dimanche 21 octobre 2018

Bande à Part (1964) de Jean-Luc Godard

Avec Anna Karina, Claude Brasseur, Sami Frey, Michel Delahaye, Georges Staquet, Louise Colpeyn, Ernest Menzer, Chantal Darget.

Bande à part
Commençons par les bons côtés du film. La séquence de la danse dans le café, ainsi que les jeux de chaise en préalable dans le même café. De la pure mise en scène. Du comportement. Séquence jubilatoire qui donne une impression de liberté, de gourmandise de jeu des acteurs.
L'histoire nous intéresse peu. Par contre, l'interaction entre les trois personnages est le centre d'intérêt.  Anna Karina, fragile et touchante, comme souvent chez Jean-Luc Godard. Claude Brasseur et Sami Frey sont formidables dans des registres différents. Les scènes entre les trois personnages captivent, les autres sont moins captivantes, et sont des préparations aux scènes à trois.

Dans les éléments désagréables et inutiles, il y a principalement la voix off, de Jean-Luc Godard lui-même, qui nous énerve; démontrant encore une fois qu'une voix off est un aveu de fainéantise (le réalisateur ne veut pas mettre en scène des idées et nous les assène avec ce subterfuge). Elle tombe souvent comme un cheveu sur la soupe et fait remplissage. Notamment pendant les déplacements des personnages. Les personnages chez Jean-Luc Godard se déplacent souvent, tout le temps, à pied, en voiture, en train, en bateau, en bicyclette, en avion. Bref, pas la peine de remplissage avec une voix off.

Tarzan (2016) de David Yates

Avec Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Djimon Hounsou, Ella Purnell, Jim Broadbent, Casper Crump, Lasco Atkins, Mark Preston, Rory J. Saper.

Tarzan - Blu-ray + Copie digitale

Dans le genre du film de jungle, nous demandons Tarzan.
Ce Tarzan-là n'est plus en Afrique, mais en Angleterre, et des histoires de géopolitiques et d'argent (des diamants) l'obligent à retourner dans la jungle.Le film utilise l'alibi historique et colonialiste pour sortir Tarzan de sa retraite (il ne nous est pas expliqué pourquoi il rechigne, mais c'est un prétexte scénaristique comme un autre).
Ce qui produit un film pas du tout linéaire et qui explique surement une partie de son échec commercial. Le film est cadencé par des séquences de l'histoire de Tarzan qui revient en Afrique, avec de multiples retours en arrière: son enfance dans la jungle, sa relation aux animaux, sa relation avec sa chérie (Margot Robbie, très bien). Mixées avec les séquences actuelles où il doit sauver sa chérie et déjouer des belligérants esclavagistes. Mais le film arrive à toujours relancer l’histoire en mixant ces passés, et la poursuite de sa chérie kidnappée par le méchant (Christoph Waltz, très bon, tout en retenue).
L'autre explication de l'échec commercial vient des éléments sombres brassés par le film: l'esclavage, le pillage. Il y a peu de personnages bons, généreux dans le film. Même Tarzan lui-même apparait plus animal qu'humain, et tue sauvagement.
Sur la distribution, tous les acteurs sont bons. Alexander Skarsgård est impressionnant par son physique et juste par son interprétation. Margot Robbie ne joue pas les faire valoir. Seul le personnage de Samuel Jackson semble un artifice scénaristique (élément comique et lien vers les USA of America).
Le film a l'élégance de ne durer que 1h40.

American Nightmare (The Purge, 2013) de James DeMonaco

Avec Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder, Adelaide Kane, Edwin Hodge, Rhys Wakefield, Tony Oller, Arija Bareikis, Tom Yi, Chris Mulkey, Tisha French, Dana Bunch, Peter Gvozdas, John Weselcouch, Alicia Vela-Bailey.



Le point de départ est très américain: dans un futur indéterminé aux USA of America, pendant une nuit est autorisé le meurtre, sans conséquence juridique. Cela a provoqué le développement de système de protection dans les maisons individuelles. Cela s'appelle la purge (voir le titre original). Donc une nuit où l'on peut commettre des meurtres sans conséquence, ou se protéger et se barricader chez soi.
American Nightmare - Blu-ray + Copie digitaleEt donc le scénario confronte des gens barricadés avec des assaillants qui profitent de la purge pour tuer des sans-abris ou autres personnes qu'ils croisent. Il y a quelques sujets politiques derrière cette série B: que faire des laissés pour compte du rêve américain. Ou que faire de ceux qui ne jouent pas le jeu du rêve américain? Il est dit en postulat qu'il y a le plein emploi, et donc le sans-abri est probablement quelqu'un qui refuse le rêve américain, un marginal qui rejette le système? D'où le besoin de l'éliminer pendant la purge. Et concernant les armes, jugées nécessaires, en particulier pour la purge, pour tuer ou pour se défendre.
Ce postulat de départ et ces thématiques permettent de développer une bonne série B, film de siège dans un environnement confiné et souvent dans l'obscurité. Et donc film d'horreur et film de tension.
Cela fonctionne et n'évolue pas forcément vers des péripéties que l'on devine,  mais la fin est devinée dès le début. Mais cela ne pénalise pas la progression.
Le film laisse un goût d'inachevé ou de manque de spectaculaire. La mise en scène est un peu plate et des articulations sont convenues (les deux enfants et leur rôle dans les évolutions du drame). Mais l'histoire est suffisamment forte pour que cela ne nuise pas à l'ensemble. Nous nous demandons ce qu'aurait fait John Carpenter avec ce matériel. Curieusement,  James DeMonaco est le scénariste du remake d’Assaut (1976) de John Carpenter refait en 2005 par Jean-François Richet. Cet  American Nightmare est de la même classe de scénario que Assaut.



