenn Ford interprète très bien, avec des regards de folie lors de certains plans.

En face de lui il y a un de ses anciens officiers, William Holden, ami pendant la guerre de Sécession, qui devient Marshall et qui affronte régulièrement le juge, lui qui essaie d'être juste dans cet univers où la justice se met en place progressivement. Il y a évidemment des tensions entre les deux. Liée à la guerre de Sécession, puis à la précarité des gens pauvres ensuite. Tensions accentuées, car ils convoitent tous deux Ellen Drew, la fille d'un riche local (personnage terne dont nous ne comprenons pas l'intérêt qu'elle suscite pour William Holden, voire Glenn Ford, mais son appartenance à une famille riche fait partie de ses calculs nous imaginons).

Il s'agit d'un scénario passionnant (signé Robert Hardy Andrews et Ben Maddow) où les accès de folie de Glenn Ford sont très bien interprétés, simplement par un regard et une interprétation fiévreuse. Qui d'ailleurs écrase un peu le lisse William Holden, gendre parfait, qui néanmoins n'intéresse pas Ellen Drew.

La Peine du Talion [Édition Collection Silver Blu-Ray + DVD]

dimanche 23 octobre 2022

Taxi 3 (1h24, 2003) de Gérard Krawczyk

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Jean-Christophe Bouvet, Bai Ling, Edouard Montoute.

La franchise continue avec ce troisième. Ici ce ne sont plus des Allemands ou des Yakuza, mais le gang des pères Noël qui ridiculise la police marseillaise. Même ingrédients et même scénario pour le même résultat que ce soit les qualités ou les défauts. Bernard Farcy est toujours là, heureusement, et il est toujours le pivot du film. Et les cascades sont toujours spectaculaires. Tout comme l'arrière-plan marseillais toujours aussi photogénique.

Nous avons toujours Luc Besson au scénario et Gérard Krawczyk à la mise en scène. Même équipe, même recette, mêmes acteurs, même intrigue, avec l'arc dramatique secondaire où nos deux héros vont être pères.Les cascades et séquences de vitesse sont toujours là aussi. 

La nouveauté de ce troisième de franchise est de se conclure hors de Marseilles, en l’occurrence ici dans la neige.

Taxi 3 [Blu-Ray]

Les Disciples De Shaolin (1h46, 1975) de Chang Cheh

Avec Sheng Fu, Kuan-Chun Chi, Ming Li Chen, Ching-Ping Wang, Ti Lu, Tao Chiang, Hark-On Fung, Chiang Han, Shou-Yi Fan, Li Hsu, Stephan Yip, Hui-Huang Lin.

Ce film est la compilation de ce qu'il y a de pire chez Chang Cheh. Nous y trouvons une direction d'acteur catastrophique avec des acteurs qui grimacent ou qui passent leur temps à ricaner. Nous y trouvons les décors en carton-pâte ou alors d'une pauvreté visuelle de type chemin avec des herbes au bord. Nous y trouvons une musique ridicule qui surjoue. Nous y retrouvons aussi un schéma dramatique sans intérêt et ridicule qui fait que le film fait sourire, mais pas volontairement.

Le film n'est pas dénué d'intérêt si nous considérons uniquement les combats. Ils sont plutôt assez secs et très amusants avec le son ridicule qui est rajouté à chaque coup entre les sifflements des mouvements et les coups de canon chaque fois que les personnages sont censés se toucher.

L'histoire est pour le moins débile et surtout mélange une flopée de personnages tous plus crétins les uns que les autres, y compris le héros principal, Fu Sheng, dénué de talent d'acteur.

Comme bon nombre de films de Chang Cheh, les hommes se retrouvent très vite torse nu. Et les personnages féminins sont des faire-valoir sans grand intérêt.

Les Disciples de Shaolin

Taxi 2 (1h28, 2000) de Gérard Krawczyk

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Jean-Christophe Bouvet, Frédérique Tirmont, Marc Faure, Haruhiko Hirata, Tsuyu Shimizu, Ko Suzuki, Yoshi Oida, Edouard Montoute, Michel Muller, Cyril Raffaelli.

Pour le deuxième de franchise, le réalisateur change, mais pas le scénariste (toujours Luc Besson). Le changement à la mise en scène n'affecte pas le film. Peut-être la direction d'acteur, qui parait moins lourde, moins schématique.

