samedi 21 février 2015

Les trois frères – Le retour (2014) de Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus



Avec Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus, Christian Hecq, Antoine du Merle, Sofia Lesaffre, Daniel Russo, Biyouna, Vivienne Vernes, Isabelle Coulombe, Mathilde Vitry, Fatima Adoum.

Avec ce film Les Inconnus conçoivent un film où l’horreur et le drame sont le sou texte pour certains passages rigolos. Mais l’on pourrait presque dire que ce film n’est pas une comédie. C’est en tout cas au moins une comédie dramatique. Les pauvres frères passent leur vie à mentir aux autres et à se mentir à eux même. Puis survient un prétexte pour les réunir.
Tout cela est plutôt bien fait et brosse une brochette de personnages cupides, méchants, racistes, vraiment pas reluisants. Mais c'est fait avec un brio certain.
Une réussite donc, moins gaie et plus en prise avec l’époque malheureusement.

Kill the gringo (2012) de Adrian Grunberg



Avec Mel Gibson, Kevin Hernandez, Daniel Giménez Cacho, Dolores Heredia, Peter Stormare, Dean Norris, Bob Gunton, Scott Cohen, Aaron Cohen.

Avec cette série B teigneuse et immorale, Mel Gibson revient à son meilleur, en tant qu’acteur, co-scénariste et co-producteur: la veine Payback (1999, Brian Helgeland). Transposé ici dans une prison mexicaine. Sans l’élégance et le côté urbain et film noir. Il s’agit ici d’une variante du film de prison et du film de survie, sous le soleil mexicain.
Ça saigne, c’est brutal et efficace. Avec une bonne histoire et sans débauche d’effets numériques. Le film va à l’essentiel, en permanence, avec un montage nerveux et des acteurs bien dirigés. Tout est pourri dans cet univers, y compris le héros, qui s’en sortira avec la fille et le pognon à la fin.

jeudi 5 février 2015

Adieu au langage (2014) de Jean-Luc Godard

Avec Héloïse Godet, Kamel Abdelli, Richard Chevallier.
 
Cette création de Jean-Luc Godard est similaire à ses films et à ses formes depuis les années 90. Nous sommes en terrain connu, pas de surprise ou d'approche orthogonale. D'où une déception certaine.
Le film oscille entre le sublime et le ridicule. Ici il a l'élégance de ne faire durer son œuvre qu'une heure. Dans les nouveautés, on peut noter que Jean-Luc Godard aime beaucoup son chien: il est le personnage principal de cette création sonore et visuelle. La nudité frontale et la scatologie le sont aussi, une nouveauté. Je ne parlerai pas d'essoufflement, mais de radicalisation monotone.
Cette création reste un antidote au plan-plan filmique, sonore, visuel et à la mise en scène du cinéma commercial, dont les codes de narration filmique sont répétés jusqu'à la nausée de film en film: une critique, un adieu au langage filmique en quelque sorte.

Albator, corsaire de l'espace (2014) de Shinji Aramaki

Un film qui alterne séquence spectaculaires grâce à des images numériques au rendu réaliste qui fleure bon le jeu vidéo. Mais ces séquences sont entrecoupées de scènes de parlottes ennuyeuses et ridicules: on s'en moque et nous ressort le bric-à-brac écolo-shintoïste, très mignon, mais emmerdant. La progression et le rythme sont poussifs: le montage est pataud.
La seule chose à sauver est le design monumental des décors et paysages.
On peut noter que, encore une fois, le design des personnages est très pauvre et sans invention : les hommes sont longilignes, avec le même visage ou alors gros avec une tête de comique. Et les filles se ressemblent toutes (visage) et sont toutes longilignes.
Sinon le film reprend les chromos des productions japonaises pour l'international, reliquats shintoïques inclus. Mais l'on est loin ici de la réussite, bien que pas exempte de défaut, du Final fantasy, Les créatures de l'esprit (2001) de Hironobu Sakaguchi et Monotori Sakakibara qui brasse les mêmes composants, mais avec poésie et réussite.

Contagion (2011) de Steven Soderbergh

Avec Marion Cotillard, Matt Damon, Laurence Fishburne, Jude Law, Kate Winslet, Bryan Cranston, Jennifer Ehle, Gwyneth Paltrow

Le navet de haut vol. Cette pléiade d'acteurs confirmés, et stars pour certains, est au service d'un scénario sans continuité (des pans entiers de personnages disparaissent en cours de route et le film ne nous dit pas ce qu'ils deviennent). Ou alors faut-il considérer que le film est très mal monté? Pas de tension, pas de dramaturgie, tout est mou. Un film mou.
Cette histoire ne suscite aucune empathie et l'on se moque de ce qu'il advient ou peut arriver aux personnages. Il fait regretter la bonne série B de Wolfgang Petersen, Alerte ! (Outbreak, 1994) qui passe pour un chef d’œuvre à côté de cet objet flasque.
Par ailleurs le film sombre dans le ridicule à la fin en nous expliquant l'origine du virus (des chauves-souris mangent des bananes qui sont mangées par des cochons qui eux contaminent l'homme).
Le film ressemble à un téléfilm bas de gamme. À moins que ce soit un film expérimental et qu'il faille l'apprécier au troisième degré... Le sujet est plus adapté pour une série télévisée.

Les nouveaux sauvages (2014) de Damián Szifrón

Avec Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia.

