mardi 23 avril 2024

DogMan (2023, 1h55) de Luc Besson

Avec Caleb Landry Jones, Jojo T. Gibbs,  Christopher Denham, Clemens Schick, John Charles Aguilar, Grace Palma, Iris Bry, Marisa Berenson,  Lincoln Powell, Alexander Settineri, Michael Garza.

Même si la dramaturgie pachydermique est toujours là, Luc Besson introduit de la subtilité dans son cinéma. Et il écrit de beaux dialogues pour les deux personnages principaux, Caleb Landry Jones et Jojo T. Gibbs, soit le DogMan du titre et la psychiatre qui l’interroge au poste de police, pour des scènes de dialogues entre ces deux personnages, qui sont très réussis. La richesse est dans ces belles scènes au poste de police entre ces deux personnages. Le film est une succession de flashbacks où le Caleb Landry Jones raconte son histoire à la psychiatre. À noter aussi que les dialogues de la psychiatre avec sa mère : très belle performance de Jojo T. Gibbs dans le rôle de la psychiatre. Très beau travail d'écriture.

Le film recèle de moments d'émotions où les deux personnages principaux sont émouvants chacun à leur tour. Le scénario évite certains clichés (la tension de la psychiatre avec son ex aurait peu amener le DogMan à s'occuper de l'ex, mais cela n'a pas lieu). Tout comme la fin, qui fait basculer dans un certain irréel le film.

Le film est une bonne surprise. La richesse de ces deux personnages principaux, l'idée d'employer les chiens, la performance de Caleb Landry Jones, tout cela repose sur un classicisme sur la forme ; il n'y a pas d'hystérie sur la forme. Juste une histoire de sa vie racontée par Caleb Landry Jones. Son enfance (passage assez peu subtil, mais il est difficile d'être léger), les livres et Shakespeare, le cabaret, etc.

Un film posé, réfléchi. 

Bande-annonce Dogman



lundi 1 avril 2024

The Restaurant saison 1 (2017, 10 épisodes) & 2 (2018, 10 épisodes) de Ulf Kvensler, Malin Nevander, Johan Rosalind

Metteurs en scène : Molly Hartleb, Andrea Östlund, Anna Zackrisson, Harald Hamrell.

Chaque épisode dure de l'ordre de 60 minutes. Ce qui fait un corpus volumineux.

Le film choral est parfaitement supporté par le format de la série télédiffusée, ici sous la forme de dix épisodes de cinquante à soixante minutes chacun. La vie dramatique d'une famille, la mère, les deux fils, et la fille, gravitant autour du restaurant familial, l'équipe de la salle, l'équipe de la cuisine, l'approvisionnement, la concurrence, les familles de chacun, et le temps qui passe (des années quarante aux années cinquante).

Les scénaristes gèrent parfaitement les drames, et l'enjeu pour le spectateur est de deviner quel sera l'évènement dramatique qui perturbera le bonheur de chacun des personnages. C'est principe de dramaturgie, dès que tout va bien, il faut que cela aille mal. Que va-t-il se passer ? Qui va trahir ? Qui va mourir ? Sur la durée, cela devient un peu ennuyeux.

Le contexte historique est la Seconde Guerre mondiale et l'immédiat après-guerre, à Stockholm, pour évoquer des thématiques multiples : l'adultère, le racisme, les camps de concentration, le rationnement, le syndicalisme, l'homosexualité (féminine et masculine), la famille, le capitalisme, la corruption, le féminisme, le fonctionnement d'une cuisine ou de la salle d'un grand restaurant, entre autres. Un multitude de sujets donc.

L'ensemble est parfaitement exécuté par des acteurs et des personnages que nous souhaitons suivre, malgré l'utilisation systématique du montage en parallèle et la survenue de drames régulièrement (nous savons que le bonheur ne durera pas).

Beau travail.

The Restaurant

Voyage en Italie (1h31, 2023) de Sophie Letourneur

Avec Philippe Katerine, Sophie Letourneur.

La vie courante d'un couple qui parle en voyage en Italie, avec ses problématiques de visite et d'hébergement de vie commune. Sophie Letourneur, la réalisatrice et le personnage féminin principal, compose et créé une chronique douce amère en racontant les petits moments de ce père et de cette mère entre parenthèses : les enfants sont toujours hors champ, dans l'appartement à la maison, au téléphone lorsqu'ils sont en vacances. C'est un film sans enfant, c'est à dire sur le couple.

Film est très intéressant car il montre qu'il est possible de raconter une histoire simple, avec de multiples petits enjeux dramatiques et avec un certain réalisme, et ainsi construire quelque chose de solide et une narration sur la durée, sans être révolutionnaire, mais avec une certaine passion pour savoir comment cette histoire va évoluer entre ces deux personnages
C'est une film naturel, ou naturaliste, peu importe, sur la vie d'un couple, en vacances ici, en Italie. Le choix de ce qu'il y a à visiter, le moyen de locomotion, la capacité à faire ou pas une balade avec les challenges qu'il et elle se lancent entre eux. Par exemple. Cela ne parait pas palpitant, mais cela fonctionne, le duo d'acteur emporte le film.
 
Bande-annonce Voyages en Italie

Oppenheimer (3h, 2023) de Christopher Nolan

Avec Cillian Murphy, Emily Blunt, Robert Downey Jr., Alden Ehrenreich, Scott Grimes, Jason Clarke, Kurt Koehler, Tony Goldwyn, John Gowans, Macon Blair, James D'Arcy, Kenneth Branagh, Harry Groener, Gregory Jbara.

Christopher Nolan continue de faire des films où les personnages ne suscitent aucune empathie. La forme est travaillée, avec se montage hystérique qui hache plusieurs scènes à différentes période de la vie de Cillian Murphy (qui interprère le personnage dont le patronyme donne le titre du film) dans un mode staccato : le film est quasiment un montage séquence permanent.

Nous avons l'impression qu'il a été conçu pour ne pas être visionnable sur ordiphone. Ce qui en soit est très louable. Et nous avons aussi le sentiment que ce film de 3h n'est finalement que la version cinéma d'une série télé de dix épisodes d'une heure, par exemple. Ce format serait plus adéquat pour raconter une telle histoire.

Le film couvre une petite partie de l'histoire étatsunienne, où cohabitent communistes, nazis, étatsuniens, européen. Le film semblent vouloir dénoncer beaucoup de choses mais n'arrive à être crédible sur aucune  : la création de la bombe atomique, son utilisation pour l'attaque, son utilisation pour la dissuasion (les passages où les personnages discutent ces aspects là sont les plus intéressants), la persécution des communistes, l'hystérie du maccarthysme, la corruption des politiques.

Le film indique que c'est un projet et un collectif de savants qui a créé la bombe, et pas Oppenheimer, connu comme le père de la bombe atomique. Ce qui est louable.

Le personange de sa femme, interprété par Emily Blunt, est inexistant et n'apporte rien. 

Oppenheimer