lundi 20 mai 2024

The Black Book (2h04, 2023) de Editi Effiong

Avec Richard Mofe-Damijo, Ade Laoye, Sam Dede, Alex Usifo Omiagbo,  Shaffy Bello, Kelechi Udegb, Ikechukwu Onunaku, Taiwo Ajai-Lycett, Iretiola Doyle, Bimbo Akintola.

Nollywood s'approprie le canevas de scénario de l'ancien tueur ou mercenaire retiré qui se doit de revenir pour se venger (par exemple, John Wick et Equalizer, tous deux de 2014, pour des franchises récentes, mais il y a bien d'autres films). Ici il s'agit de Richard Mofe-Damijo, très bon, tout en rage rentrée, qui est diacre, mais dont le fils est maltraité, pour le moins, par la police locale. Police corrompue, comme beaucoup de gens semblent le suggérer le film. Police, médias, un mercenaire retiré, une journaliste qui cherche le papier à sensation, et les femmes, ce sont les ingrédients de film. Car les femmes ont un rôle important dans le film : journalistes, commissaire de police, soldates. Ce sont les femmes qui vont avoir un impact important pour notre héros qui cherche à venger son fils.

Le film fonctionne grâce à son décor, le Nigéria, Lagos la ville, son intrigue très riche, son scénario bien articulé, et bien sûr le charisme de Richard Mofe-Damijo, qui rendent curieux le spectateur de ce que sera la suite. Un film qui revigore le genre.

The Black Book

dimanche 19 mai 2024

Silent Hours (2h26, 2021) de Mark Greenstreet

Avec Susie Amy, John Baldwin, Sarah Bascombe, Tom Beard, Hugh Bonneville, Robert Bowen, Julie Bryant, Ben Carroll, Beth Chalmers, Annie Cooper.

Il semblerait que ce navet est le montage de plusieurs épisodes d'une mini série de 2017. Voilà comment recycler des images pour faire un nouveau film à partir de scènes existantes. L'industrie pornographique le fait depuis des années, pourquoi pas les séries pour le streaming.

Le film est un bréviaire pour apprenti phallocrate. Toutes les femmes sont obsédées et ne pensent qu'à une chose, c'est d'avoir une relation sexuelle avec le héros. Héros qui est antipathique à souhait, sans évoquer son charisme de chaise pliante. C'est à se demander si le ou les créateurs ne donnent pas vie à leur fantasme de coucher avec toutes les femmes.

L'origine télévisée (une minisérie) donne des images plates, dénuées de tout sens artistique. Par contre son usage du gore (têtes et membres coupés) réveille régulièrement le spectateur qui somnole régulièrement. L'intrigue : il est question de meurtres et d'un tueur en série et d'un détective privé (le personnage principal, héros). Sans intérêt.

Silent Hours

Stolen (Stöld, 1h45, 2024) de Elle Márjá Eira

Avec Martin Wallström, Dakota Trancher Williams, Elin Oskal, Magnus Kuhmunen, Jennifer Lila, Pavva Pittja, Matias Tunold, Ida Labba Persson, Lars-Ante Wasara, Juho Kuusamo.

Nous sommes en région des éleveurs de rennes. Ce sont les Samis, un peuple autochtone en Suède, qui vit de l'élevage des rennes. Ils doivent cohabiter avec les habitants qui veulent le développement minier de la région. Il y a en plus autochtone non sami qui s'amuse à tuer les rennes. Mais la police n'enquête pas tout en enquêtant. Une jeune Sami essaye de faire avancer l'enquête à l'insu du plein gré des policiers.

Nous sommes en permanence dans le froid, la neige. Le rythme est lent. Tout comme le rythme du film. Mais l'intrigue, simple à priori, contient des circonvolutions (le mauvais traitement des femmes est évoqué par exemple) qui font que nous ne sommes pas dans un film enquête avec faux coupable pour détourner le spectateur. Le coupable est connu très vite, l'intrigue étant que la police n'arrive jamais à le mettre en défaut. Ce n'est donc pas un film policier, mais un drame. Avec des petites cellules sur la vie locale de cette communauté que sont les Samis. Le film est dans une tonalité réaliste, ce qui fait qu'il a une certaine lenteur. Mais il est cohérent. Plutôt que de lenteur, il prend son temps pour développer l'intrigue, articulée avec la vie locale.

