dimanche 28 février 2021

Quand Les Aigles Attaques (Where Eagles Dare, 1968, 2h38) de Brian G. Hutton

Avec Richard Burton, Clint Eastwood, Mary Ure, Patrick Wymark, Michael Hordern, Donald Houston, Peter Barkworth, William Squire, Robert Beatty, Brook Williams, Neil McCarthy, Vincent Ball.

Brian G. Hutton signe un extraordinaire film de guerre tendance boucherie. Clint Eastwood et Richard Burton passent leur temps à tuer à l'arme blanche ou à l'arme à feu des dizaines d'Allemands ou à les faire exploser le tout avec une alacrité, mais sans sourire. Il s'agit vraiment d'exécuteurs. Car il s'agit pour eux de libérer un officier retenu par les Allemands dans un château perché à la cime d'une montagne dans les Alpes.

Richard Burton est moyennement crédible en membre de commando, as des armes et super sportif ! En plus il est le chef du commando (c'est lui la grande star, Clint Eastwood était encore en devenir), tueur extrêmement précis (il ne rate jamais), sportif et séducteur...
Clint Eastwood, qui n'a quasiment pas de ligne de dialogue, passe son temps la mâchoire serrée avec les yeux plissés. Son personnage se demandant ce qu'il fait là, et probablement l'acteur aussi.
Mais le film est jubilatoire. Pour son côté rouleau compresseur (le spectateur ne doute jamais) et la narration fonctionne, car le scénario articule plusieurs suspenses: le principal, libérer l'officier aux mains des Allemands; et les secondaires, comme qui est le traitre au sein du commando, ou comment vont-ils redescendre de là haut une fois sur place. Et surtout l'intrigue, car nous comprenons que lorsqu'ils sont dans le château à la cime de la montagne que finalement l'objectif de la mission n'était pas ce nous avions compris au départ. Ce qui donne un peu de piment et de suspense à l'histoire et relance l'intrigue.
D'autres parts il est toujours étonnant de voir des Allemands parler anglais, mais bon c'était comme cela dans les années soixante, le ridicule ne tuait pas !
Dans l'ensemble le film l'emporte, car ses excès combinés à l'histoire qui change d'objectif en cours de route produisent un résultat passionnant. De plus le film possède une belle distribution d'acteurs pour incarner la Wehmacht ou la Gestapo, avec des physiques de nazis parfaits.
Quand Les aigles attaquent [Blu-Ray]

Mission: Impossible - Protocole Fantôme (2011, 2h12) de Brad Bird


Avec Tom Cruise, Paula Patton, Simon Pegg, Jeremy Renner, Michael Nyqvist, Léa Seydoux, Ivan Shvedoff, Anil Kapoor, Josh Holloway, Pavel Kríz, Miraj Grbic, Ilia Volok.

La coiffure de Tom Cruise est horrible, type cheveux au vent. Pas possible de croire à son personnage: une fois le film visionné, la mémoire ne garde que très peu d'images de Tom Cruise.
Il y a quelques revirements sympathiques dans la trame dramatique qui permettent de relancer ponctuellement l’intérêt.
Le film possède peu de séquences spectaculaires et mémorables: nous avons même l'impression que le film est très bavard. Il y a de l'exotisme à travers des décors multiples. Mais il y a beaucoup de bavardages, qui donnent une impression de mollesse.
Le méchant pas très intéressant, aussi mauvais qu'un méchant raté de James Bond.
D'ailleurs, le principal défaut de cette version de la franchise est quelle ressemble un peu trop à un James Bond pour susciter l'intérêt: le méchant, la société secrète, les multiples décors, la jolie fille.
On ne retrouve pas le brio et la mise en scène ludique du Brian De Palma: le premier de franchise n'est toujours pas égalé ni effacé.
Le franchise Mission Impossible aurait besoin d'un reboot, d'un redémarrage, d'une renaissance ou d'un nouveau souffle. Ce n'est pas un ratage complet, mais la concurrence est rude pour ce type de produit: la franchise Fast & Furious, la franchise James Bond, la franchise Jason Bourne, qui prennent beaucoup de place, sans parler de nouvelles franchises qui souhaitent prendre le créneau (voir de 6 Underground, 2019, de Michael Bay). 
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Swordsmen (Wu Xia, 1h55, 2011) de Peter Ho-Sun Chan

Avec  Donnie Yen, Tang Wei, Takeshi Kaneshiro, Jia-Min Li, Wei Zheng, Zheng-Yuan Zhang, Kang Yu, Kenji Tanigaki, Yan Qin, Xian-Guo Yin.

Donnie Lee mène une vie tranquille avec sa famille dans un village perdu constitué de gens pauvres (nous sommes en 1917 dans le Yunnan). Par hasard, il se trouve mêlé à une agression de bandits dans le village qui essaient de voler le magasin, mais par accident il arrive à immobiliser et tuer ceux-ci. L'un d'eux est un bandit très recherché par le gouvernement chinois. Il en trouve une reconnaissance des villageois, et la suspicion de l'enquêteur, Takeshi Kanishiro, qui est intrigué et ne souhaite pas conclure à une espèce de légitime défense à l'insu de la volonté de Donnie Yen.

Il conduit une enquête, interroge tout le monde, s'immisce dans la vie de Donnie Yen et sa femme, et reconstitue seconde par seconde comment les agresseurs ont pu mourir par accident, car il semblerait qu’ils ont été vaincus par quelqu'un qui connait des points vitaux et les extrêmes raffinements des arts martiaux pour vaincre un adversaire.

Le patron de ce film est universel: un ancien tueur vit dans l'anonymat auprès de gens qui ne connaissent pas son passé, mais celui-ci finira par ressurgir.

La grande qualité du film est de mener ceci par petites touches, avec d’abord le spectateur qui trouve que le policier exagère, et puis finalement que sa suspicion est plausible. Et finalement dans le dernier tiers la narration nous donne les explications. 

L'affiche du film ou le titre du film laisse à penser à un film de sable ou d'action; il n'en est que faiblement question. Il s'agit d'un film policier. Avec un côté ludique pendant une bonne moitié du film.

Le  film est visuellement superbe et contient une multitude de décors réels. L'histoire est travaillée et une fois que le passé ressurgit pour Donnie Lien, le film bascule dans une histoire plus violente et plus sombre. Le travail d'écriture produit une histoire riche sur la durée. Avec une dimension intéressante qui est dédiée aux techniques de médecine chinoise type acupuncture ou la connaissance des points de vie du corps permettent pendant l'enquête de Takeshi Kaneshiro pour résoudre l'intrigue, mais aussi d'aider lors des combats.
 Swordsmen [Blu-Ray]

Baby Driver (2017, 1h53) de Edgar Wright

Avec Ansel Elgort, Jon Bernthal, Jon Hamm, Eiza González, Micah Howard, Jamie Foxx, Kevin Spacey, CJ Jones.

Le film, intéressant, se laisse regarder, car bien qu'il commence comme un film de Michael Bay (un peu moins hystérique quand même) ou comme un film de poursuite en voiture et de tôle froissée à la Fast & Furious, dont il reprend certains constituants, il développe plus les personnages en particulier le personnage du conducteur bébé, Ansel Elgort, et ses relations, avec sa copine Lily James, avec son colocataire muet; avec les autres personnages qui gravitent autour de lui pendant les casses, que ce soit Jamie Foxx, son mentor Kevin Spacey,ou le couple Jon Hamm et Eliza Gonzalez.

Donc l'histoire du film et le sujet du film ne sont pas dans la tôle froissée ni dans les casses qu'ils réalisent, ni dans leur affrontement avec police (qui est absente du film), mais bien dans la dynamique de groupe et des relations entre les deux personnages principaux: les deux amoureux avec le couple de tueurs ou la relation avec Jamie Foxx ou encore avec Kevin Spacey.
Vers la fin le film peut faire penser à un début de film ou en tout cas de couple à la Bonnie & Clyde, mais ce n'est pas le cas, car notre conducteur bébé finit en prison, ce qui est bien vu et sort des clichés.
Dans le genre du film policier ou polar ou de gangsters avec grosse dose de tôle froissée et de fusillades ce film est plutôt de bonne qualité, et de bon niveau par rapport à différentes autres franchises. Il y a un peu de substance.
Baby Driver (Tchèque version)

samedi 20 février 2021

Les Vampires De Salem (Salem's Lot, 1979, 3h20) de Tobe Hooper

Avec David Soul, James Mason, Lance Kerwin, Bonnie Bedelia, Lew Ayres, Julie Cobb, Elisha Cook Jr., George Dzundza, Geoffrey Lewis, Marie Windsor, Ed Flanders, Clarissa Kaye-Mason.

Tobe Hooper signe cette minisérie (deux épisodes pour plus de trois heures de durée) pour adapter le roman de Stephen King. Le format télévisuel est très présent sur les cadrages des acteurs et sur les coupures (pour la publicité).

