mardi 27 mai 2025

Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre (1h47, 1985) de George Miller et George Ogilvie

Avec Mel Gibson, Bruce Spence, Adam Cockburn, Tina Turner, Frank Thring, Angry Anderson, Angelo Rossitto, Paul Larsson, George Spartels.

Revoir ce troisième de franchise de George Miller est intéressant. Car ce film est une bascule dans la franchise Mad Max. Il s'agit ici d'un film pour enfant avec beaucoup d'humour et beaucoup de spectaculaires, mais assez peu de violence (qui était une caractéristique importante des premiers films=. Georges Miller prépare ses films pour enfants qu'il fera plus tard à base de cochons (très présents ici) ou de pingouins (qui ne sont pas présents ici). 

Le film contient sa dose d'humour, qui n'est pas très fin, mais l'univers ne s'y prête pas. Notamment dans la partie qui se déroule autour du Dôme du Tonnerre et des cochons qui produisent du méthane grâce à leurs excréments. Le film bascule ensuite dans une espèce de film vraiment pour enfants à base de petits singes, d'humour et d'éléments exotiques, car notre pauvre Mad Max rencontre une secte qui semble d'ailleurs héritée de personnes qui viennent d'un crash d'avion. 
Là où le réalisateur est fort est dans l'enchaînement des différents univers, le sondeur d'homme, la secte des enfants, chaque univers ayant sa cohérence et s'interpénétrant pour créer un film qui dans son ensemble fonctionne et ne donne pas de patine dystopique au film. 
Ce qui est gênant, c'est la musique, pas la musique originale de Maurice Jarre, mais l'utilisation de la chanson du générique de fin qui est consternante, ou alors le passage au saxophone, qui, pourquoi pas, nous indique clairement que nous ne sommes pas dans un film noir au sens dystopique, mais bien un film pour enfant et plutôt joyeux. 
Le spectaculaire est assuré avec les véhicules sur roues ou sur rail, et c'est très bien, car ce sont des éléments clés de la composante de cette franchise. 
Dans les crédits techniques, il est possible de noter un excellent travail sur les costumes et sur les décors.
poster du film Bande-annonce Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre

Les Graines Du Figuier Sauvage (2h47, 2024) de Mohammad Rasoulof

Avec Soheila Golestani, Missagh Zareh, Setareh Maleki, Mahsa Rostami, Niousha Akhshi, Reza Akhlaghirad.

Ces graines du figuier sauvage tiennent le spectateur en haleine, et ceci sur toute la durée. Le film est constitué de plusieurs chapitres. Le premier expose une famille iranienne dans le père est procureur à la solde de l'état iranien, avec sa femme qui gère la maison et ses deux filles sont étudiantes. Arrivent ensuite les événements de la femme assassinée parce qu'elle n'avait pas son voile. Évidemment cela crée des tensions pour la famille avec le père procureur qui condamne en série sur ordre de l'État. Le film bascule lorsque l'arme de service du père disparaît. Là le film bascule dans un huis clos ou le père interroge voire torture sa femme et ses filles pour savoir laquelle d'elle a volé l'arme, car si elle n'est pas retrouvée il va se retrouver lui-même en prison et sa crédibilité sera réduite à néant dans le système étatique iranien. Et puis c'est la dernière partie où il y a un jeu entre le procureur et sa femme et ses filles pour arriver à les faire parler et là le film bascule dans un non-retour qui va jusqu'à sa conclusion. 

Le film est très malin. Le personnage du père et sa petite vie de famille seraient presque sympathiques. Mais lorsque l'on voit comment sont menés les interrogatoires, d'abord avec un spécialiste de la psychologie qui se trompe en terme d'interprétation, puis le père mène lui-même ses interrogatoires à base de caméra. Comme si le fait de parler devant une caméra et devant tout le monde aller faire parler la coupable du vol du pistolet. 
Le film a un intérêt documentaire aussi sur la vie à Téhéran en tout cas sur la vie de certaines personnes iraniennes choses que l'on ne voit pas souvent. 
Un film à la fois simple et puissant qui oblige le spectateur à réviser ses évaluations et ses jugements sur les personnages et leur comportement en cours de film. Très fort.
 
poster du film Bande-annonce Les Graines du figuier sauvage 

Mad Max 2 Le Défi (The Road Warrior, 1h36, 1981) de George Miller

Avec Mel Gibson, Bruce Spence, Michael Preston, Max Phipps, Vernon Wells, Kjell Nilsson, Emil Minty, Virginia Hey, William Zappa, Arkie Whiteley.

