mardi 29 avril 2025

Furiosa (Furiosa : A Mad Max Saga, 2h28, 2024) de George Miller

Avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Alyla Browne, George Shevtsov, Lachy Hulme, John Howard, Angus Sampson, Charlee Fraser, Elsa Pataky, Nathan Jones, Josh Helman,  David Field.

Il n'est pas possible d'aborder ce film sans avoir à l'esprit Mad Max Fury Road. Parceque ici George Miller raconte la genèse de Furiosa, le personnage de Charlize Theron dans Mad Max Fury Road. Et aussi parce qu’en comptant l'histoire de Furiosa (ici Anya Taylor-Joy) le film raconte aussi l'environnement et ce que nous apercevions de loin dans Mad Max Fury Road. Mais c'est ici que s'arrête la comparaison. Mad Max Fury Road était un nouveau bréviaire de cinétique et de furies (cf. son titre), en réalisant presque à l'ancienne, c'est à dire en réalisant le plus de choses face caméra, en particulier ses extraordinaires poursuites et séquences d'actions. Ici, dans ce Furiosa, George Miller choisit une approche à l'opposée, très académique, avec un scénario qui raconte progressivement les différentes sociétés constituant ce monde dans le désert. Avec une mise en image où les cadrages d'ensemble sont pléthores. Et où l'utilisation du CGI porn est généralisée (contrairement à Fury Road qui était moins tartiné de CGI), ce qui confère souvent une patine de dessin animé à Furiosa. Sur la forme, la musique de Tom Holkenborg, de bon niveau, est utilisée comme un marteau et pas très subtilement, en particulier lorsqu'il s'agit d'appuyer les surprises du spectateur.

Du côté de la distribution, nous retrouvons de beaux personnages, à tout le moins, avec Anya Taylor Joy, avec George Miller jouant beaucoup sur ses yeux et son magnétisme, le personnage étant mutique pendant une bonne partie du film ; avec Chris Hemsworth (très bonne performance), qui arrive à donner une certaine profondeur à son personnage, presque émouvant tant il semble perdu par moment ; avec Tom Burke qui lui semble être le personnage le plus sympathique, dont la relation avec Anya Taylor-Joy est très bien faite, remplie de subtilités (dans ce monde de brutes, cela se remarque).

George Miller et Jack Lathouris ont composé une histoire riche, qui fait nous fait rentrer dans la cité qui produit le carburant, dans celle qui fournit les munitions, et celle de Fury Road, qui est le jardin potager de cet univers. Et donc ici le début de la quête de Furiosa, pour retrouver son monde d'origine d'où elle est soustraite ici. George Miller prend le temps de développer, de raconter, tout en restant dans une durée raisonnable. Et enfin, pour la première fois dans la franchise Mad Max, l'héroïne est sympathique ou suscite une certaine sympathie, ce qui n'est pas le cas du personnage de Max Rockatansky, quels que soient ses interprètes, qui est égoïste, pas sympathique du tout. Nous verrons comment cette franchise évolue ; vers un nouveau Furiosa ou pas. En tout cas le personnage a bien sûr du potentiel. Il est clair que cet univers se prédispose à plusieurs séries spin-off. Il est clair que nous attendons avec impatience la suite, qui nous l'espérons sera toujours sous la direction de George Miller.

 poster du film Furiosa: une saga Mad Max


dimanche 27 avril 2025

Emilia Perez (2h12, 2024) de Jacques Audiard

Avec Zoe Saldaña, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez, Adriana Paz, Edgar Ramírez, Mark Ivanir, Eduardo Aladro, Emiliano Hasan.

Nous avons abordé ce film sans rien savoir le concernant, si ce n'est qu'il s'agit d'une comédie musicale. Passons outre cet aspect là : oui le film contient des moments chantés et chorégraphiés, mais ils servent à raconter l'histoire. Pour ce qui est de l'histoire elle même, le changement de sexe d'un patron de cartel ; nous voyons un peu de sa vie avant ; puis sa nouvelle vie en tant que femme.

La comédie musicale dans ce milieu hyper violent des manifestations sociales et des narcotrafiquant est surprenant, mais c'est aussi l'interêt du film. Malgrè ce coté chanté, cela n'empêche pas de faire passer des messages sociaux et sociétaux. 