Pour le reste, le travail est superbe et Tobe Hooper arrive à créer un climat avec une tension qui monte progressivement, en embrassant dans la narration de multiples personnages, tous avec de la substance. Le format de plus de trois heures permet de développer par petites touches, exposer de multiples personnages, tous très caractérisés, mais dirigés subtilement, tout en ne laissant jamais deviner comment ils vont contribuer à la narration (le scénario est crédité à Stephen King lui même et Paul Monash scénariste expérimenté de séries pour la télévision étatsunienne).

La grande réussite repose sur sa distribution et donc l'interprétation de ses acteurs. Tous très bons. Avec David Soul habité et torturé (grosse star au moment du tournage, grace à ses 90 épisodes de Starky et Hutch), qui est le fil conducteur. Avec aussi dans le rôle féminin principal Bonnie Belelia toute jeune (connue pour son personnage d'Holly McLane dans Piège De Crystal - 1988 -). Et aussi James Mason, impérial en dévot de son maître, obséquieux, ultra-civilisé, qui porte sur lui tout le poids de la décadence et du mépris de la vieille Europe. Et beaucoup d'acteurs de seconds roles aux visages familiers.

Les 3h20 se visionnent sans voir passer le temps. Tobe Hooper fait le choix (raisonné ou économique) de montrer peu et de suggérer beaucoup, ce qui est beaucoup plus efficace sur le plan de la tension (et de la durée du film aussi). Et à ce titre il repose sur les décors et beaucoup le visage de ses acteurs, ce qui est d'autant plus efficace. Avec quelques scènes-chocs, pour la surprise, et des scènes de montées progressives en tension.

Les Vampires de Salem [Édition SteelBook]


Le Carrefour De La Mort (Kiss Of Death, 1h39, 1947) de Henry Hathaway

Avec Victor Mature,  Brian Donlevy, Coleen Gray, Richard Widmark, Taylor Holmes, Howard Smith, Karl Malden.

Superbe polar, film policier ou film noir: ce film de Henry Hathaway est un bijou. Il est porté par un Victor mature parfait, qui porte la souffrance sur son visage. Il est un gangster pas si mauvais que ça, et qui est plus préoccupé par sa femme et ses enfants. Brian Donlevy, le flic qui l'arrête et l'aide à se recheter, n'est pas forcément le méchant, comme souvent, et qui essaie d'aider Victor mature à s'en sortir. Mais tout en l'utilisant pour attraper ses copains, qui n'ont rien fait pour aider sa femme alors qu'il était en prison. Le super méchant est Richard widmark dans un rôle qui doit être son premier historiquement, mais qui est mémorable dans un personnage de psychopathe qui adore tuer les gens, probablement des enfants, et les femmes dans un fauteuil roulant en l'occurrence.

Le film culmine dans la scène du restaurant où Victor Mature vient sur le terrain de Richard widmark pour le provoquer. Belle séquence tout en tension avec un beau travail des acteurs. La fin sera tragique pour tout le monde.

Par ailleurs, et cela est annoncé des un carton au début, le film a été tourné dans New York en décors réels, ce qui peut lui donner un certain cachet et qui lui permet de montrer des arrière-plans qui ne sont pas tous noirs (ce ne sont pas des bouts de décors de studio dans le noir).
Dans le genre de tension rentrée, il y a aussi la première séquence du début après le hold-up de la bijouterie et toute la séquence dans l'ascenseur qui descend la vingtaine d'étages. Très belle séquence de montée progressive de la tension, toute simple, avec uniquement le visage des acteurs et les étages qui s'égrènent un  à un.
Et le film ne contient pas de musique qui casse les oreilles.
Le Carrefour de la Mort [Blu-Ray]

Network - Main basse Sur La TV (Network, 2h01, 1976) de Sidney Lumet

Avec Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Wesley Addy, Ned Beatty, Arthur Burghardt, Bill Burrows, John Carpenter, Jordan Charney, Kathy Cronkite, Ed Crowley, Jerome Dempsey.

Grand film sur les médias et les dégâts du liberalisme, et donc sur la télévision (le sujet ici) et donc sur les réseaux sociaux (qui remplacent les chaînes de télévision depuis une décennie). Hormis les technologies, les thématiques du film sont encore d'actualité.
Sidney Lumet, et Paddy Chayefsky son scénariste, nous montrent les problématiques multiples de la télévision étatsunienne des années soixante-dix, mais toujours actuelles: comment faire de l'audimat, comment gérer des actionnaires qui ne pensent qu'au gain, comment expliquer et présenter n'importe quoi pour faire de l'audimat (avec ici l'état dépressif et suicidaire un animateur qui est exploité, ou aussi aller jusqu'à des meurtres). Tout ce qui est présenté dans le film reste vrai de nos jours pour la télévision, mais aussi pour les réseaux sociaux qui sont devenus maintenant la principale source d'information et de désinformation. 
 
La narration mélange de manière géniale des relations de couples et leurs intimités ( Faye Dunaway et William Holden, William Holden et sa femme) à l'histoire économique de la chaîne de télévision avec le rôle des actionnaires, puis le rôle des actionnaires de l'extérieur ici l'Arabie Saoudite, la problématique de programmation et de présenter n'importe quoi pour attirer le spectateur. Ils sont prêts à établir une relation avec un groupe terroriste pour créer de l'audimat, ou carrément faire tuer un présentateur à la télévision en direct pour créer de la sensation, et le tout avec un sérieux et une réflexion géniale.
 
Dans la distribution il y a Peter Finch qui est très bon dans le rôle du présentateur prédicateur qui harangue les foules dans un mode désespéré; il y a Faye Dunaway dont la seule préoccupation est de faire monter l'audimat et ceci coûte que coûte y comprit si cela coûte à sa vie personnelle et s'il faut tuer des gens. Il y a Robert Duvall qui est génial aussi en patron préoccupé uniquement par ses actionnaires. Ned Betty est très bon dans la scène où il rencontre le présentateur vedette Peter Finch et où il montre qu'il est capable d'être encore plus fou que le présentateur.
La relation entre Fayde Dunaway et William Holden est bien écrite.
Du grand art. Sidney Lumet a dû se faire plaisir à mettre en images un bijou de scénario comme celui-là.
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L'Armée Des 12 Singes (Twelve Monkeys, 2h09, 1995) de Terry Gilliam

Avec Bruce Willis, Jon Seda, Brad Pitt, Madeleine Stowe, Michael Chance, Vernon Campbell, H. Michael Walls, Bob Adrian,  Simon Jones, Carol Florence, Bill Raymond, Ernest Abuba.

Le bric-à-brac et la proposition culturelle de Terry Gilliam est bien typique de son univers, qui ici fonctionne parfaitement. Il adore jouer avec la focale, la profondeur de champ. La caméra est très souvent oblique ou alors en contre-plongée avec toujours un souci de mettre en évidence le cadre,  l'arrière-plan, des choses derrière les personnages.
Dans les qualités du film, il y a bien sûr sa distribution avec Bruce Willis, Madeleine Stowe et Brad Pitt bien dirigés dans des performances sobres à l'exception de Brad Pitt qui fait un numéro impressionnant de fou.
Avec un sujet qui résonne beaucoup en ces années 2020 puisqu'il s'agit d'un virus qui va détruire les humains, le film raconte comment Bruce Willis est envoyé depuis le futur dans le passé pour enquêter et trouver d'où vient l'épidémie qui a dévasté la planète.
Le tout mixé avec un souci de spécisme très à la mode aussi (entre les animaux qui ont résisté au virus dans le futur, et les activistes contre l'expérimentation animale dans le passé). Finalement dans son genre le film était très en avance sur son temps concernant ses thématiques.
Finalement, lorsque Terry Gilliam travaille pour un studio et sous certaines contraintes, il arrive à produire un film intéressant, tout en contenant certains des éléments de son univers.
Malgré le bric-à-brac de Terry Gilliam, le film arrive à être émouvant et la dernière scène à l'aéroport garde toute sa puissance, malgré la perruque et la moustache affreuse dont est affublé le personnage de Bruce Willis.
À noter un choix intéressant dans la musique du film: l'utilisation de l'accordéon sur un film de science-fiction dystopique, c'est une excellente idée.
L'Armée des 12 singes Poster

Cadavres A La Pelle (Burke & Hare, 1h31, 2010) de John Landis

Avec Simon Pegg, Andy Serkis, Isla Fisher, Tom Wilkinson, Tim Curry, Bill Bailey, Michael Smiley, Paul Davis, Christian Brassington, Gabrielle Downey, Stuart McQuarrie, Mike Goodenough, Jessica Hynes, David Schofield, David Hayman, Christopher Lee.