Ce deuxième Mad Max questionne lorsqu'on le revoit en 2025. Le redémarrage avec Mad Max Fury Road (2015, George Miller), puis Furiosa (2024, George Miller) arrivé ensuite ont donné une nouvelle dimension à cette franchise. Et avant il y avait le film séminal, Mad Max (1979, George Miller) qui lui montrait un univers de fin de monde, à la jointure, avec la déliquescence de l'état et sa police, dans un univers de violence ou il est très difficile de maintenir des lois qui font que les gens puissent vivre ensemble. 

Ce deuxième de franchise montre l'hystérie des personnages dans cet univers ou les groupes sont en cours de création, en cours d'identification de moyens de subsistance, et se créent autour de desseins communs. Par contre, tous les groupes ont des problématiques de carburant pour pouvoir se déplacer avec des moteurs thermiques (les moteurs électriques n'avaient pas encore le vent en poupe). Georges Miller introduit des éléments d'humour qu'il n'y avait pas dans le premier de franchise. Qui d'ailleurs il développera dans le troisième qui est une comédie avec des éléments d'action. 
Il est aussi intéressant de voir les séquences d'action tournée en réel avec un ensemble de cascadeurs et de véhicule tous plus graphique et spectaculaire. Nous savons que les éléments spectaculaires seront démultipliés dans Fury Road. Une constante de la franchise ; le personnage de Max est toujours antipathique.
poster du film Bande-annonce Mad Max 2 

La Prisonnière De Bordeaux (1h48, 2024) de Patricia Mazuy

Avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Noor Elasri, Jean Guerre Souye, William Edimo, Magne-Håvard Brekke, Lionel Dray.

Nous ne savons pas qui est la prisonnière de Bordeaux. Isabelle Huppert dans un rôle de femme de chirurgien. Où est-ce Hafsia Herzi qui se retrouve hébergée par Isabelle Huppert afin de pouvoir visiter son mari en prison. Toutes deux ont un mari emprisonné et c'est comme ça qu'elles se rencontrent : lorsqu'elles vont visiter leurs maris, elles se croisent, et se nouent une relation. Nous comprenons bien que le personnage d'Isabelle Huppert s'ennuie dans sa vie courante bien que très aisée. Et Hafsia Herzi est de niveau social différent et se bat pour gagner sa vie, et s'occuper de ses enfants ; mais elle doit aussi s'occuper des camarades de son mari qui sont des voleurs ou des médiocres. Ce qui va introduire une histoire de butin volé non encore retrouvé. 

Le film a le mérite de montrer les procédures pour aller visiter une personne en prison. Chose rarement montrée ou en tout cas nous n'en sommes pas encore familiers. 
Le film n'aborde pas les problématiques d'hébergement au sein des prisons. Qui est un problème sociétal en tout cas en France. Le sujet est cette prisonnière de Bordeaux qui peut être un de ces deux personnages féminins, où le personnage d'Isabelle Huppert est prisonnier de sa bourgeoisie et de son train de vie médiocre ; cela peut être aussi le personnage de Hafsia Herziqui est quelque part prisonnière de l'hébergement que lui propose Isabelle Huppert, mais aussi de toutes les composantes de sa vie personnelle (enfant, maris, accointés).
Les deux actrices sont formidables et les deux personnages sont bien brossés et suscitent tous les deux une empathie du spectateur pas forcément pour les mêmes raisons.
poster du film Bande-annonce La Prisonnière de Bordeaux 

Tigertail (1h31, 2020) de Alan Yang

Avec Tzi Ma, Christine Ko, Hong-Chi Lee , Queenie Yu-Hsin Fang, Fiona Fu, Joan Chen, Kuei-Mei Yang, James Saito.

Le personnage principal est tellement monolithique dans ses expressions qu'il en devient risible. C'est l'histoire d'un père qui ne parle pas à sa femme ou à sa fille et qui le paiera sur la durée. Son amour de jeunesse contrarié par un mariage forcé pour pouvoir immigrer aux États-Unis fera qu'il restera frustré toute sa vie aux USA en américain (le commence à Taïwan pendant la jeunesse, puis il migre aux USA). 

Le film n'est pas exempt de qualité. Il y a un savoir-faire certain pour compter cette histoire. Mais le personnage principal, ce père de famille, ne suscite aucune empathie et même nous fait sourire par moment tellement est insistante son incapacité à communiquer,et ceci dans toutes tes situations de sa vie courante. Notamment comme déjà évoqué avec sa femme et sa fille. 
Il s'agit donc d'un film un peu mitigé,qui peut faire écho à certaines personnes que nous connaissons dans notre vraie vie, car il est toujours difficile de parler et d'exprimer ou de donner ses sentiments.
poster du film Bande-annonce Tigertail 

samedi 17 mai 2025

Don't Worry Darling (2022) de Olivia Wilde

Avec Florence Pugh, Harry Styles, Chris Pine, Olivia Wilde, KiKi Layne, Gemma Chan, Nick Kroll, Sydney Chandler, Kate Berlant, Asif Ali, Douglas Smith.

