dimanche 29 juin 2025

Juré n°2 (1h54, 2024) de Clint Eastwood

 Avec Nicholas Hoult, Zoey Deutch, Megan Mieduch, Toni Collette, Adrienne C. Moore, Drew Scheid, Leslie Bibb, Hedy Nasser, Phil Biedron, J.K. Simmons.

Clint Eastwood, nous le savons depuis longtemps, tend avec le temps vers une mise en forme et une mise en scène tire vers un classicisme très épuré, très fluide, qui fait que le film se déroule en un clin d'œil malgré sa durée de deux heures, avec une sensation bizarre de se demander ce qu'il s'est passé avec ce scénario prometteur.

Un hyper classicisme ou un hyper académisme, mais léger, sur un sujet plutôt assez intéressant qui font de ce film qu'il n'est pas un des chefs-d'œuvre de Clint Eastwood, mais qui est intéressant en terme de synthèse de son style. Un style plus fluide que celui de Cry Macho (2021), son film précédent.
L'histoire de ce juré, qui se rend compte qu'il est peut-être responsable du meurtre dont on accuse la personne qui est jugée et dans lequel il est lui-même juré. Contexte intéressant bien sûr.
Le film est un peu décevant sur sa fin dans la mesure où nous aurions préféré qu'il s'en sorte pleinement et vive le reste de sa vie dans la souffrance de la non-dénonciation. Ce qui n'est pas le cas visiblement à travers ce que suggère la dernière séquence où Toni Colette, procureure, vient le voir chez lui.
Un film qui possède une mise en forme qui coule de source par sa simplicité désarmante.
Juré N°2 

The Electric State (2h05, 2025) de Anthony Russo et Joe Russo

Avec Woody Norman, Millie Bobby Brown, Ann Russo, Stanley Tucci, Chris Pratt.

Une curiosité que cette superposition qui utilise à outrance le CGI porn. L'univers est intéressant, car ce sont des robots qui se sont révoltés (ce n'est pas nouveau), mais qui ont été parqués dans des zones, comme l'étaient les Amérindiens à une époque, et qui sont rejetés par les humains. Il n'est d'ailleurs pas évoqué le terme intelligence artificielle. L'avantage de ces robots c'est qu'ils ressemblent à des poupées ou des jouets, ce qui donne au film une patine intéressante, car voir des poupées ou des robots de type jouet pour enfant rouillés usés et qui cherchent à exister, ou qui souhaiteraient avoir une arme, est plutôt original. 

Le film est cohérent et crée une réelle tension jusqu'à l'arrivée du personnage de Chris Pratt, qui permet de basculer dans la zone interdite pour nos personnages principaux qui sont constitués d'une jeune femme et de son robot, qui semble contenir l'âme de son frère. Vous apprendrez bien sûr que le résultat de cette existence, de cette dystopie, est le fruit d'une espèce de savant savant fou réactionnaire interprété par Stanley Tucci. À ce titre le film n'est pas du tout original, et le truc du savant fou a déjà été vu des milliards de fois ; des savants fous responsables d'une quasi fin du monde. 
Le défaut du film et qu'il ne va pas jusqu'au bout de la déglingue d'univers de robots pour enfants, car le film ne une contient aucune subversion ni d'outrances, ce qui pourrait rendre le projet intéressant au-delà de sa performance technique du sujet relativement original et du traitement assez sombre. C'est d'ailleurs le problème du film : sa cible n'est pas le public enfantin, c'est trop noir, et pour les adultes c'est trop enfantin.
Cela reste une curiosité.
poster du film Bande-annonce The Electric State

The Good Mother (1h30, 2023) de Miles Joris-Peyrafitte

Avec Hilary Swank, Olivia Cooke, Jack Reynor, Dilone, Norm Lewis, Madison Harrison, Hopper Penn, Karen Aldridge.

Cette production rappelle furieusement par sa thématique et sa noirceur des films policiers des années 70 étatsuniens. Pas forcément sur la forme. Il s'agit ici d'une journaliste alcoolique dont le fils vient de mourir, probablement lié à une affaire de drogue. Nous apprenons aussi qu'elle avait coupé les ponts avec lui. 