Pour alimenter une compétition entre deux écoles de médecine en Écosse au dix neuvième siècle, deux entrepreneurs improvisés (Simon Pegg, le romantique, et Andy Serkis, le vénal) alimentent celles ci avec des cadavres frais (ils tuent des gens dans les rues sombres d'Edimbourg) pour les dissections d'anatomie. Chaque cadavre ayant une valeur. Chemin faisant, le Roi, la pègre et la police se mêlent de la chose, pas pour les mêmes raisons.

Le dernier long métrage de John Landis convie humour et horreur. C'est son style et sa marque de fabrique pour certains de ces films les plus intéressants (Innocent Blood, 1992, Le Loup Garou De Londres, 1981). C'est un genre très spécifique et vraiment particulier, car il ne s'agit pas d'un humour basé sur l'autodérision ou de clins d'oeil au genre ou au spectateur. Mais bien de comédie d'horreur. Ou de film d'horreur avec de l'humour, pas facile à mettre en oeuvre.

Ici dans un film à costume. L'ensemble fonctionne. Le film a bénéficié de moyens (décors, costumes, distribution, maquillages et effets spéciaux) pour servir un bon scénario où chaque personnage fonctionne. Il s'agit d'un solide travail avec une narration qui fonctionne et qui ne nous ennuie pas. C'est suffisamment riche et varié (les deux scénaristes crédités ne sont pas des débutants) pour donner du fond à nos deux héros, mais aussi au personnage d'Isla fisher, l'amoureuse de Simon Pegg (leurs interactions sont bien écrites), et relancer la narration à intervalles réguliers au grè des perturbations de nos deux entrepreneurs. Et le tout en 90 minutes.

Cadavres à la pelle Poster

Hellraiser 2: Les Écorchés (Hellbound: Hellraiser II, 1988, 1h37) de Tony Randel

 Avec Clare Higgins, Ashley Laurence, Kenneth Cranham, Imogen Boorman, Sean Chapman, William Hope, Doug Bradley, Barbie Wilde, Simon Bamford.

Ce deuxième de franchise est décevant.

Il apporte sa dose de gore, de chairs, de tortures et de barbaque devant la caméra, de manières plus importantes que dans le premier de franchise. Il y a beaucoup plus de moyens grâce au succès du premier et donc les choses sont "gonflées" à tous les niveaux avec plus de personnages, plus de décors, plus de gore et monstres.

Mais l'intimité du premier film était ce qui le rendait justement intéressant. Puisque le premier film et était plutôt concentré sur une maison et la famille qui l'occupe, le père, le frère du père, la fille du père, l'épouse du père (Clare Higgins qui donnait une dimension sexuelle), plus quelques cénobites. Tout gravitait autour de quatre personnages de cette famille. Ici le film perd en visibilité et en cohérence en se concentrant sur l'hôpital psychiatrique et son patron, mais répond à son cahier des charges de présenter des choses horribles et dégueulasses. Tout en montrant plus sur l'univers des cénobites; c'est quand même une des qualités du film. Dans l'ensemble le film est clairement moins subversif.

Il est curieux ou intéressant de noter que cette franchise, en tout cas cette suite, est constitué de personnages principaux presque exclusivement féminins.  Nous retrouvons Clare Higgins et Ashley Laurence. En complément, il y a patron de l'hôpital psychiatrique mais nous devinons qu'il ne durera pas et c'est bien ce qui lui arrive. Les personnages clés sont bien féminins.
C'est là où le bât blesse, car le scénariste et ses producteurs on choisit de centrer la narration sur le patron de l 'hôpital psychiatrique et un peu sur la fille, Ashley Laurence, au détriment du personnage de Clare Higgins qui est le personnage le plus intéressant et qui est ici mis de côté et fait juste de la figuration.
Hellraiser 2, Les écorchés [Blu-Ray]

Autopsie D'Un Meurtre (Anatomy Of A Murder, 2h41, 1959) de Otto Preminger

Avec James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara, Arthur O'Connell, Eve Arden, Kathryn Grant, George C. Scott, Orson Bean, Russ Brown, Murray Hamilton, Brooks West, Ken Lynch.

Quelle hystérésis pour ce film de tribunal ? Il y en a plusieurs. Scénario qui nous raconte le procès de Ben Gazzara qui a tué le violeur de sa femme (Lee Remick). La narration est uniquement du point de vue de son avocat (James Stewart) qui découvre petit à petit les choses et au travers des réponses des témoins ou de l'accusé lors du procès. Il n'y a pas de flashback comme souvent dans ce genre de film qui pourrait donner des informations supposées réelles au spectateur. L'avocat en sait toujours autant que le spectateur. C'est très bien. 

Ensuite, le film est intéressant dans le fait que l'accusé n'est pas sympathique, et qu'il a bien tué le violeur présumé de sa femme. Et aussi parce que sa femme semble avoir le quotient intellectuel d'une huître. Et  aussi parce que l'avocat, qui semble être de bonne foi, découvre tout ceci au fur et à mesure et dois défendre son dossier en prenant en compte ces éléments; il considère que son client Ben Gazzara ne ment pas et à tué l'amant sous le coup de folie. 
 
Le défaut du film va se trouver peut-être dans le personnage secondaire interprété par Arthur O'Connell qui n'a pas beaucoup d'intérêt et qui pourrait être retiré de la narration: il n'apporte rien si ce n'est la recherche au Canada pour trouver une information qui aidera James Stewart.
Une des qualités aussi de cette histoire et que il n'y a pas de méchant virulent. L'accusé n'est pas sympathique, sa femme non plus. Le procureur ne pas particulièrement vindicatif; seul l'adjoint du procureur  (George C. Scott) est mordant dans la deuxième partie du film.
La toute fin du film impose une ouverture vers une possibilité de mensonges de bon aloi.
Le spectateur ne voit pas passer le temps malgré la durée. L'ensemble est très bien rythmé.
 
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Les Baroudeurs (You Can't Win 'Em All, 1h37, 1970) de Peter Collinson

Avec Tony Curtis, Charles Bronson, Michèle Mercier, Patrick Magee, Fikret Hakan, Grégoire Aslan, Leo Gordon, John Alderson, Tony Bonner, Horst Janson, John Acheson.

C'est un film d'action, de la fin des années soixante, copie inavoué du Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich, dont le principal intérêt sont les superbes paysages de la Turquie. Le film entièrement tourné en Turquie en décors naturels. Le cinémascope les met très souvent en valeur, soit en arrière plan, soit pour des plans de transition purement décoratifs.

Autre élément à noter est l'interprétation de Charles Bronson: il possède plusieurs lignes de dialogues, il parle, il est même capable d'autodérision et dispose de plusieurs expressions faciales différentes dont le sourire. Et ceci en réponse à son acolyte, Tony Curtis, qui est beaucoup plus volubile.

Néanmoins cet ensemble est vraiment poussif et paresseux dans sa mise en scène faiblement inventive,  dans ses séquences d'actions où nous ne sentons aucun point de vue, et d'une manière générale par ses deux stars qui font le job mais où il est évident qu'il n'y a pas de metteur en scène et de direction. Le metteur en scène n'a aucun point de vue: aucune personnalité. Il se contente de filmer de beaux décors et la performance paresseuse de ses deux acteurs stars.

Ce n'est pas un navet, c'est juste un mauvais film. Le plagiat de Vera Cruz n'est pas grave, car c'est un bon scénario. Mais l'ensemble n'est malheureusement pas très passionnant et comme indiqué au début le plus intéressant ce sont les décors les monuments les costumes et les superbes paysages de Turquie.

Par ailleurs et cela n'aide pas le film, l'alchimie entre Charles Bronson et Tony Curtis n'est pas folichonne même si les deux personnages ont l'air de bien s'entendre.
A noter que la présence de Michèle Mercier, mise en avant sur l'affiche, n'apporte rien et a vraiment un second rôle, quasi muet.
Les baroudeurs [Blu-Ray]

Il Était Une Fois Dans L'Ouest (C'era una volta il West, 2h45, 1968) de Sergio Leone

Avec Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Charles Bronson, Gabriele Ferzetti, Paolo Stoppa, Woody Strode, Jack Elam, Keenan Wynn, Lionel Stander, Frank Wolff.

Revoir Sergio Leone est indispensable. Sergio Leone est un antidote aux montages hystériques, aux plans très courts et à l'absence de durée des plans des montages stroboscopiques. Ce film est un bréviaire sur l'art du montage à la fois sur la création de plans d'une même scène qui jouent sur la profondeur de champ, les très gros plans, les plans d'ensemble et à ce titre le duel final entre Charles Bronson et Henry Fonda est sublime avec en plus la musique d'Ennio Morricone qui est consubstantielle de la mise en scène du film et de la forme artistique, en particulier pour ce duel final.

