samedi 29 novembre 2025

Dr. Jack (Et Puis Ca Va, 1h, 1922) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Avec Harold Lloyd, Mildred Davis, John T. Prince, Eric Mayne, C. Norman Hammond. 

Le film est constitué de deux parties. La première, une exposition sur le docteur Jack, Harold Lloyd, et en parallèle le personnage de Mildred Davis. Celle-ci est maintenue malade à domicile par un médecin mal intentionné nommé Ludwig von Saulsbourg, interprété par Eric Mayne, qui est payé pour être à domicile par le père pour soigner sa fille. Eric Mayne la maintient dans un état maladif, la cloître et la gave de potion. Harold Llloyd, de son côté, le docteur Jack, est joyeux, enjoué, soigne une poupée, attentionnée. Pendant cette première partie, le burlesque est maintenu par les acrobaties faites par Harold Lloyd avec sa voiture. Ces deux médecins vont se croiser et un amie de la famille va demander son avis à un autre médecin, le docteur Jack justement. Ce qui fait basculer le film dans sa deuxième partie qui se déroule à l'intérieur où bien sûr, Harold Lloyd aura des effets bénéfiques sur la malade. Cette deuxième partie contient une longue poursuite dans la maison, impressionnante par sa longueur et ses multiples idées. Et assez jubilatoire, il faut reconnaitre.

Nous ne connaissions pas Harold Lloyd et cette première rencontre est très plaisante. Les plans de transitions, pour raconter les histoires, sont juste des passerelles vers les performances d'Harold Llloyd, en termes d'interprétation et de cascade. Ce film muet est accompagné dans cette version par la musique de Robert Israel composée ne 2002. Celle-ci s'avère très plaisante.

poster du film Et puis ça va 

lundi 24 novembre 2025

Ballad Of A Small Player (1h41, 2025) de Edward Berger

Avec Colin Farrell, Fala Chen, Tilda Swinton Alex Jenning, Chik-Ka Lai, Alan K. Chang,  Margaret Cheung, Jason Tobin, Deanie Ip, Selena Fong, Christina Yong, Anthony Chau-Sang Wong, Adrienne Lau.

Après Conclave (2024), Edward Berger revient avec cette production Netflix.

Nous notons un travail sur la photographie magnifique , opérée par James Friend. Nous notons aussi la musique de Volker Bertelmann, plutôt impressionnante, étant très en avant, et consubstantielle à l'impression que fait le film. Nous notons aussi le personnage de Tilda Swinton, qui évoque le dessin animé, avec un beau travail sur ses costumes. Nous notons Colin Farrell , impressionnant au niveau de l'interprétation d'un personnage malade du jeu. Nous notons le scénario, sous ses impressions de linéarité, ne l'est pas du tout. Bref, le film sous ses exubérances, mais aussi grâce au pathétique de ses personnages, Colin Farrell en tête, évoque le dessin animé. Tous ces éléments mis ensemble donnent un film qui tient le spectateur jusqu'au bout, sous une forme de suspense à peine déguisé : comment ce personnage pathétique et ridicule, Colin Farrell, va s'en sortir. 

Le film crée en quelque sorte son propre genre. De grosses composantes d'humour, un drame pour le personnage de Colin Farrell, des éléments irréels avec les croyances locales ou la croyance en des fantômes, un côté dessin animé (voir l'interprétation de Colin Farrell ou la patine de la photographie). Ajouter la musique originale, symphonique, très en avant, qui tire le film vers le fantastique et le suspense. Tout ceci contribue à produire un film qui possède sa propre originalité et ne ressemble à aucun autre. Et bien sûr, à voir pour tout adorateur de Colin Farrell qui livre une interprétation impressionnante.

 poster du film Ballad Of A Small Player 

dimanche 23 novembre 2025

Partir Un Jour (1h38, 2025) de Amélie Bonin

Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Tewfik Jallab, Dominique Blanc, Mhamed Arezki, Pierre-Antoine Billon, Amandine Dewasmes, Solal Lucas, Jean-Pierre Schlagg.