Film à sketches argentin qui évite l'écueil de ce genre de film: l'inégalité, la différence de qualité entre chaque sketch (d'ailleurs souvent dû au fait qu'ils sont traités par différents réalisateurs, ce qui n'est pas le cas ici). Ici les sketches sont chacun d'un bon niveau. Le principe est une situation banale qui déraille: les gens dans cette situation banale montrent leur sauvagerie (pour faire échos au titre) physique ou intellectuelle. Le film peut être vu comme une compilation d'humour noir. On retient le sketch de l'avion au début, énorme, mais amusant. Ou alors celui des deux automobilistes, dont la sauvagerie provoque pas mal de rires. C'est plutôt bien vu. Ou encore celui de la femme enceinte écrasée. Nous ne sommes pas dans l’œuvre renversante, mais efficace.

mardi 3 février 2015

Lucy (2014) de Luc Besson

Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Choi Min-sik, Analeigh Tipton, Amr Waked.

Un film vite fait, bien fait. Luc Besson s'essaie au film de super héroïne, à sa manière, et ce n'est pas moins réussit qu'une production étatsunienne type Marvel.
L'avantage avec Luc Besson, c'est que les années n'ont pas de prise sur lui : le scénario, les préoccupations, la caractérisation des personnages, les enjeux sont toujours ceux d'un pré adolescent. Et le basique, le primaire des situations et enjeux sont compréhensibles par tout le monde sur la planète.
Celle qui est nue même quand elle est habillée fait son boulot, et elle a même l'air d'y croire. Très professionnelle est Scarlett.
La poursuite en voiture est sèche et courte, mais manque de lisibilité et spatialisation. Le monteur était-il un stagiaire ?
En fait le système ou le talent de Luc Besson est criard ici : du collage de ce qui se fait de mieux (peut-on parler de Dadaïsme?) : une jeune fille avec des armes à feu et du sang, de la technique déclinée et collée (poursuite en voiture old school, effets numériques dernier cri), des acteurs immédiatement reconnaissable et faiblement incarnés (Johansson, pas assez nue, et sûrement contente de travailler à côté de chez elle, Freeman, en sous-régime), de l'exotisme de pacotille (l'Asie, Paris).
Curieusement la musique d'Eric Serra est pas très folichonne, et même un peu absente, voire inexistante. Jusqu'à la chanson débile pendant le générique de fin, qui achève le spectateur.
Luc Besson aurait pu sur ce coup rester producteur (ce qu'il fait très bien) et confier le film à Park Chan-wook qui aurait fait quelque chose de phénoménal avec ce sujet.
Heureusement, le film dure moins de 90 minutes: dur de faire plus avec un traitement aussi creux.
Heureusement, nous savons qu'il n'y aura pas de suite. Merci.

La voleuse de livres (The book thief, 2013) de Brian Percival

Avec Geoffrey Rush, Emily Watson, Sophie Nélisse. Ben Schnetzer.

Un titre de film sans rapport avec son contenu. La vie d'une famille juive allemande sous le régime nazi. Ce genre de produit est vaguement intéressant. Peut-être la reconstitution a-t-elle un intérêt? Les acteurs sont caricaturaux : de la mère tête à claques (Emily Watson, consternante) au père rigolo (Geoffrey Rush, dans le minimum syndical sans être concerné) compassionnel en passant par le copain et la Mort (excusez le ridicule, la Mort parle en voix off) ; comme souvent la voix off est le symptôme d'incompétence de mise en scène. Ce film est d'une platitude: il n'y a pas de point de vue. C'est comme si quelqu'un illustrait le scénario, mais sans connaître le concept de mise en scène. C'est illustré comme si l'on cherchait à vendre un catalogue de produits blancs (machine à laver, sèche-linge, fer à repasser, etc.).
Au total le film ne contient pas une parcelle d'élément mémorable. Il est même difficile de le qualifier de téléfilm haut de gamme. Un produit pompier, pompeux, et pompant, à l'usage exclusif de somnolents probablement neurasthéniques.

La planète des singes - l'affrontement (2014) de Matt Reeves

Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell.

Déception pour ce deuxième volet du reboot de cette franchise. Le type-casting et la distribution sont catastrophiques : Gary Oldman qui fait un méchant (acteur britannique, il a de grandes lunettes et une affreuse moustache) ce n'est plus possible et incroyable (c'est-à-dire qu'il n'est pas possible de croire à son personnage). Jason Clarke, impressionnant dans Zero Dark Thirty (et meilleur que celle que l'on commence à voir trop souvent) assure le minimum syndical sans brio. Les créatures numériques, même capturées avec motion control (il y a « trol » dans « control »), jouent mieux que les acteurs de chairs. Mention spéciale à l'Orang-Outang, mâle ou femelle, ce n'est pas caractérisé, mais impressionnant. Donc une distribution déplorable.
La performance technique est bien là et les singes sont toujours impressionnants. Et leur manière de communiquer par gestes, comme les sourds, est excellemment réalisée et fait passer des informations de narrations et de caractérisation.
Mais les humains sont trop cons pour que nous y croyions.
Au total, dans le sous-gendre du film post-apocalyptique, au-delà de la perfection formelle indéniable (le film contient de beaux décors post apocalyptique, les singes), le film ne fait pas beaucoup peur et n'est pas un gros vecteur de tension. Dans le même genre le Je Suis Une Lègende de Francis Lawrence (d'ailleurs, à quand la suite – un des rares bons films de Will – je te tiens par la barbichette - Smith) était beaucoup plus impressionnant et contenait de bons moments de terreur. Espérons que le troisième volet remontera la pente. Notre préconisation aurait été de le confier à Bruno Dumont.
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