Celui-ci et peut-être le meilleur de Sergio Leone parce que il est le plus tragique et le plus sombre. Il contient peu d'humour contrairement à ses films précédents et à son film suivant. Le film est tragique. Il parle de la fin des cow-boys solitaires tueurs (Charles Bronson, Henry Fonda). Qui fuient la civilisation. Qui fuient le chemin de fer. C'est quelque part le début de la fin de ces bandits (Jason Robards), que Sam Peckinpah conduit au suicide dans son chef d'oeuvre La Horde Sauvage (1969).
 
Ce qui étonnant aussi chez Sergio Leone ce sont ses très gros plans et ses plans fixes sur un visage qui arrivent à faire passer de l'émotion alors que l'acteur exprime assez peu de choses en particulier ici, avec Charles Bronson qui est très souvent inexpressif, mais le très gros plan plus la musique arrive à faire passer de l'émotion; nous ne savons pas si c'est un mécanisme cognitif ou si c'est parce que l'acteur arrive à changer quelque chose tout en donnant l'impression de pas changer grand-chose dans son regard.
Le son joue un role fondamental chez Leone. Et bien évidemment la musique qui est utilisée ici comme bande-son, la musique est le bruitage, la piste son du f ilm.
Et d'ailleurs le film sait couper la musique et ne pas en mettre quand il le faut. Elle est utilisée avec parcimonie, mais à bon escient. À ce titre et exemple de séquence d'ouverture admirable, la séquence d'introduction avec les trois hommes qui attendent à la gare, avec uniquement en musique les bruits: le télégraphe, l'éolienne qui grince, la mouche, la goûte d'eau... Une vraie symphonie de bruits. Séquence qui apporte le seul moment comique du film. Il n'y en aura plus après. Ensuite c'est la mort qui est la thématique du film, jusqu'à la fin. Mort physiologique. Mort des tueurs à gages. Mort des cow-boys solitaires.
Il était une fois dans l'Ouest
 
 

Blues Brothers 2000 (2h03, 1998) de John Landis

Avec Dan Aykroyd, John Goodman, J. Evan Bonifant, Joe Morton, Nia Peeples, et une kyrielle de musiciens et chanteurs.

Cette suite des Blues Brothers (1980) essaie de raconter une histoire sur le même patron que le film original en reprenant les mêmes personnages qui existent encore, en reprenant les idées dramatiques et certaines  scènes fétiches du premier. Là où le film est une bonne idée c'est que le remplacement de John Belushi n'est pas fait par une seule personne, mais par trois personnes. Cela permet un complément dramatique et des idées pour ces trois personnages. Joe Morton, John Goodman et J. Evan Bonifant, qui arrivent à faire oublier le personnage de John Belushi, ce qui n'est pas une mince affaire.

Dans la recette, les nazis de l'Illinois sont remplacés par des suprémacistes blancs, curiosité qui existe toujours si l'on considère l'actualité récente des USA of America. D'ailleurs le scénario pour fuir ces suprémacistes blancs nous emmène en Louisiane pour la dernière partie du film dans un lieu très cosmopolite.

Le film conserve son potentiel sympathie en mélangeant une histoire douce-amère qui convie des intervalles réguliers des énormités, de la musique et des personnages issus du premier film. L'élément qui manque peut-être le plus est l'équivalent du personnage de Carrie Fisher dans le premier film qui apporté sa part d'absurdité et de romantisme (quand même) et de caractérisation du personnage de John Belushi. Il n'y a pas ici de love interesest et cela manque un peu.
Blues Brothers 2000 Poster

Les Griffes De La Nuit (A Nightmare On Elm Street, 1h31, 1984) de Wes Craven

Avec John Saxon, Ronee Blakley, Heather Langenkamp, Amanda Wyss, Jsu Garcia, Johnny Depp, Charles Fleischer, Joseph Whipp, Robert Englund, Lin Shaye, Joe Unger.

Ce film de Wes Craven reste une curiosité. Avec ce film Wes Craven a créé une nouvelle franchise et un nouveau croque-mitaine pour le bestiaire du film de genre dit d'horreur. Freddy Krueger a rejoint la galaxie des Dracula et vampires, loup-garous et autres vilaines bébêtes. Le film est intéressant aussi car finalement même s'il est typique d'un film d'adolescent avec les scènes ridicules qui vont avec, de type je descends tout seul dans les sous-sols dans le noir, cela fonctionne plutôt bien au total. Grâce à son actrice principale qui prend le taureau par les cornes et finalement décide d'affronter le méchant Freddy Krueger qui la persécute. C'est ce qui donne de l'intérêt au film après une première partie où elle est une victime. Le film contient son lot de plans spectaculaires et certains d'anthologie et qui surtout gardent leur impact avec le temps et ceci sans effet numérique. C'était une époque encore où les effets étaient mécaniques, à base de trucages mécaniques, prothèses et de maquillages. Certains gardent leur impact et leur curiosité.

Du côté de la distribution, il est amusant de voir Johnny Depp, dans son premier rôle, avant qu'il ne devienne le Johnny Depp.

Ce qui date le film ce sont les vêtements, les coiffures et les maquillages, mais aussi la musique. Mais au total le produit garde son intégrité. Le film est une exploitation et un relooking d'une multitude de clichés du film d'horreur. C'est un bréviaire des figures de style. C'est-à-dire que Wes Craven est bien dans la tradition du genre en exploitant à fond les clichés tout en essayant de rajouter des nouveautés. Et l'ensemble fonctionne.
 
Les Griffes de la nuit Poster

Midway (2019, 2h18) de Roland Emmerich

Avec Ed Skrein, Patrick Wilson, Woody Harrelson, Luke Evans, Mandy Moore, Luke Kleintank, Dennis Quaid, Aaron Eckhart, Keean Johnson, Nick Jonas.

L'intérêt du film vient principalement de ses éléments historiques et de sa volonté de reconstitution de la bataille de Midway. Tout en commençant par l'attaque de Pearl Harbor, jusqu'à  Midway donc, qui était visiblement un piège tendu à la marine japonaise. Comme le film est pro étatsunien, nous laisserons les historiens évaluer cet aspect.

Du coté de la pellicule, ou du fichier numérique, les qualités du film sont donc dans sa reconstitution, qui se veut réaliste et spectaculaire, et qui l'est. Combiné à une narration et une peinture de personnages pro-américains et pro-chinois (curiosité de la mondialisation et de la co-production du film avec la Chine) contre un ennemi commun que sont encore les japonais.

Le film est plutôt agréable dans son genre avec des acteurs sympathiques, bien dirigés, dans un ensemble choral plutôt équilibré, et qui montre le côté japonais aussi. Au total, il s'agit plutôt d'un bon Roland Emmerich, plutôt modeste, un de ses films les plus simples et les plus directs; tout en étant très relatif, car il s'agit d'une superproduction spectaculaire.
Le metteur en scène a coordonné l'ensemble des différents corps de métiers et équipes pour réaliser son ouvrage pour fournir comme résultante quelque chose qui est sympathique.
Sur le plan du spectaculaire le film est une orgie de feu, de carcasses et métaux divers entre avions, navires et porte-avions. Ceci est combiné à de multiples intrigues pour un ensemble de personnages, et le tout de manière très équilibrée.
Après son chef d'oeuvre, son Godzilla (1998), celui-ci est sûrement son meilleur film. Son film le plus sobre et d'ailleurs à ce titre il ne contient aucun humour au second degré ni au premier degré.
 
Midway [Blu-Ray]

dimanche 14 février 2021

Ip Man: La Légende Est Née (1h40, 2010) de Herman Yau

Avec  Yu-Hang To, Yi Huang, Biao Yuen, Siu-Wong Fan, Rose Chan, Chun Ip, Sammo Kam-Bo Hung, Bernice Liu, Suet Lam, Jiao Xu, Heman Leung, Jun Hui Wen, Shen Al Ji, Sire Ma, Kwok-Lun Lee

Encore une histoire sur le pauvre Ip Man. Il est probable que la réalité soit très différente de tous ces films qui célèbrent son art personnel du kung-fu.

Ici nous avons une production avec beaucoup de moyens pour tout ce qui concerne les éléments techniques: décors, costumes (nous pouvons noter un très bon travail sur les costumes), maquillage et l'ensemble des productions values.
Le scénario est encore le patron standard avec les méchants Japonais, avec la méchante école concurrente, avec le maître trahie, une histoire romantique contrariée, avec le maître qui est assassiné ou en tout cas ici il y a un maître qui meurt tout seul puis un autre qui est assassiné.
 