Une cheffe qui va ouvrir bientôt son restaurant gastronomique doit revenir chez ses parents, car le père a la santé qui vacille. Ce retour au source chez ses parents, qui tiennent eux un restaurant pour routiers, va perturber ses projections. Retour aux sources qui sera perturbé par différentes choses. Le film fonctionne grâce à ses multiples arcs dramatiques : sa relation avec son père, avec sa mère, avec son chéri, avec son copain d'enfance (Bastien Bouillon dans un rôle qui change de ses interprétations sombres). Tout en cherchant son plat-signature pour l'ouverture de son restaurant. Et tout en gérant la capacité diminuant de ses parents à gérer leur restaurant.

Cet ensemble fonctionne bien. Juliette Armanet porte le film de bout en bout, avec cette multitude de sujets à traiter pour son personnage, et une interprétation assez subtile. Les acteurs sont bons et il n'y a pas de temps morts pour le personnage principal.

Cerise sur le gâteau, les personnages chantent, il s'agit donc d'une comédie musicale : les personnages chantent sur des chansons connues, qui servent l'histoire, qui sont donc des dialogues chantés. Cela est très fluide et fonctionne très bien, ce mode d'expression paraissant naturel. Excellente idée, qui donne au film une patine poétique bienvenue. L'utilisation des retours en arrière et leur intégration dans les scènes actuelles est aussi élégante, fusionnée dans la séquence courante.

poster du film Partir un Jour 

 

 

 

Jeune Femme (1h37, 2017) de Léonor Serraille

Avec Laetitia Dosch, Souleymane Seye Ndiaye, Grégoire Monsaingeon, Jean-Christophe Folly, Nathalie Richard, Arnaud de Cazes, Zirek, Philippe Lasry.

Avec Jeune Femme, Léonor Serraille a créé un hymne à Laetitia Dosch. Bien évidemment tout tourne autour de cette jeune femme. Mais ce n'est pas tant la ligne dramatique qui importe, car l'hystérésis du film tourne autour du personnage interprété par Laetitia Dosch, qui suscite une multitude de sentiments à son égard. Elle peut être ridicule, émouvante, amusante, consternante, touchante, énervante, exaspérante ... bref une vraie humaine un peu paumée, compréhensible vu sa situation, mais attachante. Nous sommes toujours curieux de voir ou comprendre comment elle va évoluer. Le film ne contient pas de gros enjeux dramatiques. Nous suivons les pérégrinations de la jeune femme, qui est plaquée ou qui vient de quitter son amoureux, qui se retrouve à la rue et cherche d'un logement, et aussi un revenu, en passant le réseau des copains et copines, ou en répondant à une annonce de garde d'enfant, en prenant un poste de vendeuse de sous-vêtements. Une comédie, mais qui aborde des sujets graves (et sociétaux), car la vie de cette jeune femme est pavée d'insécurité. Et le film laisse ouverte la possibilité que sa situation soit quelque part choisie et non pas subit.

Tout ceci ne tient que par Laetitia Dosch et il est impossible d'imaginer le film sans elle.

poster du film Bande-annonce Jeune Femme 

dimanche 16 novembre 2025

Eddington (2h28, 2025) de Ari Aster

Avec Joaquin Phoenix, Deirdre O'Connell, Emma Stone, Micheal Ward, Pedro Pascal, Cameron Mann, Matt Gomez Hidaka, Luke Grimes, Amélie Hoeferle, Clifton Collins Jr., William Belleau, Austin Butler.

À travers cette histoire au Nouveau-Mexique, où un Sheriff (Joachim Phoenix dans un rôle de geignard permanent) affronte le maire local (Pedro Pascal), mais aussi sa femme mentalement dérangée (Emma Stone en faire valoir et levier dramatique de l'évolution du personnage du shérif), sa belle-mère et ses adjoints. Ari Aster parle de l'Amérique du Nord profonde, entre superstition, racisme et immigration, amour des armes, affrontements politiques et affrontement de classes, complotismes et croyances. Sans aborder frontalement ces sujets. Avec l'élément plus intéressant du film, l'évolution du personnage de Joachim Phoenix, qui, s'il peut contenir des éléments d'empathie de la part du spectateur,  évolue fortement pendant le film en devenant de plus en plus complexe plus le film avance, pour une certaine jubilation du spectateur, il faut reconnaître.

Ari Arster crée ici quelque chose de beaucoup plus digeste que son piètre film précédent, le pensum Beau Is Afraid (2023), mais reste dans le manque de subtilité et dans une lourdeur certaine. Il n'a pas la main légère. Mais cela est normal finalement, car l'histoire n'évolue pas auprès de personnages subtils.