Et pour ce qui et de l'histoire de Zoe Saldana (formidable), qui tire l'arc dramatique principal, elle est passionnante. L'histoire est principalement racontée de son point de vue. Qu'elle danse, chante, interprète, c'est un festival Zoe Saldana et la véritable révélation du film (habituellement nous ne la voyons pas - elle fait des voix - ou elle est sous des couches de maquillages et prothèses.

Le film suscite l’intérêt dans son parcours, à travers le personnage de Karla Sofia Gascon, à partir du moment où le patron du cartel est devenue une femme : quel va être son comportement, sachant qu'en tant que patron de carteil a commis une multitude de meurtres, en quoi son attitude en tant que femme sera différente dans sa nouvelle vie ? Sera t il reconnu ? Les développements du scénarios tiennent compte de ces questionnements et c'est bien vu. Cela permet de faire monter la tension dramatique régulièrement. 

poster du film Bande-annonce Emilia Pérez

vendredi 25 avril 2025

Le Charme Discret De La Bourgeoisie (1h42, 1972) de Luis Bunuel

Avec Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Julien Bertheau, Milena Vukotic, Maria Gabriella Maione, Claude Piéplu, Muni, Pierre Maguelon, François Maistre, Michel Piccoli.

Le film nous présente le charme discret de la bourgeoisie. Tout en ironie et antiphrase. Les personnages sont hypocrites, menteurs, phallocrates, racistes, condescendants, égoïstes, médiocres, prétentieux. Ils sont effectivement charmants !
Et ceci tout en se faisant des sourires, des courbettes, des amabilités de facades. Lorsque l'on voit comment ils boivent et fument, cela rassure sur leur mortalité prochaine. Un vrai catalogue de suffisance et de vide. Tout ce qu'ils entreprennent est interrompu en permanence. Luis Bunuel et Jean-Claude Carrière, son aidant au scénario, enfilent les scènes où ces personnages pleutres ne sont jamais là où ils devraient être : ils s'invitent, ils vont chez l'un deux, chez l'autre, mais n'arrivent jamais au bon moment, diners chez l'un d'eux ou au restaurant, réception, ou alors rendez-vous galant. Ils sont toujours interrompus et ne peuvent jamais terminer. Un vrai bréviaire de la fatuité et de la médiocrité.

Mais ils sont interprétés par une distribution sublime où la distribution féminine en particulier fait la concurrence à une pléthore de personnages masculin : Stéphane Audran, Delphine Seyrig, Bulle Ogier.

Luis Bunuel excelle à dépeindre ce monde d'incompétences, d'égoïsmes, de suffisances d'une certaine bourgeoisie.  Il s'agit d'un film inclassable, qui contient beaucoup d'humour à base d'ironie, donc une comédie, mais aussi du drame car ces pauvres bourgeois sont toujours stoppés dans ce qu'ils entreprennent.

poster du film Bande-annonce Le Charme discret de la bourgeoisie

mercredi 16 avril 2025

Top Gun : Maverick (2h10, 2022) de Joseph Kosinski

Avec Tom Cruise, Val Kilmer, Miles Teller, Jennifer Connelly, Bashir Salahuddin, Jon Hamm, Charles Parnell, Monica Barbaro, Lewis Pullman, Jay Ellis, Danny Ramirez, Glen Powell, Jack Schumacher, Manny Jacinto, Kara Wang.

Devant un tel produit, les bras nous en tombe. Un hyper classicisme est à l’œuvre sur le scénario et l'arc dramatique. Presque à la limite du ridicule, telle cette relation de Tom Cruise à Jennifer Connelly, cousue de fil blanc et sans enjeux dramatique. Tout cela est artificiel, voire parodique.

Autre élément très classique est le petit groupe d'élu qui s’entraîne et cohabitent pour une mission dangereuse. Tout cela dans une progression hyper classique, prévisible, sans réel suspense. Le canevas du film de groupe assemblé pour une mission est respecté à la lettre. Nous essayons de deviner lequel du groupe de reviendra pas de la mission, c'est un maigre enjeux dramatique.