La qualité de ce genre de film est liée aux combats et aux chorégraphies. Dans ce film ils arrivent à intervalles réguliers et sont plutôt bien exécutés, l'acteur principal étant convaincant; Les chorégraphies sont bien mises en scène avec beaucoup de plan d'ensemble et très peu de plans rapprochés. Les chorégraphies incorporent beaucoup de destructions d'éléments de décors, ce qui leur donne du punch. Le metteur en scène n'insiste pas sur la violence des combats, mais il y a en a quelques-uns de spectaculaires et vraiment violents dans leur manière de casser les meubles les murs et le décor environnant.
Dans les éléments très typiques de ce genre de production, il y a une direction d'acteur et une dramaturgie approximative voire à la serpe, ainsi que des éléments de philosophie associés au kung fu bien sûr, qui sans être risibles sont parfois un peu lourds (et un peu ridicule). 
Sinon il est très sympathique de revoir Sammo Hung (pas longtemps) ainsi que Yuen Biao (sur toute la durée du film), vieux comparses de Jackie Chan (époque où il faisait les cascades lui même).

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Le Cercle Noir (The Stone Killer, 1h35, 1973) de Michael Winner

Avec Charles Bronson, Martin Balsam, Jack Colvin, Paul Koslo, Norman Fell, David Sheiner, Stuart Margolin, Ralph Waite, Alfred Ryder, Walter Burke, Kelley Miles, Eddie Firestone, Charles Tyner, Byron Morrow, Lisabeth Hush, Frank Campanella.

Il s'agit d'un exemple du film policier des années 70 avec le flic brutal aux méthodes expéditives, qui se bat contre sa hiérarchie qui n'apprécie pas ses méthodes. L'Inspecteur Harry (1971) de Don Siegel a canonisé ces chromos. Il s'agit donc d'un canevas vu et revu à de multiples reprises.

Néanmoins, le film contient un certain nombre de qualités. La première qualité est constituée par ses décors à la fois à New York ou à Los Angeles et en Californie: le film est tourné en décors réels. Cela lui donne une patine documentaire et cela l'ancre dans une certaine réalité. Le film commence à la ville, se continue dans le désert et se termine dans la ville dans les parkings en sous-sol.

Par ailleurs le film contient au moins une séquence hallucinante: celle qui se déroule dans le camp de "méditation" des hippies avec le pauvre Charles Bronson au milieu de tout cela (danses, drogues, amours libres, transes) qui essaie d'avoir l'air sérieux et de continuer son enquête. Le film contient aussi son lot de poursuites à pied, puis en voiture, et voiture et moto. Et bien sûr le film contient aussi sur lot de fusillades,  éléments constitutifs obligatoires de ce genre de film.

Au total les méchants sont des membres de la mafia italienne. La Mafia, qui essaie de s'entretuer entre elles (familles) et c'est d'ailleurs un des bons moments du film parce qu'ils sont tous assassinés par un commando de tueurs (deuxième groupe de méchants, du genre suprémacistes blancs ou militaires droitiers) payés par Martin Balsam (faiblement crédible en mafieux - nous l'aurions plus distribué comme patron de Charles Bronson -).
Nous ne sommes pas ici dans un grand chef-d'œuvre. Mais le film se laisse regarder avec curiosité. Charles Bronson ayant un certain nombre de lignes de dialogues. Et il arrive à avoir plusieurs expressions sur son visage sur l'ensemble du film; même si cela semble un peu fabriqué et semble même par moment peu concerné par l'histoire.
 
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Bons Baisers Du Tueur (The Postcard Killings, 1h44, 2020) de Danis Tanovic

Avec  Jeffrey Dean Morgan, Famke Janssen, Cush Jumbo, Joachim Król, Steven Mackintosh, Denis O'Hare, Naomi Battrick, Ruairi O'Connor, Eva Röse, Lukas Loughran, Sallie Harmsen, Orla O'Rourke, Christopher Pizzey, Tim Ahern,

Ces baisers du tueur constituent une bonne série B sur le canevas d'un tueur en série qui est recherché par les polices européennes, et par un flic étatsunien dont la fille est une des premières victimes. La particularité du tueur est qu'il compose des sculptures avec les corps des personnes qu'il assassine. Le cheminement de l'enquête à travers l'Europe et les différentes polices des différents pays européens parcourus par les crimes est accompagné par une enquête officieuse du flic américain. La narration voyage donc beaucoup avec beaucoup de décors entre l'Angleterre, la Hollande, l'Allemagne, etc., et les polices de ces différents pays.


L'enquête révèle petit à petit que le tueur est en fait un couple. Et la narration nous oriente vers deux couples possibles. Avec une surprise bienvenue (la narration arrive à tromper le spectateur de manière adroite) qui oriente vers un seul de ces couples.

La difficulté des enquêteurs est d'identifier les motifs des meurtres puis l'histoire converge vers une résolution, mais une possibilité de suite est évoquée, ce qui est ridicule pour un produit comme celui-ci.


L'ensemble est efficace et correct sans être extraordinaire. Il y a un certain classicisme dans le savoir-faire qui est plutôt intéressant et qui donne l'impression que d'un travail correct, d'une belle photographie, et d'une ambition honnête sans être originale ni être renversante. Dani Tanovic a réalisé un film qui avait fait son petit effet au début des années 2000, No Man's Land (2001).


L'acteur principal, Jeffrey Dean Morgan, est un habitué des séries. Il est convaincant dans une prestation psychologique tout à la fois rentrée et exacerbée. 

 

Bons baisers du tueur Poster
 

vendredi 5 février 2021

Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap, 1h39, 2019) de Ruben Fleischer

Avec Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, Zoey Deutch, Avan Jogia, Rosario Dawson, Luke Wilson, Thomas Middleditch.

Il y a beaucoup de bonnes choses dans cette suite: retrouver Emma Stone est toujours agréable; l'introduction du personnage de Zoey Deutch en blonde sans cerveau est une excellente idée; l'introduction de Rosario Dawson, très bien vu aussi; l'introduction des hippies pacifistes et véganes dans ce monde post apocalyptique, est aussi une très bonne idée. Les marivaudages entre Jessie Eisenberg, Emma Stone et Zoey Deutch sont bien écrits. Tout ceci ne parle pas des morts-vivants, appelés aussi zombis. Mais le film contient sa dose de gore et d'horreur, dans un contexte de comédie romantique, ce qui lui donne un ton particulier. Mais les séquences gores lui donnent la tonalité de film d'horreur. Et il y a de bonnes doses.

Dans le genre horreur mainstream et film énorme (avec grosses stars), ce film fait concurrence à World War Z, qui se veut très sérieux et abouti à du ridicule, alors qu'ici le ton de l'humour mélangé à des éléments de comédie romantique fonctionne mieux. Le film est coécrit par trois ténors du scénario. Il n'est donc pas étonnant que cet ensemble fonctionne et soit bien écrit.

Moins bonne chose: le personnage de Woody Harrelson, où les scénaristes ont voulu accentuer certains côtés de son personnage de rustre et péquenaud; pas très subtile, mais ce n'est pas grave dans un film qui ne l'est pas, mais cela est forcé et l'interprétation de Woody Harrelson ne fonctionne pas..

L'inutile est la séquence de l'épilogue avec Bill Murray: consternante, son apparition n'apporte rien et n'est pas amusante. Il faut savoir s'arrêter à temps.

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IP Man Legacy: Master Z (Master Z: The Ip Man Legacy, 2018, 1h47) de Yuen-Woo Ping

Avec Jin Zhang, Dave Bautista, Michelle Yeoh, Tony Jaa, Chrissie Chau, Yan Liu, Xing Yu, Kevin Cheng, Patrick Tam.

Une instance du sous-genre kung-fu, le film de Ip Man.

La richesse du film vient du fait que l'histoire, ultra classique, est rythmée par des combats de kung-fu, mais juste ce qu'il faut pour garder la dynamique et rappeler que c'est un des éléments du film. Jin Zhang étant un maitre de Kung-Fu qui souhaite se ranger et élever son fils. Évidemment tout va faire pour qu'il se serve de son talent d'artiste martial. Pour lutter contre des méchants trafiquants de drogue (Patrick Tam et Dave Bautista, faut gentil que nous savons être méchant dès sa première apparition - moustaches, lunettes et calvitie ne trompent pas).

Les décors et costumes sont riches. Les situations et la narration ne sont pas bâclées. Le film a bénéficié d'un budget substantiel. Jin Zhang est très bien; un peu trop mutique, mais ses combats sont secs et toniques. Michelle Yeoh est très mal coiffée; peu importe que cette coiffure soit crédible historiquement, ce n'est pas possible de l'affubler d'une coiffure aussi laide. 

Et Ip Man dans tout cela? Et bien Jin Zhang, notre maitre kung-fu, se retire du kung-fu après avoir été battu par Ip Man. Donc avant le début du film... Ce n'est pas grave, Jin Zhang fait le job.  Et bientôt il y aura un spin-off: j'ai promené le chien de Ip Man... Il peut y en avoir des milliards comme cela.