Nous notons que les scènes d'actions sont très dynamiques et percutantes. Ari Aster devrait s'essayer à réaliser un action-movie, un film d'action en bonne et due forme, le résultat devrait être intéressant. 

poster du film Bande-annonce Eddington 

samedi 15 novembre 2025

La Bonne Conduite (1h35, 2021) de Arnaud Bedouët

Avec Alban Lenoir, Olivier Saladin, Aïmen Derriachi, André Wilms, Nailia Harzoune, Jisca Kalvanda, Milouda Chaqiq, Amar Bourennani, Benjamin Quique, Yussif Timéra, Saïd Benchnafa, Mohamed Makhtoumi.

Bonne surprise ce film, qui se révèle extrêmement bien écrit, en évitant la lourdeur en abordant un certain nombre de clichés. Le scénario marche sur les crêtes et aborde ces clichés, mais Arnaud Bedouët s'en sort toujours et évite toute mièvrerie ou sentimentalisme. Même si la teneur peut paraître dramatique, au total, cette galerie de personnages est montrée avec ses qualités et ses défauts et prônes pour une inclusion. Même si la teneur générale est cousue de film blanc, les personnages sont suffisamment bien écrits pour que le spectateur y croie. Alban Lenoir est parfait dans son personnage : un militaire qui vient traiter les affaires de son père qui vient d'être hospitalisé. Son père tient une auto-école dans une cité populaire. La rigueur, la droiture, la précision du personnage va se confronter à cet univers qui nécessite des adaptations, pour le moins. Les multiples confrontations, le collègue de son père, les clients de l'auto-école, les anciens copains d'enfance, la vie dans la cité vont le faire évoluer.

Un bon scénario, une belle distribution, une direction d'acteurs et d'actrices de qualité. Bref, une réussite. 

poster du film Bande-annonce La Bonne conduite 

Gaspard Va Au Mariage (1h43, 2017) de Antony Cordier

Avec Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Théret, Marina Foïs, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix, lodie Bouchez, Noémie Alazard-Vachet, Vincent Deniard. 

Félix Moati croise Laetitia Dosch dans un train et lui demande de l'accompagner au remariage de son père, pour faire croire à sa famille que Laetitia Dosch est sa petite amie pendant ce futur mariage. Elle accepte de jouer le jeu. Il se trouve qu’elle va rencontrer l'ensemble de sa famille : le père, sa compagne, sa sœur, son frère. Le père et sa famille gèrent un zoo en pleine campagne ; un vrai zoo avec de multiples animaux. Ce qui rajoute beaucoup d'éléments visuels et ce qui structure la ligne dramatique. Le père est cocasse, pour le moins. La sœur est spéciale (nous divulgâchons : elle se prend pour un ours, littéralement), le frère lui gère le zoo, ce qui lui apporte une surcharge mentale importante. Bref cet ensemble est un prélude parfait pour raconter cette histoire de boy meets girl avec de multiples détours dramatiques. Dont un sera l'évolution de la relation que nouent Félix Moati et Laetitia Dosch.

Les variantes de l'histoire sont multiples et maintiennent captif le spectateur, avec une conclusion que nous essayons de deviner, mais qui n'est pas celle que nous devinions. Un film léger sur le canevas boy meets girl, mais qui, finalement, nous parle de trois couples... 

 poster du film Bande-annonce Gaspard va au mariage

mardi 11 novembre 2025

La Fureur Du Dragon (The Way Of The Dragon, 1h39, 1972) de Bruce Lee

Avec Bruce Lee, Nora Miao, Chuck Norris, Ping-Ou Wei,  Chung-Hsin Huang, Robert Wall, Ti Chin, Tony Liu, Little Unicorn, Malisa Longo, Ngan Wu.

Bruce Lee prend le contrôle complet ici, il est crédité du scénario, de la mise en scène et de la chorégraphie des combats. Il interprète un chinois qui vient aider à Rome un restaurant chinois qui est convoité par des méchants locaux, occidentaux.
La première moitié du film est consternante. Entre les séquences de visite des principaux monuments de Rome (séquence sans intérêt) et les scènes de comédie écrites par Bruce Lee qui sont littéralement nulles, cette première moitié de film est pénible. La direction d'acteur le concernant est catastrophique. le reste de la distribution est moins pire que d'habitude (c'est-à-dire moins mauvais que chez Lo Wei pour Big Boss, 1971 et La Fureur De Vaincre, 1972). Bruce Lee grimace principalement. Même si ses expressions faciales sont, dans l'ensemble, assez variées. L'arc dramatique retardant le plus possible les moments où Bruce Lee montre ses talents en boxe chinoise et kung-fu.

