dimanche 26 avril 2020

La Guerre Selon Charlie Wilson (2007) de Mike Nichols

Avec Tom Hanks, Amy Adams, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman, Terry Bozeman, Jud Tylor, Hilary Angelo, Cyia Batten, Emily Blunt, Wynn Everett.

Bande-annonce La Guerre selon Charlie WilsonCurieux film grâce à son curieux personnage. Un sénateur américain (Tom Hanks) d'un état de l'Amérique profonde se prend d’intérêt pour la cause des Afghans persécutés par les Soviétiques (nous sommes à la fin de la Guerre Froide). Le film explique comment les Américains en sont venus à aider les Afghans contre les Soviétiques. Avec beaucoup de détails sur le lobbying à la Maison-Blanche, et sur les relations diplomatiques officieuses avec le Pakistan ou Israël par exemple. Ce côté documentaire sur les arcanes de la géopolitique et comment cela commence au Texas par une millionnaire (Julia Roberts) qui se préoccupe de lutter contre les communistes.
Se rajoute l'embarquement de la CIA et d'un agent pas politiquement correct (Philip Seymour Hoffman). Qui s'entend parfaitement bien avec le sénateur Charlie Wilson, Tom Hanks, dans un personnage haut en couleur, dont une des qualités est de bien choisir ses assistantes.
Ce mélange de reconstitutions historiques, espionnage, dénonciation politique, fonctionne parfaitement, et est porté par sa distribution de grande qualité. Et Mike Nichols (dont c'est le dernier film) dispose d'une distribution haut de gamme qui joue un rôle important dans le plaisir que provoque la vision du film.

Le Meilleur Reste A Venir (2019) de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

 Avec Fabrice Luchini, Patrick Bruel, Zineb Triki, Pascale Arbillot, Marie Narbonne, Jean-Marie Winling, André Marcon, Thierry Godard.

Le meilleur reste à venir PosterSur un canevas plutôt forcé, c'est-à-dire deux énormes quiproquos, deux copains pensent que l'autre est malade et va mourir. Pour l'un il s'agit de Fabrice Luchini en psychorigide, et de l'autre Patrick Bruel bon à rien, profiteur qui emmerde tout le monde.
Tout ceci est très forcé et à des difficultés à progresser. Le problème ne vient pas des acteurs qui sont très bons et font le job (voir la scène de l'enterrement où Fabrice Luchini arrive à obtenir une larme du spectateur), mais essentiellement du côté un peu artificiel du scénario et surtout de côté caricatural des personnages qui sont poussés un petit peu à l'extrême.
Cela reste de manière générale très mécanique, surdramatisé, voire surjoué. Ce matériau serait sûrement plus adapté pour une pièce de théâtre.
Dans le côté convenu, nous trouvons la progression globale et la conclusion finale avec le rabibochage de nos personnages avec leurs familles respectives. Aucune surprise sur cet aspect-là.


La Lutte Des Classes (2019) de Michel Leclerc

Avec Leïla Bekhti, Edouard Baer, Ramzy Bedia, Tom Lévy, Baya Kasmi, Claudia Tagbo, Oussama Kheddam, Laurent Capelluto.

La Lutte des ClassesUn couple et leur enfant vivent heureux dans une maison de banlieue. Lui est batteur d'un groupe punk, tendance punk attardé (anarchiste du dimanche): Edouard Baer dans un rôle qui lui va bien. Elle est avocate: Leïla Bekhti, nominale.
Ils vont être confrontés au fait que leurs voisins ou amis mettent progressivement leurs enfants en école privée, car il y a trop d'enfants de l'immigration. Eux vont résister contre vents et marée pour maintenir leur enfant en école publique. Il y a donc la lutte des classes publiques et privées et la lutte des classes sociales. Le drame est autour du fait que l'enfant perd tout ses copains qui partent à l'école privée.
Le film déroule sa comédie dramatique avec efficacité et justesse. Avec un lot de scènes qui sortent du lot lorsque cela se passe à l'école avec Ramzy Bedia en directeur d'école assistant social et homme à tout faire, et l'excellente Baya Kasmi en professeure des écoles complètement à côté de la situation. Le duo principal fonctionne bien et est juste, mais nous retenons plus le Directeur d’École et son enseignante.
Michel Leclerc est l'auteur de l'excellent Nom Des Gens (2010). Ici, sur des thématiques similaires, nous sommes moins convaincus.