Master Z: The Ip Man Legacy Poster

Les Blues Brothers (1980, 2h13) de John Landis

Avec John Belushi, Dan Aykroyd, Kathleen Freeman, Cab Calloway,  Donald Dunn, James Brown, Armand Cerami, Steven Williams, Carrie Fisher, John Candy, Murphy Dunne, Steve Cropper, Willie Hall, Tom Malone, Alan Rubin,  Paul Reubens, Henry Gibson.

Un des chefs-d'oeuvre de John Landis. La dimension comédie est présente. Mais pas la dimension de film fantastique ou d'horreur. Et surtout l'absurdité, superbement intégrée à la narration et aux chansons, car la star du film est le blues. Le film est un délice d'absurdités et d'énormités, mais bienveillant.

Le film est aussi une comédie musicale. Les intermèdes musicaux sont l'occasion de faire progresser la narration et l'occasion de faire écouter une chanson standard. Et de permettre le passage de grandes stars du blues.

Le coeur du film est notre duo de frères du blues, qui ne sont pas frères, car tout deux orphelins élevés par l'institution de la "pingouine". Mais leur relation est finement écrite, malgré un enrobage d'énormités et de choses peu subtiles. Pour exemple la très belle scène dans leur chambre après la sortie de prison à côté du métro.

Le film contient des séquences d'anthologie: les deux frères dans le bureau de la "pingouine" (Kathleen Freeman), superbe scène. Où les séquences avec les nazis de l'Illinois, qui peuvent paraitre délirantes, mais qui existent toujours (voir les actualités étatsuniennes de ces derniers mois). Ou les apparitions de Carrie Fisher en amoureuse éconduite et où chacune de ses apparitions est encore plus délirante que la précédente; y compris la confrontation avec John Belushi dans les égouts où il justifie avec des énormités son absence à son mariage, et cela marche. Dans le genre poursuite en voiture, la chevauchée à la fin pour aller à Chicago est bien sûr d'anthologie, pour son énormité, son absurdité et la moquerie de ces scènes clichées dans les polars; y compris jusqu'à sa conclusion dans le bureau de Steven Spielberg.

Cette oeuvre est une cure de jouvence et donne de l'énergie.

Les Blues Brothers Poster

L'Invasion Vient De Mars (Invaders from Mars, 1986, 1h40) de Tobe Hooper

Avec Karen Black, Louise Fletcher, Hunter Carson, Timothy Bottoms, Laraine Newman, Bud Cort, James Karen, Eric Pierpoint, Christopher Allport.

Cette invasion qui vient de Mars avait été déjà faite lorsque Tobe Hooper a dirigé celle-ci: le film est ouvertement une refabrication du film de William Cameron Menzies (Les Envahisseurs De La Planète Rouge, 1953). Et l'histoire n'est pas sans rappeler les différentes versions de l'Invasion des Profanateurs (1955) de Jack Finney (soit  la version de Don Siegel en 1956, la version de Philip Kaufman en 1978, la version d'Abel Ferrara de 1993,  la version d'Oliver Hirschbiegel en 2007, par exemple).

Ceci étant rappelé, Tobe Hooper a joué le jeu de la nouvelle fabrication hommage en introduisant des effets spéciaux sympathiques qui gardent une patine agréable avec le temps; avec des artisans comme John Dykstra, Alec Gillis ou Stan Winston. Excusez du peu: tous des supers stars des effets, ou qui allaient le devenir.

Le tout étant tourné avec le point de vue de l'enfant, qui se rend compte que ses parents ont changé, puis certains de ses camarades. Le sujet du film n'est pas la paranoïa. Mais un hommage aux séries B et Z avec extraterrestres belliqueux et un peu grotesques, déjoués avec l'aide de l'armée (avec interprétations extrêmement clichées et délicieusement irréalistes) et ici un enfant.

Tout cela est sympathique, bien troussé, les créatures sont rigolotes. Nous pouvons dire que Tobe Hooper a réalisé au moins un film pour enfant. Et ce n'est pas déshonorant, car le film a bénéficié de moyens. Et ne serait ce que pour le plan où Louise Fletcher avale une grenouille, le film est à voir.

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Doctor Sleep Director's Cut (2019, 3h) de Mike Flanagan

Avec Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis, Zahn McClarnon, Emily Alyn Lind, Jacob Tremblay, Violet McGraw.

Le film est à la fois une suite au film de Stanley Kubrick et une adaptation personnelle du roman de Stephen King, suite de son roman Shining.

Nous sommes bien dans l'univers de Stephen King avec l'ensemble de ses chromos: ses fantômes, ses pouvoirs paranormaux et ses suceurs de vie (vampire et autres, ici une secte qui aspire une substance des gens qu'ils tuent, adultes ou enfants). Ces suceurs de vie rejoignent l'arc narratif de The Shining car ils s'attaquent à une petite fille qui possède un shining, mais extrêmement  puissant, qui va la mettre en contact avec Ewan McGregor qui est Danny Torrance le petit garçon du film de Stanley Kubrick. Il est maintenant adulte, alcoolique, paumé, et se retrouve gardien de nuit dans un hôpital.

Il s'agit ici de la version longue, de 3h de durée. Le film est riche. Il prend son temps pour développer les personnages et pour les raccrocher à l'histoire de The Shining. Le film n'est pas exempt de scènes gores et horribles, dont le meurtre d'un enfant peu habituel dans le cinéma d'Amérique du Nord.

 Le cahier des charges d'un film  d'horreur "A" est rempli: histoires imparables, metteur en scène rompu à l'exercice, distribution de bons acteurs (tous bons, Ewan McGregor et Rebecca Ferguson en tête), des scènes qui font peur soit par surprise soit par la montée progressive de la tenson. Il est intéressant de considérer le film comme la vision qui peut en avoir un grand studio sur ce qu'est en 2019 un film d'horreur.

Un film à voir si l'on est fanatique de Stephen King.

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Tenet (2020, 2h20) de Christopher Nolan

Avec John David Washington, Elizabeth Debicki, Robert Pattinson, Dimple Kapadia, Michael Caine, Kenneth Branagh, Martin Donovan.

Le film a de grandes ambitions. Et il faut reconnaitre que le film contient des éléments spectaculaires et uniques, mais aussi des éléments ridicules.

Un élément amusant, probablement involontaire, et pas recherché par le réalisateur: la manière de se déplacer des personnes qui sont à l'envers, en reculant, fait penser à des singes ou a des handicapés physiques ! Notamment dans des plans d'ensemble.

Le film nous montre que le CGI porn arrive à faire des choses réalistes et impressionnantes. Les progrès sont impressionnants au niveau des rendus réalistes.
John David Washington surjoue dans la majorité de ses plans et ne suscite pas beaucoup d'empathie, voire de l’antipathie. Le réalisateur n'a pas le temps de lui créer un background, une histoire pour que le spectateur s'attache à lui; l'histoire est contée de son point de vue, qui est celui de quelqu'un qui ne comprend pas ce qui se passe.
Si nous continuons sur la distribution, il y a Kenneth Brannagh qui est ridicule et en totale roue libre avec son accent russe. Comment peut-on autant manquer de discernement et laisser cabotiner Kenneth Brannagh? Un acteur russe aurait servi le personnage (l'alibi de sa binationalité anglais de fonctionne pas). Pour terminer sur la distribution, l'élément le plus intéressant et passionnant du film est Elizabeth Debicki qui grâce à son physique hors norme absorbe et phagocyte tout ce qu'il y a autour lors de chacune de ses apparitions. Elle fait penser à un extraterrestre. Belle surprise du film.
Autre qualité dans la distribution: Robert Pattinson est parfait et révèle encore une fois son talent d'acteur.

Le travail sur l'image et ses dimensions est superbe et impressionne: le film est visuellement somptueux et les changements de rapports de l'image donnent un impact visuel au film. À voir si cela fonctionnera aussi bien si le film est visionné sur tablette ou ordiphone (principaux diffuseurs dorénavant).

Par moment le montage  à la serpe avec des ellipses un peu brutales sur les mouvements de personnages entre un lieu à un autre accroche l'oeil et donne une impression de coupe pour accélérer. Est-ce un choix artistique du réalisateur et du moteur? Néanmoins dans un film qui donne l'impression d'une maîtrise complète cela fait un peu bizarre et en tout cas se remarque.

Christopher Nolan s'est bien amusé avec la séquence finale de progression des troupes au sol entre les bâtiments de la mine abandonnée; cela n'est pas sans rappeler le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. 

Par ailleurs, un bon film étatsunien a besoin d'un bon méchant. Ici le méchant russe ridiculement interprété passe son temps à bavasser pour raconter sa vie ceci entre différentes scènes d'action. Il parle avec un ton sérieux et sentencieux. Il n'a pas d'humour. Il suscite le rire. Cela est étonnant que dans un film hyper travaillé à forte prétention et ambition des éléments ridicules comme ceux-là apparaissent.