Nora Miao est bien mieux ici, avec un personnage plus étoffé que dans La Fureur De Vaincre (1972, Lo Wei) ou que dans Big Boss (1971, Lo Wei). D'ailleurs, dans la distribution, nous retrouvons beaucoup d'acteurs vus aussi dans ces deux films. Nous retrouvons Ping-Ou Wei, ricanant et grimaçant dans le rôle du perfide homme de main, pleutre, et habillé de manière rigolote. 

Ensuite commencent à apparaître les séquences de combats, que nous attendions. Ici il affronte des Occidentaux, avec une belle séquence au nunchaku, une bonne séquence avec Robert Wall, et un combat d'anthologie contre Chuck Norris, dans le Colisée (même si le décor de studio avec fausse perspective est mignon).

poster du film Bande-annonce La Fureur du dragon 

La Fureur de Vaincre (Fist of Fury, 1h35, 1972) de Lo Wei

Avec Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Maria Yi, Robert Baker, Fu Ching Chen, Shan Chin, Ying-Chieh Han, Chikara Hashimoto, Jun Katsumura, Chung-Hsin Huang, Kun Li, Feng Tien.

Bruce Lee revient à Shanghai où se trouve son école, car son maître vient de mourir. Il est visiblement très affecté. Il ne croit pas à une mort naturelle. Il mène à sa manière l'enquête lui même. Et souhaite venger son maître s'il n'est pas mort de manière naturelle, évidemment. Rien n'est divulgâché ici, c'est une tautologie.  Shanghaï semble être un protectorat japonais ou quelque chose d'équivalent, les Japonais étant très présents, y compris avec une école d'arts martiaux, concurrentes de celle de Bruce Lee.

Les méchants sont à moustaches, et aussi japonais. Et ceux-ci voient l'école chinoise comme une concurrente. Ils sont torves, menteurs, lâches et ricanants. La dramaturgie est simple pour ne pas dire à la serpe. Les écoles s'affrontent, s'invectivent, et Bruce Lee, solitaire, agit sans réfléchir aux conséquences et conduit son chemin.

Nora Miao amène une possibilité de relation amoureuse. Celle-ci est peu convaincante, car le personnage de Bruce Lee est trop obsédé, furieux et enragé pour un ensemble de combats pour venger son maître. Nous percevons qu'il est obsédé et enragé au milieu de combats très spectaculaires. Combats particulièrement lisibles  dans leur découpage et montage, et  jouissifs dans leur violence excessive. Il est tellement enragé, qu'il finit par foncer sur les armes de la police pour suggérer qu'il se suicide.

poster du film Bande-annonce La Fureur De Vaincre 

dimanche 2 novembre 2025

La Chute (Der Untergang, 2h36, 2004) de Oliver Hirschbiegel

Avec Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Corinna Harfouch, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Heino Ferch, Christian Berkel, Matthias Habich, Thomas Kretschmann, Michael Mendl, André Hennicke, Ulrich Noethen, Birgit Minichmayr. 

Ce film raconte la chute d'Adolf Hitler et son régime en avril 1945, ainsi que la bataille et la chute de Berlin, lorsqu'il était enfermé dans son bunker à Berlin, avec son état-major et sa garde rapprochée. Le film nous montre les scènes de la vie collective, sur quelques jours.  Les réunions stratégiques où Adolf Hitler est dans le déni complet de la situation, beaucoup d'officiers continuant à lui obéir malgré la l'inanité de ses directives : ils l'écoutent, mais n'en font rien ; certains fuient ; certains sont conscients de la situation (les Russes sont à quelques centaines de mètres du bunker). Le scénario prend le prétexte du recrutement d'une secrétaire dactylographe personnelle pour Adolf Hitler. 

Le film oscille entre les séquences au sein du bunker et les scènes de la chute de Berlin, avec d’ultimes résistances (où des enfants-soldats sont conviés), les destructions de documents d'archives et autres effacements de traces. Certains d'entre eux croiront jusqu'à la dernière seconde et le supporteront jusqu'à la dernière seconde. D'autres affronteront tant bien que mal les Russes qui avancent inexorablement. Et ceci jusqu'à la chute finale.