À noter que la musique est beaucoup trop présente. Elle insiste de manière lourde pour faire croire à un film à suspense.



samedi 18 mai 2024

Voici Le Temps Des Assassins (1h53, 1956) de Julien Duvivier

Avec Jean Gabin, Danièle Delorme, Gérard Blain, Robert Arnoux, Liliane Bert, Lucienne Bogaert,  Aimé Clariond, Gabrielle Fontan, Germaine Kerjean, Robert Manuel, Robert Pizani.

Jean Gabin est patron d'un restaurant à Paris. Il gère son équipe. Il a un fils adoptif en la personne de Gérard Blain. Il y a sa mère qui tient une guinguette sur les bords de Marne. La fille de son ex-femme apparaît ; son ex-femme est morte et sa fille ne sait que faire et vient le voir à Paris. C'est Danièle Delorme dans un rôle de femme fatale, qui revient avec des desseins que nous comprendrons petit à petit grâce au scénario qui avance à petits pas, mais sûrement avec à chaque fois des points de non-retour. Elle va chambouler tout le monde qui gravite autour de Jean Gabin.

Danièle Delorme porte le film. Jean Gabin est plutôt crédible dans le personnage de patron de restaurant. Gérard Blain est plus monolithique. La vie du personnage de Jean Gabin va être chamboulée par toutes ces femmes : son ex-femme décédée, la fille de son ex-femme, sa mère. Nous pouvons même dire qu'il s'agit de femmes fatales tant leurs influences sur les différents personnages sont importantes. Nous sommes bien dans un film Noir.

Il est appréciable que la musique reste peu présente et ne soit pas tartinée dans tous les sens comme beaucoup de films de cette époque. Cela rend le plus encore plus fort. Très bonne surprise.

Bande-annonce Voici le temps des assassins

vendredi 17 mai 2024

Le Procés Goldman (1h55, 2023) de Cédric Kahn

Avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon, Aurélien Chaussade, Christian Mazzuchini, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz, Chloé Lecerf, Laetitia Masson.

Nous avons apprécié ce film de procès. Procès de ce monsieur Goldman, révolutionnaire de gauche, qui se trouve accusé de meurtre, ce qu'il réfute. L'intérêt du film est dans ce personnage, qui ne nie pas certains de ses méfaits, qui refuse d'être défendu car il est innocent (selon lui) du meurtre dont on l'accuse. Le film est dans le travail de Arieh Worthalter, formidable, dans ce personnage qui possède certaines caractéristiques attachantes. Le film est aussi dans ses réponses aux attaques du procureur, mais aussi dans sa relation avec son avocat et les plaidoiries de son avocat. Ce qui fait que nous suivons ce film de bout en bout grâce à ces formidables acteurs, ainsi qu' au scénario, assez subtil, qui arrive à créer une histoire en enchainant les scènes de plaidoirie du tribunal qui de prime abord peuvent se ressembler, mais à chaque fois les informations permettent de préciser le personnage. Cédric Kahn d'ailleurs évite en permanence le point de vue des jurés, y compris pendant leur délibération.

Le choix de ne pas utiliser de musique rend encore plus puissantes les interprétations des acteurs et oblige les spectateurs à se concentrer en permanence sur les personnages. Ce monsieur Goldman est un personnage étonnant, antipathique selon la pensée dominante de l'époque (les années 70 en France), mais qui contient suffisamment d'éléments pour le rendre intéressant de nos jours.

Bande-annonce Le Procès Goldman

samedi 11 mai 2024

Zorn I (2010 - 2016) (2017, 54 min), Zorn II (2016 - 2018) (2018, 59 min), Zorn III (2018 - 2022) (2022, 1h18) de Mathieu Amalric

 Avec John Zorn, Steve Gosling, Barbara Hannigan, et les différents musiciens.