Le scénariste reprend le canevas du premier: ici la police de Marseille affronte des Yakuzas, et ajoute plus d'informations sur les personnages secondaires (le père de Mario Cotillard par exemple, militaire de carrière). L'ensemble reste une comédie d'action, avec de belles images de Marseille en arrière-plan. Le canevas est le même donc, avec le débrouillard Samy Nacéri, et le crétin Frédéric Diefenthal.

Cette franchise est un florilège des caricatures: japonais (forcément Yakuza), militaire (forcément militaire...), les femmes (forcément enjeux sexuel ou aux fourneaux ou bonne à faire des enfants), sauf l'Allemande, plutôt pas trop désavantagée même si elle est un enjeu sexuel pour le crétin de service, le Marseillais forcément fainéant et débrouillard. Etc.

Les cascades restent spectaculaires et le côté "à l'ancienne" c'est-à-dire sans l'arsenal numérique complet (image 98% générée par ordinateur) donne à la tôle froissée une texture dont le numérique est incapable (même avec un rendu ultra réaliste, cela sonne faut).

Cette franchise est parfaite comme catalogue des chromos de l'époque (musique, sociétale).

L'intérêt principal du film reste Bernard Farcy, dont les délires et les facéties misogynes, phallocrates, ou racistes donnent au personnage un côté humain, étonnamment. Il en fait tellement qu'il en devient sympathique.

Bande-annonce Taxi 2


Lincoln (2h30, 2012) de Steven Spielberg

Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn, Joseph Gordon-Levitt, James Spader, Hal Holbrook, Tommy Lee Jones, John Hawkes.

Steven Spielberg et son scénariste (Tony Kushner) arrivent à rendre passionnante la grande histoire et la petite histoire.

La petite histoire personnelle d'Abraham Lincoln avec sa femme et ses fils. La petite histoire des tractations de l'équipe d'influenceurs pour convertir certains démocrates de voter pour l'amendement que souhaite faire passer Abraham Lincoln.

Le film a le mérite de montrer les petits évènements et petites tractations qui sont sous-jacents aux évènements majeurs: les discussions pour convertir les futurs votants, les tractations avec les républicains, dont Tommy Lee Jones, les tractations avec la délégation sudistes pour négocier la fin de la guerre.

La scène la plus forte est lorsqu’après le vote, Tommy Lee Jones rentre chez lui et où nous rendons compte que sa gouvernante noire est aussi sa compagne. Belle révélation qui donne une saveur au film, le montage insistant bien avant cette scène sur les états d'âme de la servante de la femme de Lincoln.

Sinon, Daniel Day Lewis est impressionnant, avec sa petite voix, ses petits mots et blagues.

Le scénario est fort, car il ne traite pas le personnage comme quelqu'un qui a une réflexion démentielle et une puissance intellectuelle phénoménale ni comme quelqu'un de terre à terre, vulgaire et prolétaire. Mais un mélange des deux, où la mise en scène essaie de montrer toutes les composantes du personnage. Le montage est d'ailleurs un peu trop insistant par moment.

La musique de John Williams est réussie, subtile lorsqu'il le faut, et pléonasmique lorsqu'il le faut.

Sally Field est le gros défaut du film. Son personnage est peu intéressant. Elle ressemble plus à la mère de Lincoln que sa femme. Son interprétation manque de subtilité. Et ses états d'âme n'apportent pas grand-chose à l'ensemble de l'intrigue.

Lincoln [Blu-Ray]

Taxi (1998, 1h26) de Gérard Pirès

Avec Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, Marion Cotillard, Emma Wiklund, Bernard Farcy, Manuela Gourary, Georges Neri, Guy Quang.

La mécanique du film de potes obligés de cohabiter fonctionne à la perfection dans ce made in France, made in Marseille (à ce titre, le film contient de belles images de la ville et en est un superbe catalogue).

La dynamique fonctionne, mais les rouages sont rugueux. La direction d'acteur n'est pas subtile. Les cascades devant caméras gardent leurs charmes (à l'époque du CGI porn que convie le tout numérique qui arrivera après) et le film est un festival; la texture des cascades "devant caméra" donne vraiment quelque chose de différent du tout numérique. Les acteurs paraissent mécaniques, mais assurent le job très caricatural de leurs personnages. Justement: personnages caricaturaux, collection de clichés sur Marseille, les fainéants, les policiers, les Marseillais, les non-Marseillais, les Allemands. Allemands qui se complaisent à ridiculiser la police marseillaise avec leurs voitures allemandes, qui répondent eux par des scooters.