Le chemin dramatique reste dans le cercle familial avec la fiancée de son fils (qui vient de mourir donc) qui est enceinte. Avec son autre fils qui est policier. Policier bien sûr qui est accointé à l'enquête. Hillary Swank est cette journaliste, donc très intéressée par avoir des informations sur ce qui s'est passé, et à l'aide de sa belle-fille, qu'elle vient de découvrir, elle essaie de reconstituer ce qui s'est passé. Cela va nous emmener à du trafic de drogue actualisé ici avec une dose de Fentanyl. 
La caractérisation des personnages n'est pas subtile et le personnage d'Hillary Swank est souvent saoul et en conséquence souvent à côté de ses pompes ; ce n'est pas traité avec légèreté et est même par moment assez lourdingue. La distribution fonctionne bien quand même. Et Hilary Swank est une grande actrice et elle incarne avec crédibilité ce personnage malgré cette lourdeur. 
Par contre, le type casting fonctionne à plein régime, et un des personnages étant barbu il devient très vite suspect et lié à ce qui s'est passé. Nous n'en dirons pas plus, mais c'est un gros problème du film : beaucoup de choses sont devinées très en avance et ne suscitent aucune surprise une fois qu'elles s'avèrent.
Le film semble posséder une dimension de documentaire avec le lieu où il se déroule c'est-à-dire la ville d'Albany dans l'État de New York. Beaucoup de plans d'ensemble ou de décors plus ou moins abandonnés qui ne suscitent pas l'envie de connaître cette ville qui a l'air plutôt usée, abîmée, moisie, mais ils contribuent au climat non festif du film.
poster du film Bande-annonce The Good Mother

Veuve Noire (La viuda negra, 2h02, 2025) de Carlos Sedes

Avec Carmen Machi,  Ivana Baquero, Tristán Ulloa, Pablo Molinero, Pepe Ocio, Álex Gadea.

Nous avons ici un canevas film policier avec un meurtre comme point de départ. Mais la variante du canevas dramatique est ici de nous indiquer très vite qui est le commanditaire du meurtre, mais pas qui est le meurtrier. Assez vite, les soupçons sur le commanditaire sont confirmés, dans le dernier tiers le meurtrier est identifié, puis enfin, la question est de savoir comment les policiers vont arriver à confondre et faire tomber le coupable.

Le film contient la maladie principale de beaucoup de production de Netflix c'est-à-dire que pour expliquer des choses nous sommes obligés de faire appel à des voix off ou des flash-back explicatifs qui sont plutôt ennuyeux en général et qui sont là pour masquer l'impossibilité de raconter l'histoire par la mise en scène elle-même. 
Une des qualités du film quand même est la manière dont fonctionne l'équipe de policiers qui mène l'enquête, avec sa chef qui a l'intuition dès le départ du coupable, et la manière dont elle fait fonctionner son équipe, les interactions avec ses équipiers. 
Et ce qui va avec c'est la distribution et la qualité de l'interprétation qui est plutôt très réussi ici et qui provoque même une empathie certaine avec l'enquêtrice principale. Le film fonctionne, car nous souhaitons savoir comment les policiers vont y arriver. Il faudra attendre le générique de fin pour tout cela se conclut.
 Affiche du film : Veuve noire

Fumer Fait Tousser (1h17, 2022) de Quentin Dupieux

Avec Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, Tanguy Mercier, David Marsais, Julia Faure, Olivier Afonso, Alain Chabat.

Quentin Dupieux présente et annonce ses limites avec ce film. Avec d'autres aussi. Le lien avec le cinéma est présent avec ses personnages qui possèdent des tenues en plastique et qui peuvent évoquer des dessins animés d'un autre siècle. Mais l'on peut se demander par contre en quoi ce film questionne parle ou discute le matériau préféré de Quentin Dupont c'est-à-dire le cinéma. Si ce n'est pas le biais d'une distribution impressionnante.