Oliver Hirschbiegel choisit de ne pas juger, mais de montrer ce qui a dû vraisemblablement se passer. Adolf Hitler était entouré d'une multitude d'idolâtres qui le croyaient encore. Idolâtres de sa personne, mais aussi de sa pensée et ses idées sur la race et autres choses bien connues depuis. 

poster du film Bande-annonce La Chute 

samedi 1 novembre 2025

Operation Dragon (Enter The Dragon, 1h42, 1973) de Robert Clouse

Avec Bruce Lee, John Saxon, Jim Kelly, Ahna Capri, Shih Kien, Robert Wall, Angela Mao, Betty Chung, Geoffrey Weeks, Bolo Yeung. 

Le film commence par un affrontement entre Sammo Hung et Bruce Lee. Pas de périphrase ou de prétexte au combat ici. En lien avec l'histoire qui va suivre (il s'agit d'un tournoi organisé par un méchant chinois sur une ile). Mais nous comprenons les scénaristes qui se sont dit : le public vient pour ça, donnons leur dès le début, car ensuite nous avons une histoire à installer et les coups seront plus rares (les combats mettent longtemps à arriver). D'ailleurs ce premier combat est saisissant : le physique de Bruce Lee est très sec et très maigre et celui de Sammo Hung plutôt adipeux.

Par rapport à ses trois précédents films (Big Boss - 1971, Lo Wei -, La Fureur De Vaincre - 1972, Lo Wei - et La Fureur Du Dragon - 1972, Bruce Lee -), la forme est ici plus maîtrisée, les décors, le montage, la direction d'acteur sont supérieurs à celle des trois précédents films de Bruce Lee, et il se révèle crédible en acteur. Robert Clouse et son équipe connaissent leur métier.

Le méchant est réussi : chinois (ancien de l'école de Bruce Lee), perfide, ricanant, et avec une arme secrète, et maltraitant les femmes. 

Bien sûr la partie intéressante du film concerne les différents combats, où nous retrouvons Bolo Yeung, Robert Wall, ainsi que Jim Kelly et John Saxon. Ou alors avec Bruce Lee en solo lorsqu'il enquête sur l'ile. Ou encore le flashback avec sa sœur, qui affronte de méchants combattants. Tous sont spectaculaires et font l'intérêt du film. Il y a bien une histoire derrière les combats, qui est de découvrir ce qui se passe dans cette ile où des personnes disparaissent mystérieusement.

poster du film Bande-annonce Opération dragon 

mercredi 29 octobre 2025

Big Boss (1h40, 1971) de Lo Wei et Chia-Hsiang Wu

Avec Bruce Lee, Maria Yi, James Tien, Nora Miao, Kun Li, Ying-Chieh Han, Tony Liu, Shan Chin, Hua-Sze Li, Marilyn Bautista. 

Bruce Lee est un immigrant chinois qui arrive en Thaïlande où il est accueilli par des ouvriers chinois qui travaillent dans une fabrique de blocs de glace. Des employés disparaissent. Le chef (Chih Chen) est un Asiatique ricanant, torve bien sûr, menteur bien sûr. Et le grand patron est du même acabit. Le typecasting opère : les méchants sont avec lunettes ou moustaches et ricanants de prime abord.

Le scénario est débile, d'ailleurs, beaucoup des personnages le sont. La direction d'acteur est catastrophique : il n'y en a pas et les personnages surjouent et grimacent. Bruce Lee n'est pas en reste et est catastrophique au niveau de son interprétation. La bande son est ridicule, donc hilarante et est constitutive du plaisir : les coups donnés ressemblent à des gifles sur des morceaux de viande. Les décors d'intérieur, de carton-pâte, donnent une patine particulière au film. Nous ne sommes pas loin de Chan Cheh, avec un film sans femme, où les hommes nourrissent des obsessions entre eux (amour, amitié, haine), se retrouvent torse nu très vite et s'affrontent avec violence.