Les Misérables (2019) de Ladj Ly

Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga, Issa Perica, Jeanne Balibar, Al-Hassan Ly, Steve Tientcheu, Almamy Kanouté, Nizar Ben Fatma, Raymond Lopez, Luciano Lopez, Jaihson Lopez.

Nędznicy PosterLe film qui montre une cité, d'abord dans un mode joyeux où les personnes cohabitent avec quelques tensions. Mais aussi avec la tournée et les rondes que mènent les policiers que nous suivons. Puis un évènement fait basculer le film et sa dramaturgie se tend jusqu'à l'explosion finale. Le film est implacable et fonctionne jusqu'au bout. Le film est probablement dans un certain réalisme: il distille un réalisme sombre et joyeux à la fois, dans sa première partie, puis descends dans une noirceur et un pessimisme sans retour où les semblants d'ententes qu'il pouvait exister dans la première partie volent en éclat. Chacun pour soi, c'est un peu la morale du film. Curieusement, le personnage qui bénéficie d'un traitement favorable est l'intégriste musulman, ce qui peut être jugé comme suspect.
Si nous le comparons à La Haine (1995), sur un sujet qui a des accointances, ici pas d'éléments formels mis en avant (pas de noir et blanc, pas de travail particulier sur la photographie), mais les personnages, les communautés, les sujets sont mis en avant. Il est néanmoins bien fait.
Le film manque peut-être de personnages féminins. Elles sont juste montrées comme des mères ou des prostituées (ou supposées telles), ce qui réduit sa portée.

Seules Les Bêtes (2019) de Dominik Moll

 Avec Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz, Bastien Bouillon, Valeria Bruni Tedeschi, Jenny Bellay, Fred Ulysse, Roland Plantin.

Bande-annonce Seules Les Bêtes
Beau travail sur un scénario qui joue habilement des surprises, des pistes différentes, les mêmes scènes présentées sous un autre angle, avec de multiples mystères, et de multiples histoires, qui sont néanmoins accointées, ce que le spectateur comprend à intervalle régulier, ce qui l'aide à recoller les morceaux et à envisager des scènes déjà vues sous une autre dramaturgie.
Le film est une succession de différentes histoires, a priori sans lien, mais il y en a bien. Le film est une succession  de surprises et révélations, jusqu'à la dernière scène avant le générique de fin, qui contient aussi une surprise.
Le film arrive à être cohérent sans personnage principal ou acteur principal, avec des lieux géographiques très différents (par exemple, la Lozère avec sa ruralité, l'Afrique d'Abidjan avec les technologies numériques) et une multitude de décors et une histoire globale qui fait le lient entre tout, mais pas comme le spectateur peut s'y attendre ou y être habitué. C'est une de ses forces.
La distribution est une réussite et les quatre personnages principaux (Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz) sont parfaits.
Le tout étant ancré dans des éléments sociaux et sociétaux bien réels et d'actualité. Une belle réussite.



Chambre 212 (2019) de Christophe Honoré

Avec Chiara Mastroianni, Benjamin Biolay, Vincent Lacoste, Kolia Abiteboul, Camille Cottin, Carole Bouquet, Stéphane Roger, Claire Johnston.

