Revoir 2001 L'Odyssée de l’Espace reste une expérience. Et les partis pris de Stanley Kubrick restent forts avec le temps, et efficaces.
Le partie pris du réalisme: la gravité pour les mouvements, il n'y a pas de son dans l'espace, ou lorsqu'il n'y a pas de musique, mettre dans la bande-son ce qu'entend le personnage. Partis pris dans un contexte invraisemblable (le monolithe).
Un élément saute aux yeux: sa dimension comique. La dimension comique ressort franchement de cette nouvelle vision. Les singes avec leurs cris et gesticulations superposés à la musique de Gyorgy Ligeti est une association hilarante et osée. Pour ne pas dire inhabituelle et excentrique. Association introduisant le monolithe, élément de mystère de l'ensemble du film. Ou alors l'inexpressivité des acteurs et leurs grimaces qui en résultent, avec mouvements des yeux.

Le design des vaisseaux et navettes reste d'actualité et semble avoir été pillé par bien des films de science-fiction qui ont suivi.
La stylisation de la Terre (qui est vraisemblablement un dessin)
passe le temps et cette représentation de la terre, fonctionne. La
nature de dessin ou peinture ressort pleinement. Pour une simple raison, c'est que lors du tournage il n'existait pas de photo de la terre vue de l'espace.
Du côté des personnages, ils n'ont rien de sympathique, y compris Keir Dullea, champion avec l'ensemble de la distribution de la froideur scientifique des personnages. Le seul paraissant humain est Hal, l'ordinateur, qui par son comportement (il perd la tête pourrions nous dire) provoque les incidents qui cadencent le voyage jusqu'à Jupiter.
Le film est baroque. Dans sa manière de rechercher l'effet en permanence. L'effet des singes avec la musique de Gyorgy Ligeti ou sur les astronautes sur la lune. La musique de Richard Strauss sur la station spatiale. Le foetus final qui regarde la Terre. Le contraste entre la vidéo reçue pour lui souhaiter son anniversaire et la non-réaction de Gary Lockwood. Ou encore le spationaute en combinaison dans l'appartement de style Louis XVI.
La musique est pensée comme un effet pour renforcer l'image. Souvent dans les transitions. Comme cette superbe pièce d'Aram Khatchatourian en introduction du chapitre sur le vaisseau vers Jupiter. Ou la musique de Gyorgy Ligeti dans la plongée de Jupiter et au-delà de l'Infini. Toutes les musiques contribuent à la beauté du film.
Cette musique fait partie de la mise en scène et de l’œuvre. Étonnant pour un film muet. C'est là le talent de Stanley Kubrick: avoir créé un film muet dont la musique est consubstantielle.
Le film est expérimental. Et ce à plusieurs titres. Il est fondé sur l'expérience scientifique connue ou supposée: le fait qu'il n'y a pas de son dans l'espace; les effets de la gravité qui apparaissent dans de multiples plans. Le film est basé sur des technologies d'avant garde à l'époque de son tournage: l'utilisation d'ordinateurs pour le composer ou contrôler des mouvements de caméra. Le film explore de nouveaux moyens d'expression, sur les associations (musique, image), sur les ellipses entre les quatre parties.
La séquence finale (le dernier chapitre du film) est toujours plastiquement superbe. La revoir nous
amène à essayer de comprendre sa progression. La genèse du fœtus y apparait clairement.
Une déception:
est l'introduction de cette séquence finale, Jupiter et au-delà de
l'infini: la plongée de Keir Dullea est mal mise en scène. Cette
séquence de défilement pourrait résulter d'une plongée dans le
monolithe. Le spectateur de comprend pas ce qui se passe; à tout le
moins Kubrick aurait pu mieux travailler ce saut dans l’inconnu et le rendre plus lisible: quelle est sa relation avec le monolithe? Pour
revenir à cette séquence, plastiquement superbe, dont la stylisation
fonctionne toujours: mélange d'images qui donnent l'impression de sortir
d'un ordinateur, avec du dessin animé ou des images de paysages
retravaillées. Plus les inserts sur Keir Dullea (qui prépare les grimacent de Jack Nicholson dans Shining).
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