Après ces considérations de formes, nous sommes là pour visionner les performances de Bruce Lee. Ce n'est donc pas l'interprétation qui nous intéresse. C'est son premier film en tant qu'artiste kung-fu, et qui, par son succès, en fera une star internationale. Les combats ne sont pas dirigés par Bruce Lee  dans ce film, mais par Chia--Hsiang Wu. Bruce Lee ne se retrouve pas torse nu rapidement, mais il y viendra. Le canevas dramatique met du temps à donner la possibilité à Bruce Lee de frapper. Mais c'est là où nous apprécions : les coups, les combats, les expressions faciales de Bruce Lee traduisent une violence qui fait penser à des dérèglements ou une forme de folie, se transformant en une espèce d'animal (les cris) sans foi ni loi (tous les coups sont permis, en particulier dans l'entrejambe). 

poster du film Big Boss 

jeudi 23 octobre 2025

Le Cercle Rouge (2h20, 1970) de Jean-Pierre Melville

Avec Alain Delon, Bourvil, Gian Maria Volonté, Yves Montand, Paul Crochet, Paul Amiot, Pierre Collet, François Perrier.

Le cinéma de Jean-Pierre Melville est une pure abstraction. Tout est abstrait dans ce film. Tout est faut pourrions nous dire. Les décors. Les gabardines que portent les personnages. La moustache d'Alain Delon. Les cauchemars d'Yves Montand. L'absence de personnage féminin. Mais tout cela fonctionne. Car l'histoire est racontée par le comportement des personnages. Aucun dialogue explicatif ici. Ce sont les actes des personnages qui racontent l'histoire. Ainsi que le montage bien sûr. Pour suivre l'intrigue il faut regarder ce que font les personnages. Rien n'est indiqué par anticipation, rien n'est téléphoné.

Le film intrigue dans sa première moitié car il y a plusieurs sous-histoires : Gian Maria Volonté qui est transporté en train par Bourvil, Alain Delon qui sort de prison, et Yves Montand qui finira par rejoindre les autres pour faire un braquage.

Des gangsters, arrêtés, qui sortent de prison, un ex-flic, un commissaire, un ministre, le casse d'une bijouterie et des personnages qui vont vers leur destin : ce sont les ingrédients de ce film Noir. Et Bourvil restera avec ses chats. Nous pouvons trouver que le personnage d'Alain Delon se fait trop facilement piéger par le faut receleur, alors qu'il était doué pour une vigileance permanente jusqu'à maintenant. Mais il fallait qu'ils aillent vers leur destin.

Le film possède un coté hypnotique, grace à cette abstraction mécanique. Mais au détour d'une fin de séquence, une petit ligne de dialogue, "mais c'est toi", remplie d'humanité et de douceur, que dit Bourvil à Yves Montand la dernière fois qu'il le voit, que nous retiendront.

poster du film Bande-annonce Le Cercle Rouge 

dimanche 12 octobre 2025

Le Fil (1h55, 2024) de Daniel Auteuil

Avec Daniel Auteuil, Grégory Gadebois, Sidse Babett Knudsen, Alice Belaïdi, Suliane Brahim, Gaëtan Roussel, Isabelle Candelier, Florence Janas.

Un avocat en peu en retrait, Daniel Auteuil, prend un accusé qui le touche, Grégory Gadebois, qui est accusé d'avoir tué sa femme. Il se fait une conviction et fait tout pour le faire acquitter. Sa femme était alcoolique. Les conditions de sa mort ne sont pas claires et servent à Daniel Auteuil. Nous sommes dans un milieu social de gens simples, pauvres. Cette simplicité le rend sympathique, et malgré un ensemble d'éléments qui ne l'accuse pas explicitement, mais qui pourraient. Que va décider le jury, et est-il coupable ? C'est la question que tout le monde se pose pendant tout le film. 

Le film est constitué de séquences au tribunal, et du cheminement de l'avocat qui fait sa propre enquête en quelque sorte, et qui rencontre toutes les personnes qui gravitent autour de Grégory Gadedois.

Le scénario gère parfaitement ses suspenses. Daniel Auteuil le réalisateur choisit de raconter l'histoire du point de vue de l'avocat, ce qui fait que le spectateur essaie lui aussi de se faire une conviction au gré de la collecte des informations. Le jury prendra une décision. Et un épilogue nous donnera des explications que nous ne soupçonnions pas. Le film est inspiré de faits réels, cela nous ai indiqué dès le début. La réalité peut dépasser la fiction, nous le savions.

poster du film Bande-annonce Le Fil 

Play Dirty (2h05, 2025) de Shane Black

Avec Mark Wahlberg, LaKeith Stanfield, Rosa Salazar, Keegan-Michael Key, Chukwudi Iwuji, Nat Wolff, Gretchen Mol, Thomas Jane, Tony Shalhoub, Hemky Madera, Alejandro Edda. 