Bande-annonce Chambre 212Cette chambre 212 est un film très théâtral, très artificiel, qui ne suscite aucune empathie. Exercice de style qui a dû passionner le scénariste et réalisateur, nous n'en doutons pas, pour un résultat sympathique intellectuellement, qui manque singulièrement de subversion ou de brutalité, voire de mise en abîme à la Bertrand Blier.
Ceci étant dit, le film dispose d'une forte hystérésis : histoire très compliquée, avec mises en abîme récursives.
Benjamin Biolay fait penser à Droopy. Vincent Lacoste est très bon et cela lui change de ses rôles habituels et lui donne une maturité certaine: il joue un homme et non pas un jeune homme. Chiara Mastroianni est une découverte: elle est crédible, et son personnage, pivot, garde son mystère.
Le film possède une belle distribution, avec beaux acteurs qui jouent le jeu de la théâtralité.
Le film est dénué d'éléments sociaux et sociétaux. Il semble hors-sol et préoccupé uniquement par les problèmes sentimentaux de ses personnages. Ce qui est le et un bon sujet (ici ce n'est pas boy meets girl mais girl met boys) et un bon terreau pour des drames: ici Chiara Mastroianni nymphomane, trompe son mari depuis des années, Benjamin Biolay (avec le charisme d'un vertébré inférieur) mais l'aime encore.
Le film est ponctué de chansons assourdissantes et pénibles à intervalle régulier pour pallier à la paresse de la mise en scène.



Pawn (2013) de David A. Armstrong

Avec Nikki Reed, Ray Liotta, Jessica Szohr, Forest Whitaker, Stephen Lang, Sean Faris, Marton Csokas, Common.

Bande-annonce Pawn
Excellente série B qui raconte un cambriolage (récupérer un disque dur dans le coffre d'un restaurant) qui ne réalise pas comme prévu, ce qui est bien normal, mais qui se révèle très tordu au fur et à mesure de la progression, avec intervalle régulier une surprise.
Le film mélange flic ripoux, ancien taulard qui cherche à se racheter, flics pas ripoux, mafia russe. Pour un ensemble qui fonctionne avec une tension bien dosée, des moments de violence, de nouvelles informations qui modifient la compréhension que le spectateur a de certains personnages. Tout se situe presque dans le restaurant, sauf l'épilogue. Le film est teigneux, juste ce qu'il faut. Le metteur en scène est un directeur de la photographie de séries télévisées, très expérimenté, dont c'est la deuxième réalisation.
Le scénario comporte des incohérences sur certains personnages, mais il fonctionne et gère bien de multiples retours en arrière qui permettent de revoir la même scène sous un angle différent et en perspectives d'autres séquences dramatiques.
La distribution est riche en trognes que nous avons vues déjà ailleurs, dans des rôles similaires (le type casting fonctionne à fond): Common, Ray Liotta, Stephen Lang, Marton Csokas, Forest Whitaker.

The Old Man & The Gun (2018) de David Lowery

Avec Robert Redford, Casey Affleck, Sissy Spacek, Danny Glover, Tom Waits, Tika Sumpter, Ari Elizabeth Johnson, Gene Jones.

Bande-annonce The Old Man & The Gun
Robert Redford joue le vieux cambrioleur dans ce film policier nonchalant. Il continue à braquer des banques, même à son âge avancé, sans faire de victime et beaucoup à l'esbroufe: il se présente habillé de manière chic et élégante et demande l'argent en montrant une arme (nous ne saurons pas si elle est factice ou pas). Et cela marche, le directeur de la banque considère qu'il est attaqué et lui donne l'argent. Il est accompagné de deux acolytes: Tom Waits et Danny Glover. Le flic de service qui le traque, Casey Affleck, n'est pas un fin limier, loin de là, et tout doucement commence à comprendre que des braquages de banques sont le fait de la même équipe.
Toute cette histoire est sympathique, et inspirée de faits réels. Il apparait que le personnage de Robert Redford possède une envie maladive de braquer les banques. Le film opère grâce à sa distribution et une écriture fine des différents personnages et situations. Beau travail d'écriture.
Sissy Spacek est le love interest pour notre personnage principal. Ce personnage vient-il de la réalité ou est-il créé pour la fiction? Peu importe, car il amène de jolies scènes lors de leurs premiers échanges au début du film.

lundi 13 avril 2020

Roubaix, Une Lumière (2019) de Arnaud Desplechin

Avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz, Sébastien Delbaere, Elléonore Lemattre, Roxane Dubart, Antoni Mignon, Christophe Hennart.