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Iron Sky 2 (Iron Sky: The Coming Race, 1h33, 2019) de Timo Vuorensola

 Avec  Lara Rossi, Vladimir Burlakov, Kit Dale, Julia Dietze, Tom Green, Udo Kier.

Iron Sky 2 est  l'exemple de ce que sont devenues les Séries Z du vingtième siècle. À l'époque les histoires débiles étaient traitées avec second degré, de l'invention pour pallier le manque de moyen au niveau des illusions et effets spéciaux et/ou du montage et/ou des décors. Maintenant, les histoires débiles existent toujours, mais pour réaliser ces bandes numériques, les images générées par ordinateurs permettent de faire beaucoup de choses et de montrer ce qui était immontrable, merci le CGI porn. Et ce pour type de budget: du gros film de super héros au DTV avec effets grossiers. Ici nous sommes entre les deux au niveau des moyens.

Dans cette suite (le premier Iron Sky n'était pas aussi réussi), l'histoire débile est de très bon niveau: l'ancienne base des nazis sur la lune (détruite dans Iron Sky 1) est maintenant occupée par des suvivants vu que la surface de la terre a été détruite par un holocauste (voir Iron Sky 1 si ce n'est pas clair). Mais ces survivants ont leurs jours comptés (tremblements de lune) et doivent s'associer avec des nazis survivants pour récupérer une substance au coeur de la terre, qui est creuse. Substance qui donne la vie éternelle et guérie donc de tout. Chemin faisant nous apprenons que le chef des nazis est un extraterrestre d'une race qui est arrivé sur terre avant que les hominidés n'existent. Si, si, c'est du grand art. Et nous apprenons aussi que tous les dictateurs qu'a connues l'humanité sont des extra-terrestres.

L'intérêt du film est de conduire cette histoire avec des décors et effets spéciaux de très bonne qualité: visuellement le film est de très bon niveau, pour la diffusion numérique par internet sur des écrans de petites tailles (diffuseurs vidéos ou ordiphones). Avec aussi de bons dialogues au second degré assumés et qui font mouche (il y a de bonnes idées d'autodérision). Et porté par des acteurs qui surjouent moins que dans le premier film. Le film recèle par ailleurs différentes idées rigolotes et bienvenue (la secte qui adore Steve Job ou le mécano russe qui fait fonctionner son vaisseau avec des bouts de ficelle).

Cette science-fiction remplie de crasse et de rouille est une bonne antidote à la science-fiction que proposent les franchises Star Trek ou Star Wars. Et cela fonctionne grâce aux acteurs qui sont plutôt bons.

Iron Sky 2 Poster

Une Ode Americaine (Hillbilly Elegy, 2020, 1h56) de Ron Howard

Avec  Amy Adams, Glenn Close, Haley Bennett,  Gabriel Basso, Freida Pinto, Bo Hopkins, Owen Asztalos, Jesse C. Boyd, Stephen Kunken.

Les qualités de Ron Howard sont connues. Un sens de la distribution et une direction d'acteur juste et fine. Ensuite, une qualité dans la reconstitution et un sens du détail, que ce soit dans les comédies, les films historiques, les films fantastiques ou les thrillers. Et il faut reconnaitre qu'il sait choisir ses scénarios. Et qu'en conséquence ses films dépendent de l'intérêt que provoquent ses scénarios, à défaut d'apporter une personnalité folle sur sa mise en scène.

Ici, il s'agit de l'histoire vraie d'une famille dans les États-Unis d’Amérique profonds (Ohio), entre violences familiales, alcoolisme, drogue, un ensemble d'ingrédients pour servir la narration. Nous suivons l'évolution d'une famille à partir du fils qui doit retrouver sans mère à l’hôpital suite à une overdose, alors qu'en même temps des moments clefs se jouent pour sa carrière (il sort de l'université et est sur le point de rejoindre un cabinet important). Le film gère ses retours en arrière et en avant avec brio: il a le dilemme de s'occuper de sa vie professionnelle ou de sa mère et sa soeur, bref le retour du passé et sa famille qu'il n'a pas choisit ou son amie et son nouveau métier.

La distribution est brillante avec en tête Glenn Close et Amy Adams (confirmant encore une fois son grand talent). Beau film choral qui arrive à parler de multiples sujets, effleurés, mais bien réels: différences sociales, riches, pauvres, famille, travail, racisme, addictions - drogue, alcool -, violence familiale. Malgré toutes ces thématiques, le film ne sombre pas dans le larmoyant et le mièvre. C'est une des qualités de Ron Howard de faire film réussi sur des sujets pareils.

 Une ode américaine Poster

Hellraiser Le Pacte (1h34, 1987) de Clive Barker

Avec Andrew Robinson, Clare Higgins, Ashley Laurence, Sean Chapman, Oliver Smith, Robert Hines, Anthony Allen.

Ce film est un bon film d'horreur dans le sens où il est dénué d'humour, de second degré, d'auto dérision ou autres éléments qui pourrait distancier le spectateur du drame. C'est aussi un bon film d'horreur, car il ne se contente pas de suggérer, mais montre frontalement des éléments horribles, mais avec relative parcimonie. C'est  aussi un bon film d'horreur, car il contient une bonne dose de subversion. Il possède aussi le charme du film qui ne dépend pas du CGI porn; ici les effets sont devant la caméra. Et pour couronner le tout, la musique plutôt symphonique, appuie bien les images et entretien bien la tension (beau travail de Christopher Young).

Dans les éléments subversifs il y a ce couple adultérin, avec Clare Higgins qui découvre progressivement des éléments de souffrance qui vont avec un érotisme et des plaisirs de la chair à base de chairs déchirées et de sang. Bref le film va à fond dans ses objectifs et reste marquant visuellement.

Le film est très religieux et fait l'hypothèse qu'il existe un Enfer ("hell" bien sûr) qui est convié par une petite boite qui  à énigme grâce à laquelle il est possible de souffrir pour l'éternité. Le film peut être vu aussi comme une revisite du film de maison hantée dans un mode gore, sang et chairs: les fantômes sont montrés et les dégâts qu'ils produisent sont visibles.

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The Grandmaster (2h10, 2013) de Wong Kar-Wai

Avec Tony Chiu-Wai Leung, Ziyi Zhang, Cung Le, Qingxiang Wang, Elvis Tsui, Hye-Kyo Song, Kar-Yung Lau.

Kar-Wai Wong raconte l'histoire de Ip Man, un maitre de Kung-Fu dont le parcours est lié à des pages de l'histoire de la Chine. Et il finira comme maitre à Hong-Kong où il aura un élève qui deviendra célèbre Lee Jun Fan plus connu sous le nom de Bruce Lee. Le film sur Ip Man est un sous genre du film de kung-fu lorsque l'on voit la kyrielle de films qui existent maintenant. Pour draguer la mythologie de Bruce Lee, probablement.

Ici c'est Kar-Wai Wong, le summum du cinéma intellectuel, plastiquement sublime, totalement invraisemblable, donc indispensable.

Ici les combats sont visuellement superbes. Ils sont cadrés en gros plans. Ils sont réglés par Yuen Woo-Ping. Mais nous sentons que c'est la plastique et les textures qui intéressent le réalisateur: gros plans, ralentis, pluie, couleurs, très gros plan sur une goutte d'eau dans une flaque d'eau avec floutage de tout ce qu'il y a autour. Tout cela est une matière qui produit au montage des séquences visuellement et plastiquement intéressantes, très léchées, à la limite du ridicule. Et quelquefois au détriment de la lisibilité sur l'espace et sur le combat lui-même. Il y a beaucoup de très gros plans avec la caméra qui lèche le personnage en remontant (point au milieu, mais pas autour et arrière-plan flou).

La direction d'acteur est laissée de côté: Tony Leung, avec son sourire permanent, rend le personnage hermétique, pour rester poli. Et il faut reconnaitre qu'en artiste martial il est moyennement crédible: il ne déborde pas de tonicité et d'énergie...Erreur de distribution? Disons que c'est la mise en scène et le montage qui provoque cette impression; le souci de Wong Kar-Wai est de faire de la plastique, ce n'est pas de montrer de la tonicité et de l'énergie dans les combats.

La narration est curieuse: Tony Leung, inexpressif pendant l'ensemble du film; il est esclave des évènements, il les subits. Cela donne une impression qu'il s'en moque et qu'il y accorde peu de valeur. Cela rend le film curieux, car il s'agit de son histoire; c'est l'histoire du personnage Ip Man, mais il s'en moque en quelque sorte. Sa femme et son enfant arrivent et partent, sa maitresse virtuelle (Zhang Ziyi, solaire) rentre puis sort de la narration...

Un bijou pour les yeux.