Shane Black est de retour. Nous aimons la verve de ses personnages, c'est-à-dire ses dialogues. Ici au service d'une bande dessinée dans le milieu des gangsters et mafieux qui s'affrontent autour d'un magot et du casse du siècle. Emballé avec une multitude de séquences d'actions avec des tonnes de tôles froissées ; c'est un festival de pyrotechnie, avec une quantité importante de CGI porn dont la patine évoque le dessin animé, tout comme l'ensemble du film.

Tout ceci n’est pas nouveau, mais la dynamique des personnages, leur bagout et la violence rendent l'ensemble amusant. Le style est l'irréalisme et la bande dessinée. Tout y est invraisemblable. Le nombre de morts violentes est impressionnant et fait sourire ; c'est une violence déréalisée, gratuite et perpétuelle, exagérée. Le taux de mortalité est très élevé dans ce film. La vie humaine individuelle ne compte pas, comme dans le monde communiste, c'est le collectif qui compte.
Le personnage de Mark Wahlberg n'est pas particulièrement intéressant ni sympathique. Il est juste un prétexte. Ceux qui le sont sont ceux qui l'entourent. C'est un film de bande, de collectif.
Il manque au film de la subversion : c'est son principal défaut, il est très académique dans ses thèmes. Sous des impressions de film cool et décalé, ce qu'il n'est pas. Mais dans son genre, c'est brillant. 
poster du film Bande-annonce Play Dirty 

Dans L'Angle Mort (Im toten Winkel, 1h57, 2023) de Ayse Polat

Avec Katja Bürkle, Ahmet Varli, Çagla Yurga, Aybi Era, Max Hemmersdorfer, Nihan Okutucu, Tudan Ürper, Muttalip Müjdeci, Riza Akin, Aziz Çapkurt.

Thriller qui fait le choix de raconter l'histoire de plusieurs points de vue. Mais ces points de vue ne sont pas ceux de personnages, mais deux groupes de personnages et d'un observateur externe par le biais de caméras qui contribuent à rajouter du stress. Dans un contexte où un groupe secret de policiers turcs surveille un avocat kurde en Turquie qui est interviewé par des journalistes allemands. Au milieu de ceci il y a une petite fille pour le moins bizarre qui sent que quelqu'un observe. 

Un ton de thriller, avec des impressions d'éléments de fantastique, avec un arrière-plan politique sont mélangés avec des scènes de la vie domestique et quotidienne d'un des policiers. 
Un thriller noir à la limite du fantastique qui fonctionne parfaitement. Grâce à son ton, qui commence comme un film d'espionnage, puis qui évolue vers des impressions d'irréalités, grâce à ces vues caméras que la scénariste réalisatrice ne nous explique pas, en tout cas nous en aurons une compréhension à la fin. Grâce aussi à la petite fille, qui fait littéralement peur, donc on ne sait pas forcément quelle est la réalité et quel est l'imaginaire. Pour retomber sur des éléments très concrets et brutaux dans la dernière partie du film.
Un exercice de style très réussi qui fonctionne : le spectateur est intrigué jusqu'au bout. 
poster du film Dans l'angle mort 

Black Dog (1h56, 2024) de Guan Hu

Avec Eddie Peng, Liya Tong, Jia Zhang-ke, You Zhou, Xiaoguang Hu, Ben Niu, Yuanzhang Yin, Li Zhang, Hongzhe Mo-Tu, You Wu, Youwei Da, Chu Bu Hua Jie.

Belle réussite que ce film, Prix Un Certain Regard à Cannes 2024, qui raconte son histoire grâce à l'enchaînement des plans et pas du tout grâce au dialogue. Le film en comporte très peu, et le personnage principal est mutique pendant tout le film.