Roubaix, une lumière Poster
Le film est tout à la fois policier et social, sorte de reportage sur la ville de Roubaix, où le chef de la police (Roschdy Zem, envouté) et sa jeune recrue (Antoine Reinartz, dans une interprétation fonctionnelle, personnage effleuré par le scénario) enquêtent sur un incendie, puis un meurtre, dans un quartier presque insalubre de Roubaix, avec l'enquête qui les emmène vers les voisins, en particulier le couple Léa Seydoux et Sara Forestier.
Le film mélange habilement des éléments de réalité, sur Roubaix, ses habitants, leurs conditions sociales, et le canevas du film policier avec enquête. Et ceci combiné à la difficulté de l'enquête lorsque l'on voit les personnages auxquels il faut poser des questions, mais qui sont dans un mode de fonctionnement éloigné d'une normalité. À ce titre Sara Forestier est particulièrement impressionnante dans le fonctionnement du duo qu'elle constitue avec Léa Seydoux. La dernière partie du film leur étant consacré.
La richesse du scénario est aussi dans la caractérisation de chacun des personnages, que ce soit les flics ou les suspects, tous denses. La richesse du scénario est aussi dans le personnage de Roschdy Zem, sorte de spectre qui rode de jour comme de nuit dans Roubaix, qui semble connaître tout le monde, et qui reste surtout toujours un peu secret, mystérieux, même s'il est de beaucoup de scènes du film. Il semble porter la misère sociale de la ville. Tout en gardant une forme d'optimisme.



A Couteaux Tirés (Knives Out, 2019) de Rian Johnson

Avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis, Michael Shannon, Don Johnson, Toni Collette, Christopher Plummer, LaKeith Stanfield, Katherine Langford, Jaeden Martell, Riki Lindhome, Edi Patterson, Frank Oz, M. Emmet Walsh.

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Film à intrigue où le patriarche meurt au début du film et l'enquête qui en résulte nous convie vers de multiples retours en arrière qui racontent les mêmes scènes de différents points de vue.
Avec la mécanique scénaristique qui nous fait penser que tous les personnages sont de possibles suspects. Il s'agit donc d'une mécanique vue à maintes reprises, avec de multiples arcs dramatiques.
Unité de lieu et de temps. Avec une mécanique qui fonctionne, car nous nous demandons qui a pu commettre le meurtre. D'une personne que tout le monde avait des raisons de détester ponctuellement.
Le film s'en sort un peu par sa distribution, de haut vol. Avec Daniel Craig en tête, qui est bouffi et laid et qui semble s'éclater dans ce personnage. C'est d'ailleurs une des qualités du film: la décoration de la maison est laide, ils sont toutes et tous laids. L'autre qualité est la conclusion vers laquelle tend le film qui est de bon aloi et plutôt jubilatoire lorsqu'on connait les différents personnages.
De la bonne mécanique, à l'ancienne, sans être inoubliable, mais efficace.



La Vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot

Avec Brigitte Bardot, Paul Meurisse, Charles Vanel, Sami Frey, Marie-José Nat, Jean-Loup Reynold, André Oumansky, Claude Berri, Jacques Perrin, Barbara Sommers, Louis Seigner, Raymond Meunier, René Blancard.

Bande-annonce La Vérité
C'est avec curiosité que nous abordons ce film. Quels sont les ingrédients? Brigitte Bardot. Sami Frey. Deux amoureux et deux belles bêtes. Un tribunal: Brigitte Bardot est accusée du meurtre de son amant Sami Frey et est jugée. Des flashbacks: les séances de tribunal sont accompagnées de retours en arrière qui montrent ce qui est supposé être la vérité, lorsque chacune des personnes qui témoignent ou que Brigitte Bardot raconte. Une mécanique prévisible lors du déroulement des séances de tribunal: le procureur est Paul Meurisse, l'avocat est Charles Vanel. Ces scènes de tribunal ne sont pas la partie la mieux écrite du film et ne suscitent aucun enjeu, si ce n'est qu'elles servent à cadencer les retours en arrière. Elles paraissent mécaniques.
Les relations entre Brigitte Bardot et Sami Frey ainsi qu'avec la bande de jeunes (et connus: Claude Berri, Jacques Perrin, Marie-José Nat par exemple) qui gravitent autour sont plutôt modernes, crédibles, bien écrites, et constituent la matière principale de ce film. Les deux acteurs sont très bons.
Nous nous prenons à rêver d'une réalisation par un Jean-Luc Godard d'un tel matériau...