Le propos du film est de nous présenter une société parfaite où les gens vivent en harmonie, mais une société de type phallocratique, les femmes faisant la cuisine, le ménage, et le mari travaillant, dans le style d'une vie des années 50 en Amérique du Nord. Cette "communauté" est regroupée dans un désert. Les maris allant tous les matins en même temps, chacun avec une voiture, travailler au même endroit, dans quelque chose comme un centre de recherche. C'est l'argument initial du film.

Il va apparaître que ce monde si parfait, d'un point de vue phallocratique, rempli de belles couleurs et de beaux vêtements, ne l'est peut-être pas complètement. Il est peut-être artificiellement parfait.  De petites touches sont égrenées au cours de la première moitié du film.

Chris Pine est le chef de cette communauté, de cette secte pourrait-on dire. Le film, sous des atours de mise en forme luxueuse, n'est pas parfait et manque d'originalité sur son scénario. Et il pourrait être de plus plus sombre, plus noir, plus pervers. Nous comprenons bien que cette communauté représente une vision parfaite de la vie par ceux qui l'ont construite ; les idéaux qu'elle porte sont bien maigres, assez restreints, pour donner vie à une communauté étriquée. Nous aurons l'explication dans le film. C'est peut-être là l'intérêt du film : nous donner à voir l'idéal familial et féminin des hommes états-uniens.

D'ailleurs le scénariste et sa réalisatrice n'ont pas convié la composante religion dans ce monde parfait, croyance en dieux, le livre référentiel (par exemple la Bible). Car finalement le dieu est le chef de la communauté, Chris Pine.

Olivia Wilde et sa scénariste Katie Silberman on fait du beau boulot, même si le film n'est pas exempt de longueur lorsque nous avons compris ce qu'il en retourne, le film aurait pu accélérer (les deux heures de durée sont excessives pour un tel sujet).

poster du film Bande-annonce Don't Worry Darling

vendredi 16 mai 2025

Mad Max (1h28, 1979) de George Miller

Avec Mel Gibson, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne, Steve Bisley, Tim Burns, Roger Ward, Lisa Aldenhoven, David Bracks, Bertrand Cadart, David Cameron.

Le film iconique des dystopies où la violence règne. Iconique aussi avec ses séquences d'anthologie, avec par exemple la séquence introduction à l'univers où un taré sous emprise chimique roule à toute vitesse et se fait appeler le Cavalier de la Nuit : longue poursuite introductive qui installe l'univers, les seconds rôles et le rôle principal, celui de Mel Gibson, qui apparaît petit à petit au volant de sa voiture, pour stopper cette voiture qui fonce, avec la sienne. D'ailleurs la conclusion de cette séquence  est amusante et réaliste, le taré se met à pleurer. 

Autres éléments iconiques : le bébé sur la route, pendant cette séquence introductive, les véhicules percutés ou la caravane transpercée, et que nous retrouverons ensuite lorsque ce sera la femme de Mel Gibson qui court au milieu de la route avec son bébé dans ses mains. Qui sera la séquence de bascule du personnage vers un ailleurs, qu'il part retrouver à la fin en roulant vers le futur.

Là où le film garde son impact est dans le mélange de ces décors vides, la campagne, des petites routes à perte de vue, avec cet univers dystopique où la violence et la délinquance est permanente.

Eh oui, le personnage de Mel Gibson, Max, n'est pas sympathique et ne suscite par beaucoup d'empathie par son égoïsme et sa bêtise (voir ce qui arrive à sa femme). Ce sera une constante de la franchise. Mais le film capture l'attention du spectateur par son ambiance particulière. 

poster du film Bande-annonce Mad Max

mercredi 14 mai 2025

La Planète des Singes - Le Nouveau Royaume (Kingdom Of The Planet Of The Apes, 2h25, 2024) de Wes Ball

Avec Owen Teague, Freya Allan, Kevin Durand, Peter Macon, William H. Macy, Eka Darville, Travis Jeffery.

Ce film est, nous imaginons, est le premier d'une nouvelle trilogie. Nous sommes ici trois cents ans après le dernier film, et nous nous rapprochons du premier film de Franklin J. Schaffner tourné en 1968.

La dimension technique est impressionnante, le CGI porn permet tout maintenant. Le film est visuellement époustouflant. Les personnages sont attachants, en tout cas les singes, en particulier Noa, Raka et Proximus Caesar. Notamment par la qualité des expressions et les yeux, qui dénotent un beau travail d'interprétation des acteurs.