La musique date furieusement le film par contre, les chansons paraissant ridicules avec le temps.

Le film garde un niveau de curiosité certain, surtout si nous considérons les quatre films suivants, qui pour les trois suivants seront un décalque de celui-ci, avec des acteurs principaux plus à l'aise dans leur personnage.

 Bande-annonce Taxi


Le Témoin (1h30, 1978) de Jean-Pierre Mocky

Avec Alberto Sordi, Philippe Noiret, Roland Dubillard, Gisèle Préville, Sandra Dobrigna, Paul Crauchet, Gérard Hoffman, Madeleine Colin, Consuelo Ferrara, Paul Muller, Dominique Zardi.

Nous retrouvons dans ce film beaucoup de thèmes, récurrents chez Jean-Mocky, présents dans beaucoup de ses films, soit comme sujets principaux ou sous-jacents à l'intrigue. Parmi ceux-ci: la bourgeoisie de province, méprisante et hautaine, le narcissisme médiocre de l'Église, l'avidité sexuelle de toutes et tous. Dans un contexte de film policier. Une préadolescente est retrouvée tuée et violée. Elle était le modèle de Alberto Sordi, peintre qui restaure une toile de l'église locale. Il est accusé à l'insu de son plein gré, car il est le dernier à l'avoir vue. Le film est aussi un plaidoyer contre la peine de mort. Il est le témoin du titre et va se retrouver accusé du viol et du meurtre. Philippe Noiret campe un bourgeois méprisant, et sa femme et la bourgeoisie de province le sont encore plus.

Portrait au vitriol de la médiocrité et du racisme de caste, Jean-Pierre Mocky frappe fort (le matériel original est un roman de Norman Daniels) avec ce film qui donne une gifle au spectateur. Et il bénéficie d'une distribution importante, avec Philippe Noiret qui excelle en monstre concupiscent qui n'y peut rien, Alberto Sordi en naïf très bête, et Roland Dubillard dans le rôle du commissaire qui jubile d'ennuyer cette bourgeoisie qui se croit intouchable.

Le Témoin [Blu-Ray]

samedi 20 août 2022

The Fall (17 épisodes d'1h sur 3 saisons, 2013-2016) de Allan Cubitt et Jakob Verbruggen

Avec  Gillian Anderson, Jamie Dornan, John Lynch, Aisling Franciosi, Niamh McGrady, Bronagh Waugh, Sarah Beattie, Stuart Graham, Bronagh Taggart, Valene Kane, David Beattie, Emmett J Scanlan, Richard Clements, Claire Rafferty,

Le format série permet les digressions, sur le personnage principal, sur le méchant principal. Sur le personnage principal, c'est la commissaire Gillian Anderson, toute en retenue, presque mutique, mais avec une interprétation très riche et dense. Du côté du méchant principal, Jamie Dorman, parfait et exaspérant pour le spectateur tant il est crâneur dans le rôle d'un tueur psychopathe.

Le canevas est simple, mais l'histoire est très compliquée. Un tueur en série sévit à Belfast (Jamie Dorman). Une enquêtrice dépêchée de Londres dirige l'équipe (Gillian Anderson), qui dans un premier temps ne sais pas qui est le tueur, puis devine, puis doit accumuler les preuves pour le confondre, car le bougre, en plus d'être le Mal incarné, est fin psychologue et extrêmement intelligent.

Du côté des digressions, mais qui donnent de la chair aux personnages, il y a la vie sentimentale et sexuelle de Gillian Anderson. La grande qualité du personnage est que nous ne devinons jamais ce qu'elle va dire ou faire. Son personnage reste mystérieux en permanence.

Du côté du tueur, c'est sa vie de famille, avec sa femme, ses enfants, la baby-sitter, qui s'avèrera un levier important de l'histoire.

La saison 1 installe les choses. La saison 2 lasse un peu, par ses invraisemblances et sa lenteur, et relance l’intérêt à la fin grâce à un évènement qui va perturber les activités de notre enquêtrice en cheffe, mais aussi de notre tueur en série. La saison 3 relance donc l'intérêt et l'enquête, et oblige le tueur en série à développer une nouvelle stratégie.