Fahim (2019) de Pierre-François Martin-Laval

Avec Gérard Depardieu, Mizanur Rahaman, Isabelle Nanty, Sarah Touffic Othman-Schmitt, Victor Herroux, Didier Flamand, Pierre-François Martin-Laval.


FahimUn jeune enfant est fraichement immigré du Bengladesh par son père pour lui faire connaître un grand maître des échecs. L'enfant est doué, mais la situation politique au Bengladesh le fait immigrer, vers la France.
Le film n'est pas trop larmoyant et l'enfant en question est légèrement antipathique, ce qui est une bonne idée et évite certaines formes de sentimentalismes et de mièvrerie.
À défaut de Grand Maître, il suivra les cours de Gérard Depardieu, dans un rôle de gros bourru au grand coeur, dans une interprétation nominale de passionné des échecs, crédible comme d'habitude.
Une progression nominale avec ses moments d'humour, de drame (liés à la précarité d'un sans-papier) et à l'apprentissage de la relation avec Gérard Depardieu, qui est plutôt légère et pas le clou du film.
Élément intéressant du film qui lui donne une dimension documentaire: le statut et les procédures des personnes en situation irrégulière (ici, l'enfant et le père). D’ailleurs à ce titre le film arrive à faire ressentir la précarité que vivent ces personnes à travers la situation du père.
Inspiré d'une histoire vraie.

Rebelles (2019) de Allan Mauduit

Avec Cécile de France, Yolande Moreau, Audrey Lamy, Simon Abkarian, Samuel Jouy, Béatrice Agenin, Patrick Ridremont, Tom Lecocq, Valentin Papoudof, Michel Masiero, Martine Vandeville.

Bande-annonce Rebelles
Trois ouvrières tuent par inadvertance un collègue (lié accessoirement un trafic de drogue) et se retrouvent avec un sac rempli de beaucoup d'euros. Sac que tout le monde convoite bien sûr: le propriétaire, l'intermédiaire, la police. Tout ceci conjugué à la sauce de la vie courante de ces gens simples dont les préoccupations sont élémentaires: faire réparer sa voiture, gagner sa vie, gérer un mari fainéant ou un enfant turbulent.
Tout cela constitue un mélange où l'humour noir, la comédie et l'intrigue policière cohabitent, pour un film direct et franc qui ne cache pas sa violence ou son humour macabre. Avec un trio où Andrey Lamy et Audrey Lamy expriment leur talent dans un mode nominal, mais nous retiendrons Cécile de France qui donne une substance à son personnage et fait transparaitre le parcours difficile de son personnage. Les trois actrices et l'ensemble de la distribution fonctionnent parfaitement: Simon Abkarian en tête de la distribution des hommes, qui dans le film sont peu reluisants.
Un beau film jubilatoire.


Hors-Normes (2019) de Olivier Nakache et Eric Toledano

Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent, Bryan Mialoundama, Alban Ivanov, Benjamin Lesieur, Marco Locatelli, Catherine Mouchet.


Bande-annonce Hors NormesBelle réussite pour nos deux réalisateurs qui produisent un film sans défaut, équilibré, où les dimensions dramatiques, humoristiques, sociales, sociétales, religieuses, documentaires, sont brassées pour une  dramaturgie riche et variée, sans faux-pas. Les réalisateurs d'Intouchables (2011) évitent les pièges d'un tel sujet. Beau film donc.
Beau film où ses deux acteurs stars, impeccables, s'effacent derrière leurs personnages, et s'effacent derrière les malades dont ils s'occupent, qui font le "show", du côté du drame, et du côté de l'humour. Malades qui sont tous atteints d'autismes, sous des formes différentes, mais graves, dont personne se semble vouloir (c'est la thèse du film): hôpitaux, institution spécialisée ou parents (quand ils existent).
Là où le scénario est bien vu, c'est dans la non-caractérisation du personnage de Vincent Cassel, dont la vie est dédiée aux autres, mais dont les scénaristes ne nous donnent aucune explication. Bonne idée. Personnage un peu équilibré par celui de Reda Kateb, qui semble avoir plus les pieds sur terre.
Après un Sens De La Fête (2017) sans substance et peu mémorable, voici donc une belle réussite.

