dimanche 22 septembre 2024

Effie Gray (1h44, 2014) de Richard Laxton

Avec Dakota Fanning, Polly Dartford, Greg Wise, Tom Sturridge, Tom Herriott, Sam Churchill, Martin Keatman, Chris Haggart, Nima Dabestani, George Laing.

Nous sommes ici dans la catégorie du film en costume, historique, typiquement anglais. À noter que le scénario est signé Emma Thompson.

Le fait que ce soit tiré d'une histoire vraie est sans intérêt. La véracité n'est pas gage de bon sujet dramatique.

Richard Laxton vient des films pour la télévision. Il en profite ici pour construire des plans de coupes ou de transitions très travaillés avec végétations, brouillards, silhouettes qui se dessinent à la cime d'une colline. Et aussi avec beaucoup d'images sombres (l'époque historique le voulant ).

Le film est intéressant pas sa composante historique, où le personnage de Greg Wise, antipathique à souhait, est un auteur, critique d'art, très reconnu qui écrit des livres. Il est vénéré par sa famille ou des nobles. La capacité intellectuelle et la capacité d'écrire des livres étaient quelque chose de rare et célébré. Mais nous savons qu'au pays des aveugles, les borgnes sont rois.

Ce critique d'art dispose d'un autre défaut lié à son statut de mari, qui lui causera sa perte. Nous savons gré au film de ne pas donner d'explication à sa situation sexuelle.

Cela n'a pas été facile de tourner ce film, nous imaginons pour Dakota Fanning : elle passe son temps à faire la tête. Mais l'histoire du personnage est intéressante. Mariée plus ou moins de force (comme c'était le cas à cette époque victorienne) à ce critique d'art, et se retrouvant enfermée dans la maison de ses beaux-parents qui idolâtrent leur fils. Misère et médiocrité des nobles. Bien que crispant le spectateur, elle va finalement se révéler plus torve que nous l'imaginions et arrivera à se venger de son mari et sa famille d'adoption.

Bande-annonce Effie Gray

samedi 21 septembre 2024

Ses Trois Filles (His Three Daughters, 1h41, 2023) de Azazel Jacobs

Avec  Carrie Coon, Natasha Lyonne, Elizabeth Olsen, Rudy Galvan, Jose Febus,  Randy Ramos Jr., Jovan Adepo, Jay O. Sanders.

Un film avec une sensibilité certaine qui dépeint le cheminement de trois sœurs qui se retrouvent à veiller leur père qui est sur le point de mourir. Bien sûr les trois sieurs disposent de personnalités très différentes et ont suivi des chemins de vie différents. Une est très pragmatique et concrète, avec des problèmes avec son enfant adolescent. L'autre plane et semble ne pas être dans la réalité. Et la troisième passe son temps à boire de la bière et à fumer du cannabis ou une substance équivalente. Elles sont conviées pour un protocole de fin de vie à domicile, avec une coach dédiée et une infirmière.

La réalisatrice-scénariste compose un histoire avec professionnalisme où bien sûr les passifs historiques, animosités et autres moments partagés ressurgissent au gré de l'histoire. La scénariste a bien veillé à ne se concentrer que sur ces trois personnages, c'est-à-dire que nous ne voyons jamais les autres personnages, pour une bonne partie du film.

Autres éléments, nous ne voyons jamais le père, si ce n'est pour la séquence finale. Séquence finale qui chasse certains choix dramatiques qui ont précédé, ce qui surprend le spectateur, mais qui est une bonne idée, car la conclusion de la séquence est dans la ligne dramatique construite précédemment.

Bonne histoire donc, qui nous emmène jusqu'au bout. Pour un patron dramatique déjà vu, mais qui ici capte bien le spectateur, qui oublie qu'il a peut-être déjà vu des histoires équivalentes, mais qui souhaite savoir comment celle-ci va se conclure.

 Bande-annonce Ses trois filles

mercredi 4 septembre 2024

Alien : Romulus (1h59, 2024) de Fede Alvarez

Avec Cailee Spaeny, David Jonsson, Archie Renaux, Isabela Merced, Spike Fearn, Aileen Wu, Rosie Ede.

Plusieurs bonnes surprises à mettre au compte du film. La première est une ouverture vers le space opera. Ce septième de franchise contient plus d'ouvertures vers l'espace que d'habitude, à la fois parceque'il se déroule dans un vaisseau spatial et pas sur une planète (hormis le prologue) et parce que le sentiment du vide et de l'environnement spatial (la planète à proximité, ses anneaux) sont très prégnants.

Autre bonne surprise, le film prend son temps pour installer les personnages, qui ont peu de charisme il est vrai, mais les choses sérieuses commencent au bout de trente minutes. Ensuite, et cela est aussi une des bonnes surprises, c'est un vrai film d'horreur, qui va crescendo jusqu'à la fin, même si le film ne contient pas beaucoup de suspense. Mais il enfile les séquences-chocs, prévisibles pour ceux qui connaissent la franchise, ou inédites : la séquence de la température des corps, ou l'utilisation de la gravité, deux bonnes idées qui donnent son utilité au film.