La série peut faire penser au Silence des Agneaux (Jonathan Demme, 1991) pour son côté horrible et son atmosphère de film de tension, qui est permanente, mais avec en plus le développement des personnages que permet le format série.

The Fall

Killing Eve (16 épisodes de 40 minutes, saisons 1 et 2, 2018-2019) de Phoebe Waller-Bridge

Avec Sandra Oh, Fiona Shaw, Jodie Comer, Kim Bodnia, Sean Delaney,  Aaron Vodovoz, Rinat Khismatouline, Emily McIllwraith, Lina Garvardt, Viorica Bantas, Susan Lynch.

Sous le prétexte de la traque d'une tueuse à gages, le film permet de tisser des trajectoires entre trois personnages principaux, tous féminins, et de construire une série féministe (elles sont libres de toutes contraintes des hommes et font littéralement ce qu'elles veulent). Car dans cette série, les hommes sont des suiveurs, des esclaves, et les femmes des maîtresses.

Jodie Comer est la tueuse à gages, extrêmement libre, sexuellement, professionnellement. Il est difficile de ne pas penser à Nikita (1990, Luc Besson) pour le concept, mais ici beaucoup plus fouillé et moins infantile, même si le personnage de Jodie Comer possède un côté enfantin.

Sandra Oh est l'enquêtrice que les services secrets britanniques mettent en pointe pour traquer cette tueuse. Nous comprenons très vie qu'elle est complètement folle, inconsciente, impulsive, comme la tueuse. Sandra Oh interprète parfaitement la dingue qui n'en a pas l'air.

Et tirant les ficelles au sein des services secrets britanniques, Fiona Shaw, dans un personnage dont on ne sait jamais ce qu'elle a en tête, et qui sait utiliser l'imprévisible Sandra Oh. Car les personnages assassinés inquiètent les services secrets britanniques. Notre tueuse voyage beaucoup en Europe, y compris dans l'ex-URSS.

Donc le genre est le film d'espionnage, car les commanditaires de la tueuse sont mystérieux: sont évoqués une organisation occulte, ou alors un milliardaire, mais ce ne sont que des prétextes, car la série est dans la relation entre nos deux personnages féminins, qui manifestent des attirances mutuelles qui font le sel de la dramaturgie de la série.

C'est deux premières saisons donnent envie de continuer.

Killing Eve

vendredi 19 août 2022

Les Raisins De La Colère (The Grapes of Wrath, 2h09, 1940) de John Ford

Avec Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin, Dorris Bowdon, Russell Simpson, O.Z. Whitehead, John Qualen, Eddie Quillan, Zeffie Tilbury, Frank Sully, Frank Darien, Darryl Hickman.

Les Raisins de La Colère suit Sur La Piste des Mohawk qui lui suit Vers Sa Destinée. Quelle période pour John Ford! Des films historiques, qui racontent l'histoire des USA, telle que souhaitée par John Ford, vue et perçue par des individus simples. Et les trois avec Henry Fonda.

Ce qui marque l'esprit à la vision de ces raisins de la colère, ce n'est pas tant l'histoire et le sujet, dur, mais la beauté plastique du film, les cadrages, en particulier dans les plans moyens et plans d'ensemble. Bien sûr, cette histoire de pauvres qui immigrent pour trouver du travail et pour pouvoir vivre reste une préoccupation et un sujet contemporain, factuellement et malheureusement, quatre-vingts ans après (pour le film), cent ans après pour l'histoire diégétique. Ici nous suivons les périples d'une famille de fermier a qui l'on retire sa ferme, vers d'hypothétiques possibilités de travail, et comment ils sont exploités. John Ford se concentre sur la famille, ses individus, et tous ceux qui la modifient négativement, c'est-à-dire ceux qui les exploitent, de force, les réduit en esclavage. John Ford évite l'ultra larmoyant en se centrant sur le personnage d'Henry Fonda, qui est en quelque sort le point de vue du spectateur qui découvre, et qui comprend progressivement comment les gens comme eux se font exploiter.

Le film et le scénario montrent bien en permanence l'état de paria et l'embarras que suscitent ces pauvres et ces immigrés: la scène des bombons dans le magasin, ou alors avec Ward Bond, policier de même origine qui les repoussent aussi.