Le personnage de Freya Allan, Nova, est un transitoire, et bien qu'il rappelle par son nom la Nova du film de 1968, nous comprenons bien que c'est un prétexte pour mener aux séquences de la fin où nous découvrons beaucoup d'humains. Cette dernière partie d'ailleurs est la moins intéressante. Ne serait-ce que parce que nous venons voir des singes qui parlent, et pas des humains dans cette franchise... 

C'est d'ailleurs une curiosité de ce film où l'on passe des colonies de singes, qui bien que parlant, sont très primitifs dans leur mode de vie, à la fin où nous avons des humains, maîtrisant une technologie, et disposant d'armes. Évidemment la suite donnera les explications.

 La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume [Blu-Ray]

dimanche 11 mai 2025

Zero Day (6x50 min, 2025) de Eric Newman, Noah Oppenheim, Michael S. Schmidt

Avec Robert De Niro, Jesse Plemons, Lizzy Caplan, Connie Britton, Joan Allen, Matthew Modine, Angela Bassett, Bill Camp, Dan Stevens, Robina Chaffey.

Un thriller politique qui base son suspense sur une attaque numérique des USA qui provoque des coupures d'électricité de partout et l'arrêt de tout pendant quelques minutes, ce qui provoque beaucoup de morts. Une commission d'enquête est constituée avec un ancien président à sa tête (Robert de Niro) pour trouver d'où est venue l'attaque. De l'intérieur (extrême gauche, extrême droite) ou de l'extérieur (Chine, Russie ou autre). Pour réaliser son travail, la commission à beaucoup de droits, trop selon certains. Si cette commission échoue, l'opposant à la présidente, risque de prendre le pouvoir. De plus il semblerait que le président à la retraite, Robert de Niro, manifeste des symptômes de vieillissement.

À partir de ce point de départ, comme savent bien faire les scénaristes de série, toutes les ficelles sont tirées, pour aboutir à des pistes de coupables présumés, pour que nous sachions bien sur qui sont les coupables uniquement lors du dernier épisode.

La mise en scène est confiée à  Lesli Linka Glatter, une vétérane des séries. Nous sommes dans une mise en scène standard, au service du scénario.

Du côté des personnages, ont peut noter de beaux avec la femme du président (Joan Allen) et sa directrice de cabinet (Connie Britton). Celui de Jesse Plemons est par contre très prévisible. Le personnage de la fille du président (Lizzy Caplan) est lui peu crédible et raté (il nous ennuie et semble juste là pour diluer l'histoire). Il y a enfin Robert de Niro, relativement monolithique, mais qui arrive à faire passer beaucoup d'émotion avec ses yeux.

poster de la série Zero Day

dimanche 4 mai 2025

The Brutalist (3h36, 2024) de Brady Corbet

Avec Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce, Joe Alwyn, Raffey Cassidy, Stacy Martin, Isaach De Bankolé, Alessandro Nivola, Ariane Labed, Michael Epp, Emma Laird.

Un film dense et qui tient sa durée, malgré ses 3h30. Découpée en plusieurs parties : un prologue, un épilogue, et entre les deux, une partie qui s'appelle "L'énigme de l'arrivée (1947-1952)"  et une deuxième partie "La quintessence du beau (1952-1960)". Avec un scénario (signé Brady Corbet et Mona Fastvold) qui combine destinée individuelle et mouvement cosmogonique. La destinée individuelle concerne Adrien Brody, persécuté à Budapest et qui rejoint les USA. Il est architecte et croisera par hasard un millionnaire qui lui fait une commande, un centre communautaire comprenant une bibliothèque, un théâtre, un gymnase et une chapelle, le tout dans un seul et même bâtiment, tout ceci en l'honneur de sa maman décédée.

Brady Corbet réussit la gageure de fabriquer un film à la fois académique et expérimental sur la forme. Les montages séquences, l'utilisation de la musique, la photographie. C'est un produit qui titille les yeux. La forme la plus marquante est une photographie très sombre, une utilisation de la musique comme un coup de poing, assez peu subtil, mais servant la narration, et des montages-séquences réguliers.

Le film évoque la persécution des juifs, l'antisionisme, la création d’Israël, le racisme anti-noir. Mais aussi, la vie sentimentale et de couple d'Adrien Brody. Par contre, le personnage d'Adrien Brody ne suscite par particulièrement l'empathie : il est égoïste, il ne s'occupe par beaucoup de sa femme. Il est pleutre lorsqu'il est en face de son patron qui l'emploie exclusivement.

Le scénario passe peu de temps à parler de création artistique et de création d'architecture. C'est l'élément qui peut décevoir.

poster du film Bande-annonce The Brutalist