 Ici il n'est pas question d'arc dramatique qui provoque une résolution de son histoire. Il n'est pas question non plus d'une intrigue avec un besoin du spectateur d'avoir de l'empathie avec certains de ses personnages ni d'avoir un objectif de résolution de l'histoire. Que reste-t-il alors au spectateur si ce n'est de chercher l'élément un peu exubérant que l'on trouve habituellement chez Quentin Dupieux ou les différents éléments exubérants ou les performances individuelles à base de dialogues et de performances c'est-à-dire d'art interprétation. Il n'y a rien de ceci ici. Il bénéficie d'une distribution avec un ensemble d'acteurs confirmé pour le mois, et c'est de notre point de vue le seul élément intéressant de ce film : voir ces pur-sang et ces pouliches, cette matière d'acteur et d'actrices à la mode dans un film de Quentin Dupieux. Quentin Dupieux détesterait-il les acteurs ? D'ailleurs son film le plus intéressant est interprété par un pneumatique.

poster du film Bande-annonce Fumer fait tousser 

mardi 24 juin 2025

Balle Perdue 3 (1h51, 2025) de Guillaume Pierret

Avec Alban Lenoir, Stefi Celma, Nicolas Duvauchelle, Pascale Arbillot, Quentin D'Hainaut, Anne Serra, Gérard Lanvin.

Balle Perdue 3 est une petite tromperie et une réussite sur le plan de la cinétique des masses. Qu'avions-nous aimé dans Balle Perdue (2020) du même Guillaume Pierret ? Alban Lenoir, avec son charisme minéral, sa mâchoire de butor qui va jusqu'au bout, et qui trimbale une forme de mystère. Il y avait aussi une forme d'humour, ne serait-ce que visuel avec la mise en avant de voitures ringardes, la Renault 5 et la Renault 21, mais qui possèdent une signature visuelle unique. Nous en avons des éléments d'ici (l'appartement de Stefi Celma, le personnage de Julie Tedesco, par exemple).  Et bien sûr la tôle froissée et les séquences de combats sous des formes variées pour composer un ensemble jubilatoire qui confère à la symphonie.

Dans ce troisième de franchise, il n'y a pas beaucoup d'Alban Lenoir (à ce titre l'affiche est trompeuse, même si elle fleure bon les affiches à l'ancienne), c'est une déception. L'arc dramatique principal est calé sur Nicolas Duvauchelle, toujours très bon, mais son personnage n'avait pas suscité d'empathie jusqu'à maintenant, et c'est toujours le cas ; ce qui lui arrive ne nous intéresse pas. Stefi Celma est un peu sacrifiée (cela commence par sa coiffure), c'est-à-dire secondaire, dans ce troisième, après sa mise en avant que nous avions apprécié dans Balle Perdue 2 (2022).

Nous apprécions deux personnages qui sont mis en avant dans ce troisième de franchise, qui sont bien vus : Julie Tedesco, que nous avons envie de revoir, en garagiste magicienne qui sait manipuler l'ironie ; et Quentin D'Hainaut, qui est mis en avant et dont la contribution dans le dernier quart du film laisse imaginer que nous pourrons le revoir dans un quatrième...

Sur la signature principale de la franchise, le film est une réussite. Poursuites, bagarres, séquences d'actions phénoménales qui de plus ne sentent pas le CGI porn à plein nez. Sur ce plan-là, le film est une réussite impressionnante. Motos, voitures, camions, hélicoptère, tramway, une multitude de vecteurs d'actions sont utilisés, mais aussi fusillades et combats corps à corps. Sur le corps à corps, il y a une belle séquence dans un tramway, qui se rapproche de la séquence d'anthologie du bus de Nobody (2021, Ilya Naishuller) sans l'égaler (elle contient de l'humour que nous n'avons pas ici). Il y a aussi les extensions prodiguées aux véhicules qui sont toujours impressionnantes et contribuent à des éléments visuels originaux qui rendent le film unique.

poster du film Bande-annonce Balle Perdue 3