mercredi 17 octobre 2018

The Baytown Outlaws (Les Hors-La-Loi) (2012) de Barry Battles

Avec Billy Bob Thornton, Eva Longoria, Paul Wesley, Thomas Brodie-Sangster, Zoë Bell, Clayne Crawford, Travis Fimmel, Daniel Cudmore, Linds Edwards, Andre Braugher, Michael Rapaport, Natalie Martinez, Agnes Bruckner, Brea Grant, Serinda Swan.
The Baytown Outlaws (Les hors-la-loi)


Une bonne série B, teigneuse, violente, irrévérencieuse, servie par une direction d'acteurs qui fonctionne. Elle mélange des éléments de comédie, de western, de road-movie. Du côté des influences, nous pouvons identifier Joe Carnahan et Quentin Tarantino.
Il existe comme cela de petits films (car réalisés hors du cadre hollywoodien) qui sortent du lot.
Le film porte bien son nom: les hors-la-loi dont  il est question est un gang de frères, tous tarés qui vivent dans une Amérique profonde remplie de détraqués et où la violence est le seul moyen de gérer et communiquer. Ce n'est pas la première fois qu'un film étatsunien traite de ce thème.
Ce gang est mandaté pour récupérer un enfant handicapé des mains d'un vilain: Billy Bob Thornton dans un personnage haut en couleur.
Le film possède de multiples qualités: le sens du décor, de la distribution et de la direction d'acteur. Tout fonctionne dans ce film et le spectateur croit à cette histoire complètement improbable.
Une bonne série B, délicieusement décalée.

Ôtez-moi d'un doute (2017) de Carine Tardieu

Avec François Damiens, Cécile de France, Guy Marchand, André Wilms, Alice de Lencquesaing, Estéban, Lyes Salem, Sam Karmann, Brigitte Roüan, Alban Aumard, Alban Aumard, Loïc Baylacq.



Ôtez-moi d'un douteBonne surprise que cette comédie dramatique, avec un François Damiens dans un rôle sérieux (il est démineur), et avec une Cécile de France épatante dans un petit rôle. Elle n'arrive d'ailleurs pas de suite dans le film. Qui prend son temps pour installer les différents personnages. Chacun des personnages est peint avec qualité et justesse. Avec un excellent travail au niveau des dialogues, piquants quand il faut et plutôt justes.
Les principales qualités sont de beaux personnages portés par des acteurs aux diapasons. Cécile de France est très juste. François Damiens fonctionne parfaitement dans un rôle dramatique.
Le sujet et les enjeux tournent autour de la famille et de la paternité: la fille de François Damiens porte un enfant dont elle ne connait pas le père. Lui même rencontre son père. Cécile de France apprend des choses sur son père.
Le film est bien écrit et fort sur la relation entre les différents personnages et la progression.
Un bon film. À voir donc.

Jules et Jim (1961) de François Truffaut

Jules et Jim - Édition 50ème anniversaireAvec Jeanne Moreau, Oskar Werner, Henri Serre, Vanna Urbino, Marie Dubois, Boris Bassiak, Annie Nelsen, Sabine Haudepin, Jean-Louis Richard, Anny Nelsen.

Quel navet! Des dialogues ineptes et beaucoup trop écrits, probablement issus du roman initial. Dialogues en plus qui ne sont pas synchrones avec les lèvres des acteurs...  La prise de son est quelquefois directe et très souvent (mal) post synchronisée.
Cette voix off insupportable est, comme souvent, là pour pallier l'incapacité du cinéaste à raconter son histoire par sa mise en scène,  par le comportement des personnages, ou par le montage.
L'histoire peut être vue comme moderne, mais nous ne comprenons pas ce que les hommes trouvent à la fille; à part le fait que leur cerveau est dans leur slip. Et encore...
Le film se veut intellectuel, mais sa forme rance le date et lui ôte toute possibilité de modernité.  Consternant.
Seuls deux éléments sont à sauver: la musique de Georges Delerue, et la chanson de Jeanne Moreau, seul moment de légèreté dans ce pensum.