Car le film est extrêmement fidèle à la franchise, en conviant des éléments de tous les épisodes précédents. Ils s'agit donc, à la fois d'un florilège de choses que nous pouvons visionner dans les six films précédents, mais aussi d'une histoire d'horreur dans un environnement confiné où les humains seront décimés un à un, en respectant les préceptes de tout bon film d'horreur (ce qui le rend en général invraisemblable, mais ce n'est pas gênant, car tout est invraisemblable ici).

Le travail sur les décors est impressionnant. Certaines séquences d'actions manquent peut-être d'un peu de lisibilité. La technique n'est pas criarde et bien mélangée : que ce soit les décors, le CGI porn, les maquillages et poupées, sculptures et autres animatroniques.

La distribution est le point le plus faible du film : acteurs et actrices sans saveur, lisse, ne suscitant aucune empathie ou haine ; nous nous moquons de ce qui leur arrive, et attendons patiemment qu'ils ou elles se fassent massacrer par les vilaines bébêtes. Et ceci dans un emballage (décors) sublime.

Bande-annonce Alien: Romulus

dimanche 1 septembre 2024

L'Année Du Dragon (Year Of The Dragon, 1985) de Michael Cimino

Avec Mickey Rourke, John Lone, Ariane, Leonard Termo, Raymond J. Barry, Caroline Kava, Eddie Jones, Joey Chin, Victor Wong.

Il est toujours étonnant de voir la préoccupation récurrente de Michael Cimino concernant les communautés qui ont immigré aux USA. Ici il s'agit des Chinois à New York, et des Polonais (Mickey évoquant sa communauté en permanence). Le policier, Mickey Rourke, en tant que policier est chargé de contrer la mafia chinoise, qui gangrène la police, et la ville. Il utilise des méthodes expéditives afin de pousser les nouvelles générations de cette mafia au crime.

Autre élément, son personnage principal n'est pas un héros. Il est égoïste, il trompe sa femme, il n'a aucune considération pour les autres. Il est au total antipathique et ne suscite aucune empathie.

Le temps accentue le côté artificiel du film. Nous ne savons pas s'il est documenté ou inspiré de faits réels. La forme est brillante, voire impressionnante avec des moments de bravoure au niveau de la mise en scène, mais nous ne sortons pas de l'impression permanente que nous sommes face à des abstractions. C'est sa forme qui impressionne, en particulier la mise en scène qui sauve le film.

L'Année du Dragon [Blu-Ray]

Voyage Au Bout De L'Enfer (3h03, 1978) de Michael Cimino

Avec Robert De Niro, Christopher Walken, John Savage, John Cazale, Meryl Streep, George Dzundza.

Nous savons que la subtilité n'est pas le fort de Michael Cimino. Il excelle par contre dans la mise en scène de séquences collectives où de multiples personnages interagissent, que ce soit dans un bar, que ce soit lors d'un bal, que ce soit dans un décor de villes ou que ce soit dans un décor de montagne. La destinée de ce groupe d'une même communauté avant, pendant, et après leurs passages au Vietnam pour la célèbre guerre, est par certaines composantes passionnante. Malgré le collectif, c'est l'interaction gré à gré, deux par deux qui intéresse Michael Cimino, quelque soit le lien entre les personnages : ami, amie, copain, bourreau, copain d'infortune, hiérarchie. Peux importe, mais dans la dimension collective, c'est la destiné individuelle de chacun qui intéresse Michael Cimino.

Le film commente et présente les effets de la guerre du Vietman sur cette communauté. Et à ce titre le film ne contient aucun héros. Comme souvent chez Michael Cimino, son personnage principal n'est pas particulièrement sympathique : Robert de Niro, dans un bon rôle, entre son amour plus ou moins caché de la femme de son ami, sa posture de tête brulée au Vietman qui a des effets collatéraux sur ses amis. Il y a aussi le personnage de Christopher Walken, une espèce de fantôme ; John Savage excelle dans un personnage à fleur de peau et  aux multiples stigmates physiques et psychologiques. Et sans oublier Meryl Streep, George Dzundza ou John Cazale. La direction d'acteur est extrêmement efficace, sans être particulièrement subtile.

Michael Cimino réussit de multiples moments de bravoure, où il met en scène des séquences d'anthologie, y compris la séquence finale où ils et elles se mettent à chanter. C'est un film impressionnant, au premier sens du terme, c'est-à-dire qu'il cause une vive impression, dont nous gardons des images, et provoque des réactions. Une œuvre d'art en quelque sorte.

 Voyage au Bout de l'enfer [Blu-Ray]