lundi 24 juin 2013

La piste des géants (The Big Trail, 2h05, 1930) de Raoul Walsh

Avec John Wayne, Marguerite Churchill, El Brendel, Tully Marshall, Tyrone Power Sr., David Rollins, Frederick Burton..

Ce film de Raoul Walsh est passionnant à plus d'un titre.
C'est un film de 1930 réalisé en deux formats, dont un format cinémascope (visionné ici) et appelé "Grandeur", qui fut un échec et abandonné. Format "Grandeur" qui est magnifique en noir et blanc et qui nous montre de magnifiques paysages naturels (le film a été tourné dans le Wyoming) avec une exploitation du format et une composition des plans magnifique.
C'est le premier western (et film) dans lequel John Wayne est la vedette masculine. Qui sera un échec et qui le confinera aux séries B voire Z jusqu'à Stagecoach de John Ford. On y trouve déjà beaucoup des éléments de sa future mythologie, comme le sens de l'honneur, ou sa relation aux femmes.
Le film souffre de ses intertitres, parfaitement inutiles, mais qui sont l'héritage du muet encore  en vigueur un an avant. Ou alors de son type casting qui indique immédiatenent qui sont les méchants (ici ils sont trois, un barbu gros, deux moustachus); on sait que ce sont eux les méchants dès leur apparition.
On y note aussi une sensibilité certaine pour les indiens (le personnage de Wayne les respecte et connaît leurs coutumes) et les utilise pour les séquences où c'est nécessaire (l'attaque de la caravane ou  la discussion pour autoriser le passage); là encore ce sont de vrais Indiens et pas des acteurs blancs maquillés.
Au total le film est spectaculaire l'utilisation de décors réels est un plus et ancre toute l'histoire dans une réalité certaine.
La piste des géants Poster

Argo (2012) de Ben Affleck




Avec Argo nous sommes confrontés à un genre de film où les États-Unis d'Amérique sont souvent très forts: la reconstitution historique. Reconstitution historique, scénario à suspense, thriller politique, portée historique et patriotique, distribution efficace, tout ici est plutôt bien fabriqué, bien fait, avec un film que l'on croit forcément très documenté. Nous obtenons un bon film à sensations fortes un petit peu dans l'esprit de certains films des années 70.
Argo a eu l'Oscar du meilleur film, et l'on se demande bien quels étaient les autres films… C'est un bon film qui se laisse regarder jusqu’au bout, car on se demande si les otages vont s'en sortir (vont-ils être démasqués? Vont-ils garder leur sang-froid?). Mais l'on n'est pas sur un monument de mise en forme très originale : c'est bien un cinéma académique (dans le bon sens du terme) que l'on a.
Un des intérêts du film est cette histoire cocasse de projet de film de science-fiction inventé pour arriver à sortir les otages d'Iran.
On se dit que l'académie des Oscars lui a donné un Oscar du meilleur film, car probablement et faute de mieux, il n'y avait pas d'autre film plus méritant.