Par contre, ce qui justifie la vision du film, le seul élément où le film est innovant est sur les images, sur la forme, et sur leur contenu très spectaculaire pendant les vols. Sur la forme, car le changement de ratio de disons 2.35 pour les scènes de transition, dialogues, vie courante à 1.85 pour les séquences en avion de chasse, la vision est très efficace et spectaculaire, et convie des éléments d'immersion. Sur le plan de la cinétique, du mouvement, de l'énergie qu'il produit lors du changement de format de l'imagine, le film imprime sa marque et fait le job, et montre des choses jamais vues, notamment l'effet des G sur les pilotes, qui il semblerait est réel, c'était un des objectifs des concepteurs du film : que les acteurs volent vraiment et que le spectateur perçoivent les sensations des pilotes. C'est qui est réussit, effectivement.

 poster du film Bande-annonce Top Gun: Maverick

dimanche 13 avril 2025

Holland (1h50, Jeff Pope) de Mimi Cave

Avec Nicole Kidman, Gael García Bernal, Matthew Macfadyen, Jude Hill, Jeff Pope, Isaac Krasner, Lennon Parham.

Le titre n'a rien à voir avec l'histoire. Il semblerait que les personnages ou du moins certains d'entre eux soient d'origine hollandaise, avec une culture des habits traditionnels ridicules (sur lesquels la mise en scène joue en peu) et les tulipes.

Pour cette production MGM Amazon, Nicole Kidman est une femme au foyer. Son mari est très occupé par ses affaires et part souvent en déplacement. Elle le soupçonne d'infidélité et décide d'enquêter à sa manière, en se faisant aider par un collègue, Gael Garcia Bernal, parfait. Nos deux apprentis enquêteurs vont découvrir ce que fait réellement le mari lors de ses déplacements. Le film bascule alors dans le thriller horrifique, sans réelle surprise, mais efficace.

Scénario à suspense donc, avec des éléments oniriques (pas très subtiles, mais efficaces), et une fin malheureusement un peu brouillonne (la maladie du retournement dramatique, après le retournement dramatique précédent, avant le...). Néanmoins, il y a de l'idée. Il y a de la noirceur sous les apprêts de cette vie de famille assez standard. Une variante intéressante du film aurait été que le mari, plutôt que d'être responsable de ce que l'on découvre, passe derrière sa femme pour "nettoyer", et que donc ce soit en fait Nicole Kidman qui soit l'auteure. Le personnage de Nicole Kidman exprime un certain mystère (est sa plastique relativement irréelle, son interprétation, les deux, appuyé par ses cauchemars) et nous n'aurions pas été surpris de cette découverte. En l'état, le film est assez conventionnel sur cette composante.

poster du film Bande-annonce Holland


samedi 12 avril 2025

Les Huits Montagnes (2H27, 2022) de Felix van Groeningen et Charlotte Vandermeersch

Avec Lupo Barbiero, Cristiano Sassella, Elena Lietti, Chiara Jorrioz, Filippo Timi, Fiammetta Olivieri, Gualtiero Burzi, Adriano Favre.

Comme son titre, il s'agit d'un film sur la montagne, à travers l'histoire de deux amis d'enfance, qui incarnent différentes passions pour les montagnes, mais surtout pour les humains qui sont accointés à ces montagnes. Un des deux est montagnard, né et vit puis vivra dans les montagnes. L'autre qui est citadin, mais qui passe ses vacances en montagne par l'entremise de la passion de son père pour les montagnes. Ils se nouent d'amitiés. Qui durera toute leur vie. Bien sûr, c'est leur histoire personnelle qui est racontée par Félix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch : l'histoire de ce qui compte pour eux au cours des différentes périodes de leurs vies, et ceci évoluant au cours de leur vie, bien sûr. De leur adolescence, leur période jeune adulte, puis d'adulte, leurs relations sentimentales, leurs amours de la montagne, leurs séparations liées à des chemins de vie différents, leurs retrouvailles. Très beau scénario, qui prend son temps (les 147 minutes ne doivent pas rebuter, elles sont indolores), qui noue les éléments de manière subtile, avec comme toute histoire, les petits indices positionnés au cours du récit, serviront. Pour produire une belle histoire, riche, qui traite un thème simple, qui est le sens que l'on donne à sa vie.

Le Prix Du Jury à Cannes 2022 est bien vu (comme chaque année lors de ce festival, les films importants ne sont pas la Palme d'Or : par exemple Tori Et Lokita des frères Dardenne - Prix du 75e festival -, Decision To Leave de Park Chan-wook - mise en scène -, Eo de Jerzy Skolimowski - Prix du Jury -).

 poster du film Bande-annonce Les Huit Montagnes