Mathieu Amalric a filmé John Zorn et ses musiciens sur une période de 12 ans. Il en résulte ces trois documentaires où nous voyons John Zorn en répétition, interprétation et concert. Compositeur extrêmement prolifique qui gravite dans des styles divers apparentés au Jazz et la musique contemporaine, pour faire simple.

Il est toujours passionnant de voir des passionnés et des experts au travail. John Zorn est plus que passionné, un génie ou un excentrique qui créé de la musique en permanence, mais surtout il apparait comme un enfant qui s'amuse en permanence. Que ce soit en répétition, les parties les plus intéressantes où nous le voyons réagir aux interprétations ou faire des commentaires (il ne dirige pas directement, mais commente afin d'aller dans le sens où il souhaite), ou en concert où il regarde ou participe lui même, ou que ce soit en solo à l'orgue, qui est un instrument qui le passionne.

Ce qui manque c'est les moments où John Zorn explique comment il crée, quels sont ses algorithmes internes, il y en a un petit peu où nous le voyons sur sa tablette, mais ces moments manquent un peu pour compléter, pour avoir une confirmation du génie ou peut être qu'il s'agit d'un laborieux qui y passe tout son temps.

 Bande-annonce Zorn I & II

RRR (3h07, 2022) de S.S. Rajamouli

Avec N.T. Rama Rao Jr., Ram Charan, Ajay Devgn, Alia Bhatt, Olivia Morris, Shriya Saran, Ray Stevenson, Alison Doody, Samuthirakani, Chandra Sekhar, Makrand Deshpande, Rajeev Kanakala, Rahul Ramakrishna,  Edward Sonnenblick, Varun Buddhadev.

L'esthétique des films de Tollywood (et de beaucoup d'autres cinématographies d'Inde) fonctionne à plein régime ici : acteurs et actrices surjouant en permanence, aucune prise de son réelle et le son est retravaillé de manière irréaliste en studio (les voix sont ridicules), les méchants sont très méchants (et anglais, les méchants en fond des tonnes pour montrer qu'ils sont méchants), les gentils sont très gentils, utilisation du ralenti dans les séquences d'action, doublage pas synchronisé pendant les passages chantés (qui sont distrayants), de grands moments de ridicules (le concours de danse, ou le montage séquence avec chanson sur l'amitié entre les deux personnages principaux), des dialogues ultras redondants et très insistants, une incapacité à raconter une histoire par la mise en scène, l'utilisation à outrance du CGI porn sans souci de réalisme (c'est par moment une esthétique de dessin animé : la séquence du tigre, ou les séries d'explosion à la fin). Autre éléments qui abstrait le film de tout réalisme, sont les capacités physiques de nos deux personnages principaux, qui sont invraisemblables et dignes d'un superhéros, ou plutôt qui est celle de personnage super héroïque qui n'ont peur de rien. 

Ram Charan dans le rôle de Raju, qui a une quête secrète, que nous comprenons petit à petit et surtout tard dans le film. C'est un rôle charismatique.

N.T. Rama Rao Jr. dans le rôle de Bheem, dont la quête est claire dès le début du film. Il recherche et doit ramener la petite fille que les Anglais ont enlevée de son village.

Comme d'habitude les personnages féminins sont la portion congrue. Ici nous avons Alia Bhatt, faire valoir de son mari.  Et Olivia Morris, qui interprète le seul personnage anglais qui ne soit pas excessivement caricatural. 

Mais le film contient des séquences formidables, comme celle de la capture du tigre, ou comme la séquence du pont et du train qui s'enflamme.

Bande-annonce RRR

mardi 7 mai 2024

La Disparue (Last Seen Alive, 1h35, 2022) de Brian Goodman

Avec Gerard Butler, Jaimie Alexander, Russell Hornsby, Ethan Embry, Michael Irby, Cindy Hogan, Bruce Altman, Jordan Salloum, Dani Deetté, Chip Lane, Brian Scannell, David Kallaway.