[REC]2 (2009) de Jaume Balagueró et Paco Plaza



Cette suite reprend là où le premier film se termine à la seconde près. En fait, il débute un petit peu avant la fin du premier si l'on considère la chronologie.
Sur la forme il est exactement comme le premier. Mais sans l'effet de surprise, sans l'effet de découverte, que provoquait [REC] et que provoque à la première vision cette franchise.
C'est-à-dire qu'ici c'est toujours aussi horrible, mêlant les accès d'horreurs, la bonne utilisation des clairs-obscurs ou de la pénombre, mais cela ne surprend plus. Même si sur le plan de l'horreur pure le film donne sa dose. Il y a beaucoup de sang et de morts-vivants sanguinolents possédés par le virus qui essayent de manger tout ce qui passe.
Autres éléments qu'apporte cette suite, c'est une explication de la provenance du virus en question, voire pourquoi les gens se retrouvent  quelque part "possédés" ! "Possédés"' est bien le bon mot ils sont en fait possédés par le Diable... Et c'est là où le film pèche, car cette explication enlève tout mystère à cette histoire d'horreur : c'est une banale histoire de possession ! C'est très décevant et presque ridicule… On n'est pas surpris que l'on nous serve cela quand on pense à un pays catholique comme l'Espagne. Néanmoins cela n'est pas original de se raccrocher quelque part à L'Exorciste, car un des principaux personnages est ici un prêtre qui se balade avec son crucifix à la main et auquel réagissent les zombies ou malades par le virus qui veulent manger les autres !
Sinon on retrouve les qualités de direction d'acteur, le super travail au niveau de la technique avec toutes ces caméras et ces images passant par ces caméras (gros travail de montage). C'est un documenteur (appelé aussi found footage). La direction d'acteur est très bien; les acteurs sont tous très bons. Mais voilà, même si c'est efficace, au final il y a plus l'originalité du premier et donc il n'y a plus la force qu'avait le premier qui contenait de vrais moments de terreur pour qui ne savait rien sur le film avant de le visionner.

Margin call (2012) de J.C. Chandor



Margin Call est le film clinique comme savent le faire les états-uniens pour nous expliquer comment dans sa chute la banque Lehmann Brothers a entraîné et mis à la rue beaucoup de gens, et ce uniquement pour faire des profits.
Sans être trop technique le film essaie d'expliquer que ce qui est arrivé à cette banque qui a fait faillite et qui a mis dans la rue beaucoup d'Américains par le choix de ses dirigeants de se faire encore plus d'argent possible lors de cette catastrophe.
Le film bénéficie d'une belle distribution assez originale qui mélange acteurs confirmés de cinéma venant de la série télévision (Kevin Spacey) avec stars de la série télé (le Mentalist) mais pas du tout cinéma, avec ancienne actrice vedette des années 80 (Demi Moore), et avec un méchant interprété par Jeremy Irons (acteur anglais bien sûr). Plus quelques jeunes acteurs qui montent. C'est en quelque sorte un thriller en chambre (en fait en bureau) très réussi, bien mis en forme et qui se laisse regarder jusqu'au bout.
S'il y avait à énumérer les qualités du film, ce serait: la distribution et l'histoire. Pour ce qui est des défauts, ce serait que le film n'explique pas vraiment bien les conséquences et pourquoi la banque se retrouve en faillite. Même si les personnages en ont l'air convaincus et que l'on nous dit que les dettes accumulées dépassent la capitalisation de l'entreprise donc qu'elle est à terre, on reste sur notre faim sur ce sujet-là.

Comme des frères (2012) de Hugo Gélin




Il s'agit d'une comédie dramatique comme savent si bien les faire les Français. Il y a un non-dit dramatique qui sert de toile de fond à l'histoire principale qui elle se déroule dans un esprit de film de potes qui amène l'humour par la confrontation de personnages qui ont assez peu de choses en commun au départ.
Le film est tenu par son trio d'acteurs principaux, qui (les frères du titre: Demaison, Duvauchelle, Niney) sont plutôt bons.
Le film pèche par son utilisation systématique et raisonnée du flashback anti chronologique : pour nous expliquer ce qui s'est passé avant et les arrières plan et la raison d'exister des trois principes personnages principaux. Si l'on comprend le procédé, il devient lassant sur la durée du film. Et il traduit même une impression de non-maîtrise du film par le réalisateur qui semble n'être pas sûr de lui ou ne se sent pas capable de faire passer les informations qu'il fait passer par les flashback dans l'histoire actuelle. Peut-être était-ce pas si facile que ça à faire, mais ces flash-back quelque part sont lourds et cassent la dramaturgie. Surtout qu'ils amènent un contrepoids à l'histoire courante qui est plutôt humoristique (les affrontements entre ces trois personnages qui ont peu de choses en commun au début).
Cela est plutôt le gros défaut du film. Le  film reste plutôt agréable par ailleurs.