Les Raisins de la colère [Édition Digibook Collector + Livret]

Vers Sa Destinée (Young Mr. Lincoln, 1h40, 1939) de John Ford

Avec Henry Fonda, Alice Brady, Marjorie Weaver, Arleen Whelan, Eddie Collins, Pauline Moore, Richard Cromwell, Donald Meek, Judith Dickens, Eddie Quillan, Spencer Charters, Ward Bond.

Le film contient des éléments plastiques superbes, qui rendent le film presque hypnotique. Le noir et blanc est de toute beauté.

Le personnage interprété par Henry Fonda, le jeune Abraham Lincoln, est à la limite du fantastique. Son maquillage, très proéminent, donne au personnage une patine presque surnaturelle. Son corps longiligne et maigre fait plus penser à un vampire, à un personnage qui fait peur, qu'à un futur homme d'État.

Nous comprenons ce qui a pu intéresser John Ford: ce jeune qui aide le groupe à bâtir des fondamentaux dans un univers où la démocratie est en construction, où la justice essaye de passer d'un stade expéditif à un stade où l'équité et le factuel guident.

Le film de tribunal est un genre à part entière. Ici le film l'adopte pendant une partie où notre Henry Fonda est l'avocat de celui que tout accuse. Les séquences du tribunal ne sont pas les plus réussies; l'avocat Abraham Lincoln subissant les évènements.

Ce n'est pas tant un film sur Abraham Lincoln, qu'un film de John Ford sur un groupe d'individus qui essai de se construire et d'essayer de vivre collectivement. Plusieurs moments notables: au début lorsque des pèlerins payent en livres contenus dans un tonneau, ce qui illumine particulièrement le visage du jeune Henry Fonda. Et un peu plus tard, l'ellipse sur la fiancée depuis leur échange au bord la rivière avec l'arrière-plan bucolique, vers l'hiver avec la neige, le fleuve en cru et la tombe...

vers sa destinée [Blu-Ray]

Contrecoups (Windfall, 1h32, 2022) de Charlie McDowell

Avec Jason Segel, Lily Collins, Jesse Plemons, Omar Leyva.

Huis clos où un pauvre (Jason Segel, peu subtil), récemment licencié, se retrouve à kidnapper un milliardaire (Jesse Plemons, parfait comme souvent) et sa jeune épouse (Lily Collins, fonctionnelle). Ses motivations initiales ne sont pas claires, mais il pénètre dans la maison du milliardaire pensant être seul, mais celui-ci fait une visite avec sa jeune épouse, et les séquestre, presque à l'insu de son plein gré.

Le scénario est bien huilé et bien écrit. Il maintient en haleine le spectateur jusqu'au dernier moment, tout en gérant bien les rebondissements et paliers dramatiques: l'arrivée du jardinier, l'évolution du personnage de Lily Collins. La distribution est constituée de quatre acteurs uniquement.

Exercice de style donc, efficace et réussit, en mode conciliabule pour nos trois personnages, mais ils sortent de la maison et vont dans le jardin, donc pas du tout étouffant. Le scénario prend son temps à installer la situation, les personnages, puis nous imaginons la suite, avec ou sans succès, car nous nous demandons comment l'histoire va évoluer, souvent sans deviner, ce qui est un bon point. Puis nous devinons quand même la fin: nous ne la divulgâcherons pas, mais elle est évidente au deux tiers de la durée.

Bande-annonce Contrecoups

dimanche 7 août 2022

Mémoire Meurtrière (Memory, 1h54, 2022) de Martin Campbell

 Avec Liam Neeson, Guy Pearce, Taj Atwal, Harold Torres, Ray Fearon, Monica Bellucci, Ray Stevenson, Mia Sanchez, Daniel De Bourg, Natalie Anderson, Rebecca Calder, Scot Williams.

Le père Liam Neeson joue de son âge et compose un succès-damné de John Wick, où le tueur en série et à gage est très proche de la retraite. Au point qu'il aurait dû la prendre depuis quelque temps, car il est atteint d'une maladie neurodégénérative incurable du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive des fonctions mentales et notamment de la mémoire. Cela permet de pimenter le scénario d'éléments cocasses. Liam Neeson est parfaitement dans sa mythologie masochiste qu'il interprète depuis plusieurs années maintenant.