Bonne série B sur un canevas commun. Gerard Butler ramène sa femme chez ses parents. Ils sont sur le point de se séparer. Ils font une pause à une station d'essence. Elle disparait. Personne n'a rien remarqué. La police ne le croit pas, voire le suspecte. Il la recherche. Mais il se retrouve en fuite pour pouvoir chercher lui même sa femme. Cela a déjà été fait maintes fois. Ici nous sommes dans une bonne série B, simple où le suspense et notre héros a le mérite de nous montrer du paysage et une communauté de hors la loi, c'est à dire de gens qui vivent hors système. Gerard Butler excelle dans ce genre de personnage, opiniatre, résilient, pas tout blanc, mais qui est persévérant. Le charisme de l'acteur fait le reste et le spectateur, très empathique avec lui, suit cela avec concentration. Le film est sur les turpitudes de notre personnage principal, et pas sur l'empilement de séquences d'actions, poursuites ou fusillades. Du bon travail de série à la gloire du talent de Gerard Butler.

Bande-annonce Last Seen Alive

dimanche 5 mai 2024

355 (The 355, 2h02, 2022) de Simon Kinberg

Avec Jessica Chastain, Penélope Cruz, Bingbing Fan, Diane Kruger, Lupita Nyong'o, Sebastian Stan, Edgar Ramírez, Jason Flemyng, Sylvester Groth, John Douglas Thompson, Leo Staar, Pablo Scola.

Cela ressemble à un produit pour plateforme de streaming avec sa distribution hétéroclite conçue pour presque tous les continents (l'Inde par contre ne nous semble pas représentée...). Le canevas est celui des superproductions d'espionnage à gros budget avec multiples éléments technologiques, décors et intrigue que nous avons déjà oubliés (il doit y avoir un méchant qui veut détruire le monde ou quelque chose d'équivalent). Peu importe, ce qui compte pour ce genre de produit est le cadencement régulier de cellules d'actions (fusillades, poursuites, combats à mains nues, etc.). Le film répond au cahier des charges. Son originalité est une distribution féminine, mais cela reste méta, l'intrigue et les éléments dramatiques étant très faiblement féminisés ou très standards et similaires aux franchises de même canevas (James Bond, Mission : Impossible, et leurs succès damnés). 

Dans le genre le film est efficace, répond au cahier des charges, et est suffisamment rythmé pour ne pas susciter l'ennui. Il n'est pas mieux ni moins bien qu'un film de la franchise James Bond ou Mission : Impossible par exemple. Et soutien largement la comparaison.

Bande-annonce 355

jeudi 2 mai 2024

Ama Gloria (2023, 1h23) de Marie Amachoukeli-Barsacq

Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zegon Abnara Gomes Varela, Fredy Gomes Tavares, Arnaud Rebotini, Domingos Borges Almeida, Marc Lafont, Bastien Ehouzan, Delfi Rodrigues Dos Sanches.

Une petite fille voit sa nounou obligée de partir dans son pet d'origine, car sa mère vient de décéder. La nounou est du Cap Vert. Pour la petite fille, c'est une déchirure, cas sa maman est décédée, et sa nounou est un élément important de sa vie. Son père l'envoie pour les vacances d'été chez sa nounou, où elle apprendra à vivre avec les vrais enfants de la nounou où elle sera confrontée à la vie courante de sa nounou dont les préoccupations sont différentes et la vie courante dans un autre univers.

La grande qualité du film est la formidable Louise Mauroy-Panzani, toute en émotions et subtilités, comme le film lui-même. Même si la progression dramatique n'est pas subtile et se devine : les cellules dramatiques maraudent entre chaque membre de la famille. Sa fille, son fils,la nounou elle-même, chacun toujours en interaction avec la petite fille.

Le film contient une idée intéressante sur la forme : l'utilisation de dessins animés pour les montages séquences de transition. Cela provoque curiosité du spectateur tout en faisant progresser la dramaturgie. En quatre-vingt-trois minutes la réalisatrice fait passer une multitude de sujets et de micro drames, sans que cela paraisse bâclé, et en suscitant souvent de l'émotion chez le spectateur.

Bande-annonce àma Gloria