samedi 4 avril 2020

Les Fauves (2019) de Vincent Mariette

 Avec Lily-Rose Depp, Laurent Lafitte, Aloïse Sauvage, Camille Cottin, Jonas Bloquet, Yoann Zimmer, Baya Kasmi, Eugène Marcuse, Lucas Moreau, Arthur Rémi, Gaëlle Battut, Günther Galbert.

Bande-annonce Les FauvesFilm à suspenses multiples : une panthère roderait autour d'un camping et tuerait des gens en Dordogne, premier suspense. L'écrivain bizarre qui fait croire qu'il y a une panthère (Laurent Laffite en mode écrivain torturé avec beaucoup de problèmes psychologiques) est-il le tueur d'il y a un an et du jeune retrouvé mort lacéré de griffes, lui qui tue des animaux, fait de fosses griffures sur les arbres, ou est prêt à se lacérer et se suicider, deuxième suspense. La flic (Camille Cottin, efficace en torturée) qui enquête et soupçonne Lily Rose Depp (beau physique, belle bête), accointée à tous les autres personnages, troisième suspense.
Le tout dans un climat qui fonctionne, par l'étrangeté des personnages, par l'utilisation de la musique, un peu lourde par moment, et par le travail sur la photographie où cet univers de vacances (un camping, un lac) est peint de manière automnale et sombre.
Au total, ce film à la limite du fantastique, dans un univers presque prédystopique, est honorable et constitue un exercice réussi.

3h30 Pour Yuma (3:10 to Yuma, 1957) de Delmer Daves

Avec Glenn Ford, Van Heflin, Felicia Farr, Leora Dana, Henry Jones, Richard Jaeckel

Ce film de Delmer Daves est une curiosité, sans être pleinement convaincant.
15.10 do Yumy PosterLe sujet concerne le transport vers le train de 3h10 à Yuma d'un méchant interprété par Glenn Ford; ceci étant fait par Van Heflin, fermier, qui a besoin d'argent, et se retrouve seul à transporter le méchant, car personne d'autre ne veut le faire (ceux qui l'aidaient le quittent un à un). C'est un canevas de scénario déjà vu et fait et qui le sera encore.
Le scénario prend son temps pour installer ses différents personnages en préalable, avec d'un côté le fermier qui galère et de l'autre le bandit un peu insouciant, mais conscient dans certains nombres de valeurs.
Nous sommes étonnés aussi de la séquence avec Felicia Farr, scène de séduction où la relation avec Glenn Ford se termine au lit, plutôt moderne et un peu surprenante par rapport au reste de l'histoire et ce qui va suivre. Si ce n'est pour montrer et caractériser le personnage de Glenn Ford, qui après la dureté du début du film, montre une expérience et un recul sur la vie.
Nous sommes moyennement convaincus par la fin du film où finalement Glenn Ford aide Van Heflin qui possède une éthique et une certaine morale. Et accepte d'aller en prison.
La photo du film en noir et blanc aide beaucoup à l'ambiance et au ton âpre du film.