Pour le reste le film est un bon film de série (qui serait B) où les personnages secondaires sont un peu plus fouillés qu'à l'accoutumée (travail facile pour le scénariste, car il a le roman initial et le premier film belge - 2003 - basé sur le roman), que ce soit Guy Pearce, Taj Atwal ou Harold Torres. Nous pouvons gratifier le film de liens avec les réalités que sont la maladie neurodégénérative évoquée, le trafic d'humains, l'immigration mexicaine vers les USA, la pédophilie ou la justice injuste (l'histoire de la femme et de l'enfant de Guy Pearce). Bref, il s'agit d'une série B qui sous ses oripeaux de films d'enquête, de traque et d'action, possède de solides adhérences sociétales.

Bande-annonce Memory

Loin Du Périph (2h01, 2022) de Louis Leterrier

Avec Omar Sy, Laurent Lafitte, Izïa Higelin, Dimitri Storoge, Stéphane Pezerat, Jo Prestia, Flavie Péan, Catherine Schaub-Abkarian, David Ban, Lea Dauvergne, Sylvia Bergé, Djimo.

L'esthétique Luc Besson et l'hygiène Taxi survivent. Ici pour servir une grosse star, et un acteur confirmé, dans un duo et des schémas faciles pour les scénaristes (trois crédités quand même, cela laisse rêveur). Ce n'est pas très subtil et pour le moins caricatural, et substantiellement phallocrate. Nous apprécions des méchants racistes et d'extrême droite, même si nous restons dans le schéma et la caricature.

Ce qui est plus surprenant ce sont les séquences d'action qui manquent de lisibilité. C'est très découpé et la caméra bouge beaucoup. Mais n'est pas Tony Scott ou Michael Bay qui veut. Mais là où le film est plutôt sympathique est sur le coté pataud, adipeux de notre duo, qui n'ont pas le physique ni la condition du film d'action états-unien, qui peut être une référence pour les créateurs du film. Et c'est justement ce que nous apprécions, car cela donne au film une singularité qui permet de l'identifier.

L'alchimie entre les deux acteurs fonctionne et reste le principal intérêt film. Mais l'ensemble s'essouffle; les deux heures de durée sont de trop (la franchise Taxi était sur quatre-vingt-dix minutes de durée maximum).

Bande-annonce Loin du périph

Saani Kaayidham (2h16, 2022) de Arun Matheswaran

Avec Keerthy Suresh, K. Selvaraghavan, Lizzie Antony, Vinoth Munna, Murugadass, Kanna Ravi. 

Un film dément pour des Occidentaux comme nous. Racisme de caste. Sexisme. Ils sont laids, adipeux, suintants, violeurs.Keerthy Suresh est policière, ce qui est déjà une aberration pour ses congénères: une femme qui travaille et policière. Cela ne plait pas beaucoup. Elle est inférieure (pas la bonne caste probablement). Son mari, pleutre et alcoolique, travaille pour la caste des laids, gras, adipeux, suintants, supérieurs donc. Par une combinaison de scénariste (mais paraissant crédible devant la bêtise des personnages), les supérieurs brulent vif son mari et sa fille. Et la viole et mutile à cinquante. Ceci pour une exposition qui prend son temps.

Dans ce monde de sauvage, probablement un reportage sur la situation de la femme en Inde, Keerthy Suresh n'appréciera pas beaucoup ce qui est arrivé à sa famille et se vengera. Le reste du film est jubilatoire, car elle mène sa vengeance jusqu'au bout. Elle ne tue pas brutalement, mais cherche à faire souffrir, comme ce qu'elle a vécu, et comme ce que sa fille a vécu. Et elle est prête à perdre tout discernement, dont tuer des enfants ou des innocents. Donc nous avons de belles scènes de torture porn (plutôt hors champ quand même) où elle fait souffrir ses anciens bourreaux et les tueurs de sa fille, avec jubilation. Il faut dire qu'ils sont tellement laids, fats, suintants, et bêtes, que nous sommes pleinement avec elle.

Et ce cinéma-là mêle adroitement drame intérieur, enquête, torture porn et film de vengeance. Le genre serait du revenge porn. Kollywood nous donne un chef d'oeuvre. Death Wish (version Michael Winner) rencontre Hostel (version Eli Roth). Du grand Art.

Chinni