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At Eternity's Gate (1h51, 2018) de Julian Schnabel

Avec  Willem Dafoe, Rupert Friend, Oscar Isaac, Mads Mikkelsen, Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Niels Arestrup, Anne Consigny, Amira Casar, Vincent Perez, Lolita Chammah.

Les derniers mois de la vie de Vincent Van Gogh, de son départ de Paris à sa vie dans le sud de la France (Arles), puis sa remontée en asile (Auvers-Sur-Oise).

Un film qui parle de peinture, de la création et des états d’âmes de Vincent Van Gogh, de sa relation avec Paul Gaugin ou avec son frère Théo, de ses interactions difficiles avec les gens à Arles: les enfants, ses camarades dans l’hôpital psychiatrique, les habitants du village dans le sud de la France, sa logeuse et son personnel. Mais aussi de sa recherche de solitude tout en ne voulant pas être seul et souffrant de cette solitude. C'est d'ailleurs ce qui marque, cette solitude du personnage, sa souffrance qui en résulte.

Malgré ses pauses plastiques (visuelles et musicales, multiples plans d'ensemble avec Vincent Van Gogh marchant, quelquefois avec comme bande-son uniquement un piano) et ses silences, le film rend attachant le personnage et suscite de l’émotion. Très beau personnage donc, avec un Willim Dafoe envouté et convaincant qui traduit parfaitement sur son visage la souffrance du personnage.

La direction d'acteur est subtile. La séquence de Mads Mikkelsen est étonnante (la meilleure prestation de Mads Mikkelsen à ce jour) et permet de donner des informations sur le personnage Vincent Van Gogh et sa conscience de la situation et sur sa vision du monde, et ceci au bon moment de la narration.

 At Eternity's Gate Poster

Good time (2017, 1h42) de Benny Safdie et Josh Safdie

Avec Robert Pattinson, Benny Safdie, Buddy Duress,Taliah Webster, Jennifer Jason Leigh, Barkhad Abdi, Necro, Peter Verby,

Très bonne surprise que ce film des frères Safdie. Histoire policière d'un repris de justesse, demeuré - au premier degré-, qui est recherché par son frère (Robert Pattinson), petit voleur et petit braqueur, qui va se retrouver embarqué dans une histoire interminable dans laquelle il s'enfonce de plus en plus. Ou chaque décision prise provoque ou convoque encore plus de raisons de ne pas y arriver.

Le film ressemble à un dispositif de course poursuite où chaque séquence entraîne un peu plus Robert Pattinson sur le non-retour et l'impossibilité d'y arriver dans un univers des abandonnés du rêve étatsunien que nous n'avons pas l'habitude de voir dans les productions des studios.

Robert Pattinson nous montre encore une fois qu'il est un grand acteur.

Sur la forme le film est souvent la tournée la nuit dans un style qui peut rappeler le reportage, pris sur le vif, mais aussi le polar et le film Noir, avec une énergie permanente. C'est bourré d'urgences, peut-être même un peu trop, mais qui captent le spectateur.

Avec cette descente en Enfer, la recherche de solution à un problème entraine un problème supplémentaire, qui happe le spectateur qui se demande comment il va s'en sortir. Ce qui permet de tenir le spectateur jusqu'au bout. Tout comme les frères Safdie le font dans Uncut Gems (2019) avec Adam Sandler qui est aussi une histoire d'enchainement de problèmes censés résoudre le précédent.

Good Time Poster

Schlock, Le Tueur A La Banane (1973, 1h20) de John Landis

Avec John Landis, Saul Kahan, Joseph Piantadosi, Richard Gillis, Tom Alvich,

Ce premier film de John Landis contient déjà en matrice des éléments que nous verrons dans ses films ultérieurs. Comme le mélange d'horreur et d'humour. Comme l'utilisation des décors, ici des décors réels d'une banlieue nord de Los Angeles dans les années soixante-dix. Et aussi une direction d'acteurs subtile. Ce film n'est pas sans rappeler certains constituants du chef-d'oeuvre de John Landis: les Blues Brothers (1980) avec l'absurdité (une des grandes maîtrises de John Landis), la garde nationale, la relation particulière avec le love interest.

L'argument ici est maigre, mais permet de visiter des lieux et des personnages et des décors naturels de la banlieue de Los Angeles. Des meurtres en séries sont signés avec des peaux de banane. Très vite nous comprenons qui est le tueur: John Landis dans un costume de singe (fait par Rick Baker), soit un Schlock ou plutôt un Schlocktropus qui serait le chainon manquant entre le singe et l'homme. L'humour noir et l'absurde sont la matière de base de ce premier film, qui fonctionne, qui sait s'arrêter quand il faut (durée de 80 minutes), et qui est amusant, la plupart des sketches étant réussis.

Le costume de singe fait par Rick Baker (pas encore la star des maquillages qu'il deviendra) tient encore la route. A voir pour les décodeurs du style ou du non-style pour la mise en scène de John Landis. Ce qui intéresse John Landis, c'est ce qui est devant la caméra, pas la caméra.

Schlock [Blu-Ray]

L'Incroyable Histoire De L'Ile De La Rose (2020, 1h57) de Sydney Sibilia

Avec Matilda De Angelis, Tom Wlaschiha, François Cluzet, Elio Germano, Fabrizio Bentivoglio, Bruno Gouery, Luca Zingaretti, Leonardo Lidi.

Il s'agit d'une histoire vraie. Un ingénieur italien dans les années soixante a créé une ile artificielle dans les eaux internationales en face de Rimini. Pour créer son propre pays avec son gouvernement. L'état italien ne la reconnaissant pas, il fera la démarche pour l'officialiser aux Nations Unies et au niveau de l'Union européenne. Cette île servira de lieu festif et de boite de nuit, devenue populaire et prisée de la jeunesse. Et l'état italien ne verra pas cela avec un bon oeil. Ces années soixante étaient le lieu de multiples utopies et la création de cette ile en est un exemple.

Le film raconte comment il en a eu l'idée de la créer, comment elle a été construite, puis sa vie, car elle a fini par être détruite par la marine italienne. Cet ensemble se prédispose bien à une histoire et une narration.

Le personnage principal et ses copains sont plutôt sympathiques et pas vraiment subversifs. La narration fonctionne sur l'attente du spectateur sur ce que va devenir cette idée, cette utopie (ils veulent même se choisir une langue), cette histoire puisqu’à intervalle régulier, devenant de plus en plus populaire, le scénario convoque à intervalle régulier des institutions puis l'état italien qui ne voient pas cela d'un bon et  qui sont contre l'existence de cette ile. Sur ce canevas se greffe les éléments dramatiques relatifs aux personnages principaux, les quatre propriétaires et animateurs de l'ile.

L'incroyable histoire de l'Île de la Rose Poster

Mariage Story (2h17, 2019) de Noah Baumbach

Avec  Adam Driver, Scarlett Johansson, Laura Dern, Ray Liotta, Alan Alda.

Très beau film sur la séparation et les déchirements d'un couple dans le milieu du théâtre indépendant à New York. Elle est actrice dans les pièces de son mari qui est auteur et metteur en scène . Elle décide de partir en Californie pour travailler à la télévision, ce qui est un outrage pour le théâtre indépendant new-yorkais. Le couple possède un enfant qui va être le liant dramatique, car les avocats s'affrontent sur la garde de l'enfant et son lieu de vie. Le couple est interprété par Adam Driver et Scarlett Johansson.

Le film recèle de beaux moments d'émotion, c'est-à-dire de drame. Et l'arc dramatique conserve l’intérêt du spectateur en lui donnant juste ce qu'il faut pour qu'il comprennent ce qui se passe et subodore la suite, mais se retrouve surpris, car l'histoire est relancée avec des variantes différentes (le changement d'avocat d'Adam Driver, le choix de prendre un travail en Californie pour Adam Driver, par exemple).

Cet ensemble produit un film qui recèle sa dose d'émotions, qui intéresse aussi, car il ne choisit pas de défendre un des deux, en restant relativement factuel et en n'expliquant pas tout le temps et gardant une part de mystère à chacun des personnages. Le spectateur se faisant son avis sur les personnages. Même si les horreurs de ce genre de situation, un divorce, sont montrées sans détour, avec mensonges, trahisons, exploitées par chacun des avocats des deux camps. Même s'il ne prend pas parti, le scénario contient quelques éléments féministes à travers le personnage de Laura Dern, avocate qui défend la femme tout en expliquant ce que cela implique et les conséquences d'être une femme dans une procédure de divorce.

Noah Baumback met toute son expérience de scénariste et metteur en scène dans ce beau film rempli d'émotions.

L'ironie du titre est  dans le fait que le film raconte la procédure de divorce, avec des flashbacks pour présenter des tranches du mariage qui se dissolve: divorce story.

Marriage Story Poster