L'Intervention (2019) de Fred Grivois

Avec Alban Lenoir, Olga Kurylenko, Sébastien Lalanne, David Murgia, Michaël Abiteboul, Guillaume Labbé, Vincent Perez, Josiane Balasko, Ben Cura.
15 Minutes of War PosterExcellente hystérésis pour ce film qui mélange suspense, actions, géopolitique, évènement historique. L'Intervention est la première intervention en 1976 de ce qui va devenir le GIGN. Le contexte est l'Afrique de Djibouti où un bus de transport scolaire (rempli d'enfants blancs) est pris en otage par des indépendantistes somaliens. Film d'otage donc, dans un contexte où le numérique n'existait pas encore. 
Tout fonctionne dans le film. Le scénario présente toutes les composantes : armée française (La Légion), politiques, diplomates, terroristes, armée somalienne, services secrets américains, officier russe, tireurs d'élite.
Avec les atermoiements des politiques et des diplomates, les hommes d'action sont prêts à intervenir, pour un suspense au couteau et un final de guerre impressionnant, et inspiré de faits réels qui plus est. La somme de tout cela produit un bon film d'espionnage. Qui plus est, sans outil technologique, à l'humain dirons-nous.
Le scénario se permet des scènes simples et efficaces de caractérisation des membres de l'équipe d'intervention, ce qui permet de donner de la substance aux différents personnages et aménager de petits espaces de calme dans la tension qui croit régulièrement. Seul le personnage de l'institutrice, Olga Kurylenko, parait un peu artificiel et ajouté pour des besoins scénaristiques. Peut-être est-ce un personnage qui a réellement existé?
Du beau travail.


Assaut Sur Le Central 13 (2005) de Jean-François Richet

Avec Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Gabriel Byrne, Maria Bello, Drea de Matteo,  John Leguizamo, Brian Dennehy, Kim Coates.

Bande-annonce Assaut sur le central 13Cette refabrication du film de John Carpenter (Assault, 1976) reprend un certain nombre de choses, et ajoute des variantes.
Le décor est l'hiver et le commissariat est sous la neige. Ceux qui attaquent sont des flics ripoux et non pas des voyous. Le héros est blanc et le prisonnier le plus intelligent et charismatique, ici Laurence Fishburne, donc afroétatsunien.
D'une manière générale le film brasse et mélange plus de personnages, supportés par une belle distribution.
Les différents détenus sont dans cette version un peu plus présents et fournissent de par leurs attitudes et leurs bêtises un lot d'arcs dramatiques.
Le canevas principal est maintenu et permet de réaliser un bon film à suspense, avec une progression régulière, mais dont la libération émotionnelle est tout de même un peu faible, moins tendue, avec une sortie à l'extérieur des personnages principaux vers une forêt, dont nous sommes par exemple moins convaincus: ce final sous la neige qui dé-confine les protagonistes apparait forcée et neutralise la fin du film. Cette dernière scène a-t-elle était ajoutée après le tournage du film? Elle ne cadre pas avec le rythme du film que nous venons de visionner.

La Marque Des Anges - Misere (2013) de Sylvain White

Avec Gérard Depardieu, JoeyStarr, Rüdiger Vogler, Héléna Noguerra, Marthe Keller, Thierry Lhermitte, Corinne Masiero, Mathieu Carrière.

La marque des anges - Miserere PosterPolicier aux réminiscences internationales (ici des anciens nazis au Chili, toujours sectaires qui dans le cadre d'une secte en Europe, transforment des enfants en tueurs - l'originalité est dans l'arme qu'utilisent les enfants -). Avec des ingrédients déjà vus: éléments d'occultisme et de religion; un buddy movie - Gérard Depardieu en flic jeune retraité, JoeyStarr en policier d'Interpol, drogué, qui a besoin de séances de psy -.  Le tout attaché aux canevas de deux enquêtes qui finissent par se rejoindre.
Cela fonctionne, mais nous restons toujours éloignés du film. Surtout à cause de son sujet, moyennement intéressant, auquel nous prêtons un œil curieux sans être passionnés. Là où le film souhaite être original, et cela l'est, c'est la manière de tuer qu'utilisent les tueurs et le tueur principal. Sur le papier c'est une bonne idée, mais la mise en image impressionne peu.
Tout fonctionne si l'on considère les éléments techniques; en particulier une belle distribution qui fonctionne: les deux acteurs principaux sont bons, même si nous doutons de la capacité physique de Gérard Depardieu de courir après des suspects... 
Le film est aux standards que nous attendons d'une telle production.  Le scénario arrive à équilibrer les scènes liées à l'intrigue avec  les scènes sur la vie et le passé de nos deux personnages principaux; sur cette perspective, le film est réussi.
Mais cela n'est pas très passionnant. Honorable donc, mais peu mieux faire.