Avec plusieurs composantes impressionnantes. La première est l'utilisation des décors magnifiques du désert de Gobi et de ceux de la ville abandonné. Tous les personnages sont noyés au sein de ces décors et le réalisateur les utilisent pleinement pour créer un climat et des perspectives permanentes.  Une autre composante est la présence de chiens qui pullulent dans cette ville, que les autorités locales veulent faire disparaître pour pouvoir reconstruire la ville et attirer les investisseurs. Les autorités traquent les chiens pour les enlever. Parmi ceux-ci le chien noir du titre qui rapporte beaucoup d'argent s'il est attrapé car il a la rage.

Notre personnage principal décide de se mettre à sa recherche pour gagner la prime ; il sort de prison et n'est pas bien accueilli par les locaux. Les choses ne se dérouleront pas comme il le souhaite et le film évoluera vers plusieurs composantes où bien sûr des animaux et les humains auront un rôle très important. 
Le film contient quelques gags bienvenus, autour d'un pont effondré et le side-car qui essaie de passer. Il faut dire que le mutisme d'Eddie Peng conduit à ce comique de situation.
Le film utilise, et c'est très rare, une chanson de Pink Floyd vers la fin, qui donne aux images un impact encore plus important : c'est une excellente idée.
 
poster du film Bande-annonce Black Dog 

dimanche 5 octobre 2025

Vulnérables (1h32, 2020) de Arnaud Sélignac

Avec Léa Drucker, Romane Bohringer, Thierry Godard, Noom Diawara, Ilyes Lihiouel, Andréa Furet, Seear Kohi, Miveck Packa.

Un film sur les mineurs étrangers isolés, leur traitement administratif et leur hébergement, leurs aspirations, leur mécanique de subsistance quotidienne. Le film est tiré par Léa Drucker, possédée par son personnage. Elle prend à cœur son travail et celui-ci commence à empiéter sur sa vie privée, ce qui n'est pas pour plaire à son fils et à son ex-mari. La sinusoïde dramatique est bien dosée, entre les petits moments de félicités et les moments de drames, alternés tel un métronome. Le petit garçon est formidable. Arnaud Sélignac en bon vétéran, produit un film distrayant tout en traitant un sujet sérieux.

poster du film Bande-annonce Vulnérables 

samedi 4 octobre 2025

Les Chambres Rouges (1h58, 2023) de Pascal Plante

Avec Juliette Gariépy, Laurie Babin, Sasha Samar, Samir Firouz, Sebastien Beaulac, Meng-che Yang, Ginette Déry, Marielle Walter, Le Hoang Vu, Elisabeth Locas, Myriam Baillargeon.

Pascal Plante réussit un film au climat prégnant, à la limite de l'horreur, où deux femmes sont fascinées par un tueur en série : elles suivent son procès au jour le jour et se font des convictions sur sa culpabilité ou pas, et vont faire des recherches de leur coté pour étayer ces convictions.

Juliette Gariépy excelle dans son personnage dont nous ne savons jamais vraiment qui elle est  et surtout dont nous ne devinons jamais ce qu'elle va faire. Un personne presque mutique dont nous comprenons son fonctionnement à travers ses actes et la mise en scène de Pascal Plante.

Le film distille un climat de tension assez fort, à la limite du fantastique. Un bel exercice de style porté par son actrice principale. La tension est prégnante en permanence.

poster du film Bande-annonce Les Chambres rouges 

mardi 16 septembre 2025

Apprentis Parents (Instant Family, 1h59, 2018) de Sean Anders

Avec Mark Wahlberg, Rose Byrne, Isabela Merced, Gustavo Escobar, Julianna Gamiz, Octavia Spencer, Tig Notaro, Tom Segura, Allyn Rachel, Britt Rentschler, Jody Thompson.

Il fut un temps où cette chose qui n'existe presque plus, la volonté de produire des films insignifiants, prévisibles, pour la famille, sur le sujet de la famille, mais réjouissants. Sean Anders et John Morris, expérimentés dans la comédie signent une petite réussite en terme de scénario. Et le film nous permet d'apprécier la toujours parfaite Rose Byrne. 

Le film a le mérite d'évoquer le sujet de l'adoption d'enfants dont la mère tente de les récupérer, qui n'est pas une situation facile, même si le scénario est sans surprise lors de sa conclusion et privilégie une "bonne" famille, de manière expéditive (mais l'enjeux dramatique n'est pas sur le personnage de la mère). Efficace donc, tout en ne masquant pas les sujets, mais ne les explorant pas complètement non plus.

poster du film Bande